14
1/14 L’apprentissage du concept « conte classique » L’exemple que nous présentons ici concerne l’étude d’un concept, mené à l’école primaire en cycle III (classes de CE2 et de CM2) durant l’année 2004. Enseignantes dans une école de ZEP (quartier du Mirail, Toulouse), nous avons pu constater à l’occasion des résultats aux évaluations nationales que le travail mené par l’équipe enseignante ne permettait pas aux élèves de combler leur déficit par rapport aux attentes nationales. Visiblement les élèves ne savaient pas comment distinguer et utiliser les outils nécessaires pour penser. Notre défi était de parvenir à les outiller. Le leur était de se prouver qu’ils étaient capables de réussir comme n’importe quel autre élève dans n’importe quelle école. Les indicateurs de réussite ont donc été mesurés, chaque fin de trimestre, au travers des évaluations basées sur les compétences nationales. Encouragées par les résultats obtenus par l’utilisation du modèle opératoire du concept en géométrie, en numération et en grammaire, nous avons tenté de structurer une nouvelle situation d’apprentissage sur la notion de conte classique. En effet, le taux de réussite aux items « retrouver le type d’écrit » était le plus faible. Cette compétence étant fondamentale pour pouvoir saisir l’enjeu d’un texte, situer les personnages, comprendre sa structuration et pouvoir produire à son tour un texte similaire, il nous a paru très urgent d’outiller les élèves à ce sujet. La ZEP organisant un concours d’écriture « le vrai printemps » sur la base d’un récit fantastique ayant pour thème « l’habitat proche, le quartier », nous avons proposé aux élèves d’y participer. I. TACHES PREPARATOIRES : RENDRE LE SAVOIR ACCESSIBLE 1) Définir le savoir à enseigner en fonction du transfert visé La première étape a été de mettre en commun, entre enseignants, nos représentations sur le concept de conte. Hormis le traditionnel « il était une fois… » ainsi que le schéma narratif « situation initiale, élément perturbateur, événements, dénouement », nous étions bien en peine de savoir précisément distinguer un conte d’une histoire. Nous avons donc du nous rendre compte qu’il fallait nous-même en rechercher les caractéristiques, si nous voulions permettre aux élèves de les dégager. Nous avons entamé notre recherche à partir des quatre niveaux de compréhension mis en reliefs dans le modèle opératoire du concept conçu par Britt-Mari Barth. Niveau de validité : Pour faire quoi ? Dans quel contexte ? Un conte se raconte dans un contexte propice à entendre des histoires qui font rêver et qui font aussi grandir (rôle « initiatique »). Niveau d’abstraction du concept : Comment se savoir s’inscrit-il dans un réseau conceptuel ? Le conte se rapproche du journal intime, hormis le fait qu’il n’est pas tenu quotidiennement. C’est une narration, dont le caractère ressemble à une aventure fictive. Niveau de complexité : Quels sont les attributs essentiels ? - Les personnages sont réels ou fictifs. - Les lieux sont ancrés dans le réel, mais ils peuvent devenir magiques, étranges, subjectifs. - L’insinuation du trouble et du doute est progressive.

L'apprentissage du concept « conte classique »

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L'apprentissage du concept « conte classique »

1/14

L’apprentissage du concept« conte classique »

L’exemple que nous présentons ici concerne l’étude d’un concept, mené àl’école primaire en cycle III (classes de CE2 et de CM2) durant l’année 2004.Enseignantes dans une école de ZEP (quartier du Mirail, Toulouse), nous avons puconstater à l’occasion des résultats aux évaluations nationales que le travail mené parl’équipe enseignante ne permettait pas aux élèves de combler leur déficit par rapportaux attentes nationales. Visiblement les élèves ne savaient pas comment distinguer etutiliser les outils nécessaires pour penser. Notre défi était de parvenir à les outiller. Leleur était de se prouver qu’ils étaient capables de réussir comme n’importe quel autreélève dans n’importe quelle école.

Les indicateurs de réussite ont donc été mesurés, chaque fin de trimestre, autravers des évaluations basées sur les compétences nationales. Encouragées par lesrésultats obtenus par l’utilisation du modèle opératoire du concept en géométrie, ennumération et en grammaire, nous avons tenté de structurer une nouvelle situationd’apprentissage sur la notion de conte classique. En effet, le taux de réussite auxitems « retrouver le type d’écrit » était le plus faible. Cette compétence étantfondamentale pour pouvoir saisir l’enjeu d’un texte, situer les personnages,comprendre sa structuration et pouvoir produire à son tour un texte similaire, il nousa paru très urgent d’outiller les élèves à ce sujet. La ZEP organisant un concoursd’écriture « le vrai printemps » sur la base d’un récit fantastique ayant pour thème« l’habitat proche, le quartier », nous avons proposé aux élèves d’y participer.

I. TACHES PREPARATOIRES : RENDRE LE SAVOIR ACCESSIBLE

1) Définir le savoir à enseigner en fonction du transfert visé

La première étape a été de mettre en commun, entre enseignants, nosreprésentations sur le concept de conte. Hormis le traditionnel « il était une fois… »ainsi que le schéma narratif « situation initiale, élément perturbateur, événements,dénouement », nous étions bien en peine de savoir précisément distinguer un conted’une histoire. Nous avons donc du nous rendre compte qu’il fallait nous-même enrechercher les caractéristiques, si nous voulions permettre aux élèves de les dégager.Nous avons entamé notre recherche à partir des quatre niveaux de compréhensionmis en reliefs dans le modèle opératoire du concept conçu par Britt-Mari Barth.

• Niveau de validité : Pour faire quoi ? Dans quel contexte ?Un conte se raconte dans un contexte propice à entendre des histoires qui fontrêver et qui font aussi grandir (rôle « initiatique »).

• Niveau d’abstraction du concept : Comment se savoir s’inscrit-il dans unréseau conceptuel ?Le conte se rapproche du journal intime, hormis le fait qu’il n’est pas tenuquotidiennement. C’est une narration, dont le caractère ressemble à uneaventure fictive.

• Niveau de complexité : Quels sont les attributs essentiels ?- Les personnages sont réels ou fictifs.- Les lieux sont ancrés dans le réel, mais ils peuvent devenir

magiques, étranges, subjectifs.- L’insinuation du trouble et du doute est progressive.

Page 2: L'apprentissage du concept « conte classique »

2/14

- Le point de vue est très proche du héros (on suit le héros pas àpas dans son intimité, on connaît ses sentiments).

- Le héros suit un parcours, un cheminement.• Niveau d’inter-relation : Quelle est la relation entre les attributs ?C’est un concept conjonctif, la relation entre les attributs est et/et.

À cette étape de la recherche, il nous a paru nécessaire de nous confronter àdes exemples de contes classiques afin de valider, d’invalider les attributs dégagéspour ne retenir que ceux qui nous paraissaient être véritablement essentiels etpertinents pour les élèves. A travers l’étude d’une vingtaine de contes de Grimm et dePerrault, nous avons dégagé les éléments présentés dans le tableau ci-dessous.

Type de héros enfants adultes jeune adulte vieux adultes

Cheminement maison maison château maison nouvelle maison

Caractéristiquesdu héros au départ

- petit- malin- veut aider sesparents

- protège sa famille- veut nourrir safamille- a des enfants

- n’a pas peur- part de chez luipour découvrir lemonde- a une tâche àaccomplir (3)

- trop vieux et vaêtre tué- pas d’enfants

Personnagesrencontrés

- adultesmalveillants- animaux sanspouvoir et réels

adultes malveillants

- adultesbienveillants (dontle roi rendadulte)- personnages ouanimauximaginaires

adultes malveillants

Lieux magiques forêt ∅ forêt ∅

Lieud’aboutissement

maison château nouvelle maison

Moments heureux journée, soleil, été, … vers 12hMoments tristes oudangereux

nuit, sombre, … vers 00h

Champ lexical - peur- débrouillardise

- courage- maléfice

Contes

- Le Petit Poucet(GRIMM)- Le Petit Poucet(PERRAULT)- Hansel et Grethel(GRIMM)- Le loup et les septcabris (GRIMM)- Le petit chaperonrouge (PERRAULT)

- Le hérisson et lelièvre (GRIMM)

- Histoire d’unindividu quivoyageait pourapprendre àfrissonner (GRIMM)- Le valeureux petittailleur (GRIMM)- Les six serviteurs(GRIMM)- La fiancée blancheet la fiancée noire(GRIMM)- La vraie fiancée(GRIMM)- Le chat botté(PERRAULT)- Le roi grenouille(GRIMM)- Cendrillon(PERRAULT)- La belle au boisdormant(PERRAULT)- Les fées(PERRAULT)

- Les musiciens dela ville de Brême(GRIMM)- Les souliers uséspar la danse(GRIMM)

Page 3: L'apprentissage du concept « conte classique »

3/14

Cette analyse nous a permis de remarquer que le type de héros choisi (enfant,jeune adulte, adulte, vieil adulte) déterminait son cheminement ainsi que toute lastructure du conte (lieux visités, personnages rencontrés, sentiments éprouvés). Desquatre structures, deux nous paraissaient véritablement pertinentes à étudier avec lesélèves : celle dont le héros est un enfant, et celle dont le héros est un jeune adulte.Chacune permet à l’apprenant de distinguer les attributs essentiels d’un conte. Enoutre, par leur différence, elles permettent de préciser le niveau de compréhensionvisée : le choix du héros d’un conte définit un cheminement précis, les étapes decelui-ci forment la structuration du conte dont les attributs lui sont propres. Ainsi, del’étude d’un concept de « conte classique » nous sommes arrivées à la compréhensionqu’il fallait étudier avec les élèves non pas un mais deux concepts : celui de « contedont le héros est un enfant » et celui de « conte dont le héros est un jeune adulte ».

Page 4: L'apprentissage du concept « conte classique »

4/14

Pour évaluer l’acquisition de ces nouvelles connaissances, les élèves devrontécrire eux-mêmes en groupe un conte en respectant une des deux structuresdégagées, et être en mesure d’effectuer une lecture critique et suivie des productionsécrites des autres groupes.

2) Exprimer le savoir dans une forme concrète

Une fois les attributs essentiels dégagés par cette étude préalable, nous avonsdéfini le niveau de compréhension visé et les différentes situations à mettre en œuvrepour permettre à des élèves de cycle III d’évaluer et de faire progresser leurcompréhension des concepts étudiés.

Nous avons donc sélectionné un certain nombre d’exemples et de contre-exemples en fonction de chacun des attributs. Chaque fois que possible, nous avonsfait apparaître le contexte du texte-exemple et souligné les parties à repérer.

Page 5: L'apprentissage du concept « conte classique »

5/14

Concept de « conte dont le héros est un enfant »

Attributs essentiels Exemples / Contre-exemples

Le héros et ses caractéristiques (petit,malin, veut aider ses parents)

Les personnages rencontrés (adultesmalveillants, animaux réels, blancs,sans pouvoir)

Lieu spécifique au conte (la forêtcomme endroit magique)

Le cheminement en boucle (maison)

Pour l’ensemble de ces attributs, aisémentrepérables, nous n’avons pas sélectionnépréalablement des « morceaux choisis » d’exemples,mais nous avons utilisé les contes dans leurintégralité. C’est par la comparaison des différentscontes (ce qui est récurrent) que nous avons identifiéles attributs.

Exemples :

• Boucle d’or et les trois ours, TOLSTOÏ

• Le Petit Poucet, GRIMM

• Hansel et Grethel, GRIMM

• Le Petit Poucet, PERRAULT

Le sombre et la nuit définissent lesmoments tristes et dangereux

(nuit/ jour, minuit/midi) + champlexical de la peur

Exemple 1 :

Il y avait un pauvre paysan qui était assis, le soir, à attiser sonfeu, et sa femme était assise à filer.« Que c’est triste que nous n’ayons pas d’enfants ! »

Extrait de Le Petit Poucet, GRIMM

Exemple 2 :

Le soir, quand il se mettait au lit, plein de pensées et de soucis, ilsoupirait et disait à sa femme : « Qu’allons-nous devenir ?Comment pourrons-nous nourrir nos enfants puisque nous n’avonsplus rien pour nous même ? »

Extrait de Hansel et Grethel, GRIMM

Exemple 3 :

Quand ils finirent par se réveiller, il faisait déjà nuit noire.Grethel se mit à pleurer et dit : « Comment allons-nous sortir de laforêt ? »

Extrait de Hansel et Grethel, GRIMM

Les situations de trouble amenées par :

Exemple 1 :

« Que c’est triste que nous n’ayons pas d’enfants ! » […] Or, ilarriva que la femme fut malade et que, après sept mois, elleaccoucha d’un enfant qui était très bien conformé de tous sesmembres, mais pas plus grand que le pouce.

Extrait de Le Petit Poucet, GRIMM

Contre-exemple 1 :

« Que c’est triste que nous n’ayons pas d’enfants ! » […] Or, ilarriva que la femme fut malade et que, après neuf mois, elleaccoucha d’un enfant qui était très bien conformé de tous sesmembres.

• alternance entre le réel etl’imaginaire

Exemple 2 :

L’homme se mit à rire et dit : « Comment cela se pourrait-il ? Tues trop petit pour conduire le cheval par les rênes. »« Cela ne fait rien, père ! Pourvu que la mère attelle, je me mettraidans l’oreille du cheval, et je lui crierai comment il doit aller. »

Extrait de Le Petit Poucet, GRIMM

Contre-exemple 2 :

L’homme se mit à rire et dit : « Comment cela se pourrait-il ? Tues trop petit pour conduire le cheval par les rênes. »« Cela ne fait rien, père ! Pourvu que la mère attelle et je lui crieraicomment il doit aller. »

Page 6: L'apprentissage du concept « conte classique »

6/14

Exemple 3 :

Ils le suivirent jusqu’à une petite maison sur le toit de laquelle il seposa, et, en approchant, ils remarquèrent que cette maisonnetteétait bâtie en pain et couverte de gâteaux, tandis que les fenêtresétaient de sucre transparent.« Voici ce qu’il nous faut », dit Hansel, « et nous allons faire unbon repas. Je vais manger un morceau du toit, Grethel ; toi,mange la fenêtre, c’est doux. »

Extrait de Hansel et Grethel, GRIMM

Contre-exemple 3 :

Ils le suivirent jusqu’à une petite maison sur le toit de laquelle il seposa, et, en approchant, ils remarquèrent que cette maisonnetteétait bâtie en pierre et que la cheminée fumait.« Voici ce qu’il nous faut », dit Hansel, « nous allons y trouver àmanger. »

Exemple 4 :

« Nous ne pouvons la passer », dit Hansel ; « je ne vois ni pont nipasserelle. » […]« Mais voilà un canard blanc qui nage. Si je l’en prie, il nous aideraà traverser. » […]Et le canard arriva aussitôt, et Hansel s’assit sur lui en voulant ymettre aussi sa petit sœur.

Extrait de Hansel et Grethel, GRIMM

Contre-exemple 4 :

« Nous ne pouvons la passer », dit Hansel ; « je ne vois ni pont nipasserelle. » […]« Voilà un canard blanc qui nage. »[…]« C’est dommage qu’il ne puisse pas nous aider à traverser. »

• champ lexical de la peur

Exemple 1 :

Grethel pleurait amèrement et disait à Hansel : « Nous sommesperdus ! »

Extrait de Hansel et Grethel, GRIMM

Exemple 2:

Grethel se mit à pleurer amèrement, mais tout fut inutile : elle futobligée de faire ce que la méchante sorcière désirait.

Extrait de Hansel et Grethel, GRIMM

• champ lexical de ladébrouillardise

Exemple 1:

« Oh, père ! » s’écria le Petit Poucet, « je m’en charge ! comptezsur moi ! la voiture arrivera à temps dans la forêt. »

Extrait de Le Petit Poucet, GRIMM

Exemple 2 :

« Père, vends-moi toujours ; je saurai bien revenir chez nous. »Extrait de Le Petit Poucet, GRIMM

Exemple 3:

« Ah ! Dieu ! » s’écria–t-il, « comment ai-je pu tomber dans cemoulin à pilon ? » Il comprit bientôt où il était. Il n’eut garde des’aventurer entre les dents, qui l’eussent écrasé ; mais il ne puts’empêcher de glisser dans l’estomac.

Extrait de Le Petit Poucet, GRIMM

Exemple 4 :

« Calme-toi, Grethel », lui répondit Hansel, « ne te tourmentepas ; je trouverai le moyen de nous en tirer. »

Extrait de Hansel et Grethel, GRIMM

Exemple 5 :

Mais Grethel devina ce qu’elle avait en tête et répondit : « Je nesais comment m’y prendre pour rentrer. »« Quelle oie stupide ! », dit la vieille. […]Et elle s’approchait en fourrant sa tête à la porte du four.Tout à coup Grethel lui donna une bourrade qui la fit entrer trèsavant, puis elle referma la porte de fer et poussa le verrou. Ouf !

Extrait de Hansel et Grethel, GRIMM

Page 7: L'apprentissage du concept « conte classique »

7/14

• connecteurs logiques (quand,puis, alors, or, un jour…)

Exemple 1 :

Le lendemain matin, Grethel fut obligée d’aller prendre lachaudière pleine d’eau et d’allumer le feu. […]Tout à coup Grethel lui donna une bourrade qui la fit entrer trèsavant […]Aussitôt Grethel courut à Hansel.

Extrait de Hansel et Grethel, GRIMM

Exemple 2 :

Quand l’heure fut venue, la mère attela […]Cela se passa aussi bien qu’avec un maître. […]Il advint que, juste au moment où elle tournait une haie […] deuxétrangers vinrent à passer.

Extrait de Le Petit Poucet, GRIMM

Exemple 3 :

Quand ils arrivèrent près de la cure, le Petit Poucet se glissa dansla chambre, et se mit à crier […]Les voleurs tressaillirent et lui dirent : « Parle donc doucement[…] »Mais le Petit Poucet fit semblant de ne pas comprendre et continuaà crier […].Ils revinrent […]Alors le Petit Poucet se remit à crier.

Extrait de Le Petit Poucet, GRIMM

Concept de « conte dont le héros est un jeune adulte»

Attributs essentiels Exemples / Contre-exemples

Le héros et ses caractéristiques (n’apas peur, par de chez lui pour parcourirle monde, a 3 défis à accomplir)

Les personnages rencontrés (adultesbienveillants dont le roi qui rend adulte,personnages et animaux imaginaires)

Lieu spécifique au conte (la forêtcomme endroit magique)

Le cheminement linéaire (maison château)

Le sombre et la nuit définissent lesmoments tristes et dangereux (nuit/jour, minuit/midi)

Les situations de trouble amenées par :

• alternance entre le réel etl’imaginaire

• champ lexical (courage etmaléfice)

• connecteurs logiques (quand,puis, alors, or, un jour…)

C’est par la comparaison avec l’étude précédente quenous avons pensé faire ressortir les attributsessentiels de ce type de conte.

Exemples :

• Le vaillant petit tailleur, GRIMM

• Histoire d’un individu qui voulait apprendre à frissonner,GRIMM

Afin de préciser le rôle des connecteurs logiques dans un récit de typefantastique, nous avons utilisé le conte musical « L’apprenti sorcier », extrait deFantasia de Walt Disney, qui a la particularité d’être un morceau instrumental. Cecontexte nouveau a permis de repérer les transitions musicales correspondant à desbouleversements dans le récit. Pour les élèves les plus expérimentés la

Page 8: L'apprentissage du concept « conte classique »

8/14

correspondance entre ces transitions et la concordance des temps (rôle du passé-simple dans un récit à l’imparfait) a été établie.

Pour un niveau de compréhension plus élevé, il est possible de retrouver lastructure du conte (ici, le héros est un enfant) dans le conte musical.

II. SITUATION D’APPRENTISSAGE : NEGOCIER LE SENS

Suite à l’analyse des résultats aux évaluations trimestrielles, nous avons remarquéavec les élèves que la compétence de base « reconnaître le genre d’un texte et safonction » nécessitait un travail supplémentaire au vu du pourcentage de réussite tropfaible (<50%) comme l’indique le tableau ci-dessous.

Résultats pour les élèves en 1ère année de cycle III :Savoir lire

COMPETENCES DE BASE EN FRANÇAIS Items n° Score parcompétence

Résultatglobal

Reconnaître le genre d’un texte etsa fonction 1, 2, 3, 4 25%

Reconstituer un texte puzzle 20 33,3%

Prélever des informations ponctuelles 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30,31, 32, 33 37,3%

Comprendreun texte

Comprendre un message oral 35, 36, 37 46,7%

35,6%

Reconnaître les types de phrases(impératives, interrogatives)

39, 40 43,3%

Reconnaître les formes de phrases(négatives)

41 6,7%

Maîtriser lesoutils de lalangue

Utiliser des déterminants 47, 48, 49, 51, 52, 53 26,7%

25,7%

30,7%

Résultats pour les élèves en 3ème année de cycle III :Savoir lire

COMPETENCES DE BASE EN FRANÇAIS Items n° Score parcompétence

Résultatglobal

Reconnaître le genre d’un texte etsa fonction

1, 2, 3, 4 44%

Reconstituer un texte puzzle 20 66,6%

Prélever des informations ponctuelles 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30,31, 32, 33

70,5%

Comprendreun texte

Comprendre un message oral 35, 36, 37 66,6%

61,9%

Reconnaître les types de phrases(impératives, interrogatives) 39, 40 95,2%

Reconnaître les formes de phrases(négatives)

41 66,7%

Maîtriser lesoutils de lalangue

Utiliser des déterminants 47, 48, 49, 51, 52, 53 65,9%

75,9%

64,9%

En observant les réponses données aux évaluations, nous nous sommes rendus compte quec’était le principe d’aléatoire qui guidait les élèves dans leur choix de réponse plutôt qu’unereconnaissance des caractéristiques de chaque texte. Encouragés par les résultats obtenus parl’utilisation du modèle opératoire du concept en d’autres situations, nous avons décidéensemble de structurer une nouvelle situation d’apprentissage sur la notion de conte.

1) Engager l’apprenant dans un processus d’élaboration de sens

Nous proposons ici les principales étapes de découverte d’un groupe d’élèvespar l’intermédiaire d’entretiens reconstitués dans leur structure globale. Ce travail aété conduit à l’aide des affichages réalisées en classe, des prises de notes des élèveset des enseignantes.

Page 9: L'apprentissage du concept « conte classique »

9/14

Pour faciliter la lecture des échanges interactifs qui vont suivre, l’enseignantsera désigné par la lettre E et l’apprenant par la lettre A.

Séquence n°1 : (durée approximative : 1h10)

Phase I :Créer

l’intersubjectivité

E : Suite au travail d’analyse des évaluations, nous avons décidéensemble de retravailler les caractéristiques des types de textespour que vous puissiez être capable de les reconnaître tout seul.Il est difficile de faire la différence entre une histoire et un conte sion ne connaît pas les caractéristiques de l’un et de l’autre. C’estpourquoi le type de texte que nous vous proposons d’étudier est leconte classique.Nous allons donc ensemble trouver les caractéristiques essentiellesdu conte qui vous permettront d’en écrire un en groupe.

Comprendre lesattentes del’enseignant,anticiper le but àatteindre.

Vous connaissez déjà la démarche : il s’agit de rechercher lescaractéristiques essentielles du conte à l’aide des exemples et descontre-exemples. Nous commencerons par lire des contes pourtrouver toutes les caractéristiques présentes à chaque fois. Ensuiteon s’aidera des contre-exemples pour repérer les caractéristiquesplus difficiles à trouver.Nous allons travailler avec les deux classes mélangées (CE2 etCM2) pour que vous puissiez vous entraider. Les CE2 pourront allerplus loin dans ce qu’ils savent à l’aide des CM2 et les CM2 pourrontpréciser mieux ce qu’ils savent en aidant les CE2. Tout le monde ale droit de proposer ses idées librement. Nous les noterons toutescomme cela on pourra les consulter au fur et à mesure pour voir sion les garde ou si on les barre.

Possibilitéd’explorer et des’exprimer.

Donc ce n’est pas grave de se tromper. C’est même important quechacun puisse faire des propositions parce que cela fait progresser.

Le droit à l’erreuret au doute.

Cela permet à tout le monde d’expliquer pourquoi la propositionconvient ou pas et de se mettre d’accord sur ce qu’on retientensemble.

Se mettre d’accordsur les critères dela validation dusavoir appris.

Quand tout le monde aura bien compris les caractéristiques, vousécrirez en groupe un conte qui sera lu par d’autres groupes au furet à mesure de l’écriture pour vérifier que toutes lescaractéristiques retenues seront bien présentes.

Comprendre lescritères de lavalidation du savoiret la place del’auto-évaluation.

2) Guider le processus de co-construction de sens

L’organisation des deux classes, négociée avec les élèves, a été de former desgroupes de 4 ou 5 élèves, dont la proportion était respectée entre CE2/CM2 etgarçon/fille. Cette organisation a permis de favoriser les échanges entre des niveauxde langage multiples et ainsi, a engagé chaque élève dans un souci d’explicitation etd’argumentation.

Page 10: L'apprentissage du concept « conte classique »

10/14

Dans chacune des deux classes réorganisées entre CE2 et CM2, chaqueenseignante a reprécisé les contours de la phase I afin de sécuriser chaque élève parrapport à la tâche demandée dans ce nouveau contexte. On a choisi de commencerpar étudier le concept de conte dont le héros est un enfant pour ensuite, parcomparaison, dégager les caractéristiques du concept de conte dont le héros est unjeune adulte.

Phase II :Explorer

E : Je vais vous lire un premier exemple de conte : Le Petit Poucetde GRIMM. Après la lecture, on prendra du temps pour noter toutce que vous avez remarqué et qui vous semble important sur ceconte. C’est un exemple qui contient toutes les caractéristiques duconte.Pendant que je lis, vous ne devez pas intervenir. Si vous voulezdire quelque chose, vous le notez sur votre cahier pour vous ensouvenir et vous le direz à la fin de la lecture.

Lecture du conte aux élèves et attente des remarques.

A : Ça commence par « il était une fois ».A : Oui, c’est vrai ça commence par « il était une fois ».E : Est-ce que vous êtes sûr ? Relisez le texte pour vérifier.A : Ah non, il y a écrit « il y avait un pauvre paysan ».E : Alors est-ce que je le note ?A : Non.E : Y a-t-il autre chose ?

Prendre consciencede ce qu’onperçoit.

Après un temps de silence,E : De quoi parle ce conte ?A : Il y a un petit garçon.A : Il y a le Petit Poucet.A : Il y a une histoire.A : Il lui arrive des aventures.E : Quelles sont ces aventures, que lui arrive-t-il ?A : Il part de sa maison.A : Il va dans la forêt et il rencontre des gens.E : Qui sont ces gens ?A : Des voleurs.E : Et ensuite, est-ce qu’il y a d’autres personnages ?A : Oui, il y a des étrangers au début de l’histoire qui emportent lePetit Poucet…

Laisser le tempsaux apprenantsd’agir avec l’objetdu savoir, del’explorer.

Pendant ce temps de recherche, les élèves ont donné desinterprétations différentes de certains passages :

- au début de l’histoire, certains pensaient que le Petit Poucetavait été enlevé par les deux étrangers alors que d’autrespensaient qu’il voulait partir volontairement partir avec eux.

- Lorsque le Petit Poucet aide les voleurs à aller jusqu’à lacure, certains pensaient qu’il voulait voler avec eux, d’autresn’avaient pas compris. En fait aucun n’avait perçu l’habiletédu Petit Poucet à reprendre sa liberté en faisant du bruit pouravertir la cuisinière du curé, pour faire fuir les voleurs.

Prendre conscienced’autresinterprétations

Page 11: L'apprentissage du concept « conte classique »

11/14

n’avaient pas compris. En fait aucun n’avait perçu l’habiletédu Petit Poucet à reprendre sa liberté en faisant du bruit pouravertir la cuisinière du curé, pour faire fuir les voleurs.

La trame de l’histoire a été racontée et notée au tableau, certainspassages relus ont permis de rappeler des moments oubliés et devoir que chacun ne retenait pas les mêmes informations et qu’ellespouvaient se compléter.Nous avons alors conservé en mémoire sur une affiche les élémentsdu conte du Petit Poucet afin de nous en servir ultérieurementcomme base de comparaison avec d’autres contes étudiés.

Séquence n°2 : (durée approximative : 1h10)

E : Pour pouvoir trouver les caractéristiques du conte, il nous fauten lire plusieurs. Aujourd’hui, je vais vous lire le conte « Hansel etGrethel ». Vous pouvez comme la première fois, écrire ce qui vousparaît important pendant que je lis, mais surtout ne parlez paspendant la lecture pour que tout le monde puisse rester concentré.

Lecture du conte aux élèves et attente des remarques. Au fur et àmesure toutes les remarques sont notées au tableau pour pouvoirensuite créer l’affiche mémoire sur ce conte.

A : C’est l’histoire de deux enfants Hansel et Grethel.A : Ils trouvent une maison en gâteaux et ils la mangent.A : Il y a une sorcière qui veut les manger aussi.A : Ils sont dans la forêt.

Prendre consciencede ce qu’onperçoit.

Après un petit temps de silence.

E : Regardons ce qu’on a trouvé la dernière fois concernant « LePetit Poucet ». Est-ce que vous pouvez donner les caractéristiquesdes héros, c’est-à-dire de Hansel et Grethel ?

Laisser le tempsaux apprenantsd’agir avec l’objetdu savoir, del’explorer.

Page 12: L'apprentissage du concept « conte classique »

12/14

des héros, c’est-à-dire de Hansel et Grethel ?A : Ils se sont bien débrouillés pour se sauver de chez la sorcière.Le petit garçon, il n’avait pas peur. Et la petite fille, au départ elleavait peur, mais après c’est elle qui a poussé la sorcière. Alors elleaussi elle est maligne.E : Donc on peut dire qu’ils sont débrouillards.A : Oui.A : Moi, j’ai trouvé d’autres personnages. Il y a aussi le papa.A : Et la maman, elle est morte.A : Au début de l’histoire, ils sont dans leur maison.A : Et après, ils vont dans la forêt et c’est là qu’ils trouvent lamaison en gâteaux et en pain.A : Ils vont aussi dans un bois ensorcelé…

Nous avons ensuite, à partir de tous les éléments trouvés, créé uneaffiche mémoire.

Pour les entraîner à rechercher tout seuls des éléments, nous leuravons ensuite distribué un autre conte « Boucle d’or et les troisours » qu’ils pouvaient lire à la maison (un délai de quatre joursétait laissé) en essayant de retrouver ces cinq points.

Séquence n°3 : (durée approximative : 1h10)

E : Nous allons relire ensemble le conte qu’on vous a distribué lafois dernière. Pour ceux qui ne l’ont pas lu et pour les autres, vousavez la possibilité de marquer sur votre cahier toutes lesinformations qui vous paraissent utiles pour trouver lescaractéristiques du conte.Comme d’habitude, lorsque je lis le conte vous ne devez pasintervenir. On fera un bilan au tableau de tout ce que vous aurezpu trouver.

Page 13: L'apprentissage du concept « conte classique »

13/14

Lecture du conte aux élèves et attente des remarques.

A : Moi, j’ai trouvé le héros, c’est Boucle d’or.A : Oui, c’est une petite fille, il faut le mettre dans sescaractéristiques.A : Elles est jolie et elle n’a pas peur.A : Elle est aussi maligne parce qu’elle va goûter toutes les soupespour manger.A : Elle est avec sa maman au début, …

Voici, l’affiche créée pour ce conte :

Prendre consciencede ce qu’onperçoit.

E : Maintenant que nous avons travaillé sur ce conte, je vais vousen lire un dernier pour avoir assez d’exemples pour pouvoir ensuitedéterminer les caractéristiques du conte.

Les élèves, connaissant la démarche, n’ont eu aucune difficulté àtrouver les éléments présents dans ce conte.

Page 14: L'apprentissage du concept « conte classique »

14/14

Séquence n°4 : (durée approximative : 1h10)

E : Maintenant que nous avons lu plusieurs contes, vous allezpouvoir essayer de déterminer les caractéristiques que l’onretrouve à chaque fois dans un conte de ce type : ce seront lescaractéristiques nécessaires qui vous serviront ensuite pour écrirevotre conte. Vous pouvez vous aider des affiches. Je vais écriretoutes vos propositions au tableau comme d’habitude. Vous pouvezbien sûr proposer des caractéristiques que nous n’avons pas encoreremarqué, mais qui vous semble importante maintenant qu’on aplusieurs exemples de contes. Nous vérifions ensuite ensemble sion les retrouve, chacune, dans chaque conte que nous avons lu.Avez-vous bien compris ? …

Nous avons pris un temps pour vérifier que la consigne était biencomprise de tous, et nous avons reformulé au besoin. Comme letravail sur les premiers contes était lointain, les élèves ont résuméà l’oral les histoires, à partir des affiches, pour que chacun les aitbien en tête.

Suite en cours…