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Appareil (2009) Concerts publics et formes de la sensibilité musicale ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Audrey Rieber L’art comme forme symbolique Présupposés de la conception cassirérienne de la musique ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Audrey Rieber, « L’art comme forme symbolique », Appareil [En ligne], 3 | 2009, mis en ligne le 01 juillet 2009, consulté le 04 février 2015. URL : http://appareil.revues.org/825 Éditeur : Maison des Sciences de l'Homme Paris Nord http://appareil.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://appareil.revues.org/825 Document généré automatiquement le 04 février 2015. contrat creative commons

l'Art Comme Forme Symbolique

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  • Appareil3 (2009)Concerts publics et formes de la sensibilit musicale

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    Audrey Rieber

    Lart comme forme symboliquePrsupposs de la conception cassirrienne de lamusique................................................................................................................................................................................................................................................................................................

    AvertissementLe contenu de ce site relve de la lgislation franaise sur la proprit intellectuelle et est la proprit exclusive del'diteur.Les uvres figurant sur ce site peuvent tre consultes et reproduites sur un support papier ou numrique sousrserve qu'elles soient strictement rserves un usage soit personnel, soit scientifique ou pdagogique excluanttoute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'diteur, le nom de la revue,l'auteur et la rfrence du document.Toute autre reproduction est interdite sauf accord pralable de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislationen vigueur en France.

    Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales dvelopp par le Clo, Centre pour l'ditionlectronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV).

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    Rfrence lectroniqueAudrey Rieber, Lart comme forme symbolique, Appareil [En ligne], 3|2009, mis en ligne le 01 juillet 2009,consult le 04 fvrier 2015. URL: http://appareil.revues.org/825

    diteur : Maison des Sciences de l'Homme Paris Nordhttp://appareil.revues.orghttp://www.revues.org

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    Audrey Rieber

    Lart comme forme symboliquePrsupposs de la conception cassirrienne de la musique

    1 Cassirer possdait une grande rudition et [un] got raffin en matire de musique1 ainsiquun rel talent2 pour celle-ci. Eva Cassirer raconte que le philosophe savait siffler ouentonner par cur un opra presque du dbut la fin, tout en ne layant cout quune seulefois. Malgr cela, il na gure crit sur la musique, vraisemblablement en raison dun manquede temps.

    Dj dans la premire bauche de La Philosophie des formes symboliques unvolume particulier pour lart tait prvu mais lpoque dfavorable a toujoursrepouss sa rdaction3.

    2 Il est nanmoins possible de tirer de la critique de la culture plusieurs enseignementsconcernant le concert. Le concept de forme symbolique permet tout particulirement dethoriser lune des ides matresses du projet scientifique de ce sminaire consacr lmergence du concert public aux XVIIIe et XIXesicles, savoir le rle de lactivit subjective.

    Extension de la mthode kantienne au domaine de laculture

    3 Le projet de Cassirer peut tre dfini comme un largissement de la mthode kantienne audomaine de la culture. Sa philosophie relve dune interrogation transcendantale mais celle-ci est tendue lensemble de la culture: au langage, au mythe et lart notamment. Il sagitpour lui de comprendre le monde, et non plus seulement de dterminer les conditions de saconnaissance. la critique de la raison se substitue donc une critique de la culture4.

    Il mapparut de plus en plus clairement que la thorie gnrale de la connaissance,du moins dans sa version traditionnelle et avec les limitations qui lui sontinhrentes, tait loin de pouvoir fournir un fondement mthodologique auxsciences de lesprit et quil fallait donc largir le projet pistmologique dansson principe mme : au lieu de se borner rechercher sous quelles conditionsgnrales lhomme peut connatre le monde, il devenait ncessaire de dlimitermutuellement les principales formes suivant lesquelles il peut le comprendre etde cerner daussi prs que possible la tendance [] et la forme spirituelle proprede chacune dentre elles5.

    4 Lunit des diffrents domaines de la culture est une unit fonctionnelle: chacune procde defaon symbolique.

    Le langage, lart, le mythe, la religion ne sont pas des crations isoles, fortuites.Un mme lien les rattache ensemble. Mais ce lien nest pas un vinculumsubstantiale tel que le concevait et le dcrivait la pense scolastique; il est pluttun vinculum functionale6.

    Les formes symboliques dsignent une activit de lesprit,non un domaine objectif

    5 La forme symbolique dsigne:

    toute nergie de lesprit par laquelle un contenu de signification spirituelle estaccol un signe sensible concret et intrinsquement adapt ce signe. En ce sens,le langage, lunivers mythico-religieux et lart se prsentent chacun nous commeune forme symbolique particulire7.

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    6 Il en rsulte que la forme symbolique est [] une activit avant dtre un domaine objectif8.Elle est une activit unitaire , cest--dire qui synthtise le divers de la conscience,dans une vise unique9. Les concepts de relation, dunit et de pluralit, de coexistence, deproximit ou encore de succession sont apprhends diffremment selon que lesprit structurele rel de faon mythique, religieuse, artistique ou encore scientifique.

    Les qualits des relations, tout en restant valides dans leur abstraction, connaissentdes inflchissements selon que leur contexte relationnel soit le mythe, la gomtrieou le sentiment esthtique; la juxtaposition de lespace est diffrente selon que laligne est perue comme une courbe mathmatique, une frontire entre le sacr etle profane, un ornement artistique, etc.10.

    7 Il en dcoule aussi que:

    les concepts de vrit et de ralit de la science sont diffrents de ceux de lareligion et de lart tant il est vrai que cest un rapport fondamental, original etincomparable, entre lintrieur et lextrieur entre ltre du moi et celui dumonde qui est tabli, plutt que dsign, lintrieur de chacun de ces domaines11.

    Phnomnologie des formes symboliques8 Il ne faut pas sattendre de la part de Cassirer une analyse dtaille dune uvre dart

    singulire. On peut mme se demander dans quelle mesure les considrations gnrales deCassirer conduisent vers le matriau de lhistorien de lart12. En effet, lintrt de Cassirerpour lart [a] pour mobile son dsir de dcouvrir la place quil tient dans la culture commetotalit13 et la majorit des crits cassirriens sur lart seffectue dans le cadre de laGeistesgeschichte14.

    [Le] problme qui reprsente, mes yeux, lenjeu fondamental pour uneanthropologie philosophique [est] le processus dobjectivation []. Ce quenous nommons objectivit [] ce nest pas un donn immdiat et irrductible;cela doit tre considr comme une tche. Cette thse acquiert une forceparticulire si, au lieu de commencer par lunivers physique ou mtaphysique, nouschoisissons pour point de dpart le monde humain, le monde de la civilisation.Il est vident que ce monde nexiste pas comme une chose toute faite. Il doittre construit ; il doit tre difi par un effort continuel de lesprit humain. Lelangage, le mythe, la religion, lart, la science ne sont rien dautre que les tapesindividuelles accomplies dans cette direction. Ce ne sont pas les imitations oules reproductions dune nature toute faite des choses. Ce ne sont en effet quediffrentes escales ou relais sur notre route vers lobjectivit. Ce que nous appelonsla culture humaine peut tre dfinie comme lobjectivation progressive de notreexprience humaine comme lobjectivation de nos sentiments, nos motions, nosdsirs, nos impressions, nos intuitions, nos penses et nos ides15.

    9 La phnomnologie de Cassirer est oriente vers une fin qui est pour lesprit de ne plus secontenter dtre et de vivre dans ses propres productions et au milieu des symboles quil acrs mais de saisir le concept de ce quils sont16.

    De lactivit artistique10 Il rsulte de la dfinition de la forme symbolique en termes d nergie de lesprit que

    Cassirer sintresse aux faits de lesprit comme activit productrice17. Son interrogationsur lart est donc essentiellement une interrogation sur lactivit cratrice. Deux remarquessimposent. Tout dabord cette approche entrane un refus de la thorie de linspiration.Lartiste ne se caractrise pas par une plus grande rceptivit aux choses mais par une facultde mise au jour des formes.

    Ce nest pas la sensibilit aux couleurs ou aux sons qui caractrise un grand peintreou un grand musicien, mais la facult de faire surgir dun matriau statique la viedynamique des formes18.

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    Linspiration artistique [] nest pas livresse; limagination artistique nest pasle rve ou lillusion. Toute grande uvre dart se caractrise par une profondeunit structurale19.

    11 Ensuite, et toujours en conformit avec la dfinition de la forme symbolique, Cassirer peutaffirmer que la saisie du beau implique une activit de lesprit.

    Le spectateur dune uvre dart nest pas rduit un rle simplement passif. Pourcontempler et pour jouir de luvre dart, il doit la crer sa faon. Nous nepouvons comprendre ou sentir une grande uvre dart sans, jusqu un certainpoint, rpter et reconstruire le processus cratif par lequel elle a vu le jour20.

    12 Largumentation de Cassirer permet de reconsidrer le statut du public du concert.

    Spcificit de lobjectivation artistique13 Pour mieux faire comprendre la spcificit de lobjectivationartistique, Cassirer la distingue

    du mythe ce que nous trouvons dans le mythe est une objectivation imaginative []lart est un processus dobjectivation intuitif ou contemplatif21 ainsi que du langage (nonpotique) et de la science le langage et la science sont des objectivations conceptuelles22.Contrairement la science et la technique, lart nous apprend voir les choses et non simplement les conceptualiser ou les utiliser23. Tandis que langage et science procdent parsimplification et par abstraction, lart procde par condensation, concentration, concrtisation.

    Le langage et la science sont des abrviations du rel; lart est une intensificationdu rel24.

    14 La spcificit de lart est quil nous donne lintuition des formes25. Sa fonction est de rvlerles formes pures de la nature et de lesprit.

    Ce que nous intuitionnons par le moyen de lart et des formes artistiques est unedouble ralit, la ralit de la nature et celle de la vie humaine26.

    Les grands peintres nous font voir les formes des choses extrieures; les grandsdramaturges, les formes de notre vie intrieure27.

    15 Commenons par les formes pures sensibles. Les arts plastiques font voir le monde sensibledans toute sa richesse et sa diversit28 . Lide de forme peut tre claire par celle deconfiguration. La sphre de lart est une sphre de formes pures. Ce nest pas un monde desimples couleurs, de simples sons et qualits tactiles mais un monde de figures et de dessins,de mlodies et de rythmes29. Le vritable sujet de lart, cest la mise au jour de certainslments structuraux fondamentaux de notre exprience sensible elle-mme les lignes, lesdessins, les formes architecturales et musicales30. Lexemple suivant permet de montrer ceque lobjectivation artistique a de singulier.

    Je peux traverser un paysage et tre sensible ses charmes. Je peux jouir de laclmence de lair, de la fracheur des prairies, de la diversit et de la gaiet descoloris, du parfum des fleurs. Mais ma disposition desprit peut alors connatreun changement soudain. Ds lors, je vois le paysage avec un regard dartisteje commence en former un tableau. Je suis maintenant entr dans un nouvelunivers lunivers, non plus des choses vivantes, mais des formes vivantes. Jevis maintenant, non plus dans la ralit immdiate des choses, mais dans le rythmedes formes spatiales, dans lharmonie et le contraste des couleurs, dans lquilibrede lombre et de la lumire. Lexprience esthtique consiste sabsorber ainsidans laspect dynamique de la forme31.

    16 On peut clarifier le concept de forme sensible en se rfrant au travail de lhistorien delart Heinrich Wlfflin chez qui le classique et le baroque dsignent des catgoriesfondamentales de la description artistique, des modles structuraux gnraux non limits une poque particulire32. Sil ny a pas dans le domaine musical de travail quivalent celui

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    men dans le domaine architectural, sculptural et pictural par Wlfflin, rien nexclut quuntravail semblable puisse avoir lieu en musique:

    La figuration plastique suppose une laboration de lespace, de ses lments (point,ligne, plan, couleur, volume) et ses structures possibles (l-plat, les diversesformes de perspectives) ; la figuration acoustique, une dtermination de sesmoyens (fixer la hauteur des notes et la tessiture qui les dfinit, les modes, lesgammes, jusqu un systme sriel)33.

    17 Prcisons enfin que luvre du philosophe se distingue de celle de lhistorien de lart dans lamesure o le premier opre une synthse suprieure celle ralise par le second34.

    Critique de la norme de limitation18 Comprendre lart partir de lide de symbolisation permet de reconsidrer la notion

    dimitation. Selon Cassirer, la philosophie de lart [] oscill[e] constamment entre deuxples opposs, un ple objectif et un ple subjectif35. Dans le premier cas, lart est rgi par lathorie de limitation, dans le second, par celle de lexpression. Or, comme toutes les autresformes symboliques, lart nest pas la simple reproduction dune ralit donne, toute faite36.Cette critique de limitation nest pas sans importance pour la thorie musicale puisque pourles partisans de limitation la musique elle-mme devenait une peinture des choses.

    Jouer de la flte ou danser, ce nest somme toute quimiter; car le fltiste ou ledanseur reprsentent par leurs rythmes les caractres des hommes, leurs actionset leurs passions37.

    19 Cassirer en revanche soutient que lart nest pas une imitation mais une dcouverte de laralit38.

    [Lartiste procde ] la dcouverte dun nouveau monde de formes potiques,musicales ou plastiques39.

    20 Les consquences de cette position sur la thorie de la musique symphonique sont manifestes.21 Mais, en affirmant que lartiste procde une vritable et authentique dcouverte40, Cassirer

    ne sous-entend-il pas quil nous donne accs lessence du monde? Cest bien ce que semblesuggrer la formule suivante: Luvre dart nest pas une chose, cest une faon de voir, unevision pure qui met la ralit mme de se faire voir41. En ralit, Cassirer veut dire que lart son stade symbolique dvoile le rel au sens o il manifeste le processus dobjectivation.

    Les termes de vie , de ralit , d tre ne dcrivent pas une chosefixe, rigide, substantielle. Ils doivent tre compris comme les noms dun processus.Lhomme est le seul tre qui non seulement est engag dans ce processus, maisqui en devient conscient; le mythe, la religion, lart, la science ne sont rien dautreque les diffrentes tapes accomplies par lhomme dans cette prise de conscience,dans cette interprtation rflexive de la vie42.

    22 quoi sajoute que lexistence de la ralit est un fait propos duquel la spculationmtaphysique est vaine.

    Les problmes qui nous proccupent ici [] sont dans une trs large mesureindpendants de toute thorie mtaphysique quant la nature absolue des choses[]. Car le fait de la culture humaine est aprs tout un fait empirique qui doittre examin selon des principes et des mthodes empiriques []. Lego, lespritindividuel, ne peut crer la ralit. Lhomme est entour par une ralit quil napas faite, quil doit accepter comme un fait ultime. Mais il lui faut interprter laralit, la rendre cohrente, comprhensible, intelligible et cette tche est ralisede faon diffrente dans les diverses activits humaines, dans la religion et lart,la science et la philosophie43.

    23 Rappelons aussi que Cassirer refuse la thse idaliste selon laquelle lart est la rvlation duneessence suprasensible il repre cette thse chez Platon puis chez Plotin, Schelling et Hegel

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    notamment. Sil soppose lide que lart reproduit non pas le monde phnomnal, le mondeempirique, mais le monde suprasensible44, cest parce que pour lui le symbolisme de lartest immanent.

    [Le] vritable sujet de lart [rside dans] certains lments structurauxfondamentaux de notre exprience sensible elle-mme dans les lignes, le dessin,dans les formes architecturales et musicales. Ces lments sont, pour ainsi dire,omniprsents. Ils sont dnus de tout mystre, manifestes, non dissimuls. Ils sontvisibles, audibles tangibles45.

    24 Et Cassirer de citer Goethe qui nhsitait pas dire que lart ne prtend pas montrer laprofondeur mtaphysique des choses; il se contente de rester la surface des phnomnesnaturels. Mais cette surface nest pas un donn immdiat. Nous ne la connaissons pas avant dela dcouvrir dans les uvres des grands artistes46. Enfin, en plus doprer une dngation de[l]essence et de [la] nature spcifiques47 de lart, ces thories o lart devient lune desplus hautes rvlations de labsolu48 conduisent nattribuer lart quune vrit relativeet subordonne, une vrit qui nest pas dfinitive49. Cassirer vise tout particulirement lesystme hglien.

    Critique de la thorie de lexpression25 La thorie de lexpression (second ple de lantinomie qui traverse la thorie de lart) est une

    variante de la thorie de limitation.

    [Si luvre ntait quun dbordement dmotions,] lart demeurerait reproductif,mais, au lieu de reproduire des choses, des objets physiques, il reproduirait notrevie intrieure, nos affections et nos motions50.

    26 En plus de ngliger la dimension configurante de lart, cette thorie omet la dimensionmatrielle et formelle de luvre dart. Ce point est tabli travers une critique de Croce chezqui la totalit du processus constructif qui est une condition ncessaire et un trait dcisif tantde la production que de la contemplation dune uvre dart est entirement dissimule51.Contre Croce, Cassirer affirme que le caractre fondamental de lart nest pas la seuleexpression, mais lexpression crative52. Pour un grand peintre, un grand musicien, ou ungrand pote, les couleurs, les lignes, les rythmes et les mots ne font pas seulement partie de sonappareil technique; ce sont les moments ncessaires du processus de production lui-mme53.La cration musicale est de ce point de vue paradigmatique.

    Karl Vossler affirme, en se rfrant Croce, que le style, et non la grammaire,constitue le fondement rel du langage. Mais je ne vois pas comment le style seraitpossible sans la grammaire. Et ce nest pas la seule posie qui est lie aux mots denotre langage commun, mais galement les autres arts qui ont un aspect strictementobjectif et pour ainsi dire une logique propre. Peut-tre sent-on cette logique de lafaon la plus distincte dans la musique et sans cette logique il nexisterait pasde thorie musicale54.

    27 Bref, cest le style (la mise en forme du matriau: langue, couleurs, etc.) qui touche []. Ceslments formels ne sont pas des moyens purement externes ou techniques pour reproduireune certaine intuition; cest une part essentielle de lintuition artistique elle-mme55. tregouvern pas la seule motion est de la sentimentalit, non de lart56.

    Il serait erron de rduire lart la simple expression des motions []. Biensr, nous ne pouvons nier le fait que les plus grands artistes sont capables desplus profondes et des plus riches motions []. Mais il ne sagit pas l dunediffrence qualitative, seulement dune diffrence de degr. La capacit exprimerses motions nest pas un don humain particulier mais gnral []. Bien sr, toutce que lartiste cre se fonde sur son exprience subjective et objective. Un artistecomme Dante ou Goethe, comme Mozart ou Bach, comme Rembrandt ou Michel-

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    Ange nous livre son intuition de la nature et son interprtation de la vie humaine.Mais cette intuition et cette interprtation signifient toujours une transfigurationet pour ainsi dire une transsubstantiation. La vie et la nature napparaissent plusdans leur configuration empirique ou matrielle. Elles ne sont plus des faitsopaques et impermables; elles sont emplies de la vie des formes. Cest dans cesformes, et non seulement dans ses motions personnelles, dans ses configurationset ses dessins, dans ses lignes et ses modles, dans les rythmes, les mlodies, lesharmonies, que vit le vritable artiste57.

    28 Le refus de la thorie de lexpression entrane aussi une critique de la distinction entre la formeet le contenu.

    On ne discerne jamais aussi bien que dans le cas de lactivit artistique la vanitde toute tentative pour sparer lacte de vision intrieure et celui de la miseen forme extrieure. Il est vident que la vision y est dj formation, commela formation y demeure vision pure. Dautre part, lexpression ne sajoutejamais un modle intrieur tout prt, comme quelque chose daccessoire et derelativement accidentel ; au contraire, limage intrieure nobtient un contenuquen sunissant luvre et en sextriorisant dans luvre58.

    La dcouverte des formes pures de lesprit29 Si les arts plastiques nous apprennent voir le monde, la posie et, ai-je envie dajouter,

    la musique est un organon de la connaissance de soi, un instrument indispensable pourlaborer notre univers humain59 . Avec Euripide et Shakespeare, Cervants et Molire,soudain nous commenons voir derrire les ombres, contempler une nouvelle ralit60.Lorsquils nous donnent voir les passions humaines, il nous semble pntrer leur natureet leur essence mmes61. Dans la mesure o lart est une activit de configuration, la lecturemorale de luvre dart selon laquelle les passions reprsentes envahissent lme du public,est caduque. Celui qui donne forme une passion, qui lui donne une figuration objective,ne nous infecte pas par une passion62 parce que dans lart [] ce que nous prouvons []cest la pleine vie et la toute-puissance des motions, sans leur contenu matriel63.

    [Avec lart,] nous ne sommes plus [] dans la ralit immdiate des choses, maisdans le monde des formes sensibles pures. Dans ce monde, tous les sentimentssubissent une sorte de transsubstantiation quant leur essence et leur caractre.Les passions elles-mmes sont dlivres de leurs poids de matire. Nous sentonsleur forme et leur vie mais nous ne sentons plus leur entrave []. Donner uneforme esthtique nos passions, cest les transformer en un tat libre et actif64.

    30 Ce point est dimportance pour la thorie musicale puisquil permet de reconsidrer la questiondes effets et de la fonction de la musique.

    Nous pouvons parler du temprament individuel de lartiste, mais luvre dart, entant que telle, na pas de temprament particulier. Il est impossible de la subsumersous quelque traditionnel concept de classe psychologique. Dire de la musique deMozart quelle est gaie ou sereine, de celle de Beethoven quelle est grave, sombreou sublime, trahirait un manque de pntration65.

    Rle de lart dans le dveloppement de lesprit31 Aprs avoir examin la spcificit de lobjectivation artistique, il reste sinterroger sur son

    rle dans la formation de lunivers humain66. Les formes de lart [] jouent un rlebien dtermin dans la construction et lorganisation de lexprience humaine67. Cassirerdistingue trois formes dobjectivation: lexpression (Ausdruck), la prsentation (Darstellung)et la signification pure (reine Bedeutung). Lactivit artistique permet lesprit de sarracherdu stade expressif pour atteindre le stade prsentatif.

    Le concept thorique nest pas le seul avoir la force de mener lindtermin ladtermination, de transformer le chaos en cosmos. La fonction de lintuition et de

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    la prsentation artistiques elle aussi est domine par cette force fondamentale et enest essentiellement remplie. En elle aussi vit une manire propre de la sparationqui est en mme temps liaison, une manire propre de la liaison qui est en mmetemps sparation. Mais les deux ne saccomplissent pas ici dans le medium de lapense ni dans le medium du concept thorique, mais dans celui de la pure figure68.

    32 Cette progression phnomnologique de lAusdruck la Darstellung puis la reine Bedeutungest rendue plus complexe par le fait quau sein de chaque forme symbolique sopre un passagedu mimtique lanalogique et au symbolique pur. Ce dveloppement commence par uneorientation vers lobjet, puis se tourne vers le sujet et finalement vers le symbole69 . Parexemple en mathmatiques un nombre tel que 5 peut tre le signe dsignant cinq chosesdu monde, la dsignation de lactivit de compter, ou un lment du systme relationnel designification. Cest dans la mesure o une forme symbolique est de lordre du symbolique purquelle contribue linstauration dun cosmos spirituel libre70; la fin de la culture pourCassirer tant la libert.

    La culture, prise dans son ensemble, peut tre envisage comme le procs de lalibration progressive de soi de lhomme. Le langage, lart, la religion, la science,sont les divers moments de ce procs. En chacun deux lhomme dcouvre etprouve un pouvoir nouveau le pouvoir de construire son propre monde, un mondeidal71.

    33 Le stade symbolique permet daccder un monde de libert dans la mesure o lesprit yaccomplit un travail dautorflexion sur ses propres moyens.

    La symbolisation slve la signification pure lorsque, effectuant un retour surses propres moyens, elle lucide librement soit: hors de la relation ancillaire une chose, un objet conu comme un en soi normatif un systme de signesquelle sait intrinsquement spirituel72.

    34 Lart comme symbolique pur apparat tout particulirement dans la posie lyrique deHlderlin. Je pense aussi bien sr la musique symphonique dont David Ledent rappellequelle se dprend au XVIIIe de la thorie de limitation pour devenir un langage dont il sagitde dcrypter des codes plus ou moins explicites. Cest lorsque lart comprend que ses normessont immanentes quil devient un chemin vers la libert73.

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    Wlfflin Heinrich, Principes fondamentaux de lhistoire de lart, Brionne, G.Monfort, 1997.

    Notes

    1 Eva Cassirer, La vie dErnst Cassirer. Remarques et tmoignage, in Ernst Cassirer. De Marbourg New York, litinraire philosophique, Jean Seidengart (dir.), Paris, ditions du Cerf, 1990, p.309.2 Ibid., p.308.3 Ernst Cassirer, Lettre Paul Schilpp du 13mai 1942.4 Pierre Osmo, Vie et culture dans la pense dErnst Cassirer, Ernst Cassirer. De Marbourg NewYork, p.177.5 Ernst Cassirer, La Philosophie des formes symboliques, tome I, Ole Hansen-Love et Jean Lacoste(trad.), Paris, Minuit, 1972, avant-propos, p.7.6 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, Norbert Massa (trad.), Paris, Minuit, 1975, chap.6, p.104.7 Ernst Cassirer, Le concept de forme symbolique dans ldification des sciences de lesprit , in ErnstCassirer, Trois essais sur le symbolique, Jean Carro et Jel Gaubert (trad.), Paris, ditions du Cerf, 1997,p.13.8 Fabien Capeillres, Postface , Ernst Cassirer, crits sur lart, Paris, ditions du Cerf, 1995,p.220-221.9 Ibid., p.221.10 Ibid., p.224.11 Ernst Cassirer, La Philosophie des formes symboliques, tomeI, p.33.12 Richard Hamann, Discussion qui suit la confrence dE.Cassirer, Espace mythique, espaceesthtique et espace thorique, Ernst Cassirer, crits sur lart, p.117. Comment pouvons-nous passerde ces thmes aux tches concrtes? (Ibid.)13 JohnM. Krois, Introduction, Ernst Cassirer, crits sur lart, p.7.14 Fabien Capeillres, Postface, Ersnt Cassirer, crits sur lart, p.206.15 Ernst Cassirer, Langage et artII, in crits sur lart, p.147-148.16 Ernst Cassirer, La Philosophie des formes symboliques, tomeII, Jean Lacoste (trad.), Paris, Minuit,1972, p.44.17 Pierre Osmo, Vie et culture dans la pense dErnst Cassirer, in Ernst Cassirer. De Marbourg New York, p.177.18 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap.9, p.227.19 Ibid., p.231.20 Ernst Cassirer, crits sur lart, p.188.21 Ernst Cassirer, Langage et artII, in crits sur lart, p.165.22 Ibid., p.165.23 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap.9, p.240.24 Ibid., p.205.25 Ibid., p.205.26 Ernst Cassirer, Langage et artI, in crits sur lart, p.139.27 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap.9, p.210.28 Ibid., p.238.29 Ernst Cassirer, Langage et artII, in crits sur lart, p.165.30 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap.9, p.223.31 Ibid., p.216.32 Ibid., chap. 6, p. 105 pour ces deux expressions. Rappelons les cinq couples de catgories quidfinissent le classique et le baroque: le linaire et le pictural, la prsentation par plans et la prsentationpar profondeur, la forme ferme et la forme ouverte, lunit et la pluralit, la clart absolue et la clartrelative. Voir tout particulirement Heinrich Wlfflin, Principes fondamentaux de lhistoire de lart,Brionne, G.Monfort, 1997, Introduction, 2, p.15-17.33 Fabien Capeillres, Postface, in Ernst Cassirer, crits sur lart, p.233-234.

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    Appareil, 3 | 2009

    34 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap. 6, p. 107. Une organisation des faits de culture estdj luvre dans les sciences particulires en linguistique, dans ltude comparative du mytheet de lart, dans lhistoire de lart. Toutes ces sciences sefforcent de trouver des principes srs, descatgories bien dfinies, qui leur permettraient dordonner systmatiquement les phnomnes dereligion, dart, de langage. Sans cette synthse pralable effectue par les sciences elles-mmes, laphilosophie naurait aucun point de dpart. Mais elle ne peut, dautre part, en rester l. Elle doit tenter deparvenir une concentration et une centralisation encore plus grandes. La pense philosophique rvle,dans la multiplicit et la diversit illimites des images mythiques, des dogmes religieux, des formeslinguistiques, des uvres dart, lunit dune fonction gnrale qui lie toutes ces crations.35 Ibid., chap.9, p.198.36 Ibid., p.204.37 Ibid., p.199.38 Ibid., p.204.39 Ibid., p.232.40 Ibid., p.205.41 SteveG. Lofts, Ernst Cassirer, La vie de lesprit. Essai sur lunit systmatique de la philosophie desformes symboliques et de la culture, Leuven/Paris, Peeters/Vrin, 1997, p.139.42 Ernst Cassirer, Langage et artII, in crits sur lart, p.172.43 Ibid., p.172-173.44 Ernst Cassirer, Langage et artI, in crits sur lart, p.137.45 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, p.22346 Ibid., p.223.47 Ernst Cassirer, Langage et artI, in crits sur lart, p.137.48 Ibid., p.137.49 Ibid., p.137.50 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap.9, p.202.51 Ernst Cassirer, La valeur ducative de lart, in crits sur lart, p.185.52 Ibid., p.185.53 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap.9, p.203.54 Ernst Cassirer, Langage et artII, in crits sur lart, p.168.55 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap.9, p.220-221.56 Ibid., p.204.57 Ernst Cassirer, Langage et artII, in crits sur lart, p.170-171.58 Ernst Cassirer, La Philosophie des formes symboliques, tomeIII, Claude Fronty (trad.), Paris, Minuit,1972, p.53-54.59 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap.10, p.288.60 Ibid., chap.9, p.207.61 Ibid., chap.9, p.210.62 Ernst Cassirer, La valeur ducative de lart, in Ernst Cassirer, crits sur lart, p.186.63 Ibid., p.187.64 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap.9, p.211-212.65 Ibid., p.213.66 Ibid., p.236.67 Ibid., p.236.68 Ernst Cassirer, Espace mythique, espace esthtique et espace thorique, in Ernst Cassirer, critssur lart, p.108.69 JohnM. Krois, Introduction, in Ernst Cassirer, crits sur lart, p.19.70 Fabien Capeillres, Postface, in Ernst Cassirer, crits sur lart, p.251.71 Ernst Cassirer, Essai sur lhomme, chap.12, p.317.72 Fabien Capeillres, Postface, in Ernst Cassirer, crits sur lart, p.245.73 Ernst Cassirer, La valeur ducative de lart, in Ernst Cassirer, crits sur lart, p.190.

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    Appareil, 3 | 2009

    Pour citer cet article

    Rfrence lectronique

    Audrey Rieber, Lart comme forme symbolique, Appareil [En ligne], 3|2009, mis en ligne le 01juillet 2009, consult le 04 fvrier 2015. URL: http://appareil.revues.org/825

    propos de lauteur

    Audrey RieberAncienne lve de lcole normale suprieure de Lyon, agrge de philosophie, docteur enphilosophie, Audrey Rieber sintresse principalement lart et lhistoire quelle questionne partir de la tradition philosophique (esthtique, philosophie et thorie de lart, philosophie des formessymboliques, hermneutique, archologie de Foucault, Kunstwissenschaft, Bildwissenschaft) maisaussi des concepts et mthodes de lhistoire (de lart): thorie des fondateurs (Vasari, Winckelmann,Burckhardt), iconologie (Panofsky), formalisme (Hildebrand, Riegl, Wlfflin), Kennerschaft,psychohistoire (Warburg), iconologie analytique (Arasse), cole des Annales. Post-doctoranteau sein du ple de recherche eikones NFS Bildkritik (Ble), elle a publi en 2012 Art, histoire etsignification. Un essai dpistmologie dhistoire de lart autour de liconologie dErwin Panofsky(LHarmattan, coll. Esthtiques). Elle est professeur invite du Master Aisthesis. Historische Kunst-und Literaturdiskurse (KU Eichsttt, Allemagne).

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    contrat creative commons

    Rsums

    Penser lart (musical) comme forme symbolique permet dinsister sur lactivit du compositeuret de son auditoire, cest--dire de refuser la thorie de linspiration et de mettre en avantlide de configuration. Le propre de la musique est de dcouvrir les formes pures de lesprit.Cette thse conduit carter la thorie de limitation (et lune de ses variantes: la thorie delexpression) ainsi que lapproche moralisante de lart. Enfin, cette rflexion sur la musiquesinscrit dans une histoire de lesprit. Cest au stade symbolique pur que la musique devientun chemin vers la libert.Cassirer thinks of the musical art as a symbolic form. That allows him to put the emphasisboth on the composers activity and on the audiences, that is to say to reject the theory ofinspiration and to bring up the idea of configuration. What is specific to music is that it candiscover pure forms of the mind. The theory of imitation (and one of its variants: the theory ofexpression) and the moralizing conception of art are therefore irrelevant. Finally, the culturephilosophers reflexion on music must be related to the philosophy of mind. Music becomesa path to freedom when, and only when, it reaches the stage of pure symbolic.

    Entres dindex

    Mots-cls : art, culture, expression, forme symbolique, imitation, musique,objectivation, phnomnologie de lespritPersonnes cites :Cassirer (Ernst)