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EcoleSupérieure
DomaineSocialValais
Mémoiredefind’étudespourl’obtentiondudiplômeESdemaîtresocioprofessionnel
L’ARTdetrouverunsensàsanouvellevie
L’influenced’uneactivitéartistiquesurlespersonnesatteintesdepuispeudedéficiencemotrice
AlexineBESSE
Référentethématique:GiuliaFavre
FilièreES–FormationASP
Promotion2015
Annéeacadémique2015-2018
Sion,avril2018
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE
Résumédelarecherche
Ce travail de recherche traite de l’apport d’une activité artistique, plus précisémentd’uneactivitéd’artvisuelsurlespersonnesrécemmentatteintesdedéficiencemotricearrivées en atelier protégé. Le choix du terrain de recherche s’est porté sur l’atelierValaisdeCœuràSierrecarilproposedesprisesenchargequivarientenfonctiondespathologies. J’ai utilisé la technique des entretiens collectifs, ou Focus Groups, afind’exploreretdestimulerdifférentspointsdevue.Lesdonnéesrecueilliessurleterrainetlesapportsthéoriquesamènentàunesynthèsequimetenavantlesvisionsquecespersonnes ont de l’art et l’influence que la pratique d’une activité d’art visuel peutavoirsur lesensqu’ellesdonnentà leurnouvellevie.Elleestpourcespersonnesunmoyend’évasiondeleurcorpsphysique,elleleurpermetdeselibérerdecetteprisonqu’il est devenu. De plus, la valorisation qu’elle procure est très marquée, tant auniveau du sentiment d’estime d’eux-mêmes que de celui de la fierté du résultatobtenu. Pour tous, la pratique d’une activité d’art visuel semble être devenue unepassion.
MotsclésDéficience - Sens à la vie - Activité d’art visuel – Stigmate -Valorisation des rôlessociaux
Remerciements
Je souhaite ici remercier tout particulièrement les travailleurs de l’atelier Valais deCœurdeSierrequiontacceptédeparticiperauxentretiens collectifsetquiontosés’exprimerdevantd’autrespersonnes.JeremercieaussimescollèguesdetravailetladirectiondufoyerValaisdeCœurdeSierrequim’ontsoutenueetencouragéedanslechoixdecetterecherche.MerciàM.Riandpour lecoursdeméthodologieainsiqu’àMmeChantalRey-Furrer,masuperviseuse,pourleursprécisionsconcernantlaméthodederecherchechoisie.Un autre merci à Mme Giulia Favre, ma référente thématique, qui s’est montréedisponibleetdebonsconseilstoutaulongdecetravail.UnspécialMERCIbienentenduàmafamille,àmonpèrepourlarelecturedutravail,àmesenfantsLéon,LénietNil,quiontsupportémesabsencesrégulièresdurantcetteannée2017.Ilsontétémaplusgrandesourcedemotivation.
Avertissement
Lecontenudecetravailetlesopinionsémisesn’engagentqueleurauteure.
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE
TABLEDESMATIERES
1.INTRODUCTION 1
1.1CADREDELARECHERCHE 11.1.1ILLUSTRATIONDELATHEMATIQUE 11.1.2THEMATIQUETRAITEE 21.1.3INTERETPRESENTEPARLARECHERCHE 21.2PROBLEMATIQUE 31.2.1QUESTIONDEDEPART 31.2.2PRECISIONS,LIMITESPOSEESALARECHERCHE 31.2.3OBJECTIFSDELARECHERCHE 41.2.4HYPOTHESES 41.3CADRETHEORIQUEETCONTEXTEPROFESSIONNEL 51.3.1DEFICIENCEMOTRICE/SITUATIONDEDEFICIENCE 61.3.2L’ACTIVITED’ARTVISUEL 81.3.3LESENSALAVIE 91.3.4LASTIGMATISATION 101.3.5LAVALORISATIONDESROLESSOCIAUX 121.4CADRED’ANALYSE 131.4.1LETERRAINDERECHERCHE 141.4.2LAMETHODEDERECHERCHEETLERECUEILDESDONNEES 151.4.3L’ECHANTILLONRETENU 16
2.DEVELOPPEMENT 17
2.1INTRODUCTIONETANNONCEDESCHAPITRESDEVELOPPES 172.2PRESENTATIONETANALYSEDESDONNEES 172.2.1LESEFFETSPOSITIFSD’UNEACTIVITED’ARTVISUEL 172.2.2LESREPRESENTATIONS 182.2.3LESSENSDONNESALAPRATIQUED’UNEACTIVITED’ARTVISUEL 202.2.4LAVALORISATION 212.2.5LEMSPCOMMETRAITD’UNION 232.3VERIFICATIONDESHYPOTHESES 232.4LAPYRAMIDEDUSENS 252.5LESENSALAVIE:ENTREBIEN-ETRESUBJECTIFETPSYCHOLOGIQUE 262.6LADEFICIENCEPHYSIQUE,UNSTIGMATEVISIBLE 27
3.CONCLUSION 283.1SYNTHESEDELARECHERCHE 283.2LIMITESDELARECHERCHE 283.3PERSPECTIVESETPISTESD’ACTION 293.4NOUVEAUXQUESTIONNEMENTS 30
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE
3.5REFLEXIONSPERSONNELLES 30
4.TABLEDESREFERENCES 32
TABLEDESANNEXES
ANNEXE1:TABLEAUXDESHYPOTHESESETDESINDICATEURS 1ANNEXE2:CANEVASDESFOCUSGROUPS 3ANNEXE3:EXTRAITDERETRANSCRIPTION 8ANNEXE4:EXTRAITDECODIFICATION 9ANNEXE5:ARBRESTHEMATIQUES 10ANNEXE6:TABLEAUXDESREMARQUESETOBSERVATIONSSIGNIFICATIVESDESFOCUSGROUPS 16
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 1
1. INTRODUCTIONL’art est souvent considéré dans notre société commeporteur d’une fonction décorative.Mais l’art est aussi un formidable moyen d’expression, présent sous différentes formescommelamusique,lapoésie,lethéâtre,lesfresquesoulestableaux.Lemotartnedéfinitpasseulementunehabiletétechniquemaisaussi lacapacitédes’exprimer.Ilyadoncuneformed’artquiestenquêtedebeautéesthétiqueetuneautrepluspersonnellequichercheàlibérerunétatintérieurquidemandeàs’extérioriser.Cettepulsioncréativeestprésenteen chacun de nous,mais souvent des facteurs externes empêchent son expression. Avoirl’opportunitédelefairedonnelesentimentd’exister,devivre.Aucontraire,lorsqu’elleestréprimée,notresentimentdebonheurs’entrouveamoindri.Malheureusement,onmontremoins d’importancedansnotre société à des pratiques artistiques qu’à celles qui ont desfins commerciales. Dans le milieu de la déficience, la fonction de l’expression artistiqueprenduneautreimportancequejevaisessayerdedémontrerdanscetravail.
1.1 CADREDELARECHERCHE
1.1.1 ILLUSTRATIONDELATHEMATIQUE
Enuneseconde,votreviebascule…dans lemondedesgensdits«avecdéficience».Vouspensiezquecelan’arrivaitqu’auxautres,maismaintenantc’estvous!Accidentoumaladiedégénérativequivousimmobiliseetlerestedevotrevieseferadansunfauteuilroulant.Lemonde autour de vous se resserre. Plus possible de se mouvoir comme on l’aimerait.L’activité professionnelle que vous exerciez auparavant avec application s’arrête net. Onvous propose de visiter un atelier protégé à but occupationnel. Vous y rencontrez destravailleurs1avecdéficienceeux aussi. Contrairement à vous, la plupartœuvrentdansdesateliersprotégésdepuisleurplusjeuneâge.Ilsvousaccueillentchaleureusement,demêmequelesmaîtresd’atelier.Onvousmontrelesdifférentesactivitéspossibles:ponçage,misesouspli,travailinformatique,papiermâché,céramique,peinture…Vousacceptezd’intégrercetatelier.Lepremierjour,àvotregrandétonnement,vousdemandezàréaliseruneactivitéd’artvisuel.Etvousvousprenezau jeu…Maiscelavousaidera-t-ilàmieuxacceptervotrenouvellesituation?Ouaucontrairevousmontrera-t-illeslimitesdevoscapacités?Ce travail de recherchequestionne sur le sensque lespersonnes récemmentatteintesdedéficience motrice donnent à leur nouvelle vie. Il existe pour elles un avant et un aprèsl’accidentou la«rupture». L’avantétait leur vie activeavec le sensqu’ilsmettaientdansleur travail. L’après est cettenouvelle activité en atelier d’occupation.Une toutenouvellesituationàaccepter,denouvellescapacitésàdévelopper.Ce travailde recherchepropose
1Danscetravail,leterme«travailleur»désigneunepersonnevivantavecunedéficiencemotricequifréquentelesateliersprotégésàbutoccupationnel.
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deserapprocherunpeuplusdecespersonnes.Imaginez…seretrouveràtravaillerenatelierprotégé au côté d’autres personnes atteintes déficience motrice, supporter le regardstigmatisantdelasociétéouencoreaccepteruneactivitéd’occupationalorsquel’onavaittoujoursétéentreprenantdanssonprécédenttravail.Demanièreplusprécise,cetravailsedemandesiuneactivitéartistique,entantquemoyend’expression,peutlesaideràdonnerdusensàleurvie.1.1.2 THEMATIQUETRAITEE
Lathématiquedecetravailderechercheconcerne l’influenced’uneactivitéd’artvisuelsurl’imagedesoi«avecdéficience».Selon ledictionnaire en ligneLe Larousse, ladéficience est «une insuffisancephysiqueouintellectuelle» (S.d.). Pour ce travail de recherche, je vais traiter uniquement de ladéficience motrice et me concentrer sur des personnes ayant subit un «accident», unerupturedansleurviequilesalaisséparaplégiques.Deladéficiencedécoulelestigmate,quiestcompris iciselon lavisiondusociologueErvinGoffman.Pour lui,un individustigmatisé«sedéfinitcommen’étantenriendifférentd’unquelconqueêtrehumain,alorsmêmequ’ilse conçoit (et que les autres le définissent) comme quelqu’un à part» (Goffman, 1963,p.26).Chaqueindividuestplusoumoinsstigmatiséenfonctiondescirconstances.Pourcespersonnes, faire l’expérience d’un nouveau corps est la première difficulté. Il faut ensuitesupporterleregarddesautres.Qu’enest-ilalorsdufaitd’intégrerunatelierd’occupation?Selon le proverbe: «Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es», le fait de devenirtravailleur dans un atelier d’occupation fréquenté par des personnes la plupart avecdéficiencemotricedepuisleurenfance,présentelerisquequel’imagequel’onportesurluiensoitencoreplusdévalorisée.Wolfensberger(1997),danssonlivresurlavalorisationdesrôlessociauxprécisececi:«Ladévalorisationd’unepersonneendangerd’êtredépréciéeetrejetéeestgénéralementaggravéesicettepersonneestregroupéeavecuncertainnombred’autres personnes déjà stigmatisées, c’est-à-dire ayant de nettes caractéristiquesdévalorisées» (p.84). Et qu’en est-il du sens de la vie? La citation de Carl Gustave Jung«L’homme ne peut supporter une vie dénuée de sens» (St-Pierre, S.d.) montre bienl’importance pour tout être humain d’en trouver un. Pour ce travail de mémoire, il seracomprisselonlaquestionsuivante:«Commentconserverunepassionpourlaviequandleschosesvontmal?».Danssonlivresurlesensdelavie,JacquesLecomte(2007),spécialisteenpsychologiepositive,présente«les trois grandes façonspar lesquelles chacundenousdonnedusensàsavie:lesrelationsaffectives;lespensées,croyancesetvaleurs;l’action»(p.14).Dansunatelierd’occupation,nouscréonsdusensdansl’action,etplusprécisémentdansl’actionartistique,autraversd’activitéd’artvisuel.1.1.3 INTERETPRESENTEPARLARECHERCHE
L’intérêtdecettethématiqueestunintérêtpratique,ilreposeprincipalementsurlaqualitéde la prise en charge des travailleurs en fonction de leur pathologie. Il est difficilement
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acceptablepourdespersonnes récemmentatteintesdedéficiencede sevoirproposerdutravail guidé de type occupationnel alors qu’ils avaient auparavant l’habitude d’êtreautonomes dans leur profession. Dans la réalité du social, dans les ateliers protégés, lesactivitésd’expressionetdedéveloppementpersonneln’ontquepeudeplace.Laréalisationde travaux utiles et quelques peu productifs leur sont préférés. Personnellement, je suissensibleàcespersonnescartoutunchacunpourraitsetrouverunjourdanscettesituation1.2 PROBLEMATIQUE
1.2.1 QUESTIONDEDEPART
Lorsque l’onpassedu statutdepersonnevalideàpersonneen chaise roulante, un travaild’acceptation de la nouvelle situation est nécessaire. En plus d’une diminution de lamotricité, il faut supporter et intégrer le stigmate posé sur le mot «déficience».Wolfensberger (1997), dans son livre sur la valorisation des rôles sociaux, précise que«l’image d’une personne sera également marquée par les personnes auxquelles elless’associent» (p.59). Cela serad’autantplus vrai enentrantdansunatelierprotégéàbutoccupationnelfréquentépardespersonnesensituationdedéficiencedepuisleurplusjeuneâge. Existe-t-il un avant et un après leur entrée en atelier protégé? Les préjugés qu’ilsavaient ont-ils changé? L’acte de créer permet-il de se détacher de l’étiquette «avecdéficience»?Dansquellemesureuneactivitéartistiques’apparente-elleauconceptde laVRS,valorisationdesrôlessociaux?Voicidesinterrogationsauxquellescemémoiretenteraderépondre.Danscecontexteparticulier,maquestionderechercheestlasuivante:«Uneactivitéd’artvisuelpeut-elledonnerunsensàlanouvelleviedepersonnesarrivées
dansunatelierprotégéàbutoccupationnel?»1.2.2 PRECISIONSETLIMITESPOSEESALARECHERCHE
Pourcetravail, jemesuisconcentréesurdespersonnesatteintesdedéficiencemotriceetnon psychique. Je ne vais pas prendre en compte les personnes avec infirmité motricecérébrale(IMC)carcesontdespersonnesquisontatteintesdedéficiencedepuisleurplusjeuneâgeetsouventeninstitutiondepuisleurenfance.Jevaism’intéresserauxpersonnesayant eu une vie active avant de subir un accident ou d’être atteintes d’une maladiedégénérativedetypescléroseenplaquesquilesarenduesdépendantes.
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1.2.3 OBJECTIFSDELARECHERCHE
Objectifsthéoriques• Définirleconceptdedéficience,plusprécisémentsuiteàune«rupture»accidentelleou
découlantd’unemaladie.• Présenterl’activitéartistiquecommemoyend’expression.• Présentertroispointsdevuedel’imagedesoiouimageidentitaire:
- poursoi:lesensàlavie,donnerdusensàsavie- autraversduregarddesautres:lesstigmatesdeladéficience- soiaveclesautres:laVRS,valorisationdesrôlessociaux
Objectifsdelarecherchesurleterrain• Connaître les préjugés que ces personnes avaient de la déficience et de l’activité
artistiqueavantleuraccidentetlescompareravecceuxqu’ilsontparlasuite.• Connaîtreleseffetspositifsdelapratiqued’uneactivitéartistique.• Connaîtrelessensdonnésàcettenouvellepratiqueartistique.• Savoir si la pratique d’une activité d’art visuel renforce la valorisation de ces
personnesetsioui,dequelle(s)manière(s).1.2.4 HYPOTHESES
Laquestiondedépartétant:«Uneactivitéd’artvisuelpeut-elledonnerunsensàlanouvelleviedepersonnesarrivéesdansunatelierprotégéàbutoccupationnel?», je retiendrai leshypothèsessuivantesquejevaism’efforcerdevérifiersurleterrain.H1Uneactivitéd’artvisuelauneffetpositifsurlaviedepersonnesrécemmentarrivéesenatelierprotégéCette première hypothèse englobe l’état des lieux sur le bonheur en général de cespersonnes et sur le plaisir qu’elles ont à fréquenter l’atelier. Elle donne donc desinformations sur le bien-être subjectif qui est individuel mais aussi sur le bien-êtrepsychologique, apportées ou non par des indicateurs de plaisir de fréquenter à l’atelierd’occupation.H1.1L’effetpositifsecomprendentermesdebien-êtregénéralH1.2L’effetpositifsecomprendentermesdeplaisiràfréquenterl’atelierH2Lesreprésentationsqu’ilsavaientavantleurplacementdel’activitéartistiqueetdeladéficiencemotricesontdifférentesdecellesqu’ilsontparlasuite
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Intégrer un nouveau lieu de travail et s’ouvrir à la pratique d’une nouvelle disciplineengendre chez toute personne unemodification des représentations. Les images que cespersonnessefaisaientdumondedeladéficienceetdel’activitéartistiqueensontchangées.Certaines personnes sont plus disposées à accepter et intégrer ces changements qued’autres.H2.1Auniveaude l’activitéartistique, ilspassentd’unevisiond’activitéde loisir àuneconsidérationdemétierH2.2 Concernant la déficience motrice, ils passent d’une vision aliénante à une visionacceptéeH3Lespersonnesrécemmentatteintesdedéficiencemotricedonnentleurpropresensàlapratiqued’uneactivitéd’artvisuelTouteactivitéestperçuedemanièredifférentepartoutunchacun.Lesintérêtsvarientenfonctiondusensquel’ondonneàlapratiqued’uneactivité.C’estlamanièredejugeretdecomprendrequelquechose.H3.1L’activitéartistiquesecomprendentermesdetravailH3.2L’activitéartistiquesecomprendentermesdeloisirH3.3L’activitéartistiquesecomprendentermesdesoinH4 La valorisation de la personne récemment atteinte de déficience motrice peut êtrerenforcéeparlapratiqued’uneactivitéd’artvisuelLespersonnesatteintesphysiquementsontstigmatiséesetsouventmisesdecôté,àl’écartde la société.Dansun atelier protégé, pouvoir s’exprimer au travers de la pratiqued’uneactivitéd’artvisueladesrépercussionssurleurvalorisationentantqu’êtreshumainsàpartentière.
H4.1LavalorisationsedécritentermesdereconnaissanceH4.2Lavalorisationsedécritentermesd’estimedesoiH4.3Lavalorisationsedécritentermesdesentimentd’appartenanceaugroupe1.3 CADRETHEORIQUEETCONTEXTEPROFESSIONNEL
Ilme fautàcestadeéclaircir le termededéficience car ilaétésouventconfonduavec leterme de handicap. Une distinction doit être faite entre ces deux appellations. Selon ladéfinition du dictionnaire en ligne Wikipédia (S.d.), «le handicap est la limitation despossibilitésd'interactiond'unindividuavecsonenvironnement». Iln’estpassynonymede
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déficience ou de trouble et il en est le résultat temporaire dans un contexte donné. Ladéficience, quand à elle, est souvent durable, voire définitive. Durant ma formation, j’aiapprisqu’ilconvenaitdeneplusdire«personneensituationdehandicap»mais«personneavecdéficience».C’estdonccetermequej’utiliseraitoutaulongdecetravail.1.3.1 DEFICIENCEMOTRICE/SITUATIONDEDEFICIENCE
Définitions
Ladéficiencesignifielaprésencedumalheur,d’uneanormalité.Lapersonneestconsidéréeàpartirdecequiluimanqueetnelaissepasindifférent.Sousletermegénérique,ilrecouvrelesdéficiencesmentales,physiques,neurologiques,sensoriellesouencoremotrices,quellesqu’ensoientl’origine(lésions,amputation,malformation)etlacause(accident,maladie,anomaliegénétique).Ladéficiencemotriceestuneatteintedelacapacitéducorpsoud’unepartieducorpsàsemouvoir.Même si la motricité en tant que telle concerne le système nerveux, la moelleépinière,lesmuscles,lesnerfsetlesarticulations,l’onretrouvesouscetermedesaffectionsou altérations très diverses, qu’elles soient en lien direct avec la déficience ou qu’ellesconstituentdesdifficultésassociées:paraplégieoutétraplégie,infirmitémotricecérébrale,scléroses,amputations…Ladéficiencemotricepeutêtrecongénitaleouacquise.Unedéficiencecongénitaleestdueàunemalformationde l’enfant ànaître, du squeletteoudesmembrespar exemple.Unedéficience est acquise lorsqu’elle est due à une maladie, au vieillissement, à l’usure autravail…
Ruptureaccidentelleoudéficienceévolutive
«L’accidentmarquelaruptureentreunavantetunaprès,entrel’autonomieetladépendance,entreuncorpsvalideetuncorpsinvalide»(GRAHQ,1992,p.4).Pourcetravail,jevaismepenchersurlespersonnesvivantdepuispeuavecunedéficiencemotrice acquise ayant soit subi un accident qui les a privé de l’utilisation de plusieurs deleursmembres,soitquiseretrouventenchaiseroulanteenconséquencedel’avancéed’unemaladieévolutive. Laparticularitéde ces gensestqu’ils n’étaientpasen institutionavantleur accident, qu’ils menaient une vie «normale» dans la société et qu’ils étaient actifsprofessionnellement.Selonlegroupederecherche-actionhandicapetquotidien(GRAHQ,1992),«quellequesoitla déficience, soit survenue brutalement à la suite d’un accident, soit insidieusement lorsd’unemaladiedégénérative, lepointcommunest laprésenced’unerupture.Ellespeuventêtredediverses sortes, commeuncorps rompupar l’accidentou lamaladie,uneprisedeconscienceprogressivedel’inéluctableouencoreuneruptured’identité»(p.48).Dans cette dernière catégorie, la rupture d’identité, ces personnes doivent intégrer lepassaged’unecatégoriesocialeàuneautre.
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Besoinsdelapersonne
Suite àune rupture, lesbesoinsde lapersonnedéficiente se trouventmodifiés.Dansdesateliers protégés, afin demettre en place une activité adaptée, nous devons prendre encompte les besoins des travailleurs. Nous devons donc les évaluer en fonction de leursdifficultésmaisaussideleursressources.LepsychologueaméricainAbrahamMaslow,quia faitdes recherches sur lamotivation,adéfiniunehiérarchiedesbesoinsdanssonlivreL’accomplissementdesoi(2004).Présentéssouslaformed’unepyramide,ilssontaunombredecinq.
Figure1.Tirédehttp://onfaitout.com/wp-content/uploads/11-1024x900.jpg
Selonsathéoriedelamotivation,pourpasseràunniveausupérieur,lesbesoinsduniveauinférieursdoiventêtreassouvis.Siunbesoinn’estpassatisfait,ilconstituedoncunesourcede motivation. Les deux premiers niveaux sont considérés comme des besoins primaires«avoir»etlestroissupérieurscommedesbesoinssecondaires«être».Dansletravailsocial, lasatisfactiondesbesoinsdespersonnesdéficientesestunepriorité.Différentsprofessionnelsœuvrentàcettetâcheetdansdesateliersprotégés,noussommesparticulièrementattentifsauxbesoinssecondaires.
Imageidentitaire(ouimagedesoi)
SelonJean-ChristianPoutiers(2004),l’identitéprésuppose«uneimagepropreausujet,unereprésentationquipermetdedistinguercesujetauseindugroupeduquel il sedissimule,volontairement ou non» (p.149). Cette représentation individualise la personnemais estaussiune imaged’appartenanceàungroupe.L’identitéestdonc«unereconnaissancedusujetparautruiet/ouparlui-même»(Poutiers,2004,p.150).Lorsqu’une personne subit un accident ou apprend qu’elle est atteinte d’une maladiedégénérative, son image identitaire s’en trouve bouleversée. L’image qu’elle propose àautrui n’est pas volontaire et elle est perçue de manière stigmatisée. De plus, le fait dedevenir travailleur dans un atelier protégé fréquenté par des personnes atteintes de
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déficiencemotrice,pourlaplupartdepuisleurenfance,présentelerisquequel’imagequel’onportesursoi-mêmeensoitencoreplusdévalorisée.Illeurfautaussitrouverunsensàunenouvelleactivité,detypeoccupationnel.1.3.2 L’ACTIVITED’ARTVISUEL
Définition
Lemotvisuelvientdulatinvisuālisetsignifiecequiestrelatifàlavision.Cetermeestliéausensquipermetdedétecterlalumièreainsiqu’àlacapacitéqu’ontleshumains(etlesanimaux)àvoirparleurssystèmesnaturels.On entend parart visuel la création d’œuvres qui sont essentiellement appréciées par lavue.Leconceptdel’artvisuelaémergéaprèslasecondeguerremondialepourdésignerlesartsqui impliquent laperceptionvisuelle. Lapeinture (quipeutêtreobservéeàpartirdespigmentsquisontappliquéssurunesurface)etlaphotographie(enregistrementdemotifsde lumière au moyen d’un support sensible) sont d’ailleurs deux des principauxreprésentantsdecetart.Maisdiversesdisciplinesfontaussipartiedesartsvisuels,telsquelacalligraphie,ledessin,legraphisme,lagravure,lapeinture,levitrail,lasculpture…
Facteurd’expression
«L’artnereproduitpaslevisible,ilrendvisiblel’invisible(PaulKlee)»(Evers,2015,p.21).
L’artpermetd’affirmersonexistenceetsonidentité.Donnerlapossibilitéàdespersonnesatteintesdedéficiencemotricedepratiquerdesactivitésartistiquesleurfournitlesmoyensde faire partager leurmonde ou leur vision dumonde. L’art permet aussi d’être reconnusocialement,cequifaitpartiedesobjectifsdelaplupartdesateliersprotégés.Lespratiquesartistiquesnedoiventpasêtrepenséesdanslebutdeformerdesartistesmaisdepermettreàdespersonnesd’exprimerleurcréativité,detraduiresousuneautreformeleursensibilitéetleursémotions.
Artetdéficience
Lapratiqueartistiquedepersonnesvivantavecunedéficienceestvalorisante,ellerestaurel’imagedesoipoursoi, l’imagedesoidans legroupeetdans lasociété.CarselonSimoneKorff-Sausse (2000) «enpratiquantunart, la personnehandicapéedevientunepersonneavec un potentiel artistique» (p.17). L’art étant aussi quelque peu «anormal», lesdifférencessontdonceffacées.
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1.3.3 LESENSALAVIE
Alasuited’unaccidentouaprèsl’annonced’unemaladiedégénérative,laquestiondusensàlavierésonnedifféremment.Lesréponsesapportéesàcetteuniquequestion:«Qu’estcequidonnedusensàmavie?»sevoientmodifiées.
Définition
Lesensde lavieestuneexpressionquidésignel’interrogationsurl’origine,lanatureetlafinalité de la vie, de l’existence humaine. Selon le dictionnaire en ligne Wikipédia, cetteinterrogation métaphysique se trouve souvent posée sous la forme d’une série dequestions: «Qui sommes-nous?», «d’où venons-nous?», «où allons-nous?« Denombreux courants (artistiques, religieux, intellectuels, philosophiques, scientifiques) sesontemparésdecesquestionsetontessayéd’yrépondeàleurmanière,donnantlieuàdemultiplesapproches.
LesensàlavieselonJacquesLecomte
Danssonlivresurlesensàlavie,JacquesLecomte(2007)présentelapyramidedusens.Ilconcluqu’ilexistetroisgrandesfaçonsselonlesquelleschacundenousdonnedusensàsavie(p.14):
- Lesrelationsaffectives(l’amour,l’amitiéetlaparentalité)- Les pensées, croyances et valeurs (les interrogations sur soi, la spiritualité ou
encoreleschoixphilosophiques)- L’action(l’activitéprofessionnelleoul’engagementdansuneactivitéhumanitaire
ouautre
Figure2.TirédeLecomte,2007,p.15
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Fairedusensdansl’action
Pour ce travail de recherche, je vais me pencher sur le sens fait dans l’action. L’activitéprofessionnelleconstitueunesourceimportantedesenspourdenombreuxindividus.Avantleur accident, les personnes récemment atteintes de déficience motrice étaient actifsprofessionnellementettrouvaientparlà-mêmeunsensàleurvie.Cetteactivitéproductivemenaitàquelquechose,elleétaitintéressante,leurprocuraitduplaisir,lesfaisaitsesentirutiles, leur permettait de développer leur potentiel. Dans des ateliers protégés à butoccupationnel, nous essayons de leur proposer de nouvelles activités qui font sens pourelles.Jacques Lecomte (2007) précise dans son livre que le psychologue hongrois MihlayCsiszentmihalyis’estintéresséàcequ’ilappellelesmomentsde«flux»oud’«expérienceoptimale»,quiestl’étatmentalatteintparunepersonnelorsqu’elleesttotalementplongéedans une activité.Une des composantes de cet état de flux est la perte du sentiment deconscience de soi (p.215). Dans l’action, «la préoccupation de soi disparaît, maisparadoxalement le sens du soi se trouve renforcé à la suite de l’expérience optimale»(Lecomte,2007,p.216).
L’actionenatelierprotégéàbutoccupationnel
Dans un atelier protégé à but occupationnel, les activités proposées peuvent prendreplusieurs sensouavoirplusieursobjectifs. Elles sont classéesen trois grandes catégories:l’affectivité, la motricité et la cérébralité. Ce sont souvent des domaines sur lesquels lestravailleurssociauxœuvrentquotidiennement.Sicesobjectifsnepeuventêtreaméliorés,ilestimportantd’essayerdelesmaintenirlepluslongtempspossible.Pour ces personnes, pratiquer une activité artistique peut aussi avoir d’autres intérêts,moinsdéfinisetévaluéstelsquel’occupation,leplaisir,lecôtésocialouencoreleprocessuscréatif.1.3.4 LASTIGMATISATION
Définition
Etymologiquement,leverbestigmatiservientdulatinsigma,marquéauferrouge,empruntédugrecancienstigma,piqûre.Ausenspropre,ilsignifiemarquerdestigmates,c'est-à-direimprimersurlecorpsunemarqueindélébileenguisedechâtiment.Ausensfiguré,"stigmatiser"estmarquerquelqu'und'infamie,ledénoncer,leblâmeroulecritiquerpubliquementavecsévéritépourunfaitquel'onjugemoralementcondamnableourépréhensible.Lastigmatisationconduitaurejetsocialoulamiseàl'écartd'unepersonneoud'ungroupedepersonnesquisontperçuescommeallantàl'encontredesnormesculturellesdugroupeoudelasociétéàlaquelleellesappartiennent.
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LestigmateselonErwinGoffman
SelonE.Goffman(1963),«lastigmatisationestunprocessusdynamiquededévaluationquidiscréditesignificativementunindividuauxyeuxdesautres»(p.42).L’attributdiscriminant(stigmate)peutêtred’ordrecorporeltelslesdéficiencesphysiques,lacouleur de la peau ou encore l’aspect et les anomalies du corps. Il peut aussi tenir à lapersonnalité ou au passé de l’individu comme les troubles du caractère ou le fait d’avoirséjournéenhôpitalpsychiatriqueparexemple.Ces stigmates peuvent être visibles : l’individu est alors discrédité. Il est perçu commeoccupant une position inférieure, ce quimodifiera la nature de ses relations. Le stigmateaffecte ainsi son identité sociale, son identité personnelle et le regard qu’il porte sur lui-même.Lesstigmatespeuventêtreinvisibles:l’individuest«discréditable»etsonproblèmedevientcelui du contrôle de l’information à propos de son stigmate. Les conséquences les plusimportantes sont laperted’estimede soi (dévalorisation liée au sentimentdenepouvoirjouer le même rôle social que les autres du fait de son stigmate), ce qui développe lesentimentdeculpabilité.IlexistetroisformesdestigmatisationreconnuesparGoffman:
- Lapremière:laprésencededéformationsexternes,tellesquelescicatricesetles manifestations physiques d'anorexie mentale, de lèpre ou d'infirmitésphysiques.
- La seconde: les déviations de traits personnels (les troubles mentaux, latoxicomanie,l’alcoolismeetlesantécédentscriminels).
- La troisième: lesgroupesethniquesetdenationalités,oude religionsperçuscommeétanthorsdesnormessociales.(1963,p.46)
Lesporteursdestigmates
Devenir une personne en chaise roulante implique automatiquement la présence d’unstigmate. Un stigmate qui prend une connotation péjorative, posé au travers du regarddistancédel’observateur.Ildevient«unepersonneavecdéficience»etestainsicatégorisécomme différent. Il estmême placé dans une position d’infériorité. Ainsi témoigneMmeChabert (2014), une personne paraplégique et doctorante en philosophie des sciences àl’universitédeParis:
L’expérience blessante n’est pas toujours là où l’on croit. Il est peut-êtrenécessaire d’exprimer ces blessures subies dans l’obscurité et la légitimité du«normal».Nombredechoses invisibles,dechosesquenousconstruisons,quenouscautionnonstacitement,ouencorequenousregardonspeuventtouràtourmeurtriroufairegrandirdansleplusgrandsilence.(p.27)
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1.3.5 LAVALORISATIONDESROLESSOCIAUX
Dans de nombreuses institutions sociales, l’accompagnement des personnes accueillies sebase sur la théoriede laValorisationdeRôles Sociaux (VRS).C’estunoutil dynamiquedecompréhensiondel’hommequiconsidèrecequilerenduniqueetsemblableauxautres.Ilest très important dansdes lieuxoù les gens vivent et travaillent ensemble car il est unefaçondeconcevoirl’hommeeninteractionavecsonmilieu,oùchacunsedéfinitenfonctiondesonstatutetduregardde l’autre.Rentrerdansunatelierprotégéàbutoccupationnelimpliqueautomatiquementunenouvelledéfinitiondel’imagedesoiaveclesautres.
Définitionduconcept
Ceconcept s’est inspiréduprincipedenormalisationqui consisteàdonnerà lapersonnedéficientelesmoyensdevivredansdesconditionsaussiprochespossiblesdelanormedesaculture. Ilaétédéfinipar lepsychologueaméricainWolfWolfensbergeren1984. Il insistesurl’importanced’attribuerdesrôlessociauxvalorisésàtoutepersonnedévaloriséeouquirisque d’être rejetée, isolée ou exclue. Le psycho-sociologue Jacques Pelletier, enintroduction d’un ouvrage de Wolfensberger (1997), présente cette théorie comme un«courant de pensée humaniste qui a profondément marqué l’évolution des serviceshumainsdurant lesdeuxdernièresdécennies,particulièrement lesservicesquis’adressentauxpersonnesditeshandicapées»(p.9).Avant de parler de valorisation, il convient de préciser le terme de dévalorisation. SelonWolfensberger (1997), «dévaloriser une personne, c’est l’évaluer négativement ouinférieurement en tant qu’observateur. C’est une action qui résulte du regard del’observateur et n’est pas inhérente à la personne observée» (p.15). La dévalorisationsocialepeutseproduireàdeuxniveaux:leniveaupersonneletleniveaucommunautaireoude société. Le premier concerne les «a priori» de chaque personne en particulier. Ledeuxièmeniveau, celui qui nous intéresse, est le plus néfaste car il crée etmaintient desclassessocialesdévalorisées.Lemondedespersonnesavecdéficiencemotriceenestune.Ladévalorisationsocialeestprésentepartoutdanslemonde.Pour valoriser des personnes aux yeux des autres, il importe donc d’entreprendre desactions qui incitent les autres à les percevoir demanière valorisante. Pour les travailleurssociaux,ilconvientdedonnerauxpersonnesdévaloriséesdesrôlessociauxvalorisés.Envoici ladéfinitiondonnéeparWolfWolfensberger(1997):«Ledéveloppement,lamiseenvaleur, lemaintienet/ou ladéfensedesrôlessociauxvaloriséspourdespersonnes-etparticulièrementpourcellesreprésentantunrisquededévalorisationsociale-enutilisantlepluspossibledesmoyensculturellementvalorisés»(p.53).
LaVRSaveclespersonnesensituationdedéficience
Ce concept prend tout son sens pour les groupes de personnesdéjà dévalorisées et pourcellesqui ont toujours été valoriséesmais à qui des évènements font courir un risquede
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dévalorisation. C’est le cas des personnes ayant appris qu’elles étaient atteints d’unemaladiedégénérativeoupourcellesayantsubitunaccidentquilesalaisséparalysés.Selonceconcept,deuxprincipespeuventêtresusceptiblesdevaloriserunrôlesocial:
- ledéveloppementdescompétencespourmieuxremplircertainsrôlesvalorisésouyaccéder
- l’amélioration de l’image sociale afin qu’elles soient perçues de manière pluspositive
Lacompétenceseréfèreauxcomportementsd’unepersonne,àsescapacités,habitudesetmotivations. L’image, elle, se réfère aux représentationsmentales que les personnes ontdansleurespritàproposd’unindividu.Pour lepsychosociologuegenevoisAlainDupont (1994), «le travail représente lemeilleurmoyen pour vaincre l’exclusion sociale, c’est un défi pour la personne vivant avec unedéficience. Participer à une activité valorisée semble représenter un axe essentiel del’intégrationsociale»(p.22).
L’entréeenatelierprotégé
Enentrantdansunatelierprotégé,lapersonnevivantdepuispeuavecunedéficiencesevoitencoreplusdévalorisée car regroupéeavecd’autrespersonnesdéjà«stigmatisées».Celaest d’autant plus marqué si ces autres personnes sont dévalorisées pour des raisonsdifférentes. Certains travailleurs étant sur chaise roulante depuis leur plus jeune âge etatteint aussi d’autres déficiences, les personnes ayant subi une rupture dans leur vieauparavant«normale»se retrouventassociéesàcegroupe.Leur imagesociale se trouvedévalorisée.Sur le pôle social, ce travail de recherche vise donc à savoir si le développement decompétencesartistiques,viauneactivitéd’artvisuel,améliorel’imagedesoiaveclesautresauseind’unatelierprotégé.1.4 CADRED’ANALYSE
1.4.1 LETERRAINDERECHERCHE
L’objectif de ma recherche est de vérifier la prise en charge des personnes récemmentarrivées en atelier d’occupationet de connaître l’importancede la pratiqued’uneactivitéd’artvisuelafind’améliorerleurnouvellevieeninstitution.Poursefaire,j’aichoisideciblermarecherchesur l’atelierValaisdeCœuràSierre,atelierdans lequel je travaille.C’esteneffet un lieu d’occupation qui propose du travail d’artisanat ainsi que diverses activitéscréatrices. Les personnes qui le fréquentent sont toutes atteintes de déficience motrice.C’est un atelier unique en Suisse romande dans le sens où il accueille des personnesatteintes de déficiencemotrice depuis leur plus jeune âge ainsi que des personnes ayant
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subitune«rupture»aucoursdeleurvie.J’aidoncrestreintmonterrainderechercheàcetatelier.
Présentationdel’institution
Afindemieuxcomprendre l’intérêtet laproblématiquedemarecherche, ilestnécessairedeprésentersommairementl’institution,sapopulationainsiquesonfonctionnement.La fondationsecomposede trois foyers sur trois sitesdifférents: le foyerdeChampsecàSion avec ses 5 ateliers (service, bois, art, horticulture, cuisine, impression), le foyer del’Envol à Sion avec un atelier d’occupation et le foyer de Sierre avec lui aussi un atelierd’occupation. L’atelier de Sierre et celui de l’Envol à Sion accueillent des personnes ensituation de déficiencemotrice alors que celui de Sion à Champsec est spécialisé dans lapriseen chargedepersonnes cérébro-lésées.Actuellement, l’atelierde l’Envol, qui estunatelierouvertenfin2015,neproposepasd’activitéd’artvisuel.Al’atelierValaisdeCœurdeSierre,unecapacitéde12personnesmaximumestpossiblepardemi-journéesouslasupervisiondedeuxmaîtressocioprofessionnels.Entoutetpourtout,24personnes viennent y travailler, certains sontdes résidentsdu foyer, d’autres sontdespersonnesexternesqui rentrentchezellesaprès le travail.Presquetous les résidentssontsur chaise roulante et les pathologies varient. Une moitié d’entre-elles sont sur fauteuilroulant depuis leur naissance. Spina-bifida, manque d’oxygène à la naissance,malformations, ces personnes ont toujours vécu avec leur déficience et ont aussi desatteintescérébralesassociéesàunretardmental.Uneautrepartieestlàsuiteàunemaladiedégénérative,lascléroseenplaqueetquelquesautrespersonnessontprésentessuiteàunaccident (physique ou cérébral) qui les a laissé paraplégiques. Je parle dans ce travail de«rupture».C’est aussi un atelier-boutique où les objets sont exposés dans les vitrines et vendusdirectementà laclientèle.Nousréalisonsdiversobjets3D(réalisésenpapiermâché,terrecuite,cartonouenbois),destableauxdécoratifsenpeinture,delamisesouspli,destravauxd’impression,delapyrogravure…
Différentesintégrationsdeladéficience
Pour les travailleurs sociaux, la prise en chargedes ces personnesdiffère en fonctiondespathologies.Unepersonneayanteuunevieprofessionnellenormaleauparavantneconçoitpasletravailenatelierd’occupationdelamêmemanièrequ’unepersonneyayanttoujourstravaillé.Lorsqu’un nouveau travailleur intègre l’atelier suite à un accident, nous lui laissons toutd’abordlechoixd’uneactivitéetcecidurantquelquestemps.Puis,commelesobjetscrééssurplacesontvendusàlaclientèleetpropriétédel’atelier,chaquepersonneesttenuedetravailler pour la ventemais dispose aussi de temps pour lui, pour ses propres créations.Bienentendu, celles-ci sont aussi venduesenboutiqueou rachetéepar leur créateur. J’airemarquéqueces«nouveaux»travailleurssedirigentpourlaplupartversuneactivitéd’art
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visueletmontrentpeud’intérêtpourdetravauxdirigés.Ilestaussidélicatpourletravailleursocial de proposer des tâches d’occupation à des personnes récemment atteintes dedéficiencephysiqueayantleurscapacitéscognitivesintactes.
L’activitéd’artvisuelàl’atelier
Lorsque je parle d’activité d’art visuel dans un atelier d’occupation, j’entends par là desactivités créatrices visuelles non dirigées. C’est-à-dire que la personne peut choisir elle-même le support utilisé, lesmatériaux, couleurs ou thèmes. Pour certains, qui ont de lapeineàs’exprimersurunepageblanche,illeurestpossibledes’inspirerd’unmodèlequ’ilsmodifient à leur guise. Certains réalisent desœuvres en peinture, au crayon ou aussi enpyrogravure.1.4.2 LAMETHODEDERECHERCHEETLERECUEILDESDONNES
Etantdonnéquemarechercheselimiteàmonatelieretàunepopulationspécifiquedansun contexte spécifique, j’ai choisi de procéder à une enquête qualitative, les entretienscollectifsouFocusGroups2.La techniqueduFocusGroupestunetechniqueselon laquellel’entretienautourd’unethématiqueestconduitenpetitgroupe,commeunediscussionouundébat.Chaquepersonnepeutintervenirquandbonluisembleetunephrasepeutparfoisen susciter une autre. Cette technique repose sur la dynamique de groupe et permetd’explorer et de stimuler différents points de vue par la discussion mais aussi de faireémerger de nouvelles idées inattendues pour le chercheur. Les échanges favorisentl’émergence de connaissances oubliées, d’opinions ou d’expériences différentes. Cetteméthodedemandeparlasuiteunegrandeprécisiondansletravailderetranscription.J’ai pensé utiliser cette technique participative car j’aborde avec ces travailleurs un sujetdélicatetsensible,leurimageidentitaire«avecdéficience».Ellemesemblaitplusadéquatepour faciliter l’expression et pour aider les personnes à ne pas se sentir seules dans leursituation.Afindemeneràbiencesentretiens,j’aidansunpremiertempsréfléchiàunesériedesujetsetdequestionsprincipalesenlienavecmeshypothèsesdedépart.Pourm’aider,jemesuisforcée à lister des indicateurs fiables (voir annexe 1) afin de mieux cerner les dires despersonnes interrogées.C’estégalementà l’aidedeces indicateursque j’aipu,par lasuite,vérifier les hypothèses formulées. Dans les Focus Groups, la technique de l’animateurconsisteprincipalementàenchaînerdesquestionsetà rebondiren fonctiondes réponsesdonnéespar lesparticipants. Iln’yapasdequestionnaireprécispréétabli,mais j’aimisaupointuncanevascomposédequelquesquestionspourmeguider(voirannexe2).Ilconvientde poser au départ des questions ouvertes destinées principalement à introduire denouveauxsujets.Parlasuite,afindevaliderlesdiresdesparticipants,desquestionsfermées
2FocusGroupenanglais,oufocusgroupeenfrançais
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(qui ont pour réponse «oui» ou «non») sont utilisées. Pour conclure, des questions dereformulationaidentàlasynthèsedesdifférentsthèmesabordés.A côté de cela, j’ai aussi rapidement pensé à la manière dont j’allais faire émerger lessavoirs. Brainstorming3, post-it4ou utilisation d’images, la préparation de ces entretiensétaitimportante.J’aiprocédéàdeuxFocusGroups,quiontduréenviron50minuteschacunetquionteulieuà un mois d’intervalle dans le bureau de l’atelier. Si j’ai choisi de faire ces entretienscollectifs en deux temps, c’est pour que leur durée ne soit pas trop longue pour lesparticipants.Lesentretienscollectifsréalisésontétéenregistrésavec l’accorddespersonnessollicitées.Puisjelesairetranscritsdemanièretrèsdétailléeenprenantsoindenoterlenon-verbal,lesexpressions communes et les silences (voir l’extrait en annexe 3). J’ai codé cetteretranscription en différents thèmes et sous-thèmes (voir l’extrait en annexe 4). Celam’apermisdeprésenterplusfacilementlesrésultatssousformedegraphiqueshiérarchisés,lesarbresthématiques.J’enaicrééunpourchaquehypothèseenfaisantressortirlesélémentsetmots-clésafindepouvoirmieuxlescompareretlesanalyser(voirannexe5).Pour synthétiser le tout, j’aimis les expressions, remarques ou observations significativesdansdestableaux,regroupéesparthématiques(voirannexe6).1.4.3 L’ECHANTILLONRETENU
J’aisélectionnélesparticipantsenfonctiondesobjectifsdelarecherchebienentendu.Cettesélection vise à refléter au maximum la réalité. J’ai demandé à tous les travailleurs del’atelierdanscettesituationdeparticiperauFocusGroup. Ilyenaentoutdans l’atelier7personnesquiyontparticipé,toutesvolontaires.Untravailleurseulementsurl’échantillonpossiblen’apasréponduprésent.
Letableauquisuitprésentel’échantillonretenupourcesentretienscollectifs:Travailleur AgeSexe Causedela
déficienceAnnée de l’entréeenatelierprotégé
Travailleur1 56M AVC 2015Travailleur2 62M Scléroseenplaque 2008Travailleur3 52F Surpoids 2015Travailleur4 65M Tétraplégie 2014Travailleur5 45MScléroseenplaque 2012Travailleur6 46F Scléroseenplaque 2014Travailleur7 59M Tétraplégie 2007
3Lebrainstormingestunetechniquequiconsisteàrecueillirleplusd’idéespossiblesautourd’unthèmedonné.4Lepost-itestunepetitefeuilledepapieradhésiveetrepositionnable
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2. DEVELOPPEMENT
2.1INTRODUCTIONETANNONCEDESCHAPITRESDEVELOPPESCommejel’aiénoncéplushautdanslechapitrerelatifàlaméthodederechercheretenue,lesrésultatsdépendentdesdeuxFocusGroupsréalisésauseindel’atelierValaisdeCœurdeSierreavecungroupede7participantsensituationdedéficiencemotriceet réalisantdesactivitésd’artvisuel.LorsdesFocusGroups, j’ai interrogé lestravailleursautraversdequestionsprincipalesquitournaientautourdescesthèmes:
- Leseffetspositifsdelapratiqued’uneactivitéd’artvisuel- Lesreprésentationsdel’activitéartistique- Lesreprésentationsdeladéficience- Lessensdonnésàlapratiqued’uneactivitéd’artvisuel- Lavalorisation
Afindeprésenteraumieuxlesrésultatsdemarecherchequalitative,jevaisrevenirsurlesthèmes principaux faisant partie des 4 hypothèses précédemment posées. Les remarquessignificativessontprésentéesetcommentées.Alasuitedecela, jevaisrevenirsurchaquehypothèseafindeprésenter lesrésultatsdemanièregénéraleen lesvalidantounon.Puispourterminer,jevaisrevenirsurlesconceptsdelapyramidesursens,dusensàlavieetdeladéficience,afind’yamenerdescomplémentsgrâceauxrésultatsdecetravail.
2.2PRESENTATIONETANALYSEDESDONNEES2.2.1LESEFFETSPOSITIFSD’UNEACTIVITED’ARTVISUELJ’aicherchédansunpremiertempsàconnaîtreleseffetspositifsd’uneactivitéd’artvisuel,etcecidemanièregénéralesurleurbien-êtresubjectifpuisparuneévaluationdeleurplaisiràfréquenterl’atelier.
Lebien-être
Lorsque l’on parle de «bien-être», cela nous renvoie à deux désignations: le bien-êtrephysiqueet lebien-êtrepsychologique.Lebien-êtrephysiqueétantaltéré, il reste lebien-être psychologique. Mais ces deux désignations font partie de la notion du bien-êtresubjectif,quiestdéfinieainsiparl’OCDE(2015):«Lanotiondebien-êtresubjectivetraduitl’idée que la qualité de vie dépend de l’incidence d’un ensemble de circonstancesspécifiquessurleressentiqu’ontlesindividusdeleurpropreexistence,etprésupposequela
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personne la mieux placée pour juger de la qualité d’une vie est l’intéressé lui-même»(p.292).Danscetterecherche,elleestuniquementliéeàlapratiqued’uneactivitéartistique.«C’estparlebienfairequesecréelebien-être(proverbechinois)»(Muret,1983,p.37)Commelesupposecettecitation,lefaitd’êtreactifamènelemoraletauneincidencesurlebien-êtrepsychologique.Untravailleuradmet:«Jesensquej’évolue,quej’avanceetquejeprogresse.Camedonnelemoral»(FGI).Ilestressortidesentretiensquelebien-êtreamenaitaussidelajoie:«Ilyenaquimarcheetquinesontpasheureuxcommemoi»(FGI).Untravailleuraffirme:«Onoublielesproblèmesdesantélorsquel’onpeint»(FGI).Unautre:«Jem’évade»(FGI).Appréciationdumomentprésentetmoyend’évasion,cesphrasesrésumentl’étatdebien-êtregénéraldespersonnesinterrogées.
Leplaisiràfréquenterl’atelier
Le plaisir à fréquenter l’atelier est démontré par la présence de liens d’amitiés et lescontacts, comme le dit cette participante: «Je suis contente de venir à l’atelier car jetravailleàcôtédemonami.Celamemetdebonnehumeur.»(FGI).L’ambianceestaussiunfacteurmotivantetunindicateurdeplaisir:«Enplusdutravailartistique,ilyaunesuperambiance à l’atelier» (FG I). Elle est en effet un élément décisif dans l’épanouissementprofessionnel.Durant le premier Focus Group, lors de l’évaluation personnelle du plaisir à fréquenterl’atelieraumoyend’uneéchellegraduéede1à10,lesrésultatsétaientpourlamajoritéplushaut en comparaison à ceux de l’évaluation du bien-être subjectif. «Je mets le meilleurscorecar j’aivraimentduplaisiràvenirà l’atelier.» (FG I)et«Moi jeviens tous les joursavecduplaisir»(FGI)sontdesdéclarationsquidémontrentlaforcedecetteémotion.Demanièregénérale,etcecienplusdesrésultatsdeséchellesévaluatives, lesparticipantsdémontrent un état de bien-être général et un plaisir à venir à l’atelier que l’on peutressentir dans leurs dires mais aussi de manière plus objective par constatationprofessionnelle.Plusieursdesparticipantsàcesentretienscollectifs ontdemandédans lecourantde l’annéeà augmenter leur tempsde travail etmontrentdumécontentement àréaliserdestâchesimposées.2.2.2 LESREPRESENTATIONS
J’ai questionné les gens sur les représentations de l’activité d’art visuel et aussi sur ladéficiencemotrice.Pourcefaire, j’aichoiside lescomparerentre l’avantet l’après. Jemesuis aidée d’images pour aborder ce sujet délicat et les aider à s’exprimer. Ce type desupportestunbonmoyenpourfavoriserl’expressionsanssesentirmisànu.
Del’activitéartistique
J’aiémisl’hypothèsequepourlesreprésentationsdel’activitéartistique, ilsallaientpasserd’unevisiond’activitédeloisiràuneconsidérationdemétier.
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Commeleditceparticipant,ilsnevoyaientauparavantpaslesartistesd’unbonœil:«Sionparledesgensengénéral,unartisteestunpeu…commentdire…àcôtédelaplaque!»(FGI)etiltrouvequ’«ilestdifficiledevivredel’art»(FGI).Poursesenfantsnonplus,cemétiern’estpasenvié:«Jen’aimeraipasquemafillechoisissededevenirartiste,cen’estpasunmétierfacileetilestquandmêmemalvud’êtreunartiste,non?»(FGI).Lavisiongénéralequ’ilsontdel’artestrésuméeparcesdires:«Lesartistes,cen’estpasdesgenssérieux»,«Jen’aipasfaitdel’artmonmétier,c’étaitunhobby.»(FGI).Celaestditenconnaissancede cause. Il est aussi ressorti uneméconnaissance dumétier d’artiste, confondu avec lesprofessionsartisanales:«Moij’étaisattiréparl’ébénisterie.J’apprécieparticulièrementlesbeauxmeubles»(FGI).Par lasuite,cettevisiondehobbys’estmodifiéenonpasenconsidérationdemétier,bienquecesparticipantsémettentceci:«J’apprécielaprécisionetlatechniquequ’ilfautavoirmême si je tremble« (FG I) et «C’est quand même pas facile de maîtriser toutes lestechniques….il y en a tellement mais ça m’intéresse de découvrir de nouvellescompétences» (FG I), mais elle s’est modifiée dans le sens d’un regard plus positif etnouveausurcetteactivité.Cetteconstatationaétévalidéepartouslorsdel’entretiensuiteàcesdéclarations:«Pourmoi,çaaquandmêmechangé.J’aiunautreregardmaintenant,un regard plus positif.» (FG I) et « Avant, je ne savais pas que cela existait. J’appréciebeaucoupplusl’art.»(FGI).
Deladéficience
Concernant la déficience, ici motrice, je me suis demandé s’ils passaient d’une visionaliénante à l’intégration de celle-ci. Avant la rupture, ils démontrent effectivement unereprésentationquirendesclave:«Moiquandjevoyaisdesgensenchaiseroulante,jedisaisàmafrangine,jeseraipluslà»(FGI)ouencore«Jepensaisqueleshandicapéssontseulscommecettepersonnequi est en chaiseetdedos.» (FG I). Ces visionsdemanques sontrenforcées par des sentiments de compassion et de tristesse éprouvés à l’encontre despersonnes déficientes. Comme le dit bien cette travailleuse: «J’avaismal au cœur de lesvoir»(FGI),etcelui-ci:«Moi,ilyadesgensquejeconnaisquisontenchaisealorsj’étaisaussitoujoursunpeutristepoureux.«(FGI).Par la suite, des ressources apparaissent, telles le fait d’avoir encore du plaisir, d’avoir lapossibilitédetravailler,deressentirlebonheur,desesentirconsidéréouencored’avoirlachance de vivre une histoire d’amour. Voici les principales affirmations ressorties lors dupremierFocusGroup:
- J’aichoisiuneimagequimontreunepersonnesouriante.- Là,lapersonneenchaisetravaille.- Cettepersonneoseseprésenteràunentretiend’embauche.- Surcette imageonvoitunemainquidemandedel’aide.Moi j’oseaussidemander
del’aide.- Onpeutencoreaimer,êtreencouple…- J’aimebiencetteimagedumonsieurquiditbonjouràunedame.
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Cespersonnessontdoncpasséesd’un«monde»inconnuàun«monde»connu:«Onn’enétaitpasconscient»,«Moi,j’étaisinconscientdelachose.Jenem’enrendaispascompte,jenelesvoyaispas»ou«Alorsvraimentmoi,jenepensaispasqueçam’arriveraitunjour»se sont transformés en: «On remarque que les représentations de la déficience sontbeaucouppluspositivesmaintenant»ouencore«L’imagequej’aidespersonnesenchaiseestbeaucouppluscool».Encontrepartie,si l’ondécouvreunautremonde, l’ondécouvreenmêmetempslescôtéspositifs et les négatifs, comme le font remarquer ces participants: «Tous les accès sontdifficiles en chaise roulante». «Moi heureusement que chez moi j’ai fait desagrandissementscarsinonilyauraitdesescaliersetjenepourraispasvivreàlamaison».Jesuismaintenantconscientdesdifficultésquelespersonnesenchaiseroulanteont,surtoutpoursedéplacerenville.»Qu’ellesoitpositiveounégative,cespersonnesdémontrentunevisiondeladéficienceplusréalistecarintégrée.Ilestressortilorsdelacomparaisonentrel’avantetl’aprèslarupture,qu’ilsserendentbiencomptedesdifficultésdecettesituationdedéficiencecomme:«Moijeme rends compte qu’il y a toujours des difficultés» ou «L’image que jeme faisais duhandicap n’est pas spécialement devenue plus positive car il y a plus de barrières»maisaussiqu’ellepeutavoirévoluédanslebonsenscommeaffirméici:«Avantj’avaischoisiuneimaged’unepersonnequitourneledosetensuitedeuxpersonnesquiseserrentlamain.»Pourillustrerl’intégrationdeladéficiencemotrice,ilestarrivéunjour,parmauvaistemps,qu’ilsdiscutaientpoursavoirs’ilsallaientfaireletrajetquireliel’atelierdufoyerenbusouparleurspropresmoyens.J’aientenduqu’ilsavaientdécidéd’aller«àpied».2.2.3 LESSENSDONNESALAPRATIQUED’UNEACTIVITED’ARTVISUEL
Commenousl’avonsvuplushautaveclathéoriedeJacquesLecomte(cf.chap.1.3.3),êtreactifprofessionnellementdonneunsensàlavie.Jemesuisdemandéquel(s)senspouvaientdonnercespersonnesn’ayantpasd’affinitéparticulièreavecl’art.
L’activitéartistiquecommetravail
Comme lesprésencesà l’atelierne sontpas libresetqu’il yadeshorairesà respecter, jepensaisque l’activitéartistiqueseraitperçuecommeuntravail. Iln’est jamais ressortidesentretienscollectifsqu’ellel’étaitmêmes’ilaétérelevéque«C’estquandmêmepasfaciledemaîtrisertouteslestechniques…»(FGII)et«Pourmoi,vousnousapprenezàbienfaireleschoses»(FGII).Enplusducôtétechnique,ilyaaussilecôtéesthétiquequiinterpelle:«Larecherchedelaperfectionesthétiquemedonneenviedeveniràl’atelier»(FGII).Demanièregénérale, l’activitéartistiquen’estpasconsidéréecommeuntravail,dumoinspasencomparaisonavecleurancienneactivitéprofessionnelle.Ilestmêmeinvalidéparlesdiresd’untravailleursurlesresponsabilités:«Nousn’avonspasderesponsabilitéici»(FGII)etparunautresurl’utilité:«Maintenantcen’estpasvraimentuntravailutile.»(FGII)
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Maiscequiestétonnant,c’estquelesMSPsontsouventappelésdes«chefs»àl’atelieretconsidéréscommetels.PlustarddansleFocusGroup,lorsdutravailsurlesrôlesdonnésauxMSP,letermede«guide»estressorticoncernantlabienfacturedutravail.
L’activitéartistiquecommeloisir
Onpeut dire qu’elle l’est pour tous. Elle est considérée comme source de plaisir, commechangement du quotidien, comme vecteur d’ambiance ainsi que comme un hobby. Voiciquelquescitationsquil’ontdémontré:
- Pourmoi,veniràl’ateliermesortdel’enfermementquandjesuisaufoyer.(FGII)- Moiçamepermetdedonnerlibrecoursàl’imagination.(FGII)- Cafaitsensdevenirtravaillerdansunendroitoùl’onn’estpastoutseul.(GFII)- Moijecroisquedanstouslesboulots,cequiestprimordialc’estl’ambiance.(FGII)- Maintenantcen’estpasvraimentuntravailutile.(FGII)
Sousl’angledel’activitédeloisir,leMSPestconsidérépartouscommeunanimateur.
L’activitéartistiquecommesoin
Lescapacitésmotricesétantatteintes,lestravailleurssociauxsontparticulièrementattentifsaumaintiendesacquisdemotricité.Letravailleursetrouveenfacedenouvellescontraintesetlimites.Cettesituationestbienrelevéeparunparticipant:«Ledéfiçapeutaussidonnersens,surtoutparrapportàmonmouvement»(FGII).S’évaderdesoncorpsphysique,celuiqui est devenu une prison, a aussi valeur de soin. «Je m’évade…» (FG II) a dit uneparticipante.Unnouvel indicateuraétémentionnéparunepersonneautraversdecesdires:«Jesaisquequandjesuisàl’atelier,madamedecompagnieestlibre»(FGII).Ilestintéressantdansle sens où le sens du soin n’est pas vu de manière personnelle mais comme l’action deprendresoindesautres.LeMSPesticiconsidérécommeunsoutienetleslimitesphysiquessontconsidéréescommedesdéfisàrelever.Unemanièreoriginaleetquelquepeudifférentedel’indicateur«MSP=thérapeute»quej’avaisimaginéelorsquel’activitéartistiqueestperçuecommeunsoin.2.2.4 LAVALORISATION
Lorsqu’unepersonnefaitpreuvedecréativité,ellesesentexister,ellesesentvivre.Jemesuis demandée si la pratique d’une activité d’art visuel renforçait la valorisation de cespersonnes. Jepensaisque la valorisationpouvait provenir soit de l’extérieur, compriseentermesdereconnaissance,soitqu’ellepouvaitprovenird’un locus internecommel’estimedesoiouencorelesentimentd’appartenanceàungroupe.
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Lareconnaissance
Lareconnaissancedelaqualitéoudelabeautéd’uneœuvreestunesourceincroyabledemotivationexterne.Al’atelierValaisdeCœurdeSierre,nousorganisionsdurantl’annéeuntournusd’expositionsdestravailleurs.Unvernissageétaitorganiséàcetteoccasionavecdesinvitationsfaitesàlafamilleetauxamis.Unparticipantrelèvel’importancequel’expositionde ses œuvres avait pour lui: «C’est dommage qu’on ait arrêté de faire le tournus desvernissages, j’aimais bien exposer mes œuvres» (FG II). En effet, montrer au public sesréalisations amène beaucoup de reconnaissance du résultat obtenu. Un travailleur leprécise:«J’aimespécialementquand lesautresme félicitentetmedisentquec’est joli»(FGII).Lors des journées portes ouvertes, je vois très régulièrement des travailleurs montrerfièrementleurtravailauxvisiteurs,qu’ilssoientdesprochesounon.Jemesouviensquelorsd’unmarchéquiavaitlieudanssavalléenatale,unrésidentmontraitàtouteslespersonnesqu’ilconnaissaitsesréalisationsenpyrogravure.Parlasuite, ilaeupleindecommandesàréaliser.
L’estimedesoi
Le sentiment d’estime de soi est une source de motivation interne qui a beaucoupd’importancesurlelongterme.Lesentimentdesatisfactionestrevenuàplusieursreprises:«Onpeutdirequejesuissatisfaitdecequejefais.Jefaistoujoursunmodèlequejegardepourmoi et un autre pour donner» (FG II) ou «Moi je ne vends pasmesœuvres, je lesdonne»(FGII).Lesentimentdefiertéestrelevépardeuxtravailleurs:«Jesuisfièredecequej’arriveàfaire»,«Moijesuisfièredemesréalisations,quandmême»(FGII).Le sentimentdecapacitéestmisenavantparunparticipantdemanièrepositive,dans lesensdelaréussite:«J’aiaussilesentimentdecapacités,deréussite«(FGII)alorsquechezd’autres c’est plutôt la motivation interne qui est mise en évidence. Un travailleur dit:«Moi,j’aiunsentimentdeprogrès»(FGII).Cesentimentdeprogrèsprovientpourl’undesapersévérance«Lapersévérancem’aaidéeàm’améliorer»(FGII)alorsquepourunautredesavolontéàs’améliorer:«Pourmoi,c’estlavolontédevouloirfairemieux»(FGII).
L’appartenanceaugroupe
L’interprétationdesesressentisetémotionsàtraversl’artn’estjamaisfixéerigidement,cequipermetunespacedediscussion,unezonedeplaisiretdeliberté,unezonedepartage.Le côté relationnel est ressenti par les artistes: «J’aimequandon sedonnedes conseils,qu’onpartagenosavis»(FGII)ou«Enfait,moij’aimebienquandlesautresn’aimepasmeschoixdecouleurs»(FGII).La pratique d’une activité artistique semble donc être un facilitateur à la construction derelations.
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AlainDupont,psychosociologue,précisedansuneprésentationduprincipedelavalorisationdesrôlessociaux(2009):
«Nousavons tousbesoind’appartenir,decontribuer,dedonnerunsensànosvie.Pourlaplupartd’entrenous,cetypedebesoinestcombléparlebiaisdenosrelationsaveclesmembresdenosfamilles,nosvoisins,nosamis.Nousdonnons,nousrecevonsetainsinousdonnonsunsensànotrevieencompagniedesautres.Pourlespersonneshandicapées,cetypedebesoinn’estsouventpascombléparcequ’ellesontpeuoupasderelationssignificatives.»(p.8)
Si l’on se réfère à la pyramide des besoins de Maslow (cf. chap. 1.3.1), appartenir à ungroupe répond au besoin d’appartenance, dont la plupart des humains obtiennent unerelativesatisfactionautraversd’untravailoud’uneactivitéprofessionnelle.Entrerdansunatelierprotégévaloriselespersonnesensituationdedéficiencephysiqueenleurproposantd’entrerencontactavecd’autrestravailleurs.2.2.5 LEMSPCOMMETRAITD’UNION
UnnouveaurôleaétédonnéauMSPen lienavec lescontactset l’ambiancequi fait senspourcespersonnesrécemmentensituationdedéficiencemotrice:«Jemettraitraitd’unionparrapportaucontactqu’onaavecluietlesautres»(FGII)adituneparticipante.L’activitéartistique est ici mise en évidence par l’ambiance et les contacts qu’une telle activitéprocure.Maiscommel’ontditdestravailleurs:«Moijecroisquedanstouslesboulots,cequiestprimordial,c’estl’ambiance»(FGII)ouencore«Cafaitsensdevenirtravaillerdansunendroitoùl’onn’estpastoutseul»(FGII).CettenouvellevisiondurôleduMSPpeutaiderletravailleursocialàaméliorerlaqualitédelapriseenchargeen luiproposantdenouvellespistesd’action.Celaserapréciséplus loindanslechapitre3.3.2.3 VERIFICATIONDESHYPOTHESES
Afin d’éviter des répétitions et alourdissements du texte, je ne décrirai pas chaque sous-hypothèse,celle-cifaisantpartieintégrantedel’hypothèseprincipale.H1Uneactivitéd’artvisuelauneffetpositifsurlaviedepersonnesrécemmentarrivéesenatelierprotégéPour lamajorité des personnes interrogées, l’on peut dire que l’activité d’art visuel a uneffetpositifsurleurvie.Ellesmontrentdessignesdebien-êtresubjectif,àsavoirqu’ellessesentent bien, ont lemoral et dégagent de la joie.Des sentiments positifs apportés par lapratique artistique sont exprimés et aucun sentiment négatif n’est relaté. Des signes debien-êtrepsychologiquesontaussimisenavant,commel’ambianceetlesamitiésprésenteslors de leur temps de travail à l’atelier. Des relations importantes à leurs yeux et trèsfavorables. Deux travailleurs montrent cependant des fluctuations de moral et ont de la
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peineàaccepterlapriseenchargeetl’aideapportée,maiscelarelèved’avispersonnelsetdeprédispositionsinternes.Cettehypothèseestdoncvalidée.H2Lesreprésentationsqu’ilsavaientavantleurplacementdel’activitéartistiqueetdeladéficiencemotricesontdifférentesdecellesqu’ilsontparlasuiteLes représentations antérieures étant comparées à celles que ces personnes ontactuellement, l’on peut affirmer qu’elles sont pour ces deux sujets bien différents. Afind’analyseraumieuxcettehypothèse,ilconvientdedistinguerlestermesd’activitéartistiqueet de déficience motrice. Pour tous les participants aux entretiens collectifs, l’activitéartistiquenepeutpasêtrecomparéeàunmétier,plusprécisémentauxcaractéristiquesdumétier qu’ils ont pratiqué dans leur vie professionnelle. Aucun signe comme la présenced’horaires de travail ou l’acquis de compétences spécifiques n’a été mis en avant. Parcontre,ilestdémontréverbalementquetousportentunregarddifférentetpluspositifsurlapratiqued’uneactivitéd’artvisuel.Leurregardadoncchangé.Concernantladéficiencemotrice,l’ensembledesdonnéesrecueilliesmepermettentdedirequ’ilspassenttousd’unevisionaliénantedeladéficiencemotriceàl’intégrationdecelle-ci,même si un participant relève plutôt les côtés négatifs du fait de se trouver en chaiseroulante.Cettehypothèseestvalidée.H3Lespersonnesrécemmentatteintesdedéficiencemotricedonnentleurpropresensàlapratiqued’uneactivitéd’artvisuelAux dires des participants, différents sens sont donnés à la pratique d’une activité d’artvisuel.Asavoirqu’ilsnelaconsidèrentpascommeuntravailutile,aveclegaind’unsalaireet l’obligation de se lever lematinmême si ils appellent parfois lesMSP de l’atelier des«chefs». L’absence de responsabilité relevée par les travailleurs vient invalider la sous-hypothèsede l’activitéartistiquecompriseentermesdemétieretprouved’unautrecôtéqu’ils considèrent ce typed’activité commeun loisir, unhobby, avecunplaisirmontré etpartagéentretous.Lesdifficultésmotricessontaussirelevées.Decefait,unetellepratiqueaaussidesapportsauniveauthérapeutique.Unnouveausensressortdecesentretiens,àsavoir que le MSP est considéré comme trait d’union entre l’activité d’art visuel, lestravailleursetl’ambiance.Pourtoutcela,cettehypothèseestdoncvalidée.H4 La valorisation de la personne récemment atteinte de déficience motrice peut êtrerenforcéeparlapratiqued’uneactivitéd’artvisuelTous les travailleurs se sentent fiers de leurs créations, de ce qu’ils arrivent à réaliser etaimentà lemontrer,commeils ledisentsibienàplusieursrepriseslorsdesentretiens.Lavalorisation provient aussi bien de l’extérieur (reconnaissance, encouragements,félicitations), de l’intérieur (sentiments de fierté, de satisfaction, de réussite) que du
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sentimentd’appartenanceaugroupedesartistes.Cettehypothèseestvalidée,detous lespointsdevue.2.4LAPYRAMIDEDUSENSRevenons à présent sur la pyramide du sens de Jacques Lecomte, présentée au chapitre1.3.3. Seloncepsychologue français, il existe troisgrandes façons selon lesquelles chaquepersonnedonnedusensàsavie:lespensées,croyancesetvaleurs/lesrelationsaffectives/l’action(Lecomte,2007,p.14).Regardonsdeplusprèscestroisaxes:
Lespensées,croyancesetvaleurs
La plupart du temps, nous cherchons le bonheur à l’extérieur de nous.Nous essayons detransformerlemondequinousentoureaulieudemodelernotreétatdeconscienceetnotreintérieurmême.Maisceluiquiacompriscelamodifiedefaçondurablesontempéramentetseshumeurs.Lesensquel’ondonneàsaviesouscetaxeestpersonneletuniqueàchaquepersonne. Le contexte importe donc peu, comme le précise le neurobiologiste et moinebouddhiste français Mathieu Ricard (2015) dans son Plaidoyer pour le bonheur: «Lamajoritédeceuxque frappent lacécitéou laparalysie retrouventrapidement ledegrédebonheur antérieur à leur changement d’état. Lors d’une étude portant sur 128paraplégiques,laplupartontreconnuqu’ilsavaienttoutd’abordsongéàsesuicider.Unanplus tard, seulement dix pour cent jugeaient leur vie misérable: la majorité l’estimaitbonne»(p.56).
Lesrelationsaffectives
Comme je l’ai décrit au chapitre 5.1.5, elles sont une partie importante du bien-être despersonnesvivantavecunedéficiencequionvu leurviesemodifier lorsde leurentréeenfoyer. Laqualitéet laquantitédeces relationspeuventêtreamélioréeset renforcéesparune activité en atelier. Si ces personnes trouvent du plaisir à la pratique d’activités d’artvisuel,venirtravailleràl’atelierparticipeaudéveloppementderelationssainesquidonnentdusensàleurvie.
L’action
Dans ce travail de recherche, l’action est faite au travers d’une activité artistique. Nousl’avons vu dans l’entretien relatif au sens donné à l’activité d’art visuel, celle-ci n’est pasconsidéréenicomparéeàuneactivitéprofessionnelle,àuntravail.Cespersonnesdonnentdusensdansl’actionautraversdeleurengagementdansuneactivitéartistique.
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2.5LESENSALAVIE:ENTREBIEN-ETRESUBJECTIFETPSYCHOLOGIQUE
SelonLecomte(2007),lesensàlaviesecomposededeuxtypesdebien-être:lebien-êtresubjectif et le bien-être psychologique (p. 31). Le bien-être subjectif comporte troisélémentsmisicienlienavecdesaffirmationsdesparticipantsauxFocusGroups:
- Laprésenced’émotionspositives:«Jesuiscontentedeveniràl’ateliercarjetravailleàcôtédemonami.Çamemetdebonnehumeur»(FGI)ou«Jesuistrèsfièredecequej’arriveàfaire»(FG-II)
- L’absenceoulafaibleprésenced’émotionsnégatives:«Ilyenaquimarchentetquine sontpasheureux commemoi!»(FG I) ou«Je suis toujours contentde venir àl’atelier»(FG-I)
- Lasatisfactionenverssavieactuelle,passéeetfuture:«Pourdesgarscommemoi,s’iln’yavaitpasdesmaisonscommeçamoijeseraismort,jeseraisdéjàparti»(FG-I)
Commepréciséplushautdanslechapitre2.2.1,cetypedebien-êtreestindividueletrelèvedupointdevuedechaqueindividu.Danscetterecherche,unniveaudebien-êtresubjectifmoyennementhautestressortidugroupeinterrogémaisnedonnequ’unaperçuetnepeutdoncpasêtreanalyséplusenprofondeur.Le bien-être psychologique, quant à lui, se définit par la psychologue Carol D. Ryff, del’Université du Wisconsin à Madison selon 4 caractéristiques principales(Lecomte, 2007,pp.30-31):
- les relations positives avec les autres: «J’aime quand on se donne des conseils,qu’onpartagenosavis»(FGII)ou«Jesuiscontentedeveniràl’ateliercarjetravailleàcôtédemonami.Çamemetdebonnehumeur»(FGI)
- L’autonomieouautodétermination- La croissance personnelle: «Moi, ça correspond à mes sensibilités personnelles,
c’estunmoyend’expression»(FGII)ou«C’estquandmêmepasfaciledemaîtrisertoutes les techniques…il y en a tellement mais ça m’intéresse de découvrir denouvelleschoses»(FGII)
- Lacroyancequesavieàunbut:«Ledéfiçapeutdonnersens,surtoutparrapportàmonmouvement» (FG II) ou «La recherche de la perfection artistiqueme donneenviedeveniràl’atelier»(FGII)
Lorsqu’une personne a des relations chaleureuses et satisfaisantes avec les autres, unepartiedesonbesoind’appartenir,decontribueroudedonnerunsensàsavieestcomblé.Sonrôlesocialestvaloriséparceséchangesquisouventmanquentlorsquel’onseretrouvestigmatiséparunedéficience.Cetterechercheamontréquelapratiqued’uneactivitéd’artvisuel améliore les relations avec les autres particulièrement par le fait de fréquenterl’atelier. Concernant l’autonomie ou l’autodétermination, elle n’est pas affectée et esttoujours présente. Elles sont toujours capables de s’affirmer et de faire des choix. La
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pratiqued’uneactivitéartistiquelesamèneaussiàl’ouverturesurdenouvellesexpériencesetleurdonnelesentimentderéaliserleurpotentiel.Lesparticipantsontexpriméàplusieursreprisesleurplaisirdedécouvrirdecenouveautyped’activitéavecuneenviedeprogresseret de s’essayer à de nouvelles techniques jusqu’alors inconnues. L’on a aussi vu à traverscetterechercheque lestravailleursdonnentdifférentssensà leurpratiqueartistique.Unepartiedeleurvieétantàprésentleurtravailàl’atelier,l’onpeutdirequecespersonnessefixentdesobjectifspourl’aveniretdoncestimentquecettepratiquedonnedusensàleurvieprésente.«L’artindiqueauxhommesleurraisond’être.Illeurrévèlelesensdelavie,illeséclairesur
leurdestinéeetparconséquentlesorientedansl’existence(A.Rodin)»(Lecomte,2007,p.128)
2.6LADEFICIENCEPHYSIQUE,UNSTIGMATEVISIBLE
Ladéficiencephysiqueestunstigmatevisiblequidiscréditeunindividu,commelerelèveparexemple un participant aux entretiens collectifsà propos de ses représentations de ladéficience:«Moijepensaisqu’ilssontseulscommecettepersonnequiestenchaiseetquitourne le dos» (FG I). D’un monde «inconnu» ils passent, suite à l’accident, à uneconsidération,lemondedeladéficienceétantdevenuleurquotidien.Bienentendu,lavisionqu’ilsportentsurlesstigmatesphysiquesévoluejusqu’àdevenir«cool»(FGI).Lestigmatemetà l’écart,enmargede lanorme,de lasociété.Lavisionsetrouvevalidéepartous lesparticipantsparl’affirmation:«Onn’enétaitpasconscient»(FGI).Découvrir un monde jusque là inconnu met aussi en lumière les difficultés. Le stigmatedevientunedéficience transforméeenmarqued’infériorité,ennon reconnaissancepar lasociété. Les personnes avec déficience motrice auront toujours des difficultés comme lerelève un participant: «Je suis maintenant vraiment conscient des difficultés que lespersonnesenchaiseroulanteont,surtoutpoursedéplacerenville»(FGI).Touslestrottoirsserontadaptéslejouroùlespoliticiensserontenchaiseroulante.Ce travail a aussimontréqu’une activité d’art visuel est un très bonmoyend’expression.Lorsquelespersonnesexposentoumontrentleursœuvres,cen’estpasleurdéficiencequiest visible mais le résultat de leur travail. Ils reviennent «normaux» car l’art est aussiquelquepart«anormal».Cemoyend’expressionatténuelestigmate.
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3.CONCLUSION
3.1SYNTHESEDELARECHERCHEA la suite des entretiens collectifs réalisés, à leur retranscription et à l’analyse desremarquessignificatives, jesuisrevenuesur leshypothèsesémisesendébutdetravail.Demanière générale, je peux affirmer que la pratique d’une activité artistique semble êtredevenueunepassionpourcespersonnesrécemmentatteintesdedéficiencemotrice.Deuxaspectsdecetteactivitélesmotiventvraiment:
- la pratique d’une activité artistique est pour elles unmoyen d’évasion de leurcorpsphysique,elleleurpermetdeselibérerdecetteprisonqu’estdevenuleurcorps.
- lavalorisationqu’unetelleactivitéleurprocure,dupointdevuedusentimentliéàl’estimed’eux-mêmesetdeceluidelafierté.
A la question de départ qui était:Une activité d’art visuel peut-elle donner un sens à lanouvelleviedepersonnesarrivéesdansunatelierprotégéàbutoccupationnel?,laréponseestaffirmativecarl’onremarquechezcespersonnesunréelplaisiràfréquenterl’atelieretàpratiqueruneactivitéd’artvisuel.Elledonneunnouveausensàleurvietoutenconciliantplaisiretvalorisation.Elleestunfabuleuxmoyend’expressionquileurprocureunsentimentde fierté et d’estime d’eux-mêmes qui n’est pas négligeable dans leur situation. Je suisétonnéedesrésultatspositifsquelapratiqued’uneactivitéartistiqueamène.
3.2LIMITESDELARECHERCHELarecherches’étantportéeuniquementsurl’atelierValaisdeCœurdeSierre,jenepourraiétendremesconclusionsàd’autresinstitutions.L’accueilproposédanscetatelierestuniquecarilintègredifférentespathologiesetdemandedoncdesprisesenchargeindividualisées.Concernant l’échantillon retenu, j’aidemandéà tous les travailleursde l’atelierdanscettesituation de participer aux entretiens collectifs. Heureusement, la palette des participantsestvariéepourcequiconcernelespathologiesprésentes.En plus des limites de la spécificité de ma recherche, le choix de réaliser les entretiensqualitatifsdemanièrecollectiveaapportéaussiquelquesdifficultésnonnégligeables.LafiabilitédesrésultatsdesFocusGroupspeutêtreassuréepardifférentscritèresplusoumoins atteints comme la neutralité et la compétence du modérateur, le respect d’uneméthodologie systématique, l’obtention de la saturation d’idées et le choix pertinent del’échantillon retenu. Personnellement, c’était pour moi la première fois que j’entendaisparlerdecetteméthodequalitativederecherche.Ellem’aparticulièrementpludanslesensoù c’est uneméthodedynamiquedont les échanges favorisent les nouveaux savoirsmaisfontaussiressortird’autres,enfouis.Jemesuisbeaucoupdocumentéesurcettetechniquemais je ne peux pas dire être parfaitement compétente dans ce domaine. En plus de la
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gestion des entretiens collectifs, il fallait aussi prendre en compte la sensibilité du sujettraité qui, à mon avis, ne favorisait pas les échanges. J’ai autrement respecté uneméthodologie systématique etme suis efforcée à la fin de chaque thème traité, de fairevaliderlesréponsesparlesparticipantsafind’obtenirl’accorddetous.Cetteméthodepeutaussiprésenterdesinconvénientsrelatifsàl’interactiondegroupe,telsquedesréticencesàexprimerdes idéespersonnelles. J’aiessayédans lamesuredupossiblede faireparticipertous les travailleurs et de n’oublier personne, j’ai aussi travaillé avec des images, supportfavorisant l’expression,mais jenepeuxexclurequecertainsnesesoientpasexprimésentoutesincérité.J’ai réalisé deux Focus Groups avec les mêmes participants mais traitant de questionsdifférentes. Afin d’éviter au maximum les biais, il aurait été bien de pouvoir réaliser lesmêmesentretiensmaisavecundeuxièmegroupe.Laspécificitédemarechercheetdecetateliernem’apaspermisdelefaire.3.3PERSPECTIVESETPISTESD’ACTIONPour faire suite àmon travail de recherche, je souhaitemettre en évidenced’éventuellesperspectivesetpistesd’action.Premièrement,jepensequeletravailleursocial,icileMSP,aunrôleimportantàjouerdanscette thématiquedusensà laviedepersonneensituationdedéficiencemotrice.Celaenétantconscientsdesdifférentsoutilsetmoyenspouvantaidercespersonnesstigmatiséespar leur déficience. Il doit donc faire preuve de créativité en proposant des activitésappropriéesàlasituationparticulièreetnouvelledanslesquellesellessetrouvent.Autermedecetravail, je reconnaisque l’activitéartistiquepeutêtreunoutildetravailprivilégiéetparticulièrement adapté à ces personnes. Les MSP n’ayant eux-mêmes ni de fibre ni deconnaissance artistique, ils doivent prendre le risque de proposer et d’encourager cespersonnesàs’exprimeràtraverscemoyend’expression.L’activitéartistiqueestaccessibleàtous,ilsuffitd’ycroire.Jelesyencouragevivement.Deuxièmement,ilyétérelevélorsd’unFocusGroupqueleMSPavaitunrôledetraitd’unioncarilfavoriselescontacts,etcelaentredifférentsacteurs:- lecontactentreletravailleuretl’activitéartistique(ilsimplifiel’approcheetleplaisirà
réaliseruneactivitéartistique)- lecontactentrelestravailleurs(ilaméliorelesentimentd’appartenance)
LeMSPjouedoncunrôlecentraldepivot.C’estunepersonneparticulièrementimportantepour aider les personnes récemment en atelier protégé à accéder à l’art, à y trouver duplaisiretainsidonnerdusensàleurnouvellevie.Troisièmement,commeditplushaut,lestigmates’atténue,voires’effacemaisuniquementsiilyauncontactsurl’extérieur.Iciladéficiencephysiqueestunstigmate,lesréalisationsartistiques le moyen visible qui l’atténue. Les expositions sur l’extérieur sont donc unexcellentmoyendemettreenavantlesnouvellescompétencesdespersonnesrécemment
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arrivéesenatelierprotégé.Dansunmêmetemps,fiersdesœuvresexposées,ellesn’ensontqueplusvalorisées.
3.4NOUVEAUXQUESTIONNEMENTSMêmesijesouhaitesensibiliserautraversdecetterecherchelestravailleurssociauxetlesresponsablesdesateliersàlapratiqued’uneactivitéàcaractèreplusindividuelauseindesateliers,jen’aipaslaprétentiondechangerlefonctionnementetlesprincipesdesateliersValais de Cœur. Je m’interroge plutôt sur une meilleure valorisation des personnes avecdéficiencemotricerécemmentarrivéesenatelierprotégé.Ilaétérelevél’importancedelavisibilitédeleurtravailcréatifetjemedemandesienplusdel’organisationd’uneexposition«extramuros»,lefaitquecesoitellesquilamontentdudébutàlafinauraitunplusgrandimpact sur la valorisation ou le sentiment de bien-être. Je pourrais formuler cettequestionainsi:« Quels impacts la réalisation et le montage d’une exposition artistique ont-ils sur lespersonnesavecdéficiencemotricerécemmentarrivéesenatelierprotégé?»Undeuxième questionnement porte sur l’interaction des différentes prises en charge enfonction des pathologies. Comme précisé dans ce travail, l’atelier prend en charge despersonnesenchaise roulantedepuis leurplus jeuneâgeetd’autre récemmentdanscettesituation. Les premiers travaillant pour la majorité sur des travaux manufacturés, je medemande si le fait de mélanger les deux populations et donc les types d’activités seraitbénéfique pour ces nouveaux travailleurs, ou inversement plutôt non. La question seraitformuléeainsi:«Silespersonnesavecdéficiencemotricerécemmentarrivéesenatelierprotégédevaientréaliser des tâches en commun avec des personnes depuis toujours en situation dedéficiencemotrice,sesentiraient-ellesvalorisées?»Il serait aussi intéressant de travailler sur une comparaisond’un travail de type artistiqueavecuntravaildirigé,manufacturé.3.5REFLEXIONSPERSONNELLESLaquestiondedépartétait:«Uneactivitéd’artvisuelpeut-elledonnerunsensàlanouvelleviedepersonnesarrivéesdansunatelierprotégéàbutoccupationnel?».Enproposantàces personnes une comparaison entre l’avant et l’après, le sujet semblait sensible et jepouvais me heurter à des situations délicates. Mais j’ai été agréablement surprise parl’engagementdontellesontfaitpreuveetjesuispourcelaheureused’avoirprislerisquedeles interroger en groupe. Les interactions ont été bénéfiques et je pense que tous ont
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apprécié ces moments d’échange qui ont permis de souder encore plus les liens de ces«artistes».J’airemarquéquelegroupeétaitplusdynamiquelorsdu2èmeFocusGroup.Monhypothèseestqu’ilyauninversementdesrôles,lesparticipantsdeviennentdespersonnesaidantesetcelalesamisdansunesituationquelquepeuinconfortableaudébut.Leprincipalavantagedecetteméthodederechercheestqu’ellecréeduliensocialenplusdeserviràmarecherche.Mêmesilesujetabordépeutêtresensible,lesentretienscollectifssontcommedesgroupesdeparolesetont l’avantagedemettreenconfiance.Deplus,demanièreindividuelle,c’estunedémarchequifavorisel’auto-estime.Toutescesraisonssontintéressantespourlestravailleurssociauxactifssurleterrain.Je souhaite aussi relever un signe important qui est ressorti à plusieurs reprises lors desdifférentsFocusGroups:l’activitéartistiquevuecommeunmoyend’évasion(desoncorpsphysique).S’évaderdelaprisonqu’estdevenusoncorpsmeurtri,voilàunechosetrèsbelleàentendreetdevrait suffireàmotiver les travailleurs sociauxà suivrecettevoie,à savoirencourager ces personnes à la pratique de l’activité artistique, ce puissant moyend’expression.Pour conclure ce travail de recherche, je souhaite partager deux textes écrits par desparticipants lors d’un atelier écriture sur le thème de l’expressionet relaté dans le livreRoulez!Lavoixestlibre(2016):
«La peinturem’a redonné une formed’expression. Jem’évade aveclescouleurs,unpeuderougepourl’amour,lebleupourdirelecieletlesoleil; lescouleurssombreset froidespour lesmauvais jours,si jepeuxleséviter,jelesévite.Quandjeparle,jenemesenspasentendu.Les gens ne prennent pas le temps de m’écouter.» (un participant,p.52)«Peindre, s’exprimer. Des fois de la colère. Un bidon de peinturerougequejejettecontreunmur.Qu’ai-jefait?Jeportemamainàlabouche.Enmêmetemps,jesuissoulagée.«(uneparticipante,p.41)
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St-Pierre.D.(S.d.).70penséesetcitationssurlesensdelavie.InStratégiesdelaviequotidienne.Accès:http://www.evolution-101.com/pensees-sur-le-sens-de-la-vie/
Wolfensberger,W. (1997). La valorisationdes rôles sociaux: introductionàun conceptderéférencepourl’organisationdesservices.Genève:Ed.desDeuxcontinents
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 1
ANNEXE1:TABLEAUXDESHYPOTHESESETDESINDICATEURSHypothèse1Indicateurs
H1Uneactivitéd’artvisuelauneffetpositifsurlaviedepersonnesrécemmentarrivéesenatelierprotégé.
H1.1L’effetpositifsecomprendentermedebien-êtregénéral.
Signesdebien-êtregénéral
AppréciationdumomentprésentJoieMoralAutresindicateursdebien-être
H1.2L’effetpositifsecomprendentermedeplaisiràfréquenterl’atelier.
Signesdeplaisiràfréquenterl’atelierAmbianceParticipationAmitiésAutresindicateursdeplaisir
Hypothèse2Indicateurs
H2Lesreprésentationsqu’ilsavaientavantleurplacementdel’activitéartistiqueetdeladéficiencemotricesontdifférentesdecellesqu’ilsontparlasuite.
H2.1Auniveaudel’activitéartistique,ilspassentd’unevisiond’activitédeloisiràuneconsidérationdemétier.
Signesdel’activitéartistique
IntuitionVScompétencesTravaillibreVShorairesAutresindicateurs
H2.2Concernantladéficiencemotrice,ilspassentd’unevisionaliénanteàunevisionacceptée.
Signesdeladéficiencemotrice
ManquesVSressources«monde»inconnuVS«monde»connuAutresindicateurs
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 2
ANNEXE1:TABLEAUXDESHYPOTHESESETDESINDICATEURS
Hypothèse3IndicateursH3Lespersonnesrécemmentatteintesdedéficiencemotricedonnentleurpropresensàlapratiqued’uneactivitéd’artvisuel.
H3.1L’activitéartistiquesecomprendentermedetravail.
Signesd’activitéartistique=travail
Compétences/savoir-faireUtilitéSalaireObligationMSP=chefAutresindicateurs
H3.2L’activitéartistiquesecomprendentermedeloisir.
Signesd’activitéartistique=loisirHobbyPlaisirMSP=moniteurAutresindicateurs
H3.3 L’activité artistique se comprend en terme desoin.
Signesd’activitéartistique=soin
MotricitéfineCapacitésMSP=thérapeuteAutresindicateurs
Hypothèse4IndicateursH4Lavalorisationdelapersonnerécemmentatteintededéficiencemotricepeutêtrerenforcéeparlapratiqued’uneactivitéd’artvisuel.
H4.1Lavalorisationsedécritentermedereconnaissance.
Signesdereconnaissance
RésultatobtenuFélicitationsEncouragementsExpositiondesœuvresAutresindicateurs
H4.2 La valorisation se décrit en terme d’estime desoi.
Signesd’estimedesoiSentimentdefiertéSentimentdesatisfactionSentimentderéussiteAutresindicateurs
H4.3Lavalorisationsedécritentermedesentimentd’appartenanceaugroupe.
Signesd’appartenance
AmbianceSentimentdefairepartiedugroupeAutresindicateurs
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 3
ANNEXE2:CANEVASDESFOCUSGROUPS
CANEVASPOURLEFOCUSGROUPI
INTRODUCTIONGENERALE(10’)
Ø AccueiletremerciementsØ PrésentationdusujetdeladiscussionØ Rappeldesraisonsetdesprincipesdelaparticipation(enregistrement,anonymat)Ø Rappel des fondements d’une bonne communication (ne pas interrompre, parler en son nom,
exprimersesidées,respecterlesautres…)Ø Tourdetabledesprésentations
THEME1(15’)
L’ETATDESLIEUX(EMOTIONNEL)
Hypothèse1:Uneactivitéd’artvisuelauneffetpositifsurlaviedepersonnesrécemmentarrivéesenatelierprotégé.
INTRODUCTIONMoyens:Exerciceindividuel(sesituersuruneéchellede1-10etexpliquerpourquoi)+miseencommunMatériel:flipchart5+échellegraduéede1-10,4visagesémojis6imprimés,4émojisimprimésavecpinceaux,papiercollant,feutres,feutreindélébile,appareilphotoConsigne:Jesouhaitesavoircommentvousallezaujourd’hui?Commentvousvoussentezdansvotrevie…J’aidessinéuneéchellegraduéede1-10. Jevousattribueunémojiquevousplacerez sur celle-ci.Ensuite,nousferonsuntourdetableetvouspourrezvousexprimersurcechoix.Nousferonsensuite lamêmechosemaisavecunémoji«peintre»à l’atelier…etnouscompareronslesdeuxéchelles.QUESTIONS
Ø Demanièregénérale,commentvoussentez-vousaujourd’hui?Suruneéchellede1-10...Ø Avez-vousduplaisiràfréquenterl’atelier?Suruneéchellede1-10…Ø Quellespeuventêtrelescausesdecetétat?Ø Ya-t-ilunedifférenceentrelemomentdetravailàl’atelieretlavieendehors?Pourquoi?
CONCLUSION/RESUME
Ø Sivousdevieznoterunmotquidéfiniraitvotreétatactuel….ceserait?Ø Onpeutdirequedemanièregénéralevousêtes….?
Finalité:LeséchellesserontphotographiéesEchellesaveclesémojis
5Leflipchartestuntableaudepapieràfeuillesmobiles6Unémojiestuneimagequireprésenteuneémotion
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 4
ANNEXE2:CANEVASDESFOCUSGROUPS
THEME2(15’)
LESPREJUGES
Hypothèse2:Lesreprésentationsqu’ilsavaientavantleurplacementdel’activitéartistiqueetdeladéficiencemotricesontdifférentesdecellesqu’ilsontparlasuite.
ACTIVITEARTISTIQUEMoyens:exercicesdebrainstormingMatériel:Flipchart,feutrespourtableau,appareilphoto,feutres(2couleursdifférentes)INTRODUCTION:exercicesdebrainstormingConsigne1:Donnez-moilesmotsquivousviennentàl’espritsijevousdis«activitéartistique».Consigne 2:Maintenant, essayezde vous rappeler ceque représentait pour vous l’activité artistique, avantvotrearrivéedanscetatelier.Commentvoyiez-vouscelle-ci?Consigne3:Quellesidéespensez-vousqu’ellessontencored’actualitépourvousaujourd’hui?Certainesont-ellesdisparus?D’autressont-ellesapparues?QUESTIONS
Ø Quepouvez-vousremarquerentreles2tableaux?Ø Commentpouvez-vousqualifierlesreprésentationsdu1eretdu2èmetableau?Ø Quelsétaientvossentiments,vosavissurcestermesavantvotreaccident?Ø Quellespeuventenêtrelescauses?Ø Votreregarda-t-ilchangédepuisvotreentréeàl’atelier?pourquoi?
CONCLUSION/RESUME
Ø Si j’ai bien compris, vous me direz si je me trompe, nous pouvons résumer ce travail sur lesreprésentationsainsi………………………………………………….
Finalité:Les2brainstormingssontprisenphoto.Lesdifférenceset/ousimilitudesrelevéessontnotéesàcôtéd’untableau.DEFICIENCEMOTRICEMoyens:exercicesavecdesimagesMatériel:images«avecdéficience»Consigne1:Voicidesimages.Choisissezcellequivousreprésenteaujourd’hui.Consigne2:Choisissez-enune2èmequireprésentaitl’imagedevousaviezdeladéficiencemotriceavantvotre«accident».Consigne3:Sionlescompare,quepeut-onremarquer?QUESTIONS
Ø Quepouvez-vousremarquerentreles2imagesquevousavezchoisies?
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 5
ANNEXE2:CANEVASDESFOCUSGROUPS
Ø Qu’est-cequivousfrappeentreces2images?Ø Pourquoipensez-vousqu’ellessontsimilaires/identiques?Ø Quellespeuventenêtrelescauses?
CONCLUSION/RESUME
Ø Pourrésumer,encomparantvosimagesentrevous,nouspourrionsdire….Finalité:Lescomparaisonsprincipalesentrelesreprésentationsdeladéficienceavantetaprèssontnotéessurleflipchartetprisesenphoto.Résultatsdesreprésentationsdesdifférentstypesd’activités
Petitepenséed’unparticipantlorsdeladescriptiondel’imagechoisie
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 6
ANNEXE2:CANEVASDESFOCUSGROUPS
CANEVASPOURLEFOCUSGROUPII
THEME3(20’)
LESENSAL’ACTIVITEHypothèse3:Lespersonnesrécemmentensituationdedéficiencemotricedonnentleurpropresensàlapratiqued’uneactivitéd’artvisuel.
Moyens:Questionnement,brainstormingMatériel:Dessin«panneaudesdirections»dessinésurleflipchart,feutres
INTRODUCTION:thèmeprésentéparundessinConsigne:Regardezcedessin.Aquoivousfait-ilpenser?(panneaudesdirections)QUESTIONS
Ø Qu’est-cequinevousdonneraitplusenvied’allertravailler?Ø Quelssontlessensquevousdonniezàvotreancienneactivitéprofessionnelle?(brainstorming)Ø Quelssontceuxquevousdonnezàvotreactivitéd’artvisuelàl’atelier?(brainstorming)Ø Votreactivitécréatriceactuellepeut-êtrecomparéeàuneactivitéprofessionnelle?Ø ….
CONCLUSION/RESUME
Ø Si je regarde les sensdonnésà l’activitéprofessionnelleet à l’activité artistiquede l’atelier, quelssont les sens généraux que l’on peut relever pour la pratique d’une activité d’art visuel? Pourchaquesens,onpourraitdirequeleMSP=……
Finalité:lespancartesdusenssontrempliesenfonctiondesgrandsthèmesressortisetprisenphoto.
RésultatsduBrainstorming«sensàl’activité»Résultatsdupanneaudessens
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 7
ANNEXE2:CANEVASDESFOCUSGROUPS
THEME4(20’)
LAVALORISATIONHypothèse4:Lavalorisationdelapersonneensituationdedéficiencemotricepeutêtrerenforcéeparlapratiqued’uneactivitéd’artvisuel.
Moyens:comparaisonentre2réalisationsMatériel: Photocopies de réalisations des personnes présentes (une récente et une ancienne), flip chart,feutres,appareilphotoINTRODUCTION:comparaisondedeuxdeleursœuvresConsigne:Regardezvosréalisations.Qu’est-cequivousvientàl’espritenlesregardant?QUESTIONS
Ø Quepouvez-vousremarquerenregardantunedevotrepremièreréalisationetuneplusrécente?Ø Quelssontvossentiments?Ø Pourquoipensez-vousavoircessentiments?Ø Qu’est-cequivousaamenéàcela?Ø Qu’est-cequivousaaidéouaucontrairemisendifficulté?Ø Expositionpublique?d’accordoupasd’accord?Pourquoi?
CONCLUSION/RESUME
Ø Sil’onregardelestermesrelevés,onpeutlescatégoriserenplusieursfamilles:…….Finalité:lesgrandstermessontrelevésdansuneautrecouleuretlerésultatestprisenphoto.Résultatsdessentiments/difficultésetfacilitésrencontrées
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 8
ANNEXE3:EXTRAITDERETRANSCRIPTION
ExtraitderetranscriptionduFocusGroupIIM: Bonjour, bienvenue. Tout d’abordmerci d’être présents. Vous êtes venus en dehors de vos heures detravail.C’estdoncladeuxièmerencontresurlesujetquitraitelaquestiondel’influencedel’artvisuelsurvous.Vous dans votre nouvelle vie, en chaise roulante. Les questions seront en lien entre l’activité artistique etl’activité que vous aviez avant dans votre vie «normale» en exerçant une profession. Pour rappeler lesprincipes,vousserezenregistréetquenouspréservonsl’anonymat.C’est-à-direquequandjeretranscris,jenemetspaslesvraisprénoms,maisdesnomsd’emprunt.Vouspouvezdoncdirecequevousvoulezsansautre…Autrement,pourqu’onpuisseavancerdansletravail,ilfautrespecterlorsquequelqu’unparle.Nepascouperlaparole.Onpeutbiensûrrebondirmaisaprèsquel’autreaitfinideparler.Moijevaisfaireensortequetoutlemondepuisseparler.Nousn’allonspas refaire lesprésentationscarellesontdéjàété faites lorsdenotrepremièrerencontre.Bonalorsjevaiscommencer…(…)M:Qu’est-cequivousdonneenviedeveniràl’atelier?P:Donnerlibrecoursàl’imagination(lemodérateurrépète«donnerlibrecoursàl’imagination»etl’écritsurleflipchart)M:Heu…qu’est-cequivousdonneencoreenviedevenir?B:LecontactM:Lecontact?Lecontact…çac’estaussiunebonneraison(lemodérateurécritcelasurleflipchart)L:Lecontactetpuislajoiedeveniràl’atelier.M:Leplaisir?L:Leplaisir(lemodérateurécritsurleflipchart)R:C’estpasmald’avoirduplaisir…situn’aspasdeplaisirc’estunpeudouloureuxpresque.B:LàjesuisheureuxM:Toituestrèscontentdeveniràl’atelierB:TrèscontentouiJ:Surtoutleplaisirdevoirlaréalisationdecequ’onafaitM:Leplaisirdelaréalisation.Heu…Fierté?J:MêmefiertéouiB:Ahoui,fierté!(lemodérateurécritcelasurleflipchart)(lemodérateursetourneversS)M:Toituvoulaisaussidirequelquechose?S:Bennon,ilm’adevancé.M:Ilt’achipél’idée?S:Effectivement(rigole)M:Quelquechosed’autre?(unsilence)T:Cequimemotiveunpeuaussipourvenirici,c’estlaqualitéducontactaveclepersonneldulieuM: Heu…le contact avec les autres?…mais ça va là dedans non? (lemodérateurmontre le flip chart sous«contact»)T:Nonmaisc’étaitl’ambiancedel’endroitM:L’ambiance…ok(lemodérateurécritsurleflipchart)(…)
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 9
ANNEXE4:EXTRAITDECODIFICATION
ExtraitdecodificationduFocusGroupII
Propos Thème0 Thème1 Sousthème1.1
Sousthème1.2 Sousthème1.3
M: Qu’est-ce qui vousdonne envie de venir àl’atelier?
sensàl’activité activitéartistique
P: Donner libre cours àl’imagination
sensàl’activité activitéartistique imagination imagination
M: Heu…qu’est-ce quivous donne encore enviedevenir?
sensàl’activité activitéartistique
B:Lecontact sensàl’activité activitéartistique contact collègues M: Le contact? Lecontact…çac’estaussiunebonneraison
sensàl’activité activitéartistique contact collègues
L: Le contact et puis lajoiedeveniràl’atelier.
sensàl’activité activitéartistique contact
M:Leplaisir? sensàl’activité activitéartistique plaisir L:Leplaisir sensàl’activité activitéartistique plaisir R: C’est pas mal d’avoirdu plaisir…si tu n’as pasde plaisir c’est un peudouloureuxpresque.
sensàl’activité activitéartistique plaisir
B:Làjesuisheureux sensàl’activité activitéartistique plaisir bonheur M: Toi tu es très contentdeveniràl’atelier
sensàl’activité activitéartistique plaisir
B:Trèscontentoui sensàl’activité activitéartistique plaisir J:Surtoutleplaisirdevoirla réalisation de ce qu’onafait
sensàl’activité activitéartistique plaisir réalisation
M: Le plaisir de laréalisation.Heu…Fierté?
sensàl’activité activitéartistique plaisir réalisation
J:Mêmefiertéoui sensàl’activité activitéartistique plaisir réalisation M: Toi tu voulais aussidirequelquechose?
sensàl’activité activitéartistique
S: Ben non, il m’adevancé.
sensàl’activité activitéartistique réalisation
M:Ilt’achipél’idée? sensàl’activité activitéartistique réalisation S:Effectivement(rigole) sensàl’activité activitéartistique réalisation M: Quelque chosed’autre?
sensàl’activité activitéartistique
T: Ce qui me motive unpeu aussi pour venir ici,c’est laqualitéducontactaveclepersonneldulieu
sensàl’activité activitéartistique contact collègues
M: Heu…le contact aveclesautres?…maisçava làdedans non? (lemodérateurmontreleFlipChartsous«contact»)
sensàl’activité activitéartistique contact
T: Non mais c’étaitl’ambiancedel’endroit
sensàl’activité activitéartistique ambiance
M:L’ambiance…ok sensàl’activité activitéartistique ambiance
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 10
ANNEXE5:ARBRESTHEMATIQUES
Hypothèse1Arbrethématiquedeseffetspositifsdel’activitéd’artvisuel
Leseffetspositifsde
l'activitéd'artvisuel
bien-êtregénéral
fluctuation
problèmesdesanté
moral
météo
priseencharge
adaptée
peineàaccepter
joie bonnehumeur
moral
moyend'évasion
appréciationdumomentprésent
plaisiràfréquenterl'atelier
variationdel'envie
bien-êtreàlamaison
pasenviedefaireledéplacement
plaisirquandonyest
amitiés collèguesetvoisinsdetravail
participationfréquentation
progression
ambiance
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 11
ANNEXE5:ARBRESTHEMATIQUES
Hypothèse2Arbrethématiquedesreprésentationsdel’activitéartistique
Représentationsdel'activité
artistique
avantl'accident
artisanat considération
mondeconnu
métierd'artiste
peuvalorisé
artistes
personnesdifférentes
pasdesgenssérieux
respect
pasuntravailsérieux
hobby
rémunérationinsuffisante
aprèsleurentréeenatelierprotégé
plaisir nouvellediscipline
techniquecompétences modificationdes
représentations
difficultésphysiques
moyend'expression émotions
moyend'évasion corpsphysique
regarddifférent
pluspositifqu'avant
consciencedel'existence appréciation
mondeconnu
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 12
ANNEXE5:ARBRESTHEMATIQUES
Hypothèse2Arbrethématiquedesreprésentationsdeladéficience
Représentationdela
déficicencemotrice
avantl'"accident"
plusdesensàl'existence
inconscience "mondeinconnu"
solitude
tristessesensibilité
compassionlesautres
aprèsl'"accident"
plaisir
bonheur joiedevivre
travail
considération égalité
amour
ressources
difficultés
accès
conscience
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 13
ANNEXE5:ARBRESTHEMATIQUES
Hypothèse3Arbrethématiquedessensdonnésàl’activitéartistique
Lessensàl'activité
artistique
hobby
imagination
plaisirbonheur
réalisationfierté
valorisation
changementdivertissement
lieupeud'utilité
moyend'évasion
soin
déchargepourlesautres
déficience
difficulté
défi(s)
capacitésmoyend'évasion
travail recherchedelaperfection
esthétique
précision
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 14
ANNEXE5:ARBRESTHEMATIQUES
Hypothèse3ArbrethématiquedesrôlesdonnésauMSP
LesrôlesduMSP
travailbienfacture
GUIDE
divertissement ANIMATEUR
contacts TRAITD'UNION
défis SOUTIEN
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 15
ANNEXE5:ARBRESTHEMATIQUES
Hypothèse4Arbrethématiquedelavalorisation
Valorisationparlapratique
d'uneactivitéd'artvisuel
reconnaissance
félicitations
résultatobtenu
expositiondesoeuvres
estimedesoi sentiments
satisfaction
fierté
réussite capacités
persévérence
volontéd'amélioration
progrèsprogrèsappartenanceaugroupe
ambiance
relations
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 16
ANNEXE6:TABLEAUXDESREMARQUESETOBSERVATIONSSIGNIFICATIVESDESFOCUSGROUPS
Leseffetspositifsdel’activitéd’artvisuel
FocusGroup- Je suiscontentedevenirà l’ateliercar je travailleàcôtédemon
ami.Camemetdebonnehumeur.(FGI-bonnehumeur/amitiés)- Je sens que j’évolue, que j’avance et que je progresse. Ca me
donnelemoral.(FGI-progression/moral)- Moijen’aipastoujoursenviedevenirmaisquandjesuisicic’est
bon.(FGI-fréquentation)- On oublie les problèmes de santé lorsque l’on peint. (FG I-
appréciationdumomentprésent)- Jem’évade.(FGI-moyend’évasion)- Je mets le meilleur score car j’ai vraiment du plaisir à venir à
l’atelier.(FGI-fréquentation)- Moi je viens tous les jours avec du plaisir et puis voilà. (FG I-
fréquentation/joie)- Benilyenaquimarcheetquinesontpasheureuxcommemoi!
(FGI-joie)- En plus de notre travail artistique, il y a une super ambiance à
l’atelier!(FGI-ambiance)
Observationsdutravailàl’atelier
- Un travailleur nous dit très fréquemment qu’il apprécie venir à
l’atelier.- Uneautrepersonneademandéàaugmentersontempsdetravail.- Les gags et jeux de mots ne sont pas rares à l’atelier lorsque
quelques travailleurs sont côte à côte sur les postes depyrogravure.
- Tous montrent de la réticence lorsqu’ils doivent participer à untravailimposé.
- Troistravailleursarriventrégulièrementenavanceàl’atelier.
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 17
ANNEXE6:TABLEAUXDESREMARQUESETOBSERVATIONSSIGNIFICATIVESDESFOCUSGROUPS
Lesreprésentationsdel’activitéartistiqueavantl’«accident»FocusGroup - Moi j’étais attirépar l’ébénisterie. J’apprécieparticulièrement les
beauxmeubles!(FGI-artisanat)- Si onparledes gens en général, un artiste est unpeu…comment
dire…àcôtédelaplaque.(FGI-artistesdifférentsdenous)- Jen’aipasfaitdel’artmonmétier,c’étaitunhobby.(FGI-hobby)- Les artistes, ce ne sont pas des gens sérieux! (FG I- artistes pas
sérieux)- Ilestdifficiledevivredel’art.(FGI-rémunérationinsuffisante)- Moi j’ai connupleind’amisquià l’époqueétaientartistes, c’était
notreambiance.J’aivraimentdebonssouvenirsdecettepériodedemavie.J’appréciebeaucouplesartistes.(FGI-respectpourlesartistes)
- Jen’aimeraipasquemafillechoisissededevenirartiste,cen’estpas un métier facile et il est quand même mal vu d’être un«artiste»non?!(FGI-peuvalorisé)
Lesreprésentationsdel’activitéartistiqueaprèsleurentréeenatelierprotégé
FocusGroup- J’aieuduplaisiràdécouvrir lapyrogravure.(FGI-plaisir/nouvelle
discipline)- J’apprécie la précisionet la techniquequ’il faut avoirmême si je
tremble.(FGI-compétences/difficultésphysiques)- Je m’évade. (FG I- appréciation du moment présent/moyen
d’évasion)- Moiçacorrespondàmessensibilitéspersonnelles,c’estunmoyen
d’expression(FGI-moyend’expression)- Je ne pensais jamais apprécier une fois de peindre. Je me suis
étonnée!(FGI-plaisir/nouvellediscipline)- C’estquandmêmepasfaciledemaîtrisertouteslestechniques…il
y en a tellement mais ça m’intéresse de découvrir de nouvelleschoses.(GFI-nouvellediscipline/compétences)
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 18
ANNEXE6:TABLEAUXDESREMARQUESETOBSERVATIONSSIGNIFICATIVESDESFOCUSGROUPS
Comparaisondesreprésentationsdel’activitéartistiqueentrel’avantetl’après
FocusGroup
+ - Pourmoiçaaquandmêmechangé.J’aiunautreregardmaintenant,unregardpluspositif.(FGI-regardpluspositif)
- Avantjenesavaispasquecelaexistait.J’appréciebeaucoupplusl’art.(FGI-mondeconnu)
+- - Pourmoi,çan’arienchangécarj’aitoujourseuunesensibilitéartistique,jedessinaisbeaucoupetmaintenantc’estlapyrogravure.(FGI-mondeconnu)
Observationsdutravailàl’atelier
J’aipuobserver l’évolutiondecertainstravailleurs,particulièrementdansla maîtrise de la technique de pyrogravure. Je me souviens de débutsscabreuxoù ils voulaient à tout prix réaliser des traits droits, ce qui leurétaient impossible en conséquence de tremblements ou de mobilitéréduite. Ilsontdoncmodifié l’idéequ’ilssefaisaientd’uneœuvreréussieetontchangédetechnique.
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 19
ANNEXE6:TABLEAUXDESREMARQUESETOBSERVATIONSSIGNIFICATIVESDESFOCUSGROUPS
Lesreprésentationsdeladéficienceaprèsl’«accident»
FocusGroup- J’aichoisiuneimagequimontreunepersonnesouriante.(FGI-
joie)- Là,lapersonneenchaisetravaille.(FGI-travail)- Ilnepeutpasmonterlesescaliers.(FGI-difficultésd’accès)- Cette personne ose se présenter à un entretien d’embauche.
(FGI-travail)- Sur cette imageonvoitunemainquidemandede l’aide.Moi
j’oseaussidemanderdel’aide.(FGI-ressources)- On peut encore aimer, être en couple… (FG I- possibilités
/relationsamoureuses)- J’aime bien cette image du monsieur qui dit bonjour à une
dame.(FGI-considération)- Moiheureusementquechezmoi j’ai faitdesagrandissements
carsinonilyauraitdesescaliersetjenepourraitpasvivreàlamaison.(FGI-difficultés)
- Tous les accès sont difficiles en chaise roulante. (FG I- accèsdifficiles)
- Je suis maintenant vraiment conscient des difficultés que lespersonnesenchaiseroulanteont,surtoutpoursedéplacerenville.(FGI-conscience/difficultés)
Lesreprésentationsdeladéficienceavantl’«accident»
FocusGroup- Moiquandjevoyaisdesgensenchaiseroulante,jedisaisàma
frangine,jeseraispluslà.(FGI-plusdesensàl’existence)- Moi j’étais inconscient de la chose. Je ne m’en rendais pas
compte,jenelesvoyaispas.(FGI-inconscience)- Je pensais que les «handicapés» sont seuls comme cette
personnequiestenchaiseetdedos.(FGI-solitude)- Moij’avaismalaucœurdelesvoir.(FGI-tristesse)- Quandjelesvoyais,j’étaistoujourssensible.Camefaisaitaussi
malaucœur.(FGI-tristesse/sensibilité)- Moiilyadesgensquejeconnaisquisontenchaisealorsj’étais
aussitoujoursunpeutristepoureux.(FGI-tristesse)- Onn’enétaitpasconscient.(FGI-inconscience)- Moijediraislacompassion.(FGI-compassion)- Alors vraiment moi je ne pensais pas que ça m’arriverait un
jour!(FGI-pasmoi)
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 20
ANNEXE6:TABLEAUXDESREMARQUESETOBSERVATIONSSIGNIFICATIVESDESFOCUSGROUPS
Comparaisondesreprésentationsdeladéficienceentrel’avantetl’après
FocusGroup+ - Onremarquequelesreprésentationsdeladéficiencesont
pluspositivesmaintenant.(FGI)- L’imagequej’aidespersonnesenchaiseestbeaucoupplus
cool.(FGI-visionpositive/mondeconnu)- Avant j’avais choisiune imaged’unepersonnequi tourne
le dos et ensuite deux personnes qui se serrent lamain.(FGI)
- - Moi jeme rendscomptequ’il ya toujoursdesdifficultés.(FGI-difficultés)
- L’image que je me faisais du handicap n’est passpécialement devenue plus positive car il y a plus debarrière(FGI-conscience/difficultés)
Observationsfaitesparle
MSP
Il est arrivéune fois, parmauvais temps,qu’ils discutentpour savoir s‘ilsallaientfaireletrajetquireliel’atelierdufoyerenbusoupareux-mêmes.J’aientenduàcetteoccasionqu’ilsavaientdécidéd’aller«àpied»!
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 21
ANNEXE6:TABLEAUXDESREMARQUESETOBSERVATIONSSIGNIFICATIVESDESFOCUSGROUPS
Lessensàl’activitéartistique
FocusGroup
- Je suiscontentedevenirà l’ateliercar je travailleàcôtédemonami. Ca me met de bonne humeur. (FG I- amitiés/appartenance/contacts)
- Jem’évade.(FGI-moyend’évasion)- Larecherchedelaperfectionesthétiquemedonneenviedevenir
àl’atelier.(FGII-recherchedelaperfectionesthétique)- Pourmoi,veniràl’ateliermesorsdel’enfermementquandjesuis
aufoyer.(FGII-divertissement/lieu/changement)- Je sais que quand je suis à l’atelier ma dame de compagnie est
libre.(FGII-déchargepourlesautres)- Moi çame permet de donner libre cours à l’imagination. (FG II-
imagination)- Nous n’avons pas de responsabilité ici! (FG II- absence de
responsabilité)- Ca fait sens de venir travailler dans un endroit où l’on n’est pas
toutseul.(GFII-contact)- Moijecroisquedanstouslesboulots,cequiestprimordial,c’est
l’ambiance.(FGII-ambiance)- Le défi ça peut aussi donner sens, surtout par rapport à mon
mouvement.(FGII–défi/capacités)- Maintenantcen’estpasvraimentuntravailutile.(FGII-hobby)
LesrôlesduMSP
FocusGroup- Pour moi, vous nous apprenez à bien faire les choses. (FG II-
bienfacture)- Ilfautavoirquelqu’unquidonnelesensdel’activité(FGII-guide)- Par rapport au divertissement, c’est un animateur. (FG II-
animateur)- Jemettrais«traitd’union»parrapportaucontactqu’onaaveclui
etlesautres.(FGII-traitd’union)- Parrapportaudéfidusoin,ilestunsoutien.(FGII-soutien)
BESSEALEXINE/TRAVAILDEMEMOIRE 22
ANNEXE6:TABLEAUXDESREMARQUESETOBSERVATIONSSIGNIFICATIVESDESFOCUSGROUPS
Lavalorisationparlapratiqued’uneactivitéd’artvisuel
FocusGroup- Moijesuisfièredemesréalisations,quandmême!(FGII-fierté)- Moi jene vendspasmesœuvres, je les donne. (FG II- estimede
soi)- Onpeutdirequejesuissatisfaitdecequejefais.Jefaistoujours
unmodèlequejegardepourmoietunautrepourdonner.(FGII-satisfaction)
- Je suis très fière de ce que j’arrive à faire. (FG II- fierté/résultatobtenu)
- Moij’aiunsentimentdeprogrès.(FGII-sentimentdeprogrès)- Ilyaaussi lessentimentsdecapacités,deréussite. (FGII-estime
desoi)- J’aimequandonsedonnedesconseils,qu’onpartagenosavis.(FG
II-appartenanceaugroupe)- Lapersévérancem’aaidéeàm’améliorer.(FGII-persévérance)- Pourmoil’ambiance.(FGII-ambiance)- Jediraisavolontédevouloirfairemieux.(FGII-amélioration)- J’aime spécialement quand les autres me félicitent et me disent
quec’estjoli!(FGII-félicitations)- C’est dommage qu’on ait arrêté de faire le tournus des
vernissages, j’aimaisbienexposermesœuvres! (FG II-expositiondesœuvres)
- En plus de notre travail artistique, il y a une super ambiance àl’atelier!(FGI-ambiance)
- Enfait,moij’aimebienquandlesautresn’aimepasmeschoixdecouleurs.(FGII-appartenanceaugroupe)
Observationsfaitesparle
MSP
- Lors d’un marché qui avait lieu dans sa vallée natale, j’ai vu unrésident montrer à toutes les personnes qu’il connaissait sesréalisationsenpyrogravures.Ilétaittellementfier.Parlasuite,ilaeupleindecommandes.
- Lorsdemanifestationsquiont lieuà l’atelier, je les voismontrerleurtravailàleurfamille.
- Les familles achètentbeaucoup lesœuvresdes résidentsqu’ellesconnaissent.
- Nous utilisons certains tableaux pour faire des cartes de vœux.Régulièrement lesauteursdesœuvres sur les cartes lesachètentpourlesvendreplusloin.
Abréviations:FGI:premierFocusgroupFGII:deuxièmeFocusGroup