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Marc-André Lapointe Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en physique pour l’obtention du grade de maître ès sciences (M. Sc.) DÉPARTEMENT DE PHYSIQUE, DE GÉNIE PHYSIQUE ET D’OPTIQUE FACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2010 © Marc-André Lapointe, 2010

Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

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Page 1: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Marc-André Lapointe

Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval

dans le cadre du programme de maîtrise en physique

pour l’obtention du grade de maître ès sciences (M. Sc.)

DÉPARTEMENT DE PHYSIQUE, DE GÉNIE PHYSIQUE ET D’OPTIQUE FACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE

UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC

2010

© Marc-André Lapointe, 2010

Page 2: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Résumé Le présent projet de recherche porte sur les lasers à fibre de haute puissance opérés en

régime continu. L’objectif premier est la conception et la réalisation d’un laser de 400 W

de puissance de sortie utilisant une fibre dopée à l’ytterbium. La grande variété de lasers

fabriqués au cours de ces travaux a permis l’étude des effets thermiques, des limitations

en puissance et du comportement de la raie spectrale d’émission.

L’étude comprend des simulations numériques caractérisant le comportement des lasers à

fibre opérés en régime continu. Différentes configurations de lasers ont été expérimentées

à une puissance de signal de 100 W. Les échanges de chaleur dans les fibres à double

gaines ont été analysés pour contourner les difficultés engendrées par la grande puissance

de ces lasers. Le concept de résistance de contact est amené pour expliquer l’élévation de

température des fibres actives. Les travaux ont abouti à la réalisation de lasers

monomodes de plus de 350 W de puissance de sortie, et cela, limités uniquement par la

disponibilité des pompes. Parce que la photodégradation est la principale difficulté des

lasers à fibre de puissance, plusieurs compromis, notamment sur le choix technologique

des composants, ont été nécessaires pour atteindre les objectifs de puissance et de qualité

de faisceau.

Un outil pour prédire l’élargissement spectral des lasers à fibre de haute puissance a été

développé. Il est montré que le mélange à quatre ondes élargit la raie d’émission de ces

lasers. L’élargissement du spectre de sortie, selon une fonction de la puissance, a été

vérifié expérimentalement dans diverses configurations d’oscillateur.

Page 3: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Abstract

This research project focuses on high power fiber lasers operated in the continuous

regime. The main objective is the implementation of a 400-W fiber laser using ytterbium-

doped double clad fiber. The wide variety of high power fiber lasers assembled during

this work has enabled the study of the thermal effects, the power limitations and the

behavior of the output spectrum.

The study includes simulations that characterize the behavior of fiber lasers operated in

the continuous regime. Different laser configurations were tested at a signal power of 100

W. The heat transfer in double clad fibers was analyzed to circumvent the difficulties

caused by the important amount of heat generated by these lasers. The concept of contact

resistance is brought in to explain the temperature rise of active fibers. This was

necessary for the realization of single-mode fiber lasers with over 350W of output power.

The output power was only limited by the availability of pumps. Several compromises

were necessary to achieve the high output power and the diffraction-limited beam quality.

Thus, the photodarkening of the ytterbium doped fiber is still an issue for this kind of

lasers.

A tool to predict the spectral broadening of high power fiber lasers has been developed. It

is shown that four-wave mixing broadens the outpu t spectrum of these lasers as a

function of output power. The broadening of the output spectrum has been

experimentally verified by the implementation of various lasers with different

configurations. A theoretical model is presented, which shows a good agreement with

experimental data.

Page 4: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Remerciments Je remercie d’abord mes directeurs de maîtrise, Michel Piché, professeur au centre

d’optique, de photonique et de laser (COPL) et Philippe De Sandro, Président-directeur

général et directeur scientifique de Coractive, pour la confiance qu’ils m’ont témoignée

au cours de mes travaux. Ils ont éclairé mes recherches par leurs connaissances et

leurs intuitions.

Un grand merci à tous mes collègues qui ont partagé leur savoir et leur temps pour la

réalisation de ce projet. Je suis particulièrement reconnaissant envers Stéphane Châtigny

et Bertrand Morasse pour leur perpétuel support et les discussions passionnées que nous

avons partagées. Je remercie la dynamique équipe de Coractive qui m’a permis de

réaliser ce projet dans une ambiance des plus agréables et enrichissantes.

Je dois souligner le support financier du Conseil de recherche en sciences naturelles et en

génie du Canada (CRSNG), ainsi que le fond québécois de la recherche sur la nature et

les technologies (FQRNT), qui m’offrirent, en collaboration avec l’Institut canadien pour

les innovations en photonique (ICIP), la bourse BMP Innovation FQRNT-CRSNG.

Page 5: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

En mémoire d'Alisa, pour ses sourires, ses idées, sa profondeur et son intensité.

Nous rêvions à ton épanouissement, puisses-tu nous rappeler la beauté des êtres et de la terre.

Page 6: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Table des matières

1. Introduction ............................................................................ 1

1.1 Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu ............................................. 1

1.2 La photodégradation des fibres dopées à l’ytterbium. ............................................. 4

2 Conception des lasers à fibre de haute puissance ................ 7

2.1 La fibre optique comme milieu de gain ................................................................... 7

2.1.1 La fibre optique à saut d’indice......................................................................... 7

2.1.2 Fibre à double gaine .......................................................................................... 9

2.1.3 Fibre avec un piédestal .................................................................................... 10

2.1.4 Les dopants ..................................................................................................... 11

2.1.5 Opération monomode des fibres multimodes. ................................................ 14

2.1.6 La photodégradation du milieu de gain........................................................... 16

2.2 Composantes optiques ............................................................................................ 18

2.2.1 Diodes laser à semi-conducteur de puissance ................................................. 18

2.2.2 Coupleur optique multimode .......................................................................... 19

2.2.3 Extracteur de mode de gaine ........................................................................... 20

2.2.4 Réseaux de Bragg............................................................................................ 24

2.2.5 Élargisseur de faisceau .................................................................................... 25

2.2.6 Câble de sortie ................................................................................................. 26

2.3 Conception et simulation numérique ..................................................................... 27

2.3.1 Simulations numériques .................................................................................. 27

2.3.2 Les configurations de pompage des cavités laser ........................................... 35

2.3.3 Isolation des combinateurs en contre-propagation .......................................... 36

2.3.4 Assemblage des cavités laser : alignement actif ............................................. 39

3 Expérimentation de système laser ....................................... 42

3.1 Système laser de 100 W monomode et étude des configurations .......................... 42

3.2 Cavité laser kilowatt ............................................................................................... 47

Page 7: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

3.2.1 Caractérisation optique du laser 400W #1 en opération monomode

utilisant une fibre dopée LMA. ....................................................................... 47

3.2.2 Caractérisation optique du laser 400W #2 en opération multimode

utilisant une fibre dopée LMA. ....................................................................... 53

3.2.3 Échanges thermiques et opération continue .................................................... 56

4 Échanges thermiques dans les lasers à fibre de haute

puissance. ..................................................................................... 59

5 Élargissement spectral des lasers de haute puissance ....... 63

5.1 Modèles de l’élargissement spectral ...................................................................... 63

5.2 Mesures expérimentales ......................................................................................... 65

5.2.1 Méthode de mesure de l’élargissement spectral ............................................. 66

5.2.2 Élargissement spectral d’une cavité laser 20/400 ........................................... 67

5.2.3 Élargissement spectral d’une cavité laser 12/250 ........................................... 71

5.2.4 Élargissement spectral d’une cavité laser 6/125 ............................................. 75

5.3 Comparaison des résultats expérimentaux avec la théorie : l’équation

d’élargissement modifiée ....................................................................................... 79

5.3.1 Élargissement d’un laser à fibre 20/400 :........................................................ 79

5.3.2 Comparaison de l’équation d’élargissement modifiée .................................... 81

5.4 Diminution de la réflectivité .................................................................................. 84

6 Conclusion ............................................................................. 86

Bibliographie ............................................................................... 88

Annexe A : Paramètres de simulation ....................................... 95

Page 8: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Liste des tableaux

Tableau 2.1: Constantes de corrélation pour le calcul de la longueur optimale de fibre

active dans une cavité laser. ......................................................................... 29

Tableau 2.2: Proportions de signal et de puissance pompe aux épissures en fonction

du niveau de réflectivité du réflecteur LR. Les paramètres de

simulations sont les mêmes que ceux de la section 2.3.1. ............................ 37

Tableau 2.3: Proportion approximative de puissance retournée aux combinateurs de

pompe en fonction de la réflectivité du LR pour un schéma de pompage

bidirectionnel. ............................................................................................... 39

Tableau 3.1: Paramètres communs des systèmes laser. ..................................................... 42

Tableau 3.2: Pente d’efficacité optique par rapport à la pompe injectée pour les

différentes configurations. ............................................................................ 44

Tableau 3.3: Paramètres de la cavité lasers 400 W #1 ...................................................... 49

Tableau 5.1: Paramètres de la cavité lasers 20/400 ........................................................... 67

Tableau 5.2: Paramètres de la cavité laser 12.5/250 .......................................................... 71

Tableau 5.3: Paramètres de la cavité lasers 6/125 ............................................................. 75

Page 9: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Liste des figures Figure 1.1: Configuration typique d’un LFHP utilisant des fibres à double gaine. .......... 2

Figure 1.2 : Représentation des guides d’ondes de la cavité laser. .................................... 3

Figure 2.1: Profile d’indice de réfraction d’une fibre à saut d’indices. ............................ 7

Figure 2.2: Distribution de l’amplitude du champ du mode fondamental dans une fibre monomode. ............................................................................................. 8

Figure 2.3: Coupe transversale d’une fibre optique à double gaine. ................................. 9

Figure 2.4: Profil d’indice de réfraction d’une fibre piédestal. ....................................... 11

Figure 2.5: Section efficace d’absorption et d’émission d’une fibre aluminosilicate dopée Yb. ...................................................................................................... 12

Figure 2.6: Section efficace d’absorption et d’émission d’une fibre phosphosilicate dopée Yb. ...................................................................................................... 13

Figure 2.7: Puissance de sortie en fonction du temps d’une fibre aluminosilicate dopée ytterbium utilisée en amplificateur. La source laser produit un signal de 15 W de puissance. ........................................................................ 16

Figure 2.8: Courbe de transmission spectrale avant et après une opération laser continue d’une fibre aluminosilicate dopée Yb ayant engendré de la photodégradation. ......................................................................................... 17

Figure 2.9: Schéma d’un coupleur multimodes assemblé par fusion et distribution spatiale des branches. ................................................................................... 19

Figure 2.10: Représentation d’un CMS et propagation des rayons. ................................ 21

Figure 2.11: Montage de mesure d’atténuation d’un CMS ............................................... 22

Figure 2.12: Atténuation simulée et mesurée d’un CMS droit en fonction de sa longueur. ....................................................................................................... 22

Figure 2.13: Tracé des rayons dans un CMS courbé de rayon R. ..................................... 23

Figure 2.14: Résultats expérimentaux de l’atténuation d’un CMS en fonction de la courbure et de la longueur. ........................................................................... 24

Figure 2.15: Schéma de conception d’élargisseur de faisceau. ......................................... 26

Figure 2.16: Courbe typique de la puissance de sortie en fonction de la longueur. .......... 28

Figure 2.17: Distribution de la puissance à l’intérieur de la cavité laser en fonction de la réflectivité R2 du réflecteur LR pour un pompage en co-propagation. .................................................................................................. 31

Figure 2.18: Distribution de l’énergie à l’intérieur de la cavité en fonction de la réflectivité du LR R2 pour un pompage en contre-propagation. .................. 31

Page 10: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Figure 2.19: Inversion de population à l’intérieur de la cavité en fonction de la réflectivité R2 du réflecteur LR pour un pompage en co-propagation et en contre-propagation. .................................................................................. 32

Figure 2.20: Efficacité laser à 1080 nm d’une cavité de longueur optimale (Lopt) en fonction de l’absorption de la pompe α à 915 nm et des pertes de fonds PF de la fibre dopée Yb pour une réflectivité R2 = 10%. La configuration de pompage est colinéaire. ..................................................... 33

Figure 2.21: Différentes configurations de pompage de cavités laser en format tout fibre. .............................................................................................................. 35

Figure 2.22: Schéma d’analyse pour l’isolation des combinateurs ................................... 36

Figure 3.1: Les différentes configurations de système laser 100 W ............................... 43

Figure 3.2: Puissance de sortie en fonction de la puissance pompe des configurations 4 et 5. Les pentes d’efficacité sont indiquées sur les différentes courbes. ....................................................................................... 45

Figure 3.3: Puissance de signal retournée au combinateur CP1 en fonction de la puissance de pompe des configurations 4 et 5. ............................................. 46

Figure 3.4: Schéma de la configuration du laser KW. .................................................... 47

Figure 3.5: Pompe résiduelle et efficacité du système laser en fonction de la longueur de la fibre active. ........................................................................... 48

Figure 3.6: Puissance de sortie en fonction de la puissance pompe. ............................... 50

Figure 3.7: Puissance dans le cœur Pcœur en sortie et puissances de retour Pret dans une branche du CP 19→1 en fonction de la puissance pompe. ........... 51

Figure 3.8: Diamètre du faisceau de sortie en fonction de la position et de la puissance de sortie. Le faisceau est collimé par une lentille de distance f1 = 8 mm puis focalisé par une lentille de f2 = 200 mm. ......................... 51

Figure 3.9: Puissance de sortie en fonction de la puissance de pompage pour le système terminé d’un câble de sortie avec collimateur intégré. ................... 52

Figure 3.10: Puissance de sortie monomode du laser en opération continue en fonction du temps. ........................................................................................ 53

Figure 3.11: Puissance de sortie en fonction de la puissance pompe. ............................... 54

Figure 3.12: Puissance dans le cœur 𝑃𝑐œ𝑢𝑟 en sortie et puissance de retour 𝑃𝑟e𝑡 dans une branche du CP 19→1 en fonction de la puissance pompe. ........... 55

Figure 3.13: Diamètre du faisceau de sortie en fonction de la position et de la puissance de sortie. Le faisceau est collimé par une lentille de distance f1 = 8 𝑚𝑚 puis focalisé par une lentille de f2 = 200 𝑚𝑚. ......................... 56

Figure 3.14: Image thermique d’une épissure entre le réflecteur HR et la fibre active avec a) 0 W de puissance pompe, et b) 520 W de puissance pompe. ........... 57

Page 11: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Figure 3.15: Profil de température longitudinale de la fibre active enroulée autour d’un cylindre métallique. La puissance de pompe est de 523 W. ................ 58

Figure 4.1: a) Représentation d’une fibre active avec une génération de chaleur uniforme dans son cœur. b) Élévation de température, par rapport à la température de surface, dans la direction radiale pour un taux de transfert de chaleur de 100 W /m pour trois dimensions de fibres. .............. 60

Figure 4.2: a) Illustration d’une résistance de contact entre deux matériaux. b) Élévation de température causée par la résistance thermique. ..................... 61

Figure 5.1: Configuration des cavités laser utilisées pour l’étude de l’élargissement spectral. ......................................................................................................... 66

Figure 5.2: Forme spectrale des réseaux de Bragg utilisés dans la cavité laser 20/400 ........................................................................................................... 68

Figure 5.3: Spectre du signal de sortie en fonction de sa puissance pour la cavité 20/400. .......................................................................................................... 68

Figure 5.4: Largeur spectrale du signal de sortie et du signal retourné vers les pompes en fonction de la puissance de sortie de la cavité 20/400................ 69

Figure 5.5: Puissance de sortie en fonction de la puissance de pompe de la cavité laser 20/400. .................................................................................................. 70

Figure 5.6: Forme spectrale des réseaux de Bragg utilisés dans la cavité laser 12.5/250 ........................................................................................................ 72

Figure 5.7: Spectre de sortie en fonction de la puissance de sortie de la cavité 12.5/250. ....................................................................................................... 72

Figure 5.8: Largeur spectrale du signal de sortie et du signal retourné aux pompes en fonction de la puissance de sortie de la cavité 12.5/250. ......................... 73

Figure 5.9: Largeur spectrale du signal en fonction de la position intracavité à partir du réflecteur HR. La puissance de sortie du laser est d’environ 90 W. Le spectre est capté par une fibre de 105µm avec ON= 0.22 à proximité de la fibre active. .......................................................................................... 74

Figure 5.10: Profil spectral de la réflectivité des réseaux de Bragg utilisés dans la cavité laser 6/250 .......................................................................................... 76

Figure 5.11: Largeur spectrale du signal de sortie en fonction de la puissance de sortie pour les trois variantes de la cavité laser 6/125. ................................. 76

Figure 5.12: Spectre du signal qui retourne aux diodes pompes en fonction de la puissance de sortie du laser........................................................................... 78

Figure 5.13: Puissance totale retournée aux pompes dans le cas 𝜎𝐿𝑅 ≪ 𝜎𝐻𝑅 (courbe mauve pleine) et 𝜎𝐿𝑅 ≫ 𝜎𝐻𝑅 (courbe bleu pointillé). ................................... 78

Figure 5.14: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale de sortie en fonction de la puissance pour le laser 20/400 de la section 5.2.2. La

Page 12: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

courbe théorique a été calculée avec l’éq. 5.1 et les paramètres du tableau 5.1. .................................................................................................... 79

Figure 5.15: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie en fonction de la puissance pour le laser 20/400 de la section 5.2.2. La courbe théorique a été calculée avec l’éq. 5.9 et les paramètres du tableau 5.1. ............................................................................................... 80

Figure 5.16: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie en fonction de la puissance pour le laser 12/250 de la section 5.2.3. La courbe théorique a été calculée avec l’éq. 5.9 et les paramètres du tableau de gauche. .................................................................................... 81

Figure 5.17: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale de sortie en fonction de la puissance pour le laser 12/250 #2. La courbe théorique a été calculée avec l’éq. 6.9 et les paramètres du tableau de gauche. ............. 81

Figure 5.18: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie en fonction de la puissance pour le laser 10/200. La courbe théorique a été calculée avec l’éq. 5.9 et les paramètres du tableau de gauche. .......................................................................................................... 82

Figure 5.19: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie en fonction de la puissance pour le laser 6/125. La courbe théorique a été calculée avec l’éq. 5.9 et les paramètres du tableau de gauche. .......................................................................................................... 83

Figure 5.20: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie en fonction de la puissance pour le laser 6/125 où 30 mètres de fibre passive ont été insérées dans la cavité. La courbe théorique a été calculée avec l’éq. 5.9 et les paramètres du tableau de gauche. Les paramètres utilisés sont les moyennes pondérées de ceux de chaque fibre utilisée. ................................................................................................. 83

Figure 5.21: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie en fonction de la puissance pour le laser 6/125 utilisant une réflexion de Fresnel. La courbe théorique a été calculée avec l’éq. 5.9 et les paramètres du tableau de gauche. La largeur du HR (𝜎𝐻𝑅) est utilisée pour le calcul. ............................................................................................... 84

Figure 5.22: Puissance laser de sortie pour doubler la raie d’émission par rapport à la bande passante du filtre en fonction de 𝛾𝐿 et 𝛼. ........................................... 85

Page 13: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

1

1. Introduction

1.1 Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

Les lasers à fibre dopée aux terres rares constituent une solution convoitée pour les lasers

de puissance. Contrairement aux lasers à l’état solide, qui sont sujets aux distorsions

thermo-optiques, la géométrie du milieu de gain des lasers à fibre permet un meilleur

transfert thermique et une distribution longitudinale de la charge thermique. La qualité du

faisceau de sortie des fibres optiques peut être uniquement limitée par la diffraction. Les

fibres dopées représentent aussi une solution potentiellement économique. Depuis 2003,

la puissance des systèmes laser à fibre de haute puissance (LFHP) utilisant l’ytterbium ne

cesse d’augmenter [1].Cette période coïncide avec l’apparition de diodes laser à semi-

conducteurs de forte puissance. Dès 2004, des travaux à l’université de Southampton ont

démontré une cavité laser de 1 kW de puissance continue (CW) à 1.1 µm, et cela, avec un

paramètre de qualité de faisceau M2=1.3. IPG, leader manufacturier de LFHPs , a offert

sur le marché commercial le premier LFHP de 1 kW avec une qualité de faisceau

M2<1.05 [2]. En 2005, IPG démontre le premier système laser à étages multiples de 2 kW

dans un format tout-fibre avec une qualité de faisceau limitée par la diffraction [3].

Plus récemment, des LFHPs monomodes, utilisant le thulium comme terre rare, ont été

démontré avec une puissance excédant 600 W à 2 µm [4]. Notons aussi les

démonstrations d’amplificateur à raie étroite d’environ 500W [5,6] et un système laser à

étages multiples monomode de 6 kW [7]. La puissance de ce dernier n’est limitée que par

la disponibilité de la puissance de pompage. Cependant, la littérature est présentement

incomplète au sujet des LFHPs et les secrets des exploits de la compagnie IPG sont

encore inconnus. Un problème fondamental persistant des fibres dopées à l’ytterbium est

le photonoircissement qui dégrade l’efficacité optique des LFHPs. Bien que différents

codopants tels le phosphore résolvent ce problème, les fibres à faible photonoircissement

engendrent des complications lors de leur fabrication et pendant l’opération monomode

des lasers.

Page 14: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

2

Les principales applications industrielles des LFHPs sont la soudure et la découpe de

précision des matériaux. La puissance et la qualité de faisceau sont nécessaires pour

augmenter la profondeur de la soudure, la découpe et la vitesse d’exécution. Les lasers au

CO2 sont très utilisés pour ces applications. Cependant, les LFHPs pourront

éventuellement les remplacer lorsque leurs prix seront compétitifs.

La figure 1.1 montre la distribution des composants d’un laser à fibre de puissance

utilisant des fibres à double gaine (DCOF). Les cavités sont linéaires et utilisent des

réseaux de Bragg comme réflecteurs. Il y a un réseau de Bragg de réflexion élevée (HR)

et un autre de réflexion plus faible (LR). Il n’y a pas de laser de puissance en anneau, car

il n’y a pas de coupleur et d’isolateur de puissance. Des diodes laser multimodes sont

injectées dans la fibre DCOF à partir de combinateurs de pompes. L’extracteur de modes

de gaine est utilisé pour éliminer la pompe non absorbée (la pompe résiduelle) ou le

signal se propageant dans la gaine.

HR LR

Fibre active dopées DCOF

Câble de sortie

Extracteur de modes de gaine

Combinateur de pompe

Épissures

Figure 1.1: Configuration typique d’un LFHP utilisant des fibres à double gaine.

Le guidage optique dans la cavité d’un laser à fibre linéaire est schématisé à la figure 1.2.

Le signal est guidé dans un cœur de diamètre 𝑑1 et d’indice de réfraction 𝑛1. La cavité de

longueur 𝐿𝑐 est circonscrite par deux réseaux de Bragg. Le signal subit un gain dans le

cœur sur une longueur 𝐿𝑔. Généralement la longueur de la fibre active est importante par

rapport à la longueur des fibres passives ( 𝐿𝑔 ≈ 𝐿𝑐 ≈ 𝐿). La pompe, qui peut être injectée

dans les deux directions, est guidée dans une gaine de diamètre 𝑑2 où l’indice de

réfraction 𝑛2 est plus faible que celui du cœur. Pour que la lumière soit à son tour guidée

dans la gaine, la deuxième gaine doit avoir un indice de réfraction 𝑛3 inférieur à celui de

Page 15: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

3

la première gaine. La lumière guidée dans le cœur s’échappe principalement de la cavité

à travers le réflecteur LR car celui-ci a une réflectivité faible (typiquement 10%).

Figure 1.2 : Représentation des guides d’ondes de la cavité laser.

Dans une cavité laser à fibre, le spectre du signal de sortie est déterminé par les bandes de

réflectivité des réseaux de Bragg. La longueur d’onde centrale de la bande de réflectivité

des réseaux de Bragg doit être comprise dans la plage d’émission du milieu de gain.

L’oscillateur produira alors un signal dont la raie d’émission sera centrée dans la bande

de réflectivité des réseaux de Bragg. La largeur spectrale de la raie d’émission est dictée,

d’une part, par la largeur spectrale de la bande de réflectivité des réseaux de Bragg, et

d’une autre, par la puissance du signal selon un phénomène non-linéaire, le mélange à

quatre ondes. Le chapitre 5 présente une théorie sur l’élargissement de la raie d’émission

laser en fonction de la puissance ainsi que des mesures expérimentales. Il est montré que

la raie d’émission varie selon une fonction de la puissance du signal.

𝑅1 HR

𝑅2 LR

𝑑2

𝑑1 𝑛1

𝑛2

Région de gain Tracé de rayon de la pompe Tracé de rayon du signal

𝑛3

𝒏𝟏 > 𝒏𝟐 > 𝒏𝟑

sortie

𝐿𝑔

2e gaine

1e gaine

cœur

faisceau pompe

faisceau pompe

𝐿𝑐

Page 16: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

4

1.2 La photodégradation des fibres dopées à l’ytterbium.

La photodégradation des fibres optiques dopées à l’ytterbium constitue la principale

difficulté dans l’opération des LFHPs. Ce phénomène consiste dans la détérioration

temporelle de la transmission optique de la fibre de gain. Cela affecte l’efficacité laser de

façon importante. Dans les pires cas, la photodégradation peut provoquer une diminution

de plus de 20% sur le signal de sortie après seulement quelques dizaines d’heures

d’opération. Les fibres présentant une dégradation continue, c.-à-d. sans signe de

saturation, ou une forte sensibilité à la photodégradation sont commercialement

inutilisables. Les phénomènes de photodégradation ont longtemps été observés, mais les

causes et les solutions ont toujours été mal comprises jusqu’à présent. Les dernières

années ont cependant apporté quelques indices à la compréhension de ce phénomène et

des solutions partielles sont maintenant disponibles.

La photodégradation est dépendante du type d’opération laser, des composants chimiques

et des paramètres de fabrication des préformes. D’abord, la photodégradation présente

une dépendance de 2e ordre avec l’inversion de population [8]. Ainsi, une fibre active

opérée dans une cavité laser ne présentera pas le même niveau de photodégradation qu’en

amplification, car les densités d’inversion de population ne sont pas les mêmes. La

photodégradation est aussi dépendante de la puissance, car son augmentation accélère la

dégradation. La littérature présente trois principales sources non exclusives à la

photodégradation. S.Yoo et al proposent que la dégradation soit liée aux centres de déficit

d’oxygène associés à l’Yb [9]. M. Engholm et coll. présentent la possibilité qu’il y ait

formation d’ions Yb2+ dans la matrice de verre à partir des ions Yb3+ par un phénomène

de transfert de charge [10,11]. Cela serait un précurseur de centres de couleur.

Finalement, l’interaction entre des paires d’ions Yb3+ et des phénomènes de

regroupement provoquant la formation d’Yb2+ participeraient au phénomène de

photodégradation [12]. La dépendance de la photodégradation à la concentration d’Yb est

évidente. Cependant, la diminution de la concentration diminue l’absorption de la pompe

Page 17: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

5

et l’efficacité des LFHPs en est donc diminuée, car l’augmentation de la longueur de

fibre active augmente les pertes de transmission. Sachant que la photodégradation aura

toujours une dépendance au type d’opération, il faut donc travailler sur la diminution des

sources de la photodégradation dans la matrice de verre.

Il existe quatre principales compositions chimiques qui permettent de réduire la

photodégradation. La solution la plus simple présentée dans la littérature est l’ajout

important d’aluminium [8]. Les aires effectives d’absorption et d’émission sont élevées et

les propriétés mécaniques et optiques sont bonnes. Les fibres aluminosilicates (Yb/Al)

sont faciles à fabriquer et il est simple d’en obtenir à faible ouverture numérique.

Cependant, les taux de dégradation demeurent encore élevés pour des applications

réelles. Les fibres phosphosilicates (Yb/P), qui sont codopées au phosphore, offrent une

forte résistance à la dégradation [13] car le phosphore est reconnu pour augmenter la

solubilité des ions Yb3+. Cela diminue le regroupement d’ions [14]. Par contre, les aires

effectives sont diminuées et la fibre présente des pertes intrinsèques généralement plus

élevées. De plus, le profil d’indice de réfraction est difficile à contrôler et le phosphore

engendre des ouvertures numériques plus élevées qui rendent très difficiles la fabrication

de fibres à gros cœur sans piédestal. Les fibres aluminophosphosilicates (Yb/Al/P) ont

une résistance moyenne à la dégradation et présentent une diminution des aires effectives.

Celles-ci peuvent néanmoins être une solution pour des systèmes laser de puissance

moyenne (100 W-200 W). Très récemment, M. Engholm et coll. ont proposé et

expérimenté l’ajout de cérium aux aluminosilicates pour diminuer la photodégradation

[15]. Le cérium est reconnu compte capteur de charges libres et peut donc diminuer la

formation de centres de couleur. L’ajout de cérium conserverait les propriétés des

aluminosilicates, mais comme pour le phosphore, il est difficile de faire des cœurs à

faible ouverture numérique sans piédestal.

Plusieurs travaux ont porté sur les méthodes de mesure et de caractérisation de la

photodégradation des fibres. Une fibre ayant subi de la photodégradation présente un

spectre de transmission bien particulier. De fait, les pertes dans la région visible sont de

plusieurs ordres supérieures à celles dans le proche infrarouge. Des méthodes de mesure

Page 18: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

6

simples basées sur cette signature ont été proposées pour caractériser les fibres actives

[16]. Il est aussi possible, par certaines mesures expérimentales, de caractériser le

comportement de la photodégradation pour une fibre dopée particulière et d’en prédire le

comportement à long terme [17].

On trouve dans la littérature plusieurs références qui montrent que les effets dus à la

photodégradation seraient réversibles. Un tel « photoblanchissement » peut se produire

avec la température [18], l’exposition à l’ultraviolet [12], à la capture d’oxygène [9] et à

la puissance pompe [19]. Cependant, ces méthodes sont difficilement applicables à des

produits commerciaux.

Page 19: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

7

2 Conception des lasers à fibre de haute puissance

2.1 La fibre optique comme milieu de gain

2.1.1 La fibre optique à saut d’indice

La fibre optique à saut d’indice est un cas simple de profil d’indice de réfraction

menant à un comportement optique bien documenté dans la littérature. La figure 2.1

présente le profil d’indice d’une fibre à saut d’indice.

Figure 2.1: Profil d’indice de réfraction d’une fibre à saut d’indice.

L’ouverture numérique (ON) d’une telle fibre est donnée par les indices de réfraction

[20] :

ON = �𝑛12 − 𝑛22 (2.1)

La fréquence normalisée, appelée le nombre 𝑉, est un paramètre sans dimension qui

dépend des indices de réfraction, du rayon du cœur 𝑎 et de la longueur d’onde

d’opération 𝜆:

𝑉 = 2𝜋𝜆𝑎(𝑂𝑁) (2.2)

Axe du coeur

𝑎 −𝑎 Distance radiale

𝑛2 𝑛2

𝑛1

Page 20: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

8

Le nombre 𝑉 indique quels sont les modes pouvant être propagés dans le cœur. Une fibre

propagera uniquement le mode fondamental LP01 pour un nombre 𝑉 inférieur à la valeur

de coupure 𝑉𝑐 du mode suivant (LP11) de 2.405. Au-dessus de 𝑉𝑐 = 2.405, la fibre sera

alors multimode, car plusieurs modes pourront être propagés dans le cœur. Les valeurs de

coupure 𝑉𝑐 correspondent aux zéros des fonctions de Bessel. Le nombre total de modes

𝑀𝑠 pouvant être guidés est proportionnel au carré du nombre 𝑉 :

𝑀𝑠 ≅𝑉2

2 (2.3)

La longueur d’onde de coupure 𝜆𝑐 d’une fibre monomode définit la longueur d’onde où

la fibre commencera à propager les modes supérieurs :

𝜆𝑐 = 𝑉𝜆2.405

(2.4)

Le diamètre du champ électromagnétique du mode fondamental, appelé diamètre du

champ modal (MFD), est un paramètre important qui caractérise le comportement des

fibres monomodes.

Figure 2.2: Distribution de l’amplitude du champ du mode fondamental dans une fibre

monomode.

𝑤0

𝐸0/𝑒

𝐸0

0

MFD=2𝑤0

Page 21: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

9

Le MFD peut être déterminé par une relation entre le nombre 𝑉 et le rayon du cœur 𝑎 de

la fibre pour 0.8 < 𝜆𝜆𝑐

< 1.9:

MFD = 2𝑤0 = 𝑎 �0.65 + 1.619𝑉−32 + 2.879𝑉−6� (2.5)

Bien qu’on connaisse différentes causes de perte d’épissure, il existe une perte

intrinsèque due à la différence du MFD des deux fibres à fusionner. La perte de fusion 𝑇

est due à la différence entre les valeurs 𝑤01, et 𝑤02 du MFD dans les deux fibres. Cette

perte est donnée par:

𝑇 = −10log �4 �𝑤02𝑤01

+ 𝑤01𝑤02

�−2� 𝑑𝐵 (2.6)

2.1.2 Fibre à double gaine

La fibre à double gaine est largement utilisée dans les lasers à fibres. Initialement

proposée par Snitzer et coll. [21], cette configuration permet d’utiliser de puissantes

pompes multimodes de plus faible brillance pour le pompage optique de fibres dopées

monomodes. Une fibre à double gaine consiste à entourer la première gaine par un milieu

à plus faible indice de réfraction (la deuxième gaine) pour permettre le guidage optique.

La figure 2.3 présente une coupe transversale d’une fibre optique à double gaine.

Figure 2.3: Coupe transversale d’une fibre optique à double gaine.

Revêtement Deuxième gaine

Première gaine Cœur dopé

Axe du coeur

𝑛3

𝑛2 𝑛1 𝑛4

Indice de refraction

Page 22: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

10

Cette deuxième gaine peut être soit du verre dopé au fluor, pour obtenir une ouverture

numérique (ON) de 0.22, ou un fluoroacrylate avec un indice de réfraction entre 1.38 et

1.36, permettant une ON entre 0.46 et 0.5. Le revêtement est toujours un polymère

permettant de conserver l’intégrité mécanique de la fibre optique. Plus l’ON de la

première gaine est élevée, plus la brillance du faisceau pompe pourra être faible. Le

revêtement de polymère à faible indice a donc un avantage important sur une

configuration tout verre. La forme non circulaire de la deuxième gaine contribue au

mélange modal de la pompe. Plusieurs travaux numériques [22, 23] portant sur le tracé de

rayon dans les fibres à double gaine circulaires montrent un faible recouvrement du

faisceau pompe avec le cœur.

Considérant l’ON fixée, il sera plus facile d’injecter de la puissance pompe dans la

première gaine si son diamètre est plus grand. Cependant, dans le cas où les dopants sont

uniformément répartis dans un cœur de diamètre donné 𝑑1 , l’absorption de la pompe 𝛼

par les dopants du cœur varie selon le carré du diamètre de la première gaine 𝑑2 selon :

𝛼 ∝ 𝑑𝟏2

𝑑𝟐2 ( 2.7)

Ainsi, pour 𝑑2 plus grand, il faudra grossir le diamètre de cœur ou augmenter la

concentration de dopant pour conserver une absorption de pompe suffisante.

2.1.3 Fibre avec un piédestal

Les fibres avec un piédestal, ou fibres à triple gaine, permettent un meilleur contrôle de la

composition du cœur, de l’indice de réfraction et de l’ON [24, 25]. Notamment, ce design

permet d’augmenter la concentration de dopant tout en ayant une faible ON dans les

fibres à grands champs modaux (LMA). La figure 2.4 montre le profil d’indice de

réfraction de ce type de fibre pour le cas d’un cœur à saut d’indice. Des travaux ont

montré que les fibres avec un piédestal ont une résistance aux pertes par courbure [26].

Page 23: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

11

Figure 2.4: Profil d’indice de réfraction d’une fibre avec piédestal.

2.1.4 Les dopants

Différents dopants sont utilisés pour la fabrication des fibres optiques de silice [27] dans

le but de modifier les propriétés optiques et mécaniques de la préforme et de la fibre.

Cette sous-section présente une brève description des principaux effets des différents

dopants.

Ytterbium (Yb3+): L’ytterbium est une terre rare maintenant bien connue et largement

utilisée pour les lasers à fibres à 1 µm pulsés et continus (CW). Les concentrations

d’ytterbium trivalent (Yb3+) dans les fibres DCOF sont généralement élevées pour obtenir

un taux d’absorption suffisant. Ces fibres sont donc sujettes au photonoircissement bien

que les taux d’inversion sont généralement faibles à cause du courts temps de relaxation.

Germanium (Ge): Le Ge est utilisé comme dopant pour augmenter l’indice de réfraction.

Ce dopant augmente de façon importante la photosensibilité du verre au rayonnement

UV. Ainsi, des réseaux de Bragg sont inscrits par laser UV dans les fibres dopées au Ge

[28]. Pendant la fermeture de la préforme, le germanium a tendance à s’évaporer au

centre du cœur et cela peut créer une dépression de l’indice de réfraction. [29].

Axe du coeur

𝑎 −𝑎 Distance radial

𝑛3

𝑛2 𝑛1

𝑛4

1ère gaine Coeur

2e gaine

3e gaine

Page 24: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

12

Aluminium (Al): L’aluminium est couramment utilisé [30] pour augmenter la

concentration d’Yb dans la matrice de verre. Ce dopant augmente l’indice de réfraction

du cœur et peut être utilisé pour remplacer le germanium. Une forte concentration

d’aluminium a montré une certaine résistance à la photodégradation, mais elle est trop

faible pour les applications de haute puissance [14]. La figure 2.5 montre, tel que mesuré

selon les techniques décrites dans les travaux de Morasse [31], les courbes de section

efficace d’absorption et d’émission pour une fibre aluminosilicate dopée Yb. Les fibres

aluminosilicates dopées à l’Yb sont donc généralement pompées à 915 et 975 nm.

Figure 2.5: Section efficace d’absorption et d’émission d’une fibre aluminosilicate dopée

Yb.

Phosphore (P): Les préformes sont fortement dopées au phosphore pour obtenir des

fibres dopées Yb3+ résistantes au photonoircissement [13, 30]. La forte concentration de

phosphore modifie considérablement les propriétés mécaniques du verre [15]. De plus,

les sections efficaces d’absorption de l’Yb deviennent plus uniformes entre 915 et 960

0,0E+00

5,0E-25

1,0E-24

1,5E-24

2,0E-24

2,5E-24

3,0E-24

800 850 900 950 1000 1050 1100 1150 1200

Longueur d'onde (nm)

Sect

ion

effic

ace

(m^2

)

Absorption

Emission

Page 25: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

13

nm comme le montre la figure 2.6. Le pompage à 960 nm est possible et cela diminue

considérable le défaut quantique pour l’émission à 1.08 µm. La forte concentration de

phosphore entraîne aussi des fibres à pertes intrinsèques généralement plus élevées [32].

Le phosphore a une forte tendance à s’évaporer lors de la fermeture de la préforme par la

méthode modifiée de déposition de vapeur chimique (MCVD). Cela peut engendrer une

dépression centrale de l’indice de réfraction qui est difficilement compensée sans

détériorer les autres paramètres.

Figure 2.6: Section efficace d’absorption et d’émission d’une fibre phosphosilicate dopée

Yb.

Fluor (F): Le dopage au fluor est utilisé pour abaisser l’indice de réfraction du verre

[33]. Pour la fabrication de fibre à double gaine tout verre, la gaine de verre est dopée au

fluor pour abaisser considérablement son indice de réfraction et permettre le guidage de

la pompe. Les préformes seront dopées au F conjointement avec le Ge pour obtenir des

fibres photosensibles à faible ouverture numérique. Cependant, le fluor diffuse très

facilement dans la matrice de verre [34]. Cela a comme conséquence d’augmenter l’ON

0,0E+00

2,0E-25

4,0E-25

6,0E-25

8,0E-25

1,0E-24

1,2E-24

1,4E-24

1,6E-24

850 900 950 1000 1050 1100

Longueur d'onde (nm)

Sect

ion

effic

ace

(m^2

)

Absorption

Emission

Page 26: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

14

de la fibre au niveau d’une épissure. Les pertes d’épissure peuvent donc être plus

importantes que prévu lorsqu’une fibre dopée au fluor est fusionnée à une fibre non

dopée au fluor, sauf dans le cas où cela améliore la compatibilité des champs modaux.

Bore (B) : Le bore est utilisé le plus souvent comme codopant afin d’augmenter la

photosensibilité des fibres dopées au germanium pour l’inscription de réseaux de Bragg

[35]. La concentration plus faible de germanium pour la même sensibilité permet

d’obtenir des fibres à faible ON sans l’ajout de fluor.

Cérium (Ce) : Le cérium est un élément reconnu comme antinoircissant dans l’industrie

du verre [15]. Il permettrait d’obtenir des fibres dopées à l'ytterbium avec une certaine

résistance à la photodégradation. Le cérium augmente l’indice de réfraction. Cependant,

la concentration de cérium est de l’ordre de celle d'ytterbium et la matrice aluminosilicate

dopée au cérium conserve toutes ses propriétés mécaniques. Le cérium n’offre pas une

contribution importante aux pertes de fonds intrinsèques.

2.1.5 Opération monomode des fibres multimodes.

Pour augmenter la puissance de sortie des LFHPs, il est intéressant d’augmenter le

diamètre de la gaine pour augmenter la puissance pompe. Cependant, l’absorption de la

pompe diminue rapidement, tel que présenté à la section 2.1.2. Il faut donc pouvoir

augmenter le diamètre du cœur. Cependant, les cœurs strictement monomodes deviennent

difficiles à obtenir lorsque le diamètre augmente. Selon l’éq. (2.2), il suffirait de diminuer

l’ouverture numérique pour obtenir un nombre V plus petit que 2.405 à la longueur

d’émission. En pratique, les fibres à très faible ouverture numérique (< 0.05) deviennent

inutilisables, car les pertes par courbure deviennent excessives. Ainsi, les fibres

deviennent rapidement multimodes lorsqu’on cherche des puissances élevés. L’opération

monomode des fibres multimodes est possible selon quelques techniques connues,

notamment le filtrage modal par perte de courbure et la sélection modale par injection.

Page 27: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

15

Filtrage par perte de courbure :

Les fibres optiques à faible ouverture numérique (0.06 à 0.08) sont sujettes aux pertes

induites par courbure. Un filtrage modal est possible, car les modes d’ordre supérieur

subissent davantage de pertes de courbure que le mode fondamental [36]. Les fibres de

gros cœur et faible ouverture numérique sont appelées les fibres à grand champ modal

« LMA ». Les fibres à grand champ modal possédant un nombre V jusqu’à 7 peuvent être

opérées monomodes en enroulant la fibre de gain, pourvu que le rayon de courbure

nécessaire soit raisonnable (> 5cm) et que l’ouverture numérique soit suffisamment

faible. Une courbure trop forte peut engendrer des problèmes mécaniques à long terme.

Cette méthode de filtrage est largement utilisée, mais ne semble pas aboutir à des

produits commerciaux intéressants, notamment parce qu’il n’existe pas de réelle solution

à la photodégradation pour les fibres à faible ouverture numérique. Néanmoins, la

majorité des cavités laser fabriquées au cours de ce travail a été réalisée avec des fibres à

grand champ modal.

Sélection modale par injection

Depuis un certain temps, il est connu qu’une excitation monomode d’une fibre

multimode permet d’obtenir de l’amplification et un faisceau de sortie où la qualité est

limitée par la diffraction [37]. Il s’agit d’injecter un signal qui a un recouvrement parfait

avec le mode fondamental de la fibre multimode. La fibre doit être résistante aux

microcourbures pour éviter l’échange d’énergie entre les modes, ce qui détériorerait la

qualité du faisceau. Très récemment, Morasse et al. [38] ont proposé une méthode simple

pour obtenir des lasers CW de puissance utilisant des fibres multimodes à ON élevée.

Elle consiste à utiliser des fibres passives strictement monomodes dans la cavité et de

sélectionner l’ON et le diamètre de cœur pour que le diamètre de champ modal soit

compatible avec celui de la fibre de gain. Leur configuration utilise des réseaux de Bragg

inscrits dans des fibres monomodes d’ouverture numérique et de diamètre de cœurs plus

petits que ceux de la fibre de gain. Les pertes aux épissures pour le mode fondamental

sont néanmoins faibles car les diamètres des champs modaux étant similaires. Cette

Page 28: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

16

méthode permet donc l’utilisation de fibres de gain ayant une ouverture numérique

jusqu’à 0.2. Les fibres qui ont montré une forte résistance à la photodégradation ont

généralement des ouvertures numériques élevées. Ainsi, des lasers à fibre de haute

puissance monomodes et résistants à la dégradation peuvent être conçus selon cette

méthode. Cependant, aucun système utilisant cette méthode n’a été fabriqué au cours de

ce travail.

2.1.6 La photodégradation du milieu de gain

L’observation de la photodégradation a lieu principalement lors de l’opération continue

des systèmes laser. De fait, les fibres dopées ytterbium, qui sont sensibles à cette

dégradation, permettent l’observation de la dégradation après quelques heures

d’opération continue. Par exemple, la figure 2.7 montre une fibre aluminosilicate dopée

ytterbium utilisée en amplificateur pendant 4 heures en continu. La dégradation dans ce

cas particulier est de plus de 1% à l’heure. Cela est catastrophique comparativement aux

spécifications de 10% aux dix mille heures généralement requises pour les applications.

Figure 2.7: Puissance de sortie en fonction du temps d’une fibre aluminosilicate dopée

ytterbium utilisée en amplificateur. La source laser produit un signal avec une puissance

de 15 W.

y = -0,50x + 54,46

52

52,5

53

53,5

54

54,5

55

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4

Temps (heures)

Puis

sanc

e de

sor

tie (W

)

Page 29: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

17

La photodégradation a cependant une signature spectrale très particulière sur la

transmission optique. Les pertes de transmission causées par le photonoircissement sont

des dizaines de fois plus importantes dans le visible. Ainsi, une dégradation de 1% sur la

transmission du signal dans le proche infrarouge correspond à une transmission

pratiquement nulle dans le visible. Pour faire ce type de mesure, une source blanche est

injectée dans la fibre de test et la puissance en fonction de la longueur d’onde est mesurée

par un analyseur de spectre optique (OSA). Une courbe de référence est d’abord réalisée

avant d’engendrer du photonoircissement à l’échantillon de fibre. Ensuite, la mesure est

reprise après cette opération. Cette mesure a été effectuée sur l’échantillon de la fibre

dégradée de la figure 2.7. Les résultats, portés à la figure 2.8, montrent le noircissement

prononcé de la fibre dans le visible.

Figure 2.8: Courbe de transmission spectrale avant et après une opération laser continue

d’une fibre aluminosilicate dopée Yb ayant engendré de la photodégradation.

-80

-75

-70

-65

-60

-55500 700 900 1100 1300 1500 1700

Longueur d'onde (nm)

Am

plitu

de (d

Bm

)

Avant photo-degradationAprès photo-degradation

—Avant photodégradation —Après photodégradation

Page 30: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

18

Il est plutôt simple de quantifier la photodégradation dans le cas de fibres qui y sont

fortement sensibles. Cependant, la mesure de dégradation de fibres plus résistantes peut

être difficile à réaliser. De fait, dans un système laser, il n’y a pas que le milieu de gain

qui dégrade en fonction du temps. Les diodes laser subissent aussi une dégradation de

leur puissance de sortie en fonction du temps. De plus, les conditions expérimentales

changent énormément entre deux systèmes laser et cela rend difficile la comparaison des

fibres de gain. Des mesures de photodégradation des fibres dopées basées sur la signature

spectrale dans le visible ont été proposées [16]. Le but de ces bancs d’essai est de

contrôler le niveau d’inversion et de déceler avec plus de précision la photodégradation

pour réduire le temps de test. Cependant, cela considère uniquement la dégradation liée

au niveau d’inversion. Il y a toujours la possibilité que la dégradation soit aussi causée en

partie par le niveau de signal.

2.2 Composantes optiques

2.2.1 Diodes laser à semi-conducteur de puissance

Les diodes laser de puissance sont utilisées pour pomper les fibres à double gaine dopées.

Par leur coût, elles sont des composants très limitatifs pour la conception de systèmes

laser de haute puissance. La puissance maximale pouvant être injectée dans les systèmes

laser dépend directement de l’intensité du faisceau de sortie des diodes laser.

Typiquement, l' ouverture numérique du faisceau de sortie des diodes laser varie entre

0.12 et 0.22. Ces diodes fortement multimodes peuvent être couplées à une fibre de 100

µm à 200 µm de cœur. Il existe des diodes émettrices simples fibrées, généralement avec

des puissances pouvant aller de 7 W à 20 W pour une ouverture numérique de 0.12 à

0.15, offrant un bon rapport d’intensité sur le coût. Cependant, celles-ci n’intègrent

généralement pas de filtre dichroïque et sont donc sensibles aux instabilités laser et aux

retours de puissance sur la surface émettrice. Ces diodes émettrices peuvent être intégrées

dans un système optique dans le but d’en combiner les faisceaux et ainsi obtenir un

système de diodes puissant. Cela se fait au détriment de l’efficacité électrique et du coût,

mais l’intensité du faisceau de sortie se trouve augmentée et des protections (filtres

dichroïques, isolateur, etc.) peuvent y être insérées. Ces mêmes systèmes d’intégration

Page 31: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

19

peuvent utiliser des barres de diodes laser. Ces systèmes de diodes produisent

typiquement entre 30 W et 100 W à des ouvertures numériques de 0.22 dans des fibres

multimodes avec des cœurs de 100 µm à 200 µm. Le coût de ces pompes est intimement

lié à l’intensité de sortie.

2.2.2 Coupleur optique multimode

Les diodes lasers à semi-conducteurs couplées dans de la fibre optique peuvent être

combinées en un seul faisceau vers une fibre à double gaine à l’aide d’un coupleur de

pompes multimode. Les coupleurs optiques assemblés par fusion sont capables de

supporter plus de 1 kilowatt de puissance pompe [39]. Ces composantes multimodes sont

donc nécessaires pour des systèmes laser de haute puissance tout fibre.

Figure 2.9: Schéma d’un coupleur multimode assemblé par fusion et distribution spatiale

des branches.

Le principe de fonctionnement des coupleurs multimodes repose sur la conservation de

l’intensité. Le rapport d’intensité BR est une fonction du diamètre d’entrée 𝐷entrés et de

sortie 𝐷sortie des fibres, de leurs ouvertures numériques respectives ONentrée , ONsortie et

du nombre de fibres d’entrée n [39] :

BR ≈ 𝐷sortie2 ONsortie

2

𝑛𝐷entrée2 ONentrée

2 (2.8)

3x1 7x1 19x1

Fusion des fibres de pompes Ancrage Épissure Revêtement double gaine

Page 32: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

20

La conservation de l’intensité sera respectée pour BR≥1. Dans le cas contraire, le

coupleur aura des pertes importantes. En d’autres mots, il est impossible d’augmenter la

qualité d’un faisceau optique à l’aide de ce composant sans engendrer des pertes. En plus

de devoir respecter la conservation d’intensité, le nombre de fibres pouvant être

combinées est dicté par un arrangement spatial des fibres d’entrées. La figure 2.9 montre

également l’agencement spatial des fibres dans un coupleur. Typiquement, ces

combinateurs ont 3, 7, 13, 19, ou 31 fibres fusionnées ensemble. Finalement, la

distribution spatiale des cônes d’émission de la lumière pompe dans le guide d’onde

fortement multimode, parfois appelé facteur de remplissage (« filling factor »), est un

paramètre influant sur les pertes de pompe dans les coupleurs et les épissures. Le pire

scénario survient lorsque chaque élément spatial du guide d’onde émet une intensité

radiale uniforme qui recouvre complètement le cône d’acceptante du guide d’onde. Cela

correspond à un remplissage complet du guide d’onde. Les branches d’entrée présentant

ce scénario produiront des pertes supérieures dans le coupleur diminuant ainsi l’efficacité

globale du système laser.

2.2.3 Extracteur de modes de gaine

Un extracteur de modes de gaine (CMS « cladding mode stripper »), est utilisé pour

éliminer les modes se propageant dans la première gaine d’une fibre à double gaine. Le

principe consiste à éliminer le guidage optique en remplacent la deuxième gaine par un

milieu à haut indice de réfraction. La figure 2.10 montre la représentation sommaire de ce

concept. Le tracé des rayons indique que seuls les rayons à très faible ouverture

numérique seront encore présents dans la gaine après une propagation sur une distance 𝐿.

Des travaux expérimentaux par A.Wetter [40] démontrent cependant que ce type de CMS

simpliste extrait plus difficilement les rayons à faible divergence (ON < 0,05). Ces

résultats sont en accord avec nos observations sur les extracteurs de modes de gaine.

Page 33: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

21

Figure 2.10: Représentation d’un CMS et propagation des rayons. Pour un CMS sur une

fibre à double gaine, les indices de réfraction vont comme suit : 𝑛2 < 𝑛1 < 𝑛3.

L’angle de divergence maximal du faisceau 𝜃𝑚𝑎𝑥 est généralement donné par l’ouverture

numérique (ON) de la gaine :

𝜃𝑚𝑎𝑥 = si𝑛−1(ON) (2.9)

L’angle maximal 𝜃𝐿 des rayons pouvant être injectés dans la gaine après une propagation

sur un distance 𝐿 est donné par :

𝜃𝐿 = atan 𝑑1𝐿

(2.10)

Dans l’hypothèse d’une distribution remplissant complètement la gaine, ce qui est le cas

de l’injection par lampe blanche de ce montage, la proportion d’énergie contenue dans un

cône de divergence 𝜃 est approximativement 𝜃/𝜃𝑚𝑎𝑥. Ainsi, l’atténuation 𝑎𝑡𝑡𝐶𝑀𝑆 d’un

CMS parfaitement droit est donc :

𝑎𝑡𝑡𝐶𝑀𝑆 = log 𝜃𝐿𝜃𝑚𝑎𝑥

(2.11)

Pour valider le modèle simple des tracés des rayons, une expérience a été réalisée. Elle

consiste à injecter un faisceau, à l’aide d’une lampe blanche, dans une fibre de 400 µm de

diamètre de gaine avec une ON maximale de 0.45 et de mesurer la différence de

puissance de sortie en fonction des paramètres du CMS.

𝐿

𝜃𝑚𝑎𝑥

𝜃𝐿 𝑛1 𝑛2 𝑛3

𝑑1

Absorbant metallique

Page 34: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

22

Figure 2.11: Montage de mesure d’atténuation d’un CMS

La figure 2.12 présente les résultats, pour un rayon R infini, de l’atténuation approximée

par tracé des rayons et de l’atténuation mesurée expérimentalement.

Figure 2.12: Atténuation des modes de gaine simulée et mesurée d’un CMS droit en

fonction de sa longueur.

Pour un rayon de courbure infini, le tracé de rayon prédit l’atténuation du CMS. Les

premières conclusions sont donc que le guidage optique de la gaine, dans le CMS, est

complètement détruit et que l’énergie résiduelle s’explique par la simple propagation

libre de faisceaux faiblement divergents. Ainsi, ce type de CMS sera vraisemblablement

insuffisant dans une application laser, car l’ouverture numérique du signal à extraire de la

0

5

10

15

20

25

0 2 4 6 8 10 12

Longueur du CMS (cm)

Atté

nuat

ion

(dB)

MesuresTracé des rayons

Source de lumière blanche

Détecteur à sphère intégrante

𝐿

𝑅

CMS

𝑃𝑒𝑛𝑡𝑟é𝑒

𝑃𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒

Plusieurs boucles <4 cm de diamètre pour éliminer le guidage du cœur.

Page 35: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

23

gaine est environ égale à l’ouverture numérique du cœur de la fibre. Cette énergie à faible

ouverture numérique provient des pertes d’épissures et des fuites par courbure du signal

se propageant dans le cœur de la fibre. Selon le tracé des rayons, dans une application

laser, l’atténuation d’un CMS de 5 cm aura une atténuation d’environ 8 dB sur le signal

se propageant dans la gaine comparativement au 17 dB d’atténuation de la pompe à

ouverture numérique élevée. Si le CMS est suffisamment courbé, tel qu’illustré à la

figure 2.13, le tracé des rayons montre que tous les rayons devraient être absorbés par le

milieu absorbant.

Figure 2.13: Tracé des rayons dans un CMS courbé de rayon 𝑅.

L’expérience de la figure 2.11 a donc été répétée pour différentes courbures et les

résultats sont présentés à la figure 2.14.

𝑅

Faisceau de lumère Absorbant à indice de refraction élevé Première gaine de la fibre

Coeur de la fibre

Deuxième gaine de la fibre

Page 36: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

24

Figure 2.14: Résultats expérimentaux de l’atténuation des modes de gaine d’un CMS en

fonction de la courbure et de la longueur.

Comme le prédit le tracé de rayon, plus le CMS est long, plus l’atténuation est sensible à

la courbure. Ainsi, il est intéressant d’utiliser un CMS d’au moins 5 cm de long pour que

le rayon soit suffisamment grand. Une courbure trop serrée va engendrer des pertes sur le

signal se propageant dans le cœur de la fibre.

2.2.4 Réseaux de Bragg

Les réseaux de Bragg dans des fibres optiques ont été proposés et utilisés comme miroirs

pour une cavité à l’état solide pour la première fois par Hill [41]. Un réseau de Bragg est

produit par l’inscription périodique d’un faible changement d’indice dans le cœur d’une

fibre optique. Les FBGs sont des composantes clés pour les systèmes laser fibrés. Ils sont

généralement inscrits à l’aide d’un laser ultraviolet (UV) dans des fibres photosensibles

dopées au germanium. L’utilisation d’un masque de phase permet d’écrire des réseaux de

Bragg chirpés, mais d’autres méthodes existent, notamment l’inscription point par point

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

0 5 10 15 20 25 30 35

Courbure 1/R (m-1)

Atté

nuat

ion

(dB

)L=1cmL=2cmL=5cmL=10cm

Page 37: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

25

pour des réseaux à long pas. Pour des lasers à fibre continus, les principaux paramètres

des réseaux de Bragg à considérer sont la réflectivité R, la longueur d’onde centrale 𝜆 et

la largeur spectrale σ. Dans une cavité laser à fibre continue de haute puissance, la

présence d’un fort réflecteur (HR) (>30 dB) et d’un faible réflecteur (LR) (5-20%) est

nécessaire. Les largeurs spectrales à mi-hauteur des réseaux de Bragg sont typiquement

comprises entre 0,5 nm à 5 nm et les pertes sur la transmission du signal sont faibles

(<0,03 dB). Cependant, le polymère de la fibre optique possède une faible transmission

dans l’UV. Le revêtement de la fibre doit donc être retiré de la zone d’écriture avant de

faire l’inscription. Pour les systèmes laser de puissance, les réseaux de Bragg sont écrits

dans une fibre à double gaine et le nouveau revêtement doit donc être d’une bonne qualité

pour éviter l’échauffement. L’inscription de réseau de Bragg par laser à impulsions ultra-

brèves [42] a un intérêt particulier, car l’inscription peut se faire à une longueur d’onde

transmise par le revêtement. De plus, cette méthode permet d’inscrire directement les

réseaux de Bragg dans la fibre de gain et obtenir une cavité laser sans épissure.

2.2.5 Élargisseur de faisceau

Un élargisseur de faisceau permet d’élargir le diamètre du faisceau à la sortie de la fibre.

Cela permet de diminuer l’intensité à la surface d’émission et de réduire

considérablement le signal couplé dans le cœur après une réflexion à l’interface. Il est

fabriqué en faisant une clive droite à une très courte distance (≈ 1 𝑚𝑚) après une

épissure entre la fibre de sortie et une fibre sans cœur. Un tracé de rayon simple, montré à

la figure 2.3, permet de faire la conception d’un élargisseur de faisceau.

Page 38: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

26

Figure 2.15: Schéma de conception d’élargisseur de faisceau.

Le diamètre du faisceau de sortie 𝑑𝑓, valide pour 𝑑𝑓 ≤ 𝑑𝑒, est fonction de la

divergence 𝜃𝑒 ≡ 𝑂𝑁, du diamètre de faisceau initial 𝑑0 et de la longueur de propagation

𝐿𝑒 selon:

𝑑𝑓 = 2 �𝐿𝑒+ 2tan 𝜃𝑒𝑑0

� tan 𝜃𝑒 (2.12)

Différentes conceptions et dispositions permettent d’obtenir des élargisseurs de faisceau

de puissance avec extracteur de modes de gaine intégré et une grande isolation cœur-

cœur et cœur-gaine [43]. Ceux-ci permettent donc une meilleure isolation contre la

lumière parasite provenant des réflexions en milieu industriel.

2.2.6 Câble de sortie

Dans les systèmes laser fiables, la fibre de sortie est généralement protégée dans un

cordon métallique. La cavité étant protégée dans un emboîtement, ce câble permet de

transporter le faisceau laser de sortie et d’offrir une grande flexibilité par rapport à un

faisceau se propageant dans l’air. Le faisceau de sortie est collimé par un système optique

de lentilles. Ceux-ci doivent avoir des couches antireflets pour éviter les pertes par

réflexion de Fresnel. Un élargisseur de faisceau est soudé au bout de la fibre et celui-ci

𝑑0 𝑑𝑒

𝐿𝑒

𝜃𝑒 𝑑𝑓

Page 39: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

27

est refroidi par contact, car les réflexions de Fresnel à la sortie de la fibre génèrent un flux

thermique important. Il est aussi possible de déposer une couche antireflet au bout de

l’élargisseur de faisceau pour minimiser les pertes par réflexions de Fresnel. La qualité

optique du câble de sortie doit être excellente pour conserver une qualité de faisceau

limitée par la diffraction. Dans un milieu industriel, ce câble sera soumis à des flexions.

Une fibre de sortie avec une ON trop faible (<0,06) peut engendrer des problèmes de

stabilité du faisceau lorsque le câble est manipulé.

2.3 Conception et simulation numérique

2.3.1 Simulations numériques

La théorie des lasers à fibre est bien décrite dans la littérature. Des modèles numériques

permettent de simuler les valeurs d’efficacité laser, d’inversion de population ou de

distribution de l’énergie en fonction des paramètres des fibres optiques et des pompes

[31]. Ces modèles ont été validés expérimentalement pour des lasers monomodes pulsés

et continus. Ces modèles numériques sont utilisés ici pour déterminer les comportements

des lasers à fibre continus et leur impact sur la conception. Les paramètres de simulation

utilisés sont présentés au tableau A.1.

Longueur optimale intracavité

Un des paramètres importants obtenus par simulation est la longueur de fibre active 𝐿𝑜𝑝𝑡

qui maximise la puissance du signal à la sortie . Il est utile de connaître cette longueur

avant d’entreprendre le montage d’un système laser. La longueur optimale 𝐿𝑜𝑝𝑡 dépend

fortement des pertes intrinsèques 𝑃𝐹 et du taux d’absorption de la pompe 𝛼. Elle dépend

aussi du schéma de pompage (co-propagation, contre-propagation ou bidirectionnel). La

réflectivité 𝑅2 du réflecteur LR affecte à une moindre mesure 𝐿𝑜𝑝𝑡 proportionnellement

au niveau des pertes de fond. Les autres paramètres de simulation ont une influence

marginale. La présence d’une longueur optimale provient de l’équilibre entre les pertes

engendrées par les pertes intrinsèques et le signal généré. L’ajout d’un élément 𝑑𝑙 peut

Page 40: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

28

causer davantage de pertes sur le signal, se propageant à travers celui-ci, que le signal

qu’il peut générer en absorbant la pompe. La figure 2.16 montre une courbe typique de la

puissance de sortie en fonction de la longueur de la fibre active. Sachant que le sommet

de cette courbe a une faible pente, une longueur supérieure à 𝐿𝑜𝑝𝑡 permet de diminuer la

pompe résiduelle n'affectant que légèrement l’efficacité du système. La valeur de

longueur optimale est une longueur minimale car, si elle est inférieure, l’efficacité sera

faiblement modifiée mais la pompe résiduelle sera importante.

Figure 2.16: Courbe typique de la puissance de sortie en fonction de la longueur de la

fibre active.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

0 10 20 30 40 50 60

Longueur de la fibre active (m)

Puis

sanc

e de

sor

tie (W

)

Page 41: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

29

Les longueurs optimales ont été simulées pour plusieurs valeurs d’absorption 𝛼 (𝑑𝐵/𝑚) ,

de perte de fonds 𝑃𝐹 (𝑑𝐵/𝐾𝑚) et de réflectivité 𝑅2 du réflecteur LR. Les résultats de

simulation ont été corrélés de façon à obtenir 𝐿𝑜𝑝𝑡 (m) sans avoir recours à nouveau au

simulateur numérique :

𝑳𝒐𝒑𝒕 = [(A ∙ 𝑹𝟐 + B) ∙ Ln(𝑷𝑭) + (C ∙ 𝑹𝟐 + D)] ∙ 𝜶(E∙Ln(𝑷𝑭)+F) (2.13)

Les constantes pour le pompage colinéaire sont données au tableau 2.1.

Constante Pompage en co-propagation

A 8,776x10-3

B -3,285

C -9,576x10-2

D 25,28

E 5,202x10-2

F -9,163x10-1

Tableau 2.1: Constantes de corrélation pour le calcul de la longueur optimale de fibre

active dans une cavité laser.

𝐿𝑜𝑝𝑡 diminue avec l’augmentation de 𝛼, des pertes de fonds 𝑃𝐹 et l’augmentation de la

réflectivité du LR 𝑅2. Généralement, après 15 dB d’atténuation de la pompe, il ne reste

pas assez de puissance pompe pour compenser les pertes sur le signal. Quant à

l’augmentation de 𝑅2, cela fait accroître le parcours moyen intracavité et donc les pertes

totales sur le signal.

Distribution d’énergie

La distribution intracavité de la pompe et du signal a un impact sur l’importance des

pertes d’épissures et sur l’efficacité laser. La distribution dépend fortement de 𝑅2, du

Page 42: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

30

défaut quantique, de 𝑃𝐹 et de 𝛼. Les figures 2.17 et 2.18 montrent la distribution du

signal et de la pompe en fonction de la réflectivité du LR pour les deux directions de

pompage. Le symbole (+) signifie que le signal ou la pompe se propage vers la sortie

alors que c’est l’inverse pour le (-). L’augmentation de la réflectivité du LR 𝑅2 provoque

les effets suivants :

- Augmentation de l’énergie emmagasinée dans la cavité laser.

- Les pertes d’épissure agissent sur une puissance de signal supérieure.

- Augmentation de la proportion de signal à la position 0 par rapport à la sortie.

- Augmentation du parcours moyen intracavité des photons. L’efficacité diminuera

avec l’augmentation des pertes intrinsèques de la fibre.

- La proportion du signal rétroréfléchi augmente et la cavité devient plus résistante

aux instabilités extérieures. Il est possible que cela augmente la sélection modale

dans certaines configurations.

La figure 2.18 montre pourquoi le pompage en contre-propagation est avantageux sur le

plan de l'efficacité. Le signal est généré plus près de la sortie et subira les pertes

intrinsèques de la fibre de gain sur une distance plus courte. Cependant, le pompage en

contre-propagation entraîne des complications sur l’isolation des diodes pompes. Cela

sera discuté à la section 2.3.3.

Page 43: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

31

Figure 2.17: Distribution de la puissance à l’intérieur de la cavité laser en fonction de la

réflectivité 𝑅2 du réflecteur LR pour un pompage en c-opropagation.

Figure 2.18: Distribution de la puissance à l’intérieur de la cavité en fonction de la

réflectivité du LR 𝑅2 pour un pompage en contre-propagation.

0

20

40

60

80

100

120

0 5 10 15 20 25 30 Position dans la fibre active (m)

Puis

sanc

e de

sig

nal (

W)

Signal (+) (W) R2=30% Signal (-) (W) R2=30% Pompe (-) (W) Signal (+) (W) R2=10% Signal (-) (W) R2=10%

0

20

40

60

80

100

120

0 5 10 15 20 25 30 Position dans la fibre active (m)

Puis

sanc

e de

sig

nal (

W)

Signal (+) (W) R2=30% Signal (-) (W) R2=30% Pompe (+) (W) Signal (+) (W) R2=10% Signal (-) (W) R2=10%

Page 44: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

32

L’inversion de population d’un élément 𝑑𝑙 dépend de son niveau de pompage par rapport

au signal le traversant. Au point d’injection de pompe dans la cavité, le rapport de la

puissance pompe par rapport au signal est plus élevé en co-propagation qu’en contre-

propagation. Les inversions maximale et moyenne de la cavité sont donc plus élevées

pour un pompage colinéaire. Par conséquent, cela peut avoir des effets sur la

photodégradation.

Figure 2.19: Inversion de population à l’intérieur de la cavité en fonction de la réflectivité

𝑅2 du réflecteur LR pour un pompage en co-propagation et en contre-propagation.

0,8%

0,9%

1,0%

1,1%

1,2%

1,3%

1,4%

0 5 10 15 20 25 30

Longueur (m)

Inve

rsio

n de

pop

ulat

ion

CopropagationR2=30% CopropagationR2=10% Contre propagationR2=10% Contre propagationR2=30%

Page 45: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

33

Efficacité des cavités laser

L’efficacité d’un système laser est définie par la pente de la courbe de puissance de sortie

laser en fonction de la puissance de pompage. Cette efficacité varie principalement en

fonction de α, de PF, du défaut quantique et à une moindre mesure de R2. La figure 2.20

affiche l’efficacité maximale pouvant être extraite avec la longueur de cavité optimale

selon les paramètres α et PF de la fibre active pour un réflecteur LR d’une

réflectivité R2 = 10%. Cette figure est spécifique au pompage colinéaire à 915 nm pour

une émission laser à 1080 nm. La première conclusion démontre que même pour une PF

faible, 𝛼 devrait être supérieure à 0.7 dB/m pour maximiser l’efficacité. D’un autre côté,

l’absorption maximum est généralement limitée par les effets thermiques, la

concentration maximale d’Yb lors de la fabrication de la préforme et le ratio cœur/gaine

de la fibre. L’augmentation de la réflectivité du LR va pénaliser les fibres à PF élevée

comme le montre la figure 2.21. Pour cette figure, la réflectivité 𝑅2 est de 30%.

Figure 2.20: Efficacité laser à 1080 nm d’une cavité de longueur optimale (𝐿𝑜𝑝𝑡) en

fonction de l’absorption de la pompe 𝛼 à 915 nm et des pertes de fonds 𝑃𝐹 de la fibre

dopée Yb pour une réflectivité 𝑅2 = 10%. La configuration de pompage est colinéaire.

24

1020

3040

5060

80100

120140

160180

200 dB/km

40

45

50

55

60

65

70

75

80

85

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5

Absorption α (dB/m)

Effic

acité

lase

r (%

)

Page 46: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

34

Figure 2.21: Efficacité laser à 1080 nm d’une cavité de longueur optimale (𝐿𝑜𝑝𝑡) en

fonction de l’absorption de la pompe 𝛼 à 915 nm et des pertes de fonds 𝑃𝐹 de la fibre

dopée Yb pour une réflectivité 𝑅2 = 30%. La configuration de pompage est colinéaire.

24

10

2030

4050

6080

100120

140160

180200 dB/km

40

45

50

55

60

65

70

75

80

85

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5

Absorption α (dB/m)

Effic

acité

lase

r (%

)

Page 47: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

35

2.3.2 Les configurations de pompage des cavités laser

HR LRCP n→1 AC

FA

a) Schéma de pompage en propagation colinéaire.

HR LR

FA

CP n+1→1 AC

b) Schéma de pompage en propagation colinéaire avec CP intracavité.

HR LR

FA

CP n+1→1 AC

c) Schéma de pompage en contre-propagation

HR LR

FA

CP n+1→1 AC

d) Schéma de pompage en contre-propagation avec CP intracavité

HR LR

FA

CP n+1→1 ACCP n→1

e) Schéma de pompage en co et en contre-propagation avec 2e CP intracavité

Figure 2.22: Différentes configurations de pompage de cavités laser en format tout fibre.

La configuration a) de la figure 2.22 représente le schéma de pompage typique en co-

propagation. Elle permet l’utilisation d’un combinateur de pompe (CP) avec le maximum

Page 48: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

36

de branches de pompe possible. Cette configuration maximise la puissance de sortie

comparativement à la configuration b). Celle-ci utilise une branche de pompe en moins et

insère des pertes de signal intracavité au profit de deux épissures en moins qui

contribuent aux pertes sur la pompe. Généralement, la configuration a) sera supérieure en

puissance de sortie et en efficacité que la configuration b). La configuration c) constitue

le schéma de pompage typique en contre-propagation. Cependant, la configuration d)

illustre une modification avantageuse diminuant les pertes sur la pompe tout en n'ajoutant

que peu de pertes sur le signal, dépendamment du niveau de réflectivité du LR. De plus,

cette configuration, par rapport à c), réduit la quantité d’énergie renvoyée aux pompes.

Finalement, la configuration e) présente le schéma de pompage bidirectionnel qui

maximise la puissance de sortie et l’efficacité.

2.3.3 Isolation des combinateurs en contre-propagation

Le pompage en contre-propagation permet d’augmenter l’efficacité du système et la

puissance de sortie dans le cas d’un pompage bidirectionnel. Cependant, tous les modes

de gaine qui se propagent vers un combinateur en contre-propagation seront couplés dans

ces branche de pompe. Cette énergie ne peut pas être extraite de la gaine avec un CMS

car le faisceau utile y est présent. De plus, la branche signal du combinateur engendre des

pertes sur le signal qui sera aussi couplé vers les branches de pompe. Cette section

montre, à titre comparatif, la charge optique que doivent supporter les combinateurs en

contre-propagation. La configuration étudiée est illustrée à la figure 2.23.

HR LR

AF αpompe≈15dB

CP B: n+1→1 ACCP A: n→11 2 3 4 5

PsortieP→CP A P→CP B

Figure 2.23: Schéma d’analyse pour l’isolation des combinateurs

Page 49: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

37

Le signal (+) et le signal (-) traversant les épissures 2 et 3 peuvent être déduits des

distributions d’énergie intracavité de la section 2.3.1. Par simplicité, on suppose que les

combinateurs de pompes injectent une puissance égale 𝑃𝐶𝑃 𝐴 = 𝑃𝐶𝑃 𝐵 = 𝑃𝑝𝑜𝑚𝑝𝑒. Les

niveaux de signal aux épissures seront donc déduits directement des figures 2.17 et 2.18.

L’épissure #2 correspond à la position 0 sur l’axe des abscisses des figures de distribution

alors que l’épissure #3 correspond à la fin. La distribution d’énergie en pompage

bidirectionnel peut être approximée par la somme de celles du pompage en co-

propagation et en contre-propagation. La puissance de sortie 𝑃𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 est donnée par la

différence entre le signal (+) et le signal (-) à l’épissure #3.

𝑷𝒔𝒐𝒓𝒕𝒊𝒆 = 𝑷𝒔𝒊𝒈𝒏𝒂𝒍(+)#𝟑− 𝑷𝒔𝒊𝒈𝒏𝒂𝒍(−)#𝟑 (2.14)

Avec les paramètres de simulations de la section 2.3.1, les proportions de signal ρsignal, par rapport à 𝑃𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 , et de pompe 𝜌𝑝𝑜𝑚𝑝𝑒, par rapport à 𝑃𝑝𝑜𝑚𝑝𝑒 aux épissures sont données au tableau 2.2.

Signal(+) Signal(-) Pompe(+) Pompe(-)

Épissure / 𝑅2 10% 30% 10% 30%

#1 0% 0% 0% 0% 100% 3,2%

#2 35% 78% 35% 78% 100% 3,2%

#3 111% 143% 11% 43% 3,2% 100%

#4 111% 143% 11% 43% 0% 0%

#5 100% 100% 100% 100% 0% 0%

Tableau 2.2: Proportions de signal et de puissance pompe aux épissures en fonction du

niveau de réflectivité du réflecteur LR. Les paramètres de simulations sont les mêmes que

ceux de la section 2.3.1.

La puissance pompe 𝑃𝑝𝑜𝑚𝑝𝑒 de chacun des deux combinateurs est reliée à la puissance de

sortie 𝑃𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 par l’efficacité optique du système 𝜂 :

Page 50: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

38

𝑷𝒑𝒐𝒎𝒑𝒆 = 𝑷𝒔𝒐𝒓𝒕𝒊𝒆𝟐𝜼 (2.15)

Les puissances retournées aux combinateurs, 𝑃 → 𝐶𝑃𝐴 et 𝑃 → 𝐶𝑃𝐵, sont donc obtenues à

partir des proportions de puissance, 𝜌𝑠𝑖𝑔𝑛𝑎𝑙 et 𝜌𝑝𝑜𝑚𝑝𝑒, des pertes sur le signal des

épissures et des combinateurs, 𝑝𝑒𝑝𝑖 et 𝑝𝐶𝑃, de l’efficacité du système 𝜂 et la puissance de

sortie 𝑃𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 :

𝑷→𝑪𝑷 𝑨 = �𝒑𝒆𝒑𝒊 ∙ 𝝆𝒔𝒊𝒈𝒏𝒂𝒍(−)_#𝟐 + 𝒑𝒆𝒑𝒊 ∙ 𝝆𝒔𝒊𝒈𝒏𝒂𝒍(−)_#𝟑 +𝝆𝒑𝒐𝒎𝒑𝒆(−)_#𝟐

𝟐𝜼�𝑷𝒔𝒐𝒓𝒕𝒊𝒆 (2.16)

𝑷→𝑪𝑷 𝑩 = �𝒑𝒆𝒑𝒊 ∙ 𝝆𝒔𝒊𝒈𝒏𝒂𝒍(+)_#𝟐 + 𝒑𝒆𝒑𝒊 ∙ 𝝆𝒔𝒊𝒈𝒏𝒂𝒍(+)_#𝟑 +𝝆𝒑𝒐𝒎𝒑𝒆(+)_#𝟑

𝟐𝜼+ 𝒑𝑪𝑷_𝑩�𝑷𝒔𝒐𝒓𝒕𝒊𝒆 (2.17)

Les paramètres d’une cavité laser typique pompée à 915 nm sont; 𝜂 = 70%, 𝑝𝑒𝑝𝑖 =

0.1 𝑑𝐵 et 𝑝𝐶𝑃_𝐵 = 0.3 𝑑𝐵. Les proportions de puissances retournées aux combinateurs

sont présentées au tableau 2.3. Les résultats montrent que pour une cavité typique, il y a

de 3 à 4 fois plus de puissance optique qui est couplée vers les pompes lorsqu’un

combinateur est utilisé en contre-propagation. Tout dépendant du nombre de branches

𝑛 des combinateurs et de la puissance des diodes laser, un combinateur utilisé en contre-

propagation peut ne pas être viable. Les diodes laser seront aussi beaucoup plus sensibles

aux instabilités de la cavité laser. Notamment, l’utilisation d'une fibre active LMA

engendre la possibilité que des modes supérieurs du cœur soient générés et filtrés.

L’énergie de ces modes supérieurs sera donc entièrement retournée aux combinateurs et

s’additionnera à la charge déjà élevée.

Page 51: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

39

Proportion de puissance retournée

aux combinateurs

Réflectivité du LR

10% 30% 𝑃→𝐶𝑃 𝐴

𝑃𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 4,5% 8%

𝑃→𝐶𝑃 𝐵

𝑃𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 16% 20%

Tableau 2.3: Proportion approximative de puissance retournée aux combinateurs de

pompe en fonction de la réflectivité du LR pour un schéma de pompage bidirectionnel.

2.3.4 Assemblage des cavités laser : alignement actif

L’assemblage des cavités lasers par alignement actif se fait à l’aide d’une source de

lumière et d’un détecteur. L’alignement actif permet de minimiser les pertes d’épissures.

De fait, l’alignement par caméra des fusionneuses est insuffisant lorsque des fibres ayant

une forme non circulaire sont utilisées. Les données obtenues après l’assemblage sont les

pertes d’épissure et les pertes totales de la cavité. Voici la procédure d’assemblage de

cavité laser par alignement actif.

A) La source de signal utilisée est une DEL (ELED) couplée dans une fibre de type

HI1060. La longueur d’onde de celle-ci est centrée à 1310 nm. Le détecteur est une

sphère intégrante (ILX FPM-8210H). La source est connectée à un détecteur à l’aide

d’une fibre SCOF compatible aux fibres de la cavité laser à assembler. Idéalement,

cette fibre doit être la version SCOF de fibres utilisées pour les FBGs. Un adaptateur

de fibre de type BFA est utilisé pour se connecter au détecteur. Dans le cas de fibre

de type LMA, quelques boucles après la source et avant le détecteur sont nécessaires

pour filtrer les modes d'ordres supérieurs. Cela permet d’optimiser l’alignement sur

le mode fondamental. La valeur de puissance mesurée sert de référence.

Page 52: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

40

DétecteurELED1310 nm

HI1060

Fibre SCOF

Enroulement

Fibre SCOF

EnroulementBFA

B) La fibre SCOF de référence est cassée en son milieu puis fusionnée. On obtient la

perte de cette épissure directement en comparant la mesure de puissance avec la

référence.

DétecteurELED1310 nm

HI1060

Fibre SCOF

Enroulement

Fibre SCOF

EnroulementBFA

C) L’épissure faite à l’étape B) est brisée pour y insérer les FBGs. Ceux-ci sont

fusionnés avec un alignement par caméra. Les FBGs ne sont pas toujours

bidirectionnels, mais le sens est généralement indiqué. La mesure de puissance par

rapport à la référence de l’étape A) donne la somme des pertes de transmission des

FBGs et des trois épissures. Chaque épissure a une perte comparable à la perte de

l’épissure réalisée à l’étape B. Le réflecteur HR a généralement des pertes de

transmissions importantes (>0.5 dB). La mesure de puissance de cette étape devient

la nouvelle référence pour les étapes ultérieures.

DétecteurELED1310 nm

HI1060

Fibe SCOF

Enroulement

Fibe SCOF

Enroulement

HR LR BFA

D) L’épissure entre les FBGs est brisée pour insérer la fibre active. Il est impossible de

faire un alignement actif sur la première épissure. Elle doit donc être faite avec

alignement par caméra. La deuxième épissure peut cependant être faite par

alignement actif. L’alignement actif consiste à aligner les deux bouts de fibres à

fusionner en maximisant la puissance au détecteur. La première épissure peut être

brisée et refaite avec un alignement actif. Ces deux épissures peuvent être refaites de

façon itérative dans le but de diminuer les pertes d'épissure du mode fondamental. La

Page 53: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

41

mesure de puissance au détecteur, comparée à la mesure de la référence de l’étape

C), donne la somme des pertes des deux épissures et des pertes intrinsèques de la

fibre active moins la perte engendrée par l’épissure qui a été cassée entre le HR et le

LR (valeur approximée à l’étape B).

DétecteurELED1310 nm

HI1060

SCOF

Enroulement

SCOF

Enroulement

HR LR

Fibre active

1 2 BFA

E) Les épissures de la fibre active (épissures #1 et #2) sont prêtes à être nettoyées et

revêtues par un acrylate à faible indice de réfraction. La cavité est ensuite

déconnectée des deux bouts de la fibre SCOF. Si nécessaire, un câble de sortie peut

être fusionné avec un alignement par caméra. Le CMS peut être fabriqué directement

au niveau de l’épissure entre le LR et le câble de sortie.

HR LR

Fibre active

1 2Câble de

sortieCMS

Page 54: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

42

3 Expérimentation de système laser

3.1 Système laser de 100 W monomode et étude des configurations

Un système laser monomode a été utilisé pour étudier différents types de configurations

laser possibles selon la technologie de pompage et de coupleur disponibles à ce moment.

Le système est conçu pour vérifier les performances d’un système monomode pompé par

des diodes à simple émetteur de 7 W. Pour l’expérimentation, des diodes protégées de

30W à ON=0.22 couplées dans une fibre de sortie, ayant un cœur de 100 µm, sont

utilisées pour pomper le système. Il est important d’utiliser des pompes protégées pour

les premiers essais du système laser, car la moindre instabilité du laser peut facilement

détruire toutes les diodes à simple émetteur. Les caractéristiques des composants utilisés

sont présentées au tableau 3.1.

Paramètre Valeurs

Diamètre de la fibre dopée 6.2 µm de cœur , 125 µm de 1e gaine,

Absorption de la pompe 0,937 dB/m à 915 nm

Longueur de fibre active 15 m

Perte de fond intrinsèque 56 dB/km

ON du cœur de la fibre active 0.121

ON des fibres à double gaine 0.46

Bande spectrale du HR 3 nm

Bande spectrale du LR 1 nm

Réflectivité du LR 5%

Angle de la clive à la sortie 8°

Perte sur le signal à une épissure De 0.1 dB à 0.2 dB

Perte sur la pompe à une épissure De 2% et 5%

Perte sur le signal à un combinateur 0.06 dB

Perte sur la pompe à un combinateur 0,4 dB

Tableau 3.1: Paramètres communs des systèmes laser.

Page 55: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

43

Les configurations en cavité laser testées sont présentées à la figure 3.1.

Configuration 1 : Pompage en co-propagation

HR@1080nm LR@1080nm5%

6/125µm Yb

54 WCP 2+1 →1

Pompe54W@915nm

AC

Configuration 2 : Pompage bidirectionnel

HR@1080nm LR@1080nm5%

6/125µm Yb

54 WCP 2+1 →1

Pompe54W@915nm

AC

54 WCP 2+1 →1

Pompe54W@915nm

Configuration 3 : Pompage bidirectionnel avec combinateur intracavité

HR@1080nm LR@1080nm5%

6/125µm Yb

54 WCP 2+1 →1

Pompe54W@915nm

AC

54 WCP 2+1 →1

Pompe54W@915nm

Configuration 4 : Système à pompage distribué

HR@1080nm

6/125µm Yb

54 WCP 2+1 →1

Pompe54W@915nm

54 WCP 2+1 →1

Pompe54W@915nm

6/125µm Yb

49WCP 2+1 →1

Pompe49W@915nm

27WCP 2+1 →1

Pompe27W@915nm

LR@1080nm5%

AC

Configuration 5 : Système à étage d’amplification

HR@1080nm

6/125µm Yb

54 WCP 2+1 →1

Pompe54W@915nm

54 WCP 2+1 →1

Pompe54W@915nm

6/125µm Yb

49 WCP 2+1 →1

Pompe49W@915nm

27 WCP 2+1 →1

Pompe27W@915nm

LR@1080nm5%

AC

Figure 3.1: Les différentes configurations de systèmes laser 100 W ayant été

expérimentées

Page 56: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

44

L’efficacité optique a été mesurée pour chacune des configurations. Il a aussi été possible

de comparer l’efficacité en fonction du schéma de pompage. L’efficacité optique est

donnée par la pente de la courbe de la puissance de sortie en fonction de la puissance

d’entrée. Les résultats des efficacités optiques sont présentés au tableau 3.2

Configuration Efficacité optique du système

1 pompé en co-propagation 54,6%

2 pompé en co-propagation 49,5%

2 pompé en contre-propagation 54,1%

2 en pompage bidirectionnel 54,6%

3 pompé en co-propagation 49,8%

3 pompé en contre-propagation 57,2%

3 en pompage bidirectionnel 55,8%

4 en pompage bidirectionnel 55%

5 en pompage bidirectionnel Laser : 42,4%, amplificateur : 64,6%, global : 55%

Tableau 3.2: Pente d’efficacité optique par rapport à la pompe injectée pour les

différentes configurations.

Tel que prédit par la simulation, la comparaison des configurations 2 et 3 de la figure 3.1

montre que le pompage en contre-propagation offre une meilleure efficacité que le

pompage en co-propagation. La configuration 1 semble offrir une bonne efficacité, car il

n’y a pas de combinateur en sortie. Cependant, un combinateur en sortie agit comme un

extracteur de mode de gaine. Au moment de ces expérimentations, il n’y avait pas de

CMS à la sortie des systèmes laser. La puissance déviée par les épissures est absorbée

lorsqu’ils traversent un combinateur dans les configurations 2 et 3, mais elle ne l’est pas

dans la configuration 1. La configuration 2 pompée en co-propagation montre que

l’efficacité chute de 5,1% lorsqu’un combinateur est ajouté à la sortie. Ainsi, l’efficacité

de la configuration 1 est surévaluée d’environ 4%. La configuration 3 permet de diminuer

une perte d’épissure sur la pompe par rapport à la configuration 2. Puisque les pertes sur

la pompe causées par les épissures étaient importantes pendant ces expérimentations, la

Page 57: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

45

configuration 3 en pompage bidirectionnel en était donc la configuration à simple étage

optimisant la puissance de sortie.

Les configurations 4 et 5 sont des systèmes à étages multiples. Le but de ces

configurations est de comparer le comportement d’une source et d’un amplificateur avec

son équivalent en oscillateur. La position du réflecteur LR est donc le seul élément

modifié entre les deux configurations. La figure 3.2 présente les courbes de puissances de

sortie en fonction de la puissance d’entrée pour les configurations 4 et 5.

Figure 3.2: Puissance de sortie en fonction de la puissance pompe des configurations 4 et

5. Les pentes d’efficacité sont indiquées sur les différentes courbes.

Les amplificateurs sont reconnus pour leur efficacité élevée. La configuration 4, qui est

obtenue en modifiant la position du réflecteur LR, présente sensiblement la même

efficacité qu’un système source-amplificateur. Ainsi, l’utilisation d’un étage

d’amplification n’apporte pas d’amélioration significative à l’efficacité optique tant que

les pertes de fonds sont raisonnables. L’écart entre l’efficacité d’un amplificateur et d’un

(cfg. 4) pente laser= 55%

(cfg. 5) pente de la source = 42%

(cfg. 5) pente de l'amplificateur = 65%

0

10

20

30

40

50

60

70

0 20 40 60 80 100 120 Puissance de pompe à 915 nm (W)

Puis

sanc

e de

sor

tie

à 10

80 n

m (W

)

Page 58: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

46

oscillateur dépend fortement de la réflectivité du réflecteur LR et des pertes de fonds.

Dans ces montages, la réflectivité était de seulement 5 % et les pertes de fonds agissaient

sur une rétroaction relativement faible. De plus, il y a certaines différences entre le

comportement des deux configurations; c.-à-d. la puissance dans les cœurs retournée au

premier combinateur CP1 est de plusieurs ordres de grandeur supérieure pour la

configuration 4. Cela peut-être expliqué par l'élargissement spectral (voir chapitre 5) qui

est plus importante pour cette configuration.

Figure 3.3: Puissance de signal retournée au combinateur CP1 en fonction de la puissance

de pompe des configurations 4 et 5.

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

0 20 40 60 80 100 120 Puissance de pompe à 915 nm (W)

Puis

sanc

e si

gnal

en

cont

re p

ropa

gati

on à

CP1

(µW

) co

nfig

urat

ion

5

0

5

10

15

20

25

30

35

Puis

sanc

e si

gnal

en

cont

re p

ropa

gati

on à

CP1

(mW

),

conf

igur

atio

n 4

Configuration 5: source Configuration 5: amplificateur Configuration 4

Page 59: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

47

3.2 Cavité laser kilowatt

L’objectif de cette phase du projet est de développer une cavité laser pouvant atteindre

près de 1 kW de puissance moyenne nominale en sortie. La configuration est fortement

dictée par la disponibilité des pompes. Cette cavité est conçue dans le but d’être pompée

par un système de diodes laser de 1.5 kW couplé à une fibre de 400 µm avec ON=0.46. Il

n’y aura donc pas de coupleur de pompe pour l’opération à 1 kW. Cependant, un

coupleur de pompe (CP) est utilisé pour les mesures en laboratoire. La configuration laser

sélectionnée est montrée à la figure 3.4. La fibre active est dénotée par « FA ».

Figure 3.4: Schéma de la configuration du laser KW.

3.2.1 Caractérisation optique du laser 400W #1 en opération monomode

utilisant une fibre dopée LMA.

La cavité laser est pompée jusqu’à 520 W de puissance pompe à une longueur d’onde de

915 nm. La puissance pompe provient de la combinaison de 18 pompes de 30 W, à

ON=0.22, à l’aide d’un coupleur de 19 branches vers une fibre de 400 µm de gaine à

ON=0.46. Le réflecteur HR est inscrit dans une fibre à double gaine de 20 µm de cœur à

ON=0.069 et 400 µm de gaine. Sa bande spectrale est centrée à 1080 nm avec une largeur

d’environ 1 nm. Le réflecteur LR est inscrit dans le même type de fibre que le réflecteur

HR. Sa réflectivité est d’environ 10%, sa bande spectrale est centrée à 1080 nm et sa

largeur est de 0.6 nm. La fibre dopée est une fibre aluminosilicate dopée au fluor à saut

d’indice avec 20 µm de cœur à ON=0.067. Elle est une fibre à double gaine de 400 µm à

ON=0.46. Les pertes de fonds intrinsèques sont de 10 dB/km et l’absorption de la pompe

CP19→1

FA HR LR 520W Cable de sortie

Page 60: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

48

à 915 nm est de 0.47 dB/m. Le câble de sortie est une fibre à double gaine non dopée de

20 µm de cœur à ON=0.063 et de 400 µm de gaine à ON=0.46. L’opération monomode

se fait par enroulement de la fibre active à un diamètre de 15 cm. Les pertes d’épissure

sont théoriquement nulles, mais des mesures expérimentales approximent celles-ci à

moins de 0.1 dB. Les fibres passives des FBGs sont aussi des fibres à saut d'indice

dopées au fluor avec 20 µm de cœur à ON=0.064. Le MFD des fibres passives et de la

fibre active est d’environ 16 µm. La figure 3.5 présente la simulation de la puissance de

sortie et de l’efficacité du système laser en fonction de la longueur de la fibre active. La

longueur de fibre active choisie pour le montage du système laser kilowatt est de 40

mètres. La longueur optimale est déterminée par simulation à environ 33 mètres.

Cependant, les expériences antérieures avec cette fibre dopée ont démontré que

l’absorption de la pompe semble diminuer après que celle-ci ait été atténué de 12 dB

d’absorption de pompe. Ainsi, la pompe résiduelle atteignait près de 8% après 33 mètres

de fibre active. Dans le cas d’une fibre à faible perte intrinsèque, il peut être avantageux

d’ajouter quelques mètres supplémentaires pour absorber plus de pompe. Les paramètres

du système laser 400 W #1 sont résumés au tableau 3.3.

Figure 3.5: Pompe résiduelle (courbe bleu) et efficacité (courbe rouge) du système laser

en fonction de la longueur de la fibre active.

0

2

4

6

8

10

12

14

20 25 30 35 40 45 50 55

Longueur de la fibre active (m)

Pom

pe ré

sidu

el (%

)

60

61

62

63

64

65

66

67

68

69

70

Effic

acité

du

syst

ème

(%)

Page 61: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

49

Paramètres Valeur

Diamètres de la fibre dopée 20 µm de cœur ,400 µm de

1e gaine, 560 µm total

Absorption de la pompe de la fibre active 0,46 dB/m à 915 nm

Longueur de fibre active 40 m

Perte de fond intrinsèque de la fibre active 10 dB/km

Ouverture numérique du cœur de la fibre active (ON) 0,067

Diamètre du champ modal (MFD) 17,3 µm

Ouverture numérique du cœur de la fibre du HR et du LR 0,064

Ouverture numérique du cœur du câble de sortie 0,063

Ouverture numérique des fibres à double gaine 0,46

Bande spectrale du HR 1,0 nm

Bande spectrale du LR 0,6 nm

Réflectivité du LR 8% à 10 %

Angle de la clive de sortie 8°

Perte sur le signal d’une épissure < 0.1 dB

Perte sur la pompe d’une épissure négligeable

Tableau 3.3: Paramètres de la cavité laser 400 W #1

La puissance totale 𝑃𝑡𝑜𝑡 du laser est obtenue directement en mesurant la sortie du laser

sans câble de sortie, soit seulement avec une fibre de sortie équivalente sans collimateur.

La puissance à 1080 nm 𝑃𝑠𝑖𝑔 est obtenue en filtrant le faisceau de sortie avec un filtre qui

réfléchit la pompe résiduelle. Ce filtre a une transmission d’environ 98% à 1080 nm. Un

CMS doit être fait pour obtenir la puissance provenant du cœur 𝑃𝑐œ𝑢𝑟. Il est à noter que le

filtre de pompe est encore présent pour cette mesure. La puissance de pompe résiduelle

𝑃𝑟𝑒𝑠 est déterminée par la soustraction de 𝑃𝑠𝑖𝑔 à 𝑃𝑡𝑜𝑡. La puissance du signal dans la

gaine 𝑃𝑔𝑎𝑖𝑛𝑒, causée par les pertes d’épissure et de courbure, est obtenue de la

soustraction de Pcœur à Psig. La figure 3.6 présente les différentes courbes de sortie

Page 62: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

50

mesurées. Ainsi, après correction pour la transmission du filtre on trouve ; 𝑃𝑟𝑒𝑠 ≅ 3% et

𝑃𝑔𝑎𝑖𝑛𝑒 ≅ 3,8%.

Le signal dans la gaine provient des pertes d’épissure et des pertes par courbure des

modes supérieurs et du mode fondamental. En opération monomode sans perte de

courbure pour le mode fondamental, 𝑃𝑔𝑎𝑖𝑛𝑒 devrait correspondre aux pertes d’épissure.

La contribution à 𝑃𝑔𝑎𝑖𝑛𝑒 de l’épissure entre le réflecteur HR et la fibre active est trois

fois moins importante que celle de l’épissure entre la fibre active et le réflecteur LR. Pour

des pertes d’épissure d’environ 0.1 dB, la somme des pertes sur le signal mesuré en sortie

est de 3.3%. Ainsi, la majorité du signal à 1080 nm qui n’est pas confinée dans le cœur

provient des pertes d’épissure.

Figure 3.6: Puissance de sortie en fonction de la puissance pompe.

P1080 = 0,6533x - 2,1725 Pcoeur = 0,6152x - 2,1622

Ptot = 0,6957x - 2,385

0

20

40

60

80

100

120

0 50 100 150 200 Puissance de pompage à 915 nm (W)

Puis

sanc

e à

la s

ortie

(W)

Ptot: Puissance totale P1080: Puissance à 1080 nm Pcoeur: Puissance dans le coeur

Page 63: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

51

Figure 3.7: Puissance dans le cœur 𝑃𝑐œ𝑢𝑟 en sortie et puissances de retour 𝑃𝑟𝑒𝑡 dans une

branche du CP 19→1 en fonction de la puissance pompe.

Figure 3.8: Diamètre du faisceau de sortie en fonction de la position et de la puissance de

sortie. Le faisceau est collimé par une lentille de distance focal 𝑓1 = 8 𝑚m puis focalisé

par une lentille avec 𝑓2 = 200 𝑚𝑚.

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

150 170 190 210 230 250 270 Position (mm)

Dia

mèt

re d

u fa

isce

au (µ

m)

M2=1.13 à 100W

M2=1.2 à 210 W

M2=1.2 à 322W

Pcœur = 0,6693x - 4,089

Pret = -0,0004x 2 + 0,6396x + 4,3246

0

50

100

150

200

250

300

350

400

0 100 200 300 400 500 600 Puissance de pompage à 915 nm (W)

Puis

sanc

e da

ns le

ur P

cœur

à 1

080

nm

(W)

0

50

100

150

200

250

Puis

sanc

e de

reto

ur d

ans

une

bran

che

du

CP

Pret

(mW

)

Page 64: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

52

L’ajout du câble de sortie diminue l’efficacité du système, car le système optique interne

de celui-ci possède des pertes de transmission. La figure 3.9 présente les résultats du

système complet.

Figure 3.9: Puissance de sortie en fonction de la puissance de pompage pour le système

terminé d’un câble de sortie avec collimateur intégré.

Dans cette configuration, le laser a été soumis à une opération continue de 8 heures. Il

était pompé à 520 W pour un signal de sortie d’environ 330 W à 1080 nm. Ces résultats

sont présentés à la figure 3.10. À cette puissance, la thermopile utilsé pour la mesure de

puissance a une précision autour de l'unité. Il n’est pas possible d’observer la

photodégradation d’une fibre dopée en opération laser en seulement 8 heures. Du moins,

cela est vrai pour les fibres ne présentant pas de photonoircissement catastrophique. La

variation de puissance de 1 à 2 W de la figure 3.10 peut être causée par la stabilisation du

système, notamment la stabilisation en température des diodes pompe et du milieu

ambiant qui peut nécessiter plusieurs heures. De plus, cela pourrait être attribué à un

début de photodégradation. Au moment de la caractérisation du laser, le laboratoire

n’était pas prêt pour l’opération continue sur plusieurs jours.

Psortie = 0,644x - 3,4694

0

50

100

150

200

250

300

350

0 100 200 300 400 500 600

Puissance de pompage (W)

Puis

sanc

e de

sor

tie (W

)

Page 65: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

53

Figure 3.10: Puissance de sortie monomode du laser en opération continue en fonction du

temps.

3.2.2 Caractérisation optique du laser 400W #2 en opération multimode

utilisant une fibre dopée LMA.

Un deuxième essai de laser a été réalisé avec une fibre dopée aux caractéristiques presque

identiques à la fibre active présentée à la section précédente. Cependant, celle-ci a été

étirée à partir d’une préforme différente. Autrement, il s’agit des mêmes conditions

expérimentales. Néanmoins, les petites variations des caractéristiques de la fibre LMA

ont engendré un comportement laser grandement différent. Cette section présente donc

l’opération d’un laser légèrement multimode utilisant des fibres LMA.

Les premiers indicateurs de l’opération multimode de la fibre active provient de la forte

efficacité à générer du signal à 1080 nm et la forte proportion de puissance signal se

Page 66: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

54

propageant dans la gaine. La figure 3.11 présente les courbes de la puissance de sortie en

fonction de la puissance de pompage, lesquelles pouvant être comparées directement à

celles obtenues à la figure 3.6. L’efficacité (73%) à générer du signal à 1080 nm est très

près de la limite théorique pour un laser à 1080 nm pompé à 915 nm avec un réflecteur de

10%. Toutefois, la majorité des modes supérieurs générés subissent des pertes par

courbure et se propagent ensuite dans la gaine. L’efficacité du signal majoritairement

monomode chute donc jusqu’à 63%.

Figure 3.11: Puissance de sortie en fonction de la puissance pompe.

La figure 3.12 présente la courbe de puissance à la sortie du câble de sortie et la

puissance en propagation inverse qui retourne par une branche de pompe du CP 19→1.

La comparaison de cette figure avec la figure 3.7 montre que l’énergie retournée vers les

pompes est doublée. L’augmentation de la l’énergie retournée est principalement causée

par les modes supérieurs en propagation inverse qui subissent des pertes de courbure.

Ptot = 0,7711x - 2,0453P1080 = 0,7332x - 2,2585Pcoeur = 0,6073x - 2,0581

0

50

100

150

200

250

300

350

0 100 200 300 400 500

Puis

sanc

e à

la s

ortie

(W)

Puissance de pompage à 915nm (W)

Ptot: Puissance totale

P1080: Puissance à 1080nm

Pcoeur: Puissance dans le coeur

Page 67: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

55

Figure 3.12: Puissance dans le cœur 𝑃𝑐œ𝑢𝑟 en sortie et puissance de retour 𝑃𝑟𝑒𝑡 dans une

branche du CP 19→1 en fonction de la puissance pompe.

Une analyse plus approfondie de la courbe Pcœur de la figure 3.12 montre que la pente

varie entre 63%, à moins de 100 W de pompe, à près de 70% entre 400 et 500 W de

pompe. La figure 3.13 montre la détérioration de la qualité du faisceau en fonction de la

puissance. Cela indique que la proportion des modes supérieurs à la sortie du système

augmente avec la puissance. Il y a donc de plus en plus de gain pour les modes supérieurs

par rapport au mode fondamental. Pour obtenir une opération monomode de la cavité

laser, il faudrait diminuer le rayon de courbure pour obtenir un filtrage modal plus

efficace.

Pcoeur = 0,6774x - 5,5179

Pret = -0,0011x2 + 1,375x + 5,1089

0

50

100

150

200

250

300

350

400

0 100 200 300 400 500 600

Puissance de pompage à 915 nm (W)

Puis

sanc

e à

la s

ortie

(W)

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

Puis

sanc

e de

reto

ur d

ans

une

bran

che

du C

P (m

W)

Page 68: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

56

Figure 3.13: Diamètre du faisceau de sortie en fonction de la position et de la puissance

de sortie. Le faisceau est collimé par une lentille de distance focale 𝑓1 = 8 𝑚𝑚 puis

focalisé par une lentille avec 𝑓2 = 200 𝑚𝑚.

3.2.3 Échanges thermiques et opération continue

Il a été nécessaire de mesurer les élévations de température des différents composants

optiques du système laser pour le qualifier à une opération nominale de 1.5 kW de

puissance de pompage. Le revêtement de la fibre optique ne doit pas dépasser 80 °C pour

une opération nominale. Cela dit, l’élévation de température du revêtement en tout point

doit être inférieure à 0,037 °C par Watt de pompage, lorsque la température ambiante est

de 25 °C, ou inférieure à 0,043 °C/W, pour une température ambiante de 15 °C. Les

sections où il y a une forte génération de chaleur sont : le revêtement du réflecteur HR,

l’épissure entre la fibre passive du réflecteur HR et la fibre active, le premier tiers de la

fibre active et finalement, le CMS. Les autres sections ont une élévation thermique

négligeable ou nulle. Les mesures sont prises à l’aide d’une caméra thermique infrarouge.

0

500

1000

1500

2000

2500

100 150 200 250 300 350

Position (mm)

Dia

mèt

re d

u fa

isce

au ( µ

m)

110W_M2Y 1,2

230W_M2Y 1,26

350W_M2Y 1,7

Page 69: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

57

La figure 3.14 présente les mesures thermiques d’une épissure entre la fibre passive du

réflecteur HR et la fibre active. L’élévation de température de cette épissure est de 0,018

°C/W et devrait atteindre une température de surface de près de 30 °C au-dessus de la

température ambiante à 1.5 kW de pompe.

Figure 3.14: Image thermique d’une épissure entre le réflecteur HR et la fibre active avec

a) 0 W de puissance pompe, et b) 520 W de puissance pompe.

Pour extraire le flux thermique de la fibre active, il a été très simple pour cette expérience

d’enrouler celle-ci autour d’un cylindre métallique au diamètre désiré. La température de

la fibre active enroulée sur le cylindre a été mesurée à l’aide de la caméra thermique. La

figure 3.15 présente l’équivalent de la température longitudinale de la fibre active. En

opération, la température de la fibre active passe de 15 °C à 42 °C avec 520 W de

puissance pompe. Ainsi, à une opération de 1.5 kW de puissance pompe, celle-ci

atteindra une température de surface de 92 °C. Pour respecter une température maximale

de 80 °C, il faut donc diminuer davantage la température du premier tiers de la fibre

active. Les premières sections de fibre dopée sont donc enduites d’époxy optique afin de

diminuer les résistances thermiques de contact. Un phénomène intéressant a lieu lorsque

l’on compare les deux courbes de la figure 3.15. Bien que les deux fibres actives aient le

même taux d’absorption de pompe et sensiblement les mêmes pertes intrinsèques, leur

profil longitudinal de température n’est pas similaire. Le laser 400 W #2, qui a un

comportement multimode, présente une décroissance exponentielle classique analogue à

la décroissance longitudinale de la puissance pompe. Cette décroissance exponentielle est

typique des laser à fibre à double gaine. Cependant, la température de la fibre active du

laser 400 W #1 semble plus élevée et ne décroît pas comme prévu. Sachant qu’il n’y a

pas de mode supérieur généré dans le laser #1, que la pente est de 63%, et que la

a)

b)

Page 70: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

58

puissance retournée aux pompes est faible, le bilan énergétique n’est pas consistant avec

celui du laser de 400 W #2. Celui-ci a une pente plus élevée et beaucoup plus de

puissance est extraite par le CMS. Donc, à puissance de pompage égale, le laser de 400

W #1 produit moins d’énergie optique, donc l’énergie restante pourrait être dissipée en

chaleur. L’autre possibilité est que l’énergie manquante soit dissipée en émission

spontanée et que la différence de chaleur de la fibre active provienne d’un mauvais

enroulement.

Figure 3.15: Profil longitudinal de température de la fibre active enroulée autour d’un

cylindre métallique. La puissance de pompe est de 523 W.

22

27

32

37

42

47

Distance (a.u)

Tem

pera

ture

(°C

)

Laser 400W #1Laser 400W #2

Fin de la fibre active.

Espacement entre deux enroulements.

Début de l’enroulement

Page 71: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

59

4 Échanges thermiques dans les lasers à fibre de haute

puissance.

L'essentiel du travail effectué au cours de ce mémoire sur les échanges thermiques des

LFHPs a été publié [44] et ce document se retrouve en annexe. Cette section se concentre

donc sur les deux points les plus importants; les échanges thermiques dans les fibres à

double gaine et les résistances de contact.

Distribution de température des fibres à double gaine

La fibre active, schématisée à la figure 4.1, génère de la chaleur selon un taux q0̇ (W/m3)

considéré uniforme dans son cœur. Cette chaleur provient principalement du défaut

quantique du système. Le paramètre 𝑞0̇ est obtenu du taux d’absorption de la pompe 𝛼

(dB/m), de la puissance pompe P qui traverse la section d’intérêt de longueur 𝑑𝐿, des

longueurs d’onde du signal et de la pompe 𝜆𝑠 et 𝜆𝑝, respectivement, et du rayon du

cœur 𝑅0 selon:

𝑞0̇ = �1 − 10−𝛼∗𝑑𝐿/10�𝑃�1−

𝜆𝑝𝜆𝑠�

𝑑𝐿𝜋𝑅02= 𝑞′

𝜋𝑅02 (4.1)

Sachant que la génération de chaleur se fait uniquement dans le cœur, toutes les autres

couches de la fibre auront le même transfert de chaleur q′ . Ainsi, en utilisant l’équation

de chaleur [44, 45], on obtient le profil radial de température T(r) en fonction de la

température de surface TS.

Page 72: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

60

Figure 4.1: a) Représentation d’une fibre active avec une génération de chaleur uniforme

dans son cœur. b) Élévation de température, par rapport à la température de surface, dans

la direction radiale pour un taux de transfert de chaleur de 100 W /m pour trois

dimensions de fibres.

À la figure 4.1, les coefficients de conductivité thermique 𝑘 utilisés sont 1.38 W/(m∙K)

pour la silice et 0.24 W/(m∙K) pour le revêtement de polymère. Les rayons de la figure

4.1 b) sont de la forme 𝑅0/𝑅1/𝑅2 représentant respectivement le cœur (𝑅0), la gaine de

silice (𝑅1) et la gaine de polymère (𝑅2). Un simple calcul permet d’obtenir le profil de

température 𝑇(𝑟) pour d’autres valeurs de transfert de chaleur 𝑞′: 𝑇(𝑟)𝑏 = 𝑇(𝑟)𝑎𝑞𝑏′ /𝑞𝑎′ .

Un taux de transfert de chaleur de 100 W/m est équivalent à pomper 3 kW de puissance à

915 nm, une fibre dopée ytterbium de 1 dB/m d’absorption pompe émettant à 1080 nm.

Pour une charge de chaleur équivalente, le gradient de température dans la gaine de

polymère est plus important pour les fibres de petites dimensions, car le flux de chaleur y

est plus important, c.-à-d. la surface est plus petite.

La résolution des équations de la chaleur montre que la fibre active serait capable de

supporter une charge de chaleur considérable, car la différence de température est d’au

maximum 30 °C dans un scénario excessif. Cette différence est donc généralement

d’environ 5 à 15 °C dans les applications courantes. Sachant que les polymères sont

capables de supporter une température d’au moins 80 °C à long terme, le transfert de

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1

Rayon normalisé r/r2

(T( r

) -Ts

) (°C

)

Fibre 1: 20/400/560

Fibre 2 : 12/250/370

Fibre 3 : 6/125/250

𝑅1

𝑅0

𝑅2

𝑞′

𝑇𝑆

𝑞0̇

𝑑𝐿

𝑃

a) b)

Page 73: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

61

chaleur entre la fibre optique et le milieu est la principale limitation sur la capacité de

charge thermique des fibres optiques. Cela peut se faire par convection d’air ou par

conduction lors d’un contact avec un autre matériau. La convection est efficace pour

maintenir la température de surface de la fibre, mais peu pratique et peu fiable pour les

applications réelles. Le contact de la fibre active avec un matériau dissipatif est une

meilleure solution. Néanmoins, la capacité de charge thermique sera limitée par la

résistance de contact entre la fibre active et le matériau dissipatif.

Résistance de contact

Les résistances de contact sont bien connues dans le domaine de la mécanique et des

systèmes de refroidissement. Toutefois, elles sont peu mentionnées dans le domaine des

LFHPs bien qu’elles soient la principale cause d’échauffement des fibres actives et des

épissures. La résistance de contact par unité de surface 𝑅𝑡𝑐 ′′ entre une fibre optique et un

autre matériau (≈ 20 × 10−4 𝑚2 · 𝐾/𝑊 ) est jusqu’à deux ordres de grandeur supérieure

aux valeurs typiques des résistances entre les métaux métalliques (≈ 0,2 × 10−4 𝑚2 ·

𝐾/𝑊 ). Le faible coefficient de transfert thermique du polymère n’est pas en cause. Ce

sont les défauts de surface, de taille importante par rapport à la dimension du système, et

l’impossibilité d’appliquer une pression entre les deux couches qui engendrent la

résistance de contact. La résistance de contact est schématisée à la figure 4.2.

Figure 4.2: a) Illustration d’une résistance de contact entre deux matériaux. b) Élévation

de température causée par la résistance thermique.

𝑇𝐵𝑛 𝑇𝐴𝑛+1

𝑞𝑛+1′′ ne couche

(n+1)e couche

𝑇

𝑟

𝑇𝐵𝑛 𝑇𝐴𝑛+1

b) a)

Page 74: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

62

L’élévation thermique engendrée par la résistance de contact se calcule à partir du flux de

chaleur 𝑞′′ (W/m2) selon l’équation qui suit. Le flux de chaleur est défini comme le taux

de transfert de chaleur divisé par le périmètre, donc pour une géométrie cylindrique 𝑞′′ ≡𝑞𝑛′

2𝜋𝑅𝑛, on trouve:

𝑇𝐵𝑛 − 𝑇𝐴𝑛+1 = 𝑅𝑡𝑐′′ 𝑞𝑛+1′′ (4.2)

Pour évaluer la résistance de contact des fibres actives, il faut que tous les autres

paramètres soient connus, soit l’élévation de température à la charge thermique 𝑞′

correspondante et la surface de contact entre la fibre et le matériel dissipatif. Les valeurs

de résistance de contact vont varier selon le milieu interstitiel (l’air ou un matériau de

remplissage) et la géométrie. Les valeurs de Rtc ′′ obtenues dans [44] sont donc

particulières à l’expérience, mais fournissent tout de même une plage de valeurs pratique.

Page 75: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

63

5 Élargissement spectral des lasers de haute puissance opérés

en régime continu

5.1 Modèles de l’élargissement spectral

Il y a peu de travaux se consacrant au spectre de sortie des lasers à fibre de haute

puissance (LFHPs). En général, le spectre de ces lasers importe peu pour les applications

typiques. De plus, l’élargissement du spectre de sortie des LFHPs a été davantage relié à

la forme des réseaux de Bragg et de leur déformation en fonction de la puissance ou de la

température. Il n’y a donc rien dans la littérature pour expliquer et prédire l’élargissement

spectral des LFHPs. Pourtant, l’élargissement spectral peut avoir un impact sur

l’efficacité laser et l’énergie retournée aux pompes.

Cependant, il existe bien quelques travaux modélisant le spectre de sorties des lasers à

fibres continues. Au début des années 2000, soit quelques années avant l'émergence des

LFHPs, les travaux de V.Roy et al. [46] ont montré que l’élargissement du spectre des

lasers continus dopés erbium en anneau à basse puissance (<100 mW) était associé au

mélange à quatre ondes (FWM). Le mélange à quatre ondes est un effet non linéaire

faisant intervenir l’indice de réfraction non linéaire 𝑛2 du milieu. Il a été démontré que la

largeur du spectre de sortie variait selon la racine carrée de la puissance intracavité. Cette

dépendance a donc été nommé la « loi de la racine carrée ». La relation reliant la largeur

du spectre de sortie 𝜈𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 au déphasage non linéaire 𝜙𝑁𝐿 est simple et élégante :

⟨𝜈𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒⟩ ≈ �⟨𝜙𝑁𝐿⟩ 𝜈𝑓𝑖𝑙𝑡𝑟𝑒 (5.1)

Page 76: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

64

La largeur du spectre de sortie 𝜈𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 est donc proportionnelle à la largeur du filtre

spectral 𝜈𝑓𝑖𝑙𝑡𝑟𝑒 et à la racine carrée de 𝜙𝑁𝐿. Celui-ci est donné approximativement par le

produit de la longueur de la cavité 𝐿, de la puissance moyenne intracavité 𝑃 et du

coefficient non-linéaire 𝛾 :

𝜙𝑁𝐿 ≈ 𝛾𝐿𝑃 (5.2)

Le coefficient non linéaire 𝛾 est relié à l’indice non linéaire 𝑛2 et à l’aire effective

𝐴𝑒𝑓𝑓 du guide d’onde :

𝛾 = 2𝜋𝑛2𝜆𝐴𝑒𝑓𝑓

(5.3)

Les LFHPs sont différents du laser dopé erbium en anneau, car ils sont opérés avec une

puissance moyenne beaucoup plus élevée. Ils utilisent des cavités linéaires avec deux

réseaux de Bragg et ceux-ci ont un effet considérable car la puissance de rétroaction subit

de fortes pertes à chaque aller-retour. Ainsi, le parcours moyen des photons correspond à

peine à un trajet intracavité. Dans le cas d’une cavité en anneau, il y a un filtre spectral

qui affecte peu le signal à chaque tour et un coupleur échantillonne le signal. Pour des

longueurs intracavité et des coefficients non linéaires similaires, le déphasage non

linéaire est de plusieurs ordres de grandeur supérieur dans les LFHPs que dans le laser

dopé erbium en anneau utilisé par V. Roy et al.

En 2007, S. Babin et al. [47] ont présenté une théorie analytique détaillée montrant que le

mélange à quatre ondes entre les modes longitudinaux était le mécanisme dominant

d’élargissement spectral dans les lasers à fibre Raman. Ceux-ci sont arrivés, de façon

analytique, à la même dépendance selon racine carrée de la puissance. La largeur

spectrale 𝝂𝒔𝒐𝒓𝒕𝒊𝒆 des lasers Raman à fibre varie aussi selon la racine carrée de 𝜙𝑁𝐿 :

𝜈𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 = 2𝜋 �

2𝜙𝑁𝐿𝛿2

(5.4)

Page 77: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

65

Ils ont supposé une forme parabolique du profil de pertes des réseaux de Bragg

selon 𝛿(𝜆) = 𝛿0 + 𝛿2𝜆2. Ils ont aussi incorporé le paramètre de dispersions 𝛽 à 𝜙𝑁𝐿 car

les lasers à fibre Raman sont généralement très longs (𝐿 > 200 mètres) :

𝜙𝑁𝐿 = �23

𝛾𝐿𝑃1+(4𝛽𝐿/3𝛿2)2

(5.5)

La dispersion brise l’accord de phase entre les modes longitudinaux et cela limite le

mélange à quatre ondes. Ce paramètre est donc non négligeable dans les lasers à fibre

Raman. Leur solution analytique a donc été déterminée en fonction de l’importance de ce

paramètre par rapport au déphasage non linéaire. Ainsi, l’éq. (5.4) peut être utilisée

seulement si la dispersion est importante, si la cavité est longue ou si les réseaux de

Bragg ont un spectre de réflexion très large :

4𝛽𝐿𝛿2

≫ 1 (5.6)

La relation de l’éq. (5.6) n’est donc pas respectée dans le cas des LFHPs, car 𝛽𝐿 → 0 et

les réseaux de Bragg sont étroits. De plus, le laser à fibre Raman utilisé par S. Babin et al.

possède deux Réseaux de Bragg très réflectifs et ils utilisent un coupleur de sortie.

Néanmoins, les équations (5.1) et (5.4) deviennent très similaires pour le cas des LFHPs

où (4𝛽𝐿/3𝛿2)2 ≪ 1. Seule la définition de la largeur des filtres spectraux diffère entre

les deux équations, mais les résultats sont essentiellement les mêmes.

Une partie des travaux effectués au cours de ce mémoire sur l’élargissement spectral des

lasers à fibre de haute puissance a été publiée [48] et ce document se retrouve en annexe.

5.2 Mesures expérimentales

Le spectre d’émission a été mesuré pour différentes cavités laser munies de fibre dopées

Yb avec des diamètres de cœur entre 6 et 20 µm. Pour chaque cavité, le spectre de sortie

Page 78: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

66

a été mesuré en fonction de la puissance de sortie. Certains paramètres ont été modifiés,

dont la longueur de cavité et la bande de réflectivité des réseaux de Bragg, afin

d’observer leur effet sur le spectre. Les cavités utilisent toutes la configuration de

pompage en co-propagation selon la figure 5.1 :

HR@1080nm LR@1080nm

Yb

Combinateur de pompe

Clive à angle

Signal qui retourne vers les pompes

Figure 5.1: Configuration des cavités laser utilisées pour l’étude de l’élargissement

spectral.

5.2.1 Méthode de mesure de l’élargissement spectral

Les spectres de sortie sont mesurés à l’aide d’un analyseur de spectre électronique

(OSA). La largeur totale à mi-hauteur (FWHH) ne convient pas toujours pour représenter

la largeur spectrale. La déviation standard 𝜎 du spectre est plus utile pour bien

caractériser mieux les courbes de forme complexe. Elle est définie à partir due moment

de 2e ordre de la distribution spectrale :

𝜎2 = ∫ (𝜆−𝜆𝑐)2𝑃𝜆𝑑𝜆𝑃

(5.7)

Le moment central 𝜆𝑐 du spectre est donné par la densité spectrale 𝑃𝜆, la longueur d’onde

𝜆 et la puissance totale 𝑃 = ∫𝑃𝜆𝑑𝜆 selon :

𝜆𝑐 = ∫ 𝜆𝑃𝜆𝑑𝜆𝑃

(5.8)

Pour une distribution gaussienne, la FWHH = 2.35𝜎. Cette méthode est cependant

sensible au ratio signal/bruit, car la puissance 𝑃 est obtenue par l’intégration de la densité

de puissance 𝑃𝜆 qui inclut la puissance du bruit.

Page 79: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

67

5.2.2 Élargissement spectral d’une cavité laser 20/400

Les paramètres de la cavité laser sont présentés au tableau 5.1.

Paramètres Valeurs

Diamètre de la fibre dopée 20 µm pour le cœur ,

400 µm pour la 1e gaine,

560 µm total

Longueur de fibre active 39 m

Ouverture numérique du cœur de la fibre active 0,067

Diamètre du champ modal (MFD) de la fibre active 17,3 µm

Ouverture numérique du cœur de la fibre du HR et du LR 0,064

Diamètre du champ modal (MFD) de la fibre passive 18,0 µm

Longueur de fibre passive intracavité 1 m

Bande spectrale du HR 1,0 nm

Bande spectrale du LR 0,6 nm

Réflectivité du LR 8% à 10 %

Tableau 5.1: Paramètres de la cavité lasers 20/400

La figure 5.2 présente la forme spectrale des réseaux de Bragg. Cette figure peut être

comparée à la figure 5.3 qui présente la forme du spectre de sortie du laser. Le spectre de

réflectivité du réflecteur HR a une forme plutôt rectangulaire alors que celui du réflecteur

LR a une forme similaire à une gaussienne. Le spectre de sortie du laser a aussi une

forme globalement gaussienne.

Page 80: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

68

Figure 5.2: Forme spectrale des réseaux de Bragg utilisés dans la cavité laser 20/400

Figure 5.3: Spectre du signal de sortie en fonction de sa puissance pour la cavité 20/400.

-40

-35

-30

-25

-20

-15

-10

-5

01075 1077 1079 1081 1083 1085

Longueur d'onde (nm)

Am

plitu

de (d

B)

HR (FWHH=1nm)LR (FWHH=0,6nm)

340W282W245W

218W

169W

132W

107W

75W

41W23W13W4.5W

-50

-45

-40

-35

-30

-25

-20

-151076 1077 1078 1079 1080 1081 1082 1083 1084 1085

Longueur d'onde (nm)

Am

plitu

de (d

Bm

)

Page 81: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

69

La déviation standard des spectres de sortie de la figure 5.3 est calculé et reporté à la

figure 5.4. La courbe de la largeur du spectre du signal retournant vers les pompes est

aussi présentée. Le signal retourné vers les pompes provient du signal transmis par le

réflecteur HR et le signal se propageant dans la gaine. Le spectre de sortie élargit en

fonction de la puissance de sortie. Cependant, la courbe de tendance de puissance est à la

racine carrée de la puissance pour le spectre qui retourne aux pompes, mais selon la

puissance à la 0,7 pour le spectre de sortie. À 350 W, l’écart type du spectre de sortie

𝜎𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 est d’environ 1.1 nm alors que l’écart type du LR 𝜎𝐿𝑅 ≈ 0,25 𝑛𝑚 et celui du

réflecteur HR 𝜎𝐻𝑅 ≈ 0,43 𝑛𝑚. Le spectre a donc élargi de façon significative et la

largeur du spectre semble dépendre de la position intracavité.

Figure 5.4: Largeur spectrale du signal de sortie et du signal retourné vers les pompes en

fonction de la puissance de sortie de la cavité 20/400.

Une première conséquence de l’élargissement spectral est illustrée à la figure 5.5. Le

réflecteur LR a une bande de réflectivité qui atteint un sommet d’environ 10 % à la

longueur d’onde centrale, tel que montré à la figure 5.2. Cependant, la réflectivité

y = 0,0224x0,66

y = 0,0274x0,49

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0,9

1

0 50 100 150 200 250 300 350 400

Puissance laser en sortie (W)

Dév

iatio

n st

anda

rd (n

m)

Spectre de Sortie Spectre du signal au HR

Page 82: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

70

effective, par rapport au signal incident, est diminuée lorsque le spectre du signal est plus

large que la bande de réflectivité du réflecteur LR. Dans le cas particulier où la largeur du

spectre de sortie est quatre fois supérieure à la largeur de la bande de réflectivité du

réflecteur LR, la réflectivité effective est d’environ 2,5 %. Ainsi, il y a moins de signal en

rétroaction dans la cavité et l’efficacité laser devrait être plus grande. La diminution de la

réflectivité effective et la dépendance selon la racine carrée de la puissance de la largeur

du spectre qui retourne vers les pompes expliquent la forme non linéaire de Pret de la

figure 3.12. De fait, sans élargissement, 𝑃𝑟𝑒𝑡 devrait augmenter linéairement avec la

puissance du laser, car les pertes intracavité sont généralement constantes.

Figure 5.5: Puissance de sortie en fonction de la puissance de pompe de la cavité laser

20/400.

Faible puissance pente =0,63

Haute puissancepente = 0,67

0

50

100

150

200

250

300

350

400

0 100 200 300 400 500 600

Puissance pompe @ 915 nm

Puis

sanc

e de

sor

tie @

108

0 nm

Page 83: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

71

5.2.3 Élargissement spectral d’une cavité laser 12/250

De façon équivalente à la sous-section précédente, les spectres sont mesurés pour une

cavité laser dont la fibre active a un diamètre de cœur de 12.5 µm. Les paramètres sont

présentés au tableau 5.2

Paramètres Valeurs

Diamètre de la fibre dopée 12.83 µm pour le cœur ,

250 µm pour la 1e gaine

Longueur de fibre active 22 m

Ouverture numérique du cœur de la fibre active 0.088

Diamètre du champ modal (MFD) de la fibre active 11,86 µm

Ouverture numérique du cœur de la fibre du HR et du LR 0,065

Diamètre du champ modal (MFD) de la fibre passive 14,0 µm (12,79 µm de cœur)

Longueur de fibre passive intracavité 1 m

Bande spectrale du HR 3,0 nm

Bande spectrale du LR 0,6 nm

Réflectivité du LR 8%

Tableau 5.2: Paramètres de la cavité laser 12.5/250

La figure 5.6 présente le profil spectral des réseaux de Bragg. La bande spectrale du

réflecteur HR est large et rectangulaire par rapport à celle du réflecteur LR. Des lobes

secondaires sont présents dans la bande de réflectivité du LR mais ceux-ci sont

difficilement correlés à la déformation du spectre de sortie de la figure 5.7.

Page 84: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

72

Figure 5.6: Forme spectrale des réseaux de Bragg utilisés dans la cavité laser 12.5/250

Figure 5.7: Spectre de sortie en fonction de la puissance de sortie de la cavité 12.5/250.

-50

-45

-40

-35

-30

-25

-20

-15

-10

-5

01070 1072 1074 1076 1078 1080

Longueur d'onde (nm)

Am

plitu

de (d

B)

HR (FWHH=3nm)LR (FWHH=0,6nm)

2,3 W9,5W

19,2W26W

33W

49W56W

73W

89W

-60

-55

-50

-45

-40

-35

-301072,2 1073,2 1074,2 1075,2 1076,2 1077,2 1078,2

Longueur d'onde (nm)

Am

plitu

de (d

Bm

)

Page 85: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

73

L’écart type des spectres de sortie de la figure 5.7 est calculé et reporté à la figure 5.8.

Comme dans le cas du laser 20/400, le spectre retourné vers les pompes possède une

dépendance selon la racine carrée de la puissance. Cependant, le spectre de sortie a

maintenant une dépendance linéaire avec la puissance du signal. À plus faible puissance

(< 25 W), les courbes divergent de ces tendances générales. Cela peut être expliqué

principalement par le ratio signal/bruit qui surestime la largeur du signal et par la

résolution de l’OSA (0.05 nm).

Figure 5.8: Largeur spectrale du signal de sortie et du signal retourné aux pompes en

fonction de la puissance de sortie de la cavité 12.5/250.

5.2.3.1 Dépendance du spectre selon la position intracavité

En récoltant une partie du signal diffusé par la fibre intracavité à l’aide d’une fibre à gros

cœur et d’un OSA, il a été possible d’obtenir le spectre du signal en fonction de la

position intracavité. Le signal diffusé provient du signal dévié par les défauts

intrinsèques du milieu. Une fibre de 105 µm de cœur avec ON= 0.22 a été placée très

y = 0,0513x 0,4811

y = 0,009x 0,9643

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Puissance de sortie (W)

Ecar

t typ

e sp

ectr

al σ

(nm

)

Spectre de Sortie Spectre du signal retourné aux pompes

Page 86: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

74

près de la fibre active à différents endroits. Cependant, l’émission spontanée de

l’ytterbium est émise dans toutes les directions et cela est aussi capté par la fibre de 105

µm. Le ratio signal/bruit est donc faible et il est plus convenable d’utiliser la FWHH pour

caractériser la largeur spectrale. La figure 5.9 montre que la largeur du spectre du signal

varie selon la position dans la cavité. Les mesures ont été prises à une puissance de sortie

de 90 W. L’incertitude sur la position est importante (quelques mètres), car la disposition

de la fibre empêchait sa mesure précise. Néanmoins, la largeur spectrale du signal est

clairement moindre au début de la cavité, près du réflecteur HR. À cet endroit, la

puissance et la distance moyenne parcourue par le signal sont faibles.

Figure 5.9: Largeur spectrale du signal en fonction de la position intracavité à partir du

réflecteur HR. La puissance de sortie du laser est d’environ 90 W. Le spectre est capté

par une fibre de 105 µm avec ON= 0.22 à proximité de la fibre active.

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

1,4

0 5 10 15 20 25

Position intracavité approximative à partir du réflecteur HR (m)

Larg

eur à

3dB

(FW

HH

) (nm

)

Page 87: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

75

5.2.4 Élargissement spectral d’une cavité laser 6/125

Les spectres sont mesurés pour une cavité laser avec une fibre active dont le cœur a un

diamètre de 6 µm. Ce laser a permis de faire varier certains paramètres de cavité. Les

paramètres initiaux utilisés sont présentés au tableau 5.1. Ensuite, une fibre passive de 30

mètres a été insérée dans la cavité pour en augmenter la longueur. Finalement, avec la

longueur de cavité initiale, une clive droite dans la fibre passive a été faite pour remplacer

le réflecteur LR. La clive droite engendre une réflexion de Fresnel d’environ 4%. La

figure 5.10 présente la forme spectrale des réseaux de Bragg et les courbes

d’élargissement sont présentées à la figure 5.11.

Paramètres Valeurs

Diamètres de la fibre dopée 6,55µm pour le cœur ,

125 µm pour la 1e gaine

Longueur de fibre active 33 m

Ouverture numérique du cœur de la fibre active 0,134

Diamètre du champ modal (MFD) de la fibre active 6,93 µm

Ouverture numérique du cœur de la fibre du HR et du LR 0,1

Diamètre du champ modal (MFD) de la fibre passive 8,77 µm

Longueur de fibre passive intracavité 1 m

Bande spectrale du HR 3,0 nm

Bande spectrale du LR 0,6 nm

Réflectivité du LR 6%

Tableau 5.3: Paramètres de la cavité lasers 6/125

Page 88: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

76

Figure 5.10: Profil spectral de la réflectivité des réseaux de Bragg utilisés dans la cavité

laser 6/125

Figure 5.11: Largeur spectrale du signal de sortie en fonction de la puissance de sortie

pour les trois variantes de la cavité laser 6/125.

-40

-35

-30

-25

-20

-15

-10

-5

01075 1077 1079 1081 1083 1085

Longueur d'onde (nm)

Ampl

itude

(dB)

HR (FWHH=3nm)LR (FWHH=0,6nm)

var.1: σ =0,0557x0,7436

var.2: σ = 0,0738x0,7162

var.3: σ= 0,1638x0,5368

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

1,4

1,6

0 10 20 30 40 50 60

Puissance de sortie (W)

Ecar

t typ

e sp

ectra

l σ (n

m)

Page 89: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

77

La courbe bleue (var.1) correspond aux paramètres initiaux. La courbe rouge (var. 2)

correspond au cas où une fibre passive de 30m est ajoutée à la cavité. Finalement, la

courbe mauve (var.3) se réfère à la configuration utilisant une clive droite à la sortie pour

remplacer le réflecteur de faible réflectivité. L’augmentation de la longueur de la cavité

induit un élargissement plus élevé au spectre du signal de sortie. Cela montre que

l’élargissement est causé par un effet non linéaire qui s’accumule pendant la propagation.

La clive droite provoque une augmentation de la largeur spectrale, car le seul filtre

limitant le spectre est le réflecteur HR.

5.2.4.1 Effet d’un réflecteur HR à bande spectrale trop étroite

Lorsque la largeur spectrale du réflecteur HR 𝜎𝐻𝑅 est inférieure à celle du LR 𝜎𝐿𝑅, le HR

devient le filtre limitant. La réflectivité effective du réflecteur HR diminuera avec

l’augmentation de la puissance, car le spectre du signal incident sera de plus en plus

large. Cela a donc des conséquences directes sur l’efficacité laser. De plus, le signal qui

traverse le HR sera absorbé par le combinateur de pompes et les diodes pompes. La

figure 5.13 montre l’augmentation importante du signal qui traverse le HR dans le cas où

une clive droite de sortie est utilisé comme faible réflecteur (𝜎𝐿𝑅 ≫ 𝜎𝐻𝑅). La bande de

réflectivité du HR est bien visible dans les courbes spectrales de la figure 5.12. Cela est

perceptible, car la majorité de la puissance retournée vers les pompes a traversé le HR. Le

deuxième phénomène observable est qu’il n’y a pas de filtre spectral pour sélectionner

précisément la longueur d’onde centrale d’émission. Selon la figure 5.10, le profil de

réflexion du HR est centré à 1080 nm et il est plat sur environ 2,5 nm. La longueur

d’onde d’émission dans ce cas particulier est de 1080,9 nm. La largeur (FWHH) effective

de la bande de réflectivité du HR est donc approximativement 1.2 nm au lieu de 3 nm.

Ainsi, le cas ou 𝜎𝐿𝑅 ≫ 𝜎𝐻𝑅 rend imprévisibles la longueur d’onde d’émission et la

largeur spectrale du réflecteur HR 𝜎𝐻𝑅.

Page 90: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

78

Figure 5.12: Spectre du signal qui retourne aux diodes pompes en fonction de la

puissance de sortie du laser.

Figure 5.13: Puissance totale retournée aux pompes dans le cas 𝝈𝑳𝑹 ≪ 𝝈𝑯𝑹 (courbe

pleine) et 𝝈𝑳𝑹 ≫ 𝝈𝑯𝑹 (courbe pointillée).

3,8W8,5W13W

17W25W33W

43W51W

-60

-55

-50

-45

-40

-35

-30

-25

-20

-151070 1075 1080 1085 1090 1095

Longueur d'onde (nm)

Ampl

itude

(dBm

)

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

0 10 20 30 40 50 60 Puissance de sortie (W)

Puis

sanc

e re

tour

née

aux

pom

pes

(mW

)

𝝈𝑳𝑹 ≫ 𝝈𝑯𝑹 𝝈𝑳𝑹 ≪ 𝝈𝑯𝑹

Page 91: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

79

5.3 Comparaison des résultats expérimentaux avec la théorie :

l’équation d’élargissement modifiée

5.3.1 Élargissement d’un laser à fibre 20/400 : l’équation d’élargissement

modifiée

À partir des paramètres du tableau 5.1, on obtient le coefficient non linéaire 𝛾 =

0.57 km−1W−1 et l’aire effective du champ modal 𝐴𝑒𝑓𝑓=2.54 × 10−8m2. L’éq. (5.1) est

utilisée pour calculer la largeur spectrale en fonction de la puissance laser et cette courbe

théorique est reportée à la figure 5.14. Sur ce même graphique se trouve la courbe de la

largeur spectrale expérimentale de la section 5.2.2.

Figure 5.14: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale de sortie en

fonction de la puissance pour le laser 20/400 de la section 5.2.2. La courbe théorique a

été calculée avec l’éq. (5.1) et les paramètres du tableau 5.1.

y = 0,0387x0,5

y = 0,0196x0,69

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

0 50 100 150 200 250 300 350 400

Puissance laser de sortie (W)

Dév

iatio

n st

anda

rd σ

(nm

)

Expérimental Théorique

Page 92: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

80

La comparaison directe des deux courbes de la figure 5.14 montre que les résultats

expérimentaux s’écartent de la prédiction de l’éq. (5.1). De fait, le spectre de ce laser

élargit selon une fonction de puissance avec un coefficient 𝛼, c.-à-d. 𝜈𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 ∝ 𝑃𝛼. Ce

coefficient est 0.5 dans l’éq. (5.1), mais le laser affiche un coefficient 𝛼 ≈0,7. La théorie

semble cependant tenir lorsque qu’on la modifie pour accepter ce coefficient

expérimental 𝛼. L’éq. (5.1) devient alors:

𝜎𝑠𝑜𝑟𝑡𝑖𝑒 ≈ ⟨𝜙𝑁𝐿⟩𝛼 𝜎𝐿𝑅 (5.9)

Cette dernière équation de l’élargissement spectral modifié permettra de calculer la

largeur spectrale en fonction de la puissance laser pour toute cette section. La figure 5.15

montre que la courbe expérimentale et la courbe théorique calculée avec l’éq. (5.9) sont

superposées.

Figure 5.15: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie

en fonction de la puissance pour le laser 20/400 de la section 5.2.2. La courbe théorique a

été calculée avec l’éq. (5.9) et les paramètres du tableau 5.1.

y = 0,0196x0,69

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

0 50 100 150 200 250 300 350 400

Puissance laser en sortie (W)

Dév

iatio

n st

anda

rd σ

(nm

)

Expérimentale Calculée

Page 93: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

81

5.3.2 Comparaison de l’équation d’élargissement modifiée

Laser 12/250 :

Les paramètres utilisés pour le calcul de l’équation d’élargissement modifiée éq. (5.9) et

les courbes d’élargissement sont présentés à la figure 5.16. La théorie semble prédire

parfaitement le comportement spectral du laser. Cependant, le coefficient 𝛼 est

pratiquement égal à l’unité. Ce comportement linéaire n’est pas unique à la cavité

présentée à la section 5.2.3. La figure 5.17 montre les paramètres et l’élargissement d’un

autre laser utilisant une fibre 12.5/250 différente.

Paramètre Valeur

Aeff 1.1 X 10-10 m2

γ 1.3 km-1W-1

σHR 1.28 nm σLR 0.25 nm L ≈ 22 m α 0.98

Figure 5.16: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie

en fonction de la puissance pour le laser 12/250 de la section 5.2.3. La courbe théorique a

été calculée avec l’éq. (5.9) et les paramètres du tableau de gauche.

Paramètre Valeur

Aeff 1.3 X 10-10 m2

γ 1.1 km-1W-1

σHR 1.28 nm σLR 0.25 nm L ≈ 11 m 𝛼 0.92

Figure 5.17: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale de sortie en

fonction de la puissance pour le laser 12/250 #2. La courbe théorique a été calculée avec

l’éq. (6.9) et les paramètres du tableau de gauche.

σ_sortie = 0,0084x0,98

σ_retour = 0,0534x0,47

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0 20 40 60 80 100

Puissance laser de sortie (W)

Dév

iatio

n st

anda

rd σ

(nm

)

Exp:sortie Calculée:sortie Exp:retour

y = 0,0084x0,92

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0 20 40 60 80 100Puissance laser de sortie (W)

Dév

iatio

n st

anda

rd σ

(nm

)

Expérimentale Calculée

Page 94: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

82

Laser 10/200 :

Un MFD plus petit induit un coefficient non linéaire 𝛾 plus grand. Le spectre d’un laser

10/200 a été mesuré. Comme le laser 20/400, celui-ci a un coefficient 𝛼 ≅ 0.7. À 50 W

de puissance laser de sortie, le spectre est quatre fois plus large que la largeur de la bande

de réflectivité du réflecteur LR (𝜎𝐻𝐿 = 0.22).

Paramètre Valeur

Aeff 5.59 X 10-11 m2

γ 2.6 km-1W-1

σHR 0.42 nm σLR 0.22 nm L ≈ 33 m 𝛼 0.72

Figure 5.18: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie

en fonction de la puissance pour le laser 10/200. La courbe théorique a été calculée avec

l’éq. 5.9 et les paramètres du tableau de gauche.

Laser 6/125 :

Le spectre du laser 6/125 de la section 5.2.4 a été mesuré selon trois configurations.

L’élargissement de la configuration initiale est présenté à la figure 5.19. Dans un

deuxième temps, une fibre passive de 30 m a été ajoutée pour augmenter la longueur de

la cavité. L’élargissement pour ce cas est montré à la figure 5.20. Les paramètres

intracavité moyens sont utilisés pour le calcul de l’éq. (5.9). La troisième configuration

consiste à remplacer le réflecteur LR par une clive droite qui produit une réflexion de

Fresnel de 4% sur une très large bande. La largeur 𝜎𝐻𝑅 est utilisée pour le calcul de

l’élargissement, car le HR est le filtre limitant. Dans cette configuration, le coefficient 𝛼

devient subitement 0.5 comme le montre la figure 5.21.

y = 0,0412x0,72

0

0,1

0,2

0,3

0,4

0,5

0,6

0,7

0,8

0 10 20 30 40 50 60

Puissance laser en sortie (W)D

évia

tion

stan

dard

σ (n

m)

Expérimentale Calculée

Page 95: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

83

Paramètre Valeur

Aeff 3.74 X 10-11 m2

γ 3.9 km-1W-1

σHR 1.28 nm σLR 0.25 nm L ≈ 33m 𝛼 0.76

Figure 5.19: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie

en fonction de la puissance pour le laser 6/125. La courbe théorique a été calculée avec

l’éq. 5.9 et les paramètres du tableau de gauche.

Paramètre Valeur

moyenne

Fibre

Yb

Fibre

Passive

Aeff 4.5 X 10-11 m2 3.74 6.0 γ 3.2 km-1W-1 3.9 2.4 σHR 1.28 nm σLR 0.25 nm L ≈ 63 m 33 30 𝛼 0.72

Figure 5.20: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie

en fonction de la puissance pour le laser 6/125 où une fibre passive de 30 m a été insérée

dans la cavité. La courbe théorique a été calculée avec l’éq. (5.9) et les paramètres du

tableau de gauche. Les paramètres utilisés sont les moyennes pondérées de ceux de

chaque fibre utilisée.

y = 0,0524x0,76

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

0 10 20 30 40 50 60

Puissance laser en sortie (W)

dévi

atio

n st

anda

rd σ

(nm

)

Expérimentale Calculée

y = 0,0738x0,72

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

1,4

0 10 20 30 40 50 60

Puissance laser de sortie (W)

Dév

iatio

n st

anda

rd σ

(nm

)

Expérimentale Calculée

Page 96: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

84

Paramètre Valeur

Aeff 3.74 X 10-11 m2

γ 3.9 km-1W-1

σHR 0.5nm σLR Réflexion de Fresnel L ≈ 33m 𝛼 0.54

Figure 5.21: Courbes expérimentale et théorique de la largeur spectrale du signal de sortie

en fonction de la puissance pour le laser 6/125 utilisant une réflexion de Fresnel. La

courbe théorique a été calculée avec l’éq. (5.9) et les paramètres du tableau de gauche. La

largeur du HR (𝝈𝑯𝑹) est utilisée pour le calcul.

5.4 Diminution de la réflectivité

La diminution de la réflectivité du filtre spectral est une conséquence directe de

l’élargissement spectral, car le recouvrement spectral du filtre et du signal change. Plus le

produit γL est grand, plus rapidement la réflectivité du réflecteur LR diminuera. La figure

5.22 montre la puissance laser de sortie pour laquelle la largeur de raie sera le double de

la largeur du filtre spectral en fonction des paramètres de la cavité. Les courbes sont

calculées selon l'équation suivante :

σsortie σ�iltre

≈ ⟨γLP⟩α ≈ 2 (5.10)

y = 0,1638x0,54

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

1,2

1,4

1,6

0 10 20 30 40 50 60

Puissance laser en sortie (W)

Dév

iatio

n st

anda

rd σ

(nm

)

Expérimentale Calculée

Page 97: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

85

Figure 5.22: Puissance laser de sortie pour doubler la raie d’émission par rapport à la

bande passante du filtre en fonction de 𝛄𝐋 et 𝛂.

10

30

50

70

90

110

130

150

0,005 0,025 0,045 0,065 0,085 0,105 0,125 0,145 0,165 0,185γL (W-1)

Puis

sanc

e la

ser à

𝒂 = 𝟎.𝟓

𝒂 = 𝟎.𝟕

𝒂 = 𝟏

Page 98: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

86

6 Conclusion

Les travaux présentés dans ce mémoire ont porté sur les lasers de puissances à fibre

dopée à l’ytterbium. Plusieurs cavités laser de toutes sortes ont été fabriquées dans le but

d’étudier les configurations et les technologies disponibles. La conception d’un système

laser de puissance repose sur les limitations engendrées par la technologie de pompage,

de fabrication des fibres et d’opération laser. La solution au problème de dégradation

optique implique des compromis importants sur le design des systèmes laser. Entre autre,

l’opération monomode y est très difficile au diamètre de gaine nécessaire pour atteindre

des puissances élevées (> 400 W). La technologie de pompage, soit par l’intensité des

diodes laser ou par le coupleur multimode, limite la puissance maximale injectable dans

la fibre de gain. Il y a donc une pression de la technologie de pompage pour augmenter le

diamètre de la gaine des fibres. Cependant, une absorption suffisante est nécessaire et le

diamètre de la gaine doit donc rester petit. L’opération monomode par filtrage modal

nécessite des faibles ouvertures numériques mais le dopage au phosphore augmente

l’ouverture numérique à des valeurs élevées. Ainsi, les fibres de type LMA opérées par

filtrage modal sont sensibles à la dégradation. L’opération monomode par injection

demande un nombre V du cœur de la fibre plus petit que 7 et cela à des ON élevées (>

0.14). Le cœur doit donc avoir un diamètre assez petit, exigeant par le fait même un

diamètre de gaine faible (< 250 µm). Il va sans dire que des compromis ont été

nécessaires pour permettre la réalisation d’un laser monomode avec une puissance de

sortie de 400 W, en l’occurrence en utilisant des fibres de type LMA à grand diamètre de

gaine mais sensibles à la photodégradation.

Les limitations thermiques se sont présentées à plusieurs reprises à mesure que la

puissance injectée augmentait. Il a donc été nécessaire de procéder à une étude de

l’échange de chaleur appliquée à la fibre optique pour optimiser les échanges thermiques.

Il a été démontré que la résistance de contact entre la fibre optique et son milieu, dans un

régime de conduction thermique, est la principale cause d’élévation de température de

Page 99: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

87

celle-ci. Les efforts techniques se sont concentrés sur la diminution de la résistance de

contact de la fibre optique.

Les travaux se sont aussi attardés au spectre de sortie des lasers de puissance continu. La

diversité des cavités fabriquées a permis de valider l’hypothèse de l’élargissement

spectral par le mélange à quatre ondes. La largeur de la raie laser en fonction de la

puissance d’un laser CW est déterminée par le coefficient de non-linéarité Kerr de la fibre

et de la largeur spectrale du filtre spectral limitant. Il y a donc maintenant un outil pour

prédire l’élargissement du spectre d’un laser de puissance continu. L’élargissement du

spectre laser a des conséquences sur l’efficacité laser et la réflectivité effective du FBG à

faible réflectivité. Cependant, les travaux n’ont pas permis d’expliquer pourquoi la

dépendance en puissance variait selon les cavités. L'hypothèse de la dépendance selon la

racine carrée [47] ne tenait plus dans le cas des lasers de puissance.

La technologie de pompage n’a cessé de s’améliorer au cours de nos travaux. Cela rend

les fibres phosphosilicates résistantes à la photodégradation de plus en plus intéressantes,

car celles-ci peuvent être opérées en régime monomode et atteindre des puissances

satisfaisantes à mesure que l’intensité des pompes augmente. Il est maintenant facilement

envisageable d’obtenir des lasers de 400 W en utilisant ce type de technologie plutôt que

les fibres de type LMA.

Page 100: Lasers à fibre de puissance opérés en régime continu

88

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95

Annexe A : Paramètres de simulation

Cette annexe énumère les paramètres de simulation utilisée à la section 2.3.1 pour

illustrer les différents comportements laser. Ce sont les valeurs de base utilisées sauf si

mentionné autrement.

Paramètre Valeurs

Diamètre de la fibre dopée 10 µm pour le cœur , 200 µm pour

la 2e gaine, 350 µm total

Absorption de la pompe 0,5 dB/m à 915 nm

Longueur de fibre active 30 m

Perte de fond intrinsèque du coeur 30 dB/km

Perte de fond intrinsèque de la gaine 25 dB/km

Ouverture numérique du cœur de la fibre active 0.08

Ouverture numérique du cœur de la fibre du HR et

du LR

0.08

Ouverture numérique du cœur du câble de sortie 0.08

Ouverture numérique des fibres à double gaine 0.08

Réflectivité du HR 40 dB

Réflectivité du LR 5%

Perte sur le signal d’une épissure 0 dB

Perte sur la pompe d’une épissure 0 dB

Longueur d’onde de la pompe 915 nm

Longueur d’onde du signal 1080 nm

Tableau A.1: Paramètres de simulation utilisée à la section 2.3.1

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