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1 THEME 3 : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DE GRANDES AIRES CONTINENTALES : L’ASIE DU SUD ET DE L’EST (P.264 A 270) ET CAHIER DE BAC P. 312/313/316/317 CHAPITRE 10 : L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la croissance Accroche et enjeux du sujet : L’Asie du Sud et de l’Est est la région la plus peuplée du monde, avec 3,8Mds d’habitants, ce qui représente plus de la moiti é de la population mondiale. Au sein de cet ensemble, deux géants démographiques dominent, avec plus d’un milliard d’habitants : la Chine et l’Inde. C’est aussi et à la fois la région connaissant les plus fortes croissances économiques et le plus grand nombre de pauvres. L’enjeu du sujet est ici de s’interroger sur les liens entre deux croissances : la croissance démographique et la croissance économique. Se soutiennent-elles mutuellement ou sont-elles un frein l’une pour l’autre ? Autrement dit, dans cet espace en recherche de développement, quels sont les liens existants entre population et croissance économique ? Cadre spatial du sujet Asie du Sud et de l’Est : c’est un sujet qui exclue une partie de l’Asie : ce sujet exclue l’Asie centrale (anciennes républiques soviétiques, Afghanistan, Iran et Pakistan, ouest de la Chine, nord de l’Inde) et la partie orientale de la Russie. Asie de l’Est = Asie orientale. Il existe plusieurs définitions de ce qu’est l’Asie orientale, plus ou moins larges (prenant ou non l’Asie du Sud- Est notamment). On prend ici en compte l’Asie du Sud-Est. En ce qui concerne l’Asie du Sud, plusieurs définitions sont aussi possibles : ici l’idée est de prendre en compte dans le sujet le sous-continent indien. Nb. Quoiqu’il en soit, l’important dans ce sujet n’est absolument pas d’étudier de manière exhaustive l’ensemble de cette air e régionale mais de chercher à répondre à la problématique de la question, en prenant des exemples diversifiés. Les exemples de Mumbai, de la Chine et du Japon peuvent bien sûr être réutilisés abondamment dans cette composition. Quelles relations existe-t-il entre croissance démographique et croissance économique en Asie du Sud et de l ’Est ? La croissance démographique est-elle un potentiel ou un frein pour l’essor économique des pays asiatiques ? Comment mettre la croissance économique de cet espace au service de son développement ? I. Des croissances exceptionnelles A. Les premiers foyers de peuplement au monde B. Une croissance démographique forte et multifactorielle II. Atouts et défis liés aux croissances démographique et économique A. La croissance démographique, facteur de la croissance économique B. Des défis démographiques et sociaux divers C. Les limites de la croissance économique I. Des croissances exceptionnelles A. Les premiers foyers de peuplement au monde 55% de la population mondiale sur 17% des terres émergées - Des géants démographiques : La Chine et l’Inde en premier lieu. 1,35Md d’habitants en Chine et 1,2Md en Inde. L’Indonésie fait aussi partie des 5 pays les plus peuplés du monde. - Des densités élevées. Ces densités sont particulièrement élevées au niveaux des plaines littorales et des deltas : + de 1000 habitants au km2 (carte p. 292). Ce n’est pas nouveau, c’est un fait de civilisation : depuis le début de l’ère chrétienne, mise en valeur des territoires repose sur l’organisation collective du travail et la maîtrise des techniques d’irrigation => fortes densités dans les plaines agricoles. Exemple : au Bangladesh on observe des densités parmi les plus élevées au monde (1059 hab / km2).). Autres exemples : Hong Kong et Singapour 6450 et 6613 hab/km2 : records du monde.

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THEME 3 : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DE GRANDES AIRES

CONTINENTALES : L’ASIE DU SUD ET DE L’EST (P.264 A 270) ET CAHIER DE

BAC P. 312/313/316/317

CHAPITRE 10 : L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la croissance

Accroche et enjeux du sujet : L’Asie du Sud et de l’Est est la région la plus peuplée du monde, avec 3,8Mds d’habitants, ce qui représente plus de la moitié de la population mondiale. Au sein de cet ensemble, deux géants démographiques dominent, avec plus d’un milliard d’habitants : la Chine et l’Inde. C’est aussi et à la fois la région connaissant les plus fortes croissances économiques et le plus grand nombre de pauvres. L’enjeu du sujet est ici de s’interroger sur les liens entre deux croissances : la croissance démographique et la croissance économique. Se soutiennent-elles mutuellement ou sont-elles un frein l’une pour l’autre ? Autrement dit, dans cet espace en recherche de développement, quels sont les liens existants entre population et croissance économique ? Cadre spatial du sujet Asie du Sud et de l’Est : c’est un sujet qui exclue une partie de l’Asie : ce sujet exclue l’Asie centrale (anciennes républiques soviétiques, Afghanistan, Iran et Pakistan, ouest de la Chine, nord de l’Inde) et la partie orientale de la Russie. Asie de l’Est = Asie orientale. Il existe plusieurs définitions de ce qu’est l’Asie orientale, plus ou moins larges (prenant ou non l’Asie du Sud-Est notamment). On prend ici en compte l’Asie du Sud-Est. En ce qui concerne l’Asie du Sud, plusieurs définitions sont aussi possibles : ici l’idée est de prendre en compte dans le sujet le sous-continent indien.

Nb. Quoiqu’il en soit, l’important dans ce sujet n’est absolument pas d’étudier de manière exhaustive l’ensemble de cette aire régionale mais de chercher à répondre à la problématique de la question, en prenant des exemples diversifiés. Les exemples de Mumbai, de la Chine et du Japon peuvent bien sûr être réutilisés abondamment dans cette composition.

Quelles relations existe-t-il entre croissance démographique et croissance économique en Asie du Sud et de l’Est ? La

croissance démographique est-elle un potentiel ou un frein pour l’essor économique des pays asiatiques ? Comment mettre la croissance économique de cet espace au service de son développement ?

I. Des croissances exceptionnelles

A. Les premiers foyers de peuplement au monde B. Une croissance démographique forte et multifactorielle

II. Atouts et défis liés aux croissances démographique et économique A. La croissance démographique, facteur de la croissance économique

B. Des défis démographiques et sociaux divers C. Les limites de la croissance économique

I. Des croissances exceptionnelles

A. Les premiers foyers de peuplement au monde

55% de la population mondiale sur 17% des terres émergées

- Des géants démographiques : La Chine et l’Inde en premier lieu. 1,35Md d’habitants en Chine et 1,2Md en Inde. L’Indonésie fait aussi partie des 5

pays les plus peuplés du monde. - Des densités élevées.

Ces densités sont particulièrement élevées au niveaux des plaines littorales et des deltas : + de 1000 habitants au km2 (carte p. 292). Ce n’est pas nouveau, c’est un fait de civilisation : depuis le début de l’ère chrétienne, mise en valeur des territoires repose sur l’organisation collective du travail et la maîtrise des techniques d’irrigation => fortes densités dans les plaines agricoles. Exemple : au Bangladesh on observe des densités parmi les plus élevées au monde (1059 hab / km2).). Autres exemples : Hong Kong et Singapour 6450 et 6613 hab/km2 : records du monde.

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Nuance : au contraire cependant les régions montagneuses et enclavées ont des densités de population beaucoup plus faibles. Exemple au Japon : les littoraux saturés contrastes largement avec l’intérieur montagneux.

- Une urbanisation rapide : De nombreuses mégapoles : Bangkok, Manille, Séoul, Dacca, Mumbai, Jakarta ... Partout se développent des agglomérations gigantesques, comme la mégalopole japonaise ou l’agglomération de Mumbai. Exemple mégalopole japonaise : le plus long ensemble urbain linéaire du monde : 80 % de la population du Japon, soit 105 millions d'habitants sur 1500 km de long et 50 km de large, très dense (1500 hab/km2). Des taux d’urbanisation diversifiés

B. Une croissance démographique soutenue mais diversifiée

- La croissance démographique est encore forte dans de nombreux pays. C’est dans les pays les plus pauvres que la croissance démographique est la plus forte : Laos, Népal par exemple. Ces pays n’ont pas encore achevé leur transition démographique. Au Laos la mortalité infantile est 25 fois supérieure à celle du Japon ou de Singapour. - Plusieurs pays ont cependant achevé leur transition démographique. Fécondité maîtrisée aujourd’hui dans plusieurs pays : 1,4 enfant/femme au Japon ou 1,8 en Chine contre 6 en 1965 : politiques de limitation des naissances partout : ex. Singapour 1965, loi sur l’enfant unique en Chine en 1979, avortements imposés, sanctions financières, primes, campagnes de stérilisation. Le Japon connaît même une baisse démographique - L’inde est dans une position moyenne avec 2.7 enfants par femme. Ce pays n’a pas mis en place comme en Chine une politique coercitive et devrait devenir le premier pays du monde vers 2035. (+10 millions d’habitants par an). - Reprendre ce que l’on a dit sur la politique nataliste chinoise C. Une croissance économique forte et multifactorielle

1. Deux nouveaux géants économiques * La Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale en 2010. Taïwan est pour sa part 26eme. Ils sont tous deux membres de l’OMC, depuis 2001 et 2002. Passage progressif d’un statut de pays-atelier à un véritable leader de la mondialisation. Remise en cause des lectures que l’on a jusqu’aujourd’hui et qui restent très présentes dans les manuels scolaires : de l’hyperpuissance américaine, de la notion de Triade, de la suprématie occidentale. Historiquement, choix de l’ouverture depuis les 70’s sous Deng Xiaoping. Après les désillusions de la période maoiste (révolution culturelle 66-76 et grand bond en avant 58-61). A la mort de Mao en 76 le pays est alors refermé sur lui même, peu développé, morcelé. Les années qui suivent sont parfois appelées les 30 Glorieuses chinoises. Lancement des réformes à partir de 1978. Création de zones franches littorales sur le modèle des dragons asiatiques : les ZES. Puis plus tard création de zones économiques ouvertes à l’intérieur de la Chine. Avantages comparatifs décisifs : avantages fiscaux, douaniers, faible coût d’installation (terrain, bâtiments, infrastructures …), m-o. 80-90’s : la Chine devient l’atelier du monde. Installations d’entreprises étrangères : région du delta cantonais (delta de la rivière des perles), province du Fujian, région de Wenzhou. Il reste une très forte inégalité littoral / intérieur aujourd’hui. La Chine aujourd’hui ne veut plus se limiter au rôle de pays-atelier. Existence de vastes groupes chinois qui s’installent à travers le Monde. *L’inde a pris de son côté du retard, en raison de sa fidélité prolongée au protectionnisme, à sa société hiérarchisée (système de castes), aux faibles taux d’alphabétisation, aux problèmes politiques. Aujourd’hui elle s’est fortement spécialisée dans les services, ce qui lui vaut le surnom de « bureau du monde ». Sa situation évolue rapidement aujourd’hui, car l’Inde se dote rapidement d’une industrie puissante et diversifiée. (Exemple de Bangalore ) et exemple des centre d’appels en Inde. 2. Des taux de croissance parmi les plus élevés du monde, surtout dans les pays dits ‘en développement’ Des taux de croissance spectaculaires : 10% pour la Chine lors des 20 dernières années et encore + de 7% aujourd’hui. Vietnam dans les 90’s croissance supérieure à 10% / an. + de 7% pour la Corée du Sud entre 65 et 95. Nuance : la crise de 1997 + des pays à croissance plus modérée comme les pays au développement plus avancé (CS, Japon, Singapour). Idem pour les pays en retard comme les Philippines ou le Cambodge. Le rythme est donc inégal et il est difficile de parler de croissance uniforme. Une croissance marquée dans le vocabulaire : On parle dans l’ensemble de « miracle asiatique ». Pour la Japon de « haute croissance » Des métaphores : « dragons », « tigres ». Des croissances différées dans le temps : ancienneté du Japon dans la croissance : fin XIXe (ère Meiji 1868-1912 + aide USA en 1955-75 = “haute croissance” => 2e puissance éco du monde. Essor des “quatre dragons” (Corée du Sud, Hong-Kong, Taïwan, Singapour) à partir des années 1960 : de pays ateliers à NPI dans les années 1990. Essor plus récent de la Chine depuis les années 1980 et des « Tigres » asiatiques. 3. Les processus de l’émergence : Une croissance accompagnée d’une forte intégration dans la mondialisation : débouchés, IDE, main d’œuvre, délocalisations, transferts de technologies. Pour l’Asie orientale on peut parler du développement « en vol d’oies sauvages » de l’économiste Ken. AKAMATSU (1935)

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Dans une étude menée en 1935, K. AKAMATSU compare le processus de développement d’un pays peu industrialisé et son insertion dans les échanges internationaux, à la migration des oies sauvages : pour l’observateur qui est au sol, il semble que les ailes des oies en formation de vol, se superposent.

1) Importations de produits manufacturés en provenance des pays développés et exportation de matières premières. 2) Production locale de produits de consommation. Pour ces produits, la production nationale tend progressivement à se substituer à des importations, éventuellement découragées par des mesures protectionnistes. En revanche, les importations de biens d’équipement se développent, car elles sont nécessaires aux industries locales de consommation. 3) Exportations : les producteurs locaux s’attaquent aux marchés des pays voisins. En même temps, les importations de matières premières en provenance de pays moins développés augmentent. On constate donc une expansion des échanges entre PVD. Simultanément, le pays considéré entreprend une production de biens d’équipement qui seront, à leur tour, exportés 4) Délocalisation de la production dans les pays voisins avec diminution de la production nationale.

On peut modéliser comme cela : VVVV Les caractéristiques de ce modèle largement inspiré par le Japon, mais avec des spécificités nationales, sont : Un développement extraverti -> À l’origine, en général une réforme des structures agraires et une “révolution verte” pour augmenter les rendements agricoles -> puis des stratégies de développement fondées sur une ouverture contrôlée @ 1er temps : politiques d’industrialisation (industries de main d’oeuvre peu qualifiée) par substitution d’importations => États-ateliers. Dans les années 1950 le Japon, protégé par d’importantes barrières douanières, importe les biens industriels qu’il ne peut produire, en copie la technique et les fabrique à bas coût (et achète des brevets d’invention : Sony a acheté à RCA la technologie du transistor pour 25 000 $, le Japon a acheté la technologie du nylon à Dupont de Nemours + transferts de technologie par implantation de filiales de grands groupes US) => on produit pour le marché japonais, progressivement on vend sur le marché japonais des produits japonais. Progressivement il y a remontée de filière vers des productions et technologies à forte valeur ajoutée, à partir de production et de technologies simples : ex. l’industrie de la photo nait dans les années 1960 au Japon, à partir de la copie d’ appareils photos occidentaux. Les autres pays asiatiques le font dans les années 1970 @ 2e temps : promotion des exportations Le Japon se lance dans cette voie à la faveur de la crise économique des années 1970 : il produit pour exporter (plus de 60% de la production nationale) des produits moins chers, de meilleure qualité, à la pointe de la technologie => invasion du made in Japan (autos, TV, radios, photo, électro-ménager, etc.). Les autres pays asiatiques le font dans les années 1970-80. Aujourd’hui c’est l’invasion du made in China -> la libéralisation commerciale (baisse des barrières douanières et quotas d’importations) et la constitution des zones franches @ libéralisation commerciale rapide au Japon (annnées 1960), en Corée du Sud, à Taïwan + constitution de zones franches locomotives du développement économique (législation fiscale et sociale préférentielle, droits de douane réduits, facilités administratives, crédits et subventions à l’installation, liberté de rapatriement des capitaux, avantages fiscaux), qui attirent les investissements étrangers : Hong Kong et Singapour ports francs dans les années 1960, Taïwan en 1966-70, Corée du Sud au début des années 1970. La Chine de Deng Xiaoping lance la politique des Zones Économiques Spéciales (ZES) en 1979 et jusqu’à la fin des années 1980 : cette politique s’accompagne de réformes dans les années 1984-88 puis 1992-97 pour installer dans la Chine communiste l’économie de marché : fin des monopoles des entreprises d’État, libéralisation des prix, encouragement de l’initiative privée, ouverture de l’économie aux capitaux étrangers. La Chine entre dans l’OMC en 2000. Un rôle de l’État affirmé dans un cadre capitaliste libéral Tous ces États ont choisi le capitalisme libéral : le Japon parce qu’il a été reconstruit économiquement par les États-Unis; la Corée du Sud, Taïwan et Singapour parce qu’elles étaient des dictatures souvent militaires, anti-communistes, soucieuses du développement économique et soutenues par les États-Unis. La Chine communiste de Deng Xiaoping a fait en 1979 le choix du capitalisme après l’échec de la voie maoiste (économie socialiste), mais sans remettre en cause le régime politique. C’est “l’économie socialiste de marché” (Deng Xiaoping, 1992) : privatisations, accueil des entrepreneurs privés dans le Parti communiste chinois en 2002, reconnaissance constitutionnelle de la propriété privée en 2004. Le résultat général est la déréglementation et un libéralisme économique débridé, la glorification du profit et des grandes fortunes. Mais l’État joue partout un grand rôle économique “d’interventionnisme libéral” : @ en finançant l’économie par ses banques, ce qui favorise la corruption et l’endettement des grandes entreprises (internationalisation à crédit, puisque c’est l’État qui finance), d’où la crise de 1997. @ en encadrant et stimulant les productions industrielles par la planification indicative (autoritaire en Chine), par l’aide à l’orientation des investissements, productions et exportations, sur le modèle du MITI japonais.

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MITI = ministère de l’Industrie et du Commerce extérieur japonais, né en 1925, reconstitué en 1949. Il identifie et finance les “industries cibles” à développer en priorité. Il protège le marché intérieur : droits de douane, quotas, normes de qualité, licences d’importation). Il promeut les produits japonais à l’étranger, en liaison avec les sogo shosha (grandes sociétés de commerce des groupes industriels : distribution des produits, recherche d’informations économiques, intermédiaire financier). Il contrôle la planification, les investissements à l’étranger, l’épargne nationale. Enfin il importe le savoir (transferts technologiques) et, depuis la crise économique des années 1970, favorise la restucturation de l’industrie japonaise. Il finance aussi la recherche/développement (construction de technopôles).

@ en soutenant la recherche et l’adaptation à la 3e révolution industrielle : développement de l’industrie aéronautique à Taïwan, Singapour, en Corée du Sud (Hyundai Aerospace, Samsung Aerospace) et au Japon (programme spatial, en Chine aussi); aide aux industries et start-up de haute technologie : biotechnologies, électronique et informatique, nouveaux matériaux, robots (Japon). @ en contrôlant les secteurs clefs de l’économie : nombreuses entreprises publiques ou mixtes dans les industries de base (pétrole, électricité et sidérurgie à Taïwan par ex.), les transports, les télécommunications, le crédit. Depuis les années 1980, la tendance est aux privatisations. Le rôle des entreprises et des ménages @ les entreprises partagent des points communs : Les grandes entreprises sont les “fers de lance” du capitalisme asiatique : keiretsu au japon, chaebols en Corée du Sud.... Par ex. les keiretsu sont des conglomérats souvent d’origine familiale reposant sur des participations financières croisées et l’importance des banques, avec concentration horizontale (autour d’une banque et d’une sogo shosha : Mitsui, Mitsubishi, Sumimoto, etc.) ou verticale (une entreprise et ses sous-traitants : Toyota, Sony, etc.). Elles sont associées à des PME qui s’adaptent vite, elles investissent massivement dans la recherche/développement (elles assurent 80% de la R&D au Japon) et ont leurs grands laboratoires de recherche. - l’organisation du travail est tournée vers la réduction des coûts et la qualité = toyotisme : adaptation du travail à la chaîne dans les années 1950 chez Toyota, pour plus d’implication et de mobilité de l’ouvrier qui peut proposer des améliorations et qui contrôle la qualité = la méthode Ohno : zéro défaut / production seulement sur commande, zero stock zero délai = flux tendus / travail en équipes polyvalentes, boîtes à idées et cercles de qualité mais aussi discipline sévère, contrôle permanent de chacun par chacun, consensus contre la grève. @ les ménages asiatiques, très nombreux, sont de forts consommateurs (les niveaux de vie augmentent vite : le Japon est le 2e marché de consommation du monde) de biens d’équipement (transports, télécoms, crèches, écoles) et de consommation (machine à laver, réfrigérateur et TV, hifi-vidéo, auto), traditionnellement tournés vers la consommation de produits asiatiques et vers l’épargne, ce qui contribue à financer l’économie.

II. Atouts et défis liés aux croissances démographique et économique

La vision malthusienne voit la croissance démographique comme un obstacle, mais la croissance démographique peut être aussi perçue comme un moteur de croissance et d’inventivité.

A. La croissance démographique, facteur de la croissance économique

- Un formidable réservoir de consommateurs : 1er marché du monde pour la vente de micro-ordinateurs, très forte

croissance pour l’automobile, rôle essentiel des consommateurs chinois et indiens aujourd’hui (revoir le document sur les classes moyennes indiennes vu quand on a fait Mumbai). Presque partout le niveau de vie moyen s’élève, une minorité connaît un enrichissement très rapide, les classes moyennes s’étoffent et consomment de plus en plus. La pauvreté recule, en particulier l’extrême-pauvreté (moins de 1.25 dollar par jour selon la banque mondiale).

- Un formidable réservoir de main d’œuvre. Faible coût de la main d’œuvre qui procure des avantages comparatifs. + de 780 M d’actifs en Chine continent (hors Hong Kong), environ 70M au Japon. Elles restent des populations à bas coûts en Chine et en ASE : “pays-ateliers”, mais plus ailleurs (Taïwan : salaires de l’industrie x 7 en 1972-89) où l’on manque de MO (Japon, Corée du S).

- Une population jeune et souvent bien formée. Une main d’œuvre instruite : 15% des adultes analphabètes en Asie orientale, 44% en Asie du S (2% en Europe). En Asir orientale : sociétés de l’écrit, prestige historique des lettrés (ont l’autorité dans le confucianisme), ancienneté de l’effort de scolarisation (primaire dans de nombreux pays, secondaire et supérieur moins en Chine que dans les autres pays : ex Japon 95% des enfants arrivent au bout du secondaire... mais records de suicides...

B. Des défis démographiques divers

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Mais il convient aussi de voir les défis à relever et de raisonner dans le temps, pour montrer que la période favorable est de courte durée. Exode rural et explosion urbaine : on assiste actuellement à l’exode rural le plus massif de l’histoire de l’Asie. En Asie orientale, les villes (dans leur ensemble) devraient accueillir, si l’on suit la courbe statistique, environ 2 millions d’urbains chaque mois lors des 20 prochaines années. La population urbaine a presque été multipliée par 4 depuis les années 60. Alors que l’Inde comptait 7 agglomérations millionnaires en 1960, elle en compte plus de 40 aujourd’hui. Le ralentissement de cet exode rural est donc en enjeu majeur, et la création d’emplois dans les zones rurales est une nécessité aujourd’hui. Le vieillissement de la population : allongement de l’espérance de vie et vieillissement (rapide au Japon : 19% de la pop > 65 ans, surtout dans les campagnes reculées. Déséquilibre du sex ratio : en Chine (103,9 hommes pour 100 femmes). Des problèmes récurrents de développement : en termes de santé, d’éducation, de logement, d’accès à l’alimentation (19% de sous-nutris en Inde, 25M% au Cambodge) . L’Asie du Sud abrite à elle seule 71% de la population mondiale en été de sous-nutrition. Exemple de Jakarta et de la question de l’eau

C. Les limites de la croissance économique - Une croissance mal redistribuée : L’Asie demeure le continent qui compte le plus de pauvres avec 2.2 Mds de personnes considérées comme pauvres (1.6Mds pour la Chine et l’Inde). La persistance des inégalités entre Etats : au Japon, en Corée du Sud ou encore à Singapour, considérés comme des pays du Nord, le niveau de vie est comparable à celui des pays occidentaux. Le reste des Etats a des IDH moyens (Chine, Inde, Thaïlande, Vietnam) ou faibles (Bangladesh, Cambodge, Népal, Birmanie…). Une croissance qui concerne surtout les littoraux : zones franches, complexes portuaires, métropoles littorales. Au Japon le « Japon de l’endroit » s’oppose au « Japon de l’envers). Parallèlement une forte pauvreté rurale : la campagne est souvent marquée par la pauvreté : aux Philippines 80% des pauvres sont des ruraux.

Des différences au sein des villes : prendre l’exemple très marquant de Mumbai. C’est dans les grandes villes que les différences sont les plus marquantes, par la proximité entre riches et pauvres.

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De fortes inégalités, facteurs de tensions. Travailleurs urbains de moins en moins protégés. La misère urbaine est noyée dans la masse ou est traitée par des politiques de “nettoyage” (répression). La misère rurale est considérée comme plus dangereuse (flots de travailleurs flottants issus de l’exode rural dans les villes chinoises) car elle peut se combiner à une marginalisation ethnique et frontalière => création de périphéries “politiquement” sensibles : minorités diverses en Chine, minorités coréennes limitrophes du NE de la Corée du Nord, aborigènes de la cordillère taïwanaise, Ainus en Hokkaido et Ryukyans en Okinawa au Japon. - Les fragilités environnementales : Depuis 2006, la Chine est devenue le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. Pour maintenir une croissance forte, des activités très polluantes, pesantes pour l’environnement, se multiplient : mines, déforestation, élevage intensif, industries littorales … L’agriculture intensive a des effets désastreux sur le milieu : salinisation des sols, destruction des mangroves, pollution de l’eau … La rapidité de l’industrialisation a eu des conséquences environnementales avec l’aggravation de la pollution de l’air et de l’eau. Elle s’est traduite aussi parfois par des catastrophes comme l’explosion d’une usine de pesticides en Inde à Bhopal en 1984 ou bien, plus récemment, le 24 avril 2013, l’effondrement du immeuble où travaillaient des ouvriers du textile dans la banlieue de Dacca (+ de 1000 morts). L’accroissement démographique dans certaines zones accroît l’exposition aux risques naturels. L’exemple majeur est celui du Bangladesh, régulièrement ravagé par des crues et des cyclones. On peut aussi rappeler l’exemple du tsunami au Japon. (Fukushima en 2011). Les associations écologiques se multiplient dans cette région mais elles se heurtent souvent à de puissants enjeux financiers et économiques. Par exemple, les réglementations visant à l’épuration des eaux industrielles en Chine est trop souvent contournée par des entreprises sont l’Etat est actionnaire. Les opinions publiques sont aussi de plus en plus sensibles à la question de la pollution de l’air avec le développement rapide de la circulation automobile. Conclusion : Quelles stratégies pour transformer cette croissance économique en développement et rendre ce développement durable ?