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L’Au-delà des rêves - static.fnac-static.com · j’aurais pu confier tant de choses et avec qui j’aurais ... comme si elle était rattachée à son mari par les murs ... Je

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L’Au-

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rêve

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11.66 641291

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 138 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 11.66 ----------------------------------------------------------------------------

L’Au-delà des rêves

Jérémy Filet-Coche

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Préface

Le chemin fut long pour arriver jusqu’ici. Ce livre, bien qu’il relate une histoire complètement fictive, aura été un morceau de ma vie. Une époque et une épopée que je vous livre enfin.

Il est difficile de préfacer son propre ouvrage, surement ne serai-je pas objectif. Mais c’est là que se dévoile le propre des sentiments. Je ne me serais jamais prétendu écrivain et ne le prétends toujours pas aujourd’hui. Cette histoire est un peu comme celle de la vie de tous les jours, elle est imprévisible. Je voulais écrire quelque chose, sur moi, les autres, la vie, la mort, le monde. Je voulais imiter ces grands auteurs aux mots précis et intelligents. Je voulais tout, il y a de cela quelques années. Aujourd’hui, je souhaiterais tout simplement partager avec vous ce travail enfin achevé.

L’histoire de MON histoire commence il y a déjà cinq ans. À l’âge de dix-sept ans alors que le corps et

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l’esprit changent, je me suis mis à écrire à la suite d’un rêve. Un peu comme mon personnage en somme, même s’il n’est pas moi et que je ne suis pas lui. Puis l’imaginaire m’emporta. Les aventures se dessinaient, ou tout du moins s’écrivaient, sans que je ne contrôle rien. Ce fut le cœur, les émotions, l’instinct qui rédigeait à ma place. Le titre changea beaucoup, le texte et son contenu aussi. Des personnages changèrent de nom, d’autres disparaissaient pendant que certains s’immisçaient dans le décor. Les mots et les phrases ne résonnaient plus de la même manière à mesure que j’évoluais dans ma vie personnelle, à mesure que je la remplissais, que je découvrais et vivais de nouvelles émotions. J’aurais voulu tout réécrire encore et encore. C’aurait été une histoire sans fin, qui peut-être m’aurait ennuyée et que j’aurais désaimée au fil du temps. C’est pourquoi il faut savoir s’arrêter. S’arrêter avant de se perdre complètement. S’arrêter et savoir regarder ce que l’on a déjà fait pour mieux préparer ce que l’on fera. S’arrêter pour faire preuve de maturité. C’est le cas aujourd’hui. À vingt et un ans, j’ai choisi de vous offrir ce livre maintenant, sans le retravailler de nouveau avec les mots qui me touchaient alors.

Pour l’heure, je vous prierais d’être indulgent. Dévoiler un livre, c’est comme se dévoiler soi-même. C’est comme se mettre à nu devant l’inconnu. L’histoire de CETTE histoire commence en réalité maintenant. Son écriture fut une étape de

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préparation, de confection et d’invention, un moment privilégié avec des personnages que j’ai réellement aimés. Maintenant, cette histoire ne m’appartient plus. Je vous laisse me la prendre, la comprendre selon vos vies et vos humeurs, selon vos rêves et vos sentiments. Pour chacun, elle sera différente et c’est en cela qu’est le vrai début.

C’est ici que je m’arrêterai. Empli de joie que ce texte prenne enfin son envol, comme le parent regarde son enfant quitter le nid. Empli aussi d’inquiétude quant à l’accueil qu’il recevra ailleurs que dans mon cœur. Maintenant, il est temps de lire l’histoire de VOTRE histoire puisque chaque vie se cache dans celle d’un autre…

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« Le rêve est l’image révélatrice des désirs inavoués. Il est incontrôlable, imprévisible et parfois refoulé. Le cauchemar en est son échec. »

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Choix d’un début ou début du choix

Il est toujours difficile de savoir par où commencer. Quels mots l’autre lira en premier ? Quelle image se fera-t-il de moi ? Il est aussi difficile de savoir comment donner envie, envie de rester, envie de croire. Tout se joue dans les premiers mots, les premières lignes, tout se joue maintenant…

Le début de ma vie pourrait se raconter par celle de ma mère. Elle a rencontré mon père très jeune, à l’âge de dix-sept ans, alors qu’ils étaient encore au lycée. Très vite, ils se marièrent et eurent un premier petit garçon qu’ils prénommèrent Oscar. Je ne l’avais jamais connu. Jamais je n’ai rencontré cet aîné à qui j’aurais pu confier tant de choses et avec qui j’aurais pu partager tellement d’instants. Ma mère m’avait expliqué qu’il était mort quelques mois après sa naissance. Un matin, alors que le soleil n’était pas encore tout à fait aux aurores, elle ne dormait plus et admirait son enfant assoupi. Peu sont ceux qui osent

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l’avouer, mais beaucoup, en secret, admirent leur chérubin, tel un tableau de maître, alors que ceux-ci sont encore plongés dans les bras de Morphée. Or ce matin-là, Morphée, en plus de prendre le sommeil de son fils, avait pris la vie de cet enfant. Je n’en connaissais pas beaucoup plus sur ce qui s’était réellement passé. Ma mère ne voulait pas en parler. Elle ne pouvait pas en parler. Le choc avait été terrible et elle avait encore du mal à surmonter la douleur. Quelque temps après, alors que la blessure n’était pas encore cicatrisée, elle tomba enceinte de moi, inquiète à chaques instants de sa grossesse. Quelques semaines avant ma naissance mon père mourut calciné dans un incendie qui s’était déclaré dans un des hôtels de la ville. Il était pompier. Malgré le souvenir douloureux de l’endroit, ma mère n’avait jamais voulu partir, comme si elle était rattachée à son mari par les murs des bâtisses qu’elle caressait parfois, par ces rues familières, par le jardin public où ils s’étaient si souvent promenés.

L’amitié. Voilà quelque chose en laquelle on entrevoit une lueur d’espoir et de bonheur. Importants, rares et surtout présents, mes amis étaient un morceau de moi-même.

Émilie Arvinkof était une fille mince, légère et attentionnée, toujours à l’écoute de l’autre, là pour me rassurer et me réconforter dans mes moments de doutes. C’était une fille très rationnelle dont le visage fin se laissait dévoiler au travers de ses longues

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mèches de cheveux. Parfois, j’observais les expressions de son visage comme on essaye de percer les mystères d’une énigme. Elle me semblait flotter entre beauté et grâce. Une fille dont le visage ne pouvait que marquer, une voix dont le timbre apaisait.

Phil Vasochki était en revanche un véritable blagueur. Je crois que je n’avais jamais rencontré quelqu’un d’aussi insouciant. Il était, en comparaison à Émilie et moi, très grand et avait la peau métissée. Il ne prenait pas vraiment la vie au sérieux, persuadé d’être dans un immense jeu dont les règles étaient faites pour être changées. Sa philosophie de la joie de vivre le rendait agréable, attachant. Je me souviens de nos longues soirées passées ensemble, autour d’un feu de camp. Je me souviens de ces longs moments de confidences, où lorsque nous ne riions plus, nous nous livrions comme si nous étions un seul et même être, comme si la vie de l’autre nous appartenait un peu. Je savais tout de lui, il savait tout de moi.

Depuis toujours, ils étaient à eux deux les seules personnes qui avaient osé franchir le pas d’une amitié avec moi. Enfant, je restais seul dans les cours de récréation, absorbé par un trop-plein de solitude. J’observais les autres enfants jouer, rire, se battre, et le soir, en rentrant chez moi et une fois dans ma chambre, je reproduisais tous ces moments avec mes soldats de plomb.

Un jour de printemps, le regard d’Émilie croisa le

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mien et l’amitié finit par tisser sa chrysalide. Phil, lui, n’apparut pas dans ma vie avec autant de douceur. Tout nouveau dans mon école, il ne connaissait personne et pourtant allait si facilement vers les autres. Un matin, il vint s’asseoir sur le banc où je m’installais à chacun de mes temps libres. Il fixa ses pieds, puis de manière inattendue, se tourna vers moi, me tendit la main et se présenta. Je le regardai, l’air bête, puis, sans vraiment savoir pourquoi, je serrai cette main qu’il me tendait. Nous commençâmes à bavarder, à rire, à nous chahuter. Je devenais enfin un petit garçon comme les autres, laissant peu à peu mes petits soldats de plomb devenir des objets de souvenir, pour vivre cette douce sensation de ne plus être seul.

Dans tout commencement, qu’il s’agisse d’une vie, d’une histoire, d’un sentiment, il y a un endroit, un quelque part. Pour moi, c’était ma maison. C’était dans ce havre, ce lieu si doux que ma vision de la vie avait grandi, que mes souvenirs s’étaient gravés. Une maison est un repère, un endroit qui garde précieusement nos secrets. Certains la voient comme une cachette, comme un refuge, comme un réconfort pour des hommes à la vie trop cassée. D’autres la ressentent comme un reflet de soi ou comme quelque chose qui prend vie et qui nous ressemble. La maison est un lieu quasi sacré où les uns comme les autres naissent, grandissent, vivent et parfois meurent. Ma maison était un peu comme celle-là. Je ne savais pas si quelqu’un y entrerait un jour, si quelqu’un sentirait

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l’atmosphère que je percevais lorsque j’arpentais ses couloirs, mais j’adorais y errer à chacun des instants de ma vie.

Mes souvenirs étaient intacts même des dizaines d’années plus tard, l’escalier en bois de chêne, ce couloir qui menait à ma mère, la cuisine, pièce ancienne avec en son centre le poêle à bois, le bouquet de roses juste cueillies, les fleurs préférées de ma mère.

Au seuil de la porte d’entrée, un jardin m’accueillait, dominant, reposant. C’était un Éden où j’aimais me perdre. C’était un paysage rare. Tous les éléments étaient réunis à deux pas de mon entrée. Les montagnes dominaient, et malgré le soleil de juillet, elles étaient encore recouvertes d’une neige quasi éternelle. Les rayons du soleil illuminaient de milliers de diamants les courbes du ruisseau et me donnait une impression étrange de me trouver dans un rêve si beau dont je ne voulais pas me réveiller. Je voulais rester là, des heures durant, à admirer cette beauté et cette harmonie que formait la nature.

Cependant, tout n’était pas toujours aussi idyllique. Mon histoire ne commence pas ici, pas maintenant et pas comme cela. Elle débuta lorsque j’étais adolescent, que j’arpentais ma vie comme on affronte une falaise, que les questions se posaient et se bousculaient et que l’existence ne semblait pas aussi simple. Mon histoire connut un début cruel, horrible, déchirant et déconcertant.

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Je suis dans mon lit. Je suis bien, je dors. Mon esprit voyage entre mes amis, le merveilleux paysage qui se trouvait face à mon entrée et d’autres choses dont je ne souviens plus vraiment.

Mais soudain ma pensée entre en pleine tourmente. Je n’ai plus de repères. Plus rien à quoi m’accrocher pour lutter. Lutter contre ce tourbillon qui m’entraîne vers les enfers. Plus rien pour me retenir de ce malaise profond qui s’installe, me laissant fragile et apeuré. Soudain apparait le néant. Une obscurité, dans laquelle je n’avais jamais été plongé, s’installe sans prévenir. Seul, sans personne pour me rassurer, j’avance dans l’espoir de trouver enfin la lumière. Je crois la toucher des doigts, lorsque j’aperçois au loin une lueur apaisante. Je veux m’en approcher pour pouvoir la saisir, mais mon corps ne répond plus. Je me demande pourquoi. C’est comme une gifle que l’on prend en pleine figure, comme une évidence que l’on ne voit pas. Cette bougie est en réalité un foyer qui abrite une famille.

En quelques secondes, et alors que je n’ai pas bougé, je me retrouve au milieu de cette maison enflammée de toutes parts. Une épaisse fumée noire m’empêche de discerner les choses. Je vois le corps d’un homme allongé au sol, coincé sous une poutre. Il est prisonnier de son destin. Je ne sais pas pourquoi, mais le temps d’un instant, je crois qu’il s’agit de mon père. Ne reconnaissant pas son uniforme de pompier, je m’aperçois qu’il est question d’un parfait inconnu.