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L’utilisation d’un cyclo-ergomètre (Motomed® Letto 2) dans le cadre de la mobilisation précoce de deux patientes trachéotomisées et ventilées, atteintes de polyneuromyopathie de réanimation Institut Régional de Formation aux Métiers de Rééducation et Réadaptation Pays de la Loire 54, Rue de la Baugerie - 44230 St Sébastien sur Loire Aurélie AOUSTIN Travail Écrit de Fin d'Études En vue de l'obtention du Diplôme d'État de Masseur-Kinésithérapeute Année scolaire 2014-2015 RÉGION DES PAYS DE LA LOIRE

L’utilisation d’un cyclo-ergomètre (Motomed® Letto 2) dans le … · 2015. 10. 2. · Une ANMAR se traduit par une faiblesse musculaire des quatre membres allant de la tétrapa-résie

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  • L’utilisation d’un cyclo-ergomètre (Motomed® Letto 2)

    dans le cadre de la mobilisation précoce

    de deux patientes trachéotomisées et ventilées,

    atteintes de polyneuromyopathie de réanimation

    Institut Régional de Formation aux Métiers de Rééducation et Réadaptation

    Pays de la Loire

    54, Rue de la Baugerie - 44230 St Sébastien sur Loire

    Aurélie AOUSTIN

    Travail Écrit de Fin d'Études

    En vue de l'obtention du Diplôme d'État de Masseur-Kinésithérapeute

    Année scolaire 2014-2015

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    RÉGION DES PAYS DE LA LOIRE

  • Remerciements

    Je remercie l’équipe de kinésithérapeutes des services de réanimation du Centre Hospitalier

    de Laennec, pour leur accueil et leur encadrement lors de mon stage. Pour l’aide qu’ils m’ont

    apportée dans la rédaction de ce travail. Et plus particulièrement mon tuteur de stage, qui a su

    me guider tout au long de ce parcours.

    Je remercie également mon directeur de travail écrit pour sa perspicacité et son sens de

    l’esthétisme.

    La documentaliste de l’IFM3R pour la réactivité dont elle a su faire preuve lors de mes re-

    cherches bibliographiques.

    Merci à Mme A et Mme B, les deux patientes qui m’ont permis d’élaborer ce travail.

    Merci à ma famille et à mes amis pour leur soutien et leur vision extérieure.

  • Résumé

    Introduction : Le traitement kinésithérapique de la polyneuromyopathie de réanimation con-

    siste à mobiliser précocement les patients. Cela peut être effectué à l’aide d’un cyclo-

    ergomètre adaptable au lit du patient. Le but de cet écrit est d’aborder les différentes manières

    d’utiliser un cyclo-ergomètre et de mettre en évidence ses effets. Matériel et méthode : Deux

    patientes ont effectué, sur une période de 4 semaines, des séances quotidiennes et adaptées,

    d’exercices sur cyclo-ergomètre. Le volume des quadriceps a été évalué par une mesure péri-

    métrique et une échographie musculaire hebdomadaire, la force musculaire globale et

    l’évolution des patientes ont été cotées par le score neuromusculaire Medical Re-

    search Council (MRC). Résultats : Il a été retrouvé une tendance à l’augmentation du péri-

    mètre des cuisses et une augmentation du score MRC. L’échographie musculaire n’est pas

    exploitable, car il y a de grandes disparités entre les mesures, s’expliquant par le fait que plu-

    sieurs opérateurs ont effectué cette mesure. Conclusion : Les auteurs s’accordent sur le fait

    que l’utilisation d’un cyclo-ergomètre a des effets bénéfiques, mais aussi qu’il faudrait réali-

    ser des études plus approfondies afin de trouver un protocole optimal.

    Summary

    Introduction: The physical therapy of critical illness polyneuromyopathy consists of mobi-

    lize patients prematurely. This can be done by a cycle ergometer adjustable to the patient's

    bed. The purpose of this writing is to address the different ways to use a cycle ergometer and

    to highlight its effects. Material and method: Two patients have done for a period of four

    weeks of daily and adapted sessions, regular exercises on cycle ergometer. The volume of the

    quadriceps was assessed by a measure perimeter and a weekly muscular ultrasound, overall

    muscle strength and the patients development were rated by the neuromuscular score Medical

    Research Council (MRC). Results: It was found a trend in the increasing thighs perimeter as

    well as an increased MRC score. The muscular ultrasound can not be used due to large dispar-

    ities between measures. This can be explained by the fact that several operators have made

    this measure. Conclusion: Authors agree that the use of a cycle ergometer has positive ef-

    fects, but also that deeper studies should be realized in order to find the optimal protocol.

    Mots Clés

    Cyclo-ergomètre

    Etude de cas clinique

    Mobilisation précoce

    Polyneuromyopathie de

    réanimation

    Key Words

    Cycle ergometer

    Case series

    Early mobility

    Critical illness polyneuromyopathy

  • Sommaire

    1 Introduction ......................................................................................................................... 1

    2 La polyneuromyopathie de réanimation .............................................................................. 1

    2.1 Signes cliniques ........................................................................................................... 2

    2.2 Examens complémentaires .......................................................................................... 3

    2.3 Physiopathologie ......................................................................................................... 3

    2.4 Facteurs de risque ........................................................................................................ 4

    2.5 Traitement .................................................................................................................... 6

    3 Prise en charge Masso-Kinésithérapique des patients sous ventilation mécanique atteints

    de polyneuromyoptahie de réanimation ..................................................................................... 6

    3.1 Prise en charge respiratoire .......................................................................................... 6

    3.2 Prise en charge circulatoire, articulaire, musculaire et fonctionnelle .......................... 7

    3.3 La mobilisation précoce ............................................................................................... 8

    4 Synthèse de la revue de littérature concernant le cyclo-ergomètre en réanimation .......... 11

    4.1 Présentation du matériel ............................................................................................ 12

    4.2 Faisabilité et sécurité ................................................................................................. 13

    4.3 Type de population en réanimation ........................................................................... 14

    4.4 Protocoles .................................................................................................................. 16

    4.5 Effets .......................................................................................................................... 17

    5 Le cyclo-ergomètre (Motomed® Letto 2) dans le service de réanimation de l’HGRL ..... 18

    5.1 Population .................................................................................................................. 19

    5.2 Matériel et méthode : Quels exercices sur cyclo-ergomètre ? ................................... 21

    5.3 Résultats ..................................................................................................................... 26

    5.4 Analyse et discussion de l’étude de cas ..................................................................... 27

    6 Discussion .......................................................................................................................... 29

    7 Conclusion ......................................................................................................................... 30

    Références bibliographiques

    Annexes de 1 à 4

  • 1

    L’utilisation d’un cyclo-ergomètre (Motomed® Letto 2) dans le cadre de

    la mobilisation précoce de deux patientes trachéotomisées, ventilées, at-

    teintes de polyneuromyopathie de réanimation

    1 Introduction

    Le risque de développer une polyneuromyopathie de réanimation, est selon De Jonghe,

    d’environ 50% chez les patients qui ont une défaillance multiviscérale, un sepsis ou une venti-

    lation mécanique prolongée. Cela représente environ 5% des patients de réanimation. Leijten

    et al. ont tenté de définir cette pathologie de la manière suivante « axonopathie essentielle-

    ment motrice, d'étiologie inconnue, d'installation rapide, survenant après une insuffisance

    respiratoire aiguë ayant nécessité le recours à la ventilation mécanique, dans un contexte de

    syndrome inflammatoire réactionnel systémique ou de dysfonctionnement multiviscéral ».

    Cette pathologie entraine donc une durée plus importante de la ventilation mécanique (VM)

    avec un haut risque de trachéotomie et un séjour plus long en réanimation, de plus elle touche

    le statut fonctionnel du patient. Le traitement consiste à optimiser la prise en charge médicale

    et d’y associer de la mobilisation précoce. Cette mobilisation peut être effectuée à l’aide d’un

    cyclo-ergomètre adaptable au lit du patient, ce qui permettrait probablement d’augmenter le

    volume et la force musculaire des quadriceps.

    Mais en pratique, comment réaliser ces séances ? Quels sont les réglages des paramètres

    comme la durée et la fréquence des séances, la vitesse angulaire et la résistance optimale ? Et

    comment le patient doit-il être installé ?

    2 La polyneuromyopathie de réanimation

    Le terme de polyneuropathie de réanimation, dans le langage courant, regroupe plusieurs

    types d’atteintes. En effet on parlera de neuropathie ou polyneuropathie lorsque, seul le neu-

    rone périphérique est touché, de myopathie lorsqu’il y a une atteinte du muscle strié unique-

    ment et de neuromyopathie ou polyneuromyopathie lorsque la plaque motrice est atteinte ou

    lorsque l’atteinte est mixte. Dans cet écrit, nous parlerons d’anomalie neuromusculaire ac-

    quise en réanimation (ANMAR) ou bien de polyneuromyopathie, car seule une biopsie permet

    de définir la nature exacte de l’atteinte or c’est un examen invasif, qui n’est pas réalisé systé-

    matiquement. Les ANMAR correspondent à une atteinte du système nerveux périphérique,

    prédominant souvent en proximal, avec ou sans troubles sensitifs.

    Les paires crâniennes sont généralement épargnées, ce qui permet au patient de conserver une

    communication. Il existe souvent une atteinte diaphragmatique qui induit un retard dans le

    sevrage de la ventilation mécanique. Ce phénomène est observé lors de l’extubation, et pro-

    voque généralement la mise en place d’une trachéotomie.

    L’étiologie reste pour le moment méconnue. En revanche il est admis qu’elles apparaissent

    suite à l’accumulation de différents facteurs, dont les principaux sont : une défaillance multi-

    viscérale, un sepsis, un alitement prolongé, l’utilisation de corticostéroïdes et de curares ainsi

    qu’un trouble de la glycémie.

  • 2

    Le traitement des ANMAR consiste en une optimisation de la prise en charge de la défaillance

    multiviscérale et une mobilisation précoce. Les ANMAR ne sont pas des facteurs directs de

    mortalité, il semblerait que ça soit plutôt la pathologie sous jacente et la défaillance multivis-

    cérale. La polyneuromyopathie interviendrait dans le pronostic vital, via la prolongation de la

    ventilation mécanique et de la durée de séjour (1).

    2.1 Signes cliniques

    2.1.1 Faiblesse des 4 membres

    Une ANMAR se traduit par une faiblesse musculaire des quatre membres allant de la tétrapa-

    résie à la tétraplégie flasque. Elle est bilatérale et symétrique et prédomine en proximal. Les

    muscles de la face sont le plus souvent épargnés. Cette faiblesse peut durer plusieurs semaines

    à plusieurs mois. Une amyotrophie d’intensité variable est présente et les réflexes ostéo-

    tendineux sont diminués voire abolis.

    Pour en établir le diagnostic dans un service de réanimation, il est utilisé le score neuromuscu-

    laire Medical Research Council (MRC). Ce score est un examen non invasif et validé. Il per-

    met d’évaluer la force musculaire d’un sujet, qui est représentée par 6 fonctions musculaires,

    3 sur chaque membre. Chaque fonction est cotée de 0 à 5 (Tableau 1). . Le score total va de 0

    (tétraplégie complète) à 60 (force musculaire normale).Un score inférieur à 48 sur 60 indique

    que le patient est atteint d’une ANMAR

    Ce score nécessite que le patient soit éveillé et qu’il ait une bonne compréhension. Il est faci-

    lement utilisable et reproductible dans le temps et en inter-observateurs (2) (3).

    Tableau I : le score neuromusculaire MRC

    Fonctions évaluées

    (6 à droite et 6 à gauche)

    Score attribué à chaque groupe musculaire

    Abduction du bras

    Flexion de l’avant-bras

    Extension du poignet

    Flexion de cuisse

    Extension de la jambe

    Flexion dorsale du pied

    0 = absence de contraction visible

    1 = contraction visible sans mouvement du membre

    2 = mouvement insuffisant pour vaincre la pesanteur

    3 = mouvement permettant de vaincre la pesanteur

    4 = mouvement contre la pesanteur et contre la résistance

    5 = force musculaire normale

    2.1.2 Retard dans le sevrage de la ventilation mécanique et échec d’extubation

    Un retard dans le sevrage de la ventilation mécanique doit aussi évoquer une ANMAR s’il

    n’est pas trouvé d’explication infectieuse cardiaque ou pulmonaire.

    Le séjour en réanimation de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire (CTCV) faisant suite le

    plus souvent, à une opération de chirurgie cardiaque, il faut prendre en compte les effets de la

    circulation extra-corporelle (CEC) ainsi que de la mise en place de drains pleuraux et/ou péri-

  • 3

    cardiques. Le bas débit cardiaque, les drains et les effets de l’anesthésie, accentués par la dou-

    leur, l’immobilité, l’apparition d’un syndrome restrictif et un haut risque d’atélectasies, peu-

    vent avoir des conséquences sur la ventilation alvéolaire. Ces différents facteurs sont à

    prendre en compte pour le sevrage de la VM. En effet si une défaillance de la pompe respira-

    toire se surajoute, l’extubation peut alors être altérée.

    Ce retard entraine souvent un séjour plus long en réanimation. Une étude de De Jonghe et al. a

    mis en évidence que la faiblesse des muscles respiratoires est associée à la durée de la venti-

    lation mécanique. Cette même étude a permis de montrer une relation entre la force des

    muscles des membres inférieurs, grâce au score MRC et la force des muscles respiratoires,

    grâce à la mesure de la capacité vitale, de la pression maximale inspiratoire et de la pression

    maximale expiratoire (4). Quand il y a échec d’extubation, par manque de force des muscles

    respiratoires, il est mis en place une trachéotomie. Elle permet d’augmenter l’autonomie et le

    confort du patient. Il semble alors que la rééducation sera facilitée jusqu’à la décanulation

    définitive.

    2.2 Examens complémentaires

    Afin d’objectiver l’ANMAR, il peut être effectué des examens complémentaires, comme

    l’exploration électrophysiologique, qui étudie la vitesse de conduction des messages nerveux

    par stimulation électrique des nerfs. Il peut également être réalisé une détection de l’activité

    électromyographique (EMG). Une stimulation électrique directe si elle est couplée à un élec-

    troneuromyogramme (ENMG), permet d’identifier si la réduction du potentiel d’action mo-

    teur est due à une axonopathie ou bien à une perte de l’excitabilité membranaire. De plus il

    peut être réalisé une biopsie neuromusculaire permettant de déterminer la nature et la sévérité

    de l’atteinte. Seulement cet examen est invasif, peu pratiqué, et peut entrainer une sous éva-

    luation de l’ANMAR.

    2.3 Physiopathologie L’étiologie exacte des ANMAR n’est pas encore connue, mais plusieurs hypothèses sont

    avancées : une étiologie inflammatoire, médicamenteuse, métabolique, ou bien encore circula-

    toire (5).

    Les polyneuropathies s’expliquent par une dégénérescence axonale pure. A l’EMG au repos il

    est donc constaté une activité de dénervation (1). De plus un examen électro-physiologique

    permet d’observer dans les cas les plus fréquents, une diminution des potentiels d’action mo-

    teur et sensitif sans diminution (ou légère) des vitesses de conduction.

    Du point de vue circulatoire, Bolton a émis l’hypothèse, qu’une altération de la circulation au

    niveau de l’endonèvre, entrainerait une augmentation de la perméabilité ce qui provoquerait

    un œdème, qui a pour effet d’améliorer la pénétration de facteurs toxiques de nature inconnue.

    La forme la plus commune de l’atteinte musculaire se caractérise par une atrophie des fibres

    de type II et une inexcitabilité de la membrane musculaire. L’étude électrophysiologique

    montre des potentiels d’action diminués et des vitesses de conduction normales. Cette atro-

    phie touchant également les muscles respiratoires, cela peut expliquer la fréquence élevée de

    retard dans le sevrage de la ventilation mécanique nécessitant souvent une trachéotomie (1).

  • 4

    Concernant l’inexcitabilité membranaire, Hermans et al. (5) ont observé une modification des

    canaux sodiques voltage dépendant et une perturbation au niveau du couplage excitation-

    contraction. L’atrophie serait due à l’augmentation de la protéolyse et de l’apoptose induite en

    partie par l’inflammation locale.

    Lors des atteintes mixtes, il peut y avoir des modifications quantitatives et qualitatives des

    récepteurs à l’acétylcholine de la plaque motrice. Les ANMAR se traduisent par une augmen-

    tation du nombre de récepteurs à l’acétylcholine le long de la plaque motrice et de la mem-

    brane musculaire. Les néorécepteurs diffèrent aussi par leur constitution ce qui induit une

    modification profonde de la pharmacodynamie des curares (1).

    2.4 Facteurs de risque

    Les facteurs de risque d’une polyneuromyopathie sont (6) (7) :

    La défaillance multiviscérale

    Une défaillance multiviscérale est définie par une dysfonction majeure d’au moins deux or-

    ganes ou fonction essentielle suivante : cardiovasculaire, respiratoire, rénale, hépatique, diges-

    tive, hématologique, coagulation, système nerveux central. Elle favoriserait l’apparition

    d’ANMAR par une ischémie vasculonerveuse ou musculaire et par différents médiateurs de

    l’inflammation (2).

    Le sepsis

    Le sepsis se caractérise par l’évidence clinique d’une infection, ce qui induit une augmenta-

    tion de la température et une vasoplégie, donc une diminution de la pression artérielle et une

    diminution de l’irrigation des organes (8). Il a été montré que chez des patients présentant un

    sepsis, la durée de ventilation mécanique, la durée du séjour en réanimation et à l’hôpital

    augmentaient significativement (9).

    La ventilation mécanique prolongée

    Du fait de leur opération et de la sédation, les patients effectuant un séjour en réanimation

    sont placés sous ventilation mécanique afin de maintenir une ventilation alvéolaire adéquate

    alors qu’ils sont sédatés. En réanimation, l’objectif de l’équipe soignante est que le patient

    devienne stable hémodynamiquement et qu’il soit sevré de la ventilation mécanique, le plus

    rapidement possible. Or quand le patient a une polyneuromyopathie, le muscle diaphragma-

    tique ainsi que les muscles inspiratoires et expiratoires accessoires peuvent être atteints, ce qui

    pourrait provoquer un retard dans le sevrage de la ventilation mécanique. Mais plus le temps

    de ventilation mécanique augmente, plus le risque d’infection est élevé. Par ailleurs, pour dé-

    tecter ce retard, il faut attendre le réveil du patient, avoir une notion de l’efficacité des

    muscles inspiratoires et expiratoires et enfin, le mettre en situation de sevrage.

    L’immobilisation

    Du fait de leur opération et des complications, les patients sous ventilation mécanique sont

    immobilisés plus longtemps que la normale, de plus ils peuvent être sédatés et curarisés.

    L’immobilisation a des effets sur le versant psychologique et digestif. Mais elle a également

    des répercussions au niveau osseux, articulaire et neuromusculaire. Il peut être observé préco-

  • 5

    cement une déminéralisation osseuse, due à une perte de calcium. De plus l’absence de mou-

    vement induit une diminution des liquides au niveau du cartilage des articulations.

    L’immobilisation provoque une atrophie musculaire, l’apparition de contractures et de rai-

    deurs. L’atrophie musculaire peut se définir comme étant « la diminution du volume du

    muscle et plus précisément, comme la diminution de la surface transversale des fibres compo-

    sant ce muscle » (10). Cette atrophie musculaire est responsable de la diminution de force. En

    effet, il est admis que chez un sujet sain, la force musculaire diminue de 1% par jour

    d’alitement. L’origine de cette fonte musculaire est multifactorielle comme l’inactivité mus-

    culaire, l’altération de l’innervation, les déséquilibres hormonaux ou encore la dénutrition

    (10).

    Les curares

    Les curares agissent au niveau de la plaque motrice et plus précisément au niveau du neuro-

    transmetteur. Ils se fixent sur les récepteurs à acétylcholine. Il existe plusieurs molécules de

    curares qui sont classées en deux catégories, les curares dépolarisants et les autres, non dépo-

    larisants. Ils ont des propriétés différentes (mode et durée d’action, vitesse d’élimination,

    etc…). En réanimation, ils sont utilisés pour assurer le relâchement musculaire durant la chi-

    rurgie mais aussi faciliter la ventilation mécanique en permettant une synchronisation entre le

    patient et la VM. L’équipe médicale choisit le curare le plus adapté au geste médical réalisé

    (11). L’administration prolongée de curares peut entrainer une atteinte neuromusculaire et une

    atrophie musculaire, qui sont le plus souvent détectées à l’arrêt du traitement. Aucune étude

    ne permet de prouver la responsabilité directe des curares, notamment parce qu’ils sont sou-

    vent associés aux corticostéroïdes.

    Les corticoïdes

    Les corticoïdes ou corticostéroïdes agissent sur la phase non spécifique de la réponse inflam-

    matoire. Ils agissent de manière complexe en la diminuant. Ils stimulent également la néoglu-

    cogenèse. Les corticostéroïdes agiraient par le biais de leurs récepteurs musculaires, en acti-

    vant une protéolyse des filaments de myosine, ce qui aurait pour conséquence d’aggraver les

    lésions musculaires préalablement induites par la dénervation (3).

    Le déséquilibre glycémique et la dénutrition

    Un déséquilibre de la glycémie est fréquemment retrouvé et accentué à la phase aiguë du syn-

    drome de défaillance. Il a été démontré chez l’animal qu’une hyperglycémie provoquait une

    augmentation des résistances endovasculaires ainsi qu’une réduction du flux sanguin apporté

    aux nerfs, ce qui entrainerait une hypoxie endoneurale (12). Une étude a mis en évidence une

    relation entre une hyperglycémie et une ANMAR. En effet, la mise en place d’un traitement

    intensif pour régulariser les troubles glycémiques permet de réduire le risque d’ANMAR et de

    diminuer le recours à la ventilation mécanique prolongée (13) (14). Concernant la dénutrition,

    elle peut entrainer une atrophie musculaire. De plus des carences en substrat énergétique peu-

    vent provoquer un mauvais fonctionnement cellulaire et une mauvaise contractilité muscu-

    laire.

    Tous ces facteurs de risque peuvent interagir ensemble et aboutir à une ANMAR.

  • 6

    2.5 Traitement

    Il n’existe pas de traitement médical spécifique aux ANMAR. Il consiste alors à optimiser la

    prise en charge de la défaillance circulatoire et respiratoire, à surveiller l’utilisation des cu-

    rares et corticostéroïdes, à maintenir l’équilibre glycémique ainsi qu’à mettre en place une

    mobilisation précoce. Du point de vue masso-kinésithérapique, nous agirons sur le sevrage de

    la ventilation mécanique mais surtout, sur la mobilisation précoce (3) (10).

    3 Prise en charge Masso-Kinésithérapique des patients sous ventila-

    tion mécanique atteints de polyneuromyoptahie de réanimation

    C’est une prise en charge globale. Elle concerne l’appareil respiratoire, musculaire et circula-

    toire, mais aussi le niveau cutané et articulaire.

    3.1 Prise en charge respiratoire

    Le kinésithérapeute doit observer différents items de la mécanique ventilatoire du patient,

    sans oublier les paramètres du respirateur.

    Le patient sous ventilation mécanique est intubé ou trachéotomisé. Les différents modes ven-

    tilatoires auront un impact direct sur la prise en charge kinésithérapique. Lorsque le patient a

    une ventilation mécanique, il faut regarder la saturation pulsée en oxygène (SpO2), la fraction

    inspirée d’oxygène (FiO2), les fréquences cardiaque (FC) et respiratoire (FR) et la mécanique

    ventilatoire. En effet, le kinésithérapeute observe si la ventilation de la personne est de type

    abdominale, thoracique ou mixte. Il est important de noter s’il existe un tirage des muscles

    inspirateurs accessoires, de même qu’un asynchronisme et cela malgré la VM. Ces paramètres

    nous indiquent si le patient et le respirateur sont bien synchronisés.

    Le kinésithérapeute ausculte le patient, et identifie le murmure vésiculaire, la présence ou non

    de ronchi, sibilances et autres bruits, afin d’établir s’il est encombré ou s’il hypoventile et à

    quel niveau. L’écoute s’effectue de façon bilatérale et en symétrique afin de comparer les

    bruits des deux poumons. En effet l’auscultation fait partie du domaine de compétence du

    masseur kinésithérapeute. Pour optimaliser son traitement, le kinésithérapeute s’appuie éga-

    lement sur les radiographies pulmonaires (qui sont fréquentes en réanimation). Elles permet-

    tent de mettre en évidence des atélectasies, des pneumothorax, des épanchements, etc...

    Ensuite, des techniques de kinésithérapie respiratoire adaptées sont délivrées au patient en

    fonction de l’observation et de l’examen.

    Si le patient est encombré et coopérant le traitement kinésithérapique consistera en un drai-

    nage bronchique et une aide à la « toux » afin de mobiliser les sécrétions. Le drainage bron-

    chique s’effectue dans différentes positions c’est-à-dire en décubitus dorsal, en décubitus laté-

    ral et en position assise. Il consiste à réaliser des techniques d’augmentation du flux expira-

    toire (AFE), d’expiration lente totale à glotte ouverte en infralatéral (ELTGOL), des exercices

    à débit inspiratoire contrôlé (EDIC), de la ventilation abdomino-diaphragmatique (VDAD)

    (15) et de la toux contrôlée (16).

  • 7

    Ces différentes techniques permettent d’atteindre les sécrétions situées à plusieurs niveaux

    dans l’arbre trachéo-bronchique. L’EDIC et la VDAD permettent d’atteindre les sécrétions

    qui sont au niveau du parenchyme pulmonaire. L’augmentation lente du flux expiratoire

    (ALFE) et l’ELTGOL, ont pour but de mobiliser les sécrétions situées dans les voies aé-

    riennes inférieures distales. L’augmentation rapide du flux expiratoire (ARFE), mobilise les

    sécrétions proximales et/ou les évacuent. Lorsque le patient a été opéré d’une sternotomie il

    lui est conseillé de croiser ses bras sur sa poitrine, ce qui permet lors de la toux de maintenir

    la cage thoracique, de rapprocher les bords de la cicatrice et donc de diminuer les douleurs. La

    toux permet d’évacuer les sécrétions qui sont remontées dans les voies inférieures proximales.

    Lors de ces manœuvres, l’intervention du kinésithérapeute consiste à stimuler et accompagner

    les mouvements abdominaux et thoraciques du patient lors de son expiration et de son inspira-

    tion.

    Lorsque le patient est sédaté, intubé, ventilé et encombré, le kinésithérapeute utilise les

    mêmes techniques qu’en ventilation spontanée, pour ensuite aspirer les sécrétions à l’aide

    d’une sonde.

    3.2 Prise en charge circulatoire, articulaire, musculaire et fonctionnelle

    La prise en charge articulaire et musculaire se fait grâce à des mobilisations passives et ac-

    tives, mais aussi un travail plus fonctionnel comme les transferts, la station assise et debout, et

    la marche. Il est possible d’agir au niveau circulatoire par les positions notamment debout,

    mais aussi par un massage.

    o Le massage circulatoire et décontractant

    Un massage circulatoire serait bénéfique dans certains cas, afin d’activer le retour veineux et

    de limiter les stases dues à l’immobilisation. Seulement, en réanimation, un tel massage est

    très peu effectué car les patients peuvent être instables au niveau hémodynamique et de leur

    héparinémie. De plus ils reçoivent des sédatifs ce qui induit des sensations différentes, qui

    peuvent masquer une phlébite. En revanche un massage décontractant, en prenant toutes les

    précautions, peut être réalisé pour un aspect antalgique.

    o La mobilisation passive

    La mobilisation passive des quatre membres est réalisée dans toutes les amplitudes permises,

    afin de conserver et/ou d’augmenter les amplitudes articulaires, de lutter contre les enraidis-

    sements et les attitudes vicieuses, mais aussi de conserver un schéma moteur (17). Elle peut

    s’effectuer manuellement ou à l’aide d’un arthromoteur. Il est utilisé des mobilisations analy-

    tiques et globales. Il est possible d’y associer également un massage étirement afin d’obtenir

    une détente musculaire et de lutter contre les enraidissements.

    o La mobilisation active

    La mobilisation active permet de limiter la diminution de la masse musculaire, de conserver

    un schéma moteur, de retrouver plus rapidement une autonomie du patient. Elle peut être ma-

    nuelle ou mécanique. Au début, les mouvements réalisés par le patient sont sans résistance

    additionnée. Par la suite il est utilisé la pesanteur puis des résistances manuelles. Lors d’une

    mobilisation mécanique, la charge de travail est augmentée de façon graduelle.

  • 8

    o Les transferts

    L’acquisition des transferts « actifs » permet au patient de gagner en autonomie, que ce soit

    les retournements, les transferts couché-assis, assis-couché, assis-debout, debout-assis, assis-

    lit à assis-fauteuil. Le patient peut réaliser son transfert avec de l’aide, avec un guidage ou

    bien seul, mais il sera favorisé les transferts actifs.

    o La station assise en bord de lit

    Elle est effectuée le plus tôt possible, lorsque l’état du patient le permet. Elle a pour objectif

    final de préparer le patient à la marche. Le bord de lit permet de tester le maintien de la posi-

    tion assise pendant 5 min et ainsi de favoriser la contraction des muscles érecteurs du rachis.

    Le kinésithérapeute est présent pour sécuriser cette étape mais aussi pour stimuler le redres-

    sement. Une fois dans cette position, il faut favoriser le travail de l’équilibre du sujet, il est

    également possible de lui mobiliser les membres dans d’autres amplitudes par rapport à la

    position allongée. En CTCV, le premier bord de lit est effectué avec le kinésithérapeute, et

    lorsqu’il est sécurisé, les infirmières et les aides soignantes peuvent le réaliser.

    o Le fauteuil

    Installer un patient dans son fauteuil permet de changer ses points d’appuis donc de réduire le

    risque d’escarre. Cela permet aussi une reprise du transit du fait d’une position verticale et de

    la prise d’un repas au fauteuil, mais aussi de stimuler les muscles érecteurs du rachis afin de

    maintenir cette position. Cette étape est importante au niveau social, car le sujet n’est plus

    seulement en position de « soigné ne bougeant pas de son lit ». Pareillement à la station as-

    sise, cette manœuvre est effectuée la première fois par le kinésithérapeute puis par la suite par

    les infirmières et les aides soignantes.

    o La station debout

    Le maintien de la station debout a également pour but de favoriser le retour à la marche et

    donc l’autonomie. Le sujet reprend conscience du poids de son corps, de sa mobilité, de sa

    force etc… Le kinésithérapeute insistera sur l’équilibre afin de prévenir les risques de chute.

    o La reprise de la marche

    Elle s’effectue au plus vite, avec la surveillance et l’aide d’au moins un kinésithérapeute afin

    de minimiser les risques lier à la déambulation et de la réaliser en toute sécurité. En réanima-

    tion le sujet marche alors qu’il est encore « branché » à plusieurs dispositifs médicaux comme

    le scope, les perfusions, les drains, l’oxygénothérapie etc...

    3.3 La mobilisation précoce

    La mobilisation précoce a été définie par un groupe d’experts, regroupés par la Société de

    réanimation de la langue française (SRLF), elle correspond à une « série de mouvements pla-

    nifiés de manière séquentielle » (18). Ces mouvements peuvent être réalisés en passif, en ac-

    tif, en actif-aidé, par des postures ou bien à l’aide de l’électrostimulation, selon l’état d’éveil

    du patient. Plusieurs études montrent que ces exercices sont possibles en toute sécurité (19)

    même chez des patients trachéotomisés (20). Ils permettent de diminuer la durée de la ventila-

    tion mécanique et du séjour en réanimation (21), mais aussi d’améliorer la force des membres

  • 9

    inférieurs et des muscles respiratoires et enfin d’augmenter le statut fonctionnel (22). De plus

    une étude a montré que la mobilisation passive et active sur cyclo-ergomètre, chez une popu-

    lation atteinte de bronchite chronique obstructive sévère, confinés au lit, permettait

    d’augmenter significativement la consommation maximale d’oxygène (VO2 max) (23).

    Pour établir un protocole de mobilisation précoce qui soit le plus adapté possible au patient, il

    faut évaluer quotidiennement, et avant la séance, les bénéfices et les risques encourus par le

    patient, ce qui est spécifique à la réanimation. Ce protocole sera mis en place une fois que la

    stabilité hémodynamique, cardiovasculaire et respiratoire sera acquise. Il faut prendre en

    compte également les contraintes liées aux dispositifs (invasifs ou non) du patient tels que les

    soins, les cathéters de dialyse, les plaies, les examens, les instabilités hémodynamique car-

    diaque et respiratoire etc… Une étude a montré qu’une séance de réentrainement à l’effort

    avec un cyclo-ergomètre était réalisable pendant les séances de dialyse (24). Par ailleurs, il

    faut adapter le type de mobilisation à l’état du patient. Deux cas se présentent. Soit le patient

    est inconscient, sédaté et ventilé, il est alors préconisé de la mobilisation passive manuelle, de

    la mobilisation passive continue (MPC) effectuée à l’aide d’un appareil ou encore de la verti-

    calisation. Soit le patient est conscient, il est alors réalisé de la mobilisation active-aidée, ac-

    tive, des exercices résistifs et du travail fonctionnel. Ce travail fonctionnel induit la validation

    de la station assise en bord de lit, sur une chaise ou un fauteuil, la station debout, les transferts

    et enfin la marche. La marche s’effectue avec l’aide de plusieurs soignants afin de limiter les

    risques d’arrachement des fils et de chute. L’utilisation d’un cadre de marche réduit encore

    davantage ces risques (25).

    « Les techniques actives seront réalisées chez des patients ayant un état de conscience suffi-

    sant, une capacité de collaborer et une motricité volontaire adaptée » vers la verticalisation.

    Lors des séances, il faut respecter une progression en fonction de l’état clinique et du diagnos-

    tic kinésithérapique du patient. De plus Morris et al. (26), ont démontré par une étude de co-

    horte, que ce type de protocole (Tableau II – page 10) était réalisable en toute sécurité. Pour

    cela, ils ont comparé une population recevant ce type de soins, à ceux recevant des soins stan-

    dards et ont remarqué une diminution la durée de séjour en réanimation (respectivement 5,5

    contre 6,9 (p=0,025) et à l’hôpital (respectivement 11,2 contre 14,5 (p=0,06). Pour réaliser

    cette étude il a été mis en place une équipe pluridisciplinaire de mobilisation, constituée de

    masseurs kinésithérapeutes, d’infirmières de réanimation et d’aides soignantes. Et cela n’a pas

    entrainé de coût financier supplémentaire.

    Dans ce protocole, la mobilisation passive est répétée au minimum cinq fois. Le kinésithéra-

    peute n’intervient qu’au niveau II. Celui-ci n’est débuté que si le patient répond correctement

    à 3 ordres sur 5. Les ordres sont les suivants : « Ouvrez (fermez) les yeux », « Regardez-moi

    », « Ouvrez la bouche et tirez la langue », « Hochez la tête », « Levez les sourcils quand

    j’aurai compté jusqu’à 5 ». Les équipes de réanimation préconisent de plus en plus rapidement

    la désédation du patient pour que les équipes de kinésithérapeutes puissent mobiliser active-

    ment le patient en journée, quitte à le rendormir par la suite.

    Il est également possible d’utiliser de l’électromysotimulation. Cela créée des contractions

    passives des muscles ciblés, permet de préserver la masse musculaire (10) et préviendrait

    l’apparition d’ANMAR (27).

  • 10

    Tableau II : protocole de mobilisation précoce de Morris et al. E

    ntr

    ée e

    n r

    éan

    imati

    on

    Niveau I Niveau II Niveau III Niveau IV

    Sort

    ie v

    ivan

    t p

    ou

    r u

    n s

    ervic

    e d

    e m

    édec

    ine

    d’a

    val

    Inconscient Conscient Conscient Conscient

    Mobilisation pas-

    sive des MI et MS

    3 fois par jour

    Mobilisation pas-

    sive des MI et MS

    3 fois par jour

    Mobilisation pas-

    sive des MI et MS

    3 fois par jour

    Mobilisation pas-

    sive des MI et MS

    3 fois par jour

    Latéralisation

    toutes les 2 heures

    Latéralisation

    toutes les 2 heures

    Latéralisation

    toutes les 2 heures

    Latéralisation

    toutes les 2 heures

    Travail physique

    actif contre résis-

    tance

    Travail physique

    actif contre résis-

    tance

    Travail physique

    actif contre résis-

    tance

    Position assise mi-

    nimum 20 minutes

    3 fois par jour

    Position assise

    minimum 20 mi-

    nutes 3 fois par

    jour

    Position assise mi-

    nimum 20 minutes

    3 fois par jour

    Assis au bord du

    lit

    Assis au bord du lit

    Transfert actif hors

    du lit au fau-

    teuil/standing/marc

    he au moins

    20min/j

    MI : Membres inférieurs

    MS : Membres suéprieurs

    Peut bouger

    les bras

    contre gravi-

    té : biceps 3/5

    (score MRC)

    Peut bouger

    les jambes

    contre gravi-

    té : quadri-

    ceps 3/5

    (score MRC)

    Equipe de mobilisation Masseur kinésithérapeute

    Equipe de mobilisation + Masseur kinésithérapeute

  • 11

    4 Synthèse de la revue de littérature concernant le cyclo-ergomètre

    en réanimation

    Nous avons vu précédemment que la mobilisation précoce et donc l’exercice physique en réa-

    nimation est réalisable en toute sécurité et qu’elle a un effet bénéfique sur la faiblesse muscu-

    laire, la durée de la ventilation mécanique et du séjour en réanimation mais aussi sur le statut

    fonctionnel. Plusieurs moyens sont à la disposition du kinésithérapeute pour effectuer une

    mobilisation précoce, mais qu’en est-il de celle associée à un cyclo-ergomètre ?

    Pour répondre à cette question, une recherche bibliographique a été effectuée dans les bases

    de données PubMed, PEDro, Cochrane et au sein de la revue Critical Care Medicine. Les

    mots clés utilisés pour cette recherche sont cycle ergometer, critical illness, critically ill, po-

    lyneuromyopathy, myopathy, neuropathy, polyneuropathy.

    Des critères d’inclusions ont été définis : les études doivent avoir été publiées entre 1995 et

    2015 en anglais ou en français. Elles doivent traiter de l’utilisation d’un cyclo-ergomètre

    adaptable au lit du patient, dans un service de réanimation. Les types d’études scientifiques

    retenus sont les revues de littérature, les études randomisées contrôlées, les études prospec-

    tives et les recommandations d’un groupe d’experts.

    Les critères de non inclusion sont les articles traitant de la prise en charge de la polyneuro-

    myopathie post-réanimation, et ceux dont le sujet principal ne traite pas des patients de réani-

    mation associés au cyclo-ergomètre.

    Suite à cette recherche, 5 articles ont été retenus. Ils ont été complétés par un apport personnel

    de 4 articles. Ces 9 articles se composent de 5 revues de la littérature ; dont une est associée à

    un essai contrôlé randomisé ; 1 étude contrôlée randomisée, 2 études prospectives et 1 re-

    commandation formalisée par un groupe d’experts (Tableau III – page 13).

    Dans les recommandations formulées par le groupe d’experts réunis par la SRLF (17), au su-

    jet de la mobilisation précoce, il est indiqué qu’il « faut probablement proposer au patient un

    exercice de MPC (ou de mobilisation active) des membres inférieurs sur cyclo-ergomètre »

    (en fonction de l’état du patient). Ces recommandations possèdent un accord fort.

  • 12

    4.1 Présentation du matériel

    Un cyclo-ergomètre adaptable au lit du patient (fig.1) possède deux modes de fonctionne-

    ment.

    Figure 1 : Motomed® Letto 2

    Tout d’abord un mode de fonctionnement passif, qui est appelé dans la littérature : « mobilisa-

    tion passive continue ». Elle a pour but, tout comme une mobilisation passive manuelle,

    d’effectuer un rodage articulaire, de conserver et/ou d’augmenter les amplitudes articulaires,

    de lutter contre les enraidissements musculaires et les attitudes vicieuses, de conserver un

    schéma moteur. Ce mode permet d’entrainer les membres inférieurs à une vitesse prédéfinie.

    L’inconvénient de la mobilisation passive continue, c’est que la machine n’entraine le mou-

    vement que dans un seul plan, ici le plan sagittal.

    Le mode actif lui, permet au patient d’effectuer un travail musculaire principalement des qua-

    driceps. Le kinésithérapeute a la possibilité d’ajouter et d’adapter une résistance.

    Par ailleurs dans les deux cas, il est possible de régler la durée de la séance et le sens de rota-

    tion (pédalage ou en rétropédalage). Il est également possible de faire varier la course muscu-

    laire des membres inférieurs en rapprochant ou en éloignant les pédales, mais aussi de régler

    la hauteur des membres inférieurs par rapport au lit et enfin de changer l’angle du dossier du

    lit, ceci permettant une position en plus ou moins grande flexion de tronc.

  • 13

    Tableau III : Type d’étude, effectif, interventions et résultats

    Auteur et

    date

    Type

    d’étude

    Effectif Intervention, fréquence et

    durée

    Résultats

    Burtin et

    al.

    (2009)

    (27)

    Etude

    contrôlée

    randomisée

    90

    patients

    Groupe témoin(G1) : mobilisa-

    tion passive et active (5j/sem)

    Groupe traitement (G2) : idem +

    cyclo-ergomètre (20min) (en

    passif à 20 trs/min ou en actif 2X

    10 min)

    ↗ TDM6 G2˃G1 (p˂0,05)

    Force isométrique quadriceps

    G2˃G1 (p˂0,05)

    Statut fonctionnel (SF 36)

    G2˃G1 (p˂0,05)

    Camargo

    Pires-

    Neto, et

    al.

    (2013)

    (28)

    Etude

    prospective

    19

    patients

    Cyclo-ergomètre passif (1 X 20

    min à 30 trs/min)

    ↗ FC (p˂0,05)

    ↗PVC (p˂0,05)

    Pas de changement significatif

    hémodynamique, respiratoire et

    métabolique

    Griffiths

    et al.

    (1995)

    (17)

    Etude

    prospective

    5

    patients

    Membre inférieur 1 (MI1) : mo-

    bilisation passive standard

    Membre inférieur 2 (MI2) : cy-

    clo-ergomètre passif (3X 3h/j

    pendant 7 j)

    ↗ surface des fibres muscu-

    laires MI1˂MI2

    Perte nette en protéine moins

    importante MI1˂MI2

    De Prato

    et al.

    (2009)

    (10)

    Etude

    randomisée

    15

    patients

    Groupe témoin (G1) : mobilisa-

    tion standard

    Groupe traitement (G2) : mobili-

    sation standard + cyclo-

    ergomètre passif (2X 30min/j à

    20 trs/min pendant 10j)

    3MH/Cr G1˃G2 (p˂0,05)

    TDM6 : test de marche de 6 minutes ; FC : fréquence cardiaque ; PVC : pression veineuse

    centrale ; 3MH/Cr : rapport 3-methylhistidine/créatinine urinaire (pourcentage de masse

    musculaire catabolisé par jour)

    4.2 Faisabilité et sécurité

    Dans un premier temps, il est important de savoir si l’utilisation d’un cyclo-ergomètre chez

    des patients de réanimation est possible en toute sécurité. Or en réanimation les situations des

    patients sont très variées, ils peuvent être sédatés, ventilés, agité, confus, septique etc...

    Camargo Pires-Neto, et al. nous montrent que la mobilisation précoce chez des patients séda-

    tés profonds ne provoque pas de changement hémodynamique, respiratoire et métabolique

    significatifs, entre la période de repos et d’exercices. En effet, il observe une augmentation de

    3% de la FC (p˂0,05) ainsi qu’une augmentation de 7% de la PVC (p˂0,05). En revanche, il

    n’y a pas de changement significatif pour les paramètres suivants : la fréquence respiratoire, le

  • 14

    volume courant, le débit cardiaque, les résistances vasculaires systémiques, la saturation en

    oxygène veineuse centrale, la SpO2, la pression artérielle moyenne (PAM), la pression arté-

    rielle systolique (PAS), la pression artérielle diastolique (PAD). De plus dans cette étude,

    35% des patients sur un total de 19 sujets, ont commencé l’exercice après 24 heures de venti-

    lation mécanique, sans aucuns effets indésirables par la suite. Seulement deux événements

    indésirables sont survenus. Un premier patient a eu une augmentation de la fréquence respira-

    toire pendant l’exercice à cause d’une pression abdominale trop importante, qui induisait un

    trigger trop rapide sur le respirateur. Ce problème a été résolu rapidement par un réglage de la

    sensibilité du trigger. Le second patient s’est réveillé après 15 minutes d’exercice et a résisté

    au mouvement passif du cyclo-ergomètre. L’exercice a été stoppé. Un globe vésical a été mis

    en évidence, ce patient a été exclu de l’étude.

    Burtin et al. ont observé qu’en général il n’y avait pas de variation de la fréquence cardiaque,

    de la PAS, de la PAD et de la fréquence respiratoire, contrairement à la SpO2 qui diminue

    pendant le pédalage (-1,3 ± 1,7% au jour 8 et -1,7 ±3% au dernier jour). Cependant 16 séances

    ont du être interrompues prématurément à cause d’une SpO2˂90 % (n=8), d’une PAS ˃ 180

    mmHg (n=6), ou une diminution ˃ 20% de la PAD (n=2).

    L’utilisation d’un cyclo-ergomètre en passif ou en actif, entraine des répercussions au niveau

    hémodynamique, respiratoire et métabolique, qu’il faut surveiller. La survenue d’événements

    indésirables est un risque possible mais qui arrive peu fréquemment.

    4.3 Type de population en réanimation

    Le cyclo-ergomètre peut être utilisé en toute sécurité pour des patients de réanimation, mais

    pour quel type de population exactement ? Nous verrons dans cette seconde partie le motif

    d’hospitalisation des patients inclus dans les études retenues, leurs principaux critères

    d’inclusion et d’exclusion, ainsi que le traitement pharmacologique des patients, leur type de

    ventilation et pour finir leur sédation (Tableau IV- page 15).

  • 15

    Tableau IV : Effectif, type de ventilation, type de sédation, traitement pharmacologique

    et pathologie

    Auteur

    et date

    Effectif Ventilation

    des

    patients

    Sédation

    des

    patients

    Traitement

    pharmacologique

    (nombre de patients)

    Pathologie

    (nombre de patients)

    Burtin

    et al.

    (2009)

    (27)

    90

    patients

    80% aide

    inspiratoire

    4% VACI

    16%

    O2thérapie

    Oui et

    non

    Vasopresseur : G1=33 ;

    G2=24

    Corticostéroïdes :

    G1=16 ; G2= 15

    Curares : G1=18 ; G2=11

    Traitement intensif

    d’insuline : G1=36 ;

    G2=31

    71 patients pour chirurgie

    (39% cardiaque, 25%

    transplantation,

    16%thoracique)

    19 patients pour raisons

    médicales

    Camar-

    go

    Pires-

    Neto, et

    al.

    (2013)

    (28)

    19

    patients

    100% VM Oui

    (pro-

    fonde)

    Agent vasoactif : 13

    10 pneumopathies, 2

    SDRA, 2 BPCO, 2 défail-

    lances rénales chroniques, 2

    atteintes du SNC, 1 asthma-

    tique

    Grif-

    fiths et

    al.

    (1995)

    (17)

    5

    patients

    100% VM / curares BPCO sévère

    De Pra-

    to et al.

    (2009)

    (10)

    15

    patients

    100% VM oui / /

    VACI : volume assisté contrôlé intermittent ; O2thérapie : oxygénothérapie ; VM : ventila-

    tion mécanique ; SDRA : syndrome de détresse respiratoire aigüe ; BPCO : broncho-

    pneumopathie chronique obstructive ; SNC : système nerveux central

    o Motif d’hospitalisation

    Dans l’étude de Camargo Pires-Neto et al., les pathologies les plus rencontrées sont, selon un

    ordre décroissant : les pneumopathies (10 sujets), les syndromes de détresse respiratoire aigue

    (SDRA) (2 sujets), les bronchitiques chroniques (BPCO) (2 sujets), les défaillances rénales

    chroniques (2 sujets), les atteintes du système nerveux central (2 sujets) et un asthmatique. En

    ce qui concerne l’étude de Burtin et al., sur un total de 90 patients, 71 patients sont hospitali-

  • 16

    sés pour des raisons chirurgicales (39% chirurgie cardiaque, 25% de transplantation et 16% de

    chirurgie thoracique) et 19 patients pour des raisons médicales.

    o Critères d’inclusion et d’exclusion

    Burtin et al. ont exclu des patients pour lesquels une cause de faiblesse musculaire avait été

    déterminée (accident vasculaire cérébral (AVC), épilepsie) ainsi que ceux ayant des troubles

    psychiatriques. En général sont inclus les sujets hémodynamiquement stables, et sont exclus

    ceux qui sont agités ou qui ont des troubles orthopédiques ou traumatiques au niveau du bas-

    sin et des membres inférieurs. Bien sûr, les sujets inclus ont donné leur consentement éclairé,

    pour participer aux différentes études.

    o Traitement pharmacologique

    Au niveau du traitement pharmacologique, Camargo Pires-Neto et al. étudient une population

    dont certains patients sont sous agents vasoactifs. De même dans celle de Burtin, des patients

    répartis dans les deux groupes sont sous vasopresseurs, corticostéroïdes et curares. Les agents

    vasoactifs et les vasopresseurs permettent de corriger la pression artérielle. Tous les patients

    bénéficient d’un traitement intensif d’insuline.

    o Type de ventilation et sédation

    Dans les études qui ont été sélectionnées, il y a toujours au moins une partie des patients qui

    est sous ventilation mécanique. Notamment dans celle de Camargo Pires-Neto et al. où 100%

    des patients sont sous ventilation mécanique. Généralement il faut mettre en relation l’état de

    la sédation avec le type de mobilisation. Plus précisément, s’il y une sédation, la mobilisation

    sera alors de type passive et inversement.

    Le cyclo-ergomètre peut donc être utilisé chez une population hétérogène.

    4.4 Protocoles

    Dans les recommandations du groupe d’experts (18), il est indiqué que sur le cyclo-ergomètre,

    « les paramètres suivants doivent être réglés : la vitesse, la durée de la séance et la charge de

    travail ». Le programme devrait être décidé par l’ensemble de l’équipe interdisciplinaire. La

    séance se doit d’être supervisée par un kinésithérapeute afin de surveiller la tolérance et les

    paramètres physiologiques mais aussi d’ajuster la charge de travail.

    Dans ce paragraphe nous aborderons l’aspect pratique des différents protocoles.

    L’étude de Griffiths et al. compare, sur une même personne, la mobilisation passive standard

    d’un membre inférieur, à la mobilisation passive effectuée par un cyclo-ergomètre sur l’autre

    membre inférieur ,3 fois 3 heures par jour, pendant 7 jours.

    De Prato et al. comparent la mobilisation standard passive, puisque les patients sont incons-

    cients, à la mobilisation standard additionnée au cyclo-ergomètre. Sur cyclo-ergomètre la mo-

    bilisation est réalisée 2 fois 30 min par jour, pendant 10 jours, à une vitesse angulaire de 20

    trs/min.

    Dans l’étude de Camargo Pires-Neto et al. la mobilisation à l’aide du cyclo-ergomètre est ef-

    fectuée une seule fois. Elle est passive et réalisée pendant une durée de 20 min à une vitesse

  • 17

    angulaire de 30 trs/min. 35% des patients ont débuté le protocole à 24 heures de leur mise

    sous ventilation mécanique.

    L’étude de Burtin et al. compare la mobilisation standard réalisée 5 fois par semaine (mobili-

    sation passive ou active des 4 membres selon le patient), à la mobilisation standard addition-

    née à une séance de cyclo-ergomètre, 5 fois par semaine également. La séance de cyclo-

    ergomètre est réalisée en fonction de l’état du patient, s’il est sédaté la mobilisation sera pas-

    sive sur une durée de 20 min, à une vitesse angulaire de 20 trs/min. Si le patient est réveillé la

    séance peut être fractionnée en deux périodes de mobilisation active, de 10 min chacune ou

    plus si besoin. La résistance est ajustée selon les capacités du patient, le ressenti de ce dernier

    et du thérapeute. Ce protocole est réalisé uniquement dans le service de réanimation, avec une

    médiane de 4 séances par semaine de cyclo-ergomètre et une médiane de 7 séances au total.

    De plus à la première séance, 45% des patients ont pédalé activement contre 87% à la dernière

    séance. Du fait que les patients étaient instables au niveau cardio-respiratoire, les séances

    n’ont put commencer qu’à partir du 10ème

    jour après l’admission en réanimation pour le

    groupe témoin et à partir du 14ème

    jour pour le groupe traitement.

    Il n’existe pas pour l’instant de protocole faisant consensus concernant l’utilisation d’un cy-

    clo-ergomètre en réanimation, que ce soit pour de la mobilisation passive ou active. En effet

    la durée et la fréquence des séances varient, ainsi que la vitesse angulaire. De plus pour le

    mode actif, le réglage de la résistance se fait le plus souvent de manière subjective, en

    s’appuyant sur le ressenti du patient ou du thérapeute. Il faut également remarquer à travers

    ces différents protocoles, que les patients ne sont pas inclus au même moment et donc ne dé-

    butent pas leur protocole à la même période. Ce dernier n’a pas non plus la même durée selon

    les études.

    4.5 Effets

    Une séance associée a un cyclo-ergomètre induit des changements au niveau des constantes

    physiologiques, mais a-t-elle d’autres répercussions chez les patients de réanimation ?

    Dès 1995 une étude prospective de Griffiths et al., observe une augmentation de la surface des

    fibres musculaires (en moyenne +11%) contrairement au membre inférieur témoin où il y a

    une diminution (en moyenne -35%), mais aussi une perte nette en protéine moins importante

    sur le membre mobilisé. Seulement dans un fonctionnement quotidien d’un service de réani-

    mation, il est difficilement envisageable de laisser un patient 3 heures 3 fois par jour sur le

    cyclo-ergomètre. Ensuite l’étude de De Prato et al. montre que la mobilisation passive de pa-

    tients inconscients et cataboliques par cyclo-ergomètre, réduit le catabolisme musculaire. En

    effet le rapport 3-methylhistidine sur la créatinine urinaire est plus réduit dans le groupe trai-

    tement (réduction de 52 ± 7%) que dans le groupe témoin (réduction de 34 ± 6%) (p˂0,05).

    Et enfin l’étude randomisée contrôlée de Burtin et al. conclut à une augmentation de la force

    isométrique des quadriceps entre la sortie de réanimation et la sortie de l’hôpital dans le

    groupe traitement (1,83 ± 0,91 N∙kg⁻ ¹ contre 2,37 ± 0,62 N∙kg⁻ ¹, p˂0,01) comparé au

    groupe témoin (1,86 ± 0,78 N∙kg⁻ ¹ contre 2,03 ± 0,75 N∙kg⁻ ¹, Non Significatif (NS). A la

    sortie du service, la force isométrique des quadriceps n’est pas différente entre les deux

    groupes. De plus, il y a une augmentation de la distance réalisée au test de marche de 6 mi-

  • 18

    nutes à la sortie de l’hôpital (196 m vs 143m, p˂0,05). La proportion de patients ne pouvant

    pas se lever seul, n’est pas différente entre le groupe traitement et le groupe témoin, à la sortie

    du service et à la sortie de l’hôpital (respectivement 34% contre 23%, NS et 85% contre 79%,

    NS). De plus la proportion de patients ne pouvant pas marcher seul n’est pas non plus diffé-

    rente entre le groupe traitement et le groupe témoin, à la sortie du service et à la sortie de

    l’hôpital (respectivement 10% contre 14%, NS et 73% contre 55%, NS). Pour finir, il est re-

    trouvé une augmentation du statut fonctionnel (SF 36) (Annexe 1) (21 points contre 15 points,

    p˂0,01).

    Dans un service de réanimation où la masse musculaire décroit rapidement du fait de

    l’immobilisation, de la sédation, et autre, il est actuellement possible de mettre en place des

    actions coordonnées de l’équipe soignante pour améliorer l’état des patients. S’appuyer sur un

    cyclo-ergomètre paraît une bonne solution. En effet cet appareil peut être adapté à chaque

    situation rencontrée par un patient, que ce soit une mobilisation passive ou un travail contre

    résistance. Cependant, il faut surveiller les constantes physiologiques et fixer des critères

    d’arrêt de la séance afin d’éviter tous événements indésirables. Pour l’instant, il n’y a pas de

    consensus sur le protocole à adopter. Mais des effets sont observés, comme l’augmentation de

    la force isométrique des quadriceps (muscle antigravitaire) et la qualité de vie, ainsi qu’une

    diminution du catabolisme musculaire.

    5 Le cyclo-ergomètre (Motomed® Letto 2) dans le service de réani-

    mation de l’HGRL

    J’ai effectué mon stage mémoire, dans le service de réanimation de l’Hôpital Guillaume René

    Laennec (HGRL), centre hospitalier de Nantes, sur une période de 6 semaines. Ce service

    possède un cyclo-ergomètre de la marque Motomed®Letto 2.

    Il est émis l’hypothèse que l’utilisation d’un cyclo-ergomètre chez des patients trachéotomi-

    sés, ventilés, atteints de polyneuromyopathie de réanimation, permet d’augmenter et/ou de

    conserver la force et le volume musculaire. Plus précisément il est attendu une augmentation

    ou une non-diminution du score neuromusculaire MRC, du périmètre des cuisses et du vo-

    lume des quadriceps par la mesure échographique.

    Afin de tester cette hypothèse il a été établi un protocole d’utilisation du Motomed® Letto 2.

    En plus de la séance de kinésithérapie classique, un temps est consacré à des exercices sur le

    Motomed®, c’est-à-dire un pédalage passif ou actif pendant 20 minutes. Le patient débute

    avec une résistance R0 puis au bout de 5 minutes cette résistance est augmentée pour passer à

    une résistance R1 durant 10 minutes, puis 5 minutes à R0. Ainsi il y a une période

    d’échauffement, de travail par une montée en puissance avec un plateau, puis de retour au

    calme (fig.2).

  • 19

    Figure 2 : Schéma représentant le protocole établi

    La séance dure en moyenne 40 minutes, en comptant le temps d’installation, d’exercice et de

    désinstallation. Après chaque utilisation, le matériel est nettoyé à l’aide de produits désinfec-

    tants.

    5.1 Population

    La population étudiée est représentée par les patients qui ont une ANMAR diagnostiquée et

    un retard dans le sevrage de la ventilation mécanique.

    5.1.1 Critères d’inclusion et d’exclusion

    Ce sont des personnes majeures de plus de 20 ans, qui ont reçu une note d’information et

    toutes les explications orales nécessaires (Annexe 2) puis qui ont signé un accord de consen-

    tement (Annexe 3). Les patients doivent bénéficier d’un état hémodynamique cardio-

    respiratoire stable.

    Les critères d’exclusion sont :

    Au niveau orthopédique :

    Une fracture instable ou une suspicion de fracture des membres inférieurs, du bassin ou des

    vertèbres lombaires.

    Au niveau respiratoire :

    Une SpO2 ˂ 90 %

    Une FiO2 ˃ 60 %

    Une fréquence respiratoire ˃ 35 battements par minute (bpm) avec une assistance ventilatoire

    adéquate

    Une PEP ˃ 10 cm H2O

    Des signes cliniques de détresse respiratoire

    Au niveau neurologique :

    Une pression intracrânienne ˃ 20 mmHg

    5 min 0 min 15 min 20 min 25 min

    R1 R0 R0

    Durée de l’exercice

  • 20

    Au niveau cardiovasculaire :

    Une PAS ˂ 90 mmHg ou ˃ 200 mmHg

    Une FC ˂ 50 ou ˃ 130 bpm

    Une arythmie aiguë significative

    Une pathologie cardiaque majeure

    Un traitement vasopresseur à dose élevée ou récemment introduit

    Au niveau dermatologique

    Une pathologie contagieuse

    Une thrombose veineuse profonde non traitée, un escarre

    Les critères d’inclusion et d’exclusion ont permis à 3 patients de participer à cette étude. Par

    la suite un patient a été exclu pour des raisons médicales. Il était atteint pour la deuxième fois

    d’une pneumopathie infectieuse, ce qui a induit l’apparition d’une fièvre, donc une plus

    grande fatigabilité. En plus de cela, il était dialysé en continu et son cathéter se situait au ni-

    veau de l’artère fémorale. Le pédalage a entrainé un dysfonctionnement de la machine de dia-

    lyse.

    5.1.2 Présentation des deux patientes

    o La patiente A est âgée de 33ans.

    Mme A est hospitalisée à l’HGRL, le 14 août 2014 pour un choc cardiogénique, se traduisant

    par des vertiges, des troubles de la vision sans diplopie, une hyperacousie bilatérale, des nau-

    sées et vomissements, une tachycardie et des douleurs thoraciques. Elle présente des antécé-

    dents cancéreux qui ont abouti à une gastrectomie responsable d’une dénutrition.

    Le 15 août 2014 le chirurgien et son équipe mettent en place une CEC et une ECMO (Extra-

    corporelle Membrane Oxygénation) en urgence pour son choc cardiogénique et le 18 août

    2014 ils créent une communication inter-atriale par voie transcutanée. Suite à la CEC, la ven-

    tilation mécanique, le manque de tonicité post extubation, sont apparues des atélectasies.

    Mme A est réintubée et ventilée le 25 août. Le 26 août elle fait une tamponnade, le 27 août

    l’ECMO est retirée. Le 1er

    septembre l’équipe soignante l’extube, mais c’est un échec ; elle

    est alors réintubée. A partir du 4 septembre il est effectué des essais de ventilation spontanée,

    mais, de nouveau, c’est un échec. Le 5 septembre, un épanchement thoracique est décelé, elle

    est donc opérée une nouvelle fois afin d’évacuer l’épanchement. Le 9 septembre, l’équipe

    soignante décide de la trachéotomiser pour plus de confort et d’autonomie.

    o La patiente B a 73 ans.

    Mme B est admise en réanimation à Nantes, le 23 juin 2014 dans les suites d’une prise en

    charge d’un remplacement de valve mitrale par bioprothèse ainsi qu’une ablation d’un

    myxome (tumeur bénigne) de l’oreillette gauche en urgence, à cause d’un infarctus du myo-

    carde aigu et massif. Mme B a plusieurs antécédents dont un anévrisme de l’artère Sylvienne

    en janvier 2014, un syndrome cave et un trouble bipolaire.

  • 21

    Dans la nuit du 15 au 16 juin 2014, Mme B est prise en charge aux urgences de Saint Nazaire

    suite à une dyspnée, un œdème aigu du poumon, une déficience de la valve mitrale et un in-

    farctus massif du myocarde. Elle est transférée en réanimation le 18 juin et opérée le 19 pour

    un remplacement de valve mitrale et pour un décaillotage d’un épanchement péricardique. Le

    23 juin, Mme B est transférée à l’HGRL à Nantes. Par la suite, Mme B rencontre plusieurs

    problèmes en réanimation à savoir une défaillance hémodynamique sévère, une défaillance

    hépatique et rénale, des thromboses, une septicémie, un état de mal épileptique. Mme B a été

    extubée plusieurs fois, mais le résultat a été négatif. Par ailleurs, une extubation a conduit à un

    arrêt cardiaque le 3 septembre à cause d’un œdème laryngé, à la suite de quoi, pour plus de

    confort, l’équipe soignante a pris la décision de trachéotomiser Mme B le 10 septembre.

    5.1.3 Situation clinique au début du stage

    o La patiente A est trachéotomisée et ventilée. Le sevrage de la VM peut com-

    mencer. Mme A est réveillée et communique très facilement par des gestes. Elle est dialysée

    en continu et son cathéter de dialyse se situe au niveau de la veine jugulaire interne droite.

    o La patiente B est trachéotomisée et en mode de sevrage : ventilée avec une aide

    inspiratoire (VSAI). Pour cela, il est utilisé une valve de Boussignac (valve qui est reliée à

    l’air et qui permet d’apporter une pression expiratoire positive (PEP). Il est réalisé également

    des essais au nez artificiel. Mme B s’est réveillée avec un mutisme, de plus la communication

    est difficile, car elle ne répond pas aux ordres simples et elle est trachéotomisée ce qui em-

    pêche la phonation. Elle a une tendance à l’agitation et présente des troubles du sommeil.

    5.1.4 La polyneuromyopathie de réanimation chez ces deux patientes

    o Le 29 août 2014, une polyneuropathie de réanimation est déclarée chez Mme A

    lors d’un électromyogramme. Le score neuromusculaire MRC n’a pas été établi à cette date.

    Au début de mon stage, son score neuromusculaire MRC était de 46/60.

    o Suite à un électromyogramme, une polyneuropathie de réanimation est déclarée

    chez la patiente B le 11 juillet 2014 avec une diffusion des réflexes ostéo-tendineux toujours

    présents aux membres inférieurs. Sans communication, l’établissement du score neuromuscu-

    laire MRC est très difficilement réalisable.

    5.2 Matériel et méthode : Quels exercices sur cyclo-ergomètre ?

    5.2.1 Matériel et mesures effectuées

    Des informations sont relevées avant le démarrage de l’exercice, à 5 min, à 15 min, à la fin de

    l’exercice puis 5 min plus tard c’est-à-dire à 25 min. Ces informations sont les constantes du

    patient inscrites sur le scope et celles données sur le respirateur. Au moment du relevé

    d’informations il est aussi demandé à la patiente de coter sa dyspnée sur l’échelle visuelle

    analogique (EVA) de la dyspnée et de coter sa perception de l’effort grâce à l’échelle de Borg.

    A la fin de l’exercice il est aussi relevé des informations données par le Motomed® lui-même

    (fig.3). De façon hebdomadaire, il est réalisé une échographie musculaire des quadriceps, des

    mesures du périmètre des cuisses, ainsi que le score neuromusculaire MRC.

  • 22

    Figure 3 : Schéma représentant la chronologie du relevé des données

    Sur le scope sont recueillies les informations qui suivent :

    La FR

    La FC

    La SpO2

    La pression artérielle (PA)

    Ces informations permettent de surveiller l’état général des patientes et d’arrêter la séance si

    nécessaire.

    Les informations disponibles sur le respirateur sont :

    La pression expiratoire positive (PEP)

    L’aide inspiratoire (AI)

    La FiO2

    Le volume par minute (Vme)

    Le volume inspiratoire

    Le volume expiratoire

    Les données affichées sur le Motomed® sont :

    La durée

    La distance

    Le nombre de tours moyens = vitesse angulaire moyenne

    La résistance

    La puissance maximale

    La puissance moyenne

    Ces données permettent de quantifier l’évolution des patientes.

    0 min 25 min 20 min 15 min 5 min

    Scope,

    respirateur

    Scope, respira-

    teur, EVA dysp-

    née, échelle de

    Borg

    Scope, respirateur,

    EVA dyspnée,

    échelle de Borg

    Scope, respirateur,

    EVA dyspnée, échelle

    de Borg, Motomed®

    Durée de l’exercice

  • 23

    Deux informations sont demandées aux patientes à 5 min, 15 min et 20 min :

    L’EVA de la dyspnée

    Il est demandé aux patientes de coter leur essoufflement, en déplaçant le curseur sur une ré-

    glette allant de « aucun essoufflement » à un « essoufflement maximal », ensuite le kinésithé-

    rapeute regarde l’autre coté de la réglette qui est graduée de 0 à 10.

    L’échelle de Borg

    C’est une échelle d’auto-évaluation, permettant au sujet de coter son effort, c’est donc une

    échelle subjective. Elle va de 6 à 20, 6 correspondant à une perception d’aucun effort et 20

    correspondant à un effort exténuant ou « très très difficile ». Elle est accompagnée de 7 anno-

    tations verbales, qui peuvent varier en fonction de la population étudiée.

    Pour utiliser cette échelle, il est demandé au sujet d’évaluer sa perception de l’effort, tout

    d’abord avec les annotations verbales, puis de le chiffrer (fig.4).

    Figure 4 : Echelle de Borg (de 6 à 20)

    Une relation linéaire a été trouvée entre les valeurs subjectives de l’effort perçu, grâce à

    l’échelle de Borg et la fréquence cardiaque. Une relation entre l’échelle de Borg et la lactaci-

    démie (taux d’acide lactique dans le sang produit lors de la contraction musculaire) a égale-

    ment été étudiée (29).

    Cette échelle permet la surveillance de la patiente lors de l’effort, il sera possible d’arrêter

    l’exercice si le score indiqué est trop élevé. Avec cet outil, une progression de l’état de la pa-

    tiente pourra être identifiée, par exemple, si pour une même intensité d’effort, le score obtenu

    est diminué.

  • 24

    Trois types de données sont recueillis de façon hebdomadaire :

    Le périmètre des cuisses

    La mesure du périmètre des quadriceps s’effectue à l’aide d’un mètre ruban en prenant 3 ni-

    veaux références, à +5cm, +15cm et +20cm ou +25cm du bord supérieur de la patella, lorsque

    la jambe est en extension, relâchée et reposant sur le lit. Cette mesure est réalisée en bilatérale

    et permet de suivre l’évolution des patientes.

    L’échographie des quadriceps

    L’échographie des quadriceps a pour but de mesurer leur épaisseur. Cette mesure est corrélée

    à la force musculaire (30).

    Pour cela, il est pris comme point de référence la moitié de la longueur des membres infé-

    rieurs. Le point de référence est désigné suivant la ligne passant par l’épine iliaque antéro-

    supérieure et par le milieu du bord supérieur de la patella, chez des patients allongés avec les

    membres inférieurs relâchés et en extension. La mesure se fait à la perpendiculaire de cette

    ligne. Ensuite grâce à l’appareil d’échographie, il est possible de figer une image et de mesu-

    rer la distance entre la corticale externe du fémur et la masse musculaire du droit fémoral

    (fig.5) (31). Puis il est relevé la moyenne des mesures des deux membres inférieurs.

    Figure 5 : image échographique d’une coupe de cuisse

    Légendes : RF : Rectus Femoris ; VL : Vastus Lateralis ; VM : Vastus Medialis ; VI : Vastus

    Intermedius

    Le score neuromusculaire MRC

    Comme indiqué précédemment (page 2) dans la partie dédiée à la polyneuromyopathie de

    réanimation, c’est une hétéro-évaluation, allant de 0 à 60, où six fonctions musculaires sont

    cotées en fonction de la contraction volontaire obtenue.

    Ce score permet de quantifier la force musculaire et de suivre l’évolution des patientes.

    RF

    VM

    VL

    VI

    Fémur

  • 25

    5.2.2 Patient dépendant

    Dans le service, la séance avec le Motomed® est réalisée sur 20 minutes, 5 jours par semaine

    comme dans l’étude de Burtin et al. (27) (Fiche de lecture - Annexe 4).

    Concernant l’installation, l’angle du dossier du lit est réglé en fonction du confort des pa-

    tientes, plus généralement il se situe entre 30° et 45°. La hauteur des membres inférieurs a été

    réglée de façon à ce que les pieds, dans leur position la plus basse, frôlent le lit mais ne soient

    pas gênés par les draps. Le degré d’extension des membres inférieurs est réglé en fonction du

    confort des patientes et/ou de l’appréciation du thérapeute. En travail actif la résistance est

    fixée selon la fatigabilité de la patiente mesurée par l’EVA de dyspnée et l’échelle de Borg. A

    la fin de la séance, le Motomed® affiche la puissance moyenne développée par les patientes,

    ce qui permet pour la séance suivante d’avoir un point de repère et de programmer une résis-

    tance adaptée. Pour commencer, la vitesse d’entrainement des membres inférieurs est réglée à

    20 trs/min conformément à l’étude de Burtin et al.

    Dans un premier temps, les deux patientes effectuent un travail passif sur le Motomed®.

    Pour Mme A :

    Il s’est avéré qu’elle possède les capacités de pédaler activement. Il a donc été choisi à la troi-

    sième séance de ne pas entrer de paramètre de vitesse afin de lui permettre de pédaler comme

    elle le souhaitait. Mme A pédale à une vitesse moyenne de 30 trs/min sur l’ensemble de ses

    14 séances.

    Afin d’effectuer un travail actif optimal des quadriceps, une résistance de 1 Watt a été appo-

    sée comme résistance première, puis le protocole initial a été mis en place. Ensuite la résis-

    tance était réglée en fonction de la séance précédente. La puissance moyenne développée à la

    séance précédente était prise comme résistance première (R1 de 0 à 5 minutes).

    Pour Mme B :

    Elle ne possède pas de motricité volontaire adaptée, elle continue donc à travailler en passif.

    Conformément aux résultats de Mme A, la vitesse pour la séance de Mme B a été réglée à 30

    trs/min.

    5.2.3 Les critères d’arrêt de la séance

    Dans tous les cas, les critères d’arrêt de la séance sur cyclo-ergomètre sont :

    o Des signes de détresse respiratoire

    o Une FC ˃ 70 % de la valeur maximale prédite

    o Une diminution de la FR ˃ 20 % de la valeur maximale prédite

    o Une SpO2 ˂ 90 %

    o Une PAS ˃ 180 mmHg

    o Une diminution ˃ 20 % de la PAS ou de la PAD

    o Une dyspnée sévère

    o Des symptômes d’ischémie myocardique c’est-à-dire une douleur de type constrictive,

    rétro sternale pouvant irradier dans les mâchoires et dans les bras.

  • 26

    5.3 Résultats

    Les résultats pour les critères principaux sont les suivants :

    Le périmètre des cuisses

    Figure 6 : Périmètre de la cuisse en centimètres ; a) patiente A - cuisse gauche ; b) patiente

    A - cuisse droite ; c) patiente B - cuisse gauche ; d) patiente B - cuisse droite ; +5 cm du bord

    supérieur de la patella ; S1 : semaine 1

    Concernant le périmètre des cuisses (fig.6), il n’y a pas de différence significative entre les

    deux membres inférieurs des patientes. Il peut être noté chez Mme A, une augmentation de

    3cm à gauche et de 4 cm à droite pour la mesure à + 25 centimètre du bord supérieur de la

    patella. Et chez Mme B une augmentation de 5 cm à gauche et de 3 cm à droite pour la me-

    sure à + 15 centimètres du bord supérieur de la patella.

    L’échographie musculaire des quadriceps

    Figure 7 : Echographie musculaire des quadriceps en centimètres : e) patiente A ; f) pa-

    tiente B ; D : droite ; G : gauche ; S1 : semaine 1

    L’échographie des quadriceps (fig.7) montre des différences droite/gauche pour chaque pa-

    tiente, avec des variations importantes d’une semaine à l’autre.

    20

    25

    30

    35

    40

    45

    S1 S2 S3 S4

    à +5 cm

    à +15 cm

    à +25 cm

    20

    25

    30

    35

    40

    45

    S1 S2 S3 S4

    à +5 cm

    à +15 cm

    à +25 cm

    30

    35

    40

    45

    50

    55

    S1 S2 S3 S4

    à +5 cm

    à +15 cm

    à +20 cm

    30

    35

    40

    45

    50

    55

    S1 S2 S3 S4

    à +5 cm

    à +15 cm

    à +20 cm

    0,8 0,9

    1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5

    S1 S2 S3 S4

    D

    G

    1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7

    S1 S2 S3 S4

    D

    G

    a) b)

    c) d)

    e) f)

  • 27

    Le score neuromusculaire MRC

    Figure 8 : Détail du score MRC de l’hémicorps droit de la patiente A ; S1 : semaine 1

    Chez Mme A, le score neuromusculaire MRC est identique pour l’hémicorps gauche et droit

    (fig.8). Son score neuromusculaire MRC a augmenté de 46 à 58 sur un total de 60 par rapport

    au début et à la fin de la prise en charge.

    Chez Mme B, le score MRC n’a pas pu être établi en intégralité, il a donc été choisi de ne pas

    le prendre en compte.

    5.4 Analyse et discussion de l’étude de cas

    La périmétrie des cuisses a été effectuée avec un seul opérateur, il est observé une légère ten-

    dance à l’augmentation ou du moins à la stagnation. Cette mesure a été effectuée à des ni-

    veaux différents. Chez Mme A la mesure proximale est à + 25 cm du bord supérieur de la

    patella, alors que chez Mme B, elle est à +20 cm. Il s’est avéré que les deux patientes

    n’avaient pas la même longueur des membres inférieurs, et que chez Mme B, la mesure à + 25

    cm aurait été trop proche du pli de l’aine. De plus, selon Pierron G et al. (32), il semble que

    les mesures effectuées pour apprécier le volume musculaire des quadriceps, se font le plus

    souvent à +5 cm, +10 cm et +20 cm du bord supérieur de la patella. Parfois le périmètre de la

    cuisse diminue, il est possible d’expliquer ce biais par une mauvaise installation préalable des

    membres inférieurs en extension et au repos, sur un lit à 0 degré au niveau des membres infé-

    rieurs. Pour finir, il n’a été effectué qu’une seule mesure pour chaque niveau (+5cm, +15cm,

    +20cm ou +25cm), faire la moyenne de plusieurs mesures aurait été plus judicieux et repré-

    sentatif.

    La mesure échographique, de la distance entre le fémur et la partie externe du droit fémoral

    est très disparate. Il est possible d’expliquer ce biais par le fait qu’il n’a été pris qu’une seule

    mesure par jambe et par semaine. De plus il y a eut plusieurs opérateurs différents, or pour

    prendre cette mesure, il faut apposer la sonde de l’échographie sur la peau et chaque opérateur

    appuie plus ou moins fortement avec la sonde. Cette mesure est précise au dixième de milli-

    mètres près, ce qui provoque des écarts importants d’une semaine à l’autre (1,6 cm pour Mme

    B à S1 contre 1,1 cm à S2). Comme la périmétrie, il aurait été plus judicieux de faire la

    moyenne de plusieurs mesures.

    Un des critères principaux de cette étude est l’établissement du score neuromusculaire MRC,

    or une des patientes incluses, Mme B, ne répond pas aux ordres simples et par conséquent, il

    n’a pas été possible d’établir son score complet. L’agitation et une réponse inadéquate aux

    ordres simples auraient dû être des critères d’exclusion de cette étude. Cependant on aurait pu

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    Abduction épaule

    Flexion avant-bras

    Extension poignet

    Flexion hanche Extension genou

    Flexion cheville

    S1

    S2

    S3

  • 28

    penser qu’avec les mesures échographique et périmétrique, il aurait été possible de remarquer

    une augmentation de la force musculaire. Il a été choisi d’étudier les effets du Motomed® sur

    des patients avec une longue durée de séjour en réanimation, afin de pouvoir suivre une évo-

    lution plus importante dans le temps. C’est pour cela qu’il a été décidé d’étudier les personnes

    atteintes d’ANMAR. Il a été indiqué qu’il existait des facteurs de risques médicamenteux, de

    survenue de la polyneuromyopathie, sauf que dans cet écrit, il n’a pas été relevé les traite-

    ments pharmacologiques des patientes. Seulement, vu leur situation, il est très probable

    qu’elles aient reçu les traitements médicamenteux qui favorisent l’apparition d’ANMAR, no-

    tamment à cause du retard dans le sevrage de la VM.

    Lors de l’installation de l’appareil, un questionnement a émergé quant au positionnement des

    patientes dans leur lit, au niveau de l’angulation du dossier c’est-à-dire de la flexion de tronc,

    mais aussi de la flexion de hanche et de l’allongement des membres inférieurs. En effet grâce

    à des réglages il est possible d’effectuer un pédalage avec une flexion ou une extension glo-

    bale des membres inférieurs. Ce positionnement interpelle sur le travail spécifique du quadri-

    ceps, car c’est le muscle qui est le plus concerné par ce type d’exercice. Dans quelle course

    musculaire faut-il le renforcer en travail actif (course interne, moyenne, externe)?

    Un protocole de départ a été établi, pourtant, rapidement, il n’a plus été utilisé. Au moment de

    changer la résistance du travail actif il était demandé le consentement de la patiente. Deux cas

    se présentaient, soit elle refusait une augmentation car elle ressentait déjà, que l’effort était

    difficile, soit la résistance était augmentée mais elle demandait à la baisser quelques minutes

    plus tard car elle trouvait l’effort trop intense. Dans ces cas-là faut-il suivre le protocole ou

    s’adapter à la patiente ? A long terme, pour que la patiente adhère au traitement, il vaut mieux

    prendre en considération ses requêtes, en gardant pour objectif une progression dans le traite-

    ment proposé. Sur l’ensemble des 14 séances réalisées, à l’échelle de Borg, elle cotait son

    ressenti à une médiane de 13, cette cotation est reliée à l’annotation verbale « un peu diffi-

    cile ». Et à l’EVA de la dyspnée elle la cotait à une médiane de 4/10. Si on rapporte ces

    chiffres à un domaine différent, la réadaptation cardio-respiratoire à l’effort pour les car-

    diaques (qui ont une maladie coronarienne, une valvulopathie, une insuffisance cardiaque

    chronique ou une dissection aortique), ce sont des objectifs qui sont fixés au cours d’une

    séance de réentrainement d’intensité modérée (32). En passif aussi le protocole établi n’a pas

    été respecté. Au cours de la prise en charge, la vitesse angulaire a été modifiée allant de 20

    trs/min à 30 trs/min. En comparaison avec la patiente pédalant en actif, cette dernière attei-

    gnait facilement cette nouvelle vitesse. De plus dans l’étude de Camargo Pires-Neto et al. le

    pédalage passif est réglé à cette même vitesse. Par conséquent, quelle vitesse, quelle durée

    faut-il appliquer pour optimiser la séance ?

    Au niveau respiratoire, Mme A