84
ENTRETIEN NKM REPEINT NICOLAS SARKOZY EN VERT EN VOITURE ! Faites le plein d’économies CANTINE Le bio fait sa rentrée OBJETS à DURéE DéTERMINéE LAVE-LINGE, TéLé, PORTABLE… J’AI TESTé La vie sans montre Belgique, Luxembourg, Portugal « Cont. » : 5,90 euros Suisse : 9,80 FS Canada : 10,25 $C - DOM : 5,70 euros

lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

EntrEtiEn nkm rEpEint nicolas sarkozy En vErt

En voiturE ! Faites le pleind’économies

cantinEle bio fait sa rentrée

objEts à duréE détErminéE

lavE-lingE, télé, portablE…

j’ai tEsté la vie sans montre

Belgique, Luxembourg, Portugal « Cont. » : 5,90 euros Suisse : 9,80 FS Canada : 10,25 $C - DOM  : 5,70 euros

Page 2: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…
Page 3: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 3

« Vraies gens » et faux programmesPar Walter Bouvais, directeur de la publication

Qu’allons-nous retenir de cette étrange campagne ? Dans une émission de

radio où un invité avançait l’idée d’une alimentation locale, issue d’une agriculture sans pesticides, l’animateur rétorqua que ce sujet était à peine bon pour un ministère,

voire un secrétariat d’Etat, pas d’une élection présidentielle. Le ton est donné. Produire en circuit court. Soutenir les agriculteurs. Créer une vraie filière de transformation alimentaire française, avec des emplois non délocalisables à la clé. Redonner du goût aux repas. Eduquer à une alimentation saine. Sensibiliser ainsi les enfants aux enjeux planétaires, de façon gustative et ludique. Eviter quelques dépenses à notre bonne vieille Sécu… C’est vrai, tout cela n’est pas à la hauteur d’une présidentielle. La compétitivité, le halal, l’immigration, voilà donc les « vrais sujets » choisis par les « vraies gens ».A quelques semaines d’une élection que l’on dit majeure, le sentiment domine selon lequel les candidats vivent encore en bonne partie au XXe siècle. Faisons notre mea culpa : une partie de l’explication est liée au fait que nous, « les médias », mettons à l’agenda tant de sujets qui n’en sont pas. Au détriment de tant d’autres qui engagent pourtant notre avenir.

Le changement climatique ? Trop compliqué. Et puis, cela supposerait de parler d’international. Les « vraies gens » vont s’ennuyer. Un grand plan d’isolation des bâtiments, financé par la Banque centrale européenne, pour réduire notre consommation d’énergie et créer des milliers d’emplois locaux ? Il n’y a plus d’argent dans les caisses. Et puis, pour les « vraies gens », la finance, c’est rasoir. Alors, mélanger finance et isolation ! L’agriculture bio ? Déjà dit : pas à la hauteur. Parlons plutôt du prix de l’essence qui flambe. Ça va durer encore longtemps, ce scandale ? Oui, Monsieur, ça va durer. Et si on ne l’explique pas un peu, ça risque de ne pas bien se passer.

ampoules et joie de vivreVoilà pourquoi, même si tout le monde semble se soucier du développement durable comme de sa première chemise en fibres synthétiques, Terra eco fait le choix d’aborder ce mois-ci des sujets aussi « pas à la hauteur » que votre téléphone, vos ampoules, votre imprimante, etc. Avec une idée en tête : lutter contre l’obsolescence programmée des produits de consommation courante. Les enjeux : consommer moins de ressources. Transformer notre économie du jetable en une économie du service, de la réparation et du recyclable. Et créer ainsi des dizaines de milliers d’emplois locaux et innovants. Mais mettre un peu d’espoir et de joie de vivre dans la campagne n’est peut-être pas à la hauteur des « vraies gens ». —

erik Johansson (une)Né en 1985 à Götene, en

Suède, Erik a toujours

aimé dessiner et s’évader

à travers les jeux vidéo.

A 15 ans, il prend en main

son premier appareil numérique mais

regrette que le processus s’arrête une

fois les photos prises. Il se met donc à

les triturer avec son ordinateur. Pendant

ses études d’informatique, il continue à

retoucher ses photos, crée des illusions

pour les rendre « réalistes » et les diffuse

sur Internet. Depuis, des clients aussi

variés que Google, Microsoft, Ikea ou…

Terra eco s’arrachent ses clichés.

http://alltelleringet.com

ils ont participé

flore

-aël

sur

un -

tend

ance

flou

e

éditorial

soPhie riBstein(ils ChanGent le MonDe)Installée à Johannesburg,

Sophie, journaliste

indépendante, sillonne

l’Afrique australe

depuis trois ans et demi. De la crise

zimbabwéenne aux contradictions de la

jeune nation arc-en-ciel, l’Afrique du Sud,

du Swaziland au Malawi, elle souhaite

restituer à travers ses reportages toute

la diversité de cette partie du continent

anglophone, bien loin des clichés d’une

Afrique exotique. Correspondante de

plusieurs journaux et radios francophones,

elle s’intéresse tout particulièrement aux

questions environnementales.

Jean leCointre (Dossier)Chirurgien du collage

numérique, Jean Lecointre

puise son inspiration

en disséquant de vieux

papiers – magazines

de mode, journaux, romans-photos –

pour livrer des ambiances étranges,

évoquant l’univers de David Lynch

période Eraserhead ou les associations

déstabilisantes de Luis Buñuel. Sa

créativité débridée le fait passer de

l’illustration dans Libération à l’animation

sur Canal+ – avec Turkish Delights,

collection de péripéties pâtissières – en

passant par l’édition jeunesse.

www.jeanlecointre.com

Page 4: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

4 avril 2012 terra eco

Vos projets pour changer le monde… Silence, moteur, action !De la culture du bambou au développement d’un jeu vidéo, nos lecteurs ont la tête pleine d’idées ! Nous contribuons à les faire connaître. Vous aussi, jetez-vous à l’eau !

terra responsable

Le mois dernier, nous vous incitions à partager vos idées et initiatives pour passer à l’action. Vous avez été

nombreux à nous répondre. Les contri-butions qui nous arrivent confirment deux pressentiments. Un, vous avez des choses à nous apprendre. Deux, la communauté des lecteurs de Terra eco peut faire bouger les lignes.Prenez l’association Music Solidarity. Elle se lance dans le recyclage d’instru-ments de musique et de leurs cordes, récupérées dans les écoles de musique et les salles de concert. Music Solidarity a créé des points de collecte dans plusieurs villes de France et souhaite donner une seconde vie à ce matériel dans des pays en voie de développement. Elle s’est attirée le soutien de la chanteuse Irma et de Natty, du groupe Sinsemilia. Nous nous joignons à eux.

Plantes et pixelsDe la musique… aux plantes. Un projet de recherche sur l’exploitation du bambou a retenu notre attention. Persuadé des qualités de la plante, comme des bienfaits de sa produc-tion pour la planète, François Puech veut développer une filière française. Il souhaite initier d’autres personnes à la culture. Et lancer un centre de recherche sur le sujet. Côté pixels, nous avons découvert le jeu vidéo éducatif « Les aventures d’Undae ». Ses concepteurs expliquent le cycle de l’eau et les moyens de lutter contre la pollution. Leur projet, qu’ils souhai-tent commercialiser, est quasi ficelé. Une version d’essai est disponible sur www.undaelejeu.com : testez-le !

Recyclage de cordesde guitare, circuit de l’eau, filière bambou, calendrier des fruits… Bienvenue à vos idées !

Un article vous a passionné, étonné, ou au contraire révolté, énervé, n’hésitez pas à donner votre avis sur Terraeco.net

Vous avez une idée, vous voulez échanger, collaborer avec d’autres lecteurs, alors ouvrez votre blog ou parlez-nous-en.

D’autres concepts encore ? Le site AgirEcologie.com publie des fiches pour rappeler les fondamentaux d’une vie responsable. Du calendrier des fruits et légumes de saison aux conseils pour recycler vos cartouches d’encre, l’idée est de sensibiliser aux gestes du quotidien. Enfin, Olivier Trotta nous a présenté son livre sur la com responsable.

Première coproduction en 2012Alors, si vous avez un projet abouti ou une idée à développer, jetez-vous à l’eau (Lire aussi page 64) ! Nous étudions toutes les propositions. Nous ferons connaître les meilleures d’entre elles à nos lecteurs. Et, pour les meilleures

des meilleures… Terra eco proposera de faire un bout de chemin à vos côtés, qu’il s’agisse de coproduire ou de trouver ensemble des financements. Une première coproduction devrait voir le jour cette année. Mais, chut, nous vous en reparlerons bientôt. Pour en savoir plus sur Music Solidarity, Undae, et AgirEcologie, rendez-vous sur Terraeco.net. Vous pourrez entrer en contact avec les porteurs de projets et suivre leurs péripéties. —

Deux adresses pour faire connaître

vos projets :

[email protected]

www.terraeco.net/a42348.html

joefl

inth

am -

flic

kr /

likea

bler

oden

t - fl

ickr

/ dr

/ zig

azou

76 -

flic

kr

Page 5: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

joefl

inth

am -

flic

kr /

likea

bler

oden

t - fl

ickr

/ dr

/ zig

azou

76 -

flic

kr

Page 6: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

6 avril 2012 terra eco

Directeur de la rédaction David SolonChefs d’éditionFrançois Meurisse (papier)Karine Le Loët et Thibaut Schepman (numérique)Secrétaire de rédaction Claire Baudiffi er Directeur artistique Denis Esnault Ont participé à ce numéro(en ordre alphabétique inversé) Emmanuelle Vibert, Sophie Ribstein, Laure Noualhat, Florence Maître, Bridget Kyoto, Arnaud Gonzague, Anaïs Gerbaud, Anne de Malleray, Cécile Cazenave, Alice Bomboy, Alexandra Bogaert, Simon Barthélémy, Matthieu Auzanneau, Louise AllavoineIllustrateurs et photographesLaurent Taudin, François Supiot, Jean Lecointre, Julien Couty / VU, Jérémie Souteyrat, Reuters, Sipa, Réa, Stefania Mizara, Fotolia, Lea CrespiCorrectriceNathalie Dalla CorteCouverture Erik Johansson pour Terra eco

Directeur de la publicationWalter BouvaisAssistante de direction, coordination RSE Lise FeuvraisDirecteur des systèmes d’information Grégory FabreDirectrice commercialeStéphanie [email protected] 09 05 24 75Chef de publicitéDorothée [email protected] 90 87 03 92 - 06 28 60 26 71Conseillers abonnementsBaptiste Brelet (responsable partenariats - 02 40 47 61 53), Sophie Lelou et Loïc EglyAssistante commerciale, communicationElise Parois

Terra eco est édité par la maisonTerra Economica, SAS au capital de 205 444 euros – RCS Nantes 451 683 718Siège social 42 rue La Tour d’Auvergne, 44 200 Nantes, France tél : + 33 (0) 2 40 47 42 66courriel : [email protected] associésWalter Bouvais (président), Grégory Fabre, David Solon, Doxa SASCofondateur Mathieu Ollivier

Dépôt légal à parution – Numéro ISSN : 2100-1472. Commission paritaire : 1011 K 84334. Numéro Cnil : 1012873Impression sur papier labellisé FSC sources mixtes comprenant 60 % de pâte recyclée.Imprimé par Imaye Graphic (Agir Graphic)bd Henri-Becquerel, B.P. 2159, ZI des Touches, 53 021 Laval Cedex 9Diffusion PresstalisContact pour réassort Ajuste Titres+33 (0)4 88 15 12 40

Ce magazine comprend un encart broché « Offre d’abonnement »de 4 pages en pages centrales 42-43.

gille

s ro

lle -

réa

/ jea

n le

coin

tre p

our «

terr

a ec

o »

/ den

is c

loso

n -

isop

ix -

sip

a

Abonnement Terra eco1, allée Cassard - 44000 Nantes France - +33 (0)2 40 47 42 66www.terraeco.net/abo - [email protected]

Réagissez surRéagissez sur

8 Le courrier des lecteurs

10 L’actualité en bref

12 Lu d’ailleurs

14 Retour sur Les news des dernières semaines

16 La polémique Approuvez-vous les référendums ?

20 L’ENTRETIEN NathalieKosciusko-Morizet:«Iln’yaurapas deréférendumsurlenucléaire»

26 Le reportage Au Pérou, les Awajún font de la résistance forestière32 L’économie expliquée à mon père « L’homme qui tombe à peak », épisode 434 Le portrait Cécile Renouard, l’éthique comme religion38 Le portfolio En pleine crise, la Grèce tient sa place

Page 7: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 7

Ce magazine est imprimé sur papier labellisé FSC® sources mixtes comprenant 60 % de pâte recyclée.

Pour faciliter la lecture de « Terra eco », nous avons inventé ce baromètre, qui annonce la couleur pour chaque article : plutôt écologique, plutôt sociétal, plutôt économique, ou les trois !

58 L’éco-conso60 Ils changent le monde En Afrique du Sud, un potager pour revivre62 Eko’no met le gaspi à genoux64 A Mouans-Sartoux, la cuisine bio fait école66 J’ai testé La vie sans horaires68 Soon soon soon70 Derrière l’étiquette Le micro-ondes passe sur le gril 72 L’ALIMENTATION Menacesamèressurlemondeduchocolat 74 L’histoire Marmotte des Alpes, je t’aime… moi non plus76 Ciné78 Livres80 L’agenda82 Côté couloir

42 DOSSIER: ObjETSàDuRéELIMITéE 44 ENQUÊTE Votre machine à laver entre la vie et la mort48 FICTION Et si la France des années 1960 avait inventé le partage…52 PRATIQUE Nos trucs pour tirer vos objets en longueur56 REPÈRES Combien de temps durent les appareils chez vous ?

Page 8: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

8 avril 2012 terra eco

Et pourtant, elle tourne« Moyen Âge, te revoilà ! Tenir de tels propos et réussir à remettre en question des faits scientifi ques comme ceux prouvés par le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental

sur l’évolution du climat, ndlr), ça revient à remettre en question le fait que la Terre est ronde ! »PAUL HENIN

L’écolo frontiste « Je suis de sensibilité écolo et pro-FN. Localisme, lutte

contre le mondialisme, protection des espèces, quoi de plus naturel

et de plus logique dans mon choix politique ? »

AC GREG

Complaisance« L’interview montre les limites de ce journal, pas très incisif, limite complaisant. »PIERRE JANUEL, DU CONSEIL NATIONAL D’EUROPE ÉCOLOGIE -

LES VERTS (sur Twitter)

D’éclairantes inepties« Que d’inepties ! Cette interview a le mérite d’exister. Nous savons que Le Pen se fout du changement climatique, des agriculteurs bios, du danger du nucléaire et des énergies renouvelables ! »KATE

Vous voulez réagir,écrivez-nous [email protected]

Le courrierle courrier

Sélection de vos réactions à l’entretien avec Marine Le Pen, paru en mars.

« Je suis plus cohérente que les Verts »

Page 9: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…
Page 10: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

10 avril 2012 terra eco

aCTu

Le GROs mOT

Robot-abeilleLe nombre d’abeilles ne cesse de décliner ? Pas de problème, fabriquons-en ! Et électroniquement, s’il vous plaît ! L’université d’Harvard se lance dans la conception de robots-abeilles, avec un budget de 2 millions de dollars (1,5 million d’euros) par an, pendant cinq ans. Les bestioles disposeront de caméras à la place des yeux, d’une pince et de quoi stocker des semences. Leur utilité ? Observer les champs et les polliniser. Les militaires, eux, compteront sur elles pour des opérations de surveillance !http://robobees.seas.harvard.edu

12 Lu d’ailleurs La revue de presse de « Terra eco »

14 Retour sur info L’actu des dernières semaines

16 La polémique Approuvez-vous les référendums  ?

20 L’entretien Nathalie Kosciusko- Morizet : « Il n’y aura pas de référendum sur le nucléaire »

26 Le reportage Au Pérou, les Awajún font de la résistance forestière

32 L’économie expliquée à mon père « L’homme qui tombe à peak », épisode 4

34 Le portrait Cécile Renouard, l'éthique comme religion

38 Le portfolio En pleine crise, la Grèce tient sa place

+ 2 degrésEn vingt ans, c’est la teneur en alcool

qu’ont gagnée nombre de vins du Languedoc. En cause, le changement

climatique, qui précipite la maturation des raisins. Les vendanges ont

d’ailleurs de plus en plus souvent lieu en août, et plus en septembre.

Pour remédier à cette situation, des chercheurs travaillent sur une

technique de « désalcoolisation ». Pas d’inquiétude : elle ne devrait

pas altérer les arômes.

Avec mon job, plus laide la planèteVotre métier rend-il l’humanité meilleure ? C’est la question posée à 30 000 salariés américains. Résultat : près de 15 % répondent « non ». Les banquiers font partie du « top 10 » des « pires » métiers. Plus surprenant, ce sont les employés de fast-food qui occupent la première place de ce classement de la honte : 42 % disent contribuer à un monde « moins bon », suivis par les serveurs et les créateurs de mode !

Page 11: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

dr /

dr /

dr /

jéré

mie

sou

teyr

at /

toad

- w

ww

.uns

itesu

rinte

rnet

.fr

Le dessin en 2012, Les peupLes mis en BOÎTe

La phOTO un an apRÈs, Le JapOn RepRend GOÛT À La Vie

Après le tsunami du 11 mars 2011, la photo de cette

jeune femme, à la recherche de son fils au milieu des débris,

avait fait le tour du monde, en couverture des magazines

(voir ci-dessous). Yuko Sugimoto,

photographiée ici le 25 février

dernier, a retrouvé

son enfant. (JÉRÉMIE

SOUTEYRAT)

terra eco avril 2012 11

« J’accuse de meurtre avec préméditation de l’écologie (…) eva Joly, nicolas sarkozy, les partis politiques conventionnels, les médias… » Corinne Lepage, candidate à l'élection présidentielle pour Cap 21, dans une tribune publiée sur le site Huffington Post, le 7 mars 2012.

une soif de portablePour recharger votre portable, on connaissait la solution solaire. Problème, en cas de météo capricieuse, l’astuce n’était plus idéale. La société suédoise myFC lance donc le premier chargeur de batterie qui fonctionne… à l’eau. Le mode d’emploi est simple : vous connectez l’appareil – le « PowerTrekk » – via un port USB. Vous versez ensuite une cuillère à café d’eau dans le boîtier et le tour est joué. L’hydrogène de l’eau est converti en électricité à l’aide d’une pile à combustible écologique. L’objet peut recharger des téléphones et des appareils photo et sera commercialisé en octobre. Son prix : environ 150 euros.www.powertrekk.com

Page 12: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

12 avril 2012 terra eco

Obama repart pleins gaz… de schisteLe président américain l’a promis : pour sa campagne de réélection, il mettra l’accent sur l’énergie. Relançons notre production nationale, insiste Barack Obama. Seul souci, remarque Rolling Stone, ce choix se traduit par un blanc-seing donné aux gaz de schiste. Or, leur extraction passe notamment par la « fracturation hydraulique », une technique particulièrement nocive pour la planète, rappelle le magazine américain. www.rollingstone.com

On connaissait les dégâts sur la santé humaine de l’élevage quasi industriel de bœufs chargés aux antibiotiques. C’est pire encore pour les mammifères marins, d’après le magazine américain

Mother Jones. Ces médicaments entraînent en effet l’apparition de bactéries qui leur résistent. Or, ces bactéries sont à l’origine de 30 % à 40 % des 1 600 décès de phoques et de loutres observés à la loupe par des chercheurs canadiens, ces dix dernières années. Si les médocs deviennent plus dangereux que les chasseurs, Bibifoc a du souci à se faire.www.motherjones.com

Mother Jones. Ces médicaments entraînent

Un vaccin contre l’héroïne ?Produire des anticorps qui empêchent la

drogue de passer la barrière hémato-encéphalique et de procurer du plaisir, c’est le principe du « vaccin » anti-héroïne, développé par des scientifi ques mexicains, explique le mag M Semanal. Les chercheurs travaillent sur ce projet depuis quinze ans et les tests sur des rongeurs suscitent de grands espoirs. Les premiers résultats concrets sur les humains sont, eux, attendus pour 2017.www.msemanal.com

VIENS CHEZ MOI, J’HABITE DANS UN CIMETIÈREA Tokyo, le manque d’espace conduit à construire des logements plutôt singuliers, « des appartements-cimetière », apprend-on sur le site Aujourd’hui le Japon. De l’extérieur, cela ressemble à une maison moderne à plusieurs étages. A l’intérieur, on découvre un lieu de recueillement et une grande pièce, où se succèdent les sépultures. Et comme pour un appartement, si la famille omet de payer le loyer, l’urne sera déposée dans une fosse commune ! http://japon.aujourdhui

lemonde.com

« Ce n’est pas le début de la fi n. C’est juste la fi n du début ! »George Barda, l’un des manifestants de « Occupy London », après que le tribunal a rejeté son appel contestant l’évacuation du camp des protestataires, installé devant la cathédrale St Paul, à Londres, le 28 février 2012.

lu d’ailleurs

Pas de médocs pour les phoques !

Page 13: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…
Page 14: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

14 avril 2012 terra eco

Trucs et astuces pour mettre un coup de pompe à l’essence

adrie

n m

ogen

et -

flic

kr /

nayu

kim

- fl

ickr

La France a commencé l’année 2012 par un record. Le litre d’essence s’y est vendu plus cher que jamais : 1,59 euro en moyenne pour le sans

plomb 98 la première semaine de jan-vier. Pourtant, faire le plein à ce tarif

Retour sur info

Coca-Cola va modifier sa recette pour en exclure le 4-méthylimidazole, un colorant parfois considéré comme cancérigène. ----------------------------------------------------

Bien sûr, vous vous doutez qu’il vaut mieux ne pas rouler à 400 km/h. Mais pour consommer moins et réduire votre facture, foncez avec nous… vers l’éco-conduite. En route !Par THIBAUT SCHEPMAN

Article publié sur le 14 mArs 2012

serait aujourd’hui une bonne affaire, jure mon frangin Robin. Un litre du même sans plomb ne coûte pas moins d’1,66 euro au moment où nous écri-vons cet article. Et le gazole, carburant préféré des Français, atteint lui aussi des

prix historiques. Mais tout n’est pas perdu pour les 8 Français sur 10 qui possèdent une voiture. L’éco-conduite, non contente de réduire vos émissions de CO

2, peut aussi faire baisser la fac-

ture de carburant. Chiche ? En voiture Simone, ou plutôt… Robin !

Préparer TitinePour dépenser moins, faites bichonner votre auto régulièrement par un gara-giste. Un simple filtre à air encrassé et votre consommation grimpe de 10 %.

Page 15: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

adrie

n m

ogen

et -

fl ic

kr /

nayu

kim

- fl

ickr

C’est en première et en seconde que votre voiture consomme le plus.

terra eco avril 2012 15

Pensez aussi à vérifi er, à froid, la pression de vos pneus tous les deux mois. Idem pour le niveau d’huile. Cela réduit le risque d’accident et la consommation. Encore un préparatif : mieux vaut étudier le parcours avant le départ que d’ap-puyer sur le champignon une fois au volant. Si vous n’êtes pas branché carte routière, de nombreuses applications pour smartphone indiquent le meilleur trajet en fonction du trafi c.Robin prendra enfi n le soin de retirer les haltères qui traînent dans son coffre depuis des mois : chaque tranche de 100 kilos de charge augmente la consommation de 5 %, indique l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

Eviter les grosses bévues « La plupart des conducteurs roulent trop longtemps en première et en seconde, alors que c’est là qu’une voiture consomme le plus. » Voilà, selon Christophe Fayt, formateur à l’éco-conduite en Seine-et-Marne, l’erreur la plus répandue au volant. Pour lui, mieux vaut y aller franchement sur la pédale pour vite passer les vitesses. Et rouler en quatrième plutôt qu’en troisième en ville à 50 km/h. Il faut ensuite stabiliser sa vitesse, car ce sont les accélérations qui brûlent le plus d’énergie. Selon l’Ademe, un automobiliste à la conduite « agressive » consomme 40 % de plus. Encore un point pour mon tête en l’air de frère : veiller à bien refermer le bouchon du réservoir après avoir fait le plein : le carburant s’évapore ! « Super ! Mais cela ne me dit pas comment réagir dans les cas exceptionnels », me lance Robin. Réponses au cas par cas.

« Faut-il couper le moteur quand Fiston fi le à la boulangerie ? »Oui ! Coupez le dès que vous vous

arrêtez pendant plus de 20 secondes. Un redémarrage consommera moins que laisser tourner un moteur à l’arrêt.

« Faut-il mettre la clim ou ouvrir les fenêtres ? »Tout dépend de votre vitesse. La clima-tisation consomme de manière générale beaucoup de carburant, environ 1 litre tous les 100 km. Mais ouvrir les fenêtres sur autoroute réduit l’aérodynamisme de votre véhicule. Vous pouvez donc les baisser en ville et opter pour la cli-matisation sur autoroute.

« Remorque, galerie ou coffre de toit pour mes bagages ? »« Préférez la remorque », répond notre éco-formateur. Les coffres de toit et les galeries augmentent en effet la conso de 10 % à 20 %, soit bien plus qu’une remorque, qui n’a pas de prise au vent. Attention cependant, une remorque demande beaucoup d’entretien. Dans

Selon les Nations unies, plus de 80 % des eaux usées dans le monde ne sont ni collectées, ni traitées.---------------------------------------------------

Nos alertes infotwitter.com/terraeco

La communautéfacebook.com/terraecoLa communautéfacebook.com/terraeco

Aux Etats-Unis, la consommation de viande a atteint un pic maximum en 2007 et commence à diminuer.---------------------------------------------------

tous les cas, veillez à décrocher ces acces-soires une fois votre voyage terminé.

Le « petit plus » ?Vous voulez aller plus loin ? Privilégiez le frein moteur à la pédale de frein. Et réduisez votre vitesse dès que vous le pouvez. En roulant à 110 km/h au lieu 130, vous économisez plus de 10 litres de carburant sur un trajet de 500 km ! Vous pouvez aussi opter pour le covoi-turage : vous consommerez autant, mais vous pourrez partager les frais.

Bilan de la course L’Ademe assure que l’éco-conduite peut permettre de réduire sa consomma-tion d’au moins un à deux litres tous les 100 km. Pour Robin, qui en par-court 12 000 par an, au sans plomb 98, l’économie n’est pas mince. Au tarif moyen constaté depuis janvier 2012, soit 1,62 euro le litre, sa facture annuelle s’al-légera de 291 euros s’il suit ces conseils. « Et moi ? », demande l’ami David, qui roule 20 000 bornes par an avec du gazole, qui coûte aujourd’hui 21 cen-times de moins par litre. L’économie annuelle s’élèvera à environ 423 euros, répond la calculette. Alors, on passe faire le plein ? —

Page 16: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

16 avril 2012 terra eco

la polémique

Approuvez-vous les référendums ?

fant

ake

- fli

ckr /

cvj

etic

holo

gue

- fli

ckr

Les chômeurs pour Sarkozy, la peine de mort pour Le Pen, la politique énergétique pour Mélenchon… Tous y sont allés récemment de leur appel à la consultation des citoyens. Démagogie ou réinvention de la gouvernance ?

Photos d’affiches de campagne en Suisse et en France (notamment lors du référendum sur la Constitution européenne en 2005).

Page 17: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 17

fant

ake

- fli

ckr /

cvj

etic

holo

gue

- fli

ckr

Etes-vous favorable à l’usage du référendum ?C’est un procédé binaire, qui consiste à répondre par oui ou par non à des questions très techniques. Il n’est pas raisonnable de faire décider le peuple sur des textes très techniques, comme celui de la Constitution européenne ou le traité de Maastricht. Pour le plus grand nombre, les électeurs se sont pro-noncés sur des textes qu’ils ne lisaient pas. Ce n’est pas un reproche que je fais, c’est tout à fait compréhensible.

Certains sujets s’y prêtent plus…L’Europe, qui s’est parfois construite au-dessus des citoyens, est un sujet mobilisateur et porte un réel enjeu. C’était le cas pour les traités européens par le passé, cela peut l’être pour le Mécanisme européen de stabilité à l’avenir. Mais il est délicat d’établir une question précise et non orientée. Pour moi, il est impossible de passer outre la complexité des textes.

« Il favorise le repli sur soi et le populisme »

Pierre Esplugas est maître de conférences en droit public, à Toulouse.

L’indemnisation des chômeurs ou les droits des étrangers sont des sujets complexes. Craignez-vous le déroulement de ces référendums proposés par Nicolas Sarkozy ?Tant qu’on ne connaît pas le libellé de la question posée, il est difficile pour moi de réagir à ces sujets.

Le référendum n’est-il pas un moyen pour le peuple de se réapproprier le débat public ?Je ne crois pas. Dans les pays à forte tradition référendaire, comme la Suisse, l’Italie ou les Etats-Unis, on constate surtout une lassitude des citoyens, qui participent peu aux votes. En Suisse, le taux d’abstention moyen est de 40 %, voire de 50 % ! Souvent, ne participent que les plus impliqués dans le sujet, voire les plus conservateurs. La majo-rité reste silencieuse. De nombreux exemples montrent que le référendum favorise le repli sur soi. Les Suisses ont voté contre l’entrée de leur pays dans l’Union européenne (UE). Aux Etats-Unis, les citoyens votent souvent en faveur d’une baisse des impôts, ce qui nuit aux budgets sociaux. La tentation du populisme est réelle. En 2005, lors du référendum sur la Constitution européenne, on a vu l’entrée de la Turquie dans l’UE surgir dans

Pierre Esplugas, juriste et porte-parole de l’UMP en Haute-Garonne, s’inquiète des dérives politiques de cette procédure.Recueilli par ANAÏS GERBAUD

Page 18: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

18 avril 2012 terra eco

la polémique

le débat alors que ce n’était pas l’enjeu. Des extrémistes comme

Philippe de Villiers (Mouvement pour la France) s’en étaient emparés.

Pourrait-on améliorer la procédure référendaire ?Il devrait y avoir un contrôle de consti-tutionnalité en amont, de façon systé-matique. C’est possible, mais pas quand la proposition émane du chef de l’Etat. Lors du vote à propos du traité de Maastricht, le Conseil constitutionnel s’était déclaré incompétent.

Le référendum peut-il être l’objet d’autres dérives ?Oui, celle du plébiscite. Par le réfé-rendum, Charles de Gaulle deman-dait un blanc-seing pour gouverner. En 1969, alors qu’il était très contesté après Mai 68, de Gaulle lançait un vote sur la régionalisation et le Sénat. En réalité, les thèmes importaient peu. Mais il promettait de démissionner s’il y avait refus (1). Il s’agissait seulement de voter pour ou contre de Gaulle. C’est une déviation du référendum.

On peut se demander si Nicolas Sarkozy attend ce genre de plébiscite gaulliste…C’est évident, il y a un paradoxe éton-nant. Il souhaite y recourir aujourd’hui alors qu’il n’en a pas fait usage pendant cinq ans et que le référendum d’ini-tiative populaire n’est pas encore en application. Cela peut être une stra-tégie de campagne, une arme pour débloquer certaines situations sociales. Mais ce n’est pas un problème. Rien ne dit qu’il ne va pas s’y tenir s’il est élu. On ne peut pas lui faire de procès d’intention. —

(1) La proposition a été rejetée à 52,41 %. Charles de Gaulle a aussitôt quitté ses fonctions de président.

Etes-vous favorable à l’usage du référendum ?Oui, mais avec des thèmes qui intéres-sent toutes les catégories sociales. Ils sont nombreux : l’école, les services publics, les retraites. Les Français sont demandeurs, la votation citoyenne lors de la privatisation de la Poste l’a montré. On est dans un pays où les syndicats demeurent faibles. Le référendum peut être un moyen de désamorcer certains confl its sociaux.

Le référendum d’initiative populaire (1) est-il un progrès ?Non, il faut aller plus loin. Baisser le seuil à un million de signatures serait une bonne chose. Pour autant, il faut saluer cette avancée démocratique. C’est un contrepoids, qui peut forcer les partis à agir.

Comment faudrait-il réformer la pratique du référendum ?Il faudrait l’encadrer davantage et

« Cela peut désamorcer les conflits sociaux »

Christophe Prémat est chercheur en sciences politiques à Bordeaux.

l’accompagner d’un engagement citoyen, s’inspirer des référendums locaux en Allemagne, qui tiennent compte du taux d’approbation. Par exemple, à la question : « Acceptez-vous le projet d’aménagement de telle route ? », on a un taux de participation de 40 %. Sur ces 40 %, 90 % répondent oui et 10 % non. En France, on tient seulement compte du résultat. Chez nos voisins, la représentativité est cal-culée. C’est-à-dire qu’en ramenant les 90 % à 90 % de 40 %, on arrive à 36 %. Pour que le référendum soit valide, il faut un taux d’approbation minimum de 25 %. Cela offre une garantie de sécurité au vote.

La Suisse organise des référendums sur des sujets contestés, comme les minarets…De la Suisse, on ne retient que les exemples négatifs. On oublie qu’en 1988, une initiative populaire deman-dant l’abrogation du service militaire avait recueilli plus de 30 % des suf-frages. Bientôt, ils vont se prononcer sur la gouvernance des régies publiques (transports, hôpitaux). Les dérives dépendent du contexte politique. En ce moment, l’extrême droite est en tête : c’est pourquoi certaines questions comme celle des minarets sont malve-nues. Sans ce type de référendums, on

Pour le chercheur Christophe Prémat, il faut permettre aux citoyens de demander un référendum à partir d’un million de signatures. Recueilli par ANAÏS GERBAUD

Retrouvez ces débats en intégralité sur

Page 19: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

Tirons au sort« Une solution serait de mettre dans les Chambres au moins

un tiers de citoyens tirés au sort. N’ayant pas à s’inféoder à un parti, ni à soigner une réélection, ils pourraient apporter un contre-pouvoir… »GILLES FANGET

Energie et société« Je souhaiterais des référendums sur les modèles énergétique et de société que nous voulons. »

JEAN-PIERRE FIEVEZ

Sens inverse

« Ce n’est pas aux élus de le proposer aux citoyens mais bien à ces derniers de le convoquer pour le soumettre aux élus. On agite le référendum en faisant croire aux Français qu’ils retrouveront une liberté d’action et de décision sur les choix politiques à mener. »FRED V

Obéissez d’abord au peuple« Commençons par respecter le référendum déjà exprimé sur les traités européens. »SAPIENS DEMENS

Demandez le vote !

« Le peuple souverain doit pouvoir, à tout moment, demander la parole pour voter, par un rassemblement d’initiative citoyenne. »YVAN BACHAUD, PORTE-PAROLE DU RASSEMBLEMENT

POUR L’INITIATIVE CITOYENNE

verrait de toute façon surgir ces mêmes thèmes populistes au Parlement.

Les candidats à la présidentielle ont inscrit le référendum dans leurs programmes. Est-ce une stratégie de campagne ?Oui. C’est un bon moyen de signifi er aux citoyens qu’ils sont à leur écoute. La promesse référendaire permet aux candidats d’adopter une stature de gouvernant responsable. Tous les partis y sont attachés, pour différentes rai-sons. Pour la droite, c’est une façon de reprendre l’héritage gaulliste. Ségolène Royal, avec son idée de démocratie participative, avait aussi instrumen-talisé cette question en 2007. Quant aux Verts, ils l’ont toujours intégrée dans leur projet. Mais la promesse n’est pas toujours tenue, c’est dommage. Dans sa campagne en 1995, Jacques Chirac s’était engagé à organiser une consultation populaire pour réformer l’école et la Constitution. Il ne s’y est pas tenu, sauf pour le passage du sep-tennat au quinquennat.

Dans le cas de Nicolas Sarkozy, il s’agit d’un revirement… On est en situation de crise, il doit faire face à un climat de méfi ance. Il envoie un signal fort à l’électorat qu’il a perdu et cherche à le remobiliser. Mais dans le jeu électoral, il est dangereux d’avoir une position changeante sur le référendum. D’autant que ces sujets, à propos des chômeurs et des étrangers, sont mal choisis. Le vote pourrait cliver la population. —

(1) Pas encore en application, il a été adopté par les députés en janvier 2012 et nécessite au moins 4,5 millions de signatures.

Vos réactions sur Terraeco.net

terra eco avril 2012 19

Les principaux référendums de la Ve République1958 Projet de Constitution de la

Ve République. Adopté à 82,60 %.

1962 Accords d’Evian sur la fi n de la

guerre d’Algérie. Adopté à 90,81 %.

1962 Référendum sur l’élection au

suffrage universel du président de

la République. Adopté à 62,25 %.

1969 Réforme du Sénat et de la

régionalisation. Rejeté à 52,41 %.

Démission de Charles de Gaulle.

1992 Traité de Maastricht.

Adopté à 51,04 %.

2000 Réduction du mandat

présidentiel de sept à cinq ans.

Adopté à 73,21 %.

2005 Constitution européenne.

Rejeté à 54,67 %.

2008 Le référendum d’initiative

populaire est initié par la loi de

révision constitutionnelle. Le décret

est signé au début de l’année 2012.

Page 20: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

20 avril 2012 terra eco

l’entretien

L’élection présidentielle se déroulera dans moins d’un mois (1). Celui ou celle que les Français porteront à l’Elysée aura une responsabilité de poids. En pleine crise de la zone euro et de l’économie mondiale, il ou elle devra parvenir à redonner confiance et espoir. Dans le même temps, le ou la futur(e) chef de l’Etat ne pourra faire fi des profondes mutations qui sont indispensables à notre société, mutations sociales, économiques et énergétiques. Tout au long de cette campagne, Terra eco a passé à son crible les propositions des différents candidats. Notre objectif : vous aider à vous forger une opinion et à faire votre choix. Ce mois-ci, nous avons rencontré, le 1er mars, Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy.(1) L’élection présidentielle aura 

lieu les 22 avril et 6 mai 2012.

Page 21: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 21

Quand Nicolas Sarkozy évoque son bilan, il cite l’autonomie des universités, la réduction des dépenses et la réforme des retraites. Jamais le Grenelle…Je ne suis pas d’accord, il cite aussi le Grenelle de l’environnement. C’est un mouvement qu’il a initié et soutenu.

Il n’en a pas dit un mot dans sa déclaration de candidature à la présidentielle (1), le 15 février.Le Grenelle figure dans d’autres dis-cours. Il le retient comme l’une des réformes majeures du quinquennat. Il aime les réformes en profondeur, de transformation. Il y a des domaines sur lesquels tout le monde était d’accord pour dire qu’il fallait changer les choses, mais soit on ne savait pas comment les prendre, soit on avait peur. La réforme de l’autonomie des universités et celle des retraites illustrent aussi cela.

Aujourd’hui, on le voit courir à la rescousse d’entreprises au bord gi

lles

rolle

- ré

a

du dépôt de bilan. Est-ce la bonne méthode pour maintenir l’emploi ?Cela ne date pas d’aujourd’hui. Je crois que Nicolas Sarkozy est aujourd’hui le seul candidat légitime à se rendre dans les usines. Lui l’a toujours fait. Et puis, il faut distinguer deux choses : l’urgence et le travail de long terme pour la compétitivité. Il y a urgence car des entreprises vont mal. Il faut donc trouver des solutions pour elles. Mais nous menons aussi un travail de fond. Je pense à la suppression de la taxe professionnelle, qui pesait sur l’emploi industriel. Il y a aussi des actions en cours, comme la TVA anti-délocalisation (mieux connue sous le nom de « TVA sociale ». Elle consiste en une baisse des cotisations patronales financée par une augmentation de la TVA et de la CSG, la contribution sociale généralisée, sur le patrimoine, ndlr). Le programme de François Hollande, quant à lui, propose un chemin inverse. Ses choix coûte-raient à la France en termes de productivité.

« Il n’y aura pas de référendum sur le nucléaire »Non, Nicolas Sarkozy n’a pas renié le volontarisme vert des débuts de son quinquennat. C’est en tout cas le message de sa porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet.Recueilli par THIBAUT SCHEPMAN et DAVID SOLON

Nathalie Kosciusko-Morizet,à Paris, le 15 décembre 2011.

Page 22: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

22 avril 2012 terra eco

Le chômage atteint 9,5 %. C’est un échec cuisant…

Personne ne peut se satisfaire d’avoir autant de chômeurs. Mais regardez chez nos voisins. En France, le chômage a certes augmenté de 31 %, mais les chiffres atteignent 51 % au Royaume-Uni, et 115 % en Espagne…

Et en Allemagne ? (2)L’Allemagne a engagé ses réformes plu-sieurs années avant nous : retraites, temps de travail… Pendant trop long-temps, la France a tourné le dos au modèle allemand.

Quelles mesures mettre en place pour réduire le chômage ? Améliorer la compétitivité des entre-prises, faire payer une partie de notre protection sociale par les importations, et surtout améliorer la formation. Aujourd’hui, 500 000 offres d’emploi ne sont pas pourvues en France chaque année et seuls 10 % des chômeurs sont en formation : ce n’est pas acceptable. Pis, les trois quarts des demandes de formation des chômeurs ne sont pas satisfaites. Et ceux qui en obtiennent une l’obtiennent avec six mois de retard. Sur les 32 milliards d’euros accordés chaque

année à la formation, seuls 4 milliards vont aux chômeurs. Le reste sert à la formation continue des personnes en activité. Nicolas Sarkozy veut que les chômeurs bénéfi cient plus de l’argent de la formation. Et il ira jusqu’au réfé-rendum s’il y a blocage.

Nicolas Sarkozy propose de faire travailler les bénéfi ciaires du revenu de solidarité active sept heures par semaine, alors que beaucoup assurent que cette mesure sera très coûteuse et diffi cile à mettre en place…

« Terra eco » en campagne

Le président de la République Nicolas Sarkozy et Nathalie Kosciusko-Morizet, alors ministre de l’Ecologie à Compiègne (Oise), le 27 septembre 2011.

François Hollande Juillet-août 2011

Energie, économie, questions

sociales… Depuis près d’un an,

Terra eco est parti à la rencontre

des principaux candidats à l’élection

présidentielle pour les passer

à la question (Lire aussi p. 82).

Retrouvez également tous nos articles

sur le scrutin sur Terraeco.net :

www.bit.ly/A4YTsa Jean-Luc Mélenchon Novembre 2011

ludo

vic

- ré

a

Page 23: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

l’entretien

terra eco avril 2012 23

Le RSA a permis à 150 000 personnes de sortir de la très grande pauvreté. Il visait aussi à accompagner vers l’emploi. Ce second volet a beaucoup moins bien fonctionné : moins de 40 % des titulaires du RSA ont un emploi. Nous proposons donc de demander aux bénéfi ciaires de travailler sept heures par semaine, rémunérées au Smic. C’est une question de justice. Chacun a des droits, mais aussi des devoirs. C’est aussi une ques-tion d’effi cacité : quand on décroche trop longuement du travail, c’est dur d’y revenir.

Faut-il comprendre que ceux qui refuseront de travailler n’auront plus droit à ce minimum vital ?Il y aura une évaluation tous les dix-huit mois et on demandera à ceux qui sont au RSA – et qui peuvent travailler – de travailler sept heures par semaine.

En 2006, Nicolas Sarkozy disait : « Plus personne ne dormira sur les trottoirs ». Or, jamais autant de personnes n’ont dormi dans la rue. Comment inverser la tendance ?Toute personne à la recherche d’un hébergement d’urgence de nuit, cet hiver, a pu être hébergée.

Le Samu social assure qu’une demande d’hébergement sur deux n’aboutit pas, faute de place…J’ai fait des maraudes cet hiver. Certaines personnes ne souhaitent pas être héber-gées pour de multiples raisons, notam-ment la qualité des centres d’accueil. Nous investissons donc pour les rénover, via le grand emprunt. Mais, cet hiver, il y a eu toutes les places qu’il fallait.

« Nous demanderons aux bénéfi ciaires du RSA de travailler sept heures par semaine. »

Corinne Lepage Février 2012 Eva Joly Février 2012 Marine Le Pen Mars 2012 Corinne Lepage Février 2012 Corinne Lepage Février 2012

Selon Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique social et environnemental, les Français « implosent ». Que faire pour cette France-là ?Il y a deux choses. Il y a d’abord une fragilité liée à la situation de l’économie. Ensuite, il y a, pour tous, y compris ceux qui ne sont pas dans une situation dégradée, un doute et une inquiétude. Je le comprends : si vous regardez les images de la Grèce, vous angoissez, même si vous n’êtes pas frappés. Et l’ensemble du programme de Nicolas Sarkozy vise à répondre à ça. Il faut une France forte pour être protégés.

En 2007, « tout était possible » pour l’environnement. Mais le président a peu à peu délaissé le thème, jusqu’au : « L’écologie, ça commence à bien faire. » Le temps de l’écologie est-il révolu ?En matière d’écologie, il faut juger sur les actes. Il y a trop de discours. Le Grenelle est un mouvement de grande transformation, un mouvement comme jamais. Certains objectifs ne sont pas encore atteints. Notamment la taxe car-bone, pour laquelle la gauche porte une grande part de responsabilité. Nicolas Sarkozy avait tordu le bras à une partie de sa majorité sur ce sujet, mais la gauche a déféré le projet au Conseil constitu-tionnel, qui l’a retoqué.

Il y aurait pu y avoir une deuxième mouture…Avec la crise, la taxe carbone est apparue moins d’actualité, c’est vrai. En période de croissance, c’est un sujet un peu compliqué, mais que l’on peut expli-quer. Avec la crise, c’est plus complexe.

Faut-il attendre le retour de la croissance pour oser des mesures sur l’environnement ?En période de crise, il y a un amalgame entre une partie de la population – disons écolo-sceptique – et un mouvement dans l’opinion qui estime qu’il est moins le moment de l’écologie. Je conteste cela, car je pense que l’environnement est une clé, pas un problème. Le Grenelle a par exemple été construit pour dyna-miser des fi lières françaises, comme le bâtiment, ou les énergies renouvelables.

Le soutien au photovoltaïque a pourtant été suspendu, avec un moratoire et une baisse des tarifs de rachat de l’électricité…Comme partout en Europe ! Cette fi lière était devenue une industrie de pose de panneaux fabriqués à l’étranger et subventionnés sur les factures d’électri-cité. Nous essayons d’avoir des appels d’offres sur des niches technologiques, pour cibler les soutiens à des entreprises françaises. C’est le sens du rachat de Photowatt par EDF.

Eva Joly Février 2012

ludo

vic

- ré

a

Page 24: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

24 avril 2012 terra eco

Des recherches actives sont menées en France

sur les gaz de schiste, le pétrole en offshore profond, etc. Faut-il les poursuivre ?Sur les gaz de schiste, le gouvernement a décidé d’interdire l’exploration et l’ex-ploitation par fracturation hydraulique. Des autorisations avaient été accordées, mais c’était une erreur de mon point de vue. Il y a un débat sur l’offshore profond au large de Marseille. Le problème est que nous sommes sous la législation d’un très vieux texte, le Code minier, qui permet des renouvellements auto-matiques de permis. Nous avons donc lancé une réforme du Code. Au large de la Guyane, le président s’est engagé à ce qu’il n’y ait aucune exploitation avant cette réforme.

L’avocat Arnaud Gossement estime que son rapport sur le sujet « moisit » au Parlement…Ce n’est pas vrai, et Arnaud Gossement le sait très bien. La réforme du Code a été lancée mais le calendrier parlemen-taire ne permet pas de la voter si vite.

Fin janvier, la Cour des comptes rappelait que d’ici à 2022 la moitié de nos centrales nucléaires, prévues pour durer trente ans, en auront 40. Sans évolution du mix énergétique ou de sévères économies d’énergie, Il faudra prolonger leur vie de dix ans, ce qui serait inédit. Que prévoyez-vous ?Les choix en matière de sûreté nucléaire doivent s’éloigner de l’idéologie. Nous avons une autorité de sûreté

indépendante ; je me fonde sur ce qu’elle dit. Si l’Autorité de sûreté demande la fermeture, nous fermerons. Pour ce qui est de l’âge, votre propos est inexact. Les centrales américaines, par exemple, sont plus anciennes.

Nicolas Sarkozy veut demander l’avis des citoyens dès qu’il y a un blocage. Y aura-t-il un référendum sur le nucléaire ?Non, il n’y a aucun blocage sur ce sujet.

Sur l’énergie ?On ne va pas faire des référendums sur tout. J’ai participé, en tant que parle-mentaire, en 2006, à un grand débat national sur l’énergie. Ça ne mobilisait pas. Les réunions étaient remplies de spécialistes. Ça ne passionnait pas !

Parce que l’immigration et l’indemnisation des chômeurs, ça passionne ?Ce n’est pas votre point de vue. Mais revenons au nucléaire. Quelle ques-tion poser ? François Hollande propose un débat parlementaire sur l’énergie. Très bien. Au passage, je cherche tou-jours le texte de l’accord validé entre les Verts et le PS.

Claude Allègre va conseiller Nicolas Sarkozy à vos côtés durant cette campagne. Cela vous pose-t-il problème ?Mes opinions et celles du président sur le changement climatique et sur le principe de précaution sont connues et ne sont pas celles de Claude Allègre. Sur la personne, je n’ai pas de problème.

l’entretien

« Certains objectifs du Grenelle ne sont pas encore atteints, notamment la taxe carbone. En grande partie  à cause de la gauche. »

1973 Naissance à Paris

1992 Diplômée de Polytechnique

2002 Députée UMP de l’Essonne

2002 Entre au cabinet du Premier

ministre Jean-Pierre Raffarin,

comme conseillère technique

pour l’écologie

2007 Secrétaire d’Etat

à l’Ecologie

2008 Maire de Longjumeau

2009 Secrétaire d’Etat

à l’Economie numérique

2010 Ministre de l’Ecologie

2012 Porte-parole du candidat à

la présidentielle Nicolas Sarkozy

En dates

Michel Rocard dit : « La campagne de la droite est fausse car elle laisse penser qu’à la fin de la crise ce sera le retour de la croissance. Or la croissance rapide, c’est fini, pour des raisons de disponibilité d’énergie. Il n’y en a plus. » Qu’est-ce que cela vous inspire ?Une nouvelle croissance doit se mettre en place, qui n’épuise plus les ressources naturelles, énergies fossiles et matières premières. Cette nouvelle croissance est une réponse globale à la crise qui rompt avec le court-termisme. Elle assure la transition d’une économie fondée sur le gaspillage à une autre, fondée sur les économies. Avec le Grenelle, nous avons créé l’élan fondateur pour la France, en favorisant l’innovation et en incitant les investissements sur les technolo-gies propres, les énergies renouvelables, les transports durables. Et même des bâtiments à énergie positive pour se positionner sur des secteurs verts qui assureront la compétitivité sur le long terme, la croissance et l’emploi. Mais il nous faut encore aller plus loin et plus vite, faire de la France une « Green Valley » reconnue mondialement, avoir dix ans d’avance ! —(1) Il n’a prononcé les mots « Grenelle », « environnement » ou « écologie » ni dans sa déclaration de candidature, ni dans les discours d’Annecy, le 16 février, de Marseille, le 19 février, de Montpellier, le 23 février, et de Bordeaux, le 3 mars. Le 23 février, à Lille, et le 10 mars, à Villepinte, il a fait une courte mention du « droit de l’environnement ».

(2) Le taux de chômage en Allemagne s’élevait à 7,8 % en décembre 2011. Un chiffre à relativiser, 6,6 millions de travailleurs bénéficiant de « mini-jobs » à temps partiel.

« Terra eco » numéro 19 novembre 2010

Page 25: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…
Page 26: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

26 avril 2012 terra eco

Au Pérou, les Awajún font de la résistance forestière

le reportage

Chaque jour, sur le río Marañón, les Awajún transportent les bananes pour aller les vendre.

Page 27: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 27

Au moins 33 morts. C’est le bilan du massacre de Bagua, en 2009. A l’origine, un conflit entre autorités et Indiens, autour de l’exploitation du sous-sol de la zone. Aujourd’hui, les populations voient enfin leurs droits reconnus. Timidement.Par ALICE BOMBOY

La barque avance poussivement sur les flots du tumultueux río Marañón. Les arbres centenaires qui y plongent leurs racines semblent l’engloutir. Quand on parvient à Uut, après une heure

et demie de voyage sous une chaleur écrasante, les habitations qui se sont taillées une place dans ce dense poumon vert restent invisibles, perdues au cœur de ce coin d’Amazonie péruvienne, à la frontière avec l’Equateur. Ici, la forêt a tout d’une amie. « Notre forêt, c’est l’existence même de la vie. Les anciens disaient que Nugkui, la “ Terre mère ”, y avait semé du maïs, du manioc et des bananes pour que nous les multipliions. Notre lien à l’environnement est spirituel. Ici, le sol, l’air et l’eau sont purs. Ils nous font vivre. » L’homme qui raconte cette histoire est un Apu, le chef d’une des communautés indiennes Awajún qui peuplent la région. Il est assis sous l’avancée d’une petite cabane au bord du Marañón, et son regard, inquiet et fatigué, se perd sans cesse dans la forêt qui le domine. Son nom ? Il préfère le garder secret. Il a peur.Il y a plus de deux ans, le gouverne-ment péruvien a qualifié les Awajún de « terroristes ». Les leaders des organi-sations représentant les communautés ont été pourchassés, comme Alberto Pizango, le président de l’Association interethnique de développement de la forêt péruvienne (Aidesep), une impor-tante structure indienne au Pérou. Il a dû passer près d’un an en exil au Nicaragua. Leurs torts ? Avoir manifesté pour défendre la forêt. Depuis quarante ans, celle-ci est coupée, al

ice

bom

boy

Page 28: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

28 avril 2012 terra eco

découpée et instrumentalisée. Aujourd’hui, plus de 70 % de

l’Amazonie péruvienne est tombée entre les mains d’exploitants qui lui font cracher du pétrole. L’été 2008 a marqué une accélération du processus : le libéral Alan García, alors président de la République, signe un traité de libre-échange avec les Etats-Unis. Pressé de le mettre en œuvre, le gou-vernement use de raccourcis législa-tifs : il ne consulte pas les populations concernées et adopte 106 décrets-lois, dont une dizaine facilitent l’exploitation des ressources naturelles en Amazonie. Les Awajún sont directement menacés.« Plus bas sur le Marañón, des entre-prises sont déjà entrées en forêt. Elles exploitent le pétrole, l’or, et elles conta-minent le sol et la rivière. Les poissons se meurent et les enfants sont malades. Nous ne voulons pas de ça ici, ni que ces entreprises viennent sur nos terri-toires », s’inquiète Elvira Paati Ayui, la présidente de l’association d’artisanat des femmes de Uut.

Corps jetés dans l’eauLa résistance s’organise. Pour empê-cher l’entrée des multinationales, des barrages sont dressés sur les fleuves et les routes. C’est le cas sur une voie menant à Bagua, la ville la plus proche

le reportage

alic

e bo

mbo

y

sous les gaz lacrymogènes et les salves de fusils à pompe. En face, les Awajún n’ont que leurs lances.Sur la route, les victimes agonisent : le massacre de Bagua fait plus de 200 blessés et 33 morts, dont 23 poli-ciers, 5 civils et 5 Indiens. Officiellement. Car, en juillet 2009, un mois après le sanglant conflit, l’avocat d’Aidesep affirmait que 300 Indiens manquaient à l’appel. On parle de corps dissimulés, jetés dans les cours d’eau… Les décrets-lois ont été retirés mais, en décembre 2011, un ordre de capture – qui vient d’être levé – pesait encore sur certains meneurs de la protestation, à l’instar de Zebelio Kayap Jempekit. Le président de l’Organisation de déve-loppement des peuples frontaliers de la rivière Cenepa était accusé d’avoir séquestré des employés de la compa-gnie minière Afrodita, entrés sur les territoires indiens sans permission. « On a dit que nous étions des terroristes. Nous sommes un peuple pacifique, nous voulons seulement continuer à vivre sur nos terres », précise l’Apu anonyme.

« Dévorer leurs dépouilles » Pour discréditer les revendications des Awajún, le gouvernement d’Alan García a usé d’une autre arme : le racisme. « Les Indiens devraient abandonner leur conception d’une culture statique opposée au changement » et « leur croyance que tous les peuples sont égaux », préconi-sait ainsi un rapport officiel sur les violences, rendu au gouvernement à la fin de l’année 2009. El Correo, un quotidien national, n’hésitait pas, lui, à prôner l’usage du napalm contre les Indiens péruviens, ces « sauvages », « primitifs », capables de « réduire les têtes des policiers qu’ils ont tués » et de « dévorer leurs dépouilles »…

Gabriel Paati Antunceet ses enfants, sur le chemin l’école.

« Notre forêt, c’est l’existence même de la vie. Notre lien à l’environnement est spirituel. Ici, le sol, l’air et l’eau sont purs. Ils nous font vivre. »Le chef d’une des communautés indiennes Awajún

des terres Awajún. Le 4 juin 2009, les manifestants la tiennent depuis cin-quante-cinq jours et, malgré un refus du Parlement d’abroger un décret clé, ils annoncent aux forces de l’ordre, qui les tancent, qu’ils partiront le lendemain. La tension est palpable, la situation peut dégénérer à tout moment… Leurs craintes étaient fondées : le lendemain, au petit matin, des tirs fusent. « Un accord avait été passé, mes frères voulaient partir, mais la police a attaqué, la confusion était totale », décrit l’Apu qui souhaite garder l’anonymat, encore marqué. Un autre Awajún, Cesar Ñañez Muñoz, était présent ce jour-là. « Certains d’entre nous dormaient encore… Regardez ce qu’ils ont fait », explique-t-il, en tendant son bras, encore meurtri par une balle. Sur les images prises ce jour-là, des grappes de manifestants s’agglutinent autour des blessés, d’autres fuient en masse

Page 29: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 29

Quand elle reçoit dans les locaux de la Fédération des femmes Awajún du Haut Marañón, Elu Rosa Dasen Chaig a le regard pétillant des gens fiers d’aider leur communauté. Mais elle ne décolère pas. « Prenez-nous en photo. Montrez, vous, que nous sommes des hommes comme les autres, que nous 

n’avons pas de queue ! », lance-t-elle. « Les Péruviens connaissent très mal les cultures natives et leurs façons de penser, de vivre », témoigne Cesar Paz, directeur d’Agronomes et vétérinaires sans frontières Pérou (AVSF). En juillet 2011, un nouveau président a été élu au Pérou : Ollanta Humala.

Elu Rosa Dasen Chaig se bat pour le droit des femmes et pour les terres des Indiens.

Avec lui, une lueur d’espoir a éclairé les terres amazoniennes. Les décrets d’application d’une loi ont été pro-mulgués en septembre, promettant qu’aucun projet d’exploitation ne verrait le jour sans consultation des populations concernées.

L’espoir Ollanta Humala« Cette loi est la première destinée spé-cifiquement aux populations natives au  Pérou.  C’est  aussi  une  façon  de reconnaître que le pays ne compte pas que des métis  et des descendants de colons », espère Cesar Paz. En 1994, le Pérou avait signé la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail, reconnaissant les droits des peuples autochtones. Et, en 2007, il approuvait la déclaration sur les peuples autochtones. Mais tout était resté lettre morte. « Jusqu’à cette loi, aucun gouvernement n’avait jamais écouté la voix des Indiens », confirme Cesar Paz. Avec Ollanta Humala, la donne semble avoir changé. « Nous l’avons élu et avons confiance en lui », espérait, en décembre dernier, Gabriel Paati Antunce, un Apu de la communauté de Uut.st

r new

- re

uter

s / a

lice

bom

boy

Les Awajún, avec leurs lances, le 4 juin 2009, peu avant le massacre de Bagua.

Page 30: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

30 avril 2012 terra eco

le reportage

Aujourd’hui pourtant, rien n’est réglé, car les modalités

d’application de cette loi sont discu-tées : le 20 février, le pacto de unidad (« pacte d’unité »), qui regroupe les organisations représentatives des com-munautés indiennes, demandait que la loi soit réécrite. « La loi prévoit de consulter les populations mais, si elles ne sont pas d’accord, la décision finale revient au gouvernement, explique le directeur d’AVSF Pérou. Les Indiens avaient accepté, car ils faisaient confiance au gouvernement. Mais celui-ci s’est repositionné plus à droite, pour que les entreprises étrangères ne fuient pas le pays. Cette évolution n’inspire plus confiance aux natifs. » Selon Róger Rumrrill, journaliste et conseiller de l’Aidesep, un des articles de la loi dit bien à quel point celle-ci a été façonnée en sous-main par les entreprises pétrolières et minières. « Il est dit que les concessions sont accordées par le gou-

vernement aux entreprises, et qu’ensuite seulement vient la consultation !, déplore-t-il. Avec cette loi, le gouvernement ne fait rien de plus que répondre aux exigences capitalistes actuelles : il ouvre les portes de l’Amazonie, pour que soient extraits pétrole, gaz, or et cuivre, les matières pre-mières à la base de l’économie mondiale. Celles-ci se trouvent malheureusement en territoires indiens. Les peuples natifs en sont titulaires, mais les ressources du sous-sol comme les arbres restent la pro-priété de l’Etat. En 2009, Bagua a montré un exemple de résistance à ce modèle mondial. Aujourd’hui, le gouvernement fabrique un climat de conflit semblable. Mais, pour défendre leurs territoires, les peuples indigènes, divisés sur d’autres points, s’uniront toujours. »

« Le poumon vert de la planète »Sur les terres Awajún, le combat ne s’éteindra pas. « On considère sou-vent  que  nous  n’existons  pas.  Mais 

nous avons des droits. Quel peuple ne se soulèverait pour défendre sa vie si elle était menacée ? », répète-on. Plus que tout, la conscience écologique est ici indéracinable. Ainsi, Gabriel Paati Antunce n’en finit pas de penser à des solutions pour recycler les déchets de la communauté d’Uut. Sur la barque du retour, on évoque aussi la mondialisa-tion. « Que pourrions-nous faire pour que les pays étrangers arrêtent d’épuiser les ressources de nos forêts et de conta-miner notre environnement ? Celui-ci n’est pas important que pour nous, il l’est aussi pour vous. C’est le poumon vert de la Terre !, s’indigne le chef Apu anonyme. Il faut penser autrement le développement économique, il ne peut plus continuer à détruire la vie. » —

« Prenez-nous en photo. Montrez que nous sommes comme les autres, que nous n’avons pas de queue ! »Elu Rosa Dasen Chaig, de la Fédération des femmes Awajún du Haut Marañón

BOLIvIE, ÉquAtEuR : BIEntôt DEs ACtEs ? En Bolivie, le président

Evo Morales a récemment

promulgué une loi obligeant

à la consultation des peuples

Mojeño-trinitario, Yuracaré

et Chimán, vivant dans

le Parc national Tipnis. Ils

devront se prononcer sur

la construction d’une autoroute

qui doit traverser la zone.

C’est la conséquence de

deux manifestations, aux

objectifs pourtant opposés,

qui ont eu lieu successivement

en août dernier à La Paz, la

capitale. L’une voulait enterrer

le projet et l’autre demandait

sa reprise.

En Equateur, l’initiative

Yasuni-ITT, lancée en 2010 et

soutenue par le président Rafael

Correa, prévoit de renoncer à un

gisement de pétrole découvert

dans le Parc national Yasuni,

en échange de la participation

financière de la communauté

internationale équivalente à la

moitié des revenus qu’aurait

apportés l’or noir. Le montant

attendu pour démarrer le projet

a été atteint fin de l’année 2011.

Reste à savoir s’il sera pérennisé

dans le futur.

A uut, les femmes fabriquent des bijoux avec des graines récoltées dans la forêt.

alic

e bo

mbo

y

Page 31: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

alic

e bo

mbo

y

Page 32: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

32 avril 2012 terra eco

Camille sourit. Ses élèves sont plus alertes qu’elle ne le craignait. S’ils sont aussi forts en irrigation qu’en histoire, ils auront sans problème leurs

brevets de sociétaires de la communauté post-carbone. Le commissaire-instructeur de Négawatt SA peut venir, il sera pas déçu. Et Max, qu’est-ce qu’il fi che ?

L’avion vient de se poser sur l’aérodrome du terminal pétrolier d’Exxon-Rosneft, au nord de la presqu’île de Yamal, face à la mer de Kara, au bord de l’océan Arctique russe. Passé le cercle polaire, le spectacle des centaines de millions d’auréoles bleu

L’homme qui tombe à peakUne nouvelle d’anticipation de Matthieu Auzanneau autour du pic pétrolier, illustrée par François Supiot. (4/4)

turquoise laissées sur la toundra par la fonte du permafrost a hypnotisé Max Wise durant la dernière heure de vol. Au cours du virage fi nal, avant l’atterrissage, il a pu regarder très loin vers le large : la mer, rien que la mer, et pas de banquise, nulle part, ni d’iceberg. Seulement, de proche en proche, les ombres imprécises de gigan-tesques plateformes offshore.

L’homme d’Exxon-Rosneft qui attend Max sur le tarmac semble avoir besoin de causer. « Vous savez, on a encore dû dérouter tous les tankers vers Mourmansk. Le blocus de l’armée européenne tient bon, cette fois, et, en plus, on annonce encore un typhon polaire. Vous croyez que vous allez pouvoir nous aider avec ce fi chu climat, Doc ? » Max se tait. Pas la peine de se fatiguer à expliquer l’inertie des changements climatiques à ce sous-

l’économie expliquée à mon père

franç

ois

supi

ot p

our «

terr

a ec

o »

l’économie expliquée à mon père

Page 33: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

franç

ois

supi

ot p

our «

terr

a ec

o »

fifre. Si le roi d’Arabie Saoudite a « prêté » son écologiste personnel au conglomérat russo-américain de l’or noir, c’est juste-ment pour qu’il aide à trouver la réponse.

Voilà huit ans que la coalition sino-euro-péenne tente de s’approprier les champs pétroliers du pôle Nord. Lorsque qu’en août 2011, le géant américain ExxonMobil a signé avec l’alors Premier ministre russe Vladimir Poutine et Rosneft un accord de plusieurs centaines de milliards de dol-lars pour forer dans la mer de Kara, les majors européennes, BP, Shell et Total, espéraient récupérer quelques miettes du gâteau. Et quel gâteau : la dernière grande région pétrolifère du globe encore intacte ! Mais BP s’est vite fait éjecter une bonne fois pour toutes par le Kremlin. Total, qui s’était allié aux Russes en 2007 pour participer à la ruée vers le pôle, n’a pas tardé à comprendre qu’Exxon ne partagerait pas. D’ailleurs, c’était écrit noir sur blanc dès 2008 dans une série de rapports du Pentagone : face à « la crise énergétique sévère » qui allait pointer son nez, ce serait chacun pour soi.

Lorsque, comme l’avait annoncé le gou-vernement Obama en 2010, la production de l’Iran, du Venezuela, du Mexique, de la Chine, et même les extractions des champs inshore de la Russie ont commencé à

terra eco avril 2012 33

décliner en 2014, ç’a été la panique. Les taux d’intérêt se sont envolés. Nouveau krach financier, bien pire qu’en 2007-2008. « Et puis, deux ans plus tard, en 2016, ils ont envoyé Sarah Palin à la Maison-Blanche. L’ex-reine de beauté a repris son slogan de la campagne de 2008 : ‘‘ Fore, bébé, fore. ’’ Les gens avaient peur, et ça a marché », se souvient Max Wise. « Bush fils à côté, c’était Abraham Lincoln. Et voilà, maintenant on en est là. ‘‘ Tout ça à cause de cette p… d’ubris ’’, comme dirait la petite journaliste française »,

sourit l’écologiste. Max croise les doigts : « Encore deux semaines de mission ici à leur promettre la lune, et pendant mon transit à Moscou, inch’Allah, l’agent de GreenWar m’exfiltre ! S’il arrive à me dégoter un ticket de rationnement aérien au marché noir, je passe l’hiver au chaud avec Camille, en Provence… » —

Retrouvez l’intégralité de cette

nouvelle exclusive sur

à l’adresse suivante :

www.terraeco.net/a42306.html

Page 34: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

« Il faut éduquer les jeunes à d’autres perspectives que celles de la réussite par l’argent. »

Page 35: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

Le Ciel dût-il en prendre ombrage, il faut bien le reconnaître : les dignitaires religieux n’ont, en général, pas grand-chose d’intéressant à dire sur l’économie, hormis quelques vagues et généreuses invitations du type : « Ne laissez pas les démunis sur le bord du chemin. » Heureusement, certains,

comme Cécile Renouard, 44 ans, parlent pour plusieurs. Le regard azur, le sourire discret et le débit millimétré de cette sœur de l’Assomption dissimulent un engagement qui s’inscrit plus dans la lignée du magnificat – cantique appelant à « renverser  les puissants de  leurs trônes » et à « élever  les humbles » – que dans celle de l’homélie pépère du dimanche matin. Dans Vingt propositions pour réformer  le capitalisme (Flammarion, 2012), la somme qu’elle a cosignée avec le jésuite Gaël Giraud, elle n’envisage rien de moins que de… tout mettre cul par-dessus tête. Par exemple ? Changer les statuts de l’entreprise pour placer son « utilité sociale » avant sa fonction lucrative ; mettre en place une Cour pénale internationale pour les multinationales ; domestiquer la finance ; remplacer les agences de notation par des agences aux critères sociaux et environnementaux ; instaurer un capitalisme « à faible intensité carbone »… Il y en a 183 pages comme cela, truffées jusqu’à la gueule, non d’indignations courroucées – Dieu nous en garde –, mais d’idées aussi ambitieuses que réalistes. Des idées bâtissant un solide projet de société, une « économie verte, pluraliste et équitable », qui semble bien être celle qui attend l’humanité… si elle souhaite se préserver un semblant d’avenir. Vous n’entendrez pas sœur Renouard se qualifier de communiste, ni d’alter, mais sa convic-tion est indéracinable : « Si  l’on appliquait  toutes  les réformes que nous préconisons, cela s’appellerait encore le  

capitalisme, mais ce ne serait plus vraiment le capitalisme. » Et, quand elle parle de capitalisme, cette disciple de John Stuart Mill, penseur libéral du XIXe siècle, sait de quoi il retourne. Diplômée de la prestigieuse Essec (Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales), cette fille de diplomates née à Paris s’apprêtait à gagner les bataillons du CAC 40 quand elle a entamé en 1990 un pèlerinage à Chartres, qui l’a marquée à jamais. « Après ça,  j’ai rejoint une autre multinationale », sourit-elle. Comprendre : celle du Christ.

Les multinationales ne l’impressionnent pasSœur Cécile vit en communauté religieuse, dans le XVIe arrondissement de Paris, prie deux heures par jour, mais ne s’est aucunement isolée de la marche du monde. Sa thèse de doctorat en philosophie politique, passée à l’EHESS, l’Ecole des hautes études en sciences sociales, elle l’a consacrée à la notion de développement durable. Mais pas en parcourant les bilans d’entreprise : elle a choisi de se rendre sur le terrain, au Kenya et au Nigeria, pour observer le décalage entre les beaux dis-cours des géants industriels et leurs pratiques. Elle en est revenue « sidérée » par leur désinvolture, voire leur cynisme. « On ne peut pas parler de développement durable avec  légèreté. Si  les préceptes étaient exécutés, c’est une transformation radicale du système qui aurait lieu. » Les envolées lyriques et les engagements main sur le cœur ne l’impressionnent pas : qu’on fasse d’abord cracher aux multinationales les impôts qu’elles doivent, qu’on les tienne pour responsables des « crimes économiques » qui sont perpétrés chez leurs sous-traitants, que les politiques aient conscience de la « situation gravissime de la planète » et les choses sérieuses commenceront.

Courtoise, en bonne religieuse qu’elle est, cette diplômée en philosophie politique n’en est pas moins ferme. Car son credo est clair : le capitalisme doit être réformé pour conduire l’humanité à la justice sociale et au respect de la planète. Un pavé dans l’eau bénite. Par ARNAUD GONZAGUE / Photo : LÉA CRESPI pour « Terra eco »

Cécile Renouard, l’éthique comme religion

le portrait

terra eco avril 2012 35

léa

cres

pi p

our «

terr

a ec

o »

Page 36: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

36 avril 2012 terra eco

Les choses sérieuses ? « Il faut que les principes des coopératives – principes d’utilité sociétale et de qualité 

des relations sociales – soient ceux qui  inspirent toutes les entreprises. » Autrement dit, il s’agit de construire le capitalisme de demain sur la base du lien social, plutôt que sur l’enrichissement personnel. Circonspection de l’intervieweur. Depuis qu’il existe, le capitalisme n’a-t-il pas, dans 99 % des cas, débouché sur l’idée de s’en mettre plein les poches plutôt que de soulager autrui ? « Si, bien sûr. Les soifs de pouvoir et d’avoir existent. Mais je crois, comme Kant, que la disposition au bien est plus originelle que le penchant au mal. Je refuse de penser que le système se résume à la cupidité générale. »

Prof à l’école des MinesPour expliquer le grand n’importe quoi du capitalisme, sœur Renouard souligne ce qu’elle nomme le « syndrome du bon élève » : les meilleurs éléments d’une génération font ce que la société leur assigne de faire. De « bonnes » études, puis de « bonnes » boîtes où ils appliquent les « bonnes » injonctions – réduire les coûts, accroître les profits à n’importe quel prix –, pour décrocher une « bonne situation ». « Mais tout cela ne va pas de soi : il faut éduquer les jeunes à penser à d’autres perspectives que celles de la réussite par l’argent, et nous vivrons autre-ment. » Un souci pour l’autre « qui touche les choses les plus profondes en nous » et qui redonnerait au travail un sens autrement plus motivant que de « créer de la valeur » pour l’actionnaire. Cette éthique, elle l’enseigne d’ailleurs auprès des futures élites, à l’école des Mines de Paris. Et elle y croit. « Une cinquantaine d’étudiants, soit un tiers de la promotion, ont choisi ce cours alors que rien ne les y oblige. Cela veut dire quelque chose, non ? » —

« Je crois que la disposition  au bien est plus originelle que le penchant au mal. »

le portrait

Eco-branchéJustin BieberNon, Justin Bieber n’est

pas qu’un ado à la mèche

agaçante. L’éphèbe

aime aussi la planète.

La preuve : il a a-do-ré

le cadeau surprise

de son producteur pour

ses 18 balais : une voiture

de sport électrique.

Tout simplement.

Eco-nantieGina RinehartLa papesse australienne

de la mine n’est que

29e du classement des

« hommes » les plus

riches de la planète signé

Forbes. Mais elle pourrait

bientôt dépasser le leader

mexicain Carlos Slim. Son

charbon et son fer sont

en effet très recherchés

et elle n’a pas à partager

sa fortune avec de

quelconques actionnaires.

Eco-engagéeRoseanne BarrRoseanne, vous vous

souvenez ? C’est le

nom de la plantureuse

héroïne d’une série des

années 1990. Aujourd’hui

la presque sexagénaire a

décidé de postuler pour

devenir la candidate

du parti vert à la

présidentielle américaine

de la fin de l’année. A son

programme : défense des

droits des homosexuels,

abandon de la viande au

profit des protéines de

noix et légalisation de la

marijuana.

Eco-conquérantArnold SchwarzeneggerL’ancien gouverneur

de Californie repart

« en croisade pour

l’environnement ». Il vient

de lancer son ONG écolo,

à Genève. « L’écologie,

c’est comme le fitness,

dit-il. Il ne faut pas baisser

les bras. » Première étape

de sa « révolution verte » :

mettre fin à l’usage

des énergies fossiles

et développer

les renouvelables.

Eco-médiateurRichard BransonLe fondateur du groupe

Virgin vole au secours

des ours polaires. Le

milliardaire britannique

a appelé entreprises et

élus canadiens à protéger

cette espèce au cours

d’une conférence de

l’ONG Wild Aid en mars.

Environ deux tiers des

ours polaires de la planète

menacés par la fonte des

glaces vivent au Canada.

gReen people

3 mars 1968 Naissance à Paris

1990 Diplômée de l’Essec, l’Ecole supérieure des sciences

économiques et commerciales

1991 Devient religieuse de l’Assomption

2006 Doctorat en philosophie politique sur les politiques

de développement durable et les agissements de quelques

multinationales en Afrique

2012 Réédition de Vingt propositions pour réformer

le capitalisme (Flammarion)

Mars 2012 Le facteur 12, avec Gaël Giraud (Carnets Nord)

En dates

dr

Page 37: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…
Page 38: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

38 avril 2012 terra eco

En pleine crise, la Grèce tient sa place

1. Parmi les milliers de Grecs qui protestent, à Athènes, le 12 février, contre le plan d’austérité sur le point d’être entériné par le gouvernement, un groupe de percussionnistes, sur la place Syntagma.

le portfolio

1.

Page 39: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 39

Ils jouent de la musique, s’improvisent cuistots ou soignent les manifestants. Sur la place Syntagma, à Athènes, devant le Parlement, les habitants composent avec l’austérité. Et inventent les prémices d’une nouvelle société. Reportage photo : STEFANIA MIZARA

Eté 2011. Au cœur d’Athènes, sur les pavés de la place Syntagma, devant le Parlement, des citoyens viennent pro-tester contre les mesures d’austérité décidées par le gouvernement grec. La

nouvelle agora exige de ses édiles davantage de transparence et de « démocratie directe ». Dans les travées de cette place aux mille et une initiatives, l’organisation populaire se met en place. Des groupes de travail sont chargés de gérer la logistique, d’élaborer et de distribuer la nourriture. La sécurité et la propreté des lieux est confi ée à des volontaires tandis que des soins médicaux et un support psychologique sont assurés sept jours sur sept. Quelques mois plus tard, on tente d’y inventer un « nouveau monde ». On y collecte des vêtements ou des livres que l’on redistribue ensuite aux « nouveaux pauvres », victimes de la violence de la crise. Des cours gratuits de langues, de sports ou d’informatique sont dispensés. On décline des « banques de temps », fondées sur l’idée d’échange de services. En quelques semaines, les groupes contestataires sont passés de la phase de révolte à des démarches concrètes d’action sociale. « Nous avons redécouvert les personnes autour de nous, et le fait que nous ne sommes pas seuls », explique Costas le cuisinier. Mais les autres pourraient en dire autant : Margarita la percussionniste, Argyris le secouriste volontaire… Derrière ces prénoms rendus vivants sous l’œil et l’appareil de la photoreporter Stefania Mizara, la crise économique et fi nancière a désormais un visage. — D.S.

Place Syntagma(Athènes/Grèce)

Athènes

Stefania Mizaraest photographe indépendante depuis 2000. Elle collabore avec la presse grecque et francophone et a notamment été publiée dans Marianne et Le Journal du dimanche. Elle aime travailler en collaboration avec les ONG. Depuis l’été 2011, elle réalise un webdocumentaire sur l’organisation des citoyens grecs face à la crise. www.stefaniamizara.com

Retrouvez d’autres témoignages de citoyens grecs sur

Retrouvez d’autres témoignages de citoyens grecs sur

Page 40: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

40 avril 2012 terra eco

2 et 3. Des hommes sont soignés par une équipe de secouristes bénévoles. Autodidactes, ils aident notamment les manifestants touchés par des gaz lacrymogènes.

4. Depuis l’été 2011, un groupe de percussionnistes prend part à tous les rassemblements organisés par les manifestants. Ils protestent ici, face au Parlement.

5. Des jeunes gens improvisent un concert sur la place Syntagma, qui est devenue le square de la paix. « Solidarité » et « amour », réclament-ils sur les pancartes.

le portfolio

2.

4.3.

5.

Page 41: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 41

« Nous avons redécouvert les personnes autour de nous. Nous ne sommes pas seuls. »Costas, le cuisinier de la place Syntagma

8.

6, 7 et 8. Sur l’une des principales artères d’Athènes, Costas ouvre chaque jour sa « cuisine partagée » en plein air. Il y prépare des repas pour les « nouveaux pauvres » et les sans-abri, en récupérant des denrées sur les marchés et auprès des voisins.

7.

6.

Page 42: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

Dossier

OBJETS À DURÉEDÉTERMINÉEOrdinateurs, téléviseurs, joujoux électroniques… La mort leur va si bien, si vite. Alors, plus neufs et plus beaux, nous les rachetons. Bien contents parfois, bien obligés souvent. Plongée au cœur de l’obsolescence de nos appareils, programmée… ou pas. Par SIMON BARTHÉLÉMY (avec LOUISE ALLAVOINE)

Page 43: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 43

OBJETS À DURÉEDÉTERMINÉE N

aître pour mourir. C’est le triste sort réservé à toute chose sur Terre. Amen. Le problème, c’est quand notre société technicienne accélère le phénomène. Nous en sommes tous responsables : que ceux qui se précipitent sur le dernier IGadget ou se battent aux soldes H&M se confessent. Mais ce péché capital – l’envie – est magistra-

lement entretenu. Par la publicité, d’abord : en 2010, les annonceurs ont dépensé 30,7 milliards d’euros, soit 4,5 fois plus que le budget du ministère de la Culture. Il est ensuite orchestré par les « progrès » technologiques incessants : on peut ainsi penser que la tablette est un petit pas pour Apple et un grand Palm pour l’humanité. Ou l’inverse. Il est enfin prévu par l’obsolescence de nos objets, dont les durées de vie sont savamment calculées. Si pour les entreprises, « l’obsolescence programmée » est un mythe, alors c’est celui de Sisyphe. Les témoi-gnages recueillis par Terra eco le montrent : pour faire tourner la machine, nous sommes condamnés à éternellement racheter nos rochers. Cela n’a pas toujours été ainsi. Et cela aurait pu ne jamais arriver. C’est ce que nous avons imaginé avec l’« uchronie », l’histoire alternative que nous vous livrons. Dans des années 1950 imaginaires, où les « Mad Men » n’existent pas car le premier choc pétrolier a ruiné la société de consommation, la France interdit l’obsolescence programmée, encadre la publicité, et se tourne résolument vers l’économie de fonctionnalité. Las, aujourd’hui, il faut faire contre mauvaise for-tune bon cœur. Grâce à Internet et aux TIC, les technologies de l’information et de la commu-nication, notamment. Ce sont certes des boulets, mais ils libèrent aussi l’intelligence collective. Notre boîte à outils propose des forums pour réparer les objets, des sites pour leur offrir une deuxième vie, des idées sur l’écoconception… Pour remettre un peu d’air frais, en ligne et dans la rue, dans notre consommation. « Il faut imaginer Sisyphe heureux », écrivait Albert Camus en 1942. —

SommaireENQUÊTE Votre machine à laver entre la vie et la mort P. 44FICTION Et si la France avait inventé le partage en 1960… P. 48PRATIQUE Nos trucs pour tirer vos objets en longueur P. 52REPÈRES Equipements, combien durent-ils chez vous ? P. 56

erik johansson pour « terra eco »

Page 44: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

44 avril 2012 terra eco

Votre machine à laver entre la vie et la mort

De la lambada à Coldplay, votre hi-fi résistait depuis des années à tous les styles. Mais un jour, la touche « eject » de la platine disque a dit stop. Partout, les

SAV, les services après-vente, vous ont ri au nez quand vous l’avez portée à réparer, jugeant aussi sec le lecteur décédé. « Achetez-en un autre, ça vous coûtera moins cher », a dit l’un. « Passez directement  au  mp3  ou  au  logiciel Spotify », a osé un autre. Vous voilà contraint à mettre votre chaîne en bière et à télécharger le dernier Radiohead. Mais non, Jef, t’es pas tout seul : qui n’a jamais été obligé de bazarder son baladeur pour cause de batterie tré-passée ? En 2010, un Français achète environ six fois plus d’équipements électriques et électroniques qu’il y a vingt ans. Et il les garde moins long-temps : trois ans en moyenne pour un

ordinateur, contre dix en 1990 (lire p. 56). De six à sept ans pour un écran plat branché sur les programmes hauts en couleur(s) de la TNT, quand nos postes en noir et blanc duraient plus de dix ans. On n’arrête pas le progrès.

« Prêt à jeter »Comme le taux d’équipement de nos foyers pour ces chers appareils dépasse chez nous les 80 % (à quelques excep-tions près, type sèche-linges), en acheter plusieurs ou les remplacer vite sont les seules façons de maintenir notre consommation, et donc notre sainte croissance et nos divins emplois, jure- t-on sur la tête de Gondole. De là à penser que la durée de vie de nos pro-duits est sciemment limitée, il n’y a qu’un pas. Allègrement franchi par certaines langues de vipère. Elles prétendent même que ce modèle date… de 1932. Au cœur

de la Grande Dépression, un certain Bernard London déplorait que « les gens désobéissent à la loi de l’obsolescence : ils utilisent leurs vieilles voitures (…), leurs vieilles radios et leurs vieux vêtements beaucoup plus longtemps » que prévu. Pour relancer l’économie, ce philan-thrope suggérait donc de rendre obli-gatoire « l’obsolescence programmée » (« planned obsolescence » dans la langue de Henry Ford), en imposant une date limite légale aux produits manufacturés ! Non, ne rapportez pas déjà votre tablette chez Darty : l’idée de Bernard London n’a jamais vu le jour. Quatre-vingt ans plus tard, Eva Joly propose pourtant d’interdire l’obsoles-cence programmée. Sacrebleu, aurait-on raté la saison 2 ? La candidate Verte à la présidentielle veut «  obliger  les constructeurs à produire des machines qui ont une durée plus longue », ce qui

D’accord, les fabricants ne s’entendent sans doute pas en secret sur la durée de vie de leurs appareils. Mais entre lente disparition des réparateurs, pratiques douteuses et pub, les moyens ne manquent pas pour faire repasser le consommateur à la caisse. Enquête.Par SIMON BARTHÉLÉMY / ILLUSTRATIONS : jEAN LEcOINTRE pour « Terra eco »

Petite histoire de l’obsolescence

Oui, oui, déjà ! Dans son Discours sur le commerce,

l’économiste anglais Nicholas Barbon écrit :

« La mode ou l’altération des habits sont de grands

promoteurs du commerce, car elles provoquent

l’achat de vêtements neufs avant que les anciens

soient abîmés. » L’histoire est en marche.

Alfred P. Sloan devient président de General Motors. Il

instaure chez Chevrolet les changements de gamme, à raison

de trois nouveaux modèles de carrosserie, formes, couleurs

et accessoires par an. La publicité se charge de démoder

les modèles précédents. Rapidement, cette stratégie permet

que les ventes de Chevrolet dépassent celles de la Ford T.

Dossier

Page 45: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 45

actions », des recours collectifs lancés par des consommateurs furieux que leurs imprimantes s’arrêtent faute d’encre, quand les cartouches étaient encore bien remplies.

Eva joly et le dragonTel saint Georges, Eva Joly s’at-taque au dragon Mère Denis : « Les machines à laver tombent en panne et doivent être changées au bout de trois ou quatre années. Elles peuvent en réalité fonctionner trente années. » Selon une enquête de l’UFC-Que choisir auprès de 20 000 consommateurs, 13 % des lave-linges déraillent la première année, et 64 % dans les cinq ans ! Avec un mode de calcul différent (le nombre de réparations par an des 177 millions de gros appareils), le Gifam (Groupement interprofessionnels des fabricants d’ap-pareils électroménagers) arrive à un taux de 4 % ! Difficile d’y voir clair car chaque marque garde ses chiffres au frigo. Sondage à l’appui, le Gifam récuse l’idée d’une baisse importante de la durée de vie des appareils : elle serait de plus de dix ans en moyenne, quand 60 Millions de consommateurs l’estime à sept et demie pour un lave-linge et neuf et demi pour un réfrigérateur. Selon les fabricants, durabilité des pro-duits ne rime pas toujours avec écologie : vaut-il mieux garder vingt ans son lave-linge ou acheter au bout de dix ans un nouvel appareil qui utilisera deux fois moins d’eau ? Mais l’argument ne tient plus pour les appareils électroniques. Pourquoi ? Parce que la majorité de l’énergie utilisée lors de leur existence l’est au stade de la conception ! Comme les papillons.

Création du cartel Phœbus, un oligopole composé

notamment de Philips, Osram et General Electric, afin

de contrôler la fabrication et la vente des lampes

à incandescence. Il prévoit que les sociétés produisant

des lampes qui durent plus de 1 000 heures soient punies

et paient des amendes au cartel.

Microsoft abandonne le service après-vente pour corriger

les bugs de ses logiciels Windows 98 et Millenium. Objectif :

inciter ses clients à acheter la nouvelle version de son

système d’exploitation ou de sa suite bureautique tous les

deux ans. L’augmentation des performances pousse aussi

au rachat de matériels informatiques plus puissants.

soulagerait le portefeuille des Français. L’ancienne juge plaide une cause chère aux écologistes, étayée par un rapport des Amis de la Terre et du Cniid, le Centre national d’information indépendante sur les déchets (1) et popularisée par quelques enquêtes télé. Prêt à jeter, redif-fusé à la fin du mois de janvier sur Arte, relate par exemple l’histoire du cartel Phœbus : pendant les années 1920, des

fabricants d’ampoules se sont entendus pour limiter à 1 000 heures leur durée de vie, alors qu’elles pouvaient briller 2 500 heures, voire un ou deux siècles. Le documentaire montre aussi que cer-taines imprimantes Epson sont pro-grammées pour caler après 18 000 pages. Une pièce de plus à un dossier chargé : aux Etats-Unis, HP et Epson ont fait l’objet de plusieurs tentatives de « class

Page 46: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

46 avril 2012 terra eco

Selon les fabricants, l’accusa-tion de mort programmée des

objets relève de la théorie du complot. Certains, parmi la vingtaine d’ingé-nieurs, consultants et réparateurs que nous avons interrogés, en attestent. « Nous n’avons jamais eu de consigne explicite de durée de vie programmée », dit ainsi David Renaud, qui travaille dans la sous-traitance informatique pour l’électroménager et l’automobile. « Sur la centaine de dossiers passés entre nos mains, nous n’avons jamais vu la moindre référence à une durée de vie maximale. Par contre, pour la conception, nous avons quasiment à chaque fois une info de durée de vie minimale. » Cette donnée est capitale dans les secteurs où les conditions de sécurité sont très réglementées (automobile, aéronau-tique). Les fabricants s’assurent de la longévité de leur production grâce à des tests d’endurance en labo : elle atteint 20 000 heures minimum pour un écran LCD (soit dix-huit ans pour un Français, à raison de trois heures de télé par jour). Ou de 2 000 à 2 500 cycles pour un lave-linge, une durée « satis-faisante » pour LG, car elle colle à sa garantie de dix ans (valable partout, sauf en France) sur certains moteurs.

Batterie d’Ipod irremplaçableCela n’a rien d’un hasard, affirme Eric Guillaume. Ce responsable « recherche et développement » au Laboratoire national de métrologie et d’essais pré-pare une étude sur la durée de vie des produits, à la demande du ministère de

l’Ecologie : « Généralement, les industriels font des études statistiques de défaillance et optimisent leurs produits pour avoir 95 % des pannes après la date de garantie constructeur, soit deux ans en France. Les vices cachés sont assez rares, ils jouent plutôt sur les matériaux, par exemple en modélisant les effets de la température sur le vieillissement des polymères. » D’où la passion des fabricants de lave-linges pour les cuves en plastique, moins chères – et résistantes – que l’Inox. Alors, l’obsolescence programmée, un mythe ? Samuel Mayer, directeur de l’association stéphanoise Pôle éco-conception, conteste : « Les entreprises ont des modèles économiques fondés sur la vente de produits. Elles sont bien obligées de faire du réassort. Et donc de revendre un produit, soit du bas de gamme qui dure moins longtemps, soit au contraire des modèles avec du design ou de nouvelles fonctionnalités. » Guillaume Jouanne, spécialiste écoconception à la société Evea Conseil, acquiesce : « La recherche de l’obsolescence est flagrante chez certaines entreprises, qui veulent du pas cher, et tant pis si ça ne dure pas. On le voit dans l’utilisation de matières de mauvaise qua-lité, ou dans l’impossibilité de réparer : 

l’Ipod et sa batterie irremplaçable, ou les premiers Iphone, dont la batterie était collée à la coque. » Aujourd’hui, s’il est possible de changer cet élément, son prix est prohibitif : 87 euros pour un 3GS, quand le téléphone vaut 160 euros.

Woody Allen et Windows 7Résultat : selon l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, seuls 44 % des appareils en panne sont réparés. Plus du quart partent direct à la poubelle, avec leurs produits toxiques. Car, pour des raisons de coûts de fabrication, certaines pièces ne sont pas démontables, comme ces roulements à billes de lave-linges moulés dans la cuve, alors que ce sont les éléments qui s’usent le plus vite ! « Nous constations sur de nombreux produits en blanc, brun (électroménager et électronique, ndlr) et motoculture des pannes récurrentes pour lesquelles nous informions le fabricant, sans que cela ne soit corrigé sur les modèles suivants. Pis, les frais de réparation pour ces pannes n’étaient pas pris en charge », témoigne François Chicano, réparateur audio-vidéo et délégué CFDT des SAV de Carrefour. D’autres machines ne seront, elles, jamais réparées… car les pièces

« De grands distributeurs commandent de l’électroménager en stipulant qu’ils refusent les pièces de rechange pour le SAV. »François Chicano, délégué CFDT des services après-vente de Carrefour

Dossier

Sélection de publicités électroménagères« vintage ».

Page 47: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 47

Plasma, LCD, smartphones : la valse des nouveautés high-tech épouse l’obsoles-cence « low cost ». C’est une révolution : des mises à jour de logiciels obligent par-fois à tout racheter. Tous les deux ans, la nouvelle version de Microsoft Windows nécessite deux fois plus de mémoire vive que la précédente pour réaliser les mêmes tâches, estime Frédéric Bordage, dans son guide Eco-TIC pour le WWF (2) : « Il faut 70 fois plus de puissance mémoire vive sous Windows 7 pour écrire le même texte que sous Windows 98 ! On imagine mal devoir utiliser une voiture 70 fois plus puissante qu’il y a douze ans pour parcourir le même nombre de kilomètres, à la même vitesse. »

« Obsolescence suggérée »Méditez un instant cette phrase de Pierre Desproges : « Une civilisation sans la science, c’est aussi absurde qu’un poisson sans bicyclette. » Alors, aidez la science. Envoyez des sous – plein – à, au hasard : « Apple, 1, Infinite Loop, Cupertino, CA 95014, Etats-Unis ». Aidons cette petite start-up à concevoir des logiciels utilisables sur tous ses produits, fabriqués

de façon responsable. « La mise à jour du système d’exploitation IOS 5 via le site d’Apple n’est possible, pour les Iphone, que pour les 3GS, 4G et 4GS », regrette en effet Camille Lecomte, des Amis de la Terre. « Bien sûr, une personne qui a acheté un Iphone 3G – sorti en 2008 – peut le débrider ou continuer à se servir des applications qui fonctionnent toujours à partir de l’ancienne version du système. Mais elle va surtout être incitée à en acheter un nouveau. La durée de vie d’un Iphone est alors de trois ans et demi. » Le pire ? C’est plutôt un bon score. En France, on renouvelle en moyenne son portable après dix-huit mois, alors que sa durée de vie est trois fois plus élevée. « On est là sur une obsolescence suggérée, imposée davantage psychologiquement que techniquement », analyse Marie-France Corre. « Le but est que les consommateurs trouvent laid ce qu’ils ont. Des jeunes sont même enclins à casser leur téléphone avant la fin de la garantie pour que leurs parents en achètent un nouveau. »

Dracula à BruxellesMais que fait la police ? Pas grand-chose. En 2004, dans le cadre du Plan national de prévention de la production de déchets, l’Etat promettait un standard de durée de vie des produits. Mais l’Afnor, l’Agence française de normalisation, a renoncé, faute d’entreprises volontaires. Rien n’est sorti non plus du Grenelle. La « durabilité » est en revanche au menu à Bruxelles : la directive européenne « ecodesign », en cours de préparation, veut mettre le paquet sur l’efficacité énergétique des produits, mais aussi sur les trois R : réutilisation, recyclabilité et réparabilité. L’objectif : prolonger la vie des objets et des ressources, en s’as-surant par exemple, dès la conception, que les matériaux critiques (or, argent, terres rares…) seront aisément récupé-rables. Les ONG mobilisées plaident en outre pour que des infos sur la durée de vie soient clairement données aux consommateurs, au moins pour certains produits, comme les ampoules. C’est l’effet Dracula : faites la lumière et l’ob-solescence programmée s’éteindra. —(1) « L’obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage », 2010. A télécharger ici : www.bit.ly/bCqIoi(2) www.bit.ly/jdSywE

de rechange n’existent pas ! « Certains grands distributeurs commandent via leur centrale d’achat des centaines de milliers de produits de petit (micro-ondes, cafetières, ndlr) et de gros électroménager (lave-linges, frigos) en stipulant dans le cahier des charges qu’ils ne veulent pas de pièces de rechange destinées au SAV », révèle François Chicano. Une pratique limite mais fréquente. Pourquoi ? Parce que la loi n’oblige pas à assurer la dis-ponibilité de ces pièces. Or, remplacer revient moins cher au fabricant, qui n’a pas besoin de produire et de stocker ces éléments, comme au fournisseur chargé de la garantie. « Quand le coût de la main-d’œuvre en France est dix fois supérieur à celui d’Europe de l’Est, on ne va pas réparer un mixeur à 9,90 euros pour 30 à 80 euros l’heure d’interven-tion », déplore Marie-France Corre, consultante et ex-responsable du dépar-tement « essais » de l’UFC-Que Choisir. D’où la lente disparition des services de réparation des grandes enseignes. Pour paraphraser Woody Allen, non seulement Dieu n’existe pas, mais allez trouver un réparateur télé le week-end !

Page 48: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

48 avril 2012 terra eco

Dossier

Page 49: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 49

Pénélope écrase sa Gauloise et se lève. Depuis une heure, elle n’ar-rive plus à dormir, d’autant que Maurice ronfle bruyamment. Elle

met ses bas Nylon fétiches, ceux qu’elle portait pour son baccalauréat, en 1950. D’accord, ces DuPont ne filent jamais, mais ils sont un peu démodés, et elle aimerait bien que son mari lui offre une nouvelle paire. Pas de journaux devant la porte de leur appartement parisien. Pénélope se précipiterait au kiosque si elle n’était certaine de le trouver fermé. Priant pour que ses sources n’aient pas fuité et que son histoire ne fasse pas la une de France Soir, elle mout le café et prépare un biberon. Une odeur pestilentielle agresse ses narines lorsqu’elle passe devant la salle de bains. « Saperlipopette, maugrée-t-elle. Maurice a encore oublié de déposer les langes sales de Séraphin devant l’im-meuble. Il sait pourtant que la Sopanet passe aussi le mardi… » Depuis l’inter-diction en 1959 des couches jetables, trop gourmandes en plastique, donc en pétrole, le plan quinquennal pousse les villes à offrir des services de collecte et de lavage, à l’image de la Société parisienne de nettoyage. Cela soulage les femmes actives de quelques tâches ménagères, mais Pénélope se surprend parfois à

Et si la France des années 1960 avait inventé le partage…Fiction colorisée en sépia. En plein choc pétrolier, la France s’engage contre l’obsolescence programmée et le gaspillage. Journaliste, Pénélope enquête sur un scandale chez Renault. De quoi faire sauter la République ? Par SIMON BARTHÉLÉMY / ILLUSTRATION : jEAN LEcOINTRE pour « Terra eco »

rêver de Pampers… Maurice la taquine là-dessus, comme sur ses envies de louer un réfrigérateur particulier. « On voit bien que ce n’est pas toi qui te fais reluquer par M. Raoul le matin sur le palier, même quand j’ai une motte de beurre dans les mains », lui rétorque-t-elle.

Pardessus en locationAprès avoir feuilleté le catalogue de La Redoute, pour admirer les nou-veaux meubles et pardessus proposés en location, elle décide de partir plus tôt au travail. Il est 6 heures, d’innom-brables bicyclettes dévalent déjà la rue de Ménilmontant. Plus difficile à esca-lader le soir, surtout avec le Peugeot de Pénélope, qui pèse une tonne. « C’est le prix à payer pour avoir un vélo costaud et des jambes de rêve comme les tiennes », susurre souvent son mari. Il s’y connait : Maurice est mécano à la SNCA, la Société nationale de concier-gerie automobile, qui assure le prêt de voitures partout en France. C’est d’ailleurs grâce à lui que Pénélope a eu le tuyau sur Renault, et obtenu que la rédaction de Millénaire lui confie l’enquête de sa vie. L’expression n’est pas trop forte : la journaliste a entre les mains une grenade contre la première entreprise du pays, mais

Page 50: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

50 avril 2012 terra eco

elle pourrait lui exploser entre les mains. La régie est le tiroir-

caisse de l’Etat, et l’un des principaux annonceurs du journal.Hier, Pénélope a tapé jusque tard sur sa machine Olivetti, et déposé son article sur le bureau d’Emile Ehimaj. Elle appré-hende la réunion du matin, où le red-chef, et fondateur de Millénaire, tran-chera sur la parution de ses cinq feuillets. En arrivant, Pénélope trouve les bureaux

presque déserts. Comme d’habitude, Octave est le premier à son poste. Le vieux secrétaire de rédaction épluche les quotidiens. Fébrile, la journaliste parcourt les manchettes. Les titres évo-quent les cours du pétrole, qui attei-gnent des sommets. « On va décidément regretter l’échec de l’opération Ajax », rigole Octave. En 1953, Américains et Anglais ont tenté en vain de renverser le Premier ministre iranien, Mohammad Mossadegh, qui venait de nationaliser les compagnies pétrolières. Trois ans plus tard, peu après la crise de Suez – et l’intervention armée avortée franco-israélo-britannique contre l’Egypte –, Téhéran et ses alliés arabes décident de tripler les prix du brut. Au moment où elle engageait des moyens énormes dans la guerre en Algérie, la France est à genoux. Le FLN, soutenu par l’Iran, rem-porte en 1957 la bataille d’Alger. Paris perd sa colonie et le pétrole saharien. Un gouvernement d’union nationale voit le jour, dirigé par Pierre Mendès-France, avec la participation de De Gaulle et le soutien des communistes.

Partage d’appareils énergivoresCe 11 mars 1960, la presse fait d’ailleurs écho de remous dans la coalition. Les communistes sont hostiles aux projets de relance de l’Union européenne ; ils crai-gnent que l’ouverture à la concurrence de nouveaux secteurs ne remette en cause

les orientations du Plan. Si la France n’a plus de pétrole, pas d’argent pour lancer le programme électro-nucléaire ou créer de nouveaux champions indus-triels aux côtés de Renault, elle a des idées : se tourner résolument vers une économie de productions locales, de ressources et d’énergies renouvelables, et de services publics. L’idée ? Si les gens ne peuvent plus se payer de voitures, pourquoi ne pas

les louer à des tarifs abordables ? Cela représente des flottes gigantesques de véhicules, et un sacré débouché pour la régie. Puisque les textiles synthétiques et les produits chimiques sont trop chers à fabriquer, le pays relance la produc-tion de lin, de chanvre ou de résine des Landes. Il soutient l’artisanat et les entreprises de réparation, et invite les copropriétés à partager les équipements énergivores – un réfrigérateur consomme alors 30 % de l’électricité d’un foyer. Un homme, Bertrand de Jouvenel, joue un rôle décisif dans ce tournant « de l’économie politique à l’écologie poli-tique », comme il l’écrivait dès 1957. Proche de l’entourage du Général, il inspire la mise en pratique du concept de « pollueur-payeur ». Cela se traduit par des lois sévères envers les fabricants de produits de mauvaise qualité. Pénélope ne voit rien sur son affaire dans les journaux du matin. — « Ouf, Georges Profond ne m’a pas doublée », s’exclame-t-elle. — « Ta source au ministère de l’Indus-trie ? », interroge Octave. — « Oui. J’ai vérifié tous ses propos. Renault a bien sous-estimé à dessein la quantité de pièces détachées nécessaires aux Dauphine vendues aux Etats-Unis. Et l’entreprise n’y a pas suffisamment investi dans son service après-vente. Elle a ainsi enfreint les règles anti-LOP, les  lois d’obsolescence programmée. »

La France a des idées : on se tourne vers une économie d’énergies renouvelables, de productions locales et de services publics.

« L’art du gaspillage » décrypté Au moment où Pénélope enquête sur les problèmes (authentiques)

de Renault aux Etats-Unis, son confrère américain Vance Packard – bien réel, lui – publie, en 1960, The Waste Makers, traduit en français en L’art du gaspillage (Calmann-Lévy, 1962). Après La Persuasion clandestine, où il décryptait les techniques de manipulations psychologiques par la publicité, il montre comment le marketing raccourcit la durée de vie des produits. Vance Packard aura une forte influence sur les mouvements de consommateurs, comme celui de Ralph Nader, candidat à la présidentielle de 2008.

— « La Rue de Rivoli est au courant ? »— « Difficile d’imaginer que ça ait échappé à la vigilance du ministère de l’Industrie. Certains de ses hauts fonctionnaires libé-raux, comme Giscard, aimeraient bien chasser l’anti-LOP. Quant aux Yankees, depuis l’affaire du cartel Phœbus (lire p. 45) et des bas programmés pour filer, ils sont chatouilleux sur le sujet. »

Résine de pin des LandesPénélope allume la TSF sur France 1. Dans l’émission « Intérêt général », Margaret de Beaulieu vante à nouveau les mérites de la résine de pin des Landes. Elle prend ensuite Europe n° 1. Si on doit subir les publicités débiles sur les stations périphériques, au moins l’info y est un peu plus libre, pense-t-elle. « On apprend que Renault Inc., la filiale de la régie aux Etats-Unis, va annoncer des pertes s’élevant à plusieurs dizaines de millions de dollars… » Pénélope blêmit. Elle entend la voix d’Emile Ehimaj.— « Madame Solette, nous voudrions vous dire un mot sur la Dauphine ! » A suivre… —

Dossier

Page 51: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…
Page 52: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

52 avril 2012 terra eco

Nos trucs pour tirer vos objets en longueurAvis aux petits malins, aux courageux et aux consommateurs responsables. Repriser ses chaussettes, coréparer son frigo ou prôner le partage de perceuse, tout cela est possible, entre voisins ou sur Internet. Pour ne pas avoir à appuyer sur la touche « stop », suivez le guide. Par SIMON BARTHÉLÉMY

L’écogeste à la mode ? Le bricolage

Ne jetez plus, réparez. Tel est le credo de l’écolo qui n’a pas besoin pour cela de s’acheter une ou deux mains chez Leroy Merlin. Pour

« agir contre l’obsolescence programmée », le site Commentreparer.com fourmille de conseils

– « ouvrir le capot et aspirer les poussières pour réparer un écran plasma », « réparer un joint 

de machine à laver avec une rustine »… –, propose un forum pour trouver collectivement

des solutions, et renvoie vers plusieurs guides pratiques et adresses pour réparer son iPhone ou

son micro-ondes (lire aussi Terra eco n° 27, juillet-août 2011). Pour trouver les meilleurs plans près de chez soi, n’hésitez pas à demander aux collectivités locales : avec le soutien de l’Ademe, l’Agence

de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, nombre d’entre elles (le Grand Nancy, l’Aisne, les agglomérations d’Orléans, de Rennes ou de Montpellier…) ont réalisé des « guides de la réparation et du réemploi ». Paris y travaille aussi. Dans la capitale justement, l’association Vélorution vient d’ouvrir un atelier collectif à la Maison du vélo, dans le IVe arrondissement. Il est possible d’apprendre à réparer soi-même sa bicyclette. Enfin, un dernier conseil : si vous bricolez comme des pieds, pensez aux cordonniers.

1Réparation

Dossier

Page 53: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 53

J’ai 10 ans (de garantie)D’un côté, des

entreprises diminuent

la durée de garantie

de leurs produits,

comme les principaux

fournisseurs mondiaux

de disques durs

informatiques,

Western Digital et

Seagate. De l’autre,

certaines vantent des

garanties plus longues

que les obligations

légales, à l’instar

des aspirateurs Dyson,

« assurés » pendant

cinq ans. Ce au grand

dam de distributeurs

comme Darty,

qui font une part

de leur beurre

– non communiquée –

Le réemploi ne chôme pas

Avec 14 millions de visiteurs uniques en janvier dernier, le site d’annonces gratuites Le

Bon Coin prouve que les marchés aux puces, fussent-ils virtuels, sont très tendance. Vendre, troquer ou donner – voir Donnons.org – , et offrir ainsi une seconde vie à ses objets, c’est possible sur le Web, où l’on peut presque tout refiler. Sur Kiditroc.com, on échange ses vêtements pour enfants ; sur Produitspourlavie.org, les Amis de la Terre proposent leur sélection de sites, que l’on peut comparer à celle de Consocollaborative.com ! Dans la vraie vie, Emmaüs et le Réseau des recycleries et ressourceries (134 points de

collecte et 88 boutiques en France) récupèrent, réparent et revendent de tout. Le réseau Envie est, lui, spécialisé dans l’électronique et l’électroménager. Objectifs : créer des emplois et réduire nos déchets. Il y a encore du travail : le taux actuel de réemploi des vieux appareils est de 2 % seulement.

3Seconde vie

sur les extensions de

garantie. Pour mettre

tout le monde

dans le sens durable,

les Amis de la Terre,

entre autres, militent

pour étendre de un an

à dix ans la durée

légale de garantie

sur les biens de

consommation.

Selon l’ONG,

cela obligerait

les fabricants à

concevoir des produits

réparables plus

facilement,

et à faire pression

sur leurs fournisseurs

pour disposer

de composants

de qualité.

2Garantie

Page 54: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

Penser à la fin… dès les débuts

L’écoconception, késako ? Il s’agit de créer des produits en suivant un mode d’emploi écolo. C’est-à-dire ? Il faut pouvoir

les recycler facilement, ou prolonger leur durée de vie. L’idée est encore loin de convaincre la majorité des entreprises, mais elle fait son chemin. La bordelaise Meta IT a par exemple lancé ALT, le premier ordinateur 100 % écoconçu : sa coque est entièrement en aluminium recyclé (des chutes de chez Airbus) et entièrement recyclable, contrairement aux plastiques ordinairement utilisés. Avec seulement 7 éléments, contre 20 à 40 pour les bécanes ordinaires, il est aussi plus

facilement réparable. De telles démarches innovantes sont récompensées : selon une étude de l’Ademe (1) portant sur 30 entreprises françaises et québécoises lancées dans des démarches d’écoconception, 27 ont dégagé des bénéfices sur ces nouveaux produits. Car non seulement, ils sont fabriqués avec moins de matériaux et d’énergie, mais ils peuvent se vendre plus cher. Le « cradle to cradle » – du berceau au berceau – s’inscrit en partie dans cette logique, en promouvant une économie circulaire où les produits seraient entièrement recyclables. Plusieurs villes et régions des Pays-Bas sont engagées dans cette aventure. Qui, en France, reste encore embryonnaire.(1) www.ly/xNieCV

4Ecoconception

Faire de la « durabilité » une valeur

« Vaut-il mieux acheter 20 fois dans sa vie un mixeur à 10 euros, ou un seul à plus de 200 euros, mais garantie à vie, chez 

le fabricant suisse Bamix ? » Pour la consultante Marie-France Corre, la réponse n’est pas évidente. A double

54 avril 2012 terra eco

5Service compris

Dossier

Page 55: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 55

Des services à suivre de prèsQuel est le point commun entre le Vélib’, Michelin et Xerox ? Qui a dit les roues ? Vous sortez. Ce sont trois modèles réputés d’économie de fonctionnalité : au lieu de vendre un produit, ces entreprises en monnayent l’usage. Michelin Fleet Service loue ainsi ses pneus aux grandes flottes de poids lourds et d’autobus, ses techniciens assurent l’entretien et l’échange, et la firme de Clermont-Ferrand facture en fonction des kilomètres parcourus. Xerox en fait de même avec ses photocopieuses. Et ça marche aussi pour les jouets (Dim Dom, Ecojouets, etc.), les vêtements de travail (Elis), les voitures (Autolib’, les services de location)… Le modèle est sans doute le meilleur antidote à l’obsolescence programmée, puisque les entreprises ont tout intérêt à bien entretenir et faire durer le plus longtemps possible leurs biens. C’est d’ailleurs peut-être pour cela qu’il ne s’est pas généralisé. Et depuis quelques années, ce sont les mêmes entreprises qui sont, encore et toujours, citées en exemple. Que la concurrence se réveille !

titre : aucune information n’est donnée au consommateur sur la durée de vie des produits, et il n’existe pas de bonus à l’achat de produits durables. Seul le secteur des ampoules est tenu d’indiquer leur espérance de vie aux clients. Ainsi, Carrefour revendique un allongement de la durée de vie des lampes à économie d’énergie de sa marque : le modèle standard est passé de 6 000 à 8 000 heures. « Mais d’après les fabricants, les consommateurs regar-dent plutôt la puissance et le prix pour se décider », signale Alain Geldron, chef du service « responsabilité élargie des producteurs », à l’Ademe. Les entreprises ne cherchent du coup pas spécialement à les 

faire durer plus longtemps. » « L’affichage ne va pas changer les comportements », reconnaît Marie-France Corre. « Les éti-quettes énergie, par exemple, sont conçues avec les données des filières, et ne sont donc pas discriminantes d’une marque à l’autre. L’idéal serait de savoir, en fonction de la durée de vie, sur combien d’années le prix d’achat serait amorti. » En attendant, l’ex-directrice des essais à l’UFC-Que Choisir plaide pour interdire les por-tables à un euro – les subventions des opérateurs occultent leur coût réel – et abolir les promos « 3 pour le prix d’1 », qui poussent à la conso. C’est d’ailleurs ce que vient de décider le plus grand libraire anglais, Waterstone.

6Transparence

5Service compris

Page 56: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

56 avril 2012 terra eco

ENSAVOIRPLUS

Cradle to Cradle

de William 

McDonough et 

Michael Braungart 

(Alternatives,

2011)

La Planète bazar

d’Annie Leonard

(Dunod, 2010)

Le bluff

technologique

de Jacques Ellul

(Hachette

Littératures, 1988)

Made to Break

de Giles Slade 

(en anglais) 

(Harvard

University Press,

2007)

L’Obsolescence

de l’homme

de Gunther Anders

(Tome 1, Ivrea,

2002 ; Tome 2,

Fario, 2011)

Prêt à jeter, documentaire

réalisé par Cosima Dannoritzer

www.bit.ly/gGGHsD

Le site de la série de vidéos

« Story of Stuff », d’Annie Leonard

www.storyofstuff.com

Le site du Centre national

d’information indépendante sur

les déchets (Cniid)

www.cniid.org

Le site de Green IT

www.greenit.fr

Combien ça dure chez vous ?Petit tour d’horizon des équipements du quotidien et de leur espérance de vie dans vos foyers.Par THIBAUT ScHEPMAN

66,7 %ORDINATEUR TROIS ANSUn chiffre qui tient compte des appareils fixes et des portables. (« Guide pour un système d’information éco-responsable » WWF, 2011)

Taux d’équipement en France

81,7 %AUTOMOBILE CINQ ANS Les véhicules sont plusieurs fois revendus, ce qui repousse l’âge moyen du parc à 8,1 ans, contre 5,90 en 1990.

(Comité des constructeurs français d’automobiles, chiffres 2009)

94,9 %LAVE-LINGE DIX ANS ET UN MOIS C’est dix mois de moins que la durée de vie avant une panne et un an et onze mois de moins qu’en 1971.(Revue Economie et statistique de l’Insee, de 1975 et Gifam, 2011)

97,5 %TÉLÉVISION DIX À QUINZE ANS Ça, c’était avec le tube cathodique des anciens postes.Les écrans plats ne vivent, eux, que cinq ans.

(Rapport Amis de la Terre-Cniid, 2010)

80,4 % TÉLÉPHONE PORTABLE UN AN ET DEMI En 2007, c’était 23 mois. Pour les 15-17 ans, le chiffre tombe à dix mois et vingt-huit jours.

(TNS Sofres pour l’Association française des opérateurs mobiles, 2007)

99,8 %

RÉFRIGÉRATEUR DIX ANS ET SEPT MOISC’est quatre mois de moins que la durée de vie avant une panne – presque onze ans – et trois ans et quatre mois de moins qu’en 1971.(Revue Economie et statistique de l’Insee de 1975, et Gifam, 2011)

Dossier

Durée moyenne de possession

Page 57: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…
Page 58: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

Avril. Le temps des semis pour les légumes d’été… Pour votre potager, Terra Acquatica propose un engrais bio, EcoFlor, qui se mélange avec de l’eau. Il contient des éléments organiques dégradables, des roches naturelles broyées, du purin d’orties et des extraits de compost de lombrics. Que du naturel pour votre jardin, et donc pour votre assiette !

Le + environnemental : produit bio.Prix : 15,50 euros le litre.www.terra-acquatica.com

58 avril 2012 terra eco

aGIr

dr

enGraIs en BIo

Quoi de plus laid qu’un pneu ? Pas ce sac, qui est pourtant conçu

en chambre à air recyclée par des femmes indiennes. Le projet est encadré par une ONG qui lutte

contre la pauvreté par la création d’articles de mode et de décoration, toujours en matières issues du

recyclage (ceintures de sécurité, centimètres de tailleurs, etc.). Une partie est vendue sur place, l’autre est exportée.

Le + environnemental et social : recyclage et lutte contre la pauvreté. Prix : 99 euros.www.marronrouge.com

Gonfl é, le sac !60 Ils changent le monde En Afrique du Sud, un potager pour revivre

62 Econ’o met le gaspi à genoux

64 A Mouans-Sartoux, la cuisine bio fait école

66 J’ai testé La vie sans horaires

68 Soon soon soon

70 Derrière l’étiquette Le micro-ondes passe sur le gril

72 L’alimentation Menaces amères sur le monde du chocolat

74 L’histoire Marmotte des Alpes, je t’aime… moi non plus

76 Cinéma

78 Livres

80 L’agenda

82 Côté couloir

Tribu nomade pour bébéVotre bébé tout bio,

dans ce body – pour les fi lles de 3 mois à

2 ans – aux couleurs orientales. C’est l’idée

de La Tribbu, marque de mode pour enfants. A chaque collection, un pays d’inspiration différent pour raconter un peuple du monde. Pour ce printemps, direction le Vietnam. Tous les vêtements sont cousus en Inde, équitablement, et entièrement en coton biologique.

Le + environnemental et social : coton bio et commerce équitable. Prix : 21 euros.

www.la-tribbu.com

Page 59: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 59

Pin ? Sarriette ? Romarin ? Le printemps a pointé le bout de son nez, c’est le moment de se rafraîchir… avec ces sirops aux saveurs inédites. Garantis sans colorants, ils sont concoctés par un couple amoureux de la nature et des plantes. Celles-ci sont cueillies à la main, en pleine Drôme. Et le tout est évidemment cultivé en agriculture bio ! Petit bonus, sur le site Internet – qui 

permet d’acheter les sirops en quelques clics – une multitude d’astuces pour apporter une touche suave  à vos recettes.

Le + environnemental et social : produits bios et fabrication française. Prix : 6,80 euros la bouteille de 50 cl.

www.siropsdeplantes-lepanicaut.frdr

Douceur angevineImaginez un petit coin de campagne angevine qui se transforme en… fluide cosmétique. Cette poudre de gommage pour le corps est concoctée par une herboriste qui cultive fleurs, plantes et huiles essentielles pour en faire des soins du visage, des déodorants ou encore des shampoings. Le tout est labellisé Cosmébio, 100 % végétal. Chaque produit est pensé puis élaboré dans l’atelier, à la main, respectant la tradition ancestrale. Le tout est vendu en ligne et dans des boutiques spécialisées.

Le + environnemental : cosmétiques bios.Prix : 41 euros.www.lesdoucesangevines.com

Du carton bien balancéUne balançoire dans votre salon ? 

N’exagérons rien, c’est avant tout un siège ou un fauteuil 

suspendu. On ne sait plus quel mot employer pour ce mobilier original, né dans le cerveau des designers de la société Orika. Toutes leurs créations sont en carton – en partie recyclé – et fabriquées  au cœur de l’Auvergne ! 

Le + environnemental : fabrication française, carton recyclé.Prix : 495 euros.www.mobilier-orika.com

Des plantes au fonD Du verre

Page 60: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

60 avril 2012 terra eco

En Afrique du Sud, un potager pour revivreDans le township d’Ennerdale, au sud de Johannesburg, séropositifs, enfants du quartier et habitants pauvres réenchantent leur quotidien en faisant pousser des fruits et des légumes. TEXTE ET PHOTOS : SOPHIE RIBSTEIN (à Johannesburg)

Annah affiche un large sourire, puis se livre. Les larmes coulent sur ses joues creusées : « Les légumes et les fruits ont changé ma vie ! Je suis séropositive et sous traitement antirétroviraux. Il y a trois ans, avant de venir ici, j’étais maigre comme un clou ; les médicaments me tordaient les boyaux parce que je ne mangeais pas correctement. Maintenant, je me régale de produits frais tous les jours. Je me sens bien plus forte, je n’ai plus besoin d’aller chez le médecin tous les mois. Et quand je jardine ici, j’oublie tous mes problèmes. » Dans le township d’Ennerdale, à 30 kilo-mètres au sud de Johannesburg, un petit potager change des vies.

Des légumes contre les ratsAutour s’élèvent de petites maisons de briques, entre les terrains vagues envahis par les herbes hautes. La plu-part des habitants ne travaillent pas,

Annah tient dans ses mains un poivron rouge et une patate douce à la peau rose. Elle les manipule avec précaution, comme des objets précieux.

A l’ombre d’un pêcher, la jardinière prend une pause. Le soleil est au zénith et la terre est rouge et sèche. C’est l’heure de la palabre avec les autres femmes qu’elle retrouve dans le jardin communautaire presque tous les jours. Au menu de la discus-sion : la confiture qu’elles vont pré-parer avec les fruits de l’arbre qui leur offre un peu de fraîcheur.

ils changent le monde l’asso

dans une Afrique du Sud rongée par le chômage (23,9 % de la population active). Et le sida continue de faire des ravages dans le pays le plus infecté au monde par la pandémie. C’est ici qu’il y a quatre ans Lettie Ngubeni a pris sa pioche et commencé à retourner la terre. La parcelle qui bordait le centre social qu’elle dirige était censée être un parc pour enfants. Mais les habi-tants venaient y déverser leurs ordures. « Je n’en pouvais plus des rats. Et, avec le VIH, on conseille aux malades qui viennent au centre de manger équilibré. Mais ils n’ont pas toujours de quoi se payer les légumes au supermarché. J’ai donc pensé qu’on pouvait les planter nous-mêmes pour améliorer l’apport nutritionnel des séropositifs, mais aussi des plus pauvres, explique la directrice du centre Osizweni (« celui qui vient en aide » en zoulou), ouvert par le

Le potager du township d’Ennerdale accueille de nombreux séropositifs, abrite un petit marché, nourrit les enfants du quartier… et fait des émules alentour.

Page 61: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 61

Secours islamique. Mais ce n’était pas facile, je ne savais pas comment faire pour que ça pousse ! » Née dans la province rurale du Kwazulu Natal, Lettie avait toujours vu sa mère planter des légumes. Mais quand elle débarque à Johannesburg à 19 ans pour trouver un emploi, elle oublie le travail de la terre et le rythme des saisons. « Pour moi, ici, on n’avait pas besoin de faire pousser des pommes de terre ou des betteraves. C’était bon pour la vie dans les campagnes ; ça n’allait pas avec le fait d’avoir un travail en ville. Et puis les courettes devant nos maisons me semblaient trop petites pour faire un potager. Il m’a fallu du temps pour comprendre que j’avais tort ! »

Piments, pastèques et patatesLettie finit par convaincre. Des femmes la rejoignent pour entretenir le jardin. Aujourd’hui, plus d’une cinquantaine de personnes s’investissent toute l’année. Les agents du ministère de l’Agricul-ture viennent les conseiller. Tous les jeudis, on décide des plantations ou on apprend à mieux s’alimenter dans les groupes de parole. En cette fin d’été austral, on récolte les betteraves rouges, les piments, les auber-gines, les pommes de terre, les haricots verts, les pastèques, les épinards… Ils nourrissent les enfants qui participent aux activités du centre l’après-midi. Au début du mois de mars, les jardiniers d’Osizweni ont aussi décidé d’ouvrir un petit marché. Ils vendent le surplus de légumes à très bas prix pour les gens du quartier. « Pour 15 rands (1,50 euro), j’ai 

acheté des patates, des carottes, des oignons et des tomates. Je ne pourrais jamais me payer tout ça autrement ! J’arrive de la clinique, mes défenses immunitaires sont au plus bas. J’en ai vraiment besoin », explique Portia Ncengwa. Cette séro-positive espère pouvoir venir jardiner ici quand elle sera plus en forme.

Convaincre les jeunesLe centre a fait des émules. Grâce au soutien du gouvernement qui distribue outils et graines, 750 habitants d’En-nerdale et des bidonvilles alentour ont

« J’ai réalisé tous les bienfaits de la terre. Je suis si fier de mon potager ! »Moosa Pitso, habitant du bidonville d’Ennerdale

Le centre social Osizweni

www.bit.ly/yw1BBRLe portail de l’agriculture urbaine

http://agriurbain.ning.comLe dossier de la FAO

www.fao.org/fcit/upa/fr/

Pour aller plus loin

lancé leurs propres jardins. Devant leur cabane de bois et de tôle, Moosa Pitso et sa femme Jamila plantent désormais de quoi nourrir leurs sept enfants. « Grâce à Osizweni, j’ai réalisé tous les bienfaits de la terre. Je suis si fier de mon potager et heureux de voir les voisins se mettre à jardiner aussi ! En deux ans, le township a déjà beaucoup changé », assure Moosa. Mais il faudra encore convaincre les jeunes. « Ils pensent toujours que, quand on plante, c’est parce qu’on est pauvre et qu’on a pas assez d’argent pour aller au magasin », déplore Alinah Mabaso, travailleuse sociale. Mais ils n’ont rien à faire de leurs journées… J’espère qu’en venant au marché ils saisiront qu’ils ont tout à gagner à participer. » Les graines n’ont pas fini de pousser à Ennerdale. —

Le potager du township d’Ennerdale accueille de nombreux séropositifs, abrite un petit marché, nourrit les enfants du quartier… et fait des émules alentour.

Grâce à son potager, Moosa Pitso et sa femme nourrissent leurs sept enfants.

Page 62: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

62 avril 2012 terra eco

dr

«Nous en avons assez qu’on nous dise : “ Stop ! ” » « Nous voulons écono-miser l’eau, sans res-

trictions. » L’un commence la phrase, l’autre la finit. Benoît Huguet et Olivier Conan sont sur la même longueur d’onde. Ces ingénieurs de La Rochelle (Charente-Maritime) lancent Econ’o, un boîtier qui devrait révolutionner cuisines et salles de bains. « Une cin-quantaine de familles l’ont testé et ont

divisé par deux leur consommation d’eau, indique Benoît, chargé du volet commercial. Un bon utilisateur peut faire jusqu’à 80 % d’économie. »

Pile d’assiettes salesTout part du genou de l’utilisateur, qui va commander le robinet. Un appui long et l’eau coule. Elle s’arrête quand la jambe se retire. Pour une utilisation prolongée, un premier appui court ouvre le robinet, un second le ferme. « Le genou

Econ’o met le gaspi à genouxLavabos, éviers… Comment éviter les écoulements d’eau inutiles ? Grâce à un petit boîtier créé par deux ingénieurs rochelais et qui s’adapte presque partout !Par FLORENCE MAÎTRE

ils changent le monde l’idée

vient naturellement s’appuyer contre le meuble et déclenche le robinet, quelle que soit la taille de l’usager », précise Benoît. L’eau ne coule donc plus quand on se brosse les dents ou qu’on s’attaque à la pile d’assiettes sales. Le boîtier peut équiper 90 % des meubles sous vasque et « un bricoleur très moyen le place sans difficulté en vingt minutes ».

Chantier naval et allumettesAvant de se lancer dans l’aventure Econ’o, les deux hommes dévelop-paient des systèmes à économie d’eau sur un chantier naval. « Il suffisait de concevoir le bateau avec des lavabos équipés de pompes à pied. Mais pour faire la même chose chez moi, il fallait refaire la plomberie ! », raconte Olivier, responsable technique. Il a donc étudié des mécanismes similaires, notamment dans l’agroalimentaire, où le genou s’appuyait sur une plaque d’Inox. Ce système encombrant a été réduit à un boîtier – gros comme une boîte d’al-lumettes – alimenté par une simple prise secteur, une batterie ou des piles. A l’intérieur, la puce et le logiciel ont demandé trois ans de recherche. « Ce sont des technologies spécifiques, com-mente Olivier. Pour les électrovannes qui se posent sur les arrivées d’eau, nous avons cherché des fournisseurs français avant de comprendre que cela ne se fabriquait qu’en Chine. » L’Econ’o est cependant presque entièrement conçu à Lorient, dans le Morbihan. Il sera mis en vente cet été, à 200 euros environ. Avant d’être proposé à l’achat d’une cuisine équipée. On aurait – presque – envie de se jeter sur sa vaisselle ! —

Page 63: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

dr

Page 64: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

Qui a dit que les écoliers rechi-gnaient pour se mettre à table ? A Mouans-Sartoux, dans les Alpes-

Maritimes, c’est tout le contraire. Et pour cause : à la cantine, du 100 % bio, cuisiné sur place. L’histoire commence en 1999, lors de la crise de la vache folle, avec l’introduction du bœuf issu de l’agriculture biologique. Puis, petit à petit, davantage d’aliments, et depuis janvier, l’intégralité. Ce choix, au coût élevé, est compensé par des économies. « On ne travaille plus à la portion, mais au kilo, explique l’adjoint à l’éducation, Gilles Pérole. On cuisine  juste ce qu’il  faut, puis on distribue les fruits en quartiers. » En dix ans, la cantine a diminué ses

A Mouans-Sartoux, la cuisine bio fait école

déchets alimentaires des trois quarts. Et, pour ne rien gâcher, une partie des fruits et légumes est cultivée à quelques mètres de l’école. Ne trou-vant pas de produits bios locaux, la mairie a acheté des parcelles de terre et embauché un agriculteur !

« Rapport affectif aux légumes »Mais le bio ne fait pas tout. Pourquoi les enfants terminent-ils leurs blettes sans broncher ? « Comment leur faites-vous manger des légumes ? », interrogent les parents, ébahis. C’est simple : les petits mettent la main à la pâte. « Ils plantent, arrosent la terre et nouent un rapport affectif avec les légumes », commente l’adjoint. Chaque jour, 960 enfants profitent du jardinage et des légumes bios. Le prix des tickets-repas s’éche-lonne entre 2 et 5,30 euros, selon les revenus. Et pour faire un pied de nez aux clichés, il n’a pas augmenté avec le passage au tout bio. —www.mouans-sartoux.net

64 avril 2012 terra eco

Dans cette ville proche de Cannes, les écoliers mangent, à la cantine, les légumes qu’ils cultivent eux-mêmes. Par ANAÏS GERBAUD

Vous avez un projetpour changer le monde ?

[email protected]

ils changent le monde la villem

airie

de

mou

ans-

sarto

ux

30 kmAlpes-Maritimes

Var

Italie

Mouans sartoux

LECTEURS, À VOS PROJETS !

La bourse aux

projets, c’est

désormais tous les

mois ici-même (lire aussi

page 4) ! Crise énergétique,

affaiblissement des solidarités,

mise en péril de la biodiversité…

Les raisons d’inventer un

nouveau monde sont légion.

Alors, si, à l’image du magazine

que vous tenez entre les mains,

vous avez un projet en tête

visant à changer votre pâté de

maison, l’humeur de vos voisins

ou même la course des planètes,

ces colonnes vous sont ouvertes.

L’espace est libre et collaboratif :

bienvenue chez vous ! Echangez

vos bons plans et confrontez

votre projet à la critique. Venez

nous raconter votre expérience,

vos doutes ou même vos échecs.

Deux adresses pour cela :

[email protected]

www.terraeco.net/a42348.html

Page 65: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…
Page 66: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

julie

n co

uty

- ht

tp://

co3p

oint

s.fre

e.fr

/ the

noun

proj

ect.c

om

66 avril 2012 terra eco

Au rayon des expérimentations épineuses, et pour mettre en application nos préceptes (voir Terra eco n° 30 et son dossier « Ralentir »), voici

la semaine sans horaires. Sept jours sans consulter une montre. Autant cracher la Valda d’emblée : je peux ingurgiter des graines ou tricoter des écharpes, mais vivre hors du temps, non. A moins de se retirer dans un hôpital psychiatrique, ce test est de toute façon impossible à réussir pour une urbaine suuurbooookée.Dans un premier temps, j’ai tenté de ne pas « savoir » l’heure durant toute une journée. Mais avez-vous déjà constaté à quel point nous sommes cernés par les horloges ? Avant, le

in vivo

clocher de l’église occupait cette fonc-tion, puis vint la sirène de l’usine. Aujourd’hui, ce sont quatre chiffres rouges ou verts affichés sur le four, le radio-réveil, etc. Dans la rue, les enseignes des pharmacies jouent les pendules, comme les panneaux du métro. Chaque minute qui passe semble incontournable sur le télé-phone, l’ordi… Même nos e-mails sont étiquetés par le temps. Bilan de cette journée : mon regard a croisé 17 fois une horloge.J’ai tout de même essayé de jouer le jeu à Paris, lors d’une semaine classique avec réunions, déjeuners et confs de presse. Déjà qu’avec une montre, c’était pas ça ; là, impossible d’être à l’heure. Mes rendez-vous de

la mi-journée ont tous pris au moins trente minutes dans la vue – je n’avais pas faim avant 14 heures – et je ne suis jamais sortie du boulot avant 21 heures. Quant aux réveils, ah, ah !

Moments du jour préférésNormal, nos journées s’étendent natu-rellement en soirée. « Au XXIe siècle, les gens se couchent aux environs de 23 heures, contre 21 heures dans les années 1950. Près de 50 % des actifs parisiens travaillent occasionnellement ou régulièrement entre 20 heures et minuit », m’annonce-t-on au Bureau des temps (lire l’encadré), à Paris.L’ensemble du test aboutit donc à une réflexion générale sur mon rapport au temps, sur la place du travail dans une journée – et donc dans ma vie –, sur mes moments du jour préférés, sur mes besoins en sommeil, etc. Sans horaires dans le ciboulot, se fabriquer des repères temporels s’avère assez rigolo…La radio s’allume ? On frôle les 8 heures du mat’. Info confortée par les cris d’écoliers sur mon trottoir. Je sais qu’ils vont à la piscine qui jouxte mon immeuble. A ce moment-là, il doit être plus de 8 h 30, et même pas 9 heures. Soit je décide de faire infuser mon thé vert bio, soit je me rendors.

RYTHMES DE VIE : LIbERTé ET InégaLITéSL’Espace des temps à Saint-Denis, la Maison du temps à Belfort,

l’Agence des temps à Poitiers, le Bureau des temps à Paris… Ces lieux

ont en commun d’être des espaces de médiation qui cherchent

à mieux comprendre nos rythmes de vie. Sachez ainsi qu’en France,

un tiers des employés changent d’horaire de travail d’une semaine

sur l’autre. A Paris, un tiers des salariés travaillent en horaires

décalés, en soirée ou le week-end. Le temps libre, celui qu’on passe

à trinquer ou à rêver, se limite à trois heures par jour pour ces

messieurs et deux heures trente pour nous, les femmes. L’inégalité

infuse jusque dans notre rapport au temps !

Je jette ma montre, je bazarde le radio-réveil et je zappe les horloges. Vivre hors du temps ? Plus facile à faire en vacances qu’au boulot. Mais l’expérience vaut le coup,

histoire de découvrir le vrai rythme de son corps et de son cerveau.Par LAURE NOUALHAT / Illustration : JULIEN COUTY pour « Terra eco »

Page 67: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 67

julie

n co

uty

- ht

tp://

co3p

oint

s.fre

e.fr

/ the

noun

proj

ect.c

om

C’est à quelle l’heure, la récré, déjà ? Et mince ! J’ai lâché la rampe du temps.

Je n’ai qu’à attendre les piaffements de l’école d’à côté pour me lever à l’heure de la récré ! Mais c’est à quelle heure, la récré, déjà ? Et mince, j’ai lâché la rampe du temps !

Margarita-glandouillePuis vint le temps de l’exil. Durant plusieurs semaines, je me suis retrouvée en « vacances-marga-rita-glandouille ». Dès lors, le test

devint beaucoup plus simple. Il suffit d’éteindre son téléphone et de se retirer dans un vortex spatio-temporel. Une plage déserte face

Vous aussi, vous avez testé la vie sans votre montre ? au boulot ou en vacances (même si ce n’est pas à Zanzibar), à la montagne, à la campagne ou dans le jardin de mamie ? Racontez-le-nous sur votre blog : www.terraeco.net/blogs

à l’océan Indien fait très bien l’af-faire. Le temps de se décrotter de ses manies, l’indicateur du temps devient alors interne. Car se passer de l’heure revient à s’en remettre à nos rythmes circadiens, calqués sur l’alternance du jour et de la nuit, et qui contrôlent certaines horloges biologiques chez les mammifères.

Une plénitude pêchueA deux pas de l’équateur, le jour se lève vers 6 heures et la nuit tombe à 19 heures. Il fait faim environ vingt minutes après le réveil. Puis, quatre heures plus tard. Mais qu’en sais-je, dans le fond ? Je mangeais quand j’avais faim, je dormais quand j’avais sommeil, je commandais ma première margarita juste avant que le soleil ne plonge dans l’océan… En somme, on peut s’affranchir des contraintes horaires plusieurs semaines par an : il suffit de prendre des vacances ! Ne vous foutez pas de moi, ça frise le scoop pour bibi. Avantage annexe : gavé de soleil, mon corps a pro-duit un paquet de sérotonine en journée, provoquant une plénitude pêchue à mille lieues des humeurs apocalyptiques que je chéris. La nuit, un somnifère naturel – la mélatonine – me plongeait dans un sommeil bienfaisant. Bref un seul conseil : tous à Zanzibar ! —

Page 68: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

68 avril 2012 terra eco

Sur le divan avec RubyBesoin d’un nouveau psy ? Confiez

vos états d’âme à l’agent Ruby,

un personnage artificiel créé par

l’artiste Lynn Hershman. Attention,

ce n’est pas un pauvre moteur qui

identifie un ou deux mots dans

vos phrases pour vous répondre

des trucs qui n’ont aucun sens. Cet

agent-là apprend à votre contact.

Il en résulte un échange naturel et

bluffant. On se croirait presque sur

le divan. Allongez-vous !

http://agentruby.sfmoma.org

La peluche au téléphoneAllô, c’est qui ? Dans une vidéo qui

circule sur le net, on voit un Furby

– une peluche interactive cousine

du Gremlin – qui discute avec une

application d’assistant personnel de

smartphone. L’animal apprend et

renvoie, dans sa langue « furbish »,

des mots à la machine. Qui exécute

les ordres sans broncher et compile

ses réponses. Ils ne seraient pas en

train de se moquer de nous dans

notre dos, ces deux-là ?

www.bit.ly/utaOal

soon soon soon

Intelligence artificielle, mon amour !Et si vos potes ou votre petit(e) ami(e) étaient des robots ? Mais attention, pas n’importe lesquels ! De ceux qui discutent et qui apprennent à vos côtés. Des êtres parfaits ?Par ALEXIS BOTAYA

Demain, le prince charmant existera. Mais il sera artificiel. Une intelli-gence artificielle (IA) capable de

raisonnements et d’émotions simulées. Il apprendra à votre contact et pensera par lui-même. L’IA sera omniprésente :

« Terra eco » vous présente tous les mois une tendance futuriste et décalée, dénichée par l’un des « éclaireurs » de Soon Soon Soon, le webmagazine des styles de vie du futur : www.soonsoonsoon.com - Pour d’autres expériences, branchez votre e-mail : www.soonsoonsoon.com/news

dans votre cuisine, votre voiture, en salle de réunion… On verra alors émerger de nouveaux comportements et des ques-tions éthiques. Est-il sain d’avoir pour pote un robot ? Peut-on vraiment aimer une IA ? Certains d’entre nous se feront

peut-être berner. Il n’est pas impossible néanmoins que l’humain vous manque, que les erreurs et le non-programmé deviennent des valeurs recherchées. On verra dans les défauts de chacun des pépites à préserver : le luxe d’être imparfait. —

soon

soo

n so

on

Expérimentez le futur dès maintenant

Chifoumi avec un robotPierre-feuille-ciseau avec un

robot… Ou plus précisément

avec une intelligence artificielle

(IA) qui apprend – très vite ! – en

jouant avec vous. Plus vous vous

entraînez, plus elle est capable

d’anticiper vos coups. En mode

« novice », elle part de zéro et

n’est pas très douée mais si vous

passez au mode « vétéran », ça

risque de devenir nettement plus

compliqué ! L’IA calcule vos coups

à partir d’une base statistique de

200 000 échanges.

www.nyti.ms/bn8zB6

Une histoire de fous Et si à force de discuter avec des

robots, on ne les distinguait plus

des hommes ? Expérimentez le test

de Turing. Imaginé il y a plus de

soixante ans par le mathématicien

qui a aidé les Alliés à briser les

codes secrets allemands pendant

la Seconde Guerre mondiale,

il vous permet de savoir si vous

avez affaire à une intelligence

artificielle ou à un être humain.

Attention, questions pointues !

www.bit.ly/bFGpdu

Page 69: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…
Page 70: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

70 avril 2012 terra eco

Le micro-ondes passe sur le grilCuisson, goût des aliments, sécurité du consommateur… Questions incontournables et réponses pratiques pour cohabiter avec le roi du surgelé et des plats rapides. Par ALEXANDRA BOGAERT

Pratique, rapide, il évite de multiplier les plats : 85 % des ménages français en ont un. Voici le four à micro-ondes.

Cet objet, qui s’est incrusté dans la cuisine comme une moule à son rocher, est-il sans danger ?

Comment mon poulet-purée sorti du frigo se réchauffe-t-il ?« Le micro-ondes utilise les propriétés thermiques des radiofréquences », expose la Fondation santé et radiofréquences, qui a pour mission d’encourager les efforts de recherche concernant les effets des ondes électromagnétiques. Celles-ci font vibrer les molécules d’eau contenues dans les aliments. Le mouvement produit un frottement, re

flekc

ija -

foto

lia

derrière l’étiquette

Pourquoi ne dois-je pas mettre un œuf à cuire avec sa coquille ?Il ne faut pas faire chauffer un produit hermétiquement fermé parce que les molécules contenues dans les aliments dégagent de la vapeur d’eau. Le réci-pient, par surpression, peut exploser.

Le micro-ondes modifie-t-il la composition de mes aliments ?Autrement dit, manger un plat cuit ou réchauffé au micro-ondes, est-ce risquer de développer un cancer ? Absolument pas, martèle Patrick Le Dévéhat, directeur technique du Gifam, le Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils d’équipement ménager. « Les micro-ondes ne sont ni irradiantes ni radioactives, elles ne 

des collisions, et provoque une hausse rapide de la température. A l’arrêt du four, les micro-ondes disparaissent.

Où placer mon bol de soupe pour qu’il réchauffe au mieux ?Sur le bord du plateau tournant. Parce que, comme l’explique le physicien Jean-Michel Courty, de l’université parisienne Pierre-et-Marie-Curie, le chauffage n’est pas homogène. Les ondes n’ont pas la même intensité dans toutes les parties du four, et certaines parties des aliments y sont plus exposées que d’autres. C’est pourquoi le plateau est tournant. Si vous mettez votre bol au cœur du four, il tourne en rond, sur lui-même, et est donc finalement toujours exposé aux mêmes ondes.

Page 71: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

Le site de la Fondation santé

www.sante-radiofrequences.orgLe blog du physicien

Jean-Michel Courty

http://blog.idphys.frLe Groupement interprofessionnel

des fabricants d’appareils

d’équipement ménager

www.gifam.fr

terra eco avril 2012 71

changent pas l’ADN des aliments. » Une étude, réalisée en 1991 par deux scienti-fi ques suisses, fait pourtant le lien entre consommation d’aliments cuits au micro-ondes et augmentation anormale du nombre de globules blancs dans le sang. Mais cette assertion n’a pas été validée par d’autres rapports, qui concluent au contraire à l’innocuité de ce mode de cuisson. Par ailleurs, le Conseil européen d’information sur la nourriture – organisation cofi nancée par l’industrie agroalimentaire et la Commission européenne – note que « les plus hauts niveaux d’énergie utilisés par les micro-ondes tendent à réduire les temps de cuisson ». De ce fait, « la quantité de vitamines restant après ce type de cuisson est parfois plus importante qu’après une cuisson traditionnelle ».

Est-ce que les micro-ondes peuvent s’échapper du four ?Les fabricants s’alignent tous sur une norme établie il y a trente ans. Elle a fi xé au plan international les niveaux de sécurité et de fuites d’ondes tolérés des fours. Ce seuil est établi à 50 watts/m2, à 5 cm de l’appareil en marche. Un seuil qui n’entraînerait pas d’échauffement de vos joues s’il vous prenait l’envie de coller votre visage à la porte de votre micro-ondes en marche.Et même si celui-ci venait à perdre de son étanchéité, Patrick Le Dévéhat le jure : « Les tests complexes que les fabricants font subir à leurs produits montrent que le consommateur est hors de danger. » Le marquage « CE » que doivent obtenir les fabricants pour commercialiser les fours sur le marché européen en atteste. L’Organisation mondiale de la santé ne dit pas autre chose. Par ailleurs, « il ne faut qu’une micro-seconde  pour  que  le  champ électromagnétique  s’arrête  quand  la porte s’ouvre. » Cela vaut à l’intérieur re

fl ekc

ija -

foto

lia

du four comme pour les aliments qui en sortent : s’ils ne sont plus traversés d’ondes, ils n’en dégagent aucune.

Puis-je me précipiter sur mon plat dès que je le sors du four ?Les notices conseillent au consom-mateur d’être patient, et d’attendre de dix à vingt secondes avant de manger son plat réchauffé. Du bon sens auquel s’ajoutent des considéra-tions de sécurité. Surtout au moment de chauffer une boisson : il arrive que des liquides, dans le micro-ondes, atteignent, voire dépassent, leur point d’ébullition mais qu’ils n’en présentent aucun signe (comme la formation de bulles). Or, si vous êtes pressé d’ajouter votre dose de café soluble dans l’eau chaude, « vous pouvez provoquer une ébullition spontanée qui vous explose au visage », au risque de vous brûler

« Les micro-ondes ne sont pas radioactives, elles ne changent pas l’ADN des aliments. » Patrick Le Dévéhat, du Groupement interprofessionnel des fabricants d’appareils ménagers

« Les apprentis Z’écolos » et le steakDécouvrez comment votre bout

de barbaque saigne la planète

dans cet épisode de la série

de dessins animés de « Terra eco » *.

A visionner sur : www.terraeco.net

* En coproduction avec Télénantes et Six Monstres.

Pour aller plus loin

FOUR, BOUILLOIRE OU PLAQUES ?Des élèves d’une école de

commerce suisse ont cherché

le moyen le plus économe en

énergie pour chauffer 3 décilitres

d’eau à 100° C. La bouilloire

est le mode de chauffage le

plus rapide et le plus économe

en énergie. Elle devance

le micro-ondes. Viennent

ensuite la plaque chauffante

puis le réchaud à gaz. Pour le

chauffage des plats (on retire

donc la bouilloire de la course),

l’avantage va au micro-ondes

car il n’y a pas de déperdition de

chaleur vers l’extérieur, comme

c’est le cas pour une casserole

posée sur une plaque.

www.bit.ly/yyb7hA

sévèrement, commente Jean-Michel Courty. Pour éviter l’accident, mieux vaut donc attendre quelques dizaines de secondes avant d’agiter l’eau.

Pourquoi, quand je fais chauffer ma soupe, mon bol est-il brûlant mais pas mes légumes ?« Ça dépend du matériau de votre conte-nant, poursuit Jean-Michel Courty. S’il est en verre, il ne chauffera pas. Mais le métal ou l’aluminium, éléments très conducteurs, provoqueront des étincelles. D’autres, comme les plats à tarte spéciaux parfois fournis avec le four, absorbent l’énergie de la micro-onde et chauffent. C’est pour ça qu’on peut faire cuire sa pizza au micro-ondes. » Ding ! Allez, allez, à table ! —

Page 72: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

72 avril 2012 terra eco

Menaces amères sur le monde du chocolatPanique chez les amateurs de grands cacaos : une variété sud-américaine s’incruste chez les petits artisans. Son rendement est fabuleux mais sa saveur médiocre. Faites entrer l’accusée. Par EMMANUELLE VIBERT

Le chocolatier belge Pierre Marcolini connaît tous les producteurs de ses fèves de cacao par leur prénom. Pourquoi ? Parce qu’il contrôle

toute sa filière, quand la plupart de ses confrères se fournissent auprès de mêmes maisons spécialisées – il en de

nis

clos

on -

isop

ix -

sip

a

l’alimentation

existe deux ou trois –, en matière pre-mière, en chocolat dit « de couverture ». Marcolini est, lui, parti à la recherche des meilleurs planteurs au Venezuela, à Madagascar et à Java. Désormais, il est autonome. Et parle de ses différents crus avec fierté. D’autant que leur diversité

est, selon lui, menacée : « En Equateur, 30 % à 40 % des plantations anciennes sont arrachées au profit d’une espèce de moins bonne qualité, qui pousse en douze mois », alerte-t-il.

A l’ombre des bananiersSon nom ? Le CCN 51. Les amateurs de grands crus de cacao en parlent comme du diable en personne. Cette bête noire est un hybride créé en Equateur dans les années 1970. Son rendement est extraordinaire. Quand il faut attendre plusieurs années pour que les variétés traditionnelles soient productives, le CCN 51 offre des cabosses en nombre – autour de quatre fois plus – dès la première ou deuxième année. Il est par ailleurs très résistant aux maladies. Mais pourquoi dérange-t-il autant ? Primo, on lui reproche son goût médiocre. L’Equateur est le plus grand fournisseur au monde de cacao dit « fin », celui recherché par les gour-

Pour élaborer son chocolat, Pierre Marcolini se fournit auprès de planteurs de cacao artisanaux, pas de maisons spécialisées en matière première.

Page 73: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

La blette se nomme tout autant

bette et vient de Babylone. C’est sa

lettre de noblesse. Que lui arriva-

t-il, à cette plante potagère, pour

qu’on l’appelât, un jour, légume du

pauvre ? C’est qu’elle pousse, dès le

printemps, sur toutes plates-bandes,

même les plus vilaines. Sans tracas

au jardin, l’amateur de potage la

cultivait en masse. Surtout au Moyen

Âge. Cette herbe à pot figurait au

firmament des tambouilles : « Bettes 

semez en mars ; et, quand elles sont 

bonnes à mengier, soient coupées 

près de la racine, car tousjours 

rejettent et recroissent et deviennent 

porées », dit le traité – de morale et

d’économie domestique – Ménagier

(XIVe siècle). Son compère poireau la

côtoyait en potage, jadis « porée ». Si

bien qu’on la nomma aussi « poirée ».

Puis, la fortune tourna. Quand sa

parente betterave connut prospérité,

la blette souffrit de désamour.

La betterave n’est pourtant qu’une

blette rave, racine de celle-ci. Et

pourtant son sucre eut du succès, dès

le XIXe siècle, quand la blette pâlissait.

Mais celle-ci a de la ressource.

Feuilles, dites vert, et côtes, dites

cardes, la composent, soit deux repas

en une botte. Deux familles

fréquentent aujourd’hui les étals,

la Blonde à carde verte et la Verte

à carde blanche. Ne les confondons

point avec le cardon, cousin de

l’artichaut. La Verte est de Nice.

La Blonde vient de Lyon. Les cardes

amères finiront en gratin, quand

le vert délicat fourrera des chaussons.

Alors, elle est pas belle, ma blette ? —

Pas bête, la blettepar Miss Bouffe

terra eco avril 2012 73

jf gi

cque

l - fo

tolia

mets. 75 % de sa production est classée dans cette catégorie par l’Organisa-tion internationale du cacao. On vante partout les notes florales de sa variété « Arriba nacional ». Le CCN 51, moins savoureux et plus amer, commence à entacher cette réputation.Secundo, on accuse l’hybride de menacer la biodiversité. Depuis les années 1990 en Equateur, on voit surgir des rangées de CCN 51 à découvert. Contrairement aux autres variétés, ces cacaotiers nouvelle génération n’ont pas besoin de grandir à l’ombre d’autres arbres, comme les bananiers. « On ne peut pas dire qu’on sacrifie des forêts pour lui, affirme cependant Philippe Bastide, chercheur au Centre de coo-pération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), puisqu’on le plante généralement dans la savane, dans des zones sèches. Mais la monoculture, monovariétale, c’est toujours dangereux. »

Amour et passionnésEt le CCN 51 marque des points hors de l’Equateur. Il s’installe au Brésil, au Pérou, en Bolivie… Va-t-il conquérir le monde ? « Il va très certainement se répandre encore beaucoup, estime le spécialiste de la filière cacao. Mais probablement pas sur d’autres conti-nents. Il pourrait propager avec lui des maladies auxquelles les espèces améri-caines résistent mais qui ravageraient les plantations africaines. Je ne pense pas que les planteurs prendraient ce risque. »La question du CCN 51 devrait donc rester cantonnée à l’Amérique du Sud. Mais, pour Laurence Alemanno, c’est « un problème classique de mondiali-sation ». Elle aussi a été chercheuse en cacao au Cirad. Depuis quelques années, elle déniche et vend, dans sa de

nis

clos

on -

isop

ix -

sip

a

boutique Chocolatitudes du XIVe arron-dissement de Paris, des chocolats pro-duits avec amour par de petits artisans passionnés. « D’un côté, lance-t-elle, il y a l’uniformité, l’industrie, la grosse artillerie, le court terme. De l’autre, ceux qui bataillent pour la biodiversité, le goût, l’humanité ! »

Désirs de « choco-addicts »« Les planteurs ont deux options, explique Philippe Bastide : soit produire plus pour gagner plus avec le CCN 51, soit cultiver mieux pour gagner davantage, avec des variétés plus rares. Le problème est que la seconde stratégie ne rapporte pas assez. Il ne faut pas rejeter le CCN 51 en bloc car cela leur donne accès au crédit et leur permet de se développer. » Une solution ? «  Investir  dans  la recherche pour trouver d’autres espèces très productives. C’est le seul moyen pour répondre à la demande croissante de chocolat, sans menacer la diversité », conclut Philippe Bastide. Mais d’ici là, comment va-t-on assouvir nos désirs de « choco-addicts » exigeants ? Laurence Alemanno milite pour le « moins mais mieux » : « Il faut arrêter de tout vouloir sans limite ». Allez, un petit shoot – en poule de Pâques, par exemple – de bon chocolat noir, intense, riche en arômes, et ça repart. —

« 30 % à 40 % des plantations anciennes sont arrachées au profit d’une espèce qui pousse en douze mois. »Pierre Marcolini, chocolatier belge

Le site du chocolatier Marcolini

www.marcolini.beLe site de la boutique

de Laurence Alemanno

www.chocolatitudes.comL’Observatoire international

du cacao

www.icco.org

Pour aller plus loin

Page 74: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

74 avril 2012 terra eco

Dans le village de Prapic, le petit rongeur est devenu une attraction touristique. Mais l’ambiance n’a pas toujours été au beau fixe entre l’animal et les agriculteurs, qui lui seraient bien tombés sur le poil. Par CÉCILE CAZENAVE

Quand il avait vingt ans, « Joujou » arrondissait ses fins de mois d’agriculteur en vendant de la graisse de marmotte fraîchement

chassée. Un pharmacien de Lyon la lui achetait pour en faire des pommades contre les rhumatismes. « J’attendais l’automne, quand elles étaient bien grasses, avant l’hiberna-tion, et couic ! », se rappelle le vieil homme, dans un éclair de malice. Soixante ans plus tard, dans le pe-tit village de Prapic (Hautes-Alpes), Joujou ne peut plus leur tordre le cou, sous peine d’amende. A vrai dire, humains et marmottes s’enten-dent désormais plutôt bien. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

Congénères poiluesEn 1973, c’est ici que fut créé le Parc national des Ecrins, le cinquième des neuf parcs nationaux français, et le plus vaste. Entre Gap, Grenoble et Briançon, entre Hautes-Alpes et Isère, ses 918 km² accueillent pas moins de 150 sommets de plus de 3 000 mètres. Tout au bout de la vallée du Drac

l’histoire

Marmotte des Alpes, je t’aime… moi non plus

Pour faire baisser les effectifs, les agents du Parc national des Ecrins ont, en 2003, injecté un contraceptif aux marmottes.

noir, dans le Champsaur, le village de Prapic, perché à 1 500 mètres d’al-titude, en est l’une des portes d’en-trée. La faune sauvage y devient donc protégée. A l’époque, l’exode rural a déjà fait son œuvre. La trentaine de grosses maisons rustiques en pierre sont pour la plupart désertées. Mais une poignée d’agriculteurs-éleveurs de montagne, encore vaillants, voient rouge en comprenant que la chasse aux marmottes appartient au passé. « Ici, elles étaient considérées comme nuisibles, explique Daniel Briotet, aujourd’hui responsable de la zone pour le parc. Mais, par le piégeage, les paysans avaient le sentiment de tenir l’animal à distance. » Les effectifs de rongeurs et la frustra-tion des humains grimpent simulta-nément. Il faut dire que le plateau de Charnière, au-dessus du village, est devenu un terrain de jeu. « C’est l’en-droit idéal, commente Michel Francou, garde-moniteur du parc et spécialiste des marmottes. C’est un mélange de prairies bien entretenues pour se nourrir et de talus pour creuser des terriers. »

Faits de pierres et de terre, ces derniers abîment souvent les outils agricoles – voire les cassent – au moment de la fauche des prairies fourragères.Soucieux de préserver la paix sociale à Prapic, les agents du parc tentent d’abord d’envoyer une partie des ron-geurs voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Piégés, ils sont expédiés vers d’autres parcs. Un suivi scientifique met en place des comptages réguliers. « Nous nous sommes rendus compte que ça ne servait à rien d’enlever des marmottes  ! », se souvient Michel Francou. La nature ayant horreur du vide, les congénères poilues des pentes descendent fissa sur le plateau remplacer les émigrées.

Auberge, musée et piluleLe printemps 2003 menace de sonner définitivement le glas de l’entente cor-diale entre le parc et les agriculteurs. A la sortie de l’hibernation, le nombre de marmottons a littéralement explosé. « On allait se faire pourrir, il  fallait prendre les devants », raconte Michel Francou. Les agents se lancent dans

30 kmHautes-AlpesIsère

Alpes-de-Haute-Provence

ItaliePrapic

Page 75: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 75

greg

or le

ngle

r - la

if -

réa

une grande enquête auprès de leurs collègues européens et internationaux, et trouvent une solution. Pour faire baisser les effectifs, ils décident de contrôler la natalité et d’administrer par injection… un contraceptif aux marmottes. Mal leur en prend. La presse locale titre « Les marmottes prennent la pilule ». La nouvelle se répand au-delà du département, et se transforme en scandale au-dessus de la Loire. En Allemagne, le Berliner Zeitung publie même un article sur le « coup de frein à l’activité sexuelle des 

marmottes ». Les représentants du parc doivent finalement s’expliquer devant les membres du Conseil national de protection de la nature. On siffle la fin de l’expérience.Mais, à Prapic, marmottes et agri-culteurs ont en fait fini par trouver un compromis. Au fil des ans, le rongeur est même devenu une res-source économique pour les quelques familles qui demeurent au village. « Ici, c’est Marmotte City », lance le vieux Joujou qui a ouvert un petit musée, une auberge et un camping.

Dès le printemps, les touristes poussent jusqu’à ce bout de vallée pour montrer les rongeurs pléthoriques – et « si mignons » – aux marmots. « Ce sont les mêmes personnes qui subissent les marmottes et en vivent ! », se réjouit Michel Francou.

Le dernier éleveur de PrapicLes terriers fleurissent toujours dans les champs. Et notamment sur les 60 hec-tares de la famille Dusserre-Bresson, la dernière à cultiver à Prapic. Eux aussi ont ouvert chambres et table d’hôte, auberge et gîte. « Entre mes revenus agricoles et mes revenus touristiques, c’est du simple au double ! », souligne Alban Dusserre-Bresson, qui estime commercialiser 3 000 à 4 000 nuitées touristiques par an. Depuis la mort de son père il y a quelques mois, le jeune éleveur de 26 ans a dans ses mains le destin du village. S’il renonce à l’agriculture, le splendide paysage de terrasses entretenues sera rendu à la nature sauvage. Les marmottes perdront alors leur terrain préféré et se disperseront sous les broussailles. Les touristes pour-raient se détourner dans la foulée. Mais, à Prapic, la guerre est finie entre l’agriculteur, le parc et les marmottes. « Dans la vallée, ils ont bien des taupes, nous avons les marmottes, c’est tout », lance Alban. Le jeune homme compte, lui, sur l’existence du parc national pour lui permettre de valoriser son cheptel de 3 000 brebis, en créant un label. Il sait qu’il peut compter sur les agents pour soutenir son projet. Car eux comptent sur lui pour préserver un patrimoine à la fois humain et naturel. Et laisser ainsi les marmottes vivre – et dormir – en paix à Prapic. —

Pour aller plus loin

Le site du Parc des Ecrins

www.ecrins-parcnational.frArticle sur la contraception

des marmottes

www.bit.ly/AexV8PSite de photos sur la marmotte

www.bit.ly/y4DNDT

Dans les Alpes, les marmottes étaient considérées comme des nuisibles par les éleveurs de la région.

Page 76: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

76 avril 2012 terra eco

enrichissez-vous / cinéma

dr

La nuit nomadeDE MARIANNE CHAUDEN SALLES LE 4 AVRILLa vie nomade disparaît peu à peu face à l’urbanisation et à la diffi culté de vivre de l’élevage traditionnel. Dans le sud-est du Ladakh, ancien royaume bouddhiste à la frontière du Tibet chinois et du Pakistan,

chaque automne connaît son lot de départs pour Leh, la capitale de la région, où les bergers deviennent ouvriers journaliers après avoir vendu leur troupeau au boucher. Le documentaire raconte une dernière transhumance loin de la ville, sur des hauts plateaux du Karnak (4 500 mètres d’altitude), où la réalisatrice suit le mouvement des troupeaux et des bergers qui se déplacent de campements en campements, en quête de nourriture. Toldan et Dholma, la trentaine, ont envoyé leurs enfants en pension à la ville et envisagent de les rejoindre.

Tundup, vieux berger, s’occupe de ses bêtes avec son fi ls, Kenrap, qui rêve d’une vie plus douce à la ville. Ils sont fi lmés dans leurs tâches quotidiennes – la tonte à la main, l’arrachage des buissons pour nourrir le bétail, la construction et la déconstruction des murets de pierres, qui faute de bois, forment les enclos… On sent bien qu’il s’agit des vestiges d’un monde presque perdu mais le récit n’a rien de folklorique et se construit plutôt comme un dialogue, amusé, triste, souvent intime, entre la réalisatrice, qui connaît parfaitement cette région et parle le dialecte local, et des bergers devenus ses amis. Grâce à un tournage au long cours, réalisé seule, elle parvient à montrer l’absorption de ces bergers dans cet environnement rude, exigeant, qui a forgé leur identité, mais aussi à recueillir leurs doutes et leurs aspirations à une vie meilleure. —ANNE DE MALLERAY

À VOIR LA DERNIÈRE MARCHE

Page 77: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 77

A pas de loupD’OLIVIER RINGEREN SALLES LE 11 AVRILCathy, (petite) fi lle unique, s’ennuie sec à la campagne. Son père ne veut pas l’emmener à la pêche parce qu’elle fait trop de bruit et sa mère ne veut pas qu’elle se salisse. Heureusement, le fermier du coin lui a offert des graines magiques, qu’elle couve amoureusement en comptant jusqu’à 12 000, pour voir si elles poussent. Mais son père roule dessus… Puisqu’elle est invisible, Cathy va disparaître pour de bon et s’enfuit dans la forêt. Commence alors un périple initiatique. Accompagnée d’un poisson d’eau douce, la petite « Robinsonne », attachante et un peu freak, se retire du monde pour le regarder de loin et cultiver son jardin secret. — A. de M.

Les neiges du KilimandjaroDE ROBERT GUÉDIGUIAN1 DVD , DIAPHANA, 20 EUROSMichel (Jean-Pierre Darroussin) et Marie-Claire (Ariane Ascaride) coulent une existence paisible malgré la mise à la retraite anticipée du premier, délégué syndical sur un chantier naval. Tout bascule lorsque le couple est victime d’un braquage. Inspiré par Les Pauvres Gens d’Hugo, Guédiguian place la question de la solidarité et des rapports de classes au cœur de son récit. « Où est-ce qu’on s’est trompés ? », s’interroge Michel, à qui le braquage donne le sentiment d’être passé du côté des nantis, au crépuscule d’une vie de militantisme. Mais l’on ne s’en tient pas à ses doutes. In fi ne, le cinéaste réhabilite l’élan, naïf et idéaliste, de l’engagement. — A. de M.

Lettre à AnnaD’ÉRIC BERGKRAUT1 DVD, MONTPARNASSE, 15 EUROSEn 2003, Eric Bergkraut avait tourné plusieurs entretiens avec la journaliste russe Anna Politkovskaïa pour réaliser un documentaire sur la liberté en Russie. Après son assassinat, en 2006, il transforme le projet. Entre les images d’archives sur les événements marquants du confl it russo-tchetchène – comme la prise d’otages du théâtre de Grozny, où elle fut médiatrice – s’intercalent des témoignages de ses amis, enfants, collègues et d’opposants au régime, comme l’ex-champion d’échecs Gary Kasparov. Tous accusent les autorités… De circonstance, ce docu est à la fois un hommage et une chronique révoltée de l’ère Poutine. — A. de M.

Page 78: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

78 avril 2012 terra eco

Des esclaves énergétiques JEAN-FRANÇOIS MOUHOTCHAMP VALLON, 160 P., 17 EUROS

Apremière vue, ça s’appelle comparer des choux et des carottes. Pour l’historien Jean-François Mouhot, nous,

citoyens d’Occident, nous trouvons dans la même situation que nos aînés au début du XIXe siècle. Eux profi taient, avec plus ou moins bonne conscience, de la prospérité économique née de la traite négrière d’Afrique. Nous jouissons de la multitude des machines modernes, née du pillage des ressources pétrolières. Ecartons d’emblée tout malentendu : Mouhot ne met évidemment pas sur le même plan cette abomination que fut l’esclavage et le fait d’acheter un 4x4 ou de prendre l’avion. Il note simplement que nous sommes à la même croisée des

chemins. Nous savons depuis une dizaine d’années que notre train de vie est irresponsable et suicidaire, mais les conséquences ne nous touchent pas directement : les futurs réfugiés climatiques habitent dans des pays lointains. Et nos petits-enfants ne sont pas encore nés.

Sucre des îlesIl y a deux siècles, on raffolait du sucre et du coton des îles, sans trop penser à la manière dont ils étaient produits. « Chaque fois que des sociétés ont eu la possibilité d’avoir quelqu’un ou quelque chose qui puisse effectuer des tâches à leur place

pour rien, ou à un faible coût, elles en ont presque toujours profi té. Quel que fut le coût moral. »Pur jeu d’historien ? Non. Là où le livre de Mouhot est fulgurant, c’est quand il démasque les traits de notre époque : il n’affi rme pas que nous sommes indifférents au sort de la planète. Mais nous sommes tétanisés dès qu’il faut penser à changer notre mode de vie.

« Léthargie collective »« Le déni survient quand nous croyons qu’un problème est tellement insurmontable que changer est tout à fait impossible. » Cette « léthargie collective », les générations futures la jugeront avec la même sévérité que nous regardons les sociétés esclavagistes. Surtout, l’auteur a l’idée excellente – hélas, insuffi samment développée – de se demander quelle « méthode » a été la plus effi cace pour abolir l’esclavage. Deux éléments de réponse. Primo, trouver des alternatives viables. La révolution industrielle a, d’une certaine manière, remplacé la traite négrière. Il faut, pour décarboner le monde, mettre l’accélérateur sur les énergies vertes. Secundo, avoir le sens du compromis. Les abolitionnistes n’ont pas obtenu gain de cause d’un claquement de doigts : il leur a fallu fi nasser, transiger, faire des concessions pour, petit à petit, arriver à leurs fi ns. On ne changera pas le monde en lançant des imprécations écolos du haut d’un empyrée. « Etre positif », réclame Mouhot. C’est moins romantique qu’un Grand Soir mais, apparemment, ça marche. —ARNAUD GONZAGUE

joha

n bä

vman

- m

omen

t - v

u

À LIRE Nous sommes tous des esclavagistes

Nos aînés profi taient de la prospérité née de la traite négrière. Nous jouissons des machines nées du pillage des ressources pétrolières.

enrichissez-vous / livres

Page 79: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 79

Repenser l’économieFRANÇOIS GEEROLF ET GABRIEL ZUCMANLA DÉCOUVERTE, 248 P., 14 EUROS On ne dira jamais assez combien on aime l’économie et les économistes (du moins, certains), pour cette expertise qui manque trop souvent aux discours politiques. Ce numéro 10 de la revue Regards croisés sur l’économie achève de nous séduire : on y apprend, entre autres, que les crises fi nancières ont les mêmes lois que les séismes (!), qu’on s’attaque mieux à la pauvreté quand on souhaite ne pas l’éradiquer, que la crise devrait être l’occasion de verdir l’économie, que la confi ance devrait être enseignée à l’école… Des textes de facture académique, voire un peu techniques, mais plutôt accessibles. — A.G.

Beebuti, la rose et le pissenlit SANDRINE SIMON ET CAMILLE MAGNANONPOUR PENSER À L’ENDROIT, 16 P., 5 EUROSLe jardin en friche d’une vieille dame qui ne peut plus s’en occuper, c’est une aubaine pour Beebuti l’abeille. Car elle peut butiner tous azimuts et fabriquer son miel à partir des nectars du pissenlit comme de la rose. Mais justement, ces deux-là se chamaillent pour savoir qui est le plus utile à la nature… Evidemment, les deux le sont. Une histoire à lire aux enfants à partir de 3 ans pour faire comprendre aux petits les bienfaits de la biodiversité et l’importance de la préserver. — A.G.

Jardiniers du bitumeCOLLECTIFLES XÉROGRAPHES, 160 P., 20 EUROS Ce livre est un jardinet en bazar. Que dire d’autre de ce recueil de textes, de tuyaux et d’anecdotes sur une multitude d’expériences de jardins urbains collectifs (principalement à Paris et en banlieue), agrémenté de photos pleines de mamans, de pépés et de marmots, les deux mains dans la glèbe ? Il rappelle en tout cas la puissance du jardin en ville : îlot de résistance au tout-fait, au gaspillage (le compost récupère tout), à la standardisation (notamment du goût) et à la laideur bétonnière, vecteur de lien social, réinvestissement de la nature et, bien sûr, zeste anodin de boboïtude. On aime. — A.G.

L’économie expliquée aux humains EMMANUEL DELANNOYWILDPROJECT, 144 P., 16 EUROSQuelle est la valeur d’un hectare de prairie avec sa biodiversité ? Combien rapportent les abeilles à l’économie ? C’est quoi, « l’économie circulaire » ? Toutes ces questions, et une foule d’autres, trouvent une réponse dans cet ouvrage pédagogique, fait de courtes chroniques rédigées par… Cerambyx cerdo. Oui, oui, le grand capricorne, ce petit coléoptère qui, depuis son modeste observatoire, en sait plus que nous sur nos errements. Aucun scoop pour les lecteurs zélés de Terra eco. Mais les autres (les ados et non les enfants de 10 ans, comme il est écrit en quatrième de couv) en apprendront beaucoup. — A.G.

Toutes les chroniques culturelles sur

Toutes les chroniques culturelles sur

Page 80: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

80 avril 2012 terra eco

Sur vos agendas

25 mars

Agir ensemble localementAlimentation, potager, habitat,

construction… De multiples astuces

durables seront mises à l’honneur

lors de ce salon (Saint-Geniès

Bellevue, Haute-Garonne).

www.coteaux21.org

28 au 29 mars

Salon Produrable5e édition de ce grand rendez-vous

destiné aux pros du développement

durable et de la responsabilité

sociale des entreprises (Palais

des congrès, Paris).

www.produrable.com

29 mars au 1er avril

Salon européen du bois et de l’habitat durable300 exposants proposeront des

solutions pour des constructions

durables et à basse consommation

d’énergie (Grenoble, Isère).

www.alpexpo.com

30 mars au 2 avril

Salon Bio & CoCuisine énergétique, produits

régionaux, éco-construction, jardin,

ce salon fait la part belle au bio

et à l’écologie dans toutes ses

dimensions (Besançon, Doubs).

www.salonbioeco.com

31 mars

Earth HourLe WWF appelle tous les citoyens

à faire un geste symbolique pour

la planète en éteignant la lumière

pendant une heure, de 20 h 30 à

21 h 30 (partout dans le monde).

www.earthhour.fr

1er au 7 avril

Semaine du développement durable

Organisé par

le ministère

de l’Ecologie,

cet événement

fait – une fois

de plus – la

promotion d’un changement des

comportements en faveur du

développement durable

(partout en France).

www.agissons.developpement-

durable.gouv.fr

1er au 7 avril

Trophées du développement durable en BretagneA l’occasion de la semaine du

développement durable, la Région,

le ministère de l’Ecologie et l’Ademe

récompensent les initiatives les plus

remarquables, réunissant les critères

économique, social, environnemental

et de gouvernance (Rennes,

Ille-et-Vilaine).

www.tropheesdd-bretagne.org

3 au 5 avril

Salon des énergies renouvelables

Ce salon réunira

tous les acteurs

du secteur

et prônera

une production

d’énergie

décentralisée

et aussi

le développement des énergies

renouvelables dans le bâtiment.

Un espace sera dédié à l’éolien

(Porte de Versailles, Paris).

www.energie-ren.com

4 au 5 avril

Congrès international sur la sécurité énergétiqueChercheurs, experts de renom

et acteurs du monde entier se

réuniront pour discuter des solutions

pour une croissance économique

durable qui assure la sécurité

énergétique et la préservation de

la planète (Genève, Suisse).

www.energysecuritycongress.com

à venir

29 mars au 1er avril

1.618A la fois salon, exposition d’art

contemporain et espace dédié

à l’innovation, ce rendez-vous

– nommé 1.618 en référence

au nombre d’or – du luxe et

du développement durable est

soutenu par le ministère de

la Culture et le WWF (Cité de

la mode et du design, Paris).

www.1618-paris.com

Evénement français

Evénement mondial

Exposition

Salon

Colloque, congrès, conférence…

Festival ou manifestation extérieure

développement durable

renouvelables

Page 81: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

terra eco avril 2012 81

13 au 15 avril

Congrès de la Fédération des usagers de la bicyclette

Cette 14e édition

se penchera

notamment sur

la place de la

petite reine – et

sur les avantages

du vélo – dans

l’espace périurbain

(Pau, Pyrénées-Atlantiques).

www.fubicy.org

13 au 16 avril

Salon Habitat et jardinPlus de 300 professionnels de la

décoration, de la construction,

du jardin et des éco-énergies

seront présents lors de ce salon

qui promeut l’habitat durable

(Chambéry, Savoie).

www.habitat-jardin.com

13 au 16 avril

Maisons de printempsCe salon de l’habitat fera une large

place à la construction bois, sans

oublier les énergies renouvelables

et les aménagements extérieurs

(Strasbourg, Bas-Rhin).

www.maisonsdeprintemps.com

22 avril

Journée de la TerreCélébré par plus de 500 millions

de personnes dans le monde, cet

événement créé en 1970 souhaite

développer la prise de conscience

environnementale (partout dans

le monde).

www.earthday.org

23 au 27 avril

Conférence océanographique et météorologique de l’hémisphère SudCette 10e conférence est organisée

par l’Institut de recherche pour le

développement, Météo France et

l’American Meteorological Society

(Nouméa, Nouvelle-Calédonie).

www.colloque.ird.fr/icshmo-2012

24 avril

Green business Summit 2012La seconde édition de cet

événement dédié à la valorisation

des pratiques et solutions « green »,

réunira près de 700 décideurs

locaux (Luxembourg,

Luxembourg).

http://gala.greenworks.lu

A partir du 25 avril

Festival International des jardinsCette année, le thème du festival

sera « Jardins des délices, jardins des

délires ». Les visiteurs déambuleront

dans plus de vingt jardins aux

paysages idylliques (Chaumont,

Loir-et-Cher).

www.domaine-chaumont.fr

27 avril au 8 mai

Salon Energies et confort de demain

Dans le cadre

de la Foire de

Paris, pas moins

de 90 exposants

proposeront

au public des

solutions durables

de chauffage

et des innovations en matière

de production d’électricité

et de traitement de l’eau

(Porte de Versailles, Paris).

www.foiredeparis.fr

Jusqu’au 31 mai

Fréquence grenouilleDepuis

le mois

de mars

et pendant

près de

trois mois,

Fréquence Grenouille propose

plus de 400 manifestations dans

toute la France pour sensibiliser

la population à la nécessité de

préserver les zones humides, milieux

de vie indispensables à l’équilibre de

notre planète (partout en France).

www.enf-conservatoires.org

de la bicyclette

Page 82: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…

82 avril 2012 terra eco

Nicolas Sarkozy

Charles Pasqua avait tout bon :

« Les promesses n’engagent 

que ceux qui y croient. » En

matière d’écologie politique, c’est

ainsi que l’on pourrait résumer le

quinquennat de Nicolas So-Krazy.

Notre président est aux politiques

environnementales ce que

l’effet placébo est à l’industrie

pharmaceutique : une putain

d’invention ! Il a pu entamer son

mandat avec un Grenelle (sans

nucléaire) et un ministère d’Etat

pour le terminer sans ministre

de l’Environnement. Cela dit, il

apprécie la biodiversité : nommer

un requin en guise de ministre de

l’Ecologie ou une hyène à l’Energie,

c’est faire hommage à la Nature.

Il a posé entre les stars vertes

Wangari Maathai et Al Gore mais,

quelques pressions des lobbys

agricoles et patronaux plus tard, il

a remis l’écologie à sa vraie place :

celle de variable d’ajustement. Pour

preuve, le 6 mars 2010, il lançait

au Salon de l’agriculture : « Je 

voudrais dire un mot de toutes ces 

questions d’environnement, parce 

que, là aussi, ça commence à bien 

faire. » Lors de ses vœux au monde

rural en janvier 2012, il a tenté de

séduire les électeurs nihoussiens de

Chasse, pêche, nature et traditions :

« J’ai conscience que l’aspect 

tatillon de certains règlements 

administratifs vous insupportent. La 

préservation de l’environnement, ce 

n’est pas empêcher quiconque de 

faire quoi que ce soit. » Il a raison !

Il s’agit d’empêcher n’importe

qui de faire n’importe quoi. En

ce qui le concerne, de faire un

second mandat. —

Si vous détestez Bridget Kyoto

(ou si vous l’aimez), dites-le-lui ici :

www.terraeco.net/a42350.html

Bridget Kyoto déteste

Notre entretien avec Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy, marque le terme de notre série d’interviews entamée au printemps dernier, dans le cadre de la campagne présidentielle. Côté couloir, ce travail de longue haleine

fut émaillé de quelques anecdotes. Il y eut d’abord le vrai-faux départ de Hulot, l’air serein de Hollande au lendemain de la nuit du Sofitel et les bras ouverts à la rédaction de Mélenchon. Puis ce furent la mine raidie de Joly, la tentative de séduction de Le Pen, le chronomètre de Lepage et les mains liées de Kosciusko-Morizet. Pas

de Sarkozy, ni de Bayrou, dans nos pages. Le premier ne consentait qu’une interview « par écrit », écartée par la rédaction, quand le second cherche encore dans son agenda un créneau d’une heure pour nous recevoir…Tous ces entretiens ont cherché à dévoiler la durabilité des programmes et, parfois, à faire tomber les masques. Que restera-t-il des propositions, une fois les échéances passées ? Souhaitons que toutes ces mesures et promesses de l’élu(e) ne prennent pas le chemin, à l’instar de nos téléphones, voitures et lave-linges, de l’obsolescence programmée ! —

Il y a un an, votre magazine lançait une série d’entretiens avec les candidats à la présidentielle. Choses vues, lues, entendues…Par DaviD Solon, directeur de la rédaction

en direct de terra eco

eN parler c’eSt BieN, agir c’eSt mieux

côté couloir

le croBard de la rédac

« Dilemme », du dessinateur chinois Luojie, paru dans le quotidien China Daily, le 5 mars dernier.

Page 83: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…
Page 84: lavE-lingE, télé, portablE… objEts à duréE Faites le …...Faites le plein d’économies cantinE le bio fait sa rentrée objEts à duréE détErminéE lavE-lingE, télé, portablE…