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LDE #196 spéciale doctorants
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La lettredes élus
Une publication mensuelle de l’UNEF et de l’APFEEN° de Commission Paritaire : 0108G82659 • ISSN : 1761-1547 // Directeur de publication : Sébastien Chaillou // Rédacteurs en chef : William Martinet, Laure Delair, Alexandre Gavard, Yoro Fall // mail : [email protected] // tél : 01 42 02 25 55 // Impression : imprimerie Grenier RCS Créteil B 622.053.189
Actualités • Une victoire pour les doctorants en droit // Une meilleure protection pour les doctorants étrangers
Dossier • Un statut du doctorant pour en finir avec la précarité
Fiche pratique • Améliorer la charte des thèses de votre université
Interview • Fréderic Marty Président de la FENEC
Association pour la Formation des Elus Etudiants
APFEE
Bonjour à tous !
Le service public de la recherche a connu de profonds bou-leversements au cours de ces dernières années. Statut du chercheur, HDC, contrat doctoral, précarité, autant d’élé-ments qui n’ont pas facilité les conditions de travail dans les laboratoires, en particulier pour les doctorants. La dimi-nution du nombre de thèses soutenues l’année dernière est en ce sens un signal d’alarme que les pouvoirs publics doivent prendre au sérieux.
Lors des Assises de l’enseignement supérieur et de la re-cherche, les élus « UNEF et associations étudiantes » ont porté l’amélioration des conditions de travail des docto-rants comme un enjeu non seulement pour la qualité de la recherche française, mais aussi pour l’ensemble du pays qui a besoin de jeunes hautement qualifiés.
Si des avancées concernant la reconnaissance des quali-fications des doctorants ont pu être obtenues, la nouvelle loi d’enseignement supérieur n’est malheureusement pas à la hauteur des enjeux de la recherche.
Afin de faire le point sur les évolutions, mais surtout de pré-parer les batailles à venir pour améliorer concrètement le statut de jeune chercheur que nous consacrons le numéro de la Lettre des élus de ce mois-ci aux études doctorales. En particulier, nos élus y présentent leurs revendications pour peser sur la nouvelle loi d’ensei-gnement supérieur. Nous donnons aussi la parole à Frédéric Marty, Pré-sident de la FENEC.
Bonne lecture ! William Martinet,Élu au CNESER
#196Mars 2013
Spéciale doctorants
L’insertion professionnelle des doctorants a été
au coeur des préoccupations des étudiants en
droit. En effet, il existait jusqu’ici pour les doc-
teurs en droit une dispense d’examen pour inté-
grer le centre régional de formation profession-
nelle des avocats (CRFPA), première étape vers la
profession d’avocat. Sous prétexte de régler des
« tensions sur le marché de l’emploi des jeunes
avocats », le 15 et 16 juin 2012, le Conseil Natio-
nal des Barreaux (CNB) a voté la suppression de
cette dispense. Les élus « UNEF et associations
étudiantes », sans attendre l’arbitrage du gou-
vernement sur le vote du CNB, se sont mobi-
lisés pour défendre les droits des doctorants.
Les élus « UNEF et associations étudiantes » mobilisent les doctorants
L’utilisation de la passerelle entre doctorat et
CRFPA est faible. Sa suppression ne pouvait rè-
gler en rien les problèmes de tensions existantes
sur le marché de l’emploi. Pire encore, c’est un
très mauvais signe envoyé pour la reconnais-
sance du doctorat. Les élus «UNEF et associa-
tions étudiantes» ont exprimé leurs désaccords
quant à une mesure qui non seulement limitait
les débouches des doctorants en droit, mais en
plus remettait en cause la qualité de leur forma-
tion.
Anticipant la décision de la Garde des Sceaux
et de la Ministre de l’Enseignement Supérieur
et de la Recherche, le vote du CNB n’étant que
consultatif, les élus « UNEF et associations étu-
diantes » ont réagit immédiatement en lançant
une pétition et en interpelant les deux Ministres.
Aller vers une réelle reconnaissance du doctorat
La proposition du CNB allait à rebours de la re-
connaissance du doctorat. Il n’est pas rare que
les doctorants soient amenés à enseigner dans
le cadre de l’Institut d’Etudes Judiciaires (IEJ) et
de corriger les copies de l’examen du CRFPA.
Il aurait été absurde d’exiger des docteurs en
droit de passer un examen… dont ils corrigent
les copies ! Ce dont les doctorants ont besoin
c’est d’une meilleure reconnaissance de leur
niveau de formation. Les élus « UNEF et asso-
ciation étudiantes » se mobilisent pour obtenir
de nouveaux droits pour les doctorants (accès
privilégié à la fonction publique, reconnais-
sance dans les conventions collectives des
entreprises garantissant un niveau de rémuné-
ration minimum…) et refuseront toute forme de
recul dans la reconnaissance de leur formation.
Défendre les débouchés professionnels des doctorants
A l’heure où la précarité touche les doctorants
dans leurs études comme dans leur insertion
professionnelle, la décision du CNB serait venue
fermer une alternative de professionnalisation
aujourd’hui ouverte aux docteurs en droit. En effet,
alors que l’obtention d’un doctorat ne va pas né-
cessairement de paire avec l’obtention d’un poste
à l’université et que l’insertion dans le secteur privé
est difficile, une telle décision présentait le risque
de voir de nombreux étudiants en droits se détour-
ner des études doctorales, fautes de débouchés
professionnels, les élus «UNEF et associations étu-
diantes» ont fortement exprimé leur attachement
à tous dispositifs de passerelle, permettant aux
doctorants de s’insèrer sereinement dans l’emploi.
Les élus « UNEF et associations étudiantes » obtiennent le maintien de l’accès au barreau pour les doctorants en droit
Suite à la mobilisation des élus « UNEF et associa-
tions étudiantes », Geneviève Fioraso et Christiane
Taubira ont été contraintes de se positionner en
faveur du maintien de la dispense d’examen pour
l’accès au Centre Régional de Formation Profes-
sionnelle des Avocats et ont ainsi décidé de ne pas
donner suite au vote du Conseil National des Bar-
reaux. Si l’ensemble des doctorants peuvent se ré-
jouir de cette décision, les questions soulevées re-
latives à l’insertion professionnelle de ces étudiants
et la reconnaissance du doctorat sur le marché du
travail ainsi que celles concernant les conditions
de vie et de travail des doctorants restent encore
en suspens. Les élus « UNEF et associations étu-
diantes restent mobilisés sur ces questions, pour
les docteurs de l’ensemble des disciplines.
Marthe Corpet
Elue au CNESER
Une victoire pour les doctorants en droit
Les élus « UNEF et associations étudiantes » ont
été auditionnés par l’Inspection Générale de
l’Administration de l’Education Nationale et de
la Recherche (IGAENR) pour donner leur avis
sur le contrat doctoral. Plusieurs revendications
ont été mises en avant comme la mise en place
d’un plan d’action pour lutter contre la précarité
rencontrée par les doctorants. Ce plan d’action
devra d’abord augmenter significativement le
nombre de contrats doctoraux, il devra ensuite
améliorer son contenu pour qu’il soit plus
protecteur, et devra enfin établir une procédure
d’attribution plus transparente et démocratique
dans les universités.
Actualités
2
Audition du Ministère de l’enseignement supérieur pour un premier bilan du contrat doctoral.
Geneviève Fioraso a présenté son projet de
loi lors du Conseil National de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche (CNESER) du
18 février. Les élus « UNEF et associations
étudiantes » ont salué les points positifs du
projet de loi, comme la reconnaissance
du doctorat dans la fonction publique, la
régularisation de 2000 postes précaires de la
fonction publique de la recherche ou encore
le rééquilibrage entre financement sur projet
et financement récurrent. Ils ont également
souligné le long chemin qu’il reste à parcourir
pour obtenir un véritable statut du doctorant et
permettre à la recherche publique de remplir
pleinement ses missions.
Passage de la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche en CNESER
Doctorants
3
Des Assises à la loi : un manque d’ambition pour la recherche
Alors que depuis plusieurs années la situation des
doctorants et jeunes chercheurs se dégrade, les élus
des listes « UNEF et associations étudiantes » et de
la Fédération Nationale des Etudiants Chercheurs
(FENEC) sont intervenus à plusieures reprises ces
derniers mois pour interpeller les pouvoirs publics.
Dès les Assises de l’enseignement supérieur et de la
recherche, première étape de consultation autour de
la nouvelle loi, les élus « UNEF et associations étu-
diantes » se sont investis pour faire entendre leurs re-
vendications. Ils ont rappelé qu’il n’y aura pas d’amé-
lioration sensible de la politique de recherche sans
amélioration immédiate du statut des doctorants.
Des Assises pour faire entendre nos revendications
Les élus « UNEF et associations étudiantes » et la
FENEC, sont intervenus dans les concertations régio-
nales comme nationales, à travers le dépôt de contri-
butions et des prises de parole dans les débats. Ils
ont réussit à faire inscrire un grand nombre de leurs
revendications dans le rapport final des Assises, remis
au Premier Ministre et à la Ministre de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche.
Faire de la réussite des doctorants une priorité
Les doctorants doivent bénéficier d’un encadrement
pédagogique et scientifique pour éviter les nom-
breux abandons de thèse. Par leur intervention, les
élus « UNEF et associations étudiantes » ont pu faire
inscrire dans les propositions des Assises la limitation
du nombre de thèses par directeur de recherche, le
suivi régulier des doctorants, des soutenances à mi-
parcours ou encore un développement des modules
de formation parallèles à la thèse.
Améliorer l’insertion professionnelle des jeunes
docteurs
Alors que nombreux sont les jeunes docteurs à ren-
contrer des difficultés dans leur insertion profes-
sionnelle, les élus « UNEF et associations étudiantes
» ont exigé une réelle reconnaissance du diplôme
de 3ème cycle dans les conventions collectives des
entreprises et des administrations. Les propositions
du rapport des Assises sont allées dans ce sens,
puisqu’elles suggéraient cette reconnaissance dans
la fonction publique.
Corriger les inégalités de financement dans la
recherche
Ces dernières années, le financement sur projet
(ANR, Grand Emprunt…) a été largement valorisé au
détriment du financement de fonctionnement des
laboratoires, précarisant les doctorants et les jeunes
chercheurs. Au coté de la majorité des syndicats
professionnels, les élus « UNEF et associations étu-
diantes » ont pu faire inscrire dans les préconisations
la nécessité de rééquilibrer le financement, en dimi-
nuant la part des financements sur projet et assurer
un véritable financement perein de la recherche fon-
damentale.
Lutter contre la précarité
Depuis de nombreuses années, les élus « UNEF et
associations étudiantes »se battent contre la précari-
sation des personnels de recherche. L’autonomie des
universités a entrainé une diminution de la titularisa-
tion et une augmentation croissante de contractuels,
la plupart du temps en contrats à durée déterminée,
touchant avant tout les jeunes chercheurs et les
post-doctorants.
Reprise dans le rapport des Assises, la bataille contre
la précarité a permis d’obtenir la titularisation de 2000
précaires de la recherche pour 2013, un premier pas
qui doit en appeler d’autres.
Davantage intégrer les doctorants à la prise de
décisions
Suite aux batailles des élus « UNEF et associations
étudiantes » pour mieux intégrer les usagers dans les
conseils des universités, une des préconisations des
Assises correspondait à l’augmentation du poids des
doctorants dans les conseils d’écoles doctorales en
passant à une gestion paritaire des instances (1/3 cher-
cheurs, 1/3 doctorants, 1/3 personnalités extérieures).
Un projet de loi qui manque d’ambition pour les doctorants
Si de nombreuses propositions des élus « UNEF et as-
sociations étudiantes » on été reprises dans le rapport
des Assises, le projet de loi qui en découle manque
clairement d’ambition. Il prévoit la réservation de cer-
taines places aux docteurs dans les concours de la
fonction publique, ou encore l’intégration des doc-
torants aux débats sur la coopération inter-établis-
sement, mais de nombreuses revendications ont été
oubliées en cours de route et c’est majoritairement
le statut-quo qui reste de mise pour les doctorants.
Les élus « UNEF et associations étudiantes » restent mobilisés
Si les revendications imposées dans le rapport final
des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Re-
cherche sont loin de toutes se traduire dans le projet
de loi, les élus « UNEF et associations étudiantes » les
utiliseront comme point d’appui. Ce sera le cas lors
du débat parlementaire où les élus « UNEF et asso-
ciations étudiantes » porteront auprès des députés
des amendements, en particulier sur la reconnais-
sance du doctorat dans la fonction publique, légiti-
més par le débat des Assises. Le combat pour la créa-
tion d’un statut des doctorants est donc loin d’être
terminé. Les élus « UNEF et associations étudiantes
» continueront à exiger des réponses à leur reven-
dication, lors du vote de la loi et dans les années qui
suivront.
William Martinet
Elu CNESER
Lutter contre la précarité financière
Près de 70 000 étudiants ont fait le choix de
suivre une formation doctorale. Alors qu’ils
participent activement à la production scienti-
fique française, une grande partie d’entre eux
ne bénéficient pour autant pas de financement.
En moyenne 40% des doctorants doivent étu-
dier et faire de la recherche sans bénéficier
d’une rémunération. Ce chiffre varie selon les
domaines de recherche. En sciences dures, 15%
des doctorants n’ont pas de financement, alors
qu’en en sciences humaines ce chiffre monte
jusqu’à 60%.
Favoriser un financement public et récurent
de la recherche.
Depuis plusieurs années les transformations
des modes de financement de la recherche,
passant d’une recherche à long terme, vers une
recherche sur projet, ont traduit un recul de
l’investissement de l’Etat, laissant plus de place
à l’investissement privé et à la précarité.
De plus, la mise en place du contrat doctoral
a changé en profondeur le mode de finance-
ment des thèses mais n’a pas résorbé la pré-
carité des doctorants. Alors qu’auparavant l’état
répartissait les crédits alloués à la recherche,
c’est dorénavant les universités qui assurent
cette responsabilité en puisant dans leurs fonds
propres. Cette situation est source de nom-
breuses inégalités entre les établissements et
entre les étudiants.
Le élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent un renforcement de l’investisse-
ment public dans la recherche par :
• Un réengagement financier de l’Etat dans la
recherche afin d’assurer un statut financier
pour l’ensemble des doctorants.
• Un réengagement politique de l’Etat dans la
recherche afin de garantir la cohérence et une
répartition plus équitable des moyens
Informer les doctorants sur l’accès aux
financements
Pour les doctorants, trouver un financement
relève du parcours du combattant. Afin d’amé-
liorer la recherche de financement, ainsi que
de permettre à des étudiants de master 2 Re-
cherche de se familiariser, et de s’orienter vers
la recherche, les élus « UNEF et associations
étudiantes » revendiquent :
• La mise en place de réunions d’information
sur le doctorat à destination des étudiants en
master
• L’instauration d’un bureau d’aide à la recherche
de financement dans chaque université
Un statut du doctorant pour en finir avec la précarité
Dossier du mois
Alors que les acteurs de l’enseignement supé-
rieur et de la recherche sortent d’une phase de
consultation permise par les Assises de l’ensei-
gnement supérieur, et qu’une nouvelle loi va
être votée, le constat est unanime.
Les réformes successives du service public de
recherche et le manque criant de protection,
ont augmenté la précarité, tant pédagogique
que financière, des doctorants. En 15 ans, le
nombre de thèses soutenues a diminué de 15%
et la reproduction sociale est toujours aussi
forte : seulement 2% des doctorants sont des
enfants d’ouvriers contre 12% en licence.
En pleine crise, ce constat pèse sur l’ensemble
de la société. Avec moins de thèses soute-
nues qu’en Allemagne, par exemple, la France
se prive de travailleurs hautement qualifiés,
ainsi que d’un travail de recherche indispen-
sable au progrès social. La démocratisation de
la recherche est donc une exigence politique,
sociale et économique majeure.
Afin de lutter contre le fort taux d’échec ou de
renoncement, et de donner une protection
claire aux doctorants, les élus « UNEF et asso-
ciations étudiantes » revendiquent la mise en
place d’un statut national du doctorant garan-
tissant un droit aux études doctorales : accès
à un financement, à des conditions de travail
optimales et à une insertion professionnelle de
qualité.
4
Dossier du mois
5
Généraliser et réformer le contrat doctoral.
Par sa forme, le contrat doctoral ne correspond
pas aux besoins des doctorants. Il s’agit d’un
CDD de 3 ans, prorogeable 1 an par exception
(maladie ou mission), dont le montant n’est pas
assez élevé pour vivre correctement, et dont les
méthodes d’attribution sont opaques. Alors que
les doctorants, en sciences humaines et juri-
diques principalement, voient la durée de leur
thèse s’allonger, les financements eux n’évo-
luent pas, et de nombreux jeunes chercheurs se
retrouvent sans financements au bout de 3 ans.
Le financement des contrats doctoraux et
leur répartition dans les universités posent
également problème. Les universités sont
contraintes de gérer la pénurie budgétaire et
attribue les contrats en toute opacité, provo-
quant de fortes inégalités entre doctorants et
domaines de recherche.
Face à la précarité financière des doctorants,
les élus « UNEF et associations étudiantes »
revendiquent :
• Le prolongement automatique du contrat
doctoral pour une quatrième année de thèse
• L’attribution d’enveloppes budgétaires pour
les universités, fléchées vers les contrats doc-
toraux pour résorber la précarité
La répartition par le CS, en présence d’élus
doctorants et de représentants de l’ensemble
des domaines de recherche, des contrats doc-
toraux
Faire reculer la précarité pédagogique : le doctorant est un jeune chercheur en formation.
Les doctorants ne bénéficient pas tous d’un
encadrement pédagogique et du matériel
nécessaire pour effectuer leur thèse dans de
bonnes conditions. Garantir un véritable enca-
drement pédagogique ainsi que des conditions
de travail dignes d’un chercheur titulaire doit
être le deuxième pilier du statut du doctorant,
après les questions de précarité financière. Les
chartes des thèses, déjà mises en place, doivent
être cadrées nationalement et devenir contrai-
gnantes pour garantir de nouveaux droits aux
doctorants.
Former à la recherche
Le doctorant est confronté à plusieurs exer-
cices au cours de sa thèse. D’abord, celui de
maitriser les techniques de recherche, ensuite
celui de maitriser la pédagogie par des charges
d’enseignements qui lui sont attribuées, enfin
celui d’apprendre la méthode de rédaction et
de rendu de recherche. Cependant, bien qu’ils
soient des chercheurs en formation, les doc-
torants sont livrés à eux même. Il n’est pas rare
de voir des directeurs de thèses encadrer plus
d’une dizaine de doctorants. L’encadrement se
résume alors à sa plus simple expression.
Mieux encadrer le doctorant est une garantie
pour améliorer la qualité du travail des docto-
rants, des rendus, mais également pour lutter
contre les abandons de thèse. Les élus « UNEF
et associations étudiantes » revendiquent :
• Dès le master 2 et tout au long du doctorat,
des modules de formation aux méthodes et
techniques de recherche
• Des points d’étapes réguliers et obligatoires
entre le doctorant et son directeur de thèse
• Limiter le nombre de doctorants par direc-
teurs de thèses
Assurer les conditions suffisantes à un travail
de recherche
Alors que les doctorants doivent effectuer un
travail de recherche, ils n’ont pas toujours les
moyens matériels qui sont mis à disposition des
autres chercheurs. Les élus « UNEF et associa-
tions étudiantes » revendiquent :
• La mise à disposition d’un bureau avec du
matériel informatique pour chaque doctorant
• L’accès à toutes les ressources documentaires
nécessaires à leurs travaux de recherche.
Assurer une insertion professionnelle de qualité aux doctorants.
Les doctorants sont confrontés à la suite de
leurs études à une insertion professionnelle
difficile. Alors qu’ils disposent du plus haut
diplôme d’enseignement supérieur, diplôme
qualifiant, les jeunes chercheurs sont embau-
chés dans des emplois sous-qualifiés, souvent
à un niveau master. Le taux de chômage des
doctorants est équivalent de celui des étu-
diants en master, et leur rémunération est sou-
vent inférieure à celle d’étudiants issus d’écoles
d’ingénieurs.
Professionnaliser le doctorat
Le contenu de la formation suivie au cours du
doctorat, doit permettre, tout comme dans les
premiers cycles, de venir apporter des outils de
professionnalisation. La maitrise d’une langue
étrangère, des ressources humaines, sont au-
tant de domaines complémentaires à l’activité
de recherche indispensables au doctorant dans
son insertion. Ils doivent être mis en place par
les écoles doctorales et utilisés par les docto-
rants en fonction de leur projet professionnel.
Reconnaitre le doctorat dans les conventions
collectives
L’inscription du doctorat dans les conventions
collectives des entreprises doit permettre d’as-
surer un poste et une rémunération aux docto-
rants à hauteur de leurs qualifications. Le béné-
fice du Crédit d’Impôt Recherche (CIR) pour une
entreprise doit être conditionné à une négocia-
tion entre partenaires sociaux sur la reconnais-
sance des qualifications des doctorants.
Julie Mandelbaum
Elue au CNESER
ZOOM : reconnaissance du doctorat dans la fonction publique
Les élus « UNEF et associations étudiantes » ont obtenu que la nouvelle loi sur l’enseignement supérieur ouvre la possibilité d’une voie de concours réservés aux doctorants pour l’accès à la haute fonction pu-blique. C’est un point positif qui doit encore être amélioré. Les élus « UNEF et associations étudiantes » ont proposé aux parlementaires des amendements pour généraliser ces concours à tous les secteurs de la fonc-
tion publique et garantir une rémunération à la hauteur des qualifications des doctorants.
Actualité
Une meilleure protection pour les doctorants étrangers
6
Les doctorants étrangers sont indispensables
au fonctionnement du service public de la re-
cherche. Ils représentent 40% des 70 000 doc-
torants qui travaillent dans les laboratoires. La
capacité des universités et des organismes à
attirer des doctorants étrangers est détermi-
nante pour la qualité de leur production scien-
tifique. Alors que ce constat est partagé par la
Ministre de l’enseignement supérieur et de la
recherche et l’ensemble des acteurs de l’uni-
versité, les doctorants étrangers continuent de
subir une politique d’immigration qui les pré-
carise et les dissuade de s’installer en France.
Le retrait de la circulaire Guéant, une première avancée qui en appelle d’autres
Le 31 mai 2011, le Ministre de l’intérieur, Claude
Guéant, a publié une circulaire limitant for-
tement les possibilités d’insertion profes-
sionnelle des étrangers diplômés. Cette cir-
culaire touchait en particulier les diplômés
étrangers avec un haut niveau de qualifica-
tion, dont un grand nombre de doctorants.
La mobilisation des élus « UNEF et associations
étudiantes », au coté des associations d’étudiants
étrangers et du « Collectif du 31 mai », a permis
d’obtenir de la nouvelle majorité politique un retrait
de la circulaire, un an jour pour jour après sa publi-
cation. Si le retrait de la circulaire est un acte sym-
bolique fort, il ne suffisait pas à répondre aux dif-
ficultés rencontrées par les doctorants étrangers.
Une précarité inacceptable
Les élus « UNEF et associations étudiantes »
n’ont eu de cesse de dénoncer les mesures dis-
criminantes et les reculs qui se sont accumulés
ces dernières années. Les doctorants étrangers
doivent affronter un véritable parcours du com-
battant pour réussir à soutenir leur thèse en
France :
Campus France
L’organisme chargé de traiter les demandes
de visa, Campus France, se prononce en toute
opacité et refuse régulièrement des doctorants
étrangers qui ont pourtant obtenu une inscription
dans une université.
L’accueil des doctorants étrangers
L’accueil des doctorants étrangers à leur arrivé sur
le territoire est insuffisant. Sous l’impulsion des
élus « UNEF et associations étudiantes », des uni-
versités mettent en place un accompagnement
des doctorants étrangers, mais ils sont souvent
livrés à eux même pour trouver un financement
ou un logement.
Accès au titre de séjour
Lorsque les doctorants ont un titre de séjour étu-
diant, le renouvellement annuel est une procé-
dure administrative longue, coûteuse, opaque et
au débouché incertain. Il n’est pas rare de voire
une préfecture refuser un renouvellement de titre
de séjour à un doctorant pour cause de « non
présentation d’un relevé de note ». Les doctorants
peuvent également demander un titre de séjour «
compétences et talents », qui offre un statut plus
protecteur, mais les critères d’accès sont telle-
ment restrictifs qu’ils sont très peu à en bénéficier.
Profiter du débat parlementaire qui s’annonce pour défendre les doctorants étrangers.
Les élus « UNEF et associations étu-
diantes » ont donc poursuivi leur mobi-
lisation pour que le gouvernement ne
referme pas le dossier des doctorants étran-
gers après le retrait de la circulaire Guéant.
En interpellant Manuel Valls, le Ministre de
l’intérieur, et Geneviève Fioraso, la Ministre de
l’enseignement supérieur et de la recherche, ils
ont obtenu l’ouverture d’un débat parlementaire
sur « l’attractivité international de la France ». Ce
débat doit être la première étape d’une réforme
en profondeur de la politique migratoire de la
France, pour mettre fin à la précarité rencontrée
par les doctorants étranger.
Les élus « UNEF et associations étu-
diantes » se sont mobilisés pour faire en-
tendre leurs revendications et ont exigé :
• Un titre de séjour d’une durée illi-
mitée pour les doctorants étrangers,
jusqu’à la soutenance de leur thèse.
• Des guichets uniques d’accueil afin de ne
plus avoir à faire plusieurs aller-retours entre
les universités et les préfectures et d’assu-
rer un véritable accompagnement des doc-
torants étrangers à leur arrivée en France.
• L’abaissement du niveau de ressources exigé pour
l’entrée des étudiants étrangers en France (actuel-
lement un doctorant étranger doit prouver qu’il
possède 7000 euros sur son compte en banque).
Des premières annonces qui vont dans le bon sens.
L’action des élus « UNEF et associations étu-
diantes » a déjà permis d’obtenir des engage-
ments du gouvernement, sur la mise en place du
titre de séjour pluriannuel et les guichets uniques.
Ces engagement sont des avancées importantes
pour les droits des doctorants étrangers, que les
élus « UNEF et associations étudiantes » auront à
cœur de faire appliquer dès la rentrée prochaine.
Tina Biard
Elue au CNESER
Fiche Pratique #196
7
Le contenu de la charte des thèses peut va-
rier selon l’établissement et elle a souvent
une valeur symbolique. L’investissement des
élus doctorants au Conseil Scientifique est
donc indispensable pour en faire un véri-
table outil au service des droits des doctorants.
La réglementation existante
L’arrêté du 3 septembre 1998 impose la mise en
place d’une charte des thèses dans chaque éta-
blissement public d’enseignement supérieur. Elle
doit être discutée dans chaque établissement et
comporte les droits et devoirs de tous les acteurs
impliqués dans la préparation d’une thèse : docto-
rant, directeur de thèse et directeur de laboratoire.
L’arrêté du 4 août 2006 régissant le fonctionne-
ment des études doctorales confirme le rôle de la
charte des thèses en imposant qu’elle soit signée
dès la première inscription en thèse.
Le rôle des élus étudiants
La charte des thèses présentée dans l’arrêté du 3
septembre 1998 doit être complétée par chaque
établissement et voté au Conseil Scientifique (CS).
Les élus étudiants du CS ont donc un rôle impor-
tant pour que la charte des thèses de leur établisse-
ment protège au mieux les droits des doctorants.
Si la charte des thèses d’un établissement n’est pas
satisfaisante il ne faut pas hésiter à demander sa
modification en CS.
Faire respecter le contenu de la charte des
thèses
C’est le premier objectif des élus étudiants au CS.
La charte des thèses se limite souvent à des décla-
rations de bonnes intentions qui ne sont pas sui-
vis d’effet dans les laboratoires. Les élus étudiants
doivent réclamer des engagements précis dans la
charte des thèses et une évaluation régulière de
son application. Une commission nommée par
le CS (composée d’enseignant-chercheurs et de
doctorants) doit régulièrement vérifier l’application
de la charte des thèses dans l’ensemble de l’éta-
blissement. En cas de conflit entre un doctorant et
un directeur de thèse, le médiateur doit s’appuyer
sur le contenu de la charte des thèses pour régler
le différend.
Le financement des thèses
La charte des thèses doit donner à chaque école
doctorale la responsabilité d’accompagner les
doctorants et futurs doctorants dans leur re-
cherche de financement (bourses des collectivités
territoriales, des organismes de recherche, des en-
treprises et de l’ANR). Cela passe par des réunions
d’information dès le M1 et par un accompagne-
ment individualisé pour les doctorants.
Les dépenses liées à l’activité de recherche (dépla-
cement pour un colloque, achat de matériel, etc.)
doivent être clairement définis et donner droit à un
remboursement par le laboratoire.
La qualité de l’encadrement
La charte doit définir précisément les modalités de
l’encadrement. La présentation par le doctorant de
l’avancement de ses travaux de recherche devant
son directeur de thèses et son laboratoire doit être
garantie chaque année.
Pour éviter les abus, la définition des contours de
la thèse doit être réalisé avant la fin de la première
année de doctorat.
Les moyens matériels
La charte de thèses doit placer sur un pied d’égalité
les doctorants et les enseignants chercheurs titu-
laires dans l’accès aux moyens matériel :
• chaque doctorant doit disposer d’un bureau indi-
viduel avec les ressources informatiques néces-
saires
Améliorer la charte des thèses de votre université
• les doctorants doivent avoir accès à tous les
centres de documentations de l’établissement, y
compris ceux réservés aux enseignants chercheurs
Le contenu de la formation
La charte des thèses doit garantir l’accès à des for-
mations communes à toutes les écoles doctorales
mais aussi des formations spécifiques à l’orienta-
tion scientifique de chaque laboratoire.
Les compétences transversales
Les doctorants doivent avoir accès à des forma-
tions leur permettant de mener à bien leurs travaux
de recherche ou d’enseignement. Ainsi chaque
doctorant doit avoir droit à des formations infor-
matiques, des formations en langue, des éléments
de préparation à l’insertion professionnelle. Tous
les doctorants assurant des missions d’enseigne-
ment doivent être formés à la pédagogie.
Le directeur de thèse doit s’assurer que le travail
de recherche réclamé au doctorant est compa-
tible avec le rythme des formations transversales.
De la même façon les doctorants contraint de se
salarier pour financer leur thèse doivent pouvoir
bénéficier d’aménagements et de dispenses pour
les formations.
Sandra Carvalho
Elue CNESER
3 questions à...
Pouvez-vous, en quelques mots, nous présenter la FENEC ?
La FENEC rassemble l’ensemble des doctorants
qui souhaitent s’organiser collectivement pour
défendre et construire un service public d’ensei-
gnement supérieur soucieux de se démocratiser et
moteur d’une recherche publique de qualité.
Quelle est l’action de la FENEC au quotidien dans les laboratoires ?
Le sentiment d’isolation est très fort chez les doc-
torants. Ils sont souvent peu encadrés, ils n’ont pas
toujours de bureau au sein des universités, il est
donc très difficile pour eux de pouvoir s’organiser
collectivement tant pour améliorer leurs condi-
tions de vie et d’étude que pour se défendre.
L’objectif que nous avons fixé à la FENEC est donc
d’organiser collectivement les doctorants qui le
souhaitent. Dans les laboratoires, et les écoles
doctorales et en s’appuyant sur notre réseau d’élu-
e-s étudiant-e-s nous menons des campagnes
afin d’obtenir des avancées concrètes pour les
étudiants. Par exemple nous nous battons pour
imposer des Chartes des Thèses dans l’ensemble
des laboratoires afin que les bonnes pratiques
concernant l’encadrement et l’accompagnement
des doctorants dans leur apprentissage des tech-
niques de recherche deviennent la règle pour tous.
La FENEC intervient également dans la défense
individuelle des doctorants. Nous avons alors pour
mission d’informer les doctorants et les futurs doc-
torants sur leurs droits et de les défendre. Dans ce
sens, nous mettons par exemple en place des for-
mations à la recherche de financement à Toulouse
à direction des étudiants de Master et des doc-
torants sans financement. Tout une part de notre
défense individuelle est directement concernée
... Fréderic Marty
par la défense des doctorants face à leur directeur
de thèse, qui se retrouvent souvent démunis. Nous
participons aux côtés de l’UNEF aux permanences
syndicales.
Des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche, à la nouvelle loi, l’ensemble des organisations ont été impliquées, quelles ont été les revendications portées par la FENEC ?
Dans la même dynamique que l’UNEF, la FENEC
souhaitait que cette loi puisse relancer la démo-
cratisation dans l’enseignement supérieur, et ce à
tous les niveaux. C’est donc sur le mot d’ordre de
la réussite que nous sommes intervenus dans les
Assises, puis dans les négociations sur la nouvelle
loi d’enseignement supérieur. Bien sur, les révolu-
tions pédagogiques et sociales portées pour les
niveaux L et M sont les préalables à toute démo-
cratisation du doctorat. Il est donc important de
réduire le gouffre qui sépare les deux premiers
cycles du troisième, et de permettre à tout étu-
diant, quelle que soit l’université dans laquelle il est
inscrit, et quelque soit sa filière de se familiariser
avec la recherche.
La FENEC défend la création d’un véritable statut
du doctorant, lui garantissant un certain nombre
de droits fondamentaux et nécessaires à sa réus-
site.
Tous les doctorants ont besoin d’un financement
qui doit passer par l’élargissement du contrat
doctoral à l’ensemble des étudiants. Il n’est pas
normal que les étudiants des classes les plus po-
pulaires soit condamnées à un faux choix : celui
d’être réduits à des conditions de travail précaires,
menant la plupart du temps à l’abandon, ou de ne
finalement pas s’inscrire dans un parcours docto-
ral ! Il est nécessaire que l’Etat reprenne son rôle
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Qu’est-ce que la FENEC ?
La FENEC (Fédération Nationale des Etudiants Chercheurs) est rattachée à l’UNEF. Elle est constituée de doctorants qui s’organisent pour améliorer leurs conditions de travail et d’étude. Présente dans de nombreux laboratoires et écoles doctorales, elle défend la mise en place d’un véritable statut du doctorant qui garantisse un financement, un encadrement pédagogique et un débouché professionnel.
// Président de la FENEC
de régulateur et de pilote dans la recherche et qu’il
flèche les crédits alloués aux contrats doctoraux,
pour limiter les inégalités qui existent aujourd’hui
entre les filières et entre les domaines.
En tant qu’étudiant, le doctorant doit également
bénéficier d’un véritable accompagnement, lui
garantissant une possibilité de progression et de
réussite dans son projet professionnel. Des chartes
de thèses contraignantes devraient être appliquées
dans l’ensemble des écoles doctorales garan-
tissant aux doctorants, les bonnes pratiques des
HDR en termes d’encadrement, des modules de
formation et des conditions matérielles dignes de
chercheurs titulaires (accès aux ressources infor-
matiques et documentaires, bureaux etc.).
Afin de rattraper également le retard de la France
sur le nombre de thèses soutenues, il est néces-
saire de relancer l’attractivité de ce domaine. La
valorisation du doctorat, dans les filières publiques
comme privées, à travers sa reconnaissance dans
les conventions collectives, permettrait de rattra-
per ce retard.
Propos recueillis par William Martinet
Elu au CNESER