Le 14 juillet 1880, fête-symbole de l'enracinement de la ... · Service éducatif Programme d ... rédaction finale d'un petit texte de 5 à 10 lignes. ... Un an auparavant, le 14

Archives départementales de l’Yonne

Service éducatif

Programme d’Histoire de Première

Thème : Les Français et la République

Question : La République, trois républiques

Le 14 juillet 1880, fête-symbole de l'enracinement de la République dans l'Yonne ?

Partie pédagogique

Dossier documentaire réalisé parFrédéric Gand

professeur du service éducatif

octobre 2012

Ce dossier propose de revivre le lancement de la fête nationale du 14-Juillet 1880 dans l'Yonne. La jeune République cherche alors à s'enraciner dans le pays, et plus particulièrement dans les campagnes, bien moins acquises au nouveau régime que les villes. C'est à travers le prisme préfectoral, celui du regard orienté du préfet de l'Yonne, que se révèle ici l'esprit républicain de l'époque. Cette lecture de la célébration n'est donc ni exhaustive ni objective.

Le travail peut se faire dans le cadre d'un atelier de lecture de documents d'histoire. Les élèves sont placés en situation d'historiens : confrontés aux documents d'époque et à l'aide d'un guide, ces « apprentis-historiens » écrivent l'histoire de cet épisode local sans oublier de porter un regard critique sur les sources et sur leurs auteurs.

Cette séance est bien entendu transposable à d'autres niveaux et dans d'autres disciplines (ACCPE en seconde, Éducation civique en Collège, programmes du Premier cycle, etc.)

Il est également possible de conduire cette séance aux archives départementales avec le soutien du Service éducatif.

Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symbole

1. L'intérêt du dossier

- Quelle leçon du programme ?

Thème 5 - Les Français et la République (15-16 heures)

Questions Mise en œuvre

La République,trois républiques

- L'enracinement de la culture républicaine (les décennies 1880 et 1890)- Les combats de la Résistance (contre l'occupant nazi et le régime de Vichy) et la refondation républicaine- 1958-1962, une nouvelle République

- Quel objectif pédagogique ?

Cette séance fait appel aux sens historique et civique des élèves. Ils peuvent redécouvrir l'origine historique de la fête nationale et réaliser que leur histoire s'est également jouée à l'échelon local. La confrontation des sources et le recoupement des textes placent les élèves en situation d'historiens. Cet exercice de lecture et de rédaction favorise aussi la maîtrise de la langue.

- Quelle mise en œuvre pédagogique ?

La séance peut se conduire en une ou deux heures, après une présentation initiale du contexte et des acteurs. Elle se déroule en deux phases.

Les élèves travaillent d'abord en groupes et déchiffrent un ou deux textes. Leur travail se résume à trois objectifs successifs:

- Appropriation des document (s) : date, lieu, auteur, destinataire puis lecture et déchiffrage sans oublier la critique des sources.

- Analyse documentaire : réponse aux questions.

- Apport historique du document : rédaction finale d'un petit texte de 5 à 10 lignes.

Dans une seconde phase, les élèves réunis en groupe-classe prennent connaissance des textes et les comparent. Cette confrontation donne lieu à un texte de synthèse.

- Quel intérêt documentaire ?

Ces documents sont issus de la série sous-série 3 M des archives départementales, intitulée Police générale (1800-1940) dont le contenu est très riche (contrôle de l'esprit public, associations, étrangers...). On y trouve notamment rassemblés, sous la cote 3 M 3 (d'où provient le dossier source de cette séance, coté 3 M 3/43), des dossiers concernant les cérémonies et les voyages officiels, parmi lesquels celui sur les obsèques de Paul Bert en 1887, ou celui du passage dans l'Yonne du futur Napoléon III, alors simple président de la République, en 1851.

Service éducatif des archives départementales de l’Yonne – octobre 20122

Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symbole2. Le dossier pédagogique

Mise au point scientifique :

Il est courant de dire que la fête nationale célèbre la prise de la Bastille qui eut lieu le 14 juillet 1789. Or, si cette affirmation n’est pas fausse, elle est inexacte. La première célébration du 14-Juillet eut lieu le 14 juillet 1790 au cours de la fête de la Fédération, décidée sur décret de l’Assemblée nationale constituante. Louis XVI y prêta serment à la Nation, incarnée par des dizaines de milliers de gardes nationaux rassemblés sur le Champ-de-Mars à Paris, qui représentaient leurs fédérations provinciales. Dans les jours précédant la fête, des milliers de gardes étaient remontés du Sud de la France et avaient traversé l’Yonne pour se rendre à Paris. C’est ce serment qu’il fut reproché à Louis XVI d’avoir trahi quand il prit la fuite et fut rattrapé à Varennes. Ce premier anniversaire ne fêtait pas la prise de la Bastille, sur laquelle n’existait pas de consensus entre les républicains et monarchistes, mais la naissance de la nation française.

Cette fête, la plus unanime de toutes les fêtes révolutionnaires, rassemblait la Nation et réconciliait les Français devant l'autel de la patrie, sur lequel l'évêque d’Autun Talleyrand célébra un office, suivi d'un Te Deum. Cette fête de l'unité nationale était donc aussi une manifestation unanimiste : elle conservait encore la sacralité religieuse de l'Ancien Régime et gommait la dimension populaire et sanglante de la prise de la Bastille. Le nouveau pouvoir en place n’était pas la République - qui ne sera pas proclamée avant le mois de septembre 1792 - mais la monarchie constitutionnelle qui se déclarait modérée.

Après la fête de la fédération, nul régime ne pense à organiser une fête publique sans chercher l’adhésion de la nation. Cette fête est devenue une référence symbolique et un modèle à imiter ou à rejeter. Selon la typologie de l'historien Alain Corbin, le XIXe siècle a hérité de trois modèles de fêtes politiques : la fête royale, la fête révolutionnaire à vocation pédagogique et la fête césarienne et impériale. Jusqu’à la fin de la décade révolutionnaire, le 14-Juillet reste une fête-mémoire, qu’il s'agisse du plan général des fêtes civiques et morales de Robespierre ou du cycle des fêtes du Directoire. C’est d'ailleurs ce dernier régime qui, le 14 juillet 1797, inaugure la première cérémonie militaire qui est aujourd’hui familière. L’empereur Napoléon supprime la célébration du 14-Juillet et instaure au 15 août la Saint Napoléon et le rétablissement concordataire de la religion catholique. Sous la restauration, Charles X échoue à mobiliser durablement le peuple autour de son sacre, le 29 mai 1825 à Reims. Louis Philippe est le premier à renouer avec la Révolution et la Bastille. Célébrant les trois glorieuses, les trois journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet 1830 à l'origine de son régime, le roi se rend le 27 juillet 1831 à la Bastille et au Panthéon pour honorer les victimes des révolutions. Le lendemain est consacré aux divertissements, aux concerts et aux revues militaires tandis que le 29 juillet est le jour du défilé de la garde nationale. Napoléon III abandonne toute référence à la Révolution et décide de revenir à la fête nationale du 15-Août, instituée par son oncle Napoléon. La fête césarienne retourne aux célébrations religieuses et militaires.

L’instauration d’un 14-Juillet républicain n’allait donc pas de soi dans les débuts de la IIIe République. L’opinion publique s’est alors habituée à des fêtes publiques où l’Église et l’armée ont les premières places. De plus, la République, proclamée le 4 septembre 1870, a failli sombrer sous les coups des royalistes dès ses premières années. L’assemblée nationale et le président de la République Mac-Mahon sont monarchistes et, malgré leurs vœux, ont échoué à restaurer la monarchie et son prétendant légitimiste, le comte Henri de Chambord. La loi du 6 juillet 1880 (article unique), proposée le 21 mai par le député Benjamin Raspail, est adoptée par l'Assemblée le 8 juin et le 29 par le Sénat :

« La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuel. »

Un an auparavant, le 14 juillet 1879 a été célébré de manière semi-officielle, en guise de répétition générale. Après une revue des troupes à Longchamp le 13 juillet, une réception présidée par Léon Gambetta, a été organisée le 14 à la Chambre des députés tandis qu’une fête républicaine


Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symbolese déroulait au pré Catelan, en présence de Louis Blanc et de Victor Hugo. Cette même année, le 14 février 1879, la Marseillaise est devenue officiellement l’hymne national de la République française.

Le régime républicain, se déclarant progressiste, met alors beaucoup d'espoirs dans cette fête qu'il souhaite populaire et spontanée, et dans laquelle il voit l'incarnation des valeurs républicaines de Liberté et de Fraternité. Mais il s'agit aussi de renverser les dernières « bastilles » de l'Ancien régime : le pouvoir rural des notables (de la noblesse et du clergé) mais aussi la « Bastille cléricale » de l'enseignement privé. La République proclame son désir d'affranchissement des esprits, tantôt victimes à la campagne de l'influence des notables, tantôt victimes à l'école confessionnelle de la férule cléricale. C'est dans ce contexte anticlérical que seront votées quelques années plus tard les lois scolaires de Jules Ferry. Le 14-Juillet est pensé comme une fête militant pour l'émancipation du peuple et plaidant pour le progrès. La IIIe République a fait du 14-Juillet une fête-symbole de son action politique.

À Paris ce premier 14-Juillet est donc une guerre de symboles. Les républicains pavoisent de drapeaux leurs fenêtres tandis que celles des orléanistes et des bonapartistes sont tendues de noir en signe de deuil. Mais la fête est éclatante. Des fusées illuminent une statue colossale de la République juchée au sommet de l'arc de triomphe tandis que de nombreux bals, feux d'artifice, jeux et illuminations complètent la fête. Quatre cent vingt-trois drapeaux sont remis aux députations des troupes à Longchamp. La devise « Liberté, Égalité, Fraternité » a été réinscrite sur le fronton des édifices publics pour l'occasion. La fête proclame tacitement la victoire définitive de la République en affirmant sa filiation à la Révolution française, et indirectement à la Première République, tout en annonçant le combat contre la tutelle religieuse de l’Église catholique. Les royalistes refusèrent donc de participer aux défilés militaires et le clergé s’interdit de sonner les cloches des églises.

Mais cet hommage à la Révolution posa problème, car celle-ci était aussi synonyme de terreur et de guillotine. Comment célébrer la Nation en invoquant une période sanglante de guerre civile ? Le choix de la date du 14 juillet, tant de l’année 1789 que de l’année 1790, résolvait la difficulté : elle proposait une double lecture que d’autres événements révolutionnaires n'offraient pas. Elle rassurait les républicains comme les modérés. Les premiers pouvaient fêter le renversement de la monarchie préfigurant la République et la mort du roi, les royalistes, qui étaient encore fort nombreux dans le pays, pouvaient se rassurer en commémorant le rassemblement national de la fête de la Fédération.

C’est toutefois dans les écoles que la République devait acclimater au mieux l'esprit républicain en y faisant préparer aux écoliers la fête du 14-Juillet et en transformant cette célébration en fête de la revanche contre l’Allemagne. Il faut d'ailleurs voir le défilé militaire de Longchamp comme une affirmation politique du redressement militaire de la France, après sa défaite contre la Prusse en 1870. Ce défilé, présidé par Jules Grévy en 1880, eut lieu à l'hippodrome de Longchamp jusqu'en 1914. Le 14 juillet 1919, les maréchaux victorieux (Joffre, Foch et Pétain) défilèrent cette fois sur les Champs-Elysées, inaugurant le parcours moderne depuis la place Charles-de-Gaulle (Étoile) jusqu'à la place de la Concorde.


http://compilhistoire.pagesperso-orange.fr/commune.htm

Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symbolePrésentation initiale des enjeux de la séance :

La distinction des dates du 14 juillet 1789 et du 14 juillet 1790 permet de rappeler l'ambivalence de l'hommage républicain. Il est utile de préciser que le 14 juillet 1880 célèbre une fête nationale qui ne l'est que depuis quelques jours, et que cette commémoration n'a pas eu lieu depuis la Révolution. Le président de la République Jules Grévy, élu en janvier 1879, est un républicain modéré qui a succédé au président monarchiste Patrice de Mac-Mahon. Il préside la célébration de l'hippodrome de Longchamp, initiant une tradition qui se perpétuera jusqu'à la Grande guerre et qui se doublera de célébrations provinciales comme celles d'Auxerre. Le gouvernement dirigé par Charles de Freycinet (du 17 mai 1880 au 14 novembre 1881) redoute quelques résistances, monarchistes ou cléricales, et demande donc aux préfets un rapport sur la célébration de ce premier 14-Juillet. Les sous-préfets, et quelques maires, ont ainsi rédigé un compte-rendu de la fête (le rapport du sous-préfet de Joigny est absent du dossier d'archive) à destination du préfet de l'Yonne. Ce dernier, Jean-Baptiste Maulmond (1879-1881) en a fait un rapport de synthèse adressé au ministre de l'Intérieur Ernest Constans, membre du gouvernement Freycinet. D'après lui, la fête fut une grande réussite et témoigne de l'enracinement de la République dans l'Yonne. L'un des enjeux de la séance est de réfléchir sur la fidélité et la partialité de ces témoignages officiels. L'étude des clichés postérieurs de la Belle époque servent de preuve de la réussite de de cette manifestation officielle.

Les thèmes d'étude, un par groupe, sont numérotés et renvoient à plusieurs documents.

Les élèves procèdent à une première lecture du document sans trop s'arrêter sur les mots illisibles : il s'agit de se faire une idée du contenu du texte avant de répondre au questionnaire. Celui -ci est avant tout adapté aux textes qui sont rassemblés dans la partie documentaire. Certaines questions ne peuvent donc trouver leurs réponses à la lecture des seules transcriptions suivantes.


Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symboleThème 1. La cérémonie du 14 juillet

Document n° 1.1 Programme du cérémonial du 14 juillet 1880 à Paris

arch. dép. Yonne, 3 M 3/43.


Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symboleDocument n° 1.2 La tribune officielle à Auxerre, 14 juillet 1904

Près de 25 ans plus tard, le cérémonial est ancré dans les mœurs. Ici à Auxerre, actuel boulevard du 11-Novembre, le défilé militaire passe devant la tribune officielle où siègent les personnalités du département (préfet de l'Yonne, maire d'Auxerre et ses conseillers, archiviste, conseillers généraux et autres notables.)

Carte postale, arch. dép. Yonne, 1PH 884-1.

Questions :

1. Quel est l'auteur du document, quel est son destinataire ? 2. Quelle est la date du document et quelle est sa nature ?3. Où se tient la cérémonie ?Quelles sont les trois périodes ?4. Laquelle existe encore aujourd’hui pour notre cérémonie du 14 juillet ?5. A qui est réservée la tribune spéciale ? En existe-t-il une dans notre cérémonie du 14 juillet ?6. Que se passe-t-il au Mont-Valérien pendant la distribution de drapeaux ? Quelle allusion

historique peut-on trouver à cette manifestation militaire ?7. Combien de groupes (formant la colonne) doivent recevoir des drapeaux ?8. Qui passe en revue les troupes et en face de qui se place-t-il avant le défilé ?9. Qui se charge de la musique ?10. Qui est en tête du défilé? Qui marche 15 mètres devant les députations ? Qui marche cinq

mètres derrière ?11. Quelles voitures ont accès au Champ de courses ? Qu’en est-il pour les autres voitures ?12. Y-a-t-il des points communs entre cette cérémonie de 1880 et la nôtre ?13. Où et quand se déroule la revue militaire à Auxerre ? Existe-t-il aussi une tribune? Par qui est-

elle composée ?14. Décrivez l'image : quels symboles sont perceptibles ?15. Quelle(s) critique(s) porter sur ce texte ? 16. En vous aidant des réponses, rédigez un petit texte qui résume l'apport historique de ces

documents



Thème 2. L'organisation et les préparatifs du 14 juillet dans l'Yonne

Document n° 2.1 Lettre du sous-préfet de Sens au préfet, 8 juillet 1880

« (…) Dans votre lettre du 5 juillet relative à la célébration du 14-Juillet, je lis cette phrase :« les édifices publics, ainsi que les édifices départementaux seront pavoisés le jour et illuminés la

nuit »Dois-je officiellement inviter Mgr l'archevêque, le président du tribunal, le capitaine de gendarmerie,

le colone ,les curés à illuminer ?Et s'ils refusent ?Dans le cas où ils accepteraient sur quels fonds seront payés les frais ? (…) »

Document n° 2.2 Lettre au préfet du chef d’escadron de la compagnie de gendarmerie d'Auxerre (8 juillet 1880)

« (…) J'ai été consulté par plusieurs commandants d'arrondissement sur la question de savoir à la charge de qui et comment devaient se faire les illuminations de la fête du 14-Juillet des casernes de gendarmerie.

Je vous serai obligé de vouloir bien informer MM. les maires (...) que les casernes susdites sont comprises au nombre des établissements publics, et comme tels, elles doivent être (...) illuminées aux frais du département ou de la commune. (…)»

Document n° 2.3 Lettre au préfet du général Gresley, commandant le 5e corps d'armée à Orléans (12 juillet 1880)

« (…) Vous pouvez compter sur le concours de la musique du 46ème de ligne pour la fête nationale. Entendez-vous à ce sujet avec le général commandant à Auxerre qui a reçu des instructions dans ce sens (…). »




Document n° 2.4 Le départ de la revue du 14 juillet 1904 à Auxerre

Départ du défilé à l'entrée de la rue du Temple. Depuis 1880, il revient à l'armée et au régiment encaserné à Auxerre (la caserne est l'actuel lycée Vauban) de produire la musique dans toutes les manifestations publiques. Ici le défilé doit se diriger le long de l'actuel boulevard du 11-Novembre et passer devant une tribune officielle.

Carte postale, arch. dép. Yonne, 1PH 883-1.

Questions :

1. Donnez l'auteur et le destinataire de chaque document. Précisez-en éventuellement la commune.

2. Donnez la date et la nature de chaque document.3. Qui souhaite que les édifices publics soient pavoisés et illuminés ? A quel genre de

décorations cela correspond-il concrètement ?4. Que craint le sous-préfet de Sens?5. Pourquoi les casernes doivent-elles être illuminées ? Quel problème cela pose-t-il ?6. Quels autres établissements doivent être illuminés et pourquoi ?7. Qui doit financer les illuminations et pourquoi ?8. Que signifie « musique du 46ème de ligne ». ? Pourquoi est-elle sollicitée ?9. Qui sont les différents organisateurs du 14 juillet dans l'Yonne ?10. Décrivez la carte postale. Où et quand se situe-t-elle ?11. Que nous apprend-elle ?12. Quelle(s) critique(s) porter sur ces textes ? 13. En vous aidant des réponses, rédigez un petit texte qui résume l'apport historique de ces

documents.



Thème 3. La question du financement des préparatifs du 14-Juillet dans l'Yonne

Document n° 3.1 Lettre du sous-préfet d'Avallon au préfet (8 juillet 1880)

« (...) J'ai l'honneur de vous informer en réponse à votre lettre du 7 juillet courant que le crédit affecté aux fêtes publiques n'est que de 400 francs.

Mais en raison de la solennité et de l'éclat qu'il y a lieu de donner à la fête du 14-Juillet, un crédit spécial sera demandé au conseil général. (…)

Document n° 3.2. Lettre du sous-préfet de Sens au préfet (9 juillet 1880)

« (...) J'ai l'honneur de vous informer que j'ai autorisé le maréchal des logis de gendarmerie de Sens (...) à illuminer la caserne (...) en lui fixant un maximum de dépenses de 20 francs. (…)»

Ne pourrait-on demander un crédit minimum pour les dépenses au conseil général (…) ?

Document n° 3,3 Lettre du sous-préfet de Tonnerre au préfet , 8 juillet 1880

« (...) J'ai l'honneur de vous faire remettre sous un pli un journal contenant ledit programme (...) mais en ce qui concerne la gendarmerie, édifice départemental, je vous prie de me faire savoir si un crédit spécial lui est attribuée pour achat de drapeaux et illumination. ? (…)»


Document n° 3,4 La foule admire le défilé à Auxerre, 14 juillet 1905

Tout au long de l'actuel boulevard du 11-Novembre, la foule se masse pour voir passer le défilé militaire. A l'arrière-plan et devant la tribune officielle, les officiers à cheval précèdent les hommes de troupe.

Fonds Moreau, arch. dép. Yonne, 5 Fi 513



Questions :

1. Donnez l'auteur et le destinataire de chaque document. 2. Donnez la date et la nature de chaque document.3. Quel souci commun exprime chaque sous-préfet ? Que redoutent-ils ?4. Pourquoi la gendarmerie de Tonnerre a-t-elle besoin d'un crédit ? Que veut éviter le sous-

préfet ?5. Qui finance ces illuminations ? Quel rôle le préfet joue-t-il auprès du conseil général ?6. Pourquoi le financement des préparatifs est-il une question importante ?7. Que veut demander aux maires le sous-préfet de Sens ? Pourquoi8. Quelle mesure le sous-préfet de Sens souhaiterait-il faire imposer par le préfet ? Que déduire

de son état d'esprit ?9. Où et quand se déroule la revue militaire à Auxerre ? De quel type de personnes la tribune

peut-elle se composer ?10. A quoi voit-on que cette cérémonie est un moment solennel ? Que dire des vêtements de la

foule ?11. Décrivez l'image : quels symboles sont perceptibles ?12. Quelle(s) critique(s) porter sur ces textes ? 13. En vous aidant des réponses, rédigez un petit texte qui résume l'apport historique de ces

documents.


Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symboleThème 4. La célébration du 14 juillet dans les communes

Document n° 4.1 Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de Flacy (11 juillet 1880)

« Le maire président donne lecture de la circulaire préfectorale en date du 4 juillet (...) concernant la fête nationale du 14 -Juillet et invite le Conseil à délibérer. Un des membres s'étant retiré avant la levée de la séance, l'assemblée se trouve réduite à six membres. Une demande de scrutin secret ayant été formulée par trois des membres restants, il y a été procédé. (…)

Le premier résultat (...) a donné trois voix pour oui et trois voix pour non (…), le second résultat a constaté également trois voix pour oui et trois voix pour non. Enfin le vote de ballottage a donné le même résultat. En conséquence l'assemblée n'a rien décidé. »

Document n° 4.2 Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de Vinneuf (11 juillet1880)

« (…) Le conseil municipal, (…) considérant que les travaux de la moisson commencés depuis quelques jours ne permettraient pas aux habitants en général de prendre une part active à la fête qui se prépare mercredi prochain 14 juillet, décide qu'elle sera célébrée le dimanche suivant 18 juillet (…) Et pour réchauffer la fête, l'assemblée prie Monsieur le Préfet de vouloir bien comprendre la commune de Vinneuf pour un drapeau national dans la distribution que le gouvernement se propose de faire et de lui faire parvenir s'il est possible ledit jour dix-huit juillet. (…)

Document n° 4.3 Lettre du maire de Treigny au préfet (16 juillet 1880)

« M . le Préfet ,

J'ai l'honneur de vous rendre compte que la fête nationale du 14-Juillet a été célébrée à Treigny avec le plus grand enthousiasme .(...) En somme (…) bonne journée pour la République. »

Document n° 4.4 Lettre du maire de Châtel-Censoir au sous-préfet d'Avallon (15 juillet 1880)

« M . le sous-préfet

Hier la population de Châtel-Censoir célébrait avec une joie patriotique la fête du 14 juillet. Malheureusement vers 8 heures et demi ou 9 heures du soir, cette joie a été un instant troublée. (…)

Un malheureux, un fou, ouvrier matelassier de passage dans notre localité, a sans provocation, sans aucune cause apparente, tiré deux coups de revolver qui ont blessé trois personnes. (…) Aucune de ces blessures ne présente de gravité. »

Une femme Sellier a eu le bras traversé par une balle. Sa fille a été atteinte légèrement à la main. Enfin, une jeune fille de quinze ans, Mlle Leblanc a reçu une balle dans la cuisse. Cette balle a été amortie par les jupons ; elle a seulement labouré les chairs sans atteindre l'os.

Cette nouvelle parcourant la foule a jeté un froid mais bientôt on apprit que le misérable était arrêté et la tranquillité revint avec la joie et la fête se prolongea fort avant dans la nuit .(…). »



Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symboleQuestions :

1. Donnez l'auteur et le destinataire de chaque document. Précisez-en la commune. 2. Donnez la date et la nature de chaque document.3. A Flacy, peut-on imaginer pourquoi un conseiller municipal se retire à la lecture de la circulaire

préfectorale concernant la préparation du 14 juillet ? 4. Quel est l'objet du vote et quel est son résultat ? Quelle conséquence cela aura-t-il sur la

célébration du 14 juillet ? Que peut-on en déduire sur l'état de l'esprit républicain à Flacy ?5. Pour quelle raison la commune de Vinneuf ne célèbre-t-elle pas le 14 juillet le jour dit ? Une

autre explication est-elle envisageable ? 6. Comment cette commune se prépare-t-elle ? Quelles actions sont prévues et à l'aide de qui ?7. Quel objet le maire de Vinneuf demande-t-il au Préfet ? Pourquoi ?8. Que s'est-il passé à Chatel-Censoir ? Cela a-t-il gâché la fête ? 9. Dans quelle atmosphère générale la fête se déroule-t-elle à Treigny et à Chatel-Censoir ?

Donnez des exemples.10. Quelle(s) critique(s) porter sur ces textes ?11. En vous aidant des réponses, rédigez un petit texte qui résume l'apport historique de ces

documents.


Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symboleThème 5. Les rapports des sous-préfets de Sens et d'Avallon sur la fête du 14 juillet 1880

Document n° 5.1 Lettre du sous-préfet de Sens au préfet (15 juillet 1880)

« Tous les édifices publics et départementaux à l'exception des églises, de l'archevêché et de la cathédrale ont été pavoisés et illuminés. Dans la population, chacun, sauf une infime minorité de cléricaux, avait rivalisé de zèle pour la décoration de maisons particulières.

Le mardi 13, une très belle retraite aux flambeaux a parcouru la ville. Le 14 nous avons eu successivement :

– Le mariage de la Rosière– Un banquet (de 11h à 1 h) auquel le conseil municipal m'avait fait l'honneur de m'inviter.– Défilé sur l'esplanade de l'élève de l'école des garçons, musique en tête après exercices militaires

(…)– Joutes sur l'eau (…)– Très brillant feu d'artifice sur l'Yonne.– Bal sur tapis vert.– La population était enthousiaste. (…)

Deux communes font exception :– A Vinneuf, la fête a été reculée au 18 par une délibération ridicule. (...)– A Flacy, le conseil municipal a refusé de s'associer à la fête par trois voix contre trois.(...)»

Document n°5.2 Lettre du sous-préfet d'Avallon au préfet (15 juillet 1880)

« (…) La fête du 14-Juillet s'est passée à Avallon au milieu d'un élan et d'un enthousiasme jusqu'alors inconnus. Elle a été parfaite (…) Toutefois (...) pendant que l'on jouait la Marseillaise, un jeune homme de 17 ans, M. Liebhaber, fils de l'ingénieur des Ponts et Chaussées, a crié : « à bas la Marseillaise ! (...)».




Document n° 5.3 Après le défilé militaire à Auxerre (14 juillet 1905)

Après le défilé militaire, la foule se disperse sur l'actuel boulevard du 11-Novembre et du côté de la place de l'Arquebuse, située à droite. Dans la soirée viendra le temps du bal populaire et des animations.

arch. dép. Yonne, fonds Moreau 5 Fi 514.

Questions :

1. Donnez l'auteur et le destinataire de chaque document. 2. Donnez la date et la nature de chaque document.3. Comment la ville de Sens marque-t-elle son adhésion à la fête ?4. Celle-ci a-t-elle commencé le 14 ? Justifiez votre réponse.5. Dans quelle atmosphère se déroule la fête et avec quelles activités ?6. Y-a-t-il eu des incidents à Sens ? S'agit-il de résistances ou de personnes hostiles à la fête ?7. Y-a-t-il eu des résistances dans d'autres communes du Sénonais ?8. Dans quelle atmosphère se déroule la fête à Avallon et avec quelles activités ?9. Y-a-t-il eu des incidents ? S'agit-il de résistances ou de personnes hostiles à la fête ?10. Où et quand se déroule la revue militaire à Auxerre ? 11. A quoi voit-on que cette cérémonie est un moment solennel ? Que dire des vêtements de la

foule ?12. Quelle(s) critique(s) porter sur ces textes ?13. En vous aidant des réponses, rédigez un petit texte qui résume l'apport historique de ce

document.



Thème 6. Le Préfet dresse le bilan de la célébration du 14 juillet 1880 dans l'Yonne

Document n° 6.1 Lettre du sous-préfet de Tonnerre au préfet (15 juillet 1880)

« (…) La fête du 14-Juillet a été célébrée à Tonnerre avec beaucoup de luxe et beaucoup d'entrain. Tous les établissements départementaux et communaux ont été brillamment pavoisées et illuminées. L'élan a été très grand dans la population, seule la fonction cléricale, heureusement peu nombreuse, a boudé. Les fonctionnaires de tout ordre ont fait grandement leur devoir. – Il était réservé à un seul de faire tâche au tableau et de soulever contre lui l'indignation publique. M. Desnoyers, agent consulaire, qui a déjà fait l'objet de plusieurs rapports de ma part et sur le compte duquel je me réserve de vous entretenir dans un rapport spécial.

En somme beaucoup d'enthousiasme et excellente journée. »

Document n° 6,2 Lettre du préfet au ministre de l'Intérieur au sujet de M. Desnoyers, 16 juillet

« (…) M .Desnoyers, consul de Caracas, en congé à Tonnerre, (…) a pavoisé et illuminé sa maison (…) d'une manière ironique. (…) Adversaire violent du régime républicain, M. Desnoyers s'est fait le centre de la propagande cléricale et réactionnaire.(...)»

Document n° 6,3 Le rapport final du préfet au ministre de l'Intérieur,

« (…) La fête nationale été célébrée dans le département de l'Yonne avec un éclat et un élan incomparables.

Toutes les municipalités ont voulu s'y associer dans les campagnes comme dans les villes. (…) Il est à remarquer que les communes réputées jusqu'ici pour leur hostilité aux institutions actuelles, n'ont pas voulu rester en dehors du mouvement général.

Les réjouissances publiques ont eu un caractère tout à fait populaire et patriotique. (…) Les édifices publics ont été pavoisés et illuminés. »(…)

Les populations de l'Yonne ont témoigné hautement par leur enthousiasme qu'elles considéraient le 14-Juillet comme la véritable fête de la patrie et de la République (…). »



Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symboleDocument n° 6,4 Le défilé militaire à Auxerre, 14 juillet 1905

Le défilé militaire vu depuis la tribune officielle, située sur l'actuel boulevard du 11-Novembre. C'est de ce point de vue que le préfet de l'Yonne, représentant de l’État républicain dans le département, assiste aux parades militaires.

arch. dép. Yonne, fonds Moreau 5 Fi 256.

Questions :

1. Donnez l'auteur et le destinataire de chaque document. 2. Donnez la date et la nature de chaque document.3. Comment la ville de Tonnerre marque-t-elle son adhésion à la fête ?4. Celle-ci a-t-elle commencé le 14 ? Justifiez votre réponse.5. Y-a-t-il des résistances ou des personnes hostiles à la fête ?6. Qui est ce consul et quel rôle a-t-il joué ? Que craint le sous-préfet ?


Programme d’Histoire de Première–Le 14 juillet 1880, fête-symbole7. Pourquoi le préfet préfère-t-il écrire « fête nationale » plutôt que « fête du 14 juillet »? ?8. D’après lui comment le département marque-t-il son adhésion à la fête ?9. Dans quelle atmosphère se sont déroulées les célébrations ?10. Le préfet mentionne-t-il des incidents, des résistances ou des personnes hostiles à la fête ?

Pourquoi ?11. Où et quand se déroule la revue militaire à Auxerre ? De quel type de personnes la tribune

peut-elle se composer ? Que dire de leurs vêtements ?12. A quoi voit-on que cette cérémonie est un moment solennel ? 13. Quelle(s) critique(s) porter sur ces textes ?14. En vous aidant des réponses, rédigez un petit texte qui résume l'apport historique de ce

document.,



Pour aller plus loin :

• Mona Ozouf, « Le premier 14 Juillet de la République », L'Histoire, n°25, juillet-août 1980.

• Christian Amalvi, « Le 14 Juillet », Les lieux de mémoire, la République, la Nation, les France (dir P. Nora), Paris : Quarto Gallimard, 1997, t. I, p 383.

• A De Baecque et F.Melonio, « Lumières et Liberté, les dix-huitièmes et dix-neuvièmes siècles », Histoire culturelle de la France (dir J.P. Rioux et J.F. Sirinelli), Paris : Seuil, 1998, t 3, p 291.

• Remi Dalisson, Célébrer la nation, les fêtes nationales en France de 1789 à nos jours, Paris : Nouveau monde, 2009.


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Le 14 juillet 1880, fête-symbole de l'enracinement de la ... · Service éducatif Programme d ... rédaction finale d'un petit texte de 5 à 10 lignes. ... Un an auparavant, le 14