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Le baL des debs Valse avec l’Orient...Le baL des debs Ils semblent tout droit sortis d’un film de Bollywood. Et pourtant ce n’est pas du cinéma. Le décor est celui du palais

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Valse avec l’Orient

Le baL des debs

Ils semblent tout droit sortis d’un film de Bollywood. Et pourtant ce n’est pas du cinéma. Le décor est celui du palais où ils ont grandi, leurs cos-tumes sont ceux de leur rang. Si Padmanabh Singh et sa sœur, la prin-cesse Gauravi, sont invités à aller danser à Paris, à l’hôtel Peninsula, c’est parce qu’ils sont bien nés mais pas seulement. Ces descendants d’une Inde mythique sont aussi le symbole d’une jeunesse moderne pour qui la planète n’a pas de frontières. Le 25 novembre, ils seront entourés d’une vingtaine de beautés au pedigree royal ou glamour, comme Ava, la fille de l’actrice américaine Reese Witherspoon, dont le jeune maha-raja sera le cavalier. Gauravi arrivera, elle, au bras du prince Paul-Louis de Nassau. Mais en robe de bal haute couture 100 % made in India.

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Pour l’événement annuel du gotha, à Paris,

le maharaja de jaiPur et sa sœur feront

leurs Premiers Pas dans le monde

Au City Palace, la résidence royale transformée en partie en musée, Gauravi Kumari,

18 ans, Padmanabh Singh, 19 ans, et Lakshya, leur frère, 13  ans, maharaja de Sirmour.

p h o t o s o l i v i e r b o r d e

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La princesse Gauravi représente La modernité au service de La tradition« Je suis née dans une famille presti-gieuse, mais j’ai eu une jeunesse très nor-male », précise la princesse Gauravi. Elle fait ses études à New York, et bientôt, son frère aîné la rejoindra. L’Occident et ses codes leur sont donc familiers, mais ils n’imaginent leur avenir qu’en Inde. Lorsqu’il succède à son grand-père comme maharaja, Padmanabh Singh n’hérite que d’un titre honorifique, mais il devient le garant de toute une histoire. Sa sœur et lui tiennent à poursuivre l’œuvre de leur mère, la princesse Diya. Elle a créé une fondation pour améliorer le sort des femmes et des petites filles indiennes. Le 29 novembre, au Plaza Athénée, ils organiseront un gala de charité au profit de cette cause qui leur tient tant à cœur.Aussi à l’aise en jean qu’en sari, sur les bancs de la fac que sur les coussins brodés du palais royal.

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« Pacho » comme

l’appellent ses amis,

au volant d’une

Ford Thunderbird des

années 1950, une

de ses nombreuses

voitures de collection.

Il fait partie de l’équipe nationale de polo et rêve que l’Inde remporte le titre de champion du monde.

Dans la partie du City Palace ouverte au public, le maharaja se prête volontiers aux selfies.

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108 PARIS MATCH DU 16 AU 22 noveMbRe 2017

« PACHo » veUT MonTReR l’exeMPle à SeS ConCIToyenS en éTAnT CoURAgeUx eT ReSPonSAble

es amis l’appellent « Pacho ». Il y a un an, il n’était encore à leurs yeux qu’un étudiant ordinaire et discret de la très chic école privée Millfield, dans le Somerset, en

Angleterre. Mais une série de clichés le représentant en tenue d’apparat a fait découvrir à ses camarades une

tout autre réalité. A 19 ans, Son Altesse Padmanabh Singh est le maharaja de Jaipur. Ce titre lui vaut de participer, avec sa sœur Gauravi, 18 ans, au prochain Bal des débutantes. Un événement mondain d’origine britannique, où les jeunes filles de l’aristo-cratie étaient présentées à la reine. Dans sa version rénovée par Ophélie Renouard, fondatrice et présidente du Bal, la soirée se tient à Paris, à l’hôtel Peninsula. Elle rassemble encore la crème de la crème. Mais le gotha contemporain s’est ouvert aux reje-tons d’artistes et il n’y a plus de majesté devant qui s’incliner. Tout fout le camp ? Pas encore. Malgré leur jeunesse, Padmanabh et Gauravi y représenteront l’ancien monde : celui du sang bleu et des têtes couronnées. Filleul du prince Charles, Padmanabh Singh a hérité d’une charge mythique en Inde : aîné des petits-enfants du maharaja Bhawani Singh, il a été adopté par celui-ci, qui ne pouvait transmettre son titre à sa fille unique, la prin-cesse Diya. Une routine séculaire qui permet d’éviter l’extinc-tion d’une lignée. A la mort de son aïeul, en 2011, Pacho grimpe sur le trône. Il a 13 ans. Un peu jeune pour l’exercice du pouvoir mais, depuis 1971, la question ne se pose plus. L’abolition des titres royaux en Inde signe la fin du statut officiel de maharaja. Le prestige demeure. Ainsi qu’une partie de la fortune, l’équivalent de plusieurs centaines de millions d’euros. Dans le giron familial, quelques monuments comme le City Palace et le fort Jaigarh, des collections d’art, de voitures de luxe, quelques bijoux de taille immodeste et un mirobolant stock d’or. S’y trouve aussi un ancien palais, le Sujan Rajmahal, que Bhawani Singh a choisi de reconvertir en somptueux hôtel il y a quarante ans. A l’époque, certains y voient la marque d’un opportunisme mercantile. Le maharaja, lui, pense déjà à l’avenir.

En un siècle, la principauté de 25 000 kilo-mètres carrés a perdu 99 % de sa surface et s’est réduite à une seule ville. Mais sa beauté et ses richesses lui valent encore une renommée inter-nationale. Fondée au XVIIIe siècle, la cité de Jaipur est l’œuvre du maharaja Jai Singh II, ancêtre de Padmanabh. Marchands, artistes, scientifiques et lettrés du monde entier s’y pressent. En 1947, à l’indépendance de l’Inde, le territoire est inté-gré à l’Etat du Rajasthan, dans le nord-ouest du pays. Padmanabh, Gauravi et leur frère de 13 ans,

P a r m é l i n é R i s t i g u i a n

Lakshya, lui-même maharaja de Sirmour, ont passé leur enfance dans un palais, un vrai, le City Palace de Jaipur. Pierres dente-lées, lustres en cristal, tableaux de maître et tapis précieux : un décor digne des Mille et Une Nuits. Certains y laisseraient couler les années, alanguis sur de somptueux sofas, se gavant de lassi à la mangue et de pâtisseries au sirop de rose. Pas vraiment le genre de la maison ! « Nous ne nous sommes jamais comportés comme des enfants gâtés, précise Gauravi. Notre grand-père est un héros de la guerre. Dans notre famille, nous comptons des astronomes, des scientifiques et même des photographes ! Nous

voulons honorer la mémoire de notre dynastie. » Héritier en titre, Padmanabh a été élevé dans le culte de ses ancêtres. « Je souhaite perpétuer leurs valeurs : la bonté, la compassion, la générosité. Et donner l’exemple à mes concitoyens en étant un homme courageux et responsable, sur lequel ils peuvent compter. »

Plus question de chasser le tigre à dos d’élé-phant… Désormais, il faut accepter les règles. Comme tous les « royals » de la planète, Padmanabh, Gauravi et Lakshya appartiennent à une espèce en voie de disparition. Dormir dans des lits en ivoire

Padmanabh n’a pas trouvé sa princesse.

Sa sœur attend le prince

charmant

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par i smatch .com 109

sculpté, recouverts de peaux de léopard, ne met pas à l’abri de l’implacable logique darwinienne. Gardiens de la tradition, Padmanabh et ses proches doivent s’adapter au monde moderne. Pour les manifestations officielles, le maharaja revêt le safa, le turban du Rajasthan, et Gauravi, le sari. Au quotidien, le cos-tume d’apparat fait place à une tenue plus décontractée, jean et baskets. La panoplie idéale pour se fondre dans la foule du campus new-yorkais où Gauravi étudie les arts et les lettres. Son frère aîné l’y rejoindra dès janvier. L’occasion, explique-t-il, d’« en apprendre plus sur le monde contemporain ». Et de vivre sa jeunesse incognito.

Dans ce nouveau monde qui vit au rythme des Super Bowl, une épreuve de taille l’attend : dénicher de bons partenaires de polo. Une passion transmise de père en fils qu’on est prié de partager. Légende oblige : le maharaja a su dompter sa peur. « Mon grand-père a remporté la coupe du monde de polo en 1957, à Paris ! C’est un exemple pour moi. Je m’entraîne tous les jours et prends cela très au sérieux. » Joueur doué, il a intégré récemment l’équipe nationale de polo indienne. « Une fierté », confie-t-il. L’un de ses camarades de jeu s’appelle William et porte, comme lui, un titre princier. A sa différence, Pacho n’a pas trouvé sa princesse. Et sa sœur Gauravi attend encore son

prince charmant. Le 25 novembre, à Paris, ils virevolteront entre jeunes gens bien nés… mais Padmanabh et Gauravi n’en feront pas moins qu’à leur tête. En cela, ils suivront peut-être l’exemple de leur mère : elle n’est pas allée si loin pour trouver le bonheur et a osé épouser le fils d’un modeste employé de la cour. Ils furent pourtant très heureux et eurent trois enfants. Pourquoi les maharajas n’auraient-ils pas droit à leur conte de fées ? n

@meliristi Le bal sera donné au profit des associations Seleni et Enfants d’Asie.

Dans la résidence royale dit le « palais rose », le jeune maharaja, avec la princesse Diya Kumari, sa mère, Narendra Singh, son père, Gauravi et Lakshya.

Pour carrosse, une Twingo. Devant l’hôtel Peninsula, où aura lieu la soirée, Helena Alesi et Eléonore Cochin avec leurs cavaliers, Jules Verdet et Emmanuel Godfernaux. Renault est partenaire du bal.