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VIVRE LE BOCAGE EN BAZOIS GUIDE CITOYEN DU BAZOIS 2016

LE BOCAGE EN BAZOIS...LE BOCAGE VU DE LOIN Le bourg de Limanton. Du premier à l’arrière plan : haie classique de bord de route « rapée » ; haie arbustive , ligne d’arbre du

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VIVRE LE BOCAGE EN BAZOIS

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DES GUIDES CITOYENS ?

Depuis 2006, le Bazois a engagé une démarche d’intégration des ci-toyens dans la mise en valeur des paysages de proximité. Une dizaine de «  groupes paysages citoyens  » se sont formés dans les villages au cours des cinq premières années. Aujourd’hui, l’expérience touche à sa fin. Elle a porté ses fruits : rapproche-ments d’habitants autour de problé-matiques paysagères, amélioration du petit patrimoine local, toujours lié

à son cadre, création de parcours pé-destres commentés, découverte des territoires communaux, exploitation artistique et culturelle des paysages. Depuis 2014 a été lancé, dans le cadre d’un contrat de territoire entre la CCB et le Département de la Nièvre, la réalisation de GUIDES CITOYENS qui ont l’ambition de présenter le ter-ritoire sous une forme originale. La structure des guides est la suivante :

• constat de l’état de la question,• historique permettant de mieux comprendre les processus anciens et actuels,• parole libre donnée à un large panel d’habitants sur le sujet,• cartographie thématique,• éclairage de multiples « spécialistes »,• informations sur la législation et la réglementation,• ouverture à des aspects spécifiques et expériences locales ou extérieures

en lien avec le thème.LES

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Vivre Le Bocage en Bazois Le premier de ces « guides citoyens » est intitulé Vivre le bocage en Bazois. Le bo-cage, parure identitaire de ce territoire d’élevage, est patiemment entretenu par ses agriculteurs et les autres « travailleurs du paysage ». Aujourd’hui, le bocage est sérieusement atteint. Nous souhaitons que ce guide contribue non pas à figer le paysage, réalité mouvante, mais à faire en sorte que toutes les interventions sur lui soient plus raisonnées et respectueuses de ce développement durable qu’il ne faut pas seulement souhaiter, mais qui demande des engagements personnels et collectifs.Les auteurs du guide  : Sophie FEYRY, Janine GOURIO, Pierre PÉRÉ, Jean-Louis et Marie-Thérèse RAMBERT, avec la participation active d’habitants du Bazois.

SOMMAIRE• �LE CONSTAT ...................................02

Le bocage vu de loin, typologie du bocage, la dégradation du bocage

• HISTOIRE DU BOCAGE ............... 08• LA PAROLE DES HABITANTS .... 14

Qu’est-ce que le bocage évoque pour vous ? Les haies vous-semblent-elles utiles ? Que dire de l’entretien des haies ? Comment voyez-vous évoluer le bocage ? Qu’en pensent les enfants ?

• LA CARTE DU BOCAGE EN BAZOIS ..................................... 18

• LA PAROLE DES NATURALISTES ....................24

• LA LOI AU SECOURS DU BOCAGE ...................................30

• ENTRETIEN ET UTILISATION ECONOMIQUE DE LA HAIE ........34

• AILLEURS… ....................................36• POUR ALLER PLUS LOIN ............ 37

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LE BOCAGE VU DE LOIN

Le bourg de Limanton. Du premier à l’arrière plan : haie classique de bord de route « rapée » ; haie arbustive , ligne d’arbre du Canal puis du chemin de fer, bois de La Chapelle entre l’église et le château.

Châtillon-en-Bazois. Vue dans les environs de Mingot, haies de types variés, de nombreuses haies ont été supprimées : grands arbres rési-duels, barbelés en limite de parcelles.

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atVue sur l’écluse d’Anizy et le Château. Haies et arbres alignés structurent le paysage de la confluence Aron-canal : du premier à l’arrière-plan : • haie très dégradée sur une rupture de pente avec, à droite

les premiers arbres qui tapissent la rive concave et très pentue de la racle Canal-Aron,

• haie jardinée de la maison éclusière, • bosquet du remblai du canal, côté contre-halage, • ripisylve de l’Aron.

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Limanton, Les MocréesAncienne haie pléchée, aujourd’hui rapée mécaniquement, reconnaissable à ses branches mères couchées.

Dans certains secteurs de TinturyLe bocage a totalement disparu. Les cultures s’étendent jusqu’à l’accotement de la route.

Limanton, Haie pléchée à Montembert La technique ancienne du pléchage retrouve des amateurs qui se forment auprès de ceux qui l’ont pratiquée dans leur jeunesse.

Limanton, Les Mocrées La haie présente trois strates bien distinctes : un chêne de haut jet domine des petits arbres et une haie basse râpée.

HAIES BASSES HAIES BASSES AVEC QUELQUES ARBRES HAUTSTypologie A

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Les outils du plécheur (croissant, serpe, cognée, scie) ont des noms locaux très di-vers en Bazois.

Entre Aunay et AchunLes mailles du bocage sont très larges. Les haies basses se dégradent, les grands arbres se raréfient.

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HAIES HAUTES, BOSQUETS LONGS ET BOSQUETS DE BORD DE RIVIÈRETypologie B

Tamnay-en-Bazois La haie arborée au second plan ne tient plus son rôle de limite parcellaire mais protège les troupeaux.

Châtillon-en-BazoisHaie haute au second plan, calibrée à hauteur de machine (3 à 4 m), réduite au premier plan à une haie basse râpée. A droite, la haie a disparu.

Mont-et-MarréPrairie d’embouche et lignes arborées complexes. Les arbres des bordures de parcelles situées à droite et à gauche du cliché rejoignent la ripisylve, (bosquet de bord de rivière). La ripisilve de l'Alnain présente des hauteurs d’arbres très variables et les arbustes en taillis alternent avec des sections dégagées, témoignant de la variété des combinaisons entre actions humaines et naturelles : abandon à la nature ou nettoyage des rives, exploi-tation des arbres du rivage ou encore plantation ordonnée d’espèces à croissance rapide. Les parcelles enlacées par les petits méandres de cette rivière et celles, plus longues, qui se trouvent isolées en bordure du remblai du canal sont souvent laissées à elles-mêmes.

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atChâtillon-en-BazoisSaule pleureur isolé au bord d’un crot (une petite mare) avec le bois de Châtillon-en-Bazois en arrière-plan.

Mont-et-MarréHaie de jardin au premier plan (rosier ancien) et haie mixte à l’arrière-plan.

Chêne isolé à Tintury,Se dressant à proximité de l’étang de Fleury.

Mont-et-Marré Ligne de grands platanes bordant le canal.

HAIES DE JARDINS ET ARBRES DE PLEIN CHAMP ISOLÉSTypologie C

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LA DEGRADATION DU BOCAGE

Châtillon-en-BazoisLe talus a perdu la protection de sa haie. Il est en train de se raviner. Le passage des bovins d’une parcelle à l’autre ag-grave l’érosion. On remarque à droite le mouvement harmo-nieux du chemin creux avec sa double haie entretenue.

Châtillon-en-Bazois, BlanzySérie de haies basses, arbres de plein champ et, bien visible au centre du cliché, talus sinueux correspondant à une ancienne haie.

En BazoisLe pinceau de l’artiste accentue l’impression de « massacre » de la haie routière. Des arbres ont été tronçonnés à moins d’un mètre du sol. A l’arrière-plan, les silhouettes élancées et décharnées ressemblent à des « ragasses », arbres régulière-ment ébranchés des bocages de l’Ouest.

BrinayBocage dégradé, lignes d’arbres de plein champ en limite de parcelle, haie basse entretenue mais interrompue.

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Il est difficile de se faire une idée de la forme et de l’éten-due du bocage en Bazois jusqu’à la fin du Moyen Age. A partir du XVIème siècle, de nombreuses sources comme les descriptions de contrées, les plans-terriers, les in-ventaires, les reconnaissances de droits et les contrats d’exploitation donnent une meilleure idée du dévelop-pement du bocage en Bazois.

Nous défendrons ici l’idée que deux formes héritées de bocages coexistent aujourd’hui :

• le bocage des grands domaines, à larges mailles, est le plus ancien. C’est celui qui recule le plus rapidement aujourd’hui.

• le bocage des communautés rurales, villageoises ou familiales, à petites mailles, s’est surtout développé autour des hameaux au XIXème siècle. Son recul est moins systématique.

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HISTOIRE DU BOCAGE

HISTOIRE DU BOCAGE

Le bocage du Bazois : déjà une longue histoire

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Avant 1789, les petites parcelles des membres des communau-tés sont rarement encloses ou le sont temporairement, dans le cas de rotations culturales décidées et gérées en commun. C’est dans les grands domaines que naît le bocage comme système paysager. C’est à eux que s’applique l’adage repris par le juriste niver-nais Guy Coquille (vers 1595) « qui bouche il garde ». Il veut dire par là que celui qui enclot ses terres de haies vives (ou « bouchures ») en assure la pleine possession individuelle. Les domaines se spécialisent alors dans l’élevage et, très lo-calement, après 1770, dans l’élevage charolais. Le bocage à larges mailles entoure de nouvelles grandes parcelles nommées « L’Embauche », « Les Closeaux », « les Clos », « les Clous », « Le Grand Pré », « Les Pâtureaux », « La Prairie » ou, plus explicite encore, « La Prairie de fauche ». Ces par-celles sont souvent prises sur les espaces de gestion collective. Des systèmes coûteux d’irrigation des prés de fauche sont mis en place.

Avec plus d’un siècle de retard sur l’Angleterre, la France ébauche un mouvement « d’enclosures » lié pour une part à la croissance de la demande urbaine de viande. Les commu-nautés villageoises réagissent souvent négativement (conflits juridiques). Les baux à bordelage fournissent au seigneur une rente foncière qui se détériore très vite aux XVIIème et XVIIIème siècles. Ces mêmes baux restent pourtant essentiels pour les com-munautés familiales comme celle de Panneçot (commune de Limanton). Elles y voient une garantie de leur survie. En même temps, elles sont minées de l’intérieur par la poussée de re-vendications individualistes qui font évoluer leur propre vision du bocage.

LE TEMPS DU GRAND BOCAGE ARISTOCRATIQUE

Le grand bocage en péril

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La Révolution Française redistribue en partie la grande pro-priété mais modifie peu les modes de vie et les paysages. Les grands exploitants mettent une conduite rigoureuse du bocage au service de leur activité de gros éleveurs : dé-fense des grandes parcelles « modernisées » contre les dernières formes de droit coutumier, protection du bé-tail, appoint fourrager. Les transferts d’animaux se font sur des voies élargies, de mieux en mieux empierrées. Ces dé-placements sont comme guidés par un nouveau réseau de haies dont une des fonctions est de limiter les divaga-tions des troupeaux et l’orniérage des bords de champs.

La « révolution de l’élevage » se poursuit. C’est la grande époque de l’embouche, soutenue par l’État et le Conseil Gé-néral : encouragement aux foires et création des comices, sé-lection des races, fermes-modèles comme celle de Poussery à Montaron, nouvelles réglementations, impulsion au dévelop-pement des canaux puis des chemins de fer.

Les habitants des villages et des hameaux s’inspirent des notables en créant à leur tour un bocage, le petit bocage po-pulaire. Ce petit bocage a aussi son origine dans l’enbocage-ment des petites parcelles de jardins entourant les maisons de maîtres des domaines, dès le XVIIIe siècle. En période de pénurie croissante de bois, la petite paysannerie voit d’abord dans la haie arborée une ressource, surtout pour le chauffage. Par ailleurs l’engouement est général pour l’accès au statut de propriétaire. Les micro-propriétaires considèrent la pos-session d’une haie de belle allure, entretenue autour de leurs petites parcelles à proximité de leur maison (jardins et ouches) comme un signe de prestige. Ce mouvement doit beaucoup, avant 1880, au modèle social du notable rural, lui-même truf-fé de références à l’ancienne aristocratie. Le mouvement de création du bocage populaire par la petite paysannerie est une conséquence inattendue et encore peu étudiée de son accès à un espace d’expression politique par l’institution du suffrage universel à partir de 1848.

LE TRIOMPHE DU MODÈLE BOCAGERAU XIXÈME SIÈCLE

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Le maillage moyen entretenu

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LES PREMIERES ATTEINTES AU SYSTÈME BOCAGER DE 1880 AUX ANNÉES 1960

Le système ancien du grand bocage reste actif, mais les in-cidences paysagères du dépeuplement des campagnes sont grandes : l’entretien des haies se poursuit avec de moins en moins d’actifs, ce qui tend à privilégier les modes d’entretien mécanique, eux-mêmes destructeurs d’emplois. Progressive-ment, et plus tard dans le petit bocage, le plessage (voir plus haut les images de haies « pléchée ») est abandonné par les travailleurs des campagnes. À la fin des années 1960, l’entre-tien de toutes les haies est assuré par les nouveaux tracteurs privés ou communaux équipés de broyeurs (épareuses), qui remplacent l’homme et, pour d’autres tâches, les appareils à traction hippomobile. L’automobile facilite les échanges à dis-tance et les progrès des télécommunications et des médias assurent le brassage des modèles paysagers.En marge de notre sujet et plus globalement sur le plan de la densité en arbres et en arbustes, deux mouvements s’op-posent :

• La progression quantitative de l’arbre à grande échelle. La chute de la pression locale sur son utilisation comme éner-gie et l’effondrement de la population des ouvriers agricoles font reculer l’entretien minutieux de la haie et plus généra-lement des petits espaces boisés : l’arbre gagne certaines parcelles trop petites pour une exploitation mécanique rentable, d’anciens espaces d’usages communs comme les « chaumes », les « rues » les plus larges ou les bords de ri-vières (la ripisylve) retrouvent une allure « naturelle » fores-tière. Le petit bocage privé et populaire né dans la phase précédente se densifie en arbres à l’intérieur des petites parcelles de jardins.

• La dégradation des haies du grand bocage et des ouches en périphérie des hameaux et des villages. De fait, on observe un début d’appauvrissement de la haie, une atteinte à sa continuité et à la complémentarité de ses strates. L’arbre ne régresse beaucoup que dans le bocage à larges mailles.

Le maillage moyen entretenu

Triomphe de l’élevage charolais jusque dans le petit bocage

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UN RECUL RAPIDE DU GRAND BOCAGE DEPUIS LES ANNÉES 1960

Depuis les années 1960, la Bour-gogne a perdu le quart de son bo-cage. Les transformations du bocage esquissées dans la phase précédente s’accélèrent au point de renforcer le contraste entre grand et petit bo-cage : le triomphe du broyeur unifor-mise l’allure du bocage. La haie basse taillée au carré se généralise, souvent associée en Bazois à quelques grands arbres. L’exploitation complète de la haie disparaît ainsi que sa gestion pluri-décennale.

Une mutation de la représentation culturelle de la haie s’opère : jadis au-xiliaire du quotidien rural et support

annexe des récits de contes, la haie devient le lieu d’une vision urbanisée de la « nature » ou d’une vision nos-talgique de la petite patrie. Elle se charge de symboliques multiples. On l’érige en terrain privilégié du combat pour la préservation de cette même nature.

Avec un succès inégal, la région Bour-gogne investit dans l’aide à la conser-vation des bocages. En 2003, La Communauté de Communes du Ba-zois crée une commission paysage. A partir de 2008, les actions concertées de pléchage, nées à l’initiative du Parc naturel régional du Morvan, se multi-

plient en Bazois. En 2015, le collectif « Nivern’haies » est créé en Niver-nais central. Il regroupe de nou-veaux acteurs issus de la société civile, porteurs d’initiatives éparses développées dans les quinze der-nières années. Ces acteurs locaux prônent d’appliquer à la défense et à la promotion de la haie de nou-velles formes de citoyennetées de : • l’expérience du développement lo-

cal, des cheminements de vie per-sonnels ou collectifs,

• des engagements associatifs di-vers autour de la biodiversité ou de la protection de la faune.

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Trois destins d’un chemin de bocage au grand Anizy (voir page 12)

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Le bocage au Grand-Anizy, commune de Limanton, vers 1830.Les mailles bocagères ont une taille moyenne de 1 ha. Toutes les parcelles sont entourées de haies, à l’exception notable des micro-parcelles allongées (jardins et ouches), à proximité des maisons ou-vrières du Grand-Anizy. Les haies limitent également les chemins dont la largeur est mal hiérarchisée.

Le bocage au Grand-Anizy, vers 2010.En 180 ans, quelques haies de chemin et de parcelles restent en place mais le recul du bocage est évident :• D’anciens chemins ont été abandonnés.

Les haies qui les bordaient ont dispa-ru ou sont repérables par des arbres alignés ou encore enserrent de longs bosquets développés sur l’emprise an-cienne du chemin, par défaut de pas-sage et d’entretien (voir photo page 11).

• Le parcellaire s’est élargi à distance des maisons et s’est réduit à proximité.

• De nouvelles haies ont été implantées sur les bords de la large route rectiligne qui mène depuis le milieu du XIXe siècle de Panneçot à Moulins-Engilbert.

• Une partie des jardins et des ouches a été limitée par des haies basses.

Au final, les haies sont moins nombreuses mais les espaces boisés ont progressé.

L’EVOLUTION D’UN PETIT BOCAGE EN BAZOIS

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LA PAROLE DES HABITANTS

En 2014-2015, nous avons collecté la parole d’un panel d’habitants du Bazois. Chacun s’est exprimé librement et nous avons tenu à retranscrire fidèlement les propos recueillis. Il nous a fallu trier dans la masse des témoi-gnages.

• Des agriculteurs : Lucien, retraité à Châtillon-en-Bazois, Sylvain, éleveur à Mont-et-Marré, Bertrand, jeune éle-veur et céréalier à Achun, Didier, céréalier à Tintury.

• Un résident secondaire : Joël à Mont-et-Marré• Des enseignantes : Stéphanie à Châtillon-en-Bazois,

Eliane, retraitée à Montapas• Un employé municipal : Stéphane à Châtillon-en-Bazois.• Une habitante native du Bazois : Annie à Mont-et-Marré.• Une nouvelle habitante : Martine à Limanton.• Un bûcheron : Gilles, retraité à Mont-et-Marré.• Des élèves d’une classe de CP : Gatien, Louise, Céleste

et Adam.

LA PAROLE DES HABITANTS

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QU’EST-CE QUE LE BOCAGE EVOQUE POUR VOUS ?

Je viens d’un endroit où il n’y a pas de haies, il n’y a que des champs avec des clôtures et des barbelés et je trouve bien de les voir ici, si elles disparaissent c’est dommage.

Stéphanie

Le plaisir de marcher avec la protection des haies, les paysages fractionnés, pour le plaisir des yeux, pour les odeurs. Surtout, quand on a une vue d’en haut, ça fait une mosaïque de couleurs.

Joël

Par rapport aux visiteurs, c’est joli d’avoir de petites haies.Une haie taillée rentre bien dans le paysage. On n’a plus de grosses haies hautes. Je trouve qu’une commune avec des haies taillées est une commune bien entretenue.

Sylvain

Randonneurs sur un sentier en Bazois

« C’est tellement beau dans le paysage » Martine

C’était forcément utile et c’est plus joli que les barbelés dans le paysage.

Gilles

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LES HAIES VOUS SEMBLENT-ELLES UTILES ?

« A chaque saison, les haies ont leur utilité » Sylvain

Elles sont utiles contre l’érosion, elles n’ont pas un rôle drainant, mais quand il y a de la neige ça évite d’avoir des grosses congères, les animaux s’abritent au bord des haies.

Bertrand On est conscient de l’utilité maintenant. Il y a des gens qui nous sensibilisent dessus et c’est intéressant. On s’aperçoit que c’est bien utile et on comprend aussi pourquoi les agriculteurs les gardent. Ça fait partie du paysage autour de nous donc c’est important d’expliquer aux en-fants leur utilité.Continuer à sensibiliser, mais pas seulement les enfants, les habitants aussi.

Stéphanie

Au printemps, suite à des petites pluies ou des coups de vent, les bêtes se mettent à l’abri der-rière les haies ou sous les arbres. En été, c’est pour se protéger du soleil ou de l’orage. En au-tomne, elles protègent du froid.

Sylvain

Contre les inondations, contre le vent, contre tout en fin de compte, c’est vraiment une bar-rière naturelle.

Annie

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Si les Anciens avaient mis et entretenu des haies, c’est pour quelque chose… A force de faire tout ça, on doit participer au réchauffement de la planète. Puisqu’il n’y a plus de racines quand on les arrache, l’eau ruisselle partout et n’est plus absorbée. Vers le lavoir du Balais, c’est beaucoup plus inondé qu’avant, quand il y avait des haies hautes.

Gilles

Démonstration de pléchage, Montapas, février 2016

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QUE DIRE DE L’ENTRETIEN DES HAIES ?

Il faut le faire tous les ans ou les 2 ans. Un pré en général c’est 2 heures, voire 3 heures avec des haies tout autour. J’ai toujours dit depuis tout ga-min que c’est un boulot qui est dur, mais quand on l’a fini, on est fier de l’avoir fait.

Bertrand

Dans ma jeunesse, les haies étaient en général toutes simples, c’était des haies bocagères, des noisetiers, des petits arbustes, quelquefois des arbres qu’on laissait pousser plus ou moins haut. De temps en temps, quand les agriculteurs avaient le temps ils les coupaient en hauteur, jamais ils ne les coupaient très bas. Ce n’était pas des haies pléchées comme dans le Morvan, c’était des haies droites. D’ailleurs il y en a encore. Il y a des trous, le gibier passe au travers, il faut bien aussi. Souvent ils ont mis des fils de fer à côté de la haie.

Eliane

Les agriculteurs sont fiers d’entretenir le paysage. Il y a de plus en plus de personnes qui apprécient la nature. Ce n’est pas un sacrifice d’entretenir les haies pour les agriculteurs, ça se fait naturelle-ment.

Sylvain

Haie coupée à la tronçonneuse, récupération en bois de chauffage, régénération en cépée Dun-sur-Grandry

On a de plus en plus de contraintes, qu’elles soient économiques, environnementales, on fait avec, tout en essayant de préserver le plus pos-sible. Il faut dépenser le moins possible pour s’en sortir donc on est amené à faire des choses qui ne plaisent peut-être pas à tout le monde, mais qui sont faites par nécessité, genre : arracher des haies, regrouper des parcelles, enlever les mares. Il y a certaines choses qui se sont faites et qui se font un peu moins aujourd’hui. Dans ma commune, il y a de la verdure, il y a tout ce qu’on peut rêver en habitant la campagne. On est assez verni de ce côté-là, c’est assez joli, c’est vrai que ça nous coûte de l’argent de pouvoir garder un paysage comme ça. Si on n’est plus là demain en tant qu’éleveurs ou même céréaliers, le paysage deviendra de la friche, des ronces, des arbres par-tout, je ne sais pas si les gens en sont conscients.

Didier

« C’est un travail contraignant, c’est difficile, mais il faut le faire »

Bertrand

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COMMENT VOYEZ-VOUS EVOLUER LE BOCAGE ?

« Les haies diminuent d’année en année » Bertrand

Il y en a qui supprime les haies, mais on essaie de faire attention parce que c’est important au niveau de l’érosion, c’est important de les garder parce qu’après on n’a plus de gibier.

Bertrand Le bocage se dégrade, se rétrécit. Il est assassi-né pour développer des cultures intensives. Ça s’est terriblement dégradé depuis qu’on a ache-té notre maison, il y a 20 ans. Entre chez nous et le Balais, il n’y avait que des haies, maintenant, il y en a de moins en moins il en reste des tron-çons. Les haies disparaissent pour l’argent. Les agriculteurs font ce qu’ils peuvent pour survivre aujourd’hui au détriment du paysage. C’est la loi du marché.

Joël

A notre grand désespoir elles disparaissent, je pense qu’il faut vraiment mobiliser entre autres les agriculteurs qui sont souvent propriétaires, pour conserver les haies. Déjà en bordure de route je pense qu’il serait inutile d’abattre les haies.

Annie

C’est extrêmement difficile de revenir dans l’autre sens, mais j’en connais qui arrachent et qui replantent. A côté de chez moi sur un do-maine privé qui est loué, je crois que c’est le propriétaire qui replante et son employé fait l’entretien.

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Le dernier massacre ça a été le remembrement d’Alluy vers 71-72 et après est venu le remem-brement à Châtillon-en-Bazois en 74 et puis à Montapas. C’était un gaspillage monstre. C’était bien d’avoir des grandes parcelles mais il y avait moyen de les calculer pour déplacer les haies.

Lucien

Haies arborescentes arrachées (Châtillon-en Bazois)

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 17

Page 20: LE BOCAGE EN BAZOIS...LE BOCAGE VU DE LOIN Le bourg de Limanton. Du premier à l’arrière plan : haie classique de bord de route « rapée » ; haie arbustive , ligne d’arbre du

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18 | Guide Citoyen du Bazois 2016

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COMMENT VOYEZ-VOUS EVOLUER LE BOCAGE ?

Dans ma commune, le bocage n’a pas beaucoup évolué. Par contre, dans d’autres communes du canton, depuis la PAC1 de 92, le paysage a évolué. Les exploitations ont grandi, le matériel a grossi, avec plus de mécanisation. Pour faci-liter le travail, des haies ont été enlevées. Avec la nouvelle PAC, les agriculteurs sont plus avisés par rapport à la diversité, à la conservation des arbres et de quelques haies. Ils ont une nouvelle écoute, une nouvelle sensibilisation. Pas tous les agriculteurs, bien sûr, mais beaucoup.

Sylvain

On a tendance à les rogner. Quand elles n’y sont plus on n'a plus besoin de les entretenir.

Stéphane

Autour de chez moi elles ne disparaissent pas, après je n’ai pas le recul. Je suis arrivée dans la Nièvre il y a 15 ans. Même la commune les entretient à côté de chez nous, alors que ce sont des haies privées, le long de la route. C’est intéressant ça nous aide à vouloir les garder plutôt que les enlever.

Stéphanie

Haie plèchée à la maison du Bazois (Alluy)

1. PAC : Politique Agricole Commune

20 | Guide Citoyen du Bazois 2016

Page 23: LE BOCAGE EN BAZOIS...LE BOCAGE VU DE LOIN Le bourg de Limanton. Du premier à l’arrière plan : haie classique de bord de route « rapée » ; haie arbustive , ligne d’arbre du

QU’EN PENSENT LES ENFANTS ?

« C’est pour séparer les champs et aussi c’est pour les petits animaux qui habitent dedans »

Louise

Et puis des fois les oiseaux peuvent faire des nids dedans. Ça abrite les animaux. Céleste

C’est utile il y a les baies, il y a le poil à gratter, comme ça les oiseaux peuvent manger. Gatien

C’est bien, pour nourrir les animaux, les oi-seaux, le blaireau, la belette. Adam

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Fruits rouges et nids dans un chemin près de l’école

Guide Citoyen du Bazois 2016 | 21

Page 24: LE BOCAGE EN BAZOIS...LE BOCAGE VU DE LOIN Le bourg de Limanton. Du premier à l’arrière plan : haie classique de bord de route « rapée » ; haie arbustive , ligne d’arbre du

Y a-t-il une faune et une flore spécifique à la haie?Aujourd’hui, les haies jouent un rôle primordial, le rôle de corridor écolo-gique, qui fait le lien entre les forêts, les prairies, etc. Ça permet aux ani-maux de circuler car ils se sentent à l’abri. Ça sert aussi d’habitat pour cer-taines espèces, comme le petit gibier, le faisan, le lièvre et le hérisson. Ils ont besoin de ces petites zones tam-pon pour se réfugier. Le faucon cré-cerelle, qui est un allié pour le monde agricole, va consommer des ron-geurs, ce qui va limiter les attaques sur les plantations, les cultures. Il y a aussi les serpents, les insectes dans la bordure enherbée. Y a-t-il une différence entre les haies basses et les haies hautes pour la faune?Dans une haie haute, on peut trouver des rapaces et d’autres oiseaux qui vont venir y nicher.Dans les haies basses, on trouve des petits passereaux (des mésanges, des pinsons…)Dans les anciennes haies, il y a une grosse diversité végétale qui va ap-porter des fruits pour les oiseaux, les mammifères. Une haie est utile au niveau de l’ombre pour tous ces animaux.

Dans le Bazois quels sont les animaux qui reviennent ou qui ont disparu?Ce sera plus au niveau des ripisyl-ves, les haies qui sont en bordure des cours d’eau. On peut parler du retour du castor d’Europe. Il reprend sa place d’origine. En 1930, il a été presque exterminé pour sa fourrure par le piégeage, il a commencé à être relâché et aujourd’hui il recolonise le territoire qu’il avait avant. Le castor va tailler dans la ripisylve, le saule…Il va refaire des barrages.Il y a des castors à Châtillon-en-Ba-zois en Bazois. J’étais allée voir une personne qui habite au bord de l’Aron pour des dégâts dans de pe-tits saules qu’elle avait plantés pour maintenir ses berges. La loutre d’Europe revient égale-ment. Il existe un groupe loutre au niveau Bourgogne, dont je fais par-tie. La loutre va apprécier un arbre mort tombé d’une haie ripisylve, elle va avoir sa catiche - son nid- dans les souches ou un tronc mort

LA PAROLE DES NATURALISTESSophie LAMIRAULT, habitante du Bazois s’est spécialisée dans l’étude de la faune et de la flore.

Chaque niveau et chaque type de haie abrite une faune appropriée

Tous les animaux représentés ici vivent dans les haies. Ils les utilisent pour leurs déplacements, pour se nourrir, se reproduire et aussi comme zone de refuge.• La couleuvre à collier va se réchauffer sur une

vieille souche au soleil,• Le petit rhinolophe (tout comme bien d’autres

espèces de chauve-souris) va utiliser le linéaire des haies pour l’écholocation et se repérer ainsi dans l’espace en pleine nuit.

• La buse variable utilise une branche haute dé-gagée en guise de mirador afin d’observer ses futures proies.

• La fauvette à tête noire trouve les fruits et les baies nécessaires à son alimentation.

Concernant la «ripisylve» (haie bordant un cours d’eau) :• �Le castor d’Europe va couper des arbres afin

d’en consommer l’écorce et les feuilles. Les bran-chages pourront également lui permettre de confectionner des barrages pour régler le niveau d’eau à sa convenance.

• �La loutre d’Europe trouvera un arbre creux. Ainsi elle pourra créer une catiche (nid) pour y élever ses petits.

• Le martin pêcheur se perche afin de guetter les petits poissons qu’il va pêcher.

• Les poissons utilisent les racines des arbres comme zones de refuge. La ripisylve leur procure également des zones d’ombres qui permettent de réguler la température de l’eau en cas d’enso-leillement trop important.

22 | Guide Citoyen du Bazois 2016

Page 25: LE BOCAGE EN BAZOIS...LE BOCAGE VU DE LOIN Le bourg de Limanton. Du premier à l’arrière plan : haie classique de bord de route « rapée » ; haie arbustive , ligne d’arbre du

LA PAROLE DES NATURALISTES

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Page 26: LE BOCAGE EN BAZOIS...LE BOCAGE VU DE LOIN Le bourg de Limanton. Du premier à l’arrière plan : haie classique de bord de route « rapée » ; haie arbustive , ligne d’arbre du

LA PAROLE DES NATURALISTESNicolas LESIEUR travaille au parc du Morvan sur les sites Natura 2000.

Les haies sont une des caractéristiques fortes de notre pay-sage. Le maillage ainsi formé par le réseau de haies donne une certaine cohérence au paysage local.

La haie actuelle, qui se développe sur un sol acide, se carac-térise par une haie basse (« brosse » en patois) taillée au car-rée et accompagnée d’arbres de haut-jet (châtaignier, charme, chêne, frêne, hêtre, merisier). Les arbustes qui la composent sont principalement le charme, le noisetier, l’aubépine, le pru-nellier, le houx et le sureau.

Issue de savoir-faire celtiques, la haie plessée (ou pléchée) est devenue rare. Ces gestes ancestraux consistent à entailler un certain nombre de tiges verticales afin de pouvoir les orienter horizontalement, les tresser entre elles, et laisser repartir les rejets verticaux. Cette technique présente l’avantage de for-mer une barrière naturelle.

Les intérêts de la haie sont bien connus :

• la régulation climatique, par l’effet de brise-vent qui dépend de la densité et de la hauteur de la haie permettant une di-minution de la vitesse du vent,

• la régulation hydraulique en favorisant l’infiltration dans le sol, le stockage dans les nappes phréatiques et l’absorption progressive des éléments minéraux du sol par les végétaux,

• la protection des sols contre l’érosion hydrique et éolienne. D’autre part, le réseau de haies a un impact significatif sur la fertilité des sols (redistribution des éléments minéraux),

• une fonction de production de bois de chauffage ou d’outil-lage, espèces alimentaires et médicinales,

• l’amélioration du cadre de vie.

La haie retient l’eau, ce qui évite un lessivage des terres ; elle ralentit l’écoulement et donc évite ou diminue les crues des rivières (M. BOURAND)

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LA PAROLE DES NATURALISTES

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Les haies trop denses perdent leur aspect fonctionnel. Une haie qui fait vraiment « mur » arrête le vent et crée une perturbation juste derrière la haie.

Une haie relativement perméable à un effet brise vent, il n’y aura pas de perturbation jusqu’à 15 fois la hauteur de la haie à l’intérieur de la parcelle. Elle limite l’érosion éolienne et va avoir une influence sur le rendement comme on le verra page 33.

Haie hauteséparations entre deux parcelles cultivées.

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LA PAROLE DES NATURALISTESRomain GELOS : spécialiste à la MELA2 travaille sur le Nivernais.

« La MELA soutient le programme « Bocage et paysages » du Conseil régional de Bourgogne.

Cette structure fait un inventaire des haies et des éléments re-marquables (arbres, mares…) dans 52 communes du sud-ouest du département dans un but de sauvegarde. Une carte dressée pour chaque commune est donnée au maire. L’inventaire est fait à par-tir de photos aériennes ou en parcourant la commune, ce qui est beaucoup plus long.

Ensuite les spécialistes font des propositions aux maires ou aux exploitants agricoles dans le but de replanter les haies (30 km de haies ont été replantées sur cette région, principalement chez des agriculteurs ou des particuliers). Ils aident au montage des dossiers.

Ce sont les agriculteurs qui sont demandeurs, il n’y a pas d’obli-gation. Ils ne viennent pas encore nous voir, on leur pose la ques-tion quand on les rencontre dans le cadre de nos études sur les communes. On leur donne l’information sur le programme de

la région car ils ne le connaissent pas. On facilite leur projet en faisant les démarches administratives (les dossiers, le choix des espèces, leur commande et même les entreprises pour la plan-tation), ils obtiennent des aides de la région et du coup le projet devient possible pour eux.

Les projets sont d’environ de 1 km-1,5 km par agriculteur, un gros céréalier a même replanté 7 km de haies. Les plus gros projets sont portés par des céréaliers car ils se rendent compte eux même de l’intérêt des haies. Quelque fois c’est juste paysagé, ils ont envie de voir des haies dans leur paysage, des fois ils sont chasseurs, ils ont compris que c’est un abri pour la faune. »

Pour les communes, nous avons d’autres arguments, c’est plus de reconnecter le maillage, faire en sorte qu’il n’y ait pas de trou dans le paysage. »

2. MELA : Maison de l’Environnement Loire et Allier

Perspectives bocagères aux confins du Bazois et du Morvan, vues des hauteurs de Dun-sur-Grandry

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LA PAROLE DES NATURALISTES

« Pas de sensibilisation avant arrachage. Il n’est pas possible de connaître les agriculteurs qui vont arracher leur haie, quand on voit les engins il est déjà trop tard, les gens ont ré-fléchi, ils savent pourquoi ils veulent arracher, ils savent combien ça va leur coûter. Intervenir à ce stade provoquerait un conflit.

Avec la nouvelle PAC3 il y a des changements qui vont dans le sens du bocage, des change-ments assez conséquents, la haie est reconnue « d’utilité » dans l’agriculture et les exploitants sont obligés de conserver une partie de surface environnementale dont les haies, s’ils veulent toucher leurs aides.

Il y a d’autres alternatives à la haie dans cette surface environnementale, comme les protéa-gineux, tout ce qui est féverole, pois… mais il y a quand même le volet sensé préserver toutes les haies existantes. On aura toujours le droit d’arracher mais dans des conditions très enca-drées et qui en général obligent à replanter à côté. C’est une belle démarche.

Pour que ce soit pérenne il faut que les agricul-teurs retrouvent du sens à leurs haies que ce ne soit pas pour eux que de l’entretien à faire et un coût. »

Romain GELOS

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s3. PAC : Politique Agricole Commune

Source : M. BOURAND

Haie champêtre diversifiée

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LA LOI AU SECOURS DU BOCAGE

Ces témoignages font écho au désir de la très grande majorité des habitants du Ba-zois de voir leur bocage protégé. Beaucoup ignorent les leviers légaux qui peuvent être mobilisés.

Bertrand, jeune agriculteur

Avec la PAC certains vont avoir une suppression d’aides et devont re-mettre des haies à des endroits, des petits bocages, des trucs simples mais très importants. On a l’obligation de garder, selon un pourcentage de su-perficie, des haies, des murs, des abords de forêt. Ce sera peut-être dif-ficile à mettre en place. Tous les ans on fait une déclaration de nos surfaces. Tous les 5 ans il y a une photo qui est prise de nos terres et ils verront s’il y a des haies supprimées.

Le statut juridique des haies

Deux témoignages :

La question de la propriété de la haie est essentielle pour déterminer son statut. Il y a quatre sortes de haies : • les haies entièrement situées sur une parcelle privée, auxquelles il faut joindre les orées

de bois et les bosquets allongés occupant une parcelle.• les haies mitoyennes entre deux propriétaires privés,•��les haies mitoyennes entre le domaine public (ou le domaine privé d’une collectivité lo-

cale) et un propriétaire privé• les haies entièrement situées sur le domaine public.

Interrogations de Jean-Philippe Panier, maire de Biches

Ces haies font partie du patrimoine, c’est l’histoire, il faut absolument les préser-ver. Pour les propriétaires terriens, il n’y a pas une législation stricte là-dessus, on voit effectivement par endroits des arrachages de haies régulièrement, c’est arrivé à Biches il n’y a pas longtemps. Dans ce cas, le pouvoir de police du maire ne peut pas fonctionner.A ma connaissance, je ne connais pas toute la réglementation, car c’est rela-tivement complexe. C’est le Code ru-ral  ? j’avoue que je ne sais pas s’il y a des règles précises au niveau des haies vives. Un jour, il va falloir qu’on s’y colle. Pas seulement au niveau de Biches, mais au niveau du territoire, il faudrait qu’on regarde la réglementation, ça serait in-

téressant pour tous les élus. Il faudrait qu’on arrive à conserver nos bocages. Les haies font partie de nos paysages.Le Conseil Départemental a demandé de faire l’élagage sur la D132 à tous les ri-verains. La commune a loué un lamier et on coupe proprement les troncs. On a un tracteur broyeur et l’employé intervient plusieurs fois par an sur les voies communales pour les haies et puis sur les chemins ruraux, les chemins de randonnées... Tous les chemins ruraux ne sont pas systématiquement entre-tenus, car certains n’ont pas été suivis depuis longtemps, ils sont enfouis dans la nature, mais j’ai demandé à ce qu’on reprenne tous les chemins. Il faut qu’on fasse un inventaire et voir ce qu’on peut faire pour les rouvrir car il y en a qui se perdent.

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LA PROTECTION JURIDIQUE DES HAIES4

• Les protections réglementaires.Les règles concernant la protection des haies sont dispersées dans le code civil, le code rural, le code de la voirie routière, le code des collectivités territoriales, le code de l’urbanisme, le code de l’environnement, le code du patrimoine, ainsi que le code fores-tier. Les espaces boisés et les haies peuvent être protégés par : > Les plans locaux d’urbanisme (PLU) et les clas-

sements communaux peuvent contenir des mesures de protection des arbres et des haies avec nécessité d’autorisation pour les abattages.

> �Les directives de protection et de mise en valeur des paysages imposent une protection sélective de territoires désignés par leur « intérêt paysager ».

> Les cahiers de recommandation issus de la circulaire de 1994 (loi paysage de 1993), au-jourd’hui dépassés.

> Le classement par arrêté préfectoral est géné-ralement lié à une procédure de remembrement qui impose à la fois des obligations de conserva-tion et des autorisations d’arrachage des haies. Ce classement est très précis sur le plan cadas-tral et permet la protection indirecte de certaines haies par les arrêtés de protection du biotope.

> Les protections de niveau européen

• Les protections conventionnelles.Elles résultent de contrats et tendent à se développer à l’heure actuelle : > Notamment les contrats d’accompagnement

financier, les contrats particuliers d’exploita-tion : CTE, en perte de vitesse aujourd’hui, plans de gestion bocagers, très intéressants parce qu’ils permettent de prendre des mesures positives de gestion, ce qui n’est pas le cas des protections réglementaires. Les contrats « Natura 2000 » en font partie.

> Les chartes forestières de territoire sont pré-sentes dans la loi d’orientation sur la forêt.

> Les contrats relatifs à la maîtrise foncière. Les SAFER peuvent jouer un rôle intéressant ici par leur droit de préemption.

> Les contrats relatifs à la maîtrise d’usage. Voir le statut du bail à ferme dans le code rural concer-nant l’arrachage des haies par le preneur.

> Les chartes des parcs naturels régionaux. > �La convention européenne du paysage.

4. D’après un texte de Catherine GIRAUDEL, Université de Limoges (2002)

Les moyens de protection juridique des haies sont très nombreux. On peut les classer en deux types : Les protections réglementaires et les protections conventionnelles.

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POUR S’Y RETROUVER DANS LA JUNGLE DES CODES

Code civil • L’article 671 fixe les distances

de plantations à la limite de propriété riveraine.

• L’article 672 donne les règles et conditions légales d’arrachage ou de replantation

Code rural • L’article D161-14, 23 et 24

concerne les plantations d’arbres dans l’emprise des che-mins ruraux et fixe la position à tenir sur les branches et racines des arbres qui avancent sur l’emprise des chemins ruraux.

Code de la voirie routière• L’article R116-2 précise les cas

d’actes passibles d’amendes en limite du domaine public.

Code des collectivités territoriales • L’article 2212-2 définit la mis-

sion de la police municipale qui a pour objet d’assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique. La police municipale doit assurer en par-ticulier la sûreté et la commo-dité du passage dans les voies et lieux publics, ce qui implique la prise d’arrêtés prescrivant la taille et l’élagage des arbres et haies dépassant sur le domaine public ; Leur entretien est dans la plupart des cas à la charge

du propriétaire riverain, dont la responsabilité est engagée en cas d’accident. L’alinéa 2.2 décrit Les outils de protection et de préservation des espaces végétalisés.

Code de l’urbanisme• �L’article L130-1 concerne les

plans locaux d’urbanisme et les possibilités de classement d’espaces boisés, d’arbres iso-lés, de bois, de forêts, de parcs à conserver, à protéger ou à créer, de haies ou de réseaux de haies, de plantations d’aligne-ment. Il peut entraîner le rejet de plein droit de la demande d’autorisation de défrichement prévue aux chapitres Ier et II du titre Ier livre III du code fo-restier qui peut être également consulté. L’article L130.1 s’ap-plique aux coupes et abattages d’arbres soumis à déclaration préalable dans les bois, forêts et parcs situés sur le territoire des communes ou parties de communes où l’établissement d’un plan local d’urbanisme a été prescrit mais où ce plan n’a pas encore été autorisé ainsi que dans les espaces boisés classés. Toutefois, cette décla-ration n’est pas toujours requise dans plusieurs cas : enlèvement d’arbres dangereux ou morts, bois exclusivement soumis au régime forestier, existence d’un

plan simple de gestion, coupes faisant l’objet d’une autorisation spéciale. La loi autorise aussi la protection des arbres au titre des monuments historiques (rare). Les alignements d’arbres remarquables sont le plus sou-vent protégés au titre des sites inscrits ou classés.

• L’article L480-1 et 4 précise ce qui doit être fait, s’il y a eu classement, dans le cas d’arase-ments abusifs.

• L’article R421-23 précise com-ment un maire ou un président de communauté de commune peut engager une procédure de classement (voir l’expérience d’Autry-Issards plus bas).

Code de l’environnement • L’article L341-1 et 10 limite

les atteintes des monu-ments naturels ou des sites classés. Il soumet à autori-sation les travaux effectués dans l’emprise des arrêtés de conservation et préservation de ces monuments et sites. La loi du 8 janvier 1993 dite loi paysage a institué la notion de structures paysagères pour permettre des protections, ce qui concerne souvent les ali-gnements d’arbres. Mais il faut reconnaître que rares sont les cas qui peuvent être cités (prise d’arrêtés communaux ou pré-fectoraux).

• L’article L350-1 développe la notion de structure paysagère) l’État peut prendre des direc-tives de protection et de mise en valeur des paysages à condi-tion de le faire en concertation avec les collectivités territo-riales concernées qui peuvent aussi en être à l’initiative. Les associations de protection de l’environnement agréées et les organisations profession-nelles peuvent y être associées. Leurs dispositions sont oppo-sables aux demandes d’autori-sations de défrichement, d’oc-cupation et d’utilisation du sol

• L’article R411-15 concerne la conservation des biotopes : haies, bosquets, ... afin de pré-venir la disparition d’espèces […] ou quand ces biotopes, peu exploités par l’homme, sont nécessaires à l’alimentation, à la reproduction, au repos ou à la survie de ces espèces

Code du patrimoine • Les articles L. 642-1 et 2 per-

mettent aux communes et aux communautés de com-munes de délimiter des zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysa-ger. Les dispositions de la zone de protection sont annexées au plan local d’urbanisme.

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LES ZONES DE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT PROTEGENT-ELLES AUSSI LES HAIES BOCAGERES ?

• �L’art. L581-4 précise que toute publicité est interdite sur les arbres.

• �Les ZNIEFF ou Zones d’intérêt éco-logique, faunistique et floristique, ne sont que des inventaires, mais ils doivent être inscrits dans tous les dossiers accompagnant les docu-ments d’aménagement.

•��les zones Natura 2000 contiennent des règles précises sur la conserva-tion des haies. Elles ne sont présentes qu’en marge du Bazois, en Sud-Mor-van.

• L’Etat et l’Union Européenne peuvent aider au financement de boisements linéaires. Les mesures agro-environnementales de l’UE ont également favorisé, directement ou

indirectement, le maintien de mail-lages bocagers. La plantation et l’en-tretien des haies peuvent faire partie des contrats d’agriculture durable dans certains départements.

• Les aides de la PAC 2014-2020 fa-vorisent l’arbre et la haie champêtre. Elles s’appuient sur la notion de sur-face d’intérêt écologique.

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AU DELA DE LA LOI, LA FORCE DES ACTIONS COLLECTIVES

Il y a de très nombreuses actions qui vont dans le sens d’une protection et d’une va-lorisation du bocage, à commencer par la réalisation du guide citoyen du bocage en Bazois. • La région Bourgogne proposait un programme semblable jusqu’en 2016 : « APPEL

A PROJETS : BOCAGES ET PAYSAGES ». Aujourd’hui, nous ignorons si la grande région Bourgogne-Franche-Comté poursuivra ce programme en 2017.

• Des associations multiples se sont déjà engagées dans cette voie. La dernière en date est « Nivern’haies », créée à Rouy en 2015 et qui se donne pour tâche d’exercer une vigilance citoyenne et d’alerte sur les atteintes les plus graves au bocage. Elle a organisé une première « fête de la haie » à Rouy en 2015 avec une balade com-mentée par un historien du paysage, un naturaliste et un agriculteur intervenant en compagnie d’un technicien de la Chambre d’agriculture de la Nièvre.

• Bien d’autres associations l’ont précédée. Parmi elles ont peut citer La MELA dont le travail a été détaillé page 26,

• Dans le grand nombre des expériences nous avons choisi de n’en sélectionner que deux, l’une menée à bien par un maire, l’autre par une CUMA (pages 34 à 36). Elles peuvent inspirer des acteurs locaux bien différents désireux d’agir dans ce sens.

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ENTRETIEN ET UTILISATION ECONOMIQUE DE LA HAIE

Autrefois :L’entretien de la haie se faisait manuellement pendant l’hiver par taille régulière. Pour densi-fier les haies vives, on procédait par pléchage. La technique consiste à coucher des arbustes que l’on incise au pied pour les entrelacer entre des pieux.

Dans le Bazois, depuis quelques années et à l’initiative du parc du Morvan, des journées sont organisées, permettant à des amateurs de dé-couvrir et pratiquer les gestes des anciens afin de faire perdurer ce savoir-faire. Plécheurs au travail

Entretien des haies avec une tronçonneuse en hauteur au bout d’un brasLe lamier à scies et la tronçonneuse permettent un travail de bonne qualité.

Entretien au broyeur (épareuse)

Aujourd’hui :L’entretien est de nos jours entièrement mécanisé et utilise largement le broyeur (épareuse). Ce type d’entretien est mis en œuvre pour des raisons économiques (coût du matériel) et de moyens humains (rapidité de l’opération).

Cependant, cette technique est loin d’offrir des résultats satisfaisants si les conditions de mise en œuvre ne sont pas respectées (coupe annuelle en saison de pousse du bois jeune hors période de nidification sur des branches de 2cm de diamètre maximum). De plus, cette technique ne permet pas de valoriser le bois produit.

Nicolas Lesieur

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HAIE ET GAIN DE PRODUCTIVITE

Pour protéger les cultures, le bétail et même les hommes aux environs des bâtiments ou de leur habitation, la haie apporte un gain de productivité: rendement des céréales, économie d’énergie pour le bétail ou apport de bois de chauffage.Le réseau de haies a un impact significatif sur la fertilité des sols (redistribution des éléments minéraux). Elle a également une fonction de production de bois de chauffage utilisé sous diverses formes, bûches ou bois déchiqueté (on considère qu’1 km de haies peut fournir de 7 à 11 stères de bois déchiqueté).

D. SOLTNER, d’après les travaux de VATES.

Influence de la haie brise-vent sur le rendement d’un champ de céréales

Une subtile interpénétration des forêts et des haies hautes entre Bazois et Morvan, aux limites des communes de Chougny et de Dun-sur-Grandry

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Une CUMA propose les estimations suivantes (en 2014) :• 100 mètres linéaires de haies bocagères = 15 à

60 map* humides (*mètre cube apparent de plaquettes)

• Coût de production agricole d’un map sec : 22 € HT • 4 map secs = 1 tonne sèche de plaquettes = 360 litres

de fioul = 3 500 kWh d’électricité • Coût de l’énergie / kWh, en tenant compte du

rendement des appareils : > Bois déchiqueté = 2.6 cts / kWh > Fioul domestique = 6.3 cts / kWh > Électricité = 10.5 cts / kWh • Coût d’une chaudière à bois déchiqueté de 30 kW :

8 000 à 16 000 € HT Source : FD CUMA du Calvados

On notera que certains baux ruraux peuvent contenir des clauses qui limitent la liberté de laisser monter les haies, condition première pour produire du bois.

La chambre d’agriculture de la Nièvre cherche à va-loriser et à encourager les solutions de gestion raison-née des haies comme productrices de bois déchiqueté.

La CUMA nivernaise TERREAU a pris beaucoup d’importance dans le domaine du broyage à grande échelle. Créée en 2001 par 9 agriculteurs pour andainer et étaler le fumier, elle a évolué vers la fonction com-post. Elle traite entre 11 et 13000 map dans la Nièvre. Cette CUMA regroupait 283 adhérents en 2015. Elle intervient aussi dans le Cher, l’Yonne et la Saône-et-Loire. Elle a un salarié. Elle dispose d’un tracteur de 280 CV acheté d’occasion et d’une déchiqueteuse de 234000 €. La charge de la machine est largement cou-verte.

L’EXPERIENCE DES CUMA5 : COMMENT VALORISER LA HAIE COMME PRODUCTRICE DE BOIS DECHIQUETE

Broyage des branchages, démonstration CUMA et

Chambre d’Agriculture de la Nièvre

5. Coopérative d’utilisation du matériel agricole.

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UNE INTERVENTION DE LA CUMA TERREAU : LA COMMUNE DE MILLAY EST DEVENUE LA RÉFÉRENCE NIVERNAISE EN MATIÈRE D’UTILISATION DU BOIS DÉCHIQUETÉ

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Une fois par an, la déchiqueteuse Terreau de la Coopérative d’utilisation de matériel agricole (Cuma) départemen-tale de la Nièvre se rend à Millay afin de transformer en copeaux le BTL (Bois Toutes Longueurs) avec néanmoins un diamètre maximum de 40 cm.Pas moins de 400 stères de bois non tronçonnés, déposés par les adhérents du Groupement d’intérêt écono-mique (GIE) de la Cuma locale, ont été débités en une douzaine d’heures par la puissante machine, pour produire quelque 600 m³ de bois déchiquetés.Cette récolte permet de fournir en bois de chauffage la mairie de Millay à hauteur de 500 m³ par an, pour alimen-ter la chaufferie qui dessert les bâtiments communaux ainsi que la maison de retraite, le restant étant vendu à des particuliers. Le bois fourni par les membres de la Cuma de Millay, principalement des agriculteurs ayant les outils pour permettre son transport jusqu’au hangar, leur est payé 30 € TTC le m³ par le GIE où sont ensuite déduits les frais inhérents à l’utilisation de la déchiqueteuse et ceux de fonctionnement de la structure Cuma et GIE.À cette période, le bois est déchiqueté vert. Ensuite, la machine le propulse à l’aide de sa goulotte sous le hangar de stockage où il s’auto-séchera durant tout l’été, pour atteindre aux environs de septembre, après fermentation, 20 % d’humidité.Présidée par Philippe Camus, la Cuma de Millay, qui a fêté ses 20 ans d’existence, apporte un atout non négli-geable à la gestion du patrimoine forestier en faisant usage des bois non marchands et répond régulièrement à des appels d’offres sur le département afin de proposer sa récolte. Une récolte qui, au fil des ans, a su se position-ner en qualité, avec un bois classé en M25, garantie d’un taux d’humidité aux normes ».

Journal du Centre

Tout un système productif et écologiquement responsable est en train de se mettre en place, il se compose de :

• Des plans de gestion des haies réalisés et menés à bien par les agriculteurs, avec l’aide initiale et l’accompagnement de la Chambre d’agriculture.

• L’intervention de CUMA locales dont une de déchiquetage capable de traiter de gros volumes.

• L’utilisation du bois déchiqueté pour produire de l’énergie ou de la litière à bas coût et à partir des ressources locales.

• Un effet positif sur le lieu de vie des animaux élevés.• L’amélioration de la biodiversité, le maintien des corridors écologiques et du

maillage bocager.

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Le maire ou le président de la Communauté de communes peut intervenir directement pour aider à la préservation du bocage, que la commune ou la communauté dispose ou non d’un plan local d’urbanisme (PLU). Il peut engager la procédure du classement. Il s’appuie pour cela sur l’article R421-23 du code de l’urbanisme.Dans l’Allier, l’ancien maire d’une petite commune nous a confié les témoignages écrits de l’expérience menée à bien en 2011-2012.

AILLEURS… L’EXPERIENCE D’AUTRY-ISSARDS COMMENT UN MAIRE A FAIT CLASSER LE BOCAGE DE SA COMMUNE

Autry-Issards s’enorgueillit de la qualité du bocage et du linéaire important des haies sur les 1945 hectares de son territoire. Depuis de nombreuses années nous sommes de tous les combats pour sensibiliser tous les acteurs sur l’importance du bocage que ce soit pour la qualité de vie, l’attrait touristique, la randonnée et la balade sur les chemins ombragés (à pied, à cheval, à vélo), la biodiversité de la flore et de la faune et maintenant pour l’intérêt économique pour le bois énergie et le « paillage » des stabulations agricoles. Si le bocage est ainsi préservé nous le devons aux agriculteurs exploitant sur la commune car ils sont un des acteurs essentiels de l’entretien de nos paysages.

Dans ce contexte et avec l’appui du Conseil Général qui affiche un programme d’actions en faveur du bocage bourbonnais , le conseil municipal a décidé de lancer une procédure de classement des haies sur le territoire communal.

Tout au long de cette procédure, nous bénéficions de l’appui technique et d’animation de la Mission haies Auvergne ainsi que des services du Conseil Général.

Elle a démarré par une réunion avec les agriculteurs qui ont globa-lement adhérés à la démarche. Puis a suivi une réunion publique d’informations et d’explications sur les motivations et les objec-tifs. A l’issue de cette dernière, nous avons programmé 4 réunions « terrain » pour définir concrètement les haies que nous envisa-gions de protéger et nous avons créé une commission commu-nale de classement. Cette commission a pour mission de proposer

au conseil municipal une cartographie des haies à protéger ainsi qu’un règlement de gestion des haies. Une deuxième réunion publique a permis d’exposer les conclusions du travail de la com-mission.

Plusieurs catégories de haies ont été proposées au classement. Tout d’abord :• les haies bord de chemins, bord de routes et bord de cours d’eau ;

elles sont emblématiques du bocage.• les haies à proximité du bâti qui jouent un rôle de brise-vent.• les haies perpendiculaires au sens de la pente qui améliorent la

qualité de l’eau et luttent contre l’érosion.

Suite à cette dernière réunion publique le conseil municipal a délibéré pour statuer. Puis l’ensemble du dossier a été soumis à enquête publique. A l’issue de celle-ci, une délibération a été prise en conseil municipal pour officialiser le classement.

[Extrait d’un autre document communal] : le classement et le règlement de gestion imposent la déclaration préalable de travaux. Des procès-verbaux et des amendes sont prévus en cas d’infraction

La procédure entre la première réunion et le classement définitif a duré 18 mois, entre 2011 et 2012.

Jean-Pierre Laloué, ancien maire d’Autry-Issards

Classement des haies bocagères sur Autry-Issards

36 | Guide Citoyen du Bazois 2016

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POUR ALLER PLUS LOIN

Il est impossible de présenter ici une bibliographie et une sitographie importantes. Nous nous contenterons de renvoyer aux sites et aux publications des organismes suivants :

• Le conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne (Rue du Moulin des Étangs, 21600 Fénay, 03 80 79 25 99) publie régulièrement une brochure « Territoires naturels de Bourgogne », actes des rencontres annuelles. Les six premiers numéros sont intitulés ; Puisaye-Forterre, Creusot-Montceau, l’Auxois, Haut-Nivernais, Bresse bourguignonne, Tonnerrois.

• Alterre Bourgogne (La Bourdonnerie, 2 allée Pierre Lacroute 21000 Dijon, 03 80 68 44 30) anime le Réseau bocages de Bourgogne développe et mutualise des actions en faveur du bocage. Les références contenues dans ses publications sont nombreuses et utiles.

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Page 40: LE BOCAGE EN BAZOIS...LE BOCAGE VU DE LOIN Le bourg de Limanton. Du premier à l’arrière plan : haie classique de bord de route « rapée » ; haie arbustive , ligne d’arbre du

ContactsCommunauté de Communes du BazoisMaison du Bazois58110 ALLUY03 86 84 14 [email protected]

Commission PaysageResponsable : Pierre PÉRÉ 03 86 84 26 02 - [email protected]

Office de Tourisme du Bazois03 86 84 10 18 - [email protected]

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Photo de couverture : Le panorama qui se déploie depuis le promontoire de Notre-Dame du Morvan (appelée locale-ment « La Sainte »), au-delà du hameau de Champausserin, donne une idée de la beauté et de la variété du bocage à mailles intermédiaires qui couvre le contact Morvan-Bazois, en direction de la commune de Maux.