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Dr. K. Sri Dhammananda
Traduit par K.C. Aggavamsa
Pour tous commentaires, questions ou signalement d’erreurs, veuillez laisser sur e-mail : [email protected]
En Remerciement
L’original de ce livre, intitulé ‘’Buddhism as a religion’’, a été
publié en 1994. Ce livre est basé sur une discussion sur le Dhamma
intitulée ‘’Qu’est-ce que le Bouddhisme ?’’, délivrée par le grand
vénérable Dr. K. Sri. Dhammananda Nayake Thera, discussion qui fait
partie d’un cours de dix semaines sur les Religions du Monde et qui a
été retranscrit à partir des enregistrements en livre.
En résumé, le contenu de cette publication est une simple exposition
du Bouddhisme en tant que manière de vivre moderne par le très
qualifié érudit qui a un don particulier pour interpréter le Dhamma
pour les gens de toutes conditions sociales.
Le Sasana Abhiwurdhi Wardhana Society exprime sa gratitude et
rend hommage au grand vénérable pour ses inlassables services dans
l’exposition du Dhamma et pour avoir rendu un service inestimable
pour la cause du Bouddhisme pendant plus de 42 ans dans son pays,
aussi bien que dans le monde entier.
Le traducteur
Le temple de Dhammaraŋsī, Bagneux
Juin 2011
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Puisqu’il y a déjà tant de religions dans ce monde, pourquoi est-t-il
nécessaire pour nous d’avoir une autre religion appelée le
Bouddhisme ? Y a-t-il une caractéristique extraordinaire, une
contribution ou une signification particulière que le Bouddhisme
possède et que d’autres religions ne possèdent pas ? Il y a une école de
pensée qui dit que toutes les religions sont essentiellement les mêmes,
qu’il n’y a pas de différences significatives. La seule différence est
dans l’interprétation et la pratique. Après tout, dans l’analyse finale,
nous finissons tous à un endroit, soit le paradis soit l’enfer. C’est la
croyance commune de la plupart des religions. Est-ce que le
Bouddhisme partage ce point de vue ? Pour répondre à cette question,
nous devons examiner ce que le mot ‘religion’ veut dire.
Définition
Dans l’étude académique de la religion en tant que phénomène dans
l’histoire, le terme ‘religion’ peut être considéré dans ses différents
aspects : comme une expérience interne, comme une théologie, ou une
formulation intellectuelle d’une doctrine, comme une base ou une
source d’éthique et comme un élément dans la culture.
Différents érudits ont donné différents points de vue et opinions à
propos de la nature et de la signification de la religion. D’après
Aldous Huxley, la religion est, parmi autres choses, un système
d’éducation, par lequel les êtres humains peuvent s’entraîner eux-
mêmes, d’abord pour apporter des changements désirables dans leurs
propres personnalités et dans la société, et deuxièmement, pour
améliorer la conscience et établir des relations plus adéquates entre
eux-mêmes et l’univers dont ils font partis. Les philosophes modernes
indiens comme Dr. Radhakrishnan, ont exposé le thème que la
religion n’est pas un groupe de doctrines mais que c’est une
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expérience, et que l’expérience religieuse est basée sur la réalisation
de la ‘‘présence du divin dans l’homme’’. H.G. Wells dit que ‘‘la
religion est la partie centrale de notre éducation qui détermine notre
conduite morale’’. Le philosophe allemand Kant, déclare que ‘‘la
religion est la reconnaissance que nos principes moraux, comme les
lois, ne doivent pas être transgressés’’.
Le message du Bouddha est comme une manière religieuse de vivre:
‘‘S’abstenir de faire de mauvaises actions ; protéger la vie en faisant
de bonnes actions et se purifier l’esprit des impuretés mentales’’. Pour
nos objectifs, la religion peut être définie de manière générale comme
un recueil d’enseignements moraux et philosophiques et l’acceptation
avec confiance de tels enseignements. Dans ce sens, le Bouddhisme
est une religion.
Le Bouddhisme, cependant, ne convient pas parfaitement aux
catégories générales définies plus tôt parce qu’il ne partage pas les
particularités communes avec les autres religions existantes dans
beaucoup de cas. Pour examiner ce sujet de manière plus approfondie,
examinons brièvement tout d’abord comment la religion est apparue.
Les Débuts
Pourquoi est-ce que la religion est-elle née ? Vous avez peut-être déjà
entendu que les origines de la religion résident dans la peur, la
suspicion et l’insécurité de l’homme. À l’époque où les religions
n’étaient pas encore organisées, les gens n’avaient pas de
connaissances adéquates et ils ne pouvaient pas comprendre la vraie
nature de cette vie et ce qui leur arriveraient après la mort. Ils ne
pouvaient même pas comprendre les causes des phénomènes ou des
évènements naturels. D’après leurs compréhensions limitées, ils
suspectèrent qu’il devait y avoir certaines forces inconnues qui avaient
créé toutes ces choses plaisantes et déplaisantes. Finalement, ils
commencèrent à supposer qu’il y avait une énergie derrière ces forces
de la nature, qu’ils ont appelé ‘‘shakti’’. Ils ressentirent un sens de
crainte et de frayeur inexplicable envers ces pouvoirs et craignaient
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que ces forces leur fassent du mal d’une manière ou d’une autre. Ils
ont donc estimé que ces pouvoirs devaient être apaisés et utilisés pour
se protéger ou du moins être laissés tranquilles. Ne croyant pas en leur
capacité à ‘‘parler’’ à ces forces en langage ordinaire, ils pensèrent
qu’il serait plus efficace de mimer leurs messages. Finalement, les
actions pour s’assurer les faveurs de ces forces devinrent ritualisées en
formes de culte. Quelques personnes ont été identifiées comme
possédant des pouvoirs spéciaux pour communiquer avec ces forces et
ces personnes jouissaient d’une grande autorité dans le groupe.
Après avoir vénéré et prié ces forces ou ces énergies invisibles, les
premiers hommes pensèrent qu’ils pouvaient contrôler les évènements
indésirables et en même temps s’assurer un degré de protection en
récompense. Pour les aider à mieux visualiser ce avec quoi ils
essayèrent de communiquer, ils donnèrent à chaque force un nom et
une forme –soit en le concevant en humain soit en forme non-humaine
grotesque, mais toujours en évoquant un sens de crainte et de frayeur.
Alors que le temps passa, ils oublièrent la signification originale de
ces représentations et les considérèrent comme étant réels, et les
acceptèrent éventuellement comme des déités.
Différentes cultures traduisirent les idées et les concepts en forme
physique et développèrent des rituels particuliers pour honorer et
vénérer ces images comme des dieux. Plus tard, alors que les
premières implantations urbaines commencèrent et que le contrôle
social commença à être nécessaire, certaines pratiques ont été utilisées
comme bases pour développer un comportement moral afin de guider
les citoyens vers le droit chemin et ainsi assurer le bien-être de la
communauté. Se développèrent donc des concepts comme
l’humanisme, les responsabilités humaines, et les valeurs humaines
comme l’honnêteté, la gentillesse, la compassion, la patience, la
tolérance, la dévotion, la solidarité et l’harmonie. Afin de s’assurer
que ces qualités soient améliorées davantage, les dirigeants du groupe
insufflèrent la peur chez les croyants, les menaçant avec la punition
des dieux dans la prochaine vie s’ils ne se comportent pas d’une
manière acceptable. La religion était le résultat de la fusion de la
conduite morale et de la croyance dans le surnaturel. Nous discuterons
de la Moralité en plus grand détail plus tard.
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Le Concept de Dieu
Voici comment l’imagination et l’humanisme fusionnèrent
éventuellement ensemble pour devenir une religion. Certaines
personnes disent que c’est difficile de croire qu’un dieu ait créé la
religion. Peut-être que nous pouvons dire que l’homme a créé la
religion et qu’après, il a introduit le concept de dieu dans la religion.
Un philosophe Américain, Prof. Whitehead, a un jour déclaré
qu’originellement l’homme créa dieu et que plus tard dieu créa
l’homme. Ce qu’il voulait dire par là, c’est que le concept de dieu a
été créé par l’homme et que plus tard ce concept a été transformé en
divinité. D’un autre côté, une philosophe française, Anatole France, a
dit que si le concept de dieu n’existait pas, d’une manière ou d’une
autre, l’homme en aurait créé un, parce que c’est très important pour
sa psyché. Un pouvoir divin est nécessaire pour dissiper notre peur,
notre suspicion, nos soucis, nos troubles, notre anxiété et notre désir.
Pour éviter les problèmes, nous dépendons d’une force externe pour
nous donner consolation. Connaissant la nature de l’esprit de
l’homme, Anatole France a donc dit que si un dieu n’existait pas, nous
en aurions créé un.
Dans ce sens, nous sommes comme des enfants. Lorsqu’un petit
bébé est en train de pleurer et que sa maman est trop occupée pour le
prendre, ce qu’elle fait c'est de mettre une tétine dans sa bouche pour
le réconforter. Cela fait arrêter le bébé de pleurer. Le concept de dieu
aide les gens de la même manière. Pour arrêter leurs soucis et sécher
leurs larmes, ils développèrent de nombreux pacificateurs dans la
forme de croyances et de pratiques religieuses.
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Le Bouddha
C’était dans un contexte religieux comme celui-ci que le Bouddha est
apparu. En tant que prince qui vivait dans un grand luxe, il commença
à penser très profondément à pourquoi les êtres vivants souffrent dans
ce monde. Quel est la cause de la souffrance ? se demandait-t-il. Un
jour, alors qu’il n’était encore qu’un jeune garçon, assis sous un arbre,
il vit apparaître soudainement un serpent qui attrapa une grenouille.
Alors que le serpent et la grenouille étaient en train de se débattre, un
aigle descendit en piqué depuis le ciel et captura le serpent qui tenait
toujours la grenouille dans sa bouche. Cet incident était le point
tournant pour le jeune prince pour renoncer à la vie mondaine1. Il
commença à penser à comment les êtres vivants sur terre et dans l’eau
survivaient en se chassant les uns les autres. Une forme de vie essaye
d’attraper et une autre essaye de s’échapper ; et ce combat éternel
continuera aussi longtemps que le monde existe. Le processus sans fin
de la chasse, de la préservation de soi est la base de notre malheur.
C’est la source de toute souffrance. Le prince décida qu’il découvrira
le moyen pour mettre fin à la souffrance.
La Renonciation
Il étudia sous de nombreux maîtres religieux et apprit tout ce qu’ils
ont appris, mais il fut incapable de découvrir comment mettre fin à la
souffrance. Il passa plusieurs années méditant sur cette question.
Finalement à l’âge de 29 ans, il contempla sérieusement sur la
vieillesse, la maladie, la mort et la liberté à travers la renonciation, et
décida que, sans abandonner ses préoccupations mondaines, ses
responsabilités (de prince et de futur roi) ainsi que les plaisirs, il était
impossible de trouver la réponse. C’est pourquoi il a dû quitter le
1 Les Bouddhistes savent bien que c’est en voyant pour la première fois un vieil
homme, une personne malade, un mort et un ascète qu’il décida définitivement à
chercher une solution à la souffrance du monde. Mais il se peut que cet incident
soit important pour sa vision du monde plus tard.
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palais ; ceci s’appelle ‘‘La Grande Renonciation’’. Après avoir lutté
pendant six ans, ce qui représente la culmination d’innombrables
cycles de vie d’effort pour le développement spirituel ; finalement il
obtint l’Éveil et comprit le secret de notre souffrance. Ce fut le
commencement d’un autre ‘‘système religieux’’. Mais ce fut une
religion comme aucune personne n’a connu dans le passé. En fait,
beaucoup de personnes aujourd’hui n’aiment pas appeler le
Bouddhisme une religion, parce que le mot ‘‘religion’’ évoque
beaucoup d’émotions négatives dans leurs esprits.
Les croyances et les pratiques dans
l’Inde Antique
Il n’y avait aucune raison pour le Bouddha d’introduire une autre
religion parce qu’à ce moment, 2600 ans auparavant, il y avait déjà 62
cultes religieux dans l’Inde seule. Puisque les religions existantes à
cette époque ne pouvaient pas fournir les réponses à ses questions, Il
décida de ne pas utiliser les ingrédients ou les concepts de ces
religions pour introduire ce qu’il a lui-même réalisé.
Quelle était la pensée religieuse en Inde en ces temps ? « Dieu créa
le monde entier ; Dieu est responsable pour toute chose; Dieu
récompensera ; Dieu peut pardonner tous nos péchés ; et Dieu est
responsable de nos vies après la mort ; Dieu nous enverra au paradis
ou il nous enverra en enfer. » Ce sont les ingrédients basiques de
toutes religions, même aujourd’hui. Au même moment, il y avait
d’autres religions en Inde qui enseignaient également qu’il était
nécessaire pour les croyants de torturer leurs corps, pensant qu’ils
pouvaient ainsi laver tous les péchés pendant leurs périodes de vies
afin qu’ils puissent aller au paradis après la mort. D’autres groupes
religieux encouragèrent les rites, les rituels, les cérémonies religieuses
et les sacrifices d’animaux pour satisfaire leurs dieux. Ce groupe
croyait qu’à travers de telles pratiques, il pouvait aller au paradis.
D’autres encore introduisirent les prières et la vénération et
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demandèrent pardon pour les péchés commis. Le Bouddha n'a pas
reconnu l'efficacité de toutes ces pratiques.
Est-ce que le Bouddha fit une quelconque
promesse ?
Le Bouddha ne promis pas la joie au paradis et ne récompensait pas
ceux qui s’appellent eux-mêmes ses adeptes, ni non plus Il ne promit
le Salut2 pour ceux qui croyaient en lui. Pour lui, la religion n’est pas
une négociation mais une noble manière de vivre pour obtenir l’Éveil
et le Salut. Le Bouddha ne voulut pas des adeptes avec une foi
aveugle; Il voulait que les êtres humains pensent et comprennent. Le
Bouddhisme est un noble sentier qui se vit ; où l’humanisme, l’égalité,
la justice et la paix suprême règne. La revanche, l’animosité, la
condamnation et le ressentiment sont étrangers à l’Enseignement. Le
monde est endetté envers le Bouddha pour l’apparition du
rationalisme comme une protestation contre les superstitions de la
religion. C’est lui qui a émancipé l’homme de la servitude des prêtres.
C’est lui qui a le premier montré le chemin pour libérer l’homme des
spirales de l’hypocrisie et de la dictature religieuse.
Au temps du Bouddha, il n’y avait pas de pratiques religieuses qui
étaient considérées plus élevées que les rites, les rituels et les
sacrifices d’êtres vivants pour les dieux ; mais pour le Bouddha, il n’y
avait pas de pratiques qui pouvaient être plus humiliantes ou plus
dégradantes pour les hommes. Un sacrifice n’est autre qu’une
corruption; et le salut gagné par la corruption n’est pas le salut qu’un
homme qui se respecte peut vouloir obtenir.
2 Le terme Salut est normalement utilisé dans les religions théistiques, où Dieu
accorde le Salut, afin que les gens soient sauvés. Il est plus correcte d’utilisé le
mot Libération dans le Bouddhisme, parce la but est atteint par notre propre
effort, et non pas par une entité divine qui nous l’accorde.
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Terminologie religieuse
Mais en introduisant sa doctrine, le Bouddha a utilisé les termes
religieux utilisés couramment en Inde dans son temps, parce que de
cette manière, Il serait sur un point familier avec ceux qui l’écoutent.
Ils pouvaient saisir ce à quoi le Bouddha faisait allusion et ensuite Il
pouvait procéder de l’avant, en développant ses idées originales
depuis ce point commun.
Dharma, Karma, Nirvana, Moksha, Niriya, Samsara, Atma sont
certains de ces mots qui étaient communs à tous les groupes religieux
pendant son temps. Mais dans son enseignement, le Bouddha donna
des significations et des interprétations très rationnelles et uniques
pour ces termes religieux déjà existants.
Dharma
Jetons un coup d’œil au mot ‘dharma’ (ou dhamma), par exemple.
L’ancienne interprétation donnée au mot ‘dharma’ est celui de la loi
promulguée par dieu. Selon l’ancienne croyance, le dieu promit
d’apparaître de temps en temps pour protéger son dharma en prenant
différentes incarnations. Le Bouddha n’accepta pas qu’un quelconque
dieu puisse donner une doctrine, des commandements et des lois
religieuses. Le Bouddha utilisa le mot dharma pour décrire son
enseignement entier3. Dharma veut dire ce qui garde, ce qui maintient,
ce qui soutient.
Le Bouddha enseigna le Dharma pour nous aider à échapper de la
souffrance causée par l’existence et pour nous empêcher de la
dégradation de la dignité humaine et de la descente vers des états
inférieurs comme ceux de l’enfer, l’état animal, celui des esprits ou
des fantômes ou ceux des royaumes diaboliques. Le Dharma introduit
3 Le Dharma (ou Dhamma) est depuis synonyme de la Doctrine ou de
l’Enseignement du Bouddha pour se délivrer de la souffrance.
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par le Bouddha nous garde et nous supporte, nous libère de la misère
de ces royaumes. Cela veut aussi dire que si nous suivons les
méthodes qu’Il a recommandé, nous ne connaîtrions pas les
circonstances malheureuses comme celles d’être né aveugle, infirme,
sourd, muet ou fou. Donc, dans l’usage donné par le Bouddha, le
Dharma est le conseil donné pour nous soutenir dans notre lutte pour
être libre de la souffrance et aussi pour améliorer les valeurs de
l’homme. Les philosophes occidentaux décrivent le Bouddhisme
comme une noble manière de vivre ou comme ‘‘une religion de liberté
et de raison’’.
Le Dharma n’est pas une loi extraordinaire créée ou donnée par
quiconque. Notre corps en lui-même est dharma. Notre esprit en lui-
même est dharma ; l’univers tout entier est dharma. Par la
compréhension de la nature du corps physique, de la nature de l’esprit
et des conditions mondaines, nous réalisons le dharma. Le Bouddha a
enseigné pour que l’on comprenne la nature de notre existence
rationnellement, d’une manière réaliste. Cela concerne la vie, ici et
maintenant, de chaque être doué de sensations et donc, par corrélation,
cela concerne toute existence.
Souvent lorsque les gens parlent à propos de religions, ils
demandent « Quelle est votre foi ? » Ils utilisent le mot ‘‘foi’’. Le
Bouddha n’était pas intéressé par le développement de la ‘foi’ dans le
sens absolu, bien qu’elle peut être utile dans les étapes préliminaires
du développement religieux d’une personne. Le danger de reposer
uniquement sur la foi, sans connaissance analytique, c’est qu’elle peut
faire de nous des fanatiques religieux. Ceux qui laissent la foi se
cristalliser dans leurs esprits ne peuvent voir le point de vue des autres
personnes, parce qu’ils ont déjà établi dans leurs esprits que ce qu’ils
croient est la seul vérité. Le Bouddha insista sur le fait que l’on ne doit
pas accepter même son propre enseignement (celui du Bouddha) sur la
base de la foi seule. On doit obtenir la connaissance et ensuite
développer la compréhension à travers l’étude, la discussion, la
méditation et finalement la contemplation. La connaissance est une
chose, la compréhension est une autre chose. S’il y a la
compréhension, on peut ajuster sa vie selon les circonstances
changeantes basées sur la connaissance qu’on a. On peut avoir
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rencontré des gens cultivés qui savent beaucoup de choses mais ne
sont pas réalistes parce que leur égocentrisme, leur égoïsme, leur
colère, leur haine ne les autorisent pas à obtenir des attitudes mentales
impartiales ou la paix d’esprit. Lorsqu’il est nécessaire de
compromettre, nous devons savoir comment compromettre. Lorsqu’il
est nécessaire de tolérer, nous devons savoir comment tolérer.
Lorsqu’il est nécessaire de rester ferme, nous devons savoir rester
ferme, avec dignité.
Karma
Prenons un autre exemple, le mot karma (ou kamma). Il veut
simplement dire ‘action’. Si une personne commet un mauvais karma,
il sera impossible pour cette personne d’échapper au mauvais effet du
karma. D’une manière ou d’une autre, il ou elle doit faire face aux
conséquences qui vont suivre. Selon l’ancienne croyance, il y a un
dieu qui opère sur l’effet de ce karma. Dieu punit selon notre mauvais
karma ; dieu nous récompense selon notre bon karma. Le Bouddha
n’accepta pas cette croyance. Il a dit qu’il n’y pas d’être ou d’entité
qui contrôle l’opération des effets du karma. Le karma lui-même va
produire le résultat, comme une opération neutre de la loi de la cause
et de l’effet. Il a dit que nous pouvons éviter et même, dans quelques
cas, surmonter les effets du karma si nous agissons avec sagesse. Il a
dit que nous ne devons jamais abandonner par fatalisme, en pensant
qu’une fois que nous avons fait une mauvaise action, il ne peut plus y
avoir d’espoir. Les autres religions enseignent que dieu peut annuler
l’effet du karma à travers le pardon si l’adepte vénère, prie et sacrifie.
Mais le Bouddha enseigne que nous devons obtenir notre salut par
notre propre effort et par notre pureté mentale.
« Le Bouddha peut vous dire ce qu’il faut faire, mais Il ne peut pas
faire le travail à votre place ». Vous devez faire le travail de votre
salut par vous-même. Le Bouddha a déclaré clairement que personne
ne peut faire une chose pour quelqu’un d’autre pour le salut, à part
montrer le chemin. Par conséquent, nous ne devons pas dépendre en
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dieu, ni même dépendre du Bouddha. Nous devons savoir quels sont
les qualités, les devoirs, les responsabilités d’être un être humain. Il a
dit que si nous avons commis un certain mauvais karma, nous ne
devons pas perdre notre précieuse énergie en étant frustré ou
désespéré dans notre effort pour le rectifier.
La première chose à faire est de se résoudre fermement pour arrêter
de répéter un tel mauvais karma en prenant conscience du mal qu’il
peut faire. La seconde chose est de cultiver encore et encore de bons
karmas. Troisièmement, nous devons essayer de réduire les mauvaises
pensées, l’égoïsme, la haine, la colère, la jalousie, les rancunes, et la
mauvaise volonté. De cette manière, nous pouvons réduire le mauvais
effet du mauvais karma que nous avons commis. C’est la méthode du
Bouddha pour surmonter les mauvais effets. Le Bouddha n’a pas dit
que nous devons prier et le vénérer et qu’Il allait nous pardonner nos
péchés.
La pureté et l’impureté de notre esprit dépendent de nous-même. Ni
dieu, ni le Bouddha, ni un être humain ne peut polluer ou purifier son
esprit. Je ne peux pas créer d’impureté dans votre esprit. Je ne peux
pas purifier votre esprit. Mais par l’écoute de mes mots et la pratique
ou la non-pratique, vous pouvez créer soit la pureté soit l’impureté en
vous-même. Les gens en dehors ne peuvent rien faire pour votre esprit
si votre esprit est assez fort pour résister. C’est pourquoi la
connaissance et la compréhension sont importantes.
Le Bouddha enseigne que ce dont l’homme a besoin pour son
bonheur n’est pas une religion ou un ensemble de théories mais une
compréhension de la nature cosmique de l’univers et son
fonctionnement complet selon les lois de la cause et de l’effet. Jusqu’à
ce que ce fait soit pleinement compris, la compréhension de l’homme
sur la vie et l’existence restera imparfaite et plein de fautes.
« Le chemin que le Bouddha nous a montré est, je pense, le seul
chemin que l’humanité doit emprunter, si c’est pour échapper au
désastre ».
–Jawaharlal Nehru
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Nirvana
Le Bouddha n’a jamais proclamé qu’Il a créé le Dharma. Ce qu’Il a
découvert, c’est la vérité universelle de la vraie nature de notre
existence. En fait, certains termes religieux étaient déjà très connus en
Inde en ces temps. Mais la singularité du Bouddha est de prendre les
concepts existants et de leur donner un sens très affiné et une
signification plus profonde.
Par exemple, avant le temps du Bouddha, le ‘Nirvana’ (ou Nibbana)
voulait simplement dire ‘paix’ ou ‘extinction’. Mais le Bouddha a
donné une dimension complétement nouvelle au mot. NI veut dire
‘non’ et VANA veut dire ‘désir’ : plus de désir, plus d’attachement et
plus d’égoïsme. Nous ne pouvons pas connaître le nirvana parce que
nous avons encore des désirs, de l’attachement et de l’égoïsme.
Lorsque nous nous débarrassons de ses impuretés, nous pouvons alors
connaître l’expérience du bonheur nirvanique. Il est difficile de
connaître une vraie félicité parce que nous avons des émotions et que
nous avons un fort désir pour la gratification sensuelle. Aussi
longtemps que nous vivons empêtrés dans ce monde de plaisirs
sensuels, nous ne connaîtrons jamais le vrai bonheur. Bien sûr, il est
vrai que nous connaissons un certain type de bonheur dans la vie, mais
il ne peut être définit comme étant le ‘bonheur’ dans le sens absolu du
mot parce qu’il n’est pas permanent.
Nous ne pouvons pas atteindre la félicité en entretenant la colère, la
haine, l’égoïsme et l’illusion. Occasionnellement, nous connaissons
certains degrés de satisfaction émotionnelle, mais la nature de ce
bonheur est juste comme un éclair ; il est fugace. Il apparaît un
moment puis disparaît le moment d’après. La vraie félicité n’est pas
comme cela. S’il y avait une vraie félicité, nous ressentirions un sens
permanent de calme, de satisfaction et de tranquillité. Donc, le vrai but
de nos vies devrait être de purifier notre esprit embué, qui est trompé
et induit en erreur et celui de nous libérer de nos soucis et de nos
troubles. Aussi longtemps que nous passons notre temps à résoudre
constamment nos problèmes, toujours les regardant d’un mauvais oeil,
P a g e | 13
se demandant toujours quoi faire la prochaine fois, nous ne pouvons
être en paix.
Développer l’esprit
Le conseil du Bouddha est que nous devons être affranchis de ces
distractions si nous voulons connaître la béatitude. Cette libération
doit cependant être obtenue par notre propre effort et elle doit venir de
l’intérieur de nous. Nous ne pouvons pas obtenir le salut d’un dieu ou
du Bouddha ou du paradis. Nous ne pouvons pas obtenir la liberté
ultime à travers des agents externes. Les êtres surnaturels ne peuvent
pas nous aider à obtenir la sagesse et la libération final, peu importe
combien nous les vénérons ou les louons à travers la pénitence, les
envoûtements, les mantras, les incantations, les invocations et le
sacrifice animal.
« Nous sommes le résultat de ce que nous étions et nous serons le
résultat de ce que nous sommes ». Les actions conditionnent notre
bonheur et notre malheur, et finalement elles (les bonnes actions)
assurent notre salut. Le salut ou la délivrance est une affaire
individuelle, comme lorsqu’un être humain doit manger, boire, digérer
et dormir par lui-même. Toutes les actions karmiques sont maintenues
comme étant une partie de nos formations mentales et elles y restent
immergées. Nous restons inconscients des actions passées parce que
les autres activités mentales obscurcissent l’esprit qui ne peut donc pas
se rappeler de ces actions du passé. Lorsque nous développons nos
esprits à travers la méditation, nous arrêtons les distractions fournies
par les cinq sens. Lorsque l’esprit est clair, il réduit l’anxiété, le désir,
la colère, la jalousie et l’illusion. L’esprit qui est clair devient
énergétique et alerte. C’est alors que nous pouvons influencer les
activités mentales et relâcher notre énorme pouvoir latent. C’est le
pouvoir psychique. Il est présent en chacun de nous : nous avons juste
à apprendre à le libérer à travers la méditation. Une autre manière
d’atteindre les activités mentales déposées est par l’hypnotisme. À
travers l’hypnotisme, quelques personnes ont développé un degré de
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pouvoir psychique, mais ce n’est pas recommandé parce que
l’hypnose dépend d’autres agents et n’affecte pas la purification de
l’esprit.
Le Bouddha conseille à ses adeptes de cultiver et de développer le
pouvoir latent dans leur intérieur et leur montre comment faire le
meilleur usage de leur pouvoir de volonté et de leur intelligence, sans
être les esclaves d’un être inconnu pour trouver le bonheur éternel.
Sans blâmer les autres, le Bouddhisme enseigne aussi que l’homme
est responsable de sa propre action. L’homme doit faire face aux
réalités de la vie, et doit mettre sur ses épaules les responsabilités de la
vie par l’accomplissement de ses devoirs et obligations envers lui-
même et les autres. Ses peines et ses joies sont créées par lui-même et
il a la capacité de se débarrasser de sa souffrance et de maintenir la
paix et le bonheur par la compréhension de ses faiblesses et l’usage de
son propre effort pour les surpasser. L’esprit non-entraîné de l’homme
est responsable de tous les troubles, les calamités, les perturbations,
les circonstances défavorables et même des changements des éléments
et de la matière. Et inversement, l’esprit de l’homme peut changer les
situations malheureuses dans le monde et aussi en faire un lieu
paisible, prospère et heureux pour que tout le monde y vive. Cela peut
se faire seulement à travers la purification de l’énergie mentale.
La méthode du Bouddha
La technique du Bouddha pour enseigner était différente des autres
maîtres spirituels. Il ne donnait jamais de ‘‘discours publics’’ ou de
‘‘sermons’’ préparés. Il décidait toujours du sujet en le basant sur un
incident immédiat et l’observation. Une des marques du génie du
Bouddha et de sa dextérité en tant que maître était sa pratique
pédagogique éprouvée de procéder de ‘‘ce qui est connu vers ce qui
est inconnu’’. Par exemple, à une occasion, alors que lui et ses
disciples étaient en train de marcher le long d’une rivière, Il remarqua
un bout de bois qui flottait le long du courant. Il s’arrêta et dit : « Que
pensez-vous de ce bout de bois ? » Qu’est-ce qui lui arrivera ? » Un
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disciple répondit « Il peut s’arrêter sur un îlot au milieu de la rivière »;
d’autres dirent « Il peut s’imbiber d’eau et couler » ; « Des gens vont
le prendre et le couper pour faire un feu de bois » et « il va compléter
son périple dans la mer. » Maintenant, qui a raison ? Qui peut prédire
avec exactitude le destin de ce bout de bois ? Le Bouddha expliqua
que notre vie est comme ce morceau de bois, flottant sur le courant,
plein d’incertitude. Personne ne peut dire ce qui va arriver le jour
prochain ou le mois prochain. Sa méthode est de prendre des leçons de
la vie de tous les jours afin que son enseignement soit toujours
enraciné dans l’ici et maintenant et qu’il soit totalement approprié à
l’expérience humaine.
De cette manière, Il a donné une valeur méritée à l’être humain pour
penser librement, par l’utilisation de leur sens commun. Il n’a pas
introduit une religion pour être pratiqué servilement, avec peur et désir
pour un quelconque gain mondain.
D’après le Bouddha, de bonnes idées ou de belles paroles qui ne
sont pas suivies par l’action correspondante est comme une fleur aux
couleurs vives mais qui n’a pas d’odeur ou un arbre qui ne produit pas
de fruits.
L’Octuple Sentier introduit par le Bouddha est un parcours planifié
du développement intérieur et du progrès. En ayant recours
simplement à la vénération, aux cérémonies et aux prières extérieures,
on ne pourra jamais progresser dans la droiture et le développement
interne. Le Bouddha dit qu’une simple prière pour le salut, c’est
comme « demander à l’autre rive de la rivière de venir à nous, afin que
nous puissions aller sur l’autre rive sans effort personnel ».
Découverte de soi
Beaucoup de religions proclament que les messages ont été révélés à
l’humanité par un dieu. Cependant certains rationalistes demandent :
s’il n’y a qu’un seul dieu, et qu’il a donné son message pour le
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bénéfice de toute l’Humanité, alors pourquoi y a-t-il tellement de
croyances différentes dans le monde ? Si le message était destiné pour
la race humaine entière, quelle est la difficulté pour dieu d’annoncer
son message publiquement, pour qu’il n’y ait pas de place pour le
doute et la mauvaise interprétation ? Tout le monde accepterait le
message et il n’y aurait pas de friction religieuse et le monde entier ne
suivrait que le message de dieu.
Plusieurs années auparavant, il y a eu un séminaire religieux à
l’Université de Malaya. Il y eut cinq orateurs, un de chaque religion.
Une fois qu’ils eurent parlé, un étudiant demanda : « Lorsque nous
étudions notre religion, nous obtenons des informations sur ce monde,
sur l’univers et sur la vie. Lorsque nous étudions la science, nous
obtenons des informations entièrement différentes. Ces informations
contredisent nos concepts religieux. Alors je ne sais pas ce qu’il faut
accepter, l’enseignement de ma religion ou l’enseignement de la
science. »
Un des orateurs répondit : « Eh bien, je pense que dieu a donné sa
doctrine sous forme de message à un homme, qui après l’a propagé à
d’autres, alors nous devons croire à la parole de dieu. »
Mais l’étudiant persista « Comment pouvez-vous savoir si la
personne dont le message a été transmis l’a compris correctement ?
Ne peut-il pas être déformé ou mal interprété dans leurs esprits et puis
transmis à la postérité (c.-à-d. aux descendants ou aux générations
suivantes) ? »
Le Bouddha, d’un autre côté, n’a jamais proclamé une chose telle
que de recevoir le savoir d’une source externe. Tout le long de sa
période de prêche, Il a toujours maintenu que ses auditeurs étaient
libre de le questionner et de défier son enseignement, afin qu’ils
puissent personnellement réaliser la réalité. Il a dit « Venez et voyez »
(Ehipassiko). Il n’a pas dit « Venez et croyez ».
À chaque fois qu’Il disait quelque chose, c’était parce qu’Il avait
personnellement testé la validité de ces paroles par lui-même en tant
qu’être humain ordinaire. Il n’a pas proclamé être une divinité (ou un
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dieu). Il comprit toutes choses parce qu’Il savait comment Il a dû
souffrir pendant ses si nombreuses vies antérieures pour toutes les
mauvaises actions qu’Il a commis à cause de l’ignorance. Il a appris la
voie difficile. Il conseillait ses disciples à travers ses propres
expériences. Il a fait un service énorme à l’humanité par la pratique et
l’observation des perfections (paramis) sur des périodes de vies
innombrables et a finalement connu la félicité suprême. Nous devons
nous demandez ce qui est plus fiable : le témoignage de quelqu’un qui
parle de par son expérience personnel ou de celui qui proclame l’avoir
entendu de quelqu’un d’autre qui est toujours invisible.
La liberté de pensée
Le conseil du Bouddha n’est pas de dépendre sur des théories, sur
des cultes ou des gurus. En fait, en tout temps, nous devons rester
maîtres de nous-même à travers l’auto-dépendance. Nous ne devons
jamais abandonner notre dignité ou notre libre arbitre. Le Bouddha
recommanda fortement la doctrine de l’auto-dépendance, de la pureté,
de la courtoisie, de l’Éveil, de la paix et de l’amour universel. Il insista
sur le besoin de la compréhension parce que sans elle, la vision
psychique conduisant à la sagesse ne peut être obtenue. Il a dit « Si
vous voulez voir la fin de la souffrance et de la peur, développez la
discipline, la compassion et la sagesse. » Nous devons toujours
accorder à notre esprit la liberté de penser et de comprendre sans
dépendre d’une influence externe. Ceux qui dépendent des autres sont
comme de petits enfants. Nous devons suivre l’exemple du Bouddha
qui a dit que lorsqu’Il était en train de méditer pour obtenir l’Éveil,
aucun dieu ne vint lui susurrer à l’oreille pour lui révéler les secrets du
pouvoir spirituel. Personne ne lui a communiqué aucun
commandement ni aucune loi religieuse. Il a dit « Je n’ai jamais eu de
maître ou de divinité pour m'enseigner ou me dire comment obtenir
l’Éveil. Ce que j’ai réussi, je l’ai fait par mon propre effort, mon
énergie, ma connaissance et ma pureté pour obtenir la sagesse
suprême. »
P a g e | 18
C’est pourquoi Il a dit que la sagesse ‘‘est apparue’’ en lui à son
Éveil. La sagesse est latente en nous tous. Nous devons juste fournir
les bonnes conditions pour qu’elle apparaisse.
À partir du contenu intellectuel et philosophique du Bouddhisme,
sont apparues la liberté de pensée et la liberté de se poser des
questions. Cela n’a aucun parallèle dans aucune religion mondiale
établie. Il n’y a pas d’obligation, pas de pression pour croire ou
accepter une quelconque doctrine (dans le Bouddhisme).
L’approche du Bouddhisme est de voir et de comprendre –c’est
l’attitude scientifique de l’esprit. Les doctrines philosophiques
fondamentales enseignées dans le Bouddhisme sont de plus en plus
corroborés par les nouvelles découvertes scientifiques. Le
Bouddhisme recommande la confiance en soi, la restriction de soi,
l’assurance en soi et la purification de soi pour l’individu dans la
société.
Une grande particularité du Bouddhisme est l’importance qu’il
attache aux idéaux démocratiques. Des discussions libres sont
encouragées, où même des opinions contraires sont exposées ; ce qui
conduit à l’élargissement et à l’enrichissement de l’esprit. L’Ordres
des moines et des nonnes sont constitués entièrement de principes
démocratiques.
Ceci est en conformité avec le Dharma révélé par le Suprême
Bouddha, qui a l’ouverture d’esprit et le courage d’exhorter ses
disciples à ne pas accepter ce qu’Il a lui-même prononcé sans
précédent examen et conviction. En fait, le Bouddha a déclaré que le
Dharma était son maître, et que tout ce qu’Il a fait, c’est de révéler la
vérité de ce Dharma Universel qui réside caché pour les gens
empourprés dans leurs ignorances. Nous devons donner à notre esprit
la liberté de penser sans préjugés et nous devons penser de façon
indépendante.
Avant de s’éteindre, les derniers mots du Bouddha était « Soyez
votre propre refuge. » Pourquoi après 45 ans de prêche, Il prononça
ces mots ? Pourquoi n’a-t-Il pas conseillé tout le monde de trouver le
P a g e | 19
salut à travers lui ? Ce qu’Il voulait dire c’est que nous ne devons pas
chercher le salut en dépendant des autres. Nous devons développer
notre propre confiance en nous-même. Quel beau et noble conseil !
Vous devez peut-être vous demander maintenant alors « pourquoi est-
ce que l’on dit Buddhaṃ saranaṃ gacchami ? » (Je prends le
Bouddha pour refuge ?).
Lorsque l’on dit cela, on ne veut pas dire qu’on dépend du Bouddha.
Nous voulons dire que si nous suivons la méthode enseignée par le
Bouddha, nous développerons la confiance pour travailler pour notre
propre salut. Nous ne pensons certainement pas que le Bouddha
vienne un jour nous emmener au ‘paradis’ dans un glorieux vol.
Quelques personnes disent que le Bouddha n’était qu’un homme et
non pas un dieu. Pourquoi devrions-nous le suivre ? Ils ne peuvent pas
comprendre que les Bouddhistes n’espèrent pas leur salut directement
du Bouddha mais par la pratique de la noble méthode enseignée par
lui. La méthode du Bouddha depuis le tout début était de nous
entraîner à comment travailler pour le développement de l’assurance
en soi par l’entraînement de notre esprit. L’effort personnel et la
réalisation personnelle représentent le seul chemin vers le salut.
N’importe qui peut se tenir debout devant le Bouddha avec dignité
et ne pas être comme un esclave. Avec espoir et assurance, on peut
déterminer son propre destin. Le Bouddha vous accueillera si vous
vous tenez comme un être humain digne. Mais vous devez pour
préparer à être raisonnable et écouter aux arguments sensés qui sont
contradictoires à vos croyances et avoir une bonne observation. Cela
doit être l’attitude des gens compréhensifs. Lorsqu’Il était sur le point
de partir, de nombreux nobles, princes, ministres et même des êtres
divins vinrent pour lui rendre hommage avec des fleurs, mais le
Bouddha instruisit son assistant Ananda de leur dire que si quiconque
veut honorer son maître, il doit suivre ses enseignements. Cela montre
qu’Il ne voulait pas de gloire personnelle pour lui-même ni ne
demandait une total soumission à son pouvoir.
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Impartialité
Après avoir réalisé la réalité, les gens compréhensifs essayent de
cultiver leurs esprits pour se protéger eux-mêmes. Ils n’acceptent pas,
ni ne rejettent ce qui est dit par quelqu’un d’autre. Krishnamurti a dit
que ceux qui dépendent toujours des idées des autres sont des êtres
humains de seconde classe. N’acceptez pas ni ne croyez quelque chose
qui est enseigné comme étant une pratique religieuse, et en même
temps ne le rejetez pas catégoriquement non plus. Certaines choses
que nous acceptons comme vrai, nous pouvons découvrir plus tard que
ce n’est pas vrai après tout. Inversement, nous pouvons être forcés à
admettre que certaines choses que nous rejetions au début peuvent être
vraies après tout. C’est pourquoi le Bouddha nous a conseillé
d’attendre un temps et d’étudier, de penser, d’observer, d’examiner
avant de décider s’il y a une quelconque vérité dans ce que nous
entendons et si l’on doit accepter ou rejeter. En reposant sur nos
émotions, une foi aveugle ou l’anxiété, nous pouvons accepter
certaines choses ou même être sceptique. Résultant de la paresse ou de
la confusion d’esprit, nous pouvons rejeter ou ne pas croire quelque
chose que nous entendons. Mais nous devons donner une chance à
notre esprit pour penser et comprendre si cela est vrai ou pas.
La Foi
Une simple foi est insignifiante parce que la foi doit être
accompagnée de la compréhension qui vient avec l’entraînement de
l’esprit. Le but principal de la religion doit être de montrer à un
disciple comment utiliser sa connaissance avec une compréhension
critique pour maximiser son sens de bien-être et son accomplissement
de soi. Peu importe combien de connaissances nous avons, si nous ne
déracinons pas les impuretés et le doute de nos esprits, nous resterons
dans un état malheureux. Lorsque nous atteignons le plus haut état de
pureté (l’état d’arahat), nous déracinons complètement nos désirs,
notre colère, et notre illusion et établissons ainsi une équanimité totale
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de l’esprit. C’est à ce moment où ‘‘les personnes pures’’ arrivent à
l’état où ils ne peuvent plus créer aucune mauvaise pensée. Ils ne
peuvent plus prononcer de paroles rudes ou commettre de mauvaises
actions. Celui qui a purifié son esprit est une centaine de fois supérieur
à ceux qui sont puissants ou ceux qui ont une simple foi ou des
connaissances et qui se complaisent dans les impuretés de l’esprit.
Nous nous prétendons ‘‘civilisés’’ mais comment peut-on prétendre
ceci lorsque notre esprit montre des traits impures de la même
ampleur que nos ancêtres ‘‘primitifs’’ il y a des milliers d’années ?
Partout dans le monde, les gens s’entassent dans des temples, des
églises, des mosquées et autres endroits de dévotions pour prier, faire
des sacrifices et se repentir. Mais lorsqu’ils sortent, ils ont la même
colère, le même désir, la même jalousie, la même rancune et la même
inimitié qu’ils avaient avant. Les gens prétendent être ‘religieux’
lorsqu’ils prient ou font le culte religieux et les cérémonies
religieuses, mais leurs ESPRITS restent égoïstes et retors. S’ils sont de
vrais personnes religieuses, ils n’établiraient pas de discrimination
envers les autres, ni ne blesseraient ou ridiculiseraient les autres dans
leurs pratiques religieuses. Le Bouddha a essayé d’ouvrir notre esprit
pour que l’on comprenne les choses parfaitement sans développer de
croyances religieuses fanatiques et de discriminations.
L’hérésie
Une autre raison de pourquoi l’enseignement du Bouddha n’entre
pas dans la catégorie d’une religion établie, c’est qu’il n’y a pas de
place pour ‘l’hérésie’ dans son système. Une hérésie est quelque chose
qui défie les ‘‘paroles de dieu’’. Le Bouddha invitait librement ses
disciples autant que ses opposants à défier ses enseignements de tous
les angles possibles afin qu’il n’y ait pas de place pour le doute.
Fidèles à ces injonctions, ses disciples se sont débattus à propos de ses
doctrines et ont même fondé différentes écoles de Bouddhisme selon
leur compréhension, sans violence ou effusion de sang. En effet, à la
fameuse Université Bouddhique de Nālandā (qui a été détruit par les
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mains de fanatiques d’autres religions), les disciples des écoles
Bouddhiques du Theravāda et du Mahayāna vivaient ensemble,
étudiaient et débattaient leur différents points de vue en parfaite
harmonie. Le Bouddha a enseigné que si une personne croit
réellement qu’il sait la vérité, alors il ne doit pas avoir peur d’être
défié, parce que la vérité vainc toujours. De plus, Il encourageait
activement toute personne à défier ses enseignements. Ses réponses
aux nombreuses questions ont enrichi la doctrine en un vaste domaine
religieux qui a été fidèlement gardé par ses disciples. Nous sommes
aujourd’hui en mesure de répondre à toutes sortes de questions sur le
Bouddhisme, simplement en se référant sur les explications du
Bouddha. La pensée rationnelle et l’importance de l’invitation aux
critiques sont prépondérantes dans le Bouddhisme.
La science
Le test d’un enseignement religieux est en conformité avec les
trouvailles de la science et de l’attrait qu’il créé dans l’esprit des
personnes possédant une intelligence vive. Certaines religions ont
ressenti un certain sentiment de gêne, en même temps que la science
dévoilait ses découvertes. Et cela a pour résultat la nécessité de
certaines modifications ou réinterprétations de leurs textes sacrés. En
ce respect, le Bouddhisme, l’enseignement de l’Éveillé, ne fait pas
face à un tel embarras, puisque ses principes basiques sont en proche
harmonie avec les trouvailles de la science. Étudions juste un
exemple.
À la lumière des dernières études sur l’atome, l’ancien concept du
monde est en train de changer radicalement, juste au moment où le
concept de l’atome lui-même est en train de changer. Il n’y a plus de
matière comme il a été cru dans le passé ; il a été réduit en énergie, et
même le concept d’énergie est en train de disparaître graduellement et
les scientifiques eux-mêmes ne savent pas comment l’appeler. Ils sont
en train d’arriver à la conclusion que l’atome est simplement un
concept et par extension, que le monde aussi n’est rien d’autre qu’une
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conception. Le plus ils font de recherches dans la structure de l’atome,
le plus ils semblent être convaincus de cette conclusion.
Dans le Bouddhisme, cette théorie a été exposée seize siècles
auparavant, si ce n’est avant. Au 4ème siècle après J.C., le philosophe
bouddhiste, Asanga, a développé une théorie connue sous le nom de
vijðāpti-mātra ou citta-mātra, basée sur les textes canoniques
originales, et qui énonçait que le monde est juste une conception. Afin
de prouver cette théorie, Asanga a dû définir l’atome, et sa définition,
faite seize siècles auparavant, reste toujours valide jusqu’à
aujourd’hui. L’atome (paramanu) doit être compris comme n’ayant
pas de corps physique (nissarira). La détermination de la nature de
l’atome est faite par l’intellect à travers l’analyse ultime de la masse
de matière. Bien sûr, l’intérêt d’Asanga n’était pas la physique, mais
la métaphysique et la philosophie. Son intérêt était de montrer que ce
monde, que les gens ordinaires perçoivent comme étant substance, n’a
rien de réel, mais n’est qu’un simple concept. D’après Albert Einstein,
quand l’univers est analysé, il n’y a plus de substance mais seulement
des vibrations ou des ondes.
La doctrine du Buddha Dharma reste aujourd’hui non affectée par la
marche du temps et par l’expansion de la connaissance, comme
lorsqu’elle a été énoncée. Peu importe dans quel mesure la
connaissance scientifique peut élargir l’horizon de la conception que
l’homme a du monde; dans le système du Dharma, il y aura toujours
une place pour l’acceptation et l’assimilation de découvertes
supplémentaires. C’est parce que le Bouddhisme ne repose pas son
attrait sur des concepts limités d’esprits primitifs ni sur son pouvoir
sur la négation de pensée.
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Miracles
La science d’aujourd’hui ne nie pas la possibilité de miracles,
comme elle l’a déjà fait auparavant, mais elle est en train de
commencer à accepter que ce qui était connu comme des miracles
n’étaient que des manifestations de phénomènes inconnus jusque-là.
Le Bouddha lui-même expose ce point de vue : pour lui, les miracles
ne doivent pas être considérés comme une démonstration de la vérité,
mais ils montrent seulement une maîtrise de pouvoirs peu connus qui
peuvent être développés par certaines personnes. Cela ne veut pas
nécessairement dire que leur possesseur était éveillé ou un être divin.
Cela dit, le Bouddha n’enseignait pas seulement à ses disciples
d’être prudents dans l’exercice de quelconques pouvoirs miraculeux
qu’ils ont pu acquérir, mais a mis aussi en garde les autres de ne pas
être excessivement impressionnés par de telles démonstrations. Donc,
alors que les autres religions exploitent leurs éléments miraculeux à la
plus grande ampleur possible pour convaincre les masses, le
Bouddhisme traite toutes ces choses comme étant de très petite
importance et sans rapport avec la vraie tâche du développement
spirituel et de l’émancipation. D’après le Bouddha, le plus grand
miracle est la conversion d’un homme ignorant qui devient un homme
sage.
À cet égard, Swami Vivekananda a dit : « L’idée d’êtres surnaturels
peut exciter, dans une certaine mesure, le pouvoir d’action dans
l’homme, mais il apporte aussi la dépendance ; il apporte la peur ; il
apporte la superstition. Il dégénère en une croyance affreuse dans la
faiblesse naturelle de l’homme. »
L’attitude scientifique et le contenu du Bouddhisme a conduit Albert
Einstein à dire que : « S’il y a une religion qui peut faire face aux
besoins scientifiques modernes, ce serait le Bouddhisme. »
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L’éthique et la société
L’autre aspect important du Bouddhisme en tant que religion
mondiale est son attitude aux problèmes sociaux, économiques et
politiques. Des gens non informés ont généralement tendance à
considérer cette religion comme d’une échappatoire ou d’un retrait de
la vie active, en se retirant dans un temple, une grotte ou une forêt
pour mener une vie coupée de la société. Ceci est cependant dû au
manque de compréhension, parce que le Bouddha lui-même était une
des personnes les plus travailleurs qui ait jamais vécu dans le monde.
Il ne dormait que deux heures et demie chaque nuit et, le reste du
temps, Il travaillait (prêchait, délivrait des sermons, méditait, etc…). Il
a marché de long en large dans toute l’Inde, a rencontré des gens de
tous les niveaux de vie, leur a parlé et les a instruit. Il ne parla pas de
nirvana tout le temps et à tous les gens qu’Il rencontrait. Il parlait
selon leurs manières de vivre et leurs niveaux de compréhension. Le
Bouddha a dit qu’Il ne s’attendait pas à ce qu’un débutant réalise les
Grandes et Nobles Vérités d’un coup. Il a dit que son enseignement
était un chemin graduel. Et par conséquent, aider les gens de plusieurs
manières selon leur sens moral ou leur évolution et progrès, fait partie
de cette religion. Une vie sociale, économique et politique active ne
peut être séparée de la vraie vie religieuse.
Dans la religion du Bouddha, se trouve un système éthique complet
et une métaphysique transcendantale comprenant une psychologie
sublime. Il convient à tous les tempéraments. Au simple d’esprit, il
offre un code de moralité, une dévotion formidable et même un espoir
de vie au paradis ; pour l’adepte fervent, il offre un système de
pensées pures, une philosophie noble et des enseignements moraux
qui conduisent à l’Éveil et à la libération de toute souffrance. Mais la
doctrine essentielle est la purification de soi. Le progrès spirituel est
impossible pour celui qui ne mène pas une vie de pureté et de
compassion.
Dans sa forme organisée, en tant que religion pratiquée
populairement par (certains) peuples, avec beaucoup de cérémonies,
P a g e | 26
de processions et de festivals incorporant différentes coutumes et
traditions, le Bouddhisme fournit une motivation, une expérience et
une pédagogie suffisante pour l’éducation. Les fonctions familiales,
les cérémonies de villages, les célébrations culturelles et les
évènements comme les naissances, les mariages, les décès et les
services mémoriaux fournissent une éducation d’une manière
informelle. Les enfants apprennent la plupart de leurs coutumes,
manières, cultures, valeurs et même leurs aspirations en observant ou
en participant à ces activités éducationnelles non-formelles. Les
adolescents et les adultes aussi y en profitent.
Au-delà du niveau personnel et de l’émancipation de l’individu, le
Bouddhisme reconnaît la famille comme une unité de la société et de
la nation. Donc pour le propriétaire ordinaire dont le plus grand but
consiste à obtenir la satisfaction matérielle ici (dans cette vie) et à aller
au paradis d’en l’au-delà, le Bouddhisme fournit un simple code de
moralité –comme contenu dans le Sigālovāda sutra– dont la pratique
va renforcer la solidarité d’une communauté et maintenir les bonnes
relations entre les membres des familles, les employeurs et les
employés.
Dans un autre discours, le Bouddha a donné dix sortes de conseils
pour que les gens respectent et remplissent leur devoirs et leurs
responsabilités envers leurs parents, enfants, maris et femmes, les
personnes de la même famille, les gens plus âgés, les défuntes
personnes, les devas (déités) et ainsi vivre en harmonie dans la société
sans devenir une nuisance et pour mener une vie sans reproches.
Un tel enseignement a pour but le bien-être de tous les membres de
la société et il fournit une pratique assidue d’action amicale qui est la
marque d’un être réellement social. D’un autre côté, la personne
évoluée qui réalise les obstacles de la vie à la maison (un chemin
maculé de passions), peut recourir à un code de morales et d’éthiques
plus élevé, comme contenue dans les règles de l’Ordre Saint, connu
sous le nom de Vinaya. Cela lui permettra de mener une vie de pureté,
de sainteté et de renonciation sans être entravé par des distractions
mondaines.
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La moralité
La moralité bouddhique est basée sur la liberté et la compréhension.
Parce que la moralité vient des besoins de la société pour la
préservation de soi, elle doit nécessairement s’adapter aux
changements du temps et aux circonstances. La moralité est donc
relative. En fait, il ne peut y avoir de moralité ou de concept éthique si
elle est basée sur la contrainte ou sur l’interférence de n’importe quel
agent en dehors de l’individu lui-même. L’individu doit être d’accord
et libre de toute restriction placée sur lui pour que la moralité soit
vraiment efficace.
L’amour compassionnel (metta) est la base de toute conduite morale
et éthique dans le Bouddhisme. Avec cette compassion, apparaît tous
les préceptes éthiques et morales, le service social, la justice sociale, le
bien-être social. L’égalité, la fraternité, la tolérance, la compréhension,
le respect pour la vie, le respect des opinions des autres, le respect de
la religion des autres, tout cela ont leur racine dans l’amour
compassionnel. Basé sur ce grand et noble principe, le Bouddhisme a
toujours été une religion de paix. Sa longue histoire est exempte de
toute trace de guerres religieuses, de persécutions religieuses et
d’inquisitions. Le Bouddhisme, à cet égard, reste unique dans
l’histoire des religions. Parlant d’un des nobles exemples du Bouddha
sur ce sujet, Swami Vivekananda a dit dans ses cours sur le
karmayoga : « La race humaine entière a produit une seule personne,
avec une si haute philosophie, une si vaste sympathie. Le grand
philosophe, prêchant la haute philosophie, a cependant une sympathie
la plus profonde pour le plus petit des animaux, et n’a jamais
proclamé quelque chose sur lui-même4. Il est l’idéal Karma yogi,
agissant entièrement sans arrière-pensée, et l’histoire de l’humanité
le désigne comme étant le plus grand des hommes jamais apparu, sans
comparaison, la plus grande combinaison du cœur et du cerveau qui
ait jamais existé. »
4 Il n’a pas dit qu’Il était un dieu, ou un messager de dieu, mais seulement un
homme qui a atteint le degré ultime de perfection par la culture de soi et son
propre effort.
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En relation avec son code social et moral, le philosophe allemand,
Prof. Max Muller a dit : « Le code moral bouddhique, pris en soi, est
le plus parfait que le monde est jamais connu. »
En ce point, tous les témoignages des milieux hostiles et amicaux
sont d’accord : des philosophes, des prêcheurs religieux, des
métaphysiciens subtiles, des contestataires, il peut y en avoir, mais où
peut-on trouver une telle incarnation d’amour; un amour qui ne
connaît pas de distinction de castes, de croyances ou de couleurs; un
amour qui débordent même les limites de l’humanité, qui englobe tous
les êtres doués de sensations sur son passage; un amour qui est
représenté par le rassemblement de l’amour universel (metta) et de la
non-violence (ahimsa) ?
Albert Schweitzer a dit : « Dans ce domaine, le Bouddha donna
expression aux vérités d’une valeur éternelle et fit avancer l’éthique,
pas seulement celle de l’Inde, mais celle de l’humanité. Le Bouddha
était un des hommes éthiques de génie les plus grands jamais apparu
au monde. »
En outre, le Prof. Rhys Davids observa que l’étude du Bouddhisme
doit être considérée comme étant une partie nécessaire de n’importe
quel programme éthique et ne doit pas être exclue à une page ou deux,
mais doit recevoir une reconnaissance méritée dans les perspectives
historiques de l’évolution éthique.
Le développement économique
À l’intérieur de la structure bouddhique, la possibilité d’un
développement économique sur une base dynamique et significative
est en train de recevoir une plus grande attention dans les pays les plus
riches et les plus développés. La théorie du développement moderne a
échoué à venir à bout des problèmes environnementaux et sociaux
dans la plupart des sociétés développées et le Bouddhisme offre un
moyen pour échapper à cette impasse.
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Le Cakkavatti Sihanāda sutra dans le Digha Nikaya mentionne
clairement que la pauvreté est la cause du crime et de l’immoralité. Le
Bouddha et ses disciples enseignent aux gens la valeur de produire des
richesses et l’importance du développement économique pour le bien-
être et le bonheur (matériel). Dans le Kutadanta sutra (toujours dans le
Digha Nikaya), le Bouddha explique aussi que les crimes comme le
vol ne peuvent être arrêtés par la punition. Pour que de tel crime soit
contrôlé et stoppé convenablement et correctement, des opportunités
doivent être fournies aux gens pour entretenir des occupations
convenables pour leur permettre de mener des vies confortables.
• La sureté économique (atthi-sukha)
• La jouissance des possessions (bhoga-sukha)
• Être exempt de dettes (anana-sukha)
• Mener une vie exempte de blâme (anavajja-sukha) :
Ce sont quatre sortes de bonheur pour une personne laïque. La
capacité dans son occupation (utthana-sampadā), la protection de ses
possessions (arakkha-sampadā), l’association avec de bons amis
(kalyana-sampadā), une dépense en proportion au revenu
(samajivikatā) : ces quatre points sont favorables au bien-être des gens
dans ce monde.
Beaucoup d’idées pour l’avancement de la société, aussi bien que les
devoirs et les obligations, tant pour les familles et pour la société que
pour leurs bénéfices mutuels, sont mentionnés dans les discours tel
que le Sigalovāda sutra, le Parabhava sutra et le Vasala sutra.
Il est évident que dans le commentaire au Dhammapada, que le
Bouddha dirigeait son attention même envers de sérieux problèmes de
gouvernement par le biais de la compassion (karuna), avec le but de
promouvoir une forme de justice qui ne nuise pas ni ne blesse les
gens. La justice doit éviter la souffrance sous la tyrannie et les lourdes
taxes imposées sur eux par des dirigeants pervers.
Le Bouddhisme enseigne qu’un pays doit être gouverné en accord
avec les ‘’Dix Devoirs d’un Roi’’ (Dasa-rāja-dhamma) ; à savoir :
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• La libéralité (dāna)
• La moralité (sīla)
• Donner tout pour le bien du peuple (pariccaga)
• L’honnêteté et l’intégrité (ajjava)
• La gentillesse (maddava)
• Une habitude à l’austérité (tapa)
• Être dépourvu de colère, de mauvaise volonté, d’inimitié
(akkodha)
• La non-violence (avihimsa)
• La patience (khantī) et
• La non-opposition et la non-obstruction, c.-à-d. ne pas faire obstacle
à quelconques mesures conduisant au bien-être des gens (avirodha)
De cette manière, le Bouddha et ses disciples enseignent
d’importantes idées rapportant à la santé, à l’hygiène, à la productivité
financière, aux relations communes, au bien-être de la société, et au
gouvernement juste –tout est pour le bien du peuple.
Madame H.P. Blavatsky, présidente de la Société de Théosophie à la
fin du 18ème siècle, a dit « Le Bouddha était le premier à incorporer
ces nobles éthiques dans ces enseignements publiques et à en faire la
fondation et l’essence même de son système publique. C’est dedans
que se trouve l’immense différence entre le Bouddhisme ésotérique et
toutes les autres religions. Parce que lorsque le ritualisme et les
dogmes des autres religions tiennent la place la plus importante, dans
le Bouddhisme, c’est l’éthique qui a toujours été ce à quoi on insiste le
plus. »
Gouvernement
Même le système parlementaire d’aujourd’hui entretient de fortes
ressemblances aux pratiques connues dans le Bouddhisme. Comme la
marquise de Zetland, ancienne vice-reine en Inde, a révélé : « C’est en
effet dans les livres bouddhiques que nous devons tirer profit sur la
manière dans lesquels les affaires précédentes sur les institutions
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représentatives auto-gouvernantes sont menées. Et cela peut être une
surprise pour beaucoup d’apprendre que les assemblées bouddhistes
en Inde, il y a plus de 2500 ans, se révèlent semblables aux rudiments
de notre usage parlementaire de nos jours. La dignité de l’assemblée
a été préservée par la désignation d’un officier spécial –les premières
formes de Mr. Speaker dans notre maison communale. Un second
officier a été désigné pour juger quand il est nécessaire qu’un quorum
soit fermé –le prototype du chef parlementaire dans notre propre
système. Un membre initialisant une affaire le fait sous la forme d’un
mouvement qui est plus tard ouvert à discussion. Dans le même cas, il
a été fait seulement une fois, dans d’autres cas trois fois, anticipant
donc la pratique du parlement en exigeant qu’une note soit lue trois
fois avant qu’elle devienne une loi. Si la discussion révèle une
différence d’opinions, le sujet était décidé par le vote à majorité, le
scrutin étant en ballotage. »
Le bonheur
La religion n’existe pas seulement pour que les gens la suivent, mais
aussi pour apprendre, comprendre et pratiquer afin d’obtenir
l’expérience de la félicité.
Un jour, alors que le Bouddha était en train de marcher dans la forêt,
Il prit une poignée de feuilles et déclara que ce qu’Il avait enseigné
était comme ces feuilles dans sa main. Le Dhamma dans tout son
ensemble est comme les feuilles dans la forêt entière. Le Dhamma est
si vaste à imaginer que le Bouddha enseigna seulement l’essentiel, ce
qui est nécessaire pour les tâches immédiates, c.-à-d., la fin de la
souffrance et l’obtention de la libération. Le Bouddha nous a dit
comment nous débarrasser de cette souffrance. Le reste des
connaissances mondaines n’est pas important. À cause de l’ignorance,
nous passons des vies entières à essayer de s’en sortir avec la
souffrance, les soucis, les peines et les conflits. C’est parce que nous
ne comprenons pas la vrai nature de l’existence et les causes de la
souffrance. Par exemple, prenons les Trois Caractéristiques : ceux de
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l’impermanence (anicca), l’insatisfaction (dukkha) et de la non-
substantialité (anatta). Tout l’univers partage ces trois
caractéristiques. Aucun pouvoir ne peut arrêter ce processus de
changement qui est présent à partir du moment où nous naissons, et
dedans, réside la cause de la souffrance. Nous avons besoin de peu
d’autre chose pour nous convaincre sur les racines des problèmes de la
souffrance.
Que voulons-nous de la vie ? Comment peut-on obtenir le bonheur ?
L’insatisfaction, et par conséquent le malheur, vient de ce que nous ne
réalisons pas que tout est inconstant et sujet au déclin. C’est une loi
universelle. Mais due à notre ignorance et à notre croyance erronée en
un soi, nous voulons vivre dans un état permanent sans que rien ne
change. Cela ne peut jamais arriver. Nous voulons garder nos
richesses, nos possessions, notre santé, notre jeunesse. Mais un jour
tout cela peut être balayé comme une flamme de bougie soufflée par le
vent. Lorsque nous remarquons que notre belle apparence est en train
d’être remplacée par des rides et des cheveux blancs, nous nous
inquiétons et devenons malheureux parce que nous refusons
d’accepter la nature des choses qui changent.
Le Bouddha nous incite à contempler sur ces sujets afin que nous
comprenions et puissions supprimer la source de notre malheur.
L’enseignement du Bouddha a éclairé le chemin de l’humanité pour
traverser un monde aveuglé de superstitions, de colère et de peur et
pour atteindre un nouveau monde de lumière, d’amour, de bonheur et
de dignité. Sir Edwin Arnold décrit le Bouddha, dans le poème
Lumière d’Asie, de cette manière:
« C’est la floraison sur notre arbre humaine
Qui ne s’ouvre qu’une fois dans une myriade d’années
Mais lorsqu’elle s’ouvre, elle remplit le monde
Avec la senteur de la sagesse
Et la goutte de miel de l’amour »
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L’impermanence et la mort
Lorsque nous sommes jeunes, nous devons envisager que, bien que
nous sommes jeunes, à un moment nous allons forcément devenir
vieux. Lorsque nous sommes en bonne santé, nous devons penser qu’à
un moment nous allons tomber malade. La santé n’est pas permanente.
Lorsque nous nous préparons avec sagesse pour le déclin, la vieillesse,
la maladie et finalement la mort, cela n’est pas si difficile à supporter.
En comprenant qu’il s’agit de conditions mondaines dont tout le
monde doit faire face, nous pouvons supporter toutes souffrances avec
courage. C’est là la force, le ‘refuge’ que le Bouddha promet. Il y a
ceux qui grommellent et pleurent lorsque l’infortune les frappe. Ce
n’est dû à rien d’autre que le manque de compréhension. Les
lamentations les concernant ne vont pas faire partir la souffrance.
Pour éviter la peine que l’infortune peut apporter, nous devons
renforcer nos esprits au moyen de notre compréhension.
Il n’y a rien ni personne qui vient à la vie et qui puisse échapper au
processus naturel d’‘‘arriver à une fin’’. Il y a obligatoirement une fin.
Sinon les choses ne peuvent exister. Nous n’avons pas besoin d’avoir
peur de ce phénomène parfaitement naturel. Nous pouvons tous
considérer que même la mort n’est pas la fin de la vie mais seulement
le commencement d’une autre vie. Nous savons du poète Wordsworth
que « L’âme qui apparaît avec nous, notre étoile de vie, a autre part
sa position, venant de loin.» Lorsque nous disparaissons
physiquement de ce monde, la vie apparaît autre part – alors pourquoi
s’inquiéter ? Ne sommes-nous pas juste en train d’obtenir un nouveau
passeport dans notre voyage à travers le samsara (le cycle
d’existence)?
Les nations se développent et disparaissent, des empires
apparaissent et s’effondrent ; de glorieux palais sont construit et sont
réduit en poussière –tel est la voie du monde. De belles fleurs
s’épanouissent et attirent tous les gens qui passent ; mais le jour
prochain, elles se fanent et se tarissent. Leurs pétales tombent toutes
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une à une et bientôt elles sont oubliées totalement. Toutes les
jouissances et les hauts accomplissements du monde sont seulement
des impressions momentanées. Celui qui prend plaisir à cela devra se
lamenter et pleurer lorsque tout cela est perdu, et il devra subir encore
plus de souffrance. Puisque rien ne dure dans ce monde, on ne doit pas
espérer obtenir le bonheur ultime de cela. Le conseil du Bouddha est
de contempler sur l’état transitoire de ce monde et les nombreuses
formes d’insatisfaction latente dans tous les phénomènes mondains
existants.
Ce monde, le soleil, la lune, les galaxies, l’univers lui-même sont
tous sujet à la même loi inexorable d’impermanence.
Si nous suivons les enseignements du Bouddha, nous ne serons
jamais déçus par la perspective de la séparation des personnes chères,
des propriétés et des possessions. Cela ne signifie pas que les
Bouddhistes ne doivent pas consommer les plaisirs mondains (du
tout). Nous devons suivre le Chemin du Milieu5. Nous pouvons
consommer les plaisirs en modération, sans violer les principes
moraux, sans devenir l’esclave des plaisirs ; mais avec la
compréhension que cela ne doit pas entraver le développement
spirituel.
Maris et femmes, parents et enfants deviennent de forts
attachements aux uns et aux autres. Cela est parfaitement naturel. Cela
est important pour eux de mener une vie mondaine. Néanmoins, nous
devons faire face au fait que ce même attachement est la source
d’énorme peine et de souffrance. Cela peut même conduire au suicide.
Pour éradiquer les problèmes, l’attachement doit être autorisé à se
développer avec compréhension. Il est de son devoir de développer les
affections en sachant qu’un jour il y aura une séparation. Sous ses
conditions, on saura comment surmonter la séparation lorsqu’elle
arrive. On évitera la folie et le suicide simplement parce qu’on a
entraîné son esprit.
5 Le Majjhimā patipadā ou le Chemin du Milieu que le Bouddha a enseigné est
le chemin qui évite la mortification de soi et la gratification des sens,
l’éternalisme et l’annihilisme, ainsi que toutes sortes de vues erronées.
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Ce que le Bouddha a contribué pour l’humanité était de nous
consoler en nous aidant à réaliser comment tous nos problèmes
apparaissent et comment y faire face. Prier les forces externes peut
conduire à des solutions temporaires et fournir des moments de paix
transitoires. Mais cela est comme de prendre deux analgésiques
lorsque vous avez des maux de tête. Après trois heures, la peine
revient parce que le mal de tête n’est pas la maladie mais simplement
le symptôme. Les analgésiques ne sont pas le médicament pour la
maladie. Ceux qui comprennent sont en position d’enlever la cause de
la souffrance. L’enseignement du Bouddha nous donne cette
compréhension.
Conclusion
J’espère que cette introduction vous a montré comment le
Bouddhisme tient une position en tant que système de pratique
religieuse. Le Bouddha était un grand maître et un médecin efficace. Il
rappelait constamment ses disciples que le seul but était d’instruire les
gens sur comment comprendre la nature de la souffrance ou
l’insatisfaction et comment l’éradiquer. Il promet le bonheur dans
cette vie pour ceux qui suivent sa noble méthode avec détermination
et une compréhension juste.
Il est très malheureux que dans beaucoup de religions existantes, les
adeptes ne soient pas encouragés à respecter les dirigeants des autres
religions. Ils sont avertis que s’ils le font, ils commettent un péché ou
même plus grave, qu’ils devront aller en enfer. Le Bouddha nous a dit
clairement que nous devons respecter ceux qui sont dignes de respect.
Bien que nous puissions ne pas être en accord avec certains points de
vue religieux qu’ils ont, s’ils sont sincères dans leur effort pour servir
l’humanité et l’élever ; nous devons les respecter pour cela. Il y a de
nobles personnes dans toutes les religions.
Le Bouddha n’a pas conseillé à ses disciples d’aller convertir les
gens qui autrement iront en enfer. Plutôt que cela, il les a conseillé de
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montrer au monde ce qui est correct et ce qui est mauvais, d’être bon
et de faire le bien, et d’encourager les hommes à venir et à voir par
eux-mêmes la vérité qu’Il a enseigné.
Lui et ses disciple n’ont pas condamné les disciples d’autres
religions comme étant des ‘‘pécheurs’’ qui sont condamnés à passer
l’éternité en enfer. D’après les Bouddhistes, même ceux qui n’ont pas
de ‘religion’ mais qui vivent dans la dignité, avec compassion et
bonne volonté peuvent ‘aller au paradis’, c’est-à-dire, faire
l’expérience du bonheur.
Lorsqu’on est heureux et content, nous sommes au ‘paradis’.
Lorsqu’on souffre physiquement ou mentalement nous sommes en
‘enfer’. Il n’y a pas besoin d’attendre de mourir pour faire
l’expérience de l’un de ces états.
Le Bouddhisme est unique parce que nous pouvons parler de cette
‘religion’ sans aucune référence au paradis et à l’enfer. Je suis sûr que
les autres ne peuvent pas parler de leur religion de cette manière.
Le message de bonne volonté et de compréhension du Bouddha pour
tous les êtres est un message universel. Le monde aujourd’hui a besoin
de ce noble message plus que jamais auparavant dans l’histoire de
l’humanité.
Le Bouddhisme en tant que religion est l’unique exposition de la
vérité absolue qui montrera à l’homme comment vivre en paix et en
harmonie avec ses semblables.
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