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!"#$%&'$ )*+, * -./.0.1 p. 1 Le Boutch Emissaire Mouvements d'idées et d'initiatives de la vallée de Chamonix La République du Mont-Blanc L’édito et émissaire ressemble à un coureur de fond. Il est affûté comme jamais ! Son secret minceur ? Une alimentation raisonnée, faite de récoltes du coin et d’idées à la page. Débarrassé des mots superflus, il porte, sur quatre petites feuilles, vos messages. Alors à vos (re)marques, prêts, partez ! C’est de mains en mains que l’émissaire voyage. Relayez ce témoin d’un lieu qui se bouge. Car la seule énergie durable du Boutch émissaire, c’est vous qui l’apportez. Depuis 2013, l’association Boutch à Boutch s’at- tache à stimuler la participation des habitants à la vie de leur cité et aux décisions publiques. Pour cela, elle organise, chaque mois de septembre, une assemblée durant laquelle chacun peut propo- ser ses projets pour la collectivité. À l’instar d’une multitude de mouvements à travers le monde, le Boutch à Boutch souhaite faire sa part : redonner un sens au mot citoyen, permettre à ceux qui le dé- sirent de prendre en main leur avenir. Pour le fonctionnement, nous nous sommes ins- pirés des Landsgemeinde des cantons suisses d’Appenzell et de Glaris, ces « assemblés de pays » dont les décisions votées à main levée font lois. Nous y avons mis notre touche maison : le Bout- ch à Boutch n’est pas seulement une courroie de transmission de la volonté populaire, mais aussi sa force de concrétisation. En effet, dans la vo- tation à la chamoniarde, il y a de la démocratie participative – nous proposons des idées à nos représentants –, mais aussi de la démocratie di- recte – nous nous mobilisons pour réaliser des projets. Ainsi, en 2014, nous avons développé le « Potager de mon pote âgé », un système de prêts de jardins entre particuliers. Puis, en 2015, nous avons posé les fondations de la « Maison des ini- tiatives citoyennes », une sorte d’incubateur d’ini- tiatives installé au pied du mont Blanc. Un projet ambitieux qui nécessite au minimum un petit lo- cal et des partenaires... Les négociations sont en cours. Quant à notre jardin collectif des Barrats, il continue de ravir les passants et d’accueillir de chouettes évènements. À l’approche de notre troisième anniversaire, notre engagement est loin de s’essouffler. Le Boutch à Boutch trace sa route avec enthou- siasme, indépendance et patience. C Dessin: Michel Delamarre

"Le Boutch émissaire", n°2

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Le journal de l'association Boutch à Boutch, publié en décembre 2015.

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Le Boutch EmissaireMouvements d'idées et d'initiatives de la vallée de Chamonix

La République du Mont-BlancL’édito

et émissaire ressemble à un coureur de fond. Il est affûté comme jamais ! Son secret minceur ? Une alimentation raisonnée, faite de récoltes du coin et d’idées à la page. Débarrassé des mots superflus, il porte, sur quatre petites feuilles, vos messages. Alors à vos (re)marques, prêts, partez ! C’est de mains en mains que l’émissaire voyage. Relayez ce témoin d’un lieu qui se bouge. Car la seule énergie durable du Boutch émissaire, c’est vous qui l’apportez.Depuis 2013, l’association Boutch à Boutch s’at-tache à stimuler la participation des habitants à la vie de leur cité et aux décisions publiques. Pour cela, elle organise, chaque mois de septembre, une assemblée durant laquelle chacun peut propo-ser ses projets pour la collectivité. À l’instar d’une multitude de mouvements à travers le monde, le Boutch à Boutch souhaite faire sa part : redonner un sens au mot citoyen, permettre à ceux qui le dé-sirent de prendre en main leur avenir.Pour le fonctionnement, nous nous sommes ins-pirés des Landsgemeinde des cantons suisses d’Appenzell et de Glaris, ces « assemblés de pays » dont les décisions votées à main levée font lois.

Nous y avons mis notre touche maison : le Bout-ch à Boutch n’est pas seulement une courroie de transmission de la volonté populaire, mais aussi sa force de concrétisation. En effet, dans la vo-tation à la chamoniarde, il y a de la démocratie participative – nous proposons des idées à nos représentants –, mais aussi de la démocratie di-recte – nous nous mobilisons pour réaliser des projets. Ainsi, en 2014, nous avons développé le « Potager de mon pote âgé », un système de prêts de jardins entre particuliers. Puis, en 2015, nous avons posé les fondations de la « Maison des ini-tiatives citoyennes », une sorte d’incubateur d’ini-tiatives installé au pied du mont Blanc. Un projet ambitieux qui nécessite au minimum un petit lo-cal et des partenaires... Les négociations sont en cours. Quant à notre jardin collectif des Barrats, il continue de ravir les passants et d’accueillir de chouettes évènements.À l’approche de notre troisième anniversaire, notre engagement est loin de s’essouffler. Le Boutch à Boutch trace sa route avec enthou-siasme, indépendance et patience.

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À chaque événement, l’équipe s’efforce de ravir vos papilles autant que vos neurones. Suivez-nous pour une petite mise en boutche...

epuis bientôt deux ans, le jardin collectif se passe de pro-duits chimiques. Nos légumes et nos fruits ne sont nour-ris que d’huile de coude et de camaraderie. Poussés par la même volonté de faire du beau et du bon, nous nous ef-forçons de vous régaler lors des évènements de l’associa-tion. Laissez-nous vous présenter la cuisine...Un bon gueuleton. Casse-croûtes et boissons occupent une place de choix dans l’agora éphémère chamoniarde. Car qui oserait imaginer un rassemblement citoyen convi-vial sans pouvoir se désaltérer (je vous vois venir) et se glisser fricots sous la dent ? Ainsi, dès la première votation, un soin tout particulier a été apporté à la cuisine, la garantie d’échanges nourris. Lors de la deuxième votation, en 2014, nous avons enrichi le menu en instaurant une Fête de la soupe. Elle récom-pense d’une louche d’or les meilleures créations maison, réalisées avec des légumes de la vallée. Cette année, la production du potager des Barrats a fait son entrée à la Fête du jardin. Courgettes, salades vertes, oignons nouveaux, herbes aromatiques sont ainsi venus garnir vos assiettes. Préparés avec amour par de fidèles boutchs en toque, les taboulés et les salades ont côtoyé tommes de Montroc, pain artisanal houchard et même, du faon à la mode d’Argentière...

Pour la dernière votation, c’est la pomme de terre – année de la mise en place de la patathèque oblige – qui a squatté le devant des fourneaux. Mention spéciale pour Marta et son atelier de succulents gnocchis italiens. Bon, et si parfois nos légumes des Pèlerins ne suffisent pas, nous tâchons bien sûr d’utiliser des produits nobles : locaux, biologiques et de saison. Et du coté du zinc ? (Encore vous !) On y sert une savou-reuse bière franco-cannadienne brassée dans la vallée, des jus de fruits biologiques et locaux, et même du rouge et du blanc de Savoie contenant des sulfites.Vaisselle qui roule n’amasse pas mousse ! Haro sur le plastique. Pas question de se donner tout ce mal pour servir tout ça dans d’odieuses assiettes pétrolées. Après chaque joyeuse ripaille, on vous invite à nous donner un coup de pouce en mettant la main à la mousse et laver votre vaisselle. Et que ça brille, attention les resquilleurs seront compostés !

Un petit mot encore pour vous dire que ces festins sont ouverts à tous, et tout est à prix libre : donnez ce que vous voulez ou ce que vous pouvez.

Destoqueséthiques

D

18 avril Travaux de printemps, ouverture du jardin collectif de l’Île des Barrats. Chamonix.

19 avril Premiers coups de pioche à la Patathèque – champ destiné à cultiver des pommes du terre du pays du Mont-Blanc. Les Tines, Chamonix.

16 mai « Un dhal pour le Népal », repas caritatif au profit des victimes du séisme, organisé avec Te Crew. Jardin des Barrats, Chamonix.

Juillet et août Quatre ateliers jardinage avec les enfants de Cap loisirs (MJC). Jardin des Barrats, Chamonix.

11 juillet Participation au débat « Solidarités d’hier et d’au-jourd’hui en milieu agricole de montagne ». Maison du lieutenant, Servoz.

25 juillet Fête du jardin de l’Île des Barrats. Chamonix.

Septembre Premières récoltes à la Patathèque.

19 septembre Votation et fête de la soupe.

17 octobre Travaux d’automne, fermeture du jardin collectif.

28 novembre Participation au cycle de débats « On a l’air de quoi ? », sur le thème de la mobilisation citoyenne. Passy.

7 décembre Ciné-débat autour du film Demain. Ciné Mont-Blanc, Sallanches.

11 décembre Assemblée générale de l’association. Chamonix.

Réclame

CULTIVEZ VOS LEGUMESrejoignez le jardin collectif

de l'île des barrats

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Boutches ouvertes

« Que pensez-vous de ce jardin ? C’est bien ! On est juste à côté, donc on regarde si ça pousse... Cette année, on est venu prendre l’apéritif à la Fête du jardin, et on a pris notre adhésion à l’association. On a connu Boutch à Boutch en lisant un article dans le journal. Et puis, on habite juste à côté, donc on les a vus travailler. C’est une bonne chose, ça apporte un plus au quartier, ça apporte de l’ani-mation. C’est mieux d’avoir ce jardin que d’avoir un grand parking ! Passez-vous au jardin pour cultiver et récolter ? On ne prend pas de légumes, on les laisse pour les gens qui en ont besoin. Et on a un potager chez nous. Ne voudriez-vous pas venir partager votre expé-rience ? Ceux qui s’en occupent sont déjà bien au courant. On les voit au travail... Quand il y a une invitation, on vient. Dans le quartier, nous ne sommes pas nombreux à vivre à l’année, et il y a majoritairement des retraités. On est bien contents de voir des jeunes venir ici pour jardiner, discuter... C’est mieux de les voir ici que de les voir au bistrot. Rires. »

« Je me suis absentée de Chamonix pendant cinq ans. Quand je suis revenue, j’ai vu que quelque chose avait changé. J’ai été cu-rieuse, puis rapidement satisfaite de voir que cet endroit était bien utilisé. Je trouve que c’est une très très bonne idée ! Quand des gens viennent chez moi, je leur fais toujours visiter le jardin. Quand je passe seule pour aller en ville, je fais aussi un détour pour regar-der. Parfois, je sors spécialement pour jeter un coup d’œil... Mais c’est devenu compliqué car j’ai des difficultés à marcher. Cet été, j’ai quand même surveillé les tomates avec beaucoup de curiosité ! Je me demandais vraiment si elles allaient mûrir. Eh bien, j’en ai vu quelques-unes rougir... Vous est-il arrivé de cueillir ? Des herbes aromatiques... Pour le reste, je n’ose pas, je crains d’abîmer. Avez-vous déjà participé à des évènements au jardin ? Oui, cet été, car j’ai eu une invitation dans ma boîte aux lettres. Je suis à l’aise avec les personnes jeunes, j’aime bien ce contact. J’ai appris des choses sur les buttes et l’humus, la paille qui favorise la croissance, les arbustes qui protègent du vent du glacier, les fleurs de courgette comestibles. J’ai trouvé les explications du jeune homme [NDLR Guil-laume Pras, l’animateur du jardin] très intéressantes. »

« J’ai déjà discuté avec les responsables de l’association... On a été invités à venir, mais on n’en a pas eu l’occasion encore... Je bouge beaucoup. Quand vous n’êtes pas en voyage, venez-vous un peu au jardin ? On passe souvent à pied, on va regarder comment ça pousse, c’est sympa. On ne fait que regarder, on ne prend rien, on n’a pas besoin... Je pense que d’autres ont davantage besoin que nous. Est-ce-que l’arrivée de ce jardin a changé quelque chose dans la vie du quartier ? C’est sympa, ça fait une petite animation. Il y a un peu de bruit parfois, mais ça ne dure jamais bien longtemps... »

Amor & Jeannette Hamdi, 76 et 85 ans, retraitésCe couple s’est établi dans le quartier des Favrands il y a plus de quarante ans.

Michel Richard, 77 ans, guide de haute montagneMichel habite depuis vingt-cinq ans dans la Résidence de l’île.

Simone Grangé, 83 ans, retraitéeSimone vit seule dans son appartement qui donne sur le jardin. Elle habite dans le quartier depuis 1998.

Début décembre 2015, nous sommes allés à la rencontre des habitants du quartier des Favrands, à Chamonix, pour savoir ce qu’ils pensaient de leur voisin verdoyant : le jardin collectif.

« Je trouve l’idée intéressante. C’est un bon outil pour que les gens communiquent. Ça crée des liens. Mais je me demande si les forces vives de l’association ne s’essoufflent pas un peu, car j’ai trouvé que, cette année, c’était moins entretenu... C’est une idée qu’on pourrait peut-être élargir, en créant un atelier collectif, où l’on pourrait réparer les vélos, rénover ou relooker des meubles... Utili-sez-vous le jardin ou le compost ? Je me déplace beaucoup à pied, donc à chaque fois que je passe par là, je fais un détour pour regar-der les plantes, la spirale aromatique, le bassin... J’ai cueilli de l’origan, juste avant qu’il gèle. Et, l’année dernière, j’ai pris des haricots – qui étaient très bons d’ailleurs. J’ai aussi récupéré des graines de capucines. Pour le compost, je ne l’utilise pas encore mais je vais peut-être le faire... Je pense qu’il faudrait améliorer la signalétique pour que les gens s’y retrouvent. Trouvez-vous que cet endroit est joli ? En regardant le totem et l’alignement des pierres, je me suis dit que ce lieu pourrait accueillir deux ou trois œuvres de type « land art ». Pour ça, il faudrait solliciter les artistes locaux. Pourquoi pas aussi créer un mobilier urbain, mettre de la couleur, du graff... »

Brigitte Valette-Morel, 56 ans, professeureBrigitte est arrivée à Chamonix voilà trente-cinq ans.

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THÈME 1 : POUVONS-NOUS AMÉLIORER NOTRE QUOTIDIEN ?

THÈME 2 : PEUT-ON DYNAMISER LES RELATIONS ENTRE HABITANTS DE LA VALLÉE ?

THÈME 3 : PEUT-ON RECONSTRUIRE NOS ENVIRONNEMENTS ?

Créer des composteurs de hameaux à usage libre (de type tri-compost).

Le 19 septembre, vous étiez plus d’une centaine de courageux à braver la pluie pour participer à notre troisième votation. Cette année, quatorze propositions ont été déposées dans notre boîte à idées. Des initiatives concrètes, intelligentes, ambitieuses. Elles ont été soumises au vote de l’assemblée citoyenne réunie ce jour-là au champ du Savoy, à Chamonix. Voici les résultats.

Réduire l’éclairage public en centre-ville (détecteurs, temporisation) et alentours (routes d’accès).

Répertorier l’ensemble des arbres fruitiers de la vallée dont les fruits ne sont pas ramassés (pour une cueillette collective).

Proposer des stages aux jeunes de 16 à 18 ans pour favoriser leur insertion professionnelle. En partenariat avec la mairie et la MJC.

Interdire dans la vallée les représentations impliquant des animaux (cirques).

Créer un jardin potager au sein de chaque groupe scolaire de la vallée qui serait entretenu par les écoliers.

Mettre en place un « troc culturel ». Un évènement qui permettrait d’échanger des biens culturels.

Installer des parkings à vélos en ville.

Mettre en place des boutons-poussoirs sur les fontaines publiques pour éviter de gaspiller l’eau.

Créer une « Université du temps libre », avec des enseignements de qualité universitaire, sans objectif professionnalisant.

Remplacer les plantes ornementales du centre-ville par des légumes et des fruits (mouvement Incredible Edible / Les Incroyables comestibles).

Développer un service d’autostop organisé et sécurisé (création d’une communauté, d’une application, d’abris).

Mettre en place une concertation publique pour le développement d’une monnaie locale complémentaire.

Inciter fortement les refuges à trier leurs déchets en partenariat avec Chamonix Propreté (moloks à l’héliport).

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Légende

PROPOSITIONS AYANT LARGEMENTDÉPASSÉ LA MAJORITÉ ABSOLUE

PROPOSITIONS AYANT OBTENU LA MAJORITÉ

PROPOSITIONS N’AYANT PAS OBTENU LA MAJORITÉ

> 70% DES VOTANTS

50 - 70%DES VOTANTS

< 50% DES VOTANTS

Résultatsde la votationdu 19 septembre 2015

Des propositions, questions,adhésions ?

1495, route des Tines, 74400 Chamonix Mont-Blanc

[email protected]

https://www.facebook.com/boutchaboutch

www.boutchaboutch.com

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