le bulletin de liaison des bibliothèques publiques en province ......2016/03/14 · É ditorial Le Bulletin de liaison des bibliothèques publiques en province de Namur Janvier 2016

Lecture publique

Au cœur de votre culture

BibLoc.Janvier 2016 - N° 34

le bulletin de liaison des bibliothèques publiques en province de Namur

N A M

Sommaire

Dans mon petit panier 4-8 Il était une fois… les petits coups de cœur de Marie-Claude 4-5 Des mangas glanés 6 Lectures mordantes d’Oli et Steph 7-8

C’est arrivé près de chez vous 9-22 Lire à la plage 9 « Étiquettes, carton et compagnie », une création collective sur le thème de l’exclusion 10 Ateliers thématiques à Jemeppe-sur-Sambre 11 Inauguration de la Bibliothèque de Denée 12 Animations dans la nouvelle bibliothèque de Denée 13 « Au fil des jardins », balade contée avec le comédien Antoine Giet 14 Un atelier pour échanger des idées, des savoirs avec la Bibliothèque principale 15 Ernest et Célestine en visite à Havelange 16-17 Des nouvelles de TaTouLu 18 Et si nous lisions en wallon ? 19 Bienvenue à « Poudlard » 20-21 Contes à l’envers ou à l’endroit 22

Dans le fond 23-30 Liberté d’expression, auto-censure, pluralisme, etc. 23-25 Une petite ouverture sur la compréhension des albums d’Anne Herbauts 26-28 Recettes en vrac pour manager désorienté 29-30

On a aimé… ou pas 31-33 L’autre Simenon de Patrick Roegiers 31 Les folles espérances d’Alessandro Mari 32 L’innocence des bourreaux de Barbara Abel 33 Un goût étrange venu d’ailleurs 34-38 Concilier ruraux et néo-ruraux ? Le projet de Tarnac 34-35 La ville de Calais et son réseau de lecture publique 36-37 L’Internationale Spieltage 38

Biblioriginales 39-43 La grande droguerie poétique 39 Les migrants : un public de bibliothèque ? 40-42 Ideas Box : une médiathèque en kit 43

Éditorial

Le Bulletin de liaison des bibliothèques publiques en province de Namur

Janvier 2016 - N° 34

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L’ ouverture d’une nouvelle bibliothèque est toujours une fête au pays de la lecture ! Et la joie est d’autant plus grande qu’un tel événement est rare en nos contrées ! La Commune d’Anhée, après bien des atermoiements et des avatars, a inauguré la superbe petite bibliothèque de Denée devant un public de citoyens de tous âges. Gageons qu’il a été conquis et qu’il la fréquentera régulièrement pour fureter, feuilleter, emprunter, participer à des animations (les deux biblio-thécaires ont de réels talents !) ou tout simplement pour se rencontrer dans un lieu plein de vie et de lumière !

Denée est une magnifique illustration de l’équation qui établit que l’im-pact d’un lieu de lecture et de convivialité peut être inversement proportionnel à sa dimension spatiale. Voyez la Grande Droguerie poétique de Dominique Maes qui se propose de sillonner les routes de notre province pour faire sourire, rê-ver, réfléchir, dialoguer… Exemple plus lointain : Tarnac, patelin perdu du centre de la France, projette d’offrir à tous ses habitants, quels que soient leur âge et leur niveau de formation, un petit écrin commun qui allie l’offre de services aux possibilités de participation de chacun. Participation, le mot est lâché ! L’éveil-ler, la faciliter, l’accompagner, telles sont désormais les tâches de tout opérateur culturel et du bibliothécaire en particulier. Ainsi, se lance-t-il dans l’organisation de modules de théâtre-action comme à Florennes ou de stages où l’apprenti décortique les bienfaits et méfaits de Facebook comme à Mettet…

Enfin, BibLoc.nam souhaitait rappeler à ses lecteurs l’attentat contre Char-lie-Hebdo de janvier 2015 et les inviter à s’interroger : que reste-t-il de la vague d’émotion ? Sommes-nous (encore) vraiment tous Charlie ? Et voilà que la haine et la violence – plus aveugles et gratuites encore – frappent à nouveau Paris et nous remplissent d’horreur. Dès lors, plus que jamais, considérons que « le livre est une arme de construction massive à utiliser sans modération. »*

Geneviève Lazarondéputée provinciale en charge de la Culture

* Je cite Pascale Vanderpère, directrice de la Bibliothèque centrale du Hainaut.

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Dans mon petit panier…

Tu nous emmènes ?

Yuichi Kasano ; Jean-Christian Bouvier,Florence Seyvos. -Paris, École des loisirs, 2015. -1 vol. : ill. ; 22 cm. -ISBN 978-2-211-08860-2 (cart)

Papa a construit un avion ! Le chien aime-rait bien voler, lui aussi. Ainsi que la famille Cochon... Et la vache ! Est-ce que tout le monde trouvera sa place ?

À partir de 3 ans

IL ÉTAIT UNE FOIS…LES PETITS COUPS DE CŒUR DE MARIE-CLAUDE

Animaux super-héros

Raphaël Martin ; Guillaume Plantevin. -Paris : Éditions de La Martinière jeu-nesse, 2015. -60 p. : ill. ; 35 cm. -ISBN 978-2-7324-7017-7 (cart)

Un documentaire ludique qui trace le portrait de trente animaux venus de dif-férents continents, présentés comme des super-héros. Vous découvrirez le plus gros défaut de l’éléphant ou la plus grosse bê-tise du guépard… À voir absolument !

À partir de 8 ans

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IL ÉTAIT UNE FOIS…LES PETITS COUPS DE CŒUR DE MARIE-CLAUDE

Little man

Antoine Guilloppé. -Paris : Gautier-Langereau, 2014. -36 p. : ill. ; 31 cm. -ISBN 978-2-01-001018-7 (cart)

Little man est l’histoire de Cassius, un petit garçon noir qui a émigré à New York pour fuir la guerre dans son pays. Cassius, joli prénom qui nous rappelle le combat d’un autre homme noir, comme lui. Un combat pour avoir le droit d’exister. Tout en ombres et en lumières, cet album aborde avec beau-coup de pudeur et de manière touchante un thème bien d’actualité : les migrants.

À partir de 7 ans

Les carnets de Cerise : le dernier des cinq trésors

Joris Chamblain ; Aurélie Neyret. -Toulon : Soleil, 2014. -75 p. : ill. ; 30 cm. -ISBN 978-2-3020-4298-8 (cart)

Cerise est une petite fille de onze ans qui rêve de devenir romancière… et a même déjà commencé à écrire ses carnets ! Elle s’intéresse à Sandra, qui dirige un atelier de reliure rempli de livres anciens. Parmi eux, il y en a un qui n’a jamais été réparé. Pour-quoi ? Et quels sont ces cinq trésors lies à la vie de la jeune femme ?

À partir de 9 ans

Marie-Claude Lawarée, bibliothécaire à la Bibliothèqueprincipale de la Province de Namur

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Innocent de Shin’ichi Sakamoto (Delcourt), 4 tomes en cours

France, milieu de XVIIIe siècle. Charles-Henri Sanson hérite contre son gré de la charge d’exécuteur des hautes œuvres de la royau-té. Mais, à quatorze ans, devenir un bour-reau peut être lourd de conséquences. Il lutte contre l’aversion de devoir torturer des coupables comme des innocents, et contre la haine de tout un peuple envers sa famille.

Après Ascension, Shin’ichi Sakamoto nous livre un nouveau manga tout aussi épuré graphiquement. Tiré d’une histoire vraie, il détaille avec précision les tortures et les mises à mort de l’époque. Attention cepen-dant, certaines scènes très réalistes pour-ront choquer des lecteurs.

Pour adultes

DES MANGAS GLANÉS

Ice age Chronicle of the earth de Jiro Taniguchi (Kana), Histoire en deux tomes

Dans un avenir proche, l’humanité tente de survivre face à un nouvel âge glaciaire. Le jeune Takéru travaille dans une mine de charbon mais après plusieurs incidents et un ravitailleur absent, il prend ses respon-sabilités et décide de partir avec ses com-pagnons à l’extérieur pour rejoindre la mé-tropole.

Écrit début des années 90, ce manga est édité pour la première fois en français. Cette fable écologique fantastique comme seul Taniguchi peut nous conter, nous montre une nouvelle fois son talent. Un dessin ma-gnifique, un scénario bien ficelé qui ravira les amateurs du genre…

Dès 14 ans

Olivier Pirlot, bibliothécaire à la Bibliothèque itinérante de la Province de Namur


LECTURES MORDANTES D’OLI ET STEPH

La pyramide des besoins humains

Caroline SoléÉcole des loisirs, 2015Thèmes : sans-abris, réseaux sociaux, télé-réalité

Christopher a fui les gnons de son père et abandonné sa mère et son petit frère. Il a pris le train jusqu’à Londres. Depuis un an, il erre dans la ville, cherchant un endroit où poser son carton, quand il voit l’affiche d’un nouveau jeu de télé-réalité. Celle-ci représente la pyramide des be-soins humains selon Abraham Maslow. Le jeu se déroule entièrement sur inter-net via un réseau social aménagé pour le dialogue entre les participants et les spectateurs. Il décide alors de s’inscrire en passant par une boutique informa-tique. Il paye sa connexion grâce aux quelques sous trouvés dans les rues de Londres. Chaque semaine, il doit gravir un échelon de la pyramide (besoins 1° physiologiques, 2° sécurité, 3° amour, 4°

reconnaissance, 5° réalisation). Pour prouver qu’il contente ses besoins, il est conseillé de poster des photos et il est impératif d’envoyer un texte descriptif à la fin de la semaine. Les spectateurs votent ensuite pour leur concurrent préféré. Contre toute attente, Christopher gravit chaque échelon. Mais personne ne connait son visage et, même si les gens l’adulent sur les réseaux sociaux, personne ne peut se douter qu’il peut passer à côté de lui sans le voir, lui qui erre dans les rues de Londres, son carton sous le bras. Ce très court roman nous fait découvrir un univers que nous avons tendance à ignorer. À tout instant, je me suis demandé :et si moi, je passais à côté de Christopher, est-ce que je serais capable de le reconnaître ?

Dès 11 ans

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Black ice

Becca Fitzpatrick MSK, 2015

Britt et Korbie partent passer un week-end à la mon-tagne. Elles doivent rejoindre le frère de Korbie (an-cien petit ami de Britt) dans le chalet familial. Mais en route, une tempête arrive et elles sont prises au piège au milieu de la neige. Plus de choix possible, elles décident de continuer à pied et trouvent re-fuge dans un chalet occupé par deux beaux incon-nus. Mais ceux-ci sont en réalité des malfaiteurs en fuite. Désormais, elles devront lutter pour leur sur-vie sans compter qu’un tueur en série rôde dans les parages.

Un thriller bien ficelé et un changement pour l’au-teur, qui nous a habitués aux histoires fantastiques.

Dès 15 ans

LECTURES MORDANTES D’OLI ET STEPH

Blue watch

John HarveySyros, 2015Thèmes : pompiers, Deuxième Guerre mondiale, Londres, courage

Année 1940. Jack Riley, quatorze ans, est évacué de Londres menacée par les bombardiers allemands. Pour-tant, après un incident, Jack quitte le calme de la cam-pagne pour rejoindre son père, membre de l’Unité de pompiers « Blue watch ». Désirant se rendre utile mal-gré son jeune âge, Jack devient messager au service des pompiers. C’est ainsi qu’avec son vélo, il traverse les rues instables de Londres, de caserne en caserne, pour déli-vrer des messages capitaux. J’ai beaucoup aimé ce ro-man qui traite de la Seconde Guerre mondiale sous un aspect peu abordé habituellement. Outre le fonctionne-ment des services de pompiers de Londres à cette triste période, l’auteur décrit le quotidien des habitants de la ville et leur courage, les relations humaines et la situation criminelle de cette époque.

Dès 12 ans

Stéphanie Copienne et Olivier Pirlot, bibliothécairesà la Bibliothèque centrale de la Province de Namur

C’est arrivé près de chez vous…

Dans le cadre des festivités « Ça bouge à Anhée plage », nous avons proposé un stand « Lire à la plage ». C’est l’occasion de belles rencontres avec un public qui ne franchit pas nécessaire-ment la porte d’une bibliothèque, de bons mo-ments de promotion pour la lecture tout en pas-sant un agréable week-end en bord de Meuse, juste avant les frimas.

Tout au long du week-end, Julie a proposé plu-sieurs conteries toujours follement appréciées. Nous avons parlé wallon avec les visiteurs par-fois surpris, admiré la parade de coqs, réalisé des portraits « corpus libris », chanté, parlé des livres, observé ou acompagné les enfants dans leur choix ou leur posture.

Rendez-vous est déjà pris pour l’an prochain !

Francine Boulanger, bibliothécaireà la Bibliothèque d’Anhée

LIRE À LA PLAGE 2015

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« ÉTIQUETTES, CARTON ET COMPAGNIE »,UNE CRÉATION COLLECTIVE SUR LE THÈME DE L’EXCLUSION

À l’initiative du projet, la Bibliothèque communale Buxin-Simon, en parte-nariat avec la section « Le Tournevent » du Centre Mutien-Marie d’Anthée – accueillant des adultes handicapés mentaux – et le groupe Alpha de Flo-rennes, avait lancé, à l’automne 2014, un appel à toute personne désireuse de participer à une création théâtrale collective.

Depuis lors, chaque quinzaine, voire chaque semaine, un groupe de qua-torze personnes, d’horizons différents, de fragilités différentes, a par-ticipé, dans les locaux du Foyer culturel de Florennes, à des ateliers de théâtre-action animés par Sophie Davin de la Compagnie Buissonnière. Ateliers-théâtre où s’organisent l’écoute et la prise de parole, où se met en œuvre le besoin vital pour chacun d’inventer sa part d’existence et de renouer avec l’imaginaire. Chacun a puisé l’inspiration en lui et dans son entourage et s’est lancé plus encore en avant, s’est mis en jeu sans le filet du texte. Tous, différents, mais acteurs d’un même projet culturel. C’est ainsi que ce printemps, ce jeudi 21 mai, une création basée sur le vécu lo-cal s’est concrétisée par un spectacle, moment de rencontre avec le public.

Le spectacle intitulé « Ẻtiquettes, carton et compagnie » s’articule en diffé-rents tableaux autour du thème de l’exclusion : rejet de l’autre, peur de la différence, poids des convenances sociales mais aussi solidarité et espoir.

Le public a répondu présent lors des deux représentations proposées ce jour-là en l’Espace Culture de Florennes, notamment le secteur de l’inser-tion socio-professionnelle où des adultes fragilisés en recherche d’emploi se forment en vue d’un nouveau départ professionnel et les étudiants du secondaire en sciences sociales, particulièrement sensibles aux dures réa-lités évoquées dans la pièce.

Ce spectacle a également été joué le 25 juin à Namur, lors de la « Journée des Apprenants » organisée par l’asbl Lire et Écrire Namur. Enfin, une re-prise a eu lieu à l’automne pour trois représentations lors de la « Quinzaine de la différence » au Centre culturel de Philippeville ainsi qu’au Centre culturel régional de Dinant dans le cadre du festival « Thé-autres ».

Ce projet a bénéficié de l’appui de l’assistance technique de la Province de Namur.

Anne-France Stimart, bibliothécaire principale,et Monique Verryt, animatrice, à la Bibliothèque de Florennes


ATELIERS THÉMATIQUES À JEMEPPE-SUR-SAMBREDurant les congés scolaires, la Bibliothèque de Jemeppe-sur-Sambre organise pour les en-fants de l’entité des journées d’ateliers contés et artistiques thématiques.

Pendant les vacances de Pâques, les participants se sont plongés dans l’univers des albums jeunesse de Christian Voltz avec Marie-Claude Lawarée de la Bibliothèque principale de la Province de Namur. Ils se sont initiés à sa technique particulière d’illustration et ont réalisé des boîtes à histoires.

Cet été, trois modules d’ateliers ont été proposés. Il s’agissait d’aménager le jardin et la cour de la bibliothèque sur les thèmes des contes de fées, des croyances magiques et des lé-gendes amérindiennes. Après la remise en état des lieux par les ouvriers communaux, les enfants ont réalisé des fresques murales, des mobiles suspendus et une cabane afin de s’ap-proprier le lieu et de l’égayer. Chaque groupe a profité de ce nouveau lieu pour y écouter des histoires, réaliser un grimoire (écrit avec de vraies plumes d’oies !), un herbier et une soupe de sorcière. Lors de l’animation « Indiens des jardins », les enfants, répartis en deux tribus, ont participé aux diverses activités proposées par Amélie et Françoise. Des lectures de contes amérindiens et des consultations de livres documentaires ont infor-mé les participants sur la thématique (décodage du langage gestuel, signification des pein-tures de guerre, utilité des signaux de fumée…). Les enfants, enthousiasmés, ont décidé de leur totem : Cheval timide, Renard bavard, Poulette joyeuse, Cygne distingué, Chauve-souris malicieuse, Panda paresseux, Araignée minutieuse ou encore Aigle courageux. Pour toute cette petite tribu, il a fallu construire un abri. La fabrication d’une cabane vivante en saule leur a permis de maîtriser l’art du tressage, agrémentée d’un « feu », de sièges en rondins de bois et de décorations,. Cette cabane continue sa croissance et ravira, sans nul doute, les prochains explorateurs de notre jardin. Des costumes et des accessoires ont également été conçus : t-shirts décorés de motifs géométriques, colliers, bandeaux de plumes et sacs « médecine », attrape-rêves, arcs et flèches. Le beau temps a permis un entraînement soute-nu au tir à l’arc : gare à l’ennemi !

De merveilleuses journées qui ont teinté la Bibliothèque de rires, d’apprentissages et de sur-prises. Merci aux enfants pour leur participation et aux parents pour leur confiance !

L’équipe des bibliothécaires de la Bibliothèque de Jemeppe-sur-Sambre

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Beaucoup de monde s’était réuni sur la place de Montpellier à Denée ce 11 septembre 2015 pour assister à l’inauguration de la nouvelle bibliothèque de la Commune d’Anhée.On avait mis les petits plats dans les grands en proposant, outre le bar et les discours, deux animations musicales sur le kiosque situé juste devant l’entrée de la bibliothèque. « Les cra-paudes », un groupe de quatre femmes, nous ont entraînés dans leur univers de chansons en wallon. Un petit bémol ( ! ) toutefois, il était bien difficile de les entendre. Le deuxième groupe régional, et masculin celui-là, a enchanté les oreilles avec sa musique entrainante. C’était un vieux rêve, une idée prégnante de faire évoluer la petite bibliothèque commu-nale d’Anhée vers un outil plus fonctionnel, plus performant, d’élargir la présence culturelle vers l’est de la commune et de mettre ainsi la lecture, les jeux, les animations à la portée du plus grand nombre.Entre l’idée et la pleine réalisation conduisant à l’ouverture de ce bel espace, il s’est écoulé sept ans de travail acharné, de rencontres, de tractations, de constitution de dossiers, de suivi des travaux…C’est donc le cœur pleinement réjoui et rempli d’émotion que nous avons enfin ouvert les portes pour faire découvrir les deux cent quarante mètres carrés répartis sur trois étages de ce bâtiment en pierres locales magnifiquement rénové et transformé. Il est situé idéa-

lement au centre de la place, restaurée elle aussi, avec laquelle il crée une belle unité visuelle. Un bâtiment remis au goût du jour par l’ouverture, pleine de symbolisme, d’une grande baie vitrée orientée vers la place. À été conservé le cachet rural de cette ancienne maison d’habitation, qui servit un temps d’école au XIXe siècle, d’atelier d’orfèvrerie et de ferron-nerie jusqu’il y a peu. La voilà complètement remodelée, prête pour un challenge multiculturel fait d’échanges, de connaissances, d’éducation, de divertissements, de rencontres, de plaisirs.Les adultes trouveront leur bonheur au rez-de-chaussée. Quant aux en-fants et aux adolescents, tout le premier étage leur est consacré. Accrochée au premier étage, on trouvera une peinture de l’artiste-peintre reconnu Marcel Hasquin, natif de Denée (Belgique) et parti vivre à Denée (France) lors du jumelage entre les deux communes il y a tout juste cinquante ans. Un beau cadeau !Le mobilier monté sur roulettes permet de faire place nette pour accueillir des représentations théâtrales, des rencontres d’auteur, des conférences, des projections…Bref, la vie de cette nouvelle bibliothèque au cœur d’un beau village à deux pas de Maredsous a commencé sous un ciel radieux. La ruée des enfants présents pour découvrir « leur » espace a présagé de l’engouement pour le lieu et les multiples inscriptions n’ont pas tardé.

Francine Boulanger, bibliothécaire à la Bibliothèque d’Anhée

INAUGURATION DE LA BIBLIOTHÈQUECOMMUNALE DE DENÉE

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ANIMATIONS DANS LA NOUVELLEBIBLIOTHÈQUE D’ANHÉE À DENÉE

Après l’inauguration de ce bel espace, les bibliothécaires, un peu fatiguées mais en-thousiastes, ont accueilli le public un week-end entier pour une opération « Portes ouvertes ». Chacun avait ainsi l’occasion de visiter les lieux à son aise et de faire connais-sance avec les bibliothécaires autour d’une tasse de thé ou de café.Philippe Tock de la Maison du conte de Namur a offert une animation contée tout public et Amélie Delille, dans le cadre d’un échange d’animations avec la Bibliothèque de Jemeppe-Sur-Sambre, a proposé un ate-lier « BD folle ».

L’idée avait également été lancée de réaliser des portraits « Corpus libris ». Il suffisait aux visiteurs de choisir un ouvrage et de faire corps avec lui. De beaux clichés ont été pris. Un poster reprenant ces photos est exposé dans la bibliothèque et un deuxième poster est en préparation tant est fort l’engoue-ment pour cette amusante technique. Ce week-end fut aussi l’occasion d’effectuer des captations pour le marathon de lec-ture en wallon « Lire sin r’lache ». Quant à la grainothèque, elle a, elle aussi, rencontré un vif succès.

Francine Boulanger, bibliothécaire à la Bibliothèque d’ Anhée

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Le jeune comédien Antoine Giet a créé la Compagnie Artaban avec d’autres jeunes artistes talentueux. Nous l’avions décou-vert, l’automne dernier, à Florennes, en formidable pirate de contes et légendes lors de la balade contée « Au fil de l’eau ».Nous l’avons retrouvé le mercredi 10 juin, cette fois en jardinier d’un jardin sau-vage et romantique, niché au cœur du vieux Florennes… Un public nombreux s’est laissé charmer par ce jardinier mali-cieux. Entourées d’un écrin de buis, d’al-chémilles et de roses à peine écloses, les belles histoires contées par Antoine Giet ont ravi petits et grands par ce bel après-midi de juin.Un thé à la menthe (du jardin) a prolongé cet agréable moment qui suscitera, n’en doutons pas, l’envie de se replonger avec délices dans les livres de contes.

Anne-France Stimart, bibliothécaire à la Bibliothèque de Florennes

« AU FIL DES JARDINS », BALADE CONTÉE AVECLE COMÉDIEN ANTOINE GIET

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UN ATELIER POUR ÉCHANGER DES IDÉES, DES SAVOIRS AVEC LA BIBLIOTHÈQUE PRINCIPALE

Le 19 octobre 2015, le Comité des usagers de la Bibliothèque principale s’est tenu à la Bibliothèque de Rochefort et s’est prolon-gé l’après-midi par un atelier d’échange de savoirs autour du livre pop-up. Les biblio-thécaires et animatrices participantes ont eu l’occasion de réaliser des « mécanismes » assez simples pour produire des pop-up du plus bel effet. Il suffit d’un seul coup de ciseau et de deux plis pour réaliser une gre-nouille à grande bouche, de deux coups de ciseau et de deux plis pour accrocher les éléments d’un paysage ou les initiales d’un prénom !

Très vite, les participantes se sont laissé prendre au jeu et ont libéré leur créativité. La méthode est ludique et ne demande pas d’outils de mesure. Le résultat est immédiat et permet d’enseigner rapidement la re-cette à son tour !

En fin de séance, toutes savaient comment reproduire l’atelier dans leur bibliothèque et avec quel public et/ ou thématique l’ex-ploiter : des paysages hivernaux ou de Noël avec les enfants ou en maison de repos, les initiales des prénoms pour faire connais-sance en milieu alpha, des secrets écrits et dissimulés sur des serpentins lors d’ateliers d’écriture, etc.

Un après-midi très intéressant ! Et rempli de fous rires... Pour moi, c’était un petit rappel du « comment faire » ayant déjà assisté à une ani-mation de Valérie il y a cinq ou six ans. En plus du bagage créatif que j’en ai retiré, des idées d’animations ont fusé. De quoi faire plaisir à de nombreux lecteurs dans les prochains mois. Une expérience à réitérer. Un tout grand merci, Valérie ! (Katherine Demin, bibliothé-caire à la Bibliothèque de La Bruyère)

Valérie Verstraelen, bibliothécaireà la Bibliothèque principale

de la Province de Namur

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À l’époque de nos deux héros, au début du siècle dernier, il n’y avait pas d’appareil photo numérique où les photos apparaissaient en deux temps trois mouvements.

C’est donc avec un petit effort d’imagination que vous allez vous représenter les jolies productions de nos petits stagiaires en herbe (collaboration avec l’accueil extra-sco-laire)... huit petites têtes blondes (de cinq à huit ans) venues passer trois matinées à la bibliothèque dans le monde tout doux d’Ernest et Célestine.

Le premier jour, Karine et Valérie nous enveloppent dans une histoire pleine de ten-dresse et d’émotions (Ernest et Célestine. Le patchwork) racontée sous forme de kamishi-baï. Apparaît alors, comme par magie, une grande couverture confectionnée de mou-choirs de poche. Les animatrices racontent tour à tour, tantôt une comptine, tantôt une histoire, une chanson ou encore une devinette en rapport avec chaque mouchoir cousu. Les enfants se montrent très réceptifs.

Ils vont ensuite, sur une grande feuille de dessin, réaliser leur patchwork personnel, en collant çà et là une multitude de bouts de tissu. Fermez les yeux et imaginez sans pho-tos... waouh... un formidable ensemble coloré, quand les feuilles de chacun sont toutes assemblées.

ERNEST ET CÉLESTINE EN VISITE À HAVELANGE

La seconde matinée, Karine et Valérie envolées, place à Thérèse (bénévole), institutrice retraitée pour épauler Françoise. Des livres d’Ernest et Célestine sont lus tandis que de jolies boîtes circulent pour récolter des mots entendus dans les histoires (les mots doux, les mots difficiles, les mots tristes, les mots rigolos, etc.). Les enfants sont friands de ces petites boîtes.

Les mots relevés sont écrits dans des cases et servent à un grand « mots croisés » (pour les plus grands). Cette fois, on abandonne les tissus pour réaliser un patchwork en pa-pier, à l’aide de papiers déchiquetés.

Fermons les yeux et imagi-nons à nouveau : de quelle inventivité font preuve les enfants !

Enfin, la troisième mati-née, Thérèse repartie à son jardin, c’est Sabine (institutrice et bibliothé-caire) qui nous rejoint en nous plongeant dans une autre époque... celle de nos deux compères. C’était le temps des quinquets au pétrole, des tines (vielles bassines en zinc), des cruches en cuivre, des pots de chambre en faïence... Une table en est recou-verte, afin que les enfants puissent s’en imprégner et s’en inspirer pour la suite de l’activité.

Car pour ce dernier jour, deux groupes, deux peintures collectives sur grandes feuilles. Un groupe pour la cuisine d’Ernest, un second pour la chambre de Célestine. On re-trousse les manches, on enfile le vieux tee-shirt et les gouaches peuvent s’en donner à cœur joie. L’univers de nos deux héros retrouve soudain plein de couleurs et les pièces prennent forme.

Pour sûr, ces enfants-là (et d’autres on l’espère) reviendront découvrir d’autres univers.

Françoise Blanckaert, responsable de la Bibliothèque Papyrus d’Havelange


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Ce mois de novembre 2015, la Biblio-thèque TaTouLu de Lustin a accueilli deux animations offertes par la Bibliothèque centrale de la Province de Namur.

Le vendredi 6 novembre, nous avons ac-cueilli Marie-Claude Lawarée pour une soirée « Kamishibaï et compagnie… ». Le kamishibaï est ce petit théâtre japonais ambulant où des artistes racontent des histoires en faisant défiler des illustrations devant les spectateurs.

Les enfants de huit à douze ans et leurs parents ont été enchantés par des his-toires pleines de frissons et des devinettes pleines d’humour, sans oublier les bonnes blagues lâchées entre deux histoires qui ont pimenté cette soirée.

Les enfants sont repartis chez eux avec le sourire aux lèvres et le souhait que cette expérience puisse se renouveler.

Le samedi 14 novembre, nous avons ac-cueilli à la Bibliothèque TaTouLu l’activité « Une couverture pour Célestine aussi ».

DES NOUVELLES DE TATOULU

La conteuse Karine Moers a raconté Ernest et Célestine. Le patchwork de Gabrielle Vincent à une vingtaine d’enfants âgés de cinq à huit ans. Puis, à partir d’une couver-ture en patchwork cousue par ses soins, elle les a emmenés en voyage dans plein d’autres histoires merveilleuses.

Les enfants ont ensuite été invités à fa-briquer leur propre couverture à l’aide de morceaux de tissus colorés et à mo-tifs qu’ils ont découpés et collés sur une feuille de papier dessin.

Enfin, avant qu’ils rentrent chez eux, la conteuse a invité les enfants à assembler leurs patchworks afin de former une cou-verture géante et elle leur a montré qu’à partir de celle-ci un tas d’autres histoires pourront être contées. Chacun est retour-né chez lui avec une couverture magique pour sa poupée ou tout simplement pour décorer sa chambre. Une belle couverture à partir de laquelle ils pourront à leur tour imaginer des histoires avant de s’endor-mir.

Isabelle Demaret-Köhler, présidente de l’ASBL Bibliothèque TaTouLu de Lustin

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ET SI NOUS LISIONS EN WALLON ?

Le challenge est lancé par la Fédération Wallonie-Bruxelles : faire lire un maximum de per-sonnes en wallon ! La Bruyère se lance dans l’affaire ! Notre collègue Margareth, quasiment seule vu le planning en ce début d’année scolaire, va rassembler des textes, contacter les écoles, faire du porte-à-porte et filmer tout ce beau monde, pour récolter quelques six cent quarante-deux maillons : trente adultes et deux cent quatre enfants se sont prêtés au jeu. Que ce soit des chansons ou des fables, des « fauves » ou d’autres textes, la motivation était là !

Nous ne pouvions pas laisser cela se terminer en toute discrétion et, le mercredi 21 octobre, nous avons accueilli les participants pour la proclamation des résultats (La Bruyère est neu-vième sur trente-sept), la projection de quelques lectures et la déclamation de blagues… en wallon, bien entendu. Bien que n’ayant personnellement pas tout compris, j’ai pu constater aux rires émanant du public que la qualité y était. Et cela n’est pas dû uniquement au verre de l’amitié, vu que celui-ci n’a été servi qu’après. Peut-être aurais-je été plus réceptive après un verre de péket... Toujours est-il que ce fut une réussite et que nous espérons faire encore mieux la prochaine fois !

Élise Robert, bibliothécaire à la Bibliothèque de La Bruyère


À la lumière des bougies, au milieu des toiles d’araignées, au son d’une musique d’am-biance, l’école de sorcellerie de Poudlard a ouvert ses portes le 30 octobre dernier dans la salle du Foyer Jean XXIII à Doische. Accueillis à l’entrée par leurs « professeurs », les « élèves » ont été escortés dans la « bibliothèque de Poudlard » où étaient exposés des affiches de cinéma et les livres dont les films sont tirés. Lorsque les vingt élèves inscrits sont arrivés, la cérémonie du choixpeau a enfin commencé. Tous les élèves ont été répartis dans une des maisons de Poudlard : Gryffondor, Serpentard, Serdaigle et Pouffsouffle. Puis, chacun a rejoint, dans la Grande Salle, son directeur de maison et les épreuves ont pu commencer afin d’obtenir son diplôme de sorcier, chacun rapportant des points à sa maison.

Ainsi, durant sept années, chaque maison devait effectuer quatorze épreuves présen-tées par le Professeur Dumbledore et suivre les règles de jeu établies par Dolorès Om-brage, du Ministère de la Magie. Ces épreuves consistaient en des quizz littérature et cinéma, des jeux d’association, de mime et d’improvisation.

« BIENVENUE À POUDLARD » ANIMATION PROPOSÉE PAR LA BIBLIOTHÈQUE« LIVRE-CHOIX » ET LE FOYER CULTUREL DE DOISCHE

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Au terme des sept années, la maison qui avait obtenu le plus de points remportait la Coupe des Quatre Maisons. Pour finir, après les « af-frontements et les temps obscurs », les élèves étaient invités à boire le verre de l’amitié.

Cette soirée spéciale a été animée par le Cercle des Mordus Littéraires, club de lecture ados de la bibliothèque de Doische. Chaque ado jouait un rôle : Professeur Dumbledore (Jolan), Professeur McGonagall (Perrine), Professeur Flitwik (Pau-line), Professeur Chourave (Laura), Professeur Rogue (Laure), Choixpeau magique (Céline), Dolorès Ombrage (Garance) et Madame Pince, bibliothécaire à Poudlard (… moi !). Alors que je gérais essentiellement l’aspect technique du diaporama des épreuves, le professeur Dumble-dore posait les questions et gérait l’assemblée, les directeurs de maisons soutenaient leurs équipes et leur donnaient des indices, Dolorès Ombrage veillait aux respects des consignes et le Choixpeau magique, chargé de la cérémonie de répartition, prodiguait aussi quelques conseils.

La soirée s’est déroulée dans une ambiance agréable et magique. « Élèves », « profes-seurs » et bibliothécaire sont repartis enchantés.

Stéphanie Copienne,bibliothécaire-animatrice à la Bibliothèque

« Livre-Choix » de Doische


Le mercredi 18 novembre, la Bibliothèque d’Éghezée a reçu une vingtaine d’enfants âgés de six à dix ans pour une toute pre-mière rencontre autour des contes. Munis de leur coussin confortable, les enfants se sont installés dans la bibliothèque trans-formée en coin intime. Valérie Verstraelen avait emmené sa valise à histoires pour le plaisir des petites et des grandes oreilles. Tous les personnages sont bien retournés dans la valise et tous les enfants sont bien rentrés chez eux. Mais à la bibliothèque, on prépare déjà leur retour car l’enthou-siasme du public ne peut que motiver l’équipe des bibliothécaires à organiser d’autres animations de ce type.

Christine Gillard,bibliothécaire à la Bibliothèque

d’Éghezée

CONTES À L’ENVERS OU À L’ENDROIT :ANIMATION CONTES À LA BIBLIOTHÈQUE D’ÉGHEZÉE

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Dans le fond…

LIBERTÉ D’EXPRESSION,AUTO-CENSURE,

PLURALISME, ETC.Où en sont les bibliothèques un an après les premiers

attentats parisiens ?*

L’ADBDP (Association des directeurs de bibliothèques départementales de prêt) a consa-cré un après-midi de ses Journées d’étude annuelles (Brest, 28-30 septembre 2015) au rôle et aux modes d’action des bibliothèques en matière de liberté d’expression et de laïcité, dans le post-traumatisme des attentats contre Charlie-Hebdo et l’hypermarché casher. Pour lancer les échanges, elle avait convié Éric Fottorino, ex-directeur du jour-nal Le Monde et initiateur d’un nouvel hebdomadaire d’actualité, Le 1, et Jean-Luc Gau-

tier-Gentès, inspecteur général des bi-bliothèques.

Éric Fottorino a rappelé, d’emblée, qu’en responsabilité au Monde en 2006, il avait refusé de publier les caricatures de Mahomet en une, parce qu’il jugeait peu utile « d’en rajouter » et craignait pour la sécurité de ses correspondants en pays musulmans, mais qu’il avait pu-blié par la suite un échantillon choisi de dessins relativisés et commentés, appli-quant l’adage journalistique « faire pas-ser la lumière en la filtrant ». Il dresse ainsi face à face les notions de liberté et de responsabilité : la liberté n’a pas reculé lors de ces attentats mais a gran-di la conscience que tout ce qui est dit ou écrit, surtout depuis l’accélération de la diffusion due à internet, peut être explosif. Il s’agit donc de ne pas se cen-surer mais de réfléchir aux limites à ne pas dépasser. La mission urgente de la

culture (et de l’éducation) est de combattre l’ignorance sur le monde et sur le rapport à l’autre, a conclu Fottorino.

Jean-Luc Gautier-Gentès préfère centrer le débat sur la notion de laïcité (à la française), affirmant que s’en prendre à la religion est un vrai droit. Quant aux bibliothèques, elles ne peuvent pas tout mais « peuvent quand même », selon des pistes bien connues : travailler avec les publics spécifiques sans privilégier les plus gratifiants en défaveur de ceux qui le sont moins ; entretenir des relations avec les services sociaux et faire du so-cial sans perdre son identité d’établissement culturel ; faire comprendre aux élus (et aux bibliothécaires qui l’auraient omis) que les bibliothèques sont aussi des lieux de débat, y compris sur les enjeux sociétaux.

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Forts de cette introduction, les « bédépistes » ont échangé en ateliers à propos de leurs actions concrètes. D’emblée, ils ont fait remarquer que l’unanimité interne des équi-pes n’était pas acquise : tout le monde n’est pas Charlie ! Le pluralisme documentaire, même s’il a été abordé en questionnant la qualité des collections sur les religions, a paru subsidiaire face au rôle social des bibliothèques. Or la BDP de l’Ardèche a constaté la difficulté à convaincre les petites bibliothèques à endosser le rôle de lieux de débat et à ne pas s’auto-censurer en fonction des convictions de l’équipe. Tous ont rappelé les questions souvent posées par les petites structures : par exemple, une bénévole por-tant foulard doit-elle être exclue ou considérée comme une opportunité pour contacter d’autres publics ?Constatant que la fiction permet de débattre plus loin, la BDP de la Meuse a choisi, comme thématique de ses cafés-lectures, la violence dans l’histoire, autour du roman historique. Le festival « Peut-on rire de tout ? » (spectacles, débats, accueil d’écrivains, de sociologues…) programmé par le Haut-Rhin pour son réseau a été maintenu malgré ou à cause des événements ; un public inquiet et en partie nouveau – mais dont étaient absents les détracteurs de la liberté d’expression – a battu les records de fréquentation. La Médiathèque Pierres vives (Hérault), BDP ouverte au grand public, a choisi d’illustrer la liberté d’expression a contrario en retirant les livres des rayons sauf un choix très re-streint et en donnant aux usagers, fort touchés, la possibilité de s’exprimer sur post-it ; cette opération a amorcé débat et médiation qui se sont poursuivis par un événement autour du dessin de presse mais les bibliothèques municipales ne se sont guère appro-prié le projet.

Dans le fond…

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Dans le fond…

Le rôle citoyen des BDP et leur apport à l’indispensable formation à l’éducation des mé-dias et à l’animation participative ont été soulignés. Face au risque de tourner en rond, la BDP des Deux Sèvres conseille d’inviter des intervenants contradictoires : elle a, par exemple, organisé des séances de regards croisés entre scientifiques et littéraires sur le thème du rire ; arguant de sa mission de service public, elle a également offert une for-mation-action aux institutions sociales partenaires.

Les bédépistes ont rappelé unanimement que les politiques ont le pouvoir de poser des limites au travail des bibliothécaires et qu’aucune action ou presque ne peut être envisagée sans la reconnaissance par les élus de la légitimité des bibliothèques (voire du livre). Pour ma part, j’ajouterai, faisant écho à un débat mené lors du congrès de l’ABF (Association des bibliothécaires de France) à Strasbourg en juin 2015, que force fut de constater que la réaction spontanée des bibliothécaires dans l’urgence, rarement concertée avec les élus locaux, souvent menée sans consigne de leur part, s’est pourtant déclinée en gestes éminemment politiques. Ces actions étaient-elles compatibles avec la neutralité exigée du fonctionnaire (« Je suis Charlie » n’est pas un message neutre) ?

La bibliothèque, lieu de citoyenneté active, certes, mais au service des publics ou avec eux ?

La crise interroge donc bel et bien le rôle des bibliothèques et/ou des bibliothécaires dans la Cité. L’équilibre stratégique entre la réactivité et le recul réflexif est plus que ja-mais à repenser…

Françoise Dury, bibliothécaire à la Bibliothèque centralede la Province de Namur

* Article rédigé avant les attentats terroristes de novembre

Belle aventure que cet échange, le 9 novembre 2015, autour des albums d’Anne Herbauts par le biais d’un atelier-découverte philo qui allait nous permettre d’entrer avec une autre clé dans l’univers de cette auteure-illustratrice si particulière. Cette ren-contre fut enrichissante à plus d’un titre. Tout d’abord elle a réuni huit participantes d’horizons différents : bibliothécaires, ani-matrices, illustratrice, médiatrice culturelle, animatrice théâtre. Ensuite, l’animateur venait de l’association PhiloCité que nous n’avions pas encore eu, pour la plupart, l’occasion d’approcher lors de nos rencontres professionnelles. Enfin, l’angle d’attaque pour la découverte des albums allait nous sortir de nos zones de confort, des habitudes prises jusqu’ici quand nous exploitions les livres jeunesse.

Cet après-midi-là, la philo est sortie des murs universitaires pour se mettre à notre portée et nous bousculer quelque peu. Tout a commencé par la question suivante : « Tels que nous sommes installés ici, pensez-vous que nous formons un cercle ? ». Dès le départ, nous avons été encouragées à reformuler, conceptu-aliser, raisonner, donner du sens, accepter le point de vue de l’autre, questionner…

Puis, les albums d’Anne Herbauts, et plus particulièrement Si-lencio et Lundi, ont fait l’objet d’une observation plus pointue au moyen de deux approches intimement liées l’une à l’autre :« une enquête philosophique » comparable à la méthode de Sherlock Holmes et une « cueillette de questions ». Il s’agissait d’observer une double page illustrée et de rassembler le plus possible d’indices : repérer toutes les couleurs présentes, les formes, les objets, etc., sans sortir de la « scène du crime », à la recherche des détails qui sont bien là, que le lecteur ne voit pas du premier coup, qui indiquent bien quelque chose, qui nous donnent à penser autant que le texte, pour glisser, l’air de rien, à la seconde méthode c’est-à-dire la formulation de questions qui vont permettre d’aller plus avant dans le travail de l’auteur, sa conception du livre-objet et, dans un troisième temps, de con-struire avec les autres le monde de demain : chercher la portée universelle, permettant d’ouvrir à la discussion philo et plus concrètement ici, partir du particulier (ce que l’on trouve dans l’image) et chercher à élargir pour permettre la discussion.

Cette rencontre a laissé quelques témoignages… entreperplexité et intérêt !

Dans le fond…

UNE PETITE OUVERTURE SUR LA COMPRÉHENSION DES ALBUMS D’ANNE HERBAUTS

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Dans le fond…

Marie-Claude, bibliothécaire, Bibliothèque principale de la Province de Namur :J’emporte avec moi la méthode qui ressemble à l’enquête de Sherlock Holmes ; elle m’ai-dera, lors de mes prochaines animations, à faire découvrir des albums autrement mais pas forcément avec une portée philo. Je laisse ici la méthode du questionnement qui n’est pas naturelle pour moi. Je ne suis pas prête à travailler cela pour l’instant avec des enfants.

Iqbale, médiatrice culturelle, Ville de Namur :La première fois que j’ai manipulé les albums d’Anne Herbauts, je me suis dit : Oh là, làààààà !Cette après-midi, je me suis réconciliée avec l’auteur. Je comprends mieux l’intérêt d’exploiter ses albums, j’ai des pistes.

Monique, animatrice, Bibliothèque de Florennes :J’emporte avec moi la richesse de travailler à partir d’images, d’apprendre à les décrire. Je comprends qu’en observant bien, il soit possible d’arriver à un questionnement philo mais cela reste difficile et il faut pouvoir entrer dans l’album.

Véronique, animatrice, Bibliothèque de Florennes :Quelle richesse, cette auteure ! Elle, que certains trouvent parfois hermétique, a tout à fait sa place dans des ateliers philo… Cela fait plaisir, vraiment !

Stéphanie, animatrice, Théâtre des Zygomars, Namur :J’ai apprécié l’obligation d’entrer dans les détails, d’observer plus finement les illustrations. Commencer par analyser une double page, repérer les détails de l’image, formuler des ques-tions, puis seulement lire l’album : la lecture est d’autant plus enrichissante que notre curio-sité a été titillée et que l’on s’est posé toutes ces questions avant. Je suis plus perplexe quant à la méthode du questionnement. Qu’est-ce que cet atelier donne avec les enfants ? C’est difficile de formuler de telles questions. »

Valérie, bibliothécaire, Bibliothèque principale de la Province de Namur :Je rejoins Marie-Claude et Stéphanie et reviens plus particulièrement sur la manière de poser des questions. Les enfants seront-ils amenés à comprendre d’emblée qu’il y a des questions ouvertes et des questions fermées ? Sinon, comment amener la discussion sur une question du type : pourquoi il y a un trou dans le chapeau ? (album Silencio). Le problème s’est posé dans notre groupe d’adultes. Il y a bien eu reformulation de la question et je n’y ai pas senti de réelle dimension philo.

Les avis convergent et divergent… Mais n’est-ce pas là le but ? Repartir sans avoir réponse à tout ?

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Qu’en pense Julien Bohet, de l’association PhiloCité, venu nous présenter quelques outils ?

L’enjeu de cette après-midi passée ensemble autour des albums jeu-nesse d’A. Herbauts était d’ouvrir une fenêtre sur de nouveaux outils qui motivent à relire cette auteure et qui donnent du sens là où on pense qu’il n’y en a pas. Pari réussi avec la frustration et la perplexité qui accompagnent ce genre de « coup de publicité ». Impossible en effet de former aux outils philosophiques en trois heures. Au mieux, quelques outils sont explicités et travaillés avec plaisir, surprise et intérêt. Ce n’était ni une animation classique ni une formation mais une présentation non manipulatrice de quelques outils d’animation philosophique. Mea culpa si les participants restent sur une frustra-tion.

L’animateur philo est un maître ignorant. Par ses questions, il stimule le groupe et à chacun de creuser la question, dévoiler les évidences et prendre conscience des présupposés… Il aide aussi à articuler son idée à celle des autres, à faire communauté, à s’entraider dans la re-cherche. L’atelier philo émancipe face à sa propre pensée, face à la pensée dominante. Il éduque les participants à devenir des « CRACS ». Nous fûmes huit en effet à prendre plaisir à discuter ensemble d’al-

bums clairement obscurs (comme tout ce qui nous entoure) et à prendre conscience de notre puissance de penser. Nous fûmes huit à exercer nos libertés de penser chères à la démocratie. Nous fûmes huit à nous efforcer de faire place à l’autre pour mieux vivre ensemble ce petit moment où nous partageons une histoire.

Reste alors à s’informer et se former à la discussion philosophique qui se révèle bien un outil d’animation en bibliothèque et dans le monde culturel. L’asbl PhiloCité forme aux quatre méthodes les plus abouties dans le domaine*. Merci pour cet agréable moment de réflexion !

Valérie Vestraelen, Stéphanie Gervy et Julien Bohet

rue pierreuse, 21 à 4000 LIEGEpour Namur : J. Bohet - [email protected]

www.philocite.eu

* la CRP (Communauté de Recherche Philosophique) selon M. Lipman, M. Sasseville et M. Gagnon, la DVDP (Dis-cussion à Visée Démocratique et Philosophique) selon M. Tozzi, l’atelier de maïeutique selon O. Brenifier et l’atelier

ARCH (Atelier de Réflexion sur la Condition Humaine) selon J. Levine et l’AGSAS.

Bibliographie sur demande à la Bibliothèque principale Jeunesse – [email protected]

Dans le fond…

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Le congrès de l’ABF (Association des bibliothé-caires de France) de juin 2015 avait choisi pour thème « Innover pour surmonter : bibliothèques en tension ». L’un des trois axes de réflexion pre-nait en compte les Tensions internes au métier dont celles avec les collègues. L’une des inter-venantes, directrice de la Médiathèque de Saint-Priest, a tenu un discours tellement famil-ier à mes oreilles que j’ai pris des notes compul-sives, avide de méthodes éprouvées pour sortir des mauvais pas qu’elle décrivait. Je vous livre l’essentiel de ses propos.

Rétablir la cohésion de l’équipe et réorgani-ser la bibliothèque, telles étaient les missions de Virginie Delaine lors de son arrivée à Saint-Priest. Elle y a fait la connaissance de vingt-cinq agents dont quinze de plus de cinquante ans, six entre trente-cinq et cinquante ans et quatre plus jeunes. L’équipe est en place depuis long-temps, beaucoup n’ont jamais connu d’autre emploi ; un lien et un vécu forts les unissent mais des tensions traversent aussi le groupe et ce, pour diverses raisons :

- la variété de statuts (vacataires, titulaires, contrats précaires…),- les conditions de travail différentes,- la diversité de profils et d’horizons professionnels,- la formation : des agents de niveau C sont confrontés à des collègues « bac +5 » qui occupent les mêmes postes qu’eux,- les différentes positions dans l’organigramme qui créent une sorte de lutte des classes,- les écarts de revenus, ce qui peut induire des difficultés financières et une plus grande précarité qu’avant,- l’éloignement de certains du monde du livre,- le cas précis d’une personne accidentée revenue diminuée après un long temps d’absence et dont les collègues doivent assumer l’essentiel des tâches sans nouvelle aide,- les conflits de valeurs et les points de vue divergents sur l’évolution du métier et du service public.

RECETTES EN VRAC POUR MANAGERDÉSORIENTÉ

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Que faire face à un tel patchwork ? Virgine Delaine nous livre en vrac les mesures à prendre et les attitudes à adopter :

- accrocher son naturel au vestiaire c’est-à-dire ne pas sym- pathiser ;- se professionnaliser sur le pilotage de l’innovation, se former en management ;- communiquer avec tous au même moment ;- repérer les signes avant-coureurs des crises ;- traiter tout le monde avec équité : demander conseil à l’un implique que l’on demande conseil à l’autre ;- travailler sur le sens : on accepte mieux ce qu’on comprend ;- remettre le cadre (des règles interprétées très au large) ;- déterminer ensemble les objectifs puis les actions ;- ne pas rester passif c’est-à-dire ne pas écouter les critiques sans réagir, ne pas permettre que quelqu’un décide à notre place ;- ne pas déclarer que quelqu’un a tort ou raison sans argu- menter ;- s’appuyer sur du factuel ;- ne pas revenir sur des décisions sans en expliquer clairement le pourquoi ;- s’appuyer sur le médecin du travail, le juriste, le service de prévention ;

- régler les conflits par la médiation avec une volonté de coopération et de résul- tats gagnant-gagnant et, si nécessaire, faire appel à l’extérieur car le manager n’est pas le médiateur ;- …

Mais serai-je, serons-nous capables d’appliquer toutes ces recettes au quotidien ?

Françoise Durybibliothécaire à la Bibliothèque centrale de la Province de Namur

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On a aimé… ou pas

L’AUTRE SIMENON

de Patrick Roegiers, Grasset 2015, lu par Françoise Dury, bibliothécaire à la

Bibliothèque centralede la Province de Namur

Christian Simenon, « pâle type » sans talent connu, est une proie facile pour le rexisme qui se développe en Belgique dans les années ‘30, dirigé par le braillard Léon Degrelle, séducteur des minables, des sans-grade et des sans pensée poli-tique. Fonctionnaire traitant les dénon-ciations, Christian glisse bientôt sur la pente du rexisme au nazisme puis parti-cipe à des représailles qui tournent à la tuerie aveugle. De son côté, Georges, son aîné, mène une vie de pacha dans un vil-lage vendéen, protégé jusqu’à un certain point par sa notorité naissante. Conseil pris auprès de Gide, il incite ce cadet gê-nant à s’engager à la Légion Wallonie…

Patrick Roegiers signe une biographie romancée (la « vraie vie » est donnée en quatre pages en fin de volume) qui dé-range franchement. Certes, Georges et Christian offrent les deux faces d’une même abjection mais la haine, le cy-nisme et la barbarie qui se déchaînent dans ce livre dépassent le tolérable.

Le mépris total pour les personnages, la bestialité de la tuerie menée en solo par Christian (ses acolytes ivres vomissant sur les cadavres ensanglantés) finissent par être contre-productifs et questionner le lecteur : quelle vengeance personnelle Roegiers mène-t-il ? Le style – des énumé-rations sans fin d’une lourdeur affligeante et des phrases à la grammaire malmenée – ne rattrape même pas la sauce.


Elles se mêlent aussi par le style : dans ce roman polyphonique, les voix des narra-teurs se succèdent de paragraphe en pa-ragraphe, sans annonce préalable ni suite logique. Il faut parfois quelques lignes pour comprendre avec qui on est.

La langue imagée traduit bien la moiteur de la forêt équatoriale, la puanteur des corps sales sur les navires ou dans les pri-sons, la douceur parfumée des chambres de cocottes, l’âcreté enfumée des caba-rets sombres propices aux machinations de toutes sortes.

Il faut du temps pour lire ce roman, en-trer dans ses univers multiples, décou-vrir ses personnages faits de chair et de sang. Mais le lecteur est bien payé de cet effort et lorsque la page 980 se tourne, il ne pourra se défaire de sa déception :« Quoi ? Déjà ! »32

LES FOLLES ESPÉRANCES

d’Alessandro Mari, traduit de l’italien par Anna Colao, Albin Michel 2015 pour la

traduction française, lu par Françoise Bal, lectrice de la Bibliothèque de Ciney.

Quatre histoires d’amour : Colombino, le « trimballe-merde » et la belle Vittorina aux yeux de vache ; Lisander, le portrai-tiste mué en pornophotographe et Chia-rella, la prostituée fidèle ; Leda, échappée d’un couvent puis devenue espionne, et Michele, le bel archange ; Aninha, la brû-lante sud-américaine et le fringant Don José, capitaine du vaisseau Rio Pardo.

Ces histoires se mêlent sur fond d’His-toire : la montée du jeune Garibaldi (don José) ; les progrès de la photographie ; les méandres et la violence de l’espionnage politique ; la foi aveugle en un pape sau-veur. Une Italie en train de naître.

Ces histoires sont naïves, perverses, pas-sionnées, tragiques. Elles écrasent tout sur leur passage. Elles se nourrissent de bien d’autres personnages savoureux, in-quiétants, drôles, impitoyables. Pour n’en citer qu’un : Astolfo, le mulet de Colom-bino, déterminé, fidèle, audacieux et ba-vard !

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L’INNOCENCE DES BOURREAUX

de Barbara Abel, lu par Catherine Fallay, bibliothécaire à la Bibliothèque itinérante

de la Province de Namur

J’ai beaucoup apprécié les romans de Barbara Abel, quoique dernièrement, elle m’ait un peu moins convaincue. La voilà de retour avec un thriller passionnant du début à la fin. Tout commence avec un junkie en manque d’argent et d’héroïne qui décide de dévaliser une supérette pour pouvoir se faire son fix. À l’intérieur du magasin se croisent un couple adul-tère, une dame âgée en fauteuil roulant avec son aide-familiale, une jeune femme qui, pour une course de dernière minute, a laissé son fils de trois ans seul à la mai-son, une mère dont l’ado turbulent est resté dans la voiture sur le parking et en-fin le caissier de l’établissement. Certaines de ces personnes, suite aux évènements, passent de victimes à bourreaux et inver-sement. L’histoire va de rebondissements en rebondissements et l’on se demande à chaque page où s’arrêtera l’imagination débridée de l’auteure. Bref, à mettre vite entre toutes les mains ! Régalez-vous !

Flash News

Nous ne cessons d’entendre que les bibliothèques sont de moins en moins fréquentées. Qu’en est-il ? À La Bruyère, depuis l’installation dans les nouveaux locaux en 2011, la tendance est nettement à la hausse. Le calcul est simple : neuf mille habitants dans la Commune, territoire de réfé-rence, cela devrait nous amener minimum neuf cents lec-teurs d’après les statistiques en vigueur. Nous en avons plus du double.

Et ils sont actifs ! De 2011 à 2012, nous sommes passées de mille quatre cents à plus de deux mille trois cents emprunts par mois. Chaque année, la moyenne mensuelle augmente de deux cents emprunts ! Le mois de juin 2015 a bien plafonné à deux mille cinq cent cinquante emprunts mais en octobre, nous en avons enregistré trois mille quatre cent nonante !

Pour nous, petite structure à l’équipe toute récente, cela semble génial. Mais peut-être les chiffres des collègues nous feront-ils voir les nôtres sous un autre jour ?

Élise Robert, bibliothécaire à la Bibliothèque de La Bruyère

Les autochtones sont agriculteurs-éle-veurs ou exploitants forestiers mais Tar-nac a attiré aussi, en particulier depuis l’« affaire », des personnes dotées d’une formation de haut niveau en quête de nature et d’isolement. Ces nouveaux ha-bitants, souvent télé-travailleurs pour des industries de pointe ou des institutions prestigieuses (ingénieur du son, directeur d’académie, informaticiens…), ont des exigences techniques et culturelles éle-vées mais apportent aussi leurs propres compétences artistiques, numériques, etc.

Pierre Marsaleix, adjoint au maire*, ex-plique que, pour offrir à la population un service nouveau répondant globalement aux besoins des petites communes, l’idée a germé dans la tête des élus de transfor-mer les locaux de l’ancienne poste (deux cinquante mètres carrés) en « tiers lieu numérique », pluridisciplinaire et destiné tant aux professionnels qu’aux amateurs, y compris les enfants. Les locaux seront di-visés en trois espaces. Le premier offrira à toute la population un accès aux services publics grâce au numérique et une biblio-thèque-relais de cinquante mètres carrés (plus un bureau) mise en réseau avec les trois autres bibliothèques de la commu-nauté de communes. Le deuxième consis-tera en un environnement de travail high tech pour les professionnels : bureaux, es-pace de travail partagé, studio pour le son et studio pour l’image. Le troisième sera une salle confortable de quarante mètres carrés destinée à la formation des habi-

Un goût étrange…

CONCILIER RURAUX ET NÉO-RURAUX ?LE PROJET DE TARNAC

Tarnac est une petite commune mon-tagnarde corrézienne de trois cents ha-bitants répartis en vingt-huit hameaux, située sur le Plateau de Millevaches, soit loin de tout pôle urbain et de tous services. Avec trois bourgs voisins, elle constitue une communauté de com-munes de moins de cinq mille habitants qui compte quatre petites écoles et trois mini-bibliothèques. En matière culturelle, la commune est desservie par un biblio-bus de prêt direct et quelques facilités sont offertes à qui souhaite aller au spec-tacle à Limoges ou Aubusson.

Depuis 2008, Tarnac a régulièrement fait la une des médias pour avoir abrité un groupe qualifié de terroriste et accusé de sabotage sur la ligne TGV : doux rêveurs écolo-romantiques ou réels malfaiteurs, le procès de l’été 2015 n’a pas vraiment tranché mais les intéressés ont passé pas mal de temps en prison, entourés par la sympathie d’un comité de soutien de taille nationale.34

tants des quatre communes, adultes ou enfants (temps scolaire ou extra-scolaire), et à l’organisation de séminaires numé-riques.

Le projet présente l’intérêt évident d’inté-grer la bibliothèque, et donc le livre, dans un espace physiquement et symbolique-ment plus large. De plus, aujourd’hui, les professionnels qui travaillent dans la commune se débattent dans les pro-blèmes de téléphonie, de connexion, etc. Offrir une réelle couverture numérique à toute la population tend à la désenclaver et à lui donner les moyens techniques, donc l’envie, de rester à Tarnac. Le défi ultime est de multiplier les occasions de rencontre entre tous les habitants, natifs et nouveaux venus, toutes générations et toutes professions confondues, en parta-geant un espace de vie commun. L’impli-


cation des néo-ruraux qui mettent leurs compétences diverses au service de la construction d’un objet qui servira à tous, y compris aux plus jeunes (que l’exode pourrait séduire), est une manière inno-vante de mixer les publics et de travailler à la cohésion sociale. Il en va de la survie des communes concernées.

Le dossier de récolte d’autorisations et de subsides louvoie actuellement entre les difficultés institutionnelles que le nou-veau découpage territorial français ne simplifie guère. Un beau projet à suivre !

Françoise Durybibliothécaire à la Bibliothèque cen-

trale de la Province de Namur

*entendu lors de l’atelier « Nouvelle ruralité » des Jour-nées d’étude de l’ADBDP à Brest le 29 septembre 2015.

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CALAIS ET SON RÉSEAU DE LECTURE PUBLIQUE

Il n’est pas utile de vous situer Calais… On connaît son port, ses migrants, mais connaissez-vous sa médiathèque ? Elle vaut le détour !Le Réseau de lecture publique de Calais se compose de la médiathèque du centre-ville, de la bibliothèque de quartier du Beau-Marais, du médiabus, d’un service aux collectivités et, durant l’été, d’une bi-bliothèque de plage.La Médiathèque centrale Louis-Aragon se situe non loin de la Cité Internatio-nale de la Dentelle et de la Mode. Elle a été établie dans les locaux de l’ancienne usine de dentelle Tiburce Lebas. Depuis 1986, trois mille cinq cents mètres carrés d’espaces publics sont destinés au livre, à la musique, à la vidéo et à internet... En 2007, la Médiathèque est rénovée et ac-quiert la RFID qui permet aux usagers d’emprunter les documents de manière autonome et discrète et de les remettre à 36

tout moment à l’automate de prêt. Le per-sonnel est présent aux postes d’accueil des différentes sections pour accueillir, pour aider et conseiller les usagers. L’ins-titution ouvre trente-neuf heures trente par semaine.Voulue comme une « maison des hommes »,elle offre de beaux espaces aérés où il fait bon flâner, bouquiner dans un salon, faire des rencontres, admirer des expositions... Composées initialement de cinq mille deux cents ouvrages provenant des cou-vents du district de Calais confisqués aux congrégations religieuses, ses collec-tions sont aujourd’hui riches de plus de cent vingt-cinq mille livres, vingt mille CD, trois cent trente abonnements. L’ac-cès libre, où sont représentés tous les supports, est organisé en sept pôles thé-matiques : actualité et vie quotidienne, sciences et techniques, langues et littéra-tures, arts-cinéma-musiques, tout-petits/

enfants, Calais et sa région. Chaque pôle est identifiable par un code couleur pla-cé au-dessus de la cote. Un catalogue in-formatisé peut être consulté sur place ou en ligne pour les ouvrages empruntables. Son fonds patrimonial se distingue par la quantité et la qualité de ses cinquante mille documents. La médiathèque pro-pose également un abonnement à eu-ropresse.com. Elle met à disposition de très nombreuses malles thématiques pour les enseignants du maternel et des classes élémentaires.Son espace multimédia, composé de huit postes informatiques, offre des forma-tions, des initiations, de l’autoformation via Vodeclic… Une connexion au réseau WIFI est disponible gratuitement et re-nouvelable toutes les trente minutes sans limite.

En moyenne, neuf mille cinq cents lec-teurs sont des emprunteurs réguliers et le volume annuel des prêts varie entre trois cent cinquante et trois cent quatre-vingt-six mille documents. Des animations pour petits et grands accueillent plus de dix mille participants chaque année, soit plus de dix pour cent de la population calai-sienne. La médiathèque est intégrée dans son environnement et tisse des partena-riats avec de nombreuses associations socio-culturelles (Théâtre, Conservatoire, Centre culturel, Musée des Beaux-Arts, École d’Art, etc.).

Une médiathèque bien dans son siècle !

Anne-France Stimart,bibliothécaire à la Bibliothèque de

Florennes 37



L’INTERNATIONALE SPIELTAGE

Le 8 octobre dernier, une délégation bruyéroise s’est rendue en Allemagne, des sacs vides plein les poches. Il s’y déroulait un festival du jeu de grande envergure, l’Internationale Spieltage, à Essen.

Outre assister aux nombreuses démons-trations de jeux, vous pouvez y discuter de tout et de rien avec certains éditeurs ou vous asseoir à une des (très) nombreuses tables de jeux mises à votre disposition. Mais vous pouvez également – but de notre visite – y faire des achats : directe-ment chez l’éditeur ou dans les nombreux stands d’occasions aux prix imbattables. Parfois même y découvrirez-vous des jeux neufs (encore sous cellophane) à moitié prix !

Nous sommes arrivées avec « seulement »deux grosses heures de retard sur notre horaire... C’est donc assez fébriles que nous avons commencé notre repérage des bonnes affaires !

Directement à gauche en entrant, un« tourniquet » : poussé par les personnes qui vous suivent, vous déambulez dans 38

un mince couloir fait de... boîtes de jeux ! Si vous apercevez une affaire, attrapez-là vite, sinon vous allez être emmené plus loin par une foule en délire (très légère exagération). C’est ainsi que nous com-mençons à remplir nos sacs et à attaquer notre budget du jour.

Au fur et à mesure, les boîtes s’empilent, les bras s’alourdissent mais il faut rester attentif : pas de jeu « à texte » car celui-ci sera presque à coup sûr en allemand ! Les règles, nous arriverons bien à les trou-ver sur Internet. Méfiance aussi : certains prix pratiqués peuvent sembler attractifs au premier abord mais le même jeu sera vendu au stand à côté pour deux euros de moins. Pas de petits profits, il faut rentabi-liser le trajet !

- Oh, il a l’air sympa Fauna. On note pour plus tard.- Tikal, douze euros, on prend ! L’année pas- sée, il était à dix-huit !- Tiens, un mini mölkky ! - Cubus ?... Connais pas...- Un Speed cups géant, super idée ! - Cacao à dix-huit euros, tu en penses quoi ? Ah oui c’est vrai, il est en rupture de stock en Belgique... Vendu !- Cubus, encore ? C’est un signe, on le prend !

Bilan de la journée : une bonne vingtaine de nouveaux jeux pour la ludothèque (avec soixante pour cent de réduction en moyenne) et l’envie d’y retourner l’année prochaine avec un plus gros budget, de plus grands sacs et plus de bras !

Élise Robert,bibliothécaire à laBibliothèque de La Bruyère

Biblioriginales…

« La Grande Droguerie poétique », c’est un étal de bouteilles de toutes tailles, flacons de toutes formes et même boîtes et biberons, aux contenus imaginaires et aux étiquettes uniques remarquablement calligraphiées et illustrées aux crayons de couleurs. Elle a été présentée le 29 octobre dernier à la Maison de la Poésie de Namur par Dominique Maes, son pré-sident-directeur-généreux, un poil phi-losophe, un poil bonimenteur, toujours prêt à narrer l’anecdote qui a présidé à la création de tel ou telle potion. Ce maga-sin mobile, au choix en permanente ex-

pansion, n’a pour dessein que d’activer les imaginations, poétiser la vie et faire réfléchir en souriant. Mais la Politique parfois n’est pas loin…

En ce premier semestre 2016, grâce à la Bibliothèque principale de la Province de Namur, la Grande Droguerie poétique se déplace dans les bibliothèques de la pro-vince désireuses d’offrir à leurs publics des « instants de joie », des « désodori-sants de pensée nauséabonde » ou des« rires d’enfant » et de les inviter à mettre à leur tour leurs souhaits en bocal…

Françoise Dury, bibliothécaire à la Bibliothèque centrale de la Province

de Namur

LA GRANDE DROGUERIE POÉTIQUE

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Biblioriginales …

Le 29 septembre dernier, la Bibliothèque communale Buxin-Simon de Florennes a été invitée à participer à Calais à la jour-née d’étude « Les migrants : un public de bibliothèque ? Quels besoins, quels ac-cueils, quels services ? » organisé par la Bibliothèque Publique d’Information et le Réseau de lecture publique de Calais. Cette journée s’inscrivait dans le cadre du cycle de rencontres « Partager les savoirs, faire société : les bibliothèques dans la cité ».

Lola Mirabail, auteure du mémoire Lec-ture publique et immigration(s) : l’accueil des primo-arrivants dans les bibliothèques françaises, a commencé par dresser un panorama général des flux migratoires en France aujourd’hui et l’accueil des pri-mo-arrivants dans les bibliothèques fran-çaises. Ensuite, l’accueil des migrants en bibliothèque et le vivre ensemble ont été

abordés par divers retours d’expériences.Bénédicte Frocaut, directrice du Réseau de lecture publique de la Ville de Calais, a résumé les défis que doivent relever ac-tuellement de nombreuses bibliothèques françaises dont les bibliothèques de Ca-lais, point de stationnement de plus de trois mille cinq cents migrants. Depuis juillet 2014, les bibliothécaires ont dû gérer au quotidien un afflux massif et continu de plus de cinquante personnes pour lequel ils n’étaient pas préparés. Les principales préoccupations des migrants sont de répondre à des besoins de base :les prises électriques pour recharger les GSM et ainsi communiquer avec la famille ou le passeur, les toilettes ou internet… L’incompréhension des usages a géné-ré des dérives : trafic d’accès aux prises, va-et-vient continus, vampirisation des espaces, odeurs, malpropreté, problèmes techniques dans les sanitaires… Et s’en est suivi l’éloignement du public habituel. La bibliothèque a alors comblé des besoins prioritaires comme se laver, se chauffer… L’ensemble de l’équipe a donc pris des mesures pour accueillir le plus dignement possible tous les publics : neutraliser les prises, afficher des pictogrammes dans les sanitaires, remonter les faits à la hié-rarchie… et ainsi permettre une cohabi-tation harmonieuse entre les populations migrantes et le public « traditionnel ».

La matinée s’est achevée par une table ronde « Pour une cohabitation paisible des usagers : réflexions, difficultés, pro-positions ». Au cours de celle-ci, notre col-lègue ostendaise, Martine Vandermaes, 40

LES MIGRANTS : UN PUBLIC DE BIBLIOTHÈQUE ? QUELS BESOINS, QUELS ACCUEILS, QUELS SERVICES ?

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a mis l’accent sur l’importance d’inscrire notre action dans un accueil global de tous les publics et de mettre en place une stratégie de développement de l’accueil des publics. Elle rapporte également l’ex-périence de la Bibliothèque d’Ostende : observer au quotidien le comportement des usagers et réorganiser les espaces pour rendre ceux-ci plus dynamiques, éviter les zones de conflits… Lola Mortain et Caroline Brouillard de la Bibliothèque Vaclav Havel de Paris ont mis en avant que les migrants sont à la fois un public parmi d’autres auquel on souhaite la bien-venue… mais aussi un public spécifique pour lequel des projets particuliers sont mis en place. Elles insistent sur l’accueil différencié en fonction des publics et de leurs spécificités. La question de la com-munication est essentielle. Les différents supports promotionnels sont traduits en anglais, farsi, arabe ou chinois. Clémen-tine Pérol, chargée de mission auprès des publics non-francophones à la Mé-diathèque Robert Desnos de Montreuil, a souligné l’importance d’impliquer non seulement toute l’équipe mais aussi de s’inclure dans un réseau de partenaires et la nécessité de s’ouvrir à d’autres services comme des cours de langues, du soutien scolaire…

L’après-midi, la table ronde traitait de« Comment mettre en place des actions à destination des migrants : exemples d’ac-tions et de partenariats ».

Hélène Saada, du service Développement des publics de la BPI, et Radek Ficek, de France Terre d’Asile, ont présenté leur par-tenariat ainsi que les ateliers de conversa-tions, les entretiens d’aide individuelle ou d’auto-formation.

La Bibliothèque communale Buxin-Simon de Florennes a présenté les photos des actions créées en lien avec le public Fe-

dasil. Florennes compte l’un des plus im-portants centre Fedasil et ce public de mi-grants est incontournable. L’équipe a suivi la formation « Interculturalité, gestion de la diversité et communication intercultu-relle ». La Bibliothèque a intégré le Plan Local d’Intégration et de Cohabitation à la fois comme pilote du parcours-décou-verte de la ville et comme halte d’accueil. Elle participe régulièrement aux activités « Initiatives de quartier » pour les riverains et les associations locales mises en place par le centre avec un stand de promotion et des ateliers divers (Fier monde, Journée du réfugié, Fête des voisins…). Elle déve-loppe non seulement un fonds multicul-turel mais aussi des actions, pas d’activi-tés singulières pour ce public, mais bien pour le tout public visant un mieux vivre ensemble dans ou hors du centre. Parmi celles-ci, des ateliers d’expression, des lec-tures aux bébés, le projet « Destin-nation le monde : un regard neuf sur un pays »(buffet, flashmob, conférences, exposi-tions, ateliers divers…), etc. La force des actions résulte dans la dynamique parte-nariale : Fedasil, les Femmes Prévoyantes socialistes, la Maison des Jeunes, le Foyer culturel, le Plan de Cohésion sociale, le Centre Régional d’Intégration des per-sonnes étrangères… et bien entendu les usagers florennois ou d’ailleurs. L’allocu-tion s’est terminée en insistant sur le fait que la culture est le résultat des influences des milieux dans lesquels nous évoluons (famille, quartier, écoles, lieux des hob-bies comme les bibliothèques…) et que notre identité culturelle dialectique se modifie dans la rencontre de l’autre. La bibliothèque a donc un rôle non négli-geable à jouer par le biais des livres, des actions, des rencontres pour que ses usa-gers belges ou étrangers se forgent une culture métissée. L’intervention et le tra-vail de Florennes ont été salués d’applau-dissements et d’acclamations.

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Marion Giuliani, directrice des mé-diathèques d’Aubervilliers, a présenté le projet « Lire-écouter-voir en langue chinoise à la Médiathèque André Breton » :permanences d’écrivain public, aides aux devoirs, catalogues adaptés en chinois et formation du personnel pour une meil-leure connaissance du public chinois. Cé-cile Chosson, responsable du fonds mu-sique classique et variété francophone, chargée des accueils de groupes adultes et migrants de la médiathèque Lucie-Au-brac de Vénissieux, a relaté les actions de son institution pour l’apprentissage du FLE.

Pour clôturer la journée, trois interve-nants ont pointé des leviers qui favorisent l’accueil des migrants en bibliothèques : la formation professionnelle, les finan-cements et les relations avec les élus. Parmi eux, Hélène Hatzfeld, chargée de mission en recherches interculturelles au Ministère de la Culture et directrice du groupement d’intérêt scientifique

« Institutions patrimoniales et pratiques interculturelles » a expliqué différentes notions (interculturel, multiculturel, di-versité culturelle...) mais a aussi mis en lu-mière les bousculements occasionnés par les migrants au métier de bibliothécaire, au lieu bibliothèque (son organisation, sa place dans la ville), à ses représenta-tions (temple des savoirs, des livres, des écrits…), à la représentation du monde nord-sud, au système de pensées et or-ganisationnel de la société. Pour elle, les migrants ne sont pas passifs mais acteurs, tout comme les autres publics, mais pas toujours attendus ! Ils ont eux aussi des pratiques et des expériences culturelles à valoriser et peuvent être reconnus comme membres de la cité pour des savoir-faire, des compétences, des capacités. Les mi-grants sont vus comme une source de renouvellement de nos pratiques dans la cité.

Anne-France Stimart,bibliothécaire à la Bibliothèque

Buxin-Simon de Florennes

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Flash News

STAGE « FACEBOOK BOOK ÉMISSAIRE »

La Bibliothèque de Mettet et la Confédération Parascolaire organisait un stage « Facebook Book émissaire » du 24 au 28 août 2015. Durant ce stage, les participants ont eu l’occasion d’expérimenter et de réfléchir aux conséquences de leurs comportements et de leurs publications sur les différents réseaux sociaux. Ils sont repartis avec une vision plus précise de ce que sont les relations virtuelles et de la façon de les gérer. Les jeunes ont aussi été invités à rédiger leur propre « Guide de l’Internaute Responsable », reprenant les consignes et les marches à suivre afin de sécuriser et de gérer au mieux leur compte Facebook; de façon concrète, ils ont créé des affiches reprenant ces conseils qui sont accrochées sur le mur du cyber espace de la Bibliothèque.Merci donc aux participants Camille, Justine, Laura, Lisa, Matéo et Scott.

Marie-Agnès Wavreille, bibliothécaire à la Bibliothèque de Mettet

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IDEAS BOX : UNE MÉDIATHÈQUE EN KIT

Lors du colloque sur les publics migrants en bibliothèque à Calais (cfr page 40), Jérémy Lachal, directeur général de Bibliothèques Sans frontières, a présenté l’outil « Ideas Box »,bibliothèque hors les murs pour les publics vulnérables. Il a insisté sur le fait de ne pas travailler dans la réactivité mais de bien réfléchir à un accueil adapté des migrants et des habitants et de travailler en partenariat avec d’autres acteurs interdisciplinaires.

La Ville de Calais est la première de France à se doter de cette médiathèque mobile dont le but est d’aller au-devant des publics éloignés pour diverses raisons du réseau de lecture publique. Initialement, elle fut déployée dans des situations humanitaires au Burundi, dans un camp de réfugiés congo-lais ou encore en Jordanie pour les réfugiés syriens.

Cette bibliothèque portative, née suite aux tremblements de terre en Haïti et créée par l’ONG Bibliothèques sans fron-tières, est composée de quatre modules : bibliothèque, ci-néma, administration et informatique. Elle possède des ta-blettes tactiles avec connexion internet satellitaire, deux cent cinquante livres papier, des cours en ligne, un écran et une offre gratuite de cent films, des jeux vidéo, de société, des caméras HD, des GPS… de quoi susciter la jalousie de nombreux bibliothécaires. Entièrement déployée, elle peut accueillir jusqu’à cent usagers et être installée au cœur d’es-paces publics en seulement vingt minutes.

À Calais, ce bel outil innovant sera, dans un premier temps, mis à disposition des habi-tants et des écoles du quartier du Fort Nieu-lay. Malheureusement, son prix n’est pas à la portée de toutes les collectivités…

Anne-France Stimart, bibliothécaire à laBibliothèque Buxin-Simon de Florennes

Avenue Golenvaux, 145000 NamurTél. : +32(0)81 77 53 04Fax : +32(0)81 77 69 59

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le bulletin de liaison des bibliothèques publiques en province ......2016/03/14 · É ditorial Le Bulletin de liaison des bibliothèques publiques en province de Namur Janvier 2016