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Un bougnat des bougnoules? I L est bien loin, le temps une simple mise en examen obli- geait un ministreàdémissionner. Voici venue l'époque hew-eusc de la présomption d'innocence. Brice Hortefeux en a bénéficié avaDl d' être condamné pour injure ra· ciale par le tribunal correctionnel de Paris. II en bénéficie à nou- veau, puisqu'il a railllppelo El quand la cour se sera prononcée, si par malheur il est encore condamné, il lui suffira de se pourvoir en cassation pour rester un innocent présumé. Rendez- vous dans deux ans minimum, après 2012. Les socialistes SOIltaUés un peu vite cn besogne en réclamant sa déoùssion . Comme si un otinistre de "Intérieur n'attendait pas que 10us les recours soÎent épuisés pour expulser un saos-papiers : une teUe hypothèse est tout sim- plement impensable! Quelques belles voix, doot celle de Julien Dray, spécialiste éminent de la présomption d'innocence, st: $Ont pour défendre Hortefeux et proclamer hautement qu'il n'était pas raciste. Protestations doublement inutiles. D'abord paroequ"il n'esa fmitivement condamné. Mais sur- tout parce que ce pauvre Hortefeux a quasiment avoué son Les jugc§ constatent en effet qu'il est un gros menteur. n a bel et bien dit que quand il y a un Arabe, ça va. Et que «c'est qUllDd il y en a beau(oup qu'il y a des pro- blèmes lI- . Ses expli- clltions sur les AuvergnalJl n'ont convaincu ni le parquet ni le tri- bunal, qui observe que l'enregis- trement cst sans ambiguïté. Mais pourquoi diable le ministre a-t-il menti? Pour une seule raison. Il a tout de suite - mais tout de même un poil trop tard - compris que la boutade était en dehors des clous . L' habillagc auvergnat est aussi clair qu'un aveu ; Hortefeux juge lui-même la plaisaDlerie ra- ciste. Du coup, la tâche de la cour d'appel va devenir délicate. Les juges devront choisir entre deux solutions: passer pour des héros en condamnant le ministre. ou pour des imbéciles en avalant le coup des Auvergnats. Quel métier! Le Canard Enchaîné du 9 juin 2010

Le Canard enchainé - 2010.06.09 - Un bougnat, des bougnoules (Hortefeux condamné pour injure racis

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10us les recours soÎent épuisés pour expulser un saos-papiers : des imbéciles en avalant le coup des Auvergnats. Quel métier! simple mise en examen obli- Les socialistes SOIltaUés un peu vite cn besogne en réclamant sa déoùssion. Comme si un otinistre de "Intérieur n'attendait pas que Voici venue l'époque hew-eusc de la présomption d'innocence. Brice en condamnant le ministre. ou pour D'abord parœqu"il n'esa pas~­ L~M. H~ doublement inutiles. après 2012.

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Un bougnat des bougnoules?

I L est bien loin, le temps où une simple mise en examen obli­

geait un ministreàdémissionner. Voici venue l'époque hew-eusc de la présomption d'innocence. Brice Hortefeux en a bénéficié avaDl d' être condamné pour injure ra· ciale par le tribunal correctionnel de Paris. II en bénéficie à nou­veau, puisqu'il a railllppelo El quand la cour se sera prononcée, si par malheur il est encore condamné, il lui suffira de se pourvoir en cassation pour rester un innocent présumé. Rendez­vous dans deux ans minimum, après 2012.

Les socialistes SOIltaUés un peu vite cn besogne en réclamant sa déoùssion. Comme si un otinistre de "Intérieur n'attendait pas que 10us les recours soÎent épuisés pour expulser un saos-papiers : une teUe hypothèse est tout sim­plement impensable! Quelques belles voix, doot celle de Julien Dray, spécialiste éminent de la présomption d'innocence, st: $Ont élev~es pour défendre Hortefeux et proclamer hautement qu'il n'était pas raciste. Protestations doublement inutiles.

D'abord parœqu"il n'esa pas~­fmitivement condamné. Mais sur­tout parce que ce pauvre Hortefeux a quasiment avoué son d~rapage. Les jugc§ constatent en effet qu'il est un gros menteur. n a bel et bien

dit que quand il y a un Arabe, ça va. Et que «c'est qUllDd il y en a beau(oup qu'il y a des pro­blèmes lI- . Ses d~sopilantes expli­clltions sur les AuvergnalJl n'ont convaincu ni le parquet ni le tri­bunal, qui observe que l'enregis­trement cst sans ambiguïté. Mais pourquoi diable le ministre a-t-il menti? Pour une seule raison. Il a tout de suite - mais tout de même un poil trop tard - compris que la boutade était en dehors des clous . L' habillagc auvergnat est aussi clair qu'un aveu ; Hortefeux juge lui-même la plaisaDlerie ra­ciste.

Du coup, la tâche de la cour d'appel va devenir délicate. Les juges devront choisir entre deux solutions: passer pour des héros en condamnant le ministre. ou pour des imbéciles en avalant le coup des Auvergnats. Quel métier!

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