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VOLUME 21 l NUMÉRO 2 Décembre 2015 l 12 $ LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM (CQRDA) LE MAGAZINE DE L’ALUMINIUM LES PROFESSEURS ADAM LAPOINTE ET MARC-URBAIN PROULX CHUTE INQUIÉTANTE DE LA RD 49 PABER, LA RÉVÉLATION DE CAP-SAINT-IGNACE 40 QUÉBEC : CAP SUR LA TRANSFORMATION 16

LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT DE … · 2020. 8. 27. · le magazine de l’aluminium les professeurs adam lapointe et marc-urbain proulx 49 chute inquiÉtante

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VOLUME 21 l NUMÉRO 2

Décembre 2015 l 12 $

LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHEET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM (CQRDA)

LE MAGAZINE DE L’ALUMINIUM

LES PROFESSEURS ADAM LAPOINTE ET MARC-URBAIN PROULX

CHUTE INQUIÉTANTE DE LA RD49

PABER, LA RÉVÉLATION DE CAP-SAINT-IGNACE40

QUÉBEC : CAP SUR LA TRANSFORMATION

16

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LE MAGAZINE DE L’ALUMINIUM

ENTREVUEL’ORIENTATION ÉCONOMIQUE DU QUÉBEC ET LA MONDIALISATION 49 Trois universitaires, Camille Limoges, Adam Lapointe et Marc-Urbain Proulx réfléchissent sur l’orientation économique du Québec et de ses régions dans le contexte économique où la mondialisation semble sans appel : s’adapter ou périr. Le secteur manufacturier serait un des parents pauvres des investissements en recherche et développement, déplorent-ils. La délocalisation des deuxième et troisième transformations de l’aluminium a provoqué une fuite des capitaux fragilisant nos PME. La centralisation désavantage les régions. Après le diagnostic, le trio de professeurs et de chercheurs envisagent des solutions  : innover comme propulseur, s’adapter aux nouvelles réalités, encourager la création spontanée et, dans les universités, concilier la recherche de pointe à celle des secteurs traditionnels plutôt que de les opposer.

TECHNO INNOVATIONSLE SOLAIRE THERMIQUE CONCENTRÉ AU QUÉBEC 7

PATRIMOINEMANOIR DU SAGUENAY : À LA RENCONTRE DU TEMPS PASSÉ 13CIRCUIT TOURISTIQUE VILLE DE COMPAGNIE

PME DE L’HEURE LES GRANDS TRAVAUX DE DÉMOLITION 27LA « GIRAFE » DE DÉMEX FAIT TOURNER LES TÊTES

GROUPE OCÉAN 29LA FORCE DU SERVICE INTÉGRÉ

LIVRAISON D’ALUMINIUM LIQUIDE 31JS METALIQUIDE ÉLIMINE LES DISTANCES

MGB ÉLECTRIQUE ET SES TROIS DIVISIONS 36LES SPÉCIALISTES DU SUR-MESURE

PABER ALUMINIUM DE CAP-SAINT-IGNACE 40LES MAÎTRES DU MOULAGE AU SABLE RÉSINEUX

TERMACO, LE PROTECTEUR DE L’ÉNERGIE 59LE GOÛT DU RISQUE AVEC UNE DOSE DE PRUDENCE

PME RECHERCHE LA MERVEILLEUSE AVENTURE DE MAADI GROUP 34LE CONSTRUCTEUR DE PONTS ENTRE DANS LES LIGUES MAJEURES

DICSA AUTOMATISATION 62DES PROFILÉS D’ALUMINIUM QUI SE DÉMARQUENT

GLANURESKARGO ROULE VERS L’INTERNATIONAL 12VÉHICULE ÉLECTRIQUE MODULAIRE EN ALUMINIUM

LA MARQUE DES GRANDS CHAMPIONS 39DEVINCI RAYONNE PLUS QUE JAMAIS

LOUIS « LOFO » FOURNIER 42APRÈS LA PLANCHE À NEIGE, LA VÉLOVOUTE

AU CÉGEP DE CHICOUTIMI 43DEUX FOIS PLUS D’ÉTUDIANTS EN MÉTALLURGIE

LA DÉSINFORMATION ATTEINT L’UNIVERSITÉ 45LA MÉTALLURGIE EST BOUDÉE PAR LA RELÈVE

ALCOA INVESTIT À BAIE-COMEAU 58L’ALUMINERIE MODIFIE SA VOCATION

LE CQRDA DEVIENT UN COURTIER EN INNOVATION 64DOMINIQUE BOUCHARD ÉLU PRÉSIDENT À L’UNANIMITÉ

LES GES MENACENT 70LA CHINE ENTREPREND LE COMBAT

DÉCÈS DE CHRISTIAN VAN HOUTTE 71UNE VOIX RASSEMBLEUSE POUR L’INDUSTRIE DE L’ALUMINIUM

LANCEMENT DU 42e NUMÉRO D'AL13 73NEMASKA CRÉERA 300 EMPLOIS À SHAWINIGAN

SOMMAIRE

DOSSIERSTRATÉGIE QUÉBÉCOISE DE L’ALUMINIUM 16Misant sur la transformation de l’aluminium comme axe principal de sa stratégie, le gouvernement du Québec a réaffirmé le rôle de la SVA comme maître d’œuvre du créneau d’excellence de la transformation de l’aluminium et de la mission du Réseau Trans-Al pour développer l’expertise. Quant au CQRDA, il deviendrait un courtier en innovation.

ALUQUÉBEC AURA UN RÔLE PRÉPONDÉRANT 19Avec Jean-Luc Trahan comme pdg, AluQuébec a pour mandat de mener à bien plusieurs axes de la Stratégie de l’aluminium afin d’atteindre l’objectif qui est de doubler la transformation de l’aluminium au Québec en 10 ans.

PEXAL TECALUM À LA CONQUÊTE DE L’AMÉRIQUE DU NORD 21Le pdg de l’usine d’extrusion almatoise, Sylvain Gagnon, ne veut rien de moins que s’imposer parmi les meilleurs de l’industrie. Avec ses 25 clients au Canada, aux États-Unis et en Europe, Pexal Tecalum prévoit une capacité de production atteignant les 12 000 tonnes d’aluminium. Le développement des marchés, des ponts, des bâtiments et du transport, rend l’entrepreneur particulièrement optimiste.

SIGMADEK A OPTÉ POUR LA VALLÉE DE L’ALUMINIUM 24Troquant son siège social de Calgary contre un déménagement à Saguenay pour y implanter son unité de fabrication de terrasses d’aluminium, Sigmadek misait, entre autres, sur la proximité de l’usine d’extrusion Pexal Tecalum. Avec quatre États américains dans sa mire, la directrice générale Marlène Deveaux constate que la Vallée de l’aluminium se révèle   idéale pour le développement de cette entreprise de produits haut de gamme.

L’HUMAIN DERRIÈRE LE CHERCHEUR UN COURS SUR LES STRUCTURES D’ALUMINIUM 67LE DR AHMED RAHEM EST LE PRODUIT HYBRIDE DU MARIAGE DES EXTRÊMES

PROFIL D’ENTREPRISE 6MÉTAL 7, UN PARTENAIRE INDISPENSABLE

COUP D’ŒIL 9BRÈVES NOUVELLES

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La Chaire industrielle de recherche sur les nouvelles avenues en métallurgie de la transformationde l’aluminium, dirigée par X. Grant Chen, professeur-chercheur au Département des sciences appliquéesde l’UQAC, a comme mandat de soutenir l’industrie de l’aluminium pour l’adoption de technologies innovantes de transformation et pour le développement de nouveaux produits et marchés, particulièrement pour les petites et moyennes entreprises.

Université du Québec

à Chicoutimi

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PRÉSIDENT Dominique Bouchard

DIRECTEUR GÉNÉRAL PAR INTÉRIM Luc Boudreault

SECRÉTAIRE D’ASSEMBLÉE Nathalie Ménard

ADMINISTRATEURS

Stéphane AllaireDoyen, département de la recherche

et de la création

Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

Donald Bhérer Directeur général

Cégep de Sept-Îles

Pierre Bouchard Président-directeur général

Société des Technologies de l’Aluminium

du Saguenay inc. (STAS)

Luc Boudreault Directeur général par intérim

Centre québécois de recherche et de

développement de l’aluminium (CQRDA)

Franco Chiesa Directeur scientifique

Centre de métallurgie du Québec (CMQ)

Gilles GrenonDirecteur développement économique

régionale - Québec,

Rio Tinto

Julien Nadeau Président-directeur général

Alutrec inc.

Jean Paré Représentant

Réseau Trans-Al inc.

Éric Potvin Enseignant, Département de génie mécanique

Cégep de Jonquière

François Racine Directeur, développement des affaires, Alcoa Canada

Président, Alcoa innovation

Jean Simard Président-directeur général

Association de l’aluminium du Canada (AAC)

Maude ThériaultArchitecte

Groupe DPA

Alain WebsterVice-recteur au développement durable

et aux relations gouvernementales

Université de Sherbrooke

Siège vacantHydro-Québec

Siège vacantOrdre des ingénieurs du Québec

OBSERVATEUR

Marco Blouin Directeur – Direction des maillages

et partenariats industriels

Ministère de l’Économie, de l’Innovation

et des Exportations (MEIE)

PRÉSIDENT Luc Boudreault

SECRÉTAIRE D’ASSEMBLÉE Nathalie Ménard

MEMBRES

Denis Beaulieu Consultant, division transport,

infrastructures et bâtiments

SNC-Lavalin

Nicolas Bombardier Directeur RD

Verbom inc.

Dominique Bouchard Agent de recherche

Centre des technologies de l’aluminium

du CNRC (CTA-CNRC)

Isabelle Deschamps Professeure associée

École Polytechnique de Montréal

Nelson DubéDirecteur de la technologie

SNC Lavalin

Caroline DurandObservatrice – Chargée de projets RD

Centre québécois de recherche et de

développement de l’aluminium (CQRDA)

Maurice Duval Directeur scientifique, Centre québécois

de recherche et de développement

de l’aluminium (CQRDA)

Marie-Claude Guay Designer industriel

Services PRÉCICAD inc.

László L. Kiss Professeur, co-directeur du CURAL

Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

Joseph Langlais Chef de services, RD Casting

Rio Tinto, CRDA

Richard Lapierre Directeur, développement

Aluminerie Alouette inc.

Marc Lefebvre Vice-président

Thermalco

Pierre Martin Gestionnaire du bureau de gestion de projets

Centre de la technologie de l’énergie (CANMET)

Éric PotvinEnseignant, Département de génie mécanique

Cégep de Jonquière

Daria Riabinina Conseillère en innovation industrielle

Ministère de l’Économie, de l’Innovation

et des Exportations (MEIE)

Jean-Marie SalaConseiller scientifique

Centre québécois de recherche

et de développement de l’aluminium (CQRDA)

Gilles SavardDirecteur technique

Dynamic Concept inc.

Martin B. TaylorConsultant

Marketing et stratégie des entreprises

Yves ThibaultConsultant recherche et développement

MGB Électrique

Michel ToupinPrésident-directeur général

Constructions Proco inc.

Robert VoyerIngénieur métaux légers Hatch

Priti WanjaraChef de groupe

(CNRC-CTFA) Centre des technologies

de fabrication en aérospatiale

RÉDACTEUR EN CHEF Bertrand Tremblay

COORDONNATEUR À LA PRODUCTION Luc Boudreault

ADJOINTE À LA COORDINATION Sabrina Dufour

COLLABORATRICES AU MAGAZINE Christiane Laforge Monique Marquis

RÉVISEURE LINGUISTIQUE Chantale Boulanger

CONCEPTION GRAPHIQUE

Johans Pouliot, agence POLKA

..............................................................................................................

COLLABORATION À LA RÉDACTION DES TEXTES D’INFORMATION ET AUX PHOTOS

Jacques Bélanger Yvon Bernier Mélanie Côté Myriam Gauthier Quentin Horn Ariel Laforge D'Anjou Christiane Laforge Nathalie Ménard Céline Normandin Marc St-Hilaire Bertrand Tremblay

..............................................................................................................

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

3L-InnogénieAhmed RahemAndrée-Anne LachaineAluQuébecCégep de ChicoutimiCampagna MotorsChristian CroftCycles Devinci inc.DÉMEXDenis Pelletier DICSA Automatisation inc.Fraction Bike StudioGroupe OcéanInforme AffairesJeannot Lévesque, photographeJM Decoste photographeKarine DubéLászló L. KissLouis FournierMaadi GroupMétal 7MétatubeMGB ÉlectriqueModule espace aluminium MultifiniPaber AluminiumPEXALRackam DesignServices Précicad inc.SH Environnements immersifsSigmadekSkerpa Design Tecalum TermacoUpbrellaUQACVille du Lac-Mégantic

L’ŒUVRE DU CQRDADeux missions animent le CQRDA depuis sa fondation : ouvrir aux PME l'accès à la technologie de pointe et susciter une plus grande utilisation de l'aluminium chez les manufacturiers.

Après deux décennies, les initiatives du Centre québécois de recherche et de déve-loppement de l'aluminium, que les agents

de liaison injectent comme autant de stimulants et d'enrichissement à l'adrénaline de la capacité industrielle du Québec, ont produit des résul-tats bénéfiques au-delà des espérances.

Chaque dollar confié par l'État québécois au CQRDA en a produit sept par l'effet levier provenant notamment de la recherche et de la formation. Le comité scientifique québécois formé pour juger les demandes des PME a accepté 775 projets, dont la mise en œuvre a généré plus de 8 000 emplois dans l'industrie québécoise de l'aluminium.

Nous pourrions exhiber de multiples exemples à l'appui de ces résultats. Limitons-nous à deux succès éclatants, ceux de Devinci et de MAADI Group. Avec la contribution de sous-traitants, l'entreprise chicoutimienne a réalisé le célèbre BIXI, le vélo libre-service de Montréal qui roule à Londres, à New York et dans plusieurs autres métropoles nord-américaines. Quant à la dynamique PME de Boucherville, elle exporte partout dans le monde des ponts en aluminium prêts à monter.

Ce succès et celui de la jonquiéroise REMAC, du pdg André Poulin, dans la construction de quais et de passerelles en aluminium à plusieurs endroits au Québec, sont le prolongement d'une grande opération menée par le CQRDA pour augmenter l'utilisation de l'aluminium dans les infrastructures et la construction. Dès 1995, il retenait les services du professeur émérite Denis Beaulieu pour savoir pourquoi l'aluminium, malgré l'éloquente démonstration du pont d'Arvida, ne figure encore pas parmi les matériaux servant à la construction des ponts dans le quatrième pays plus grand producteur du métal gris.

Le coût sert de prétexte aux opposants, puisque l'aluminium s'avère plus économique sur une longue période comme le démontre la Suède, qui préfère l'aluminium dans le remplacement des tabliers de ponts. Le CQRDA a néanmoins remporté une grande victoire en publiant, en 2004, Calcul des charpentes d'aluminium, qui sert maintenant aux universités et aux ingénieurs. C'est un véritable mode d'emploi de l'aluminium dans les infrastructures, dont les principaux éléments ont été insérés dans le Code du bâtiment.

Et c'est ainsi qu'à travers mille obstacles et des moyens modestes, l'organisme participe efficacement à la croissance de l'économie québécoise.

Bertrand Tremblay Rédacteur en chef d'Al13

CONSEIL D’ADMINISTRATION

COMITÉSCIENTIFIQUE

CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM

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REVUE SEMESTRIELLE RÉDIGÉE EN COLLABORATION AVEC LE CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM (CQRDA)

CENTRE QUÉBÉCOIS DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM

LE CQRDADIRECTION DU CQRDA

Dominique Bouchard

Président

Luc Boudreault Directeur général par intérim

Éric Potvin Secrétaire général

Maurice Duval Directeur scientifique

Jean-Marie Sala Conseiller scientifique

.....................................................................

AGENTS DE LIAISON

MONTRÉAL :

Jean-Louis Fortin

ESTRIE – DRUMMONDVILLE - CENTRE DU QUÉBEC - CHAUDIÈRES-APPALACHES - BEAUCE :

Georges-Henri Goulet

SAGUENAY−LAC-SAINT-JEAN, CÔTE-NORD :

Louis-Guy Hudon

MAURICIE − QUÉBEC :

Communiquez avec le CQRDA

BAS-SAINT-LAURENT-GASPÉSIE – ABITIBI-TÉMISCAMINGUE :

Communiquez avec le CQRDA

PERSONNEL DU CQRDA

Sabrina Dufour Secrétaire administrative et

adjointe à la coordination d'Al13

Caroline Durand

Chargée de projets − RD

Monique Marquis Technicienne en administration

Nathalie Ménard Secrétaire de direction

Raphaëlle Prévost-Côté Agente administrative

Bertrand Tremblay Rédacteur en chef, magazine Al13

France Tremblay Chargée de projets − Liaison

Abonnement pour 6 numéros :

60  $ plus taxes au Québec.

Al13, le magazine de l’aluminium, est publié au Québec. Les articles d’Al13 peuvent être reproduits sans autorisation à condition que l’origine en soit mentionnée.

IMPRESSION : Les Imprimeurs Associés

ISSN-1203-5548 •

Dépôt légal Bibliothèque nationale

du Canada

ErratumDans le reportage Hatch consolide sa croissance, publié dans l’édition de juin

2015, en page 35, troisième colonne, il

est écrit : « Parmi ses bons coups, Hatch

a conçu à l’usine d’Alcoa de Jonquière la

technologie d’électrolyse AP60. » En fait,

Hatch était responsable des services

d’IAGC du projet AP60 — Phase 1 de

RTA. Ce mandat consistait à construire

une nouvelle aluminerie de technologie

AP60 à l’usine Rio Tinto de Jonquière.

Nous vous prions de nous excuser pour

cette malencontreuse erreur.

PARTENAIRE FINANCIER :

LE MAGAZINE DE L’ALUMINIUM

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Rackam, partenaire du CQRDA depuis maintenant 6 ans est en mesure d’annoncer des perfor-mances concluantes — 60 % de rendement quotidien — pour sa centrale solaire, installée chez Cascades à Kingsey Falls

Un capteur innovantCette jeune compagnie, œuvrant dans le domaine solaire thermique à

concentration, possède désormais à son actif trois centrales installées au Québec et six à l’international.

Les centrales solaires déve-loppées en Estrie par Rackam utilisent des capteurs cylindro- paraboliques qui concentrent le rayonnement solaire au moyen d’un miroir parabolique s’orientant en continu vers le soleil au courant de la journée, comme représenté à la figure 1.

La structure de ces miroirs est de type composite sandwich en polystyrène expansé (EPS) et aluminium, ce qui a permis le partenariat avec le CQRDA. Des profilés extrudés en 6005A forment le contour du miroir, alors qu’une tôle d’aluminium avec revêtement par dépôt physique en phase vapeur (PVD) fait office de surface réfléchissante. Une mince tôle d’aluminium vient compléter l’assemblage au dos du miroir, qui est ensuite moulé sous vide.

Cette structure favorise l’obtention d’un capteur rigide, à la fois léger et abordable.

Parc solaire Alain-LemaireCe projet, dont les derniers ajustements ont été réalisés à l’été 2015, permet à la papetière Cascades et à son usine située à Kingsey Falls, de réduire l'utilisation de gaz naturel lors du séchage du papier.

LE SOLAIRE THERMIQUE CONCENTRÉ AU QUÉBECPAR QUENTIN HORN

Depuis plus de 40 ans, Métal 7, basée à Sept-Îles, dessert le domaine minier, les alumineries, les fonderies et les pâtes et papiers « Le modus operandi de l’entreprise est d’être un partenaire indispensable pour nos clients Notre objectif est de comprendre leurs besoins et de les aider à réaliser leurs produits en diminuant leurs coûts de production de 10 à 15 % », explique le président-directeur général de l’entreprise, Marc-André Gervais

La PME offre une expertise unique à travers le monde. Se spécialisant dans la conception et la fabrication d'équipements à haute performance pour l'industrie primaire, l’entreprise maîtrise des processus industriels continus et complexes. Elle se distingue de la concurrence par son expertise en ingénierie de surface. Métal 7 a ainsi développé une réputation mondiale auprès de partenaires d'envergure, tels Alouette, ArcelorMittal Mines Canada, Rio Tinto IOC et Mines Wabush.

Ce fournisseur de classe mondiale distr ibue dans près d'une cinquantaine d'usines établies dans plus de vingt pays, répartis sur les cinq continents. L’entreprise répond ainsi aux demandes de l'industrie en considérant à la fois l'amélioration des caractéristiques de surface de pièces, afin de mieux les adapter aux environnements critiques;

l'accroissement de la disponibilité des équipements de production; la fabrication des équipements à haute performance pour les usines de bouletage de minerai de fer et le développement des solutions innovatrices, et ce, dans le but d'augmenter la productivité d'équipements critiques de leur usine. Annuellement, Métal  7 exporte plus de 70 % de sa production à travers le monde. Une valeur dépassant les 15 M$. « On vise à doubler ce chiffre d’ici les quatre prochaines années », soutient Marc-André Gervais.

Dans le but de répondre aux demandes de sa clientèle et d’assumer son rôle de leader, l'entreprise consacre, annuellement, en RD, 5 % de ses revenus dans ce secteur d’activités. « Actuellement, on met l’accent principalement sur l’aluminium et le minerai de fer, en raison du contexte économique et de la recherche assidue d’accroissement de la productivité dans ces deux secteurs d’activités », précise monsieur Gervais. Ces investissements sont orientés vers le développement de nouveaux revêtements et de nouvelles applications pour ces secteurs, ainsi que l'amélioration des procédés de fabrication et des produits qui y sont réalisés: « On travaille sur l’incidence, c’est-à-dire les opérations et la durée de vie des produits », souligne le président-directeur général de Métal 7.

Les 85 personnes qui y travaillent, son importante équipe de RD, ingénieurs, techniciens et concepteurs, possèdent toute une excellente compréhension des procédés de la clientèle. Tous œuvrent au développement de nouveaux produits, à la conception et au design d'équipements de production ainsi qu'à l'amélioration de composantes afin d’accroître la fiabilité et la performance d'équipements critiques.

L'entreprise planche déjà sur de nouveaux projets pour l'avenir. Métal 7 offrira à sa clientèle, dans le courant de l’automne, une toute nouvelle version de son tamis à rouleau. Une demande de brevet a d’ailleurs été déposée pour un nouveau type de revêtement sur le graphite pour les pièces d’équipements utilisées par les alumineries. D‘autres produits innovateurs, destinés aux usines de bouletage du minerai de fer, devraient voir le jour d’ici janvier 2016. Pour les deux prochaines années, un projet conjoint, dans le domaine de la RD, en collaboration avec le CQRDA et l’Université de Sherbrooke, est en cours. « D’autres défis nous attendent également, du côté de l’Asie, dans les domaines des alumineries et du bouletage », de confier Marc-André Gervais. 

Figure 1 - Parc solaire Alain-Lemaire, Cascades, Kingsey Falls. TECHNO

INNOVATIONS

MÉTAL 7

UN PARTENAIRE INDISPENSABLEPAR NATHALIE MÉNARD

Le potentiel de la technologie de Rackam

dans les régions nordiques a fait l’objet d’un reportage

élogieux dans le CSP Today, référence internationale en

matière de technologies solaires thermiques.

Partie de l'atelier où l'assemblage des

équipements est fait. Les deux équipements

centraux sont des tamis à rouleaux, l'un des produits

vedettes de Métal 7, utilisé dans les usines de bouletage de minerais de

fer pour trier les boulettes, tout en gardant leur forme.

Gratte d'écrémage pour l'aluminium liquide utilisée dans les fours d'alliage

des alumineries. La résistance des grattes en béton est combinée à la

légèreté des grattes en acier.

7Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 20156 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

PROFILD’ENTREPRISE

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La centrale, d’une puissance nomi-nale de 800 kW, est en mesure de fournir quotidiennement jusqu’à 3 000 kWh sous forme de chaleur. Cette dernière est composée de 20 rangées de capteurs de 30 m de long et occupe une surface au sol de 80 m par 46 m, soit 3 680 m2 pour une surface de miroir de 1 507 m2.

Un module de pompage gère la température de fonctionnement de l’huile thermique en veillant à ce qu’elle soit maintenue entre 120  et 140°C. Le module de pompage régule ainsi le système en contrôlant le débit d’huile qui circule dans les capteurs pour compenser les variations d’irradiation solaire et de demande d’énergie de l’usine de Cascades.

Mesure des performancesLe graphique présenté à la figure 2 illustre les variations d’énergie thermique pour une journée ensoleillée typique du mois de septembre. La méthode de calcul du rendement quotidien de la centrale solaire est détaillée par la suite.

Sur le graphique présenté à la figure 2, la courbe en bleu représente l’énergie reçue par

le champ solaire en fonction du temps. Pour ce faire, un pyranomètre installé dans le parc solaire mesure l’ensoleillement normal direct (exprimé en W/m2), soit la partie du rayonnement solaire reçue par une surface orientée perpendiculairement au soleil, et ce, en tout temps. Cette valeur est ensuite rapportée dans le référentiel du capteur, car ce dernier ne peut être constamment perpendiculaire au soleil à cause de son unique axe de rotation.

En multipliant cette valeur par la superficie des miroirs, on obtient la puissance solaire (W) atteignant la centrale à chaque instant, puis en multipliant par un intervalle de temps, il est possible de calculer l’énergie reçue.

Toujours sur le graphique, la courbe en ver t représente l’énergie transférée, qui découle de la puissance thermique transférée. Cette puissance thermique est calculée à partir

d’un débitmètre et de deux sondes de température placées de part et d’autre de l’échangeur de chaleur de la centrale. La méthode du Delta-T est utilisée pour le calcul de la puissance transférée par l’huile thermique, qui consiste à faire le produit du débit massique, de la capacité thermique massique et de la différence de température entre l’entrée et la sortie de l’échangeur de chaleur. La droite orange indique la somme de l’énergie transférée au courant de la journée.

En faisant le ratio de l’énergie reçue pendant que la centrale est en opération et celui de l’énergie transférée, le rendement de la journée de la centrale est obtenu, soit 63,4 % pour cette journée-là.

L’équipe Rackam est ainsi très fière de l’atteinte de ce résultat et espère atteindre l’objectif d’effi-cacité moyenne pour cette région du globe de 57 %.  

L'ALUMINIUM DANS DES VÉHICULES DE PERFORMANCE

Campagna Motors, une entreprise de Boucherville, intègre de plus en plus l'alu-minium dans la construction de ses véhicules récréatifs spécialisés. L'entreprise tire profit de l'aluminium principalement pour alléger le poids de ses véhicules de performance à trois roues. L'aluminium est utilisé pour la conception du boîtier de transmission, de composantes de suspension (celle de l’avant, notamment), du réservoir à essence et du plancher.

« Notre but est d'offrir des véhicules ultra-performants et ultra-connectés avec la route, explique en entrevue Maxime Gill, directeur des opérations ingénierie, production et achats. L'aluminium, en plus de sa légèreté, a un très bon transfert de chaleur, ce qui nous a amenés à l'utiliser pour le boîtier de transmission, qui est un système breveté. »

Pour ses propres besoins, Campagna Motors a développé des procédés de coulage de l'aluminium. Elle souhaite d’ailleurs intégrer, d'ici quelques années, l'aluminium à d'autres composantes de la suspension et à certaines sections du châssis des véhicules. L'entreprise propose trois modèles de véhicules récréatifs: le T-REX 16S, le modèle de base, le T-REX 16SP, sportif et axé sur la performance, ainsi que le V13R, de type roadster. Elle produit quelque 140 véhicules chaque année, qui sont exportés en majorité vers le marché américain.

COUP D’ŒIL

PAR MYRIAM GAUTHIER

// VÉHICULES // // DISTINCTION //

// DISTINCTION //

L'UQAC ET ALOUETTE SE DISTINGUENT

Un chercheur et un étudiant au doctorat de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) ainsi que deux employés de l'Aluminerie Alouette de Sept-Îles ont remporté le prestigieux prix Light Metal Subject Award — Aluminium Reduction Technology 2014.

Le prix leur a été remis à l'occasion du 144e Congrès annuel des métallur-gistes TMS (The Minerals, Metals and Materials Society), qui s'est déroulé en mars 2015 à Orlando, en Floride.

Le prix récompense l'excellence d'un article présenté lors du congrès pré-cédent. L'article intitulé « Developing a New Process Indicator Based on the Relationship between an Electrolysis Cell Impurity Balance and its Incidents », publié en février dans Ligth Metals 2014, a valu les grands honneurs au groupe.

L'article est cosigné par László I. Kiss, professeur au Département des sciences appliquées de l'UQAC, par Lukas Dion, étudiant au doctorat en ingénierie à l'UQAC, ainsi que par Jean-Paul Arvisais et Dany Lavoie, tous deux œuvrant à l'Aluminerie Alouette.

MÉTATUBE, UN EXEMPLE DE BONNE GESTION ET DE LEADERSHIPL'entreprise saguenéenne Métatube a remporté le prix Gestion de contrat — Leadership du dirigeant décerné par Rio Tinto au début de l'année à l'oc-casion du gala de l'entreprise. Le gala organisé par Rio Tinto vise à souligner le travail des entrepreneurs et des fournisseurs de la multinationale.

Métatube est une entreprise qui œuvre dans la conception, la fabrication, l'as-semblage, le soudage et l'installation de produits métalliques destinés princi-palement aux alumineries, papetières, scieries et institutions publiques.

Ce prix est lié à la mise en place du plan stratégique de l'entreprise. Dans un article publié dans le journal Informe affaires, les deux coproprié-taires de Métatube, Gérald Bergeron et François Tremblay, aussi président

de la Chambre de commerce du Saguenay, soulignent qu'un « chantier des ressources humaines » a été mis en place par l'entreprise pour favori-ser le sentiment d'appartenance et la motivation des employés.

Entre autres mesures, les cadres et les superviseurs de l'entreprise se réu-nissent une fois par mois pour identi-fier les initiatives de l'équipe. Elles sont récompensées par des montants en argent et par une lettre de félicitations, qui est affichée dans l'entreprise.

La centrale solaire de Kingsey Falls est conçue pour résister aux intempéries et conditions

climatiques difficiles telles que la pluie, la neige et les

vents forts.

Énergie reçue et transférée pour le 15 septembre 2015 - Cascades

Énergie reçue pendant que la centrale est en opération : 4 735 kWh

Énergie transférée : 3 044 kWh

Rendement quotidien : 63,4 %

Temps de préchauffe de la centrale : 33 min

2,5

2

1,5

1

0,5

08:28 9:18 10:08 10:58 11:48 12:38 13:28 14:18 15:08 15:58

3 500

3 000

2 500

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1 000

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0

Énergie reçue

Énergie transférée

Énergie transférée cumulée

ÉN

ER

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h)

ÉN

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CU

MU

LÉE

(kW

h)

Figure 2 - Sur ce graphique illustrant une journée type de septembre, les couleurs indiquent les différents types d’énergie. Énergie reçue en bleu, énergie transférée en vert, tandis que la ligne orange représente la somme d’énergie transférée au cours de la journée.

TEMPS (par période de 10 s)

9Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 20158 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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// SANTÉ //

// CROISSANCE // // PME D'EXCEPTION // // MOBILITÉ RÉDUITE //

PERSONNALISER ET COLORER L'ALUMINIUM

SH Environnements immersifs a déve-loppé un procédé de sublimation sur l'aluminium qui offre la possibilité de personnaliser et de colorer différentes pièces. Le procédé, nommé Alto par l'entreprise d'Huntingdon, permet le transfert d'images numériques sur l'aluminium, qui sont ensuite cuites et ainsi intégrées au métal.

« C'est un procédé qui donne un très beau résultat avec des couleurs vives, en plus de donner un produit durable, avec un matériau recyclable, men-tionne en entrevue Mélanie Daigle, coordonnatrice au marketing de l'en-treprise. Ce marché est assez rare: nous avons peu de compétiteurs. »

L'entreprise crée différents produits Alto destinés aux parcs d'attractions, aux bateaux de croisière, aux stades sportifs, aux musées pour des pan-neaux d'interprétation intérieurs ou extérieurs ainsi qu'aux firmes d'archi-tectes et de design, par exemple. Elle a notamment réalisé des contrats pour Disney et le parc SeaWorld d'Orlando.

Le marché américain représente 75 % du chiffre d'affaires de l'entreprise pour les produits Alto, le reste des clients provenant des marchés québé-cois et canadien.

SH Environnements immersifs a déve-loppé Alto après avoir mis au point Folia, un procédé qui sert à intégrer des images à différentes compo-santes architecturales (planchers, tables, comptoirs, entre autres).

LE MARCHEPIED RECOMMANDÉ PAR LES MÉDECINS

L'entreprise montréalaise Skerpa Design a développé un marchepied médical fabriqué entièrement en alu-minium, et ce, sans aucune soudure.

Le produit est vendu sous la collection Altiplato et la marque Mezzamorphos. Les concepteurs du produit ont opté pour l'aluminium principalement en raison de la solidité et de la légèreté du matériau.

Le marchepied, proposé en plusieurs modèles, est destiné au domaine de la santé. Il peut soutenir une charge de 500 livres, affirment ses concepteurs. Ces marchepieds aident les patients à monter sur la table d'examen des médecins.

Le produit a d'ailleurs été imaginé à la suite d'un commentaire émis par le docteur Jean Gamache, de l'hôpi-tal Maisonneuve-Rosemont. « Il se désolait de devoir utiliser, après plus de deux décennies, un marchepied aussi peu adapté, pour ne pas dire dangereux, pour ses patients âgés, obèses ou à l'équilibre précaire », explique par voie de communiqué le président et designer de Skerpa Design, Daniel Thibeault.

Les marchepieds Altiplato sont aussi emboîtables pour faciliter le trans-port et l'entreposage du produit. Une gamme de marchepieds Altiplato a aussi été pensée pour les entre-prises: les marchepieds présentent alors des perforations ou des bandes antidérapantes.

MECFOR, LE CHAMPION DE L'ALUMINIUM

L'équipementier Mecfor, situé à Chicoutimi, fait partie des 30 PME sélectionnées par le regroupement privé Adrenalys comme faisant partie de sa première « cohorte de PME d'exception ».

Mecfor est la seule des entreprises retenues dans ce groupe qui œuvre dans le domaine de l'aluminium. Adrenalys soutiendra pendant 2 ans les 30 entreprises qui ont retenu l'attention du Conseil des sages, composé de 5 femmes d'affaires.

Le but d'Adrenalys est de « propulser ces PME au niveau supérieur », expose l'organisation, par voie de communiqué. Les entreprises seront soutenues grâce à un fonds de 3,5 M$ en services gratuits et 150 M$ en fonds dédiés à la croissance.

Au moment de sa nomination dans ce groupe en juin, Mecfor prévoyait atteindre un chiffre d'affaires record pour 2015, qui représentait alors plus du double du chiffre d'affaires de 2014.

Par ailleurs, l'équipementier, qui exporte plus de 50 % de sa produc-tion, se lance à la conquête des mar-chés chinois et russe, pouvait-on lire dans Le Quotidien peu après l'annonce de la nomination. Mecfor a acquis les propriétés intellectuelles d'une société française d'équipements destinés aux usines d'aluminium de première fusion, Bronchot SA.

FRANCE : RAMPES D'ACCÈS MODULABLESUne entreprise familiale française, Module espace aluminium, a trouvé une solution pour les établissements qui devront se conformer aux normes d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite; ces normes entre-ront en vigueur dans l'Hexagone à partir de 2018. L'entreprise a élaboré des prototypes de rampes d'accès en aluminium modulables, faites sur mesure.

Module espace aluminium, située à Sailly-Labourse, dans le nord de la France, fabriquait, jusqu'à ce moment-là, différents produits en aluminium: portails, garde-corps, clô-tures, entre autres.

Le président-directeur général de l'en-treprise, Joël Radojewski, étant lui-même aux prises avec un handicap, tout comme un autre membre de sa famille, la conception d'une rampe d'accès en aluminium s'est imposée, rapportait au printemps un journal régional, La Voix du Nord.

L'entreprise familiale a donc élaboré deux modèles de rampe: le premier, très léger, se pose rapidement, tandis que le second se fixe devant l'obstacle à traverser. Dans les deux cas, les rampes se déploient après que l'utili-sateur ait activé un bouton.

Marine Merlin, la nièce du pdg, qui tra-vaille à la commercialisation du produit, soulignait dans l'article avoir constaté au fil des ans, au sein de l'entreprise, qu'il est possible de « tout faire avec l'aluminium ».

// INNOVATION //

// RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT //

NOUVELLE PLATEFORME DE RECHERCHEUne nouvelle plateforme de recherche, l'Infrastructure de recherche et de développement du Québec (IRDQ) a été lancée au printemps de cette année par Prima Québec et par le Pôle de recherche et d'innovation en matériaux avancés du Québec.

L'IRDQ, qui repose sur un portail Internet (www.irdq.ca), donne accès à un répertoire d'équipements de pointe québécois qui sont rendus accessibles à la communauté de recherche universitaire et industrielle. Le réseau d'expertise de l'Infrastructure de recherche dans les laboratoires et centres de recherche, publics ou privés, est aussi mis à profit dans le but de développer de nouvelles applications technologiques.

« En pouvant compter sur une porte d'entrée unique d'expertises et d'équi-pements de pointe, dont les procédures administratives sont très simples, les entreprises québécoises peuvent accélérer considérablement le développe-ment de leurs produits et de leurs innovations », soutient le président-directeur général de Prima Québec, Benoît Balmana, par voie de communiqué.

Des outils de financement sont aussi mis à la disposition des entreprises pour les appuyer dans le développement de produits ou de matériaux novateurs.

MULTIFINI : DEUXIÈME LIGNE DE PRODUCTIONMult i f in i , une entrepr ise de Drummondville spécialisée dans la peinture de l'aluminium et de l'acier par procédé électrostatique, a investi 500 000 $ depuis un an pour intégrer à ses opérations une deuxième ligne de production lui permettant de peinturer de plus grandes pièces.

La nouvelle ligne de production mon-tée particulièrement pour les pièces en aluminium comporte une cabine de peinture faisant 10 pieds de largeur, par 10 pieds de hauteur et 30 pieds de longueur.

Quelque 60 % des pièces peintu-rées par Multifini sont en aluminium, ce qui a incité l'entreprise à monter cette nouvelle ligne pour ce genre de pièces. Multifini, membre du Réseau Trans-Al depuis mai dernier, peinture différents produits: clôtures ornemen-tales, mobiliers urbains, abribus, lits d'hôpital, pièces de vélo, entre autres.

« Différents niveaux de lustres et de texture peuvent être atteints. Il faut déterminer le bon type de prétraite-ment et de poudre pour chaque pièce. L'aluminium est plus facile à peintu-rer, car il demande un prétraitement moins élaboré que l'acier », explique François Bellavance, vice-président aux opérations, à l'occasion d'un entretien avec Al13.

L'entreprise souhaite poursuivre sa croissance à moyen terme en ajou-tant une troisième ligne de production dédiée aux pièces en acier, qui doivent être particulièrement résistantes aux conditions extérieures.

11Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201510 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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Il existe au Saguenay un lieu dont le nom était jadis aussi connu que celui de New York et de Paris Un lieu où subsistent les traces d’une vision futuriste partagée par deux hommes en 1926, Arthur Vining Davis, président d’Alcoa, et le banquier américain Andrew W Mellon On ne soupçonne pas à quel point ils ont, en détail, voulu inscrire les liens d’origine des composants d’une grande industrie Plusieurs centaines de touristes sont venus, l'été dernier, à la rencontre de ce temps passé, franchissant les portes du Manoir du Saguenay et découvrant, en son enceinte, la fascinante histoire d’Arvida ainsi que celle de son aluminerie, saisissant du même coup l’importance de son patrimoine urbain

Exceptionnellement, Rio Tinto Alcan a accepté d’inscrire le Manoir du Saguenay sur le circuit touristique Ville de compagnie,

mis en « roues » par Promotion Saguenay avec la collaboration de la Pulperie de Chicoutimi. Un trajet, avec guide, effectué en minibus à la découverte de plusieurs sites industriels et historiques — papetière, aluminerie, fromagerie — sorte de survol sur ce qui pourrait inciter les visiteurs à explorer plus longuement ces aspects touristiques de la ville.

Le Manoir du Saguenay construit en continuité du développement de la cité industrielle.Lorsque Benoît, notre chauffeur du jour, s’arrête devant cette grande bâtisse de style breton entourée de verdure, le regard s’empare de ces vieilles pierres avec admiration. On sait, par les propos de notre guide, Caroline Lavoie, que cet immeuble a une histoire. Mais sa

valeur historique, voire unique, va se révéler avec éloquence dès l’entrée dans le grand vestibule.

Un panneau peut bien préciser qu’il s’agit du Centre opérationnel aluminium de Rio Tinto Alcan, d’où seront supervisées toutes

MANOIR DU SAGUENAY

À LA RENCONTRE DU TEMPS PASSÉCIRCUIT TOURISTIQUE VILLE DE COMPAGNIEPAR CHRISTIANE LAFORGE

KARGO ROULE VERS L'INTERNATIONAL

VÉHICULE ÉLECTRIQUE MODULAIRE EN ALUMINIUMPROJET CONJOINT AVEC ALOUETTEPAR CHRISTIANE LAFORGE

Le Manoir du Saguenay, construit en 10 mois de 1939 à 1940, selon les plans de l’architecte Harold Lea Fetherstonhaugh pour y accueillir des illustres invités et des

travailleurs de l’Alcan est désormais le Centre opérationnel de l’aluminium de Rio Tinto.

L’entreprise almatoise Kargo roule avec de plus en plus d’énergie vers un marché international Une confiance que partage le Centre d’excellence en efficacité énergétique qui, en août dernier, confirmait y investir 350 000 $ Cette somme est destinée à la commercialisation du véhicule électrique modulaire en aluminium, le Kargo, conçu à Québec par Services Précicad et fabriqué au parc technologique d’Alma, où Kargo inc s’est installée en 2014

« La reconnaissance du C3E permettra à Kargo d’augmenter sa visibilité tant au Québec qu’ailleurs en Amérique du Nord et d’attirer ainsi plus rapidement l’attention des plus grands donneurs d’ordres et des grands financiers », a déclaré Pierre Dion, président de l’entreprise, à la confirmation de l’investissement du C3E.

Aider à la commercialisation de nouvelles technologies.Organisme à but non lucratif, créé en 2009 par Hydro-Québec et Rio Tinto Alcan, avec l’appui initial du Réseau des centres d’excellence du Canada ainsi que de partenaires industriels et institutionnels, le C3E gère un fonds de 4 M$ provenant du Bureau de l’efficacité

et de l’innovation énergétiques. Sa cible : « la commercialisation des innovations dédiées à l'efficacité énergétique des transports ».

Lors du dévoilement de cet investissement important, le 25 août dernier, Donald Angers, président-directeur général du C3E, précisait que « [cet inves-tissement] permettra d'accélérer l'introduction de cette plate-forme technologique dans le marché florissant qui favorise la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Tout en réduisant leur coût de fonction-nement, les usagers de flottes de véhicules multifonctionnels généreront ainsi des crédits car-bonés disponibles pour le mar-ché québécois. »

Une solution à l’utilisation de véhicules multifonctionnels.Les alumineries, les minières, les municipalités, les aéroports et les centres récréotouristiques forment le principal marché de Kargo. « Seul manufacturier à offrir aux secteurs industriels et institutionnels une solution adaptée à l’utilisation des véhicules multifonctionnels à fort contenu en aluminium », précise la direction de Précicad; Kargo est une entreprise québécoise inno-vante, reconnaît le C3E.

Née à Sept-Îles d’une idée et d’un projet conjoint avec l’aluminerie Alouette, la PME a commercialisé plus de 125 unités au cours des dernières années, notamment en Europe et au Moyen-Orient — dont une vingtaine destinées à l’Aluminerie Alba en 2014 — concrétisant sa volonté de se développer avec force sur le marché international sans négliger le Québec, le Canada, voire toute l’Amérique du Nord.

Les atouts de ce véhicule, que ce soit pour le transport de passagers ou de matériel, résident dans sa légèreté, sa résistance à la corrosion, son ergonomie, la facilité de son entretien et son autonomie d’un minimum de 30 kilomètres et plus grâce à un système de bacs à batteries interchangeables. 

| GLANURES

Sa légèreté, sa résistance à la corrosion, son ergonomie et son

autonomie, font de Kargo un véhicule très prisé sur le marché international.

Pierre Achim, directeur du développement économique régional — Rio Tinto, Donald

Angers, président-directeur général du C3E, Pierre Dion, président de

Kargo et Christiane Constantineau, stratégiste d’affaires Kargo.

| PATRIMOINE

Le minibus promène les touristes dans l’arrondissement

de Jonquière pour le circuit Ville de compagnie.

13Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201512 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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ses usines d’électrolyse, les murs intérieurs n’en évoquent pas moins d’intenses souvenirs de projets, certes, mais aussi de danse et de musique.

Lors de sa construction, en 1939, ce manoir s’imposait en continuité du développement d’une cité industrielle inusitée, Arvida, nom composé des deux premières lettres des trois dénominations de son fondateur ARthur VIning DAvis. Un concept urbain novateur et attractif pour y attirer et y retenir les professionnels de haut calibre, inévitablement recrutés à l’extérieur du Québec, mais essentiels au développement de la nouvelle aluminerie d’Alcoa, attirée au Saguenay–Lac-Saint-Jean par ses ressources hydroélectriques.

Tandis que l’aluminium fondu coule des premières cuves de l’Aluminum Company of Canada — filiale de l’américaine Alcoa qui deviendra entièrement canadienne, en 1928, conséquemment à la loi « antitrust » américaine —, une ville nouvelle surgit sur les terres défrichées par Simon Ross au XIXe siècle. « Un commerçant de fourrures et un des rares Anglais à venir s’installer dans le canton de Jonquière », lit-on dans la page Histoire et Archives de la ville de Saguenay.

En 135 jours, 270 maisons sont construites selon un plan bien défini qui se traduit par une archi-

tecture égalitaire d’une trentaine de modèles assurant l’accessibi-lité, un environnement favorisant la cohabitation « multiculturelle » avec lieux de culte et écoles adaptés, et ce, sans égard au rang social, explique notre guide Caroline Lavoie. Les rues circu-laires, les espaces verts et des rues larges bordées d’arbres, confèrent à la ville des airs d’une modernité lui valant le surnom de Petite Washington du Nord. Une cité idyllique pour les familles, à laquelle il manque cependant un site de prestige où accueillir les invités de marque et loger les ingénieurs ainsi que les autres tra-vailleurs temporaires.

En juin 1939, le président d’Alcan R. E. Powell recommande la construction du réputé Saguenay Inn, lequel portera le nom de Manoir du Saguenay à partir de 1962.

De résidence de prestige à Centre opérationnel aluminium.À la suite des plans four-nis par l’architecte Harold Lea Fetherstonhaugh, 10 mois suffi-ront pour que se dresse dans son cadre verdoyant le bâtiment tel que nous le connaissons : deux étages, une imposante toiture à deux versants avec lucarnes, plu-sieurs grandes cheminées, une grande verrière ouverte sur un vaste terrain menant à un bosquet de feuillus et aux jardins dessinés par Tom Heard. Avant même d’y entrer, les visiteurs du XXIe siècle comprennent que le Manoir a une longue histoire heureuse.

Et pour cause, racontent ses murs. Tout a été fait pour en préserver l’esprit d’origine, malgré ses différentes vocations. Résidence de prestige pour les besoins de l’Alcan, il devient un hôtel ouvert au public en 1950. Dix ans plus tard, il traverse quelques turbulences, lors de sa mise en vente. À défaut d’acquéreur, il poursuit sa vocation publique jusqu’à sa fermeture en 1985. Moment de silence pendant cinq ans ponctués de projets avortés. On étudie la possibilité

d’en faire une résidence pour personnes âgées, un centre de gérontologie, un centre de santé, pour finalement, en 1990, devenir le siège social régional de la direction ainsi qu’un centre de formation et de réunion pour les employés de l’Alcan. En mars 2015, Rio Tinto, propriétaire d’Alcan depuis 2007, annonce la transformation du Manoir du Saguenay en Centre opérationnel aluminium, qui supervisera les alumineries du Saguenay–Lac-Saint-Jean ainsi que celles de Kitimat, de France, du Royaume-Uni et de l'Islande, et ce, d'ici 2016.

Rien pourtant ne trahit cette ambi-tieuse vocation du Manoir lorsque, à petits pas sur les planchers d’ar-doise et de bois, on pénètre dans ce large couloir menant d’un côté à la salle à manger, de l’autre au salon Maria-Chapdelaine.

On imagine y croiser l’ombre d’illustres visiteurs.Le vestibule dégage un sentiment de confort, de chaleur et d’élégance avec ses grandes tentures d’ori-gine, ses chaises de style Louis XV, ses miroirs au cadre de bois sculpté, ses peintures de célèbres peintres québécois, ses grandes fenêtres françaises, ses poutres

apparentes. Tandis que notre guide évoque les bals de finissants, les mariages et autres soirées festives du siècle dernier, on imagine le frou-frou des robes et le glissement des pas de danse dans cet espace intemporel. Les visiteurs hochent la tête, conquis, silencieux, imagi-nant peut-être y croiser l’ombre de quelques illustres visiteurs : la reine d’Angleterre Élisabeth II, la reine Wilhelmine des Pays-Bas fuyant la Seconde Guerre mondiale, le président d’Indonésie Surkano ou Maurice Chevalier.

La salle à manger est accueillante. Tables rondes, chaises coussinées au dossier de bois et lustres de cristal s’intègrent à ce présent où le grand chef a fait place aux traiteurs et aux services de buffet. Près de la porte, une table dressée telle qu’elle devait l’être jadis en prévision des menus aux nombreux services et,

bien sûr, l’indispensable cendrier qui rappelle un temps révolu. Sur les photos en noir et blanc, on voit de jeunes femmes aux longues jupes qui, précise Caroline, arboraient les couleurs jaune, vert, gris et rouge du drapeau du Saguenay.

L’incursion à l’intérieur du Manoir se poursuit au salon Maria-Chapdelaine transformé en salle d’exposition. Une présentation de photographies anciennes raconte la naissance d’Arvida et le développement de son aluminerie. On constate l’omni-présence de la fleur de lys, en alu-minium sur les portes ou sculptée sur les moulures au plafond. Pin du Canada et bois exotique, « bois d’Hubabali », précise Caroline, illustrent l’intention d’évoquer les croisements géographiques des matériaux et des travailleurs, dont les artisans européens qui ont sculpté les moulures parant pla-fonds et murs de l’édifice. On y voit des pierres dont on extrait la bauxite provenant de la Guyana et du Brésil. La symbolique du mariage équato-rial et nordique est l’idée maîtresse de la serre attenante au salon.

« Il y avait une vision », constate André Bérard.Le circuit Ville de compagnie se terminait le 14 août. Lors de cette visite, nous comptions trois tou-ristes dans le minibus, la famille Bérard de Joliette. Au cours des 7  semaines, 340 personnes ont visité le Manoir du Saguenay, confirme Mélanie Ménard de Promotion Saguenay. L’ajout de cette halte était une première. Nul ne peut dire si l’invitation se répé-tera l’an prochain. Tous l’espèrent.

André Bérard, ex-maire de Notre-Dame-de-Lourdes, avoue que le Manoir du Saguenay a été une véritable surprise. « J’ai beau-coup aimé et appris, confie-t-il. C’est très impressionnant de voir cela aujourd’hui et de penser à l’époque, aux années où cela s’est construit. Je trouve qu’il y avait une vision… une vision, c’est tellement de cela qu’on aurait besoin. » 

À l’accueil, un panneau annonce la nouvelle vocation du Manoir, Centre opérationnel

aluminium.

Notre guide, Caroline Lavoie, lors de notre Circuit Ville de compagnie, décrit aux visiteurs ce que représentent les photos. Sur la page ouverte du livre d’or sous cloche, la signature d’Élizabeth II.

Dans le salon Maria-Chapdelaine, une exposition de photographies et d’artéfacts raconte l’histoire d’Arvida et de son usine d’aluminium. Masques de protection, horloge, pierres de bauxite, lingots, outils, un ensemble qui résume une grande histoire.

Le vestibule illustre le souci de préserver l’ambiance d’origine. Lustres, tapisseries, poutres apparentes, meubles de style et fleur de lys.

15Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201514 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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STRATÉGIE QUÉBÉCOISE DE DÉVELOPPEMENT DE L'ALUMINIUM 2015-2025

QUÉBEC FAIT LE PARI DE L'ALUMINIUMLA TRANSFORMATION EST L'AXE PRINCIPALPAR MARC ST-HILAIRE

« Le Québec fait deux paris D'abord, celui de l'aluminium Malgré la fluctuation des prix remarquée au cours des dernières années, il y a une progression constante de la demande et nous croyons que celle-ci va continuer à augmenter dans l'avenir Le deuxième pari est de croire qu'un jour, selon l'évolution des mentalités sur la planète, il y aura une prime pour l'aluminium du Québec, produit avec de l'énergie basse en carbone »

C'est sur ces quelques mots que le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a clôturé la séance réservée à l'aluminium lors du Sommet économique du Saguenay–Lac-Saint-Jean. L'événement avait l ieu le 18  juin au Complexe Jacques-Gagnon d'Alma, en présence de représentants de toute l'industrie.

Bien que le chef du gouvernement ait accueilli l'ensemble des mémoires déposés en vue de cet exercice, bien qu'il ait pris la

peine d'entendre les intervenants présents pendant près d'une heure, ce dernier avait déjà signé la version finale de la très attendue Stratégie québécoise de développement de l'aluminium 2015-2025. Articulée sous le thème « L'avenir prend forme », le nouveau cadre national a été dévoilé officiellement le lendemain du Sommet, en marge d'une visite industrielle qui avait lieu à l'usine de l'équipementier STAS, à Saguenay.

Entre autres décisions découlant de la réflexion gouvernementale, la Société de la Vallée de l'alu-minium (SVA) a été reconduite comme maître d'œuvre du cré-neau d'excellence Transformation de l'aluminium au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Son mandat — comme son financement — a aussi été bonifié, alors que la SVA aura la responsabilité d'accueillir, de valider et d'analyser tous les projets soumis au programme Desjardins- Innovatech, dans lequel le gouvernement injec-tera 5 millions de dollars sur une période de 5 ans.

Le Réseau Trans-Al développera l'expertise.Le ministère du l'Économie, de l'Innovation et des Exportations (MEIE) a par ailleurs confirmé la mission du Réseau Trans-Al, lequel s'affaire à « développer l'ex-pertise technique et technologique des organisations, en collabora-tion avec les principaux acteurs de l'industrie, pour construire une synergie sectorielle ». Le Réseau Trans-Al réunit 230  membres, principalement des transforma-teurs et des équipementiers. Ses membres PME procurent de l'em-ploi à plus de 9 600 personnes au Québec, pour un chiffre d'affaires annuel de 1,3 milliard de dollars, selon son directeur général, Jean-François Pouliot. Près du tiers des membres de Trans-Al sont ancrés au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Quant au Centre québécois de recherche et de développement

| DOSSIER

Lors du Sommet économique du Saguenay–Lac-Saint-Jean, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a rencontré de nombreux représentants de l’industrie de l’aluminium qui avaient déposé plusieurs mémoires en prévision de la Stratégie québécoise de développement de l’aluminium.

de l'aluminium (CQRDA), son rôle au sein de la politique nationale se limitera à celui de courtier en innovation, sans budget précis.

« Le CQRDA agira à titre d’organisme d’intermédiation, mobilisant par le fait même les chercheurs et les dirigeants d’entreprises, de même que ceux des laboratoires publics. En tant que courtier en innovation, il aidera les entreprises à regrouper le financement de diverses sources nécessaires à la réalisation des projets. Les programmes de soutien aux projets de recherche administrés par le MEIE, dont Passeport Innovation, assureront notamment l ’appui à ces initiatives », résume-t-on dans le document.

« L'abandon du modèle d’affaires du CQRDA dévalorisera l'innovation interne. »Au cours des 22 dernières années, le CQRDA a pourtant reçu plus de 1  000 projets de recherche en développement et en innovation, qui représentent plus de 160 millions de dollars d'investissements au total, a mentionné l'ancien président du Centre, Jean Paré, lors du Sommet économique d'Alma. De même, il a déploré l'abandon annoncé du modèle d'affaires du CQRDA qui est basé sur un système de prêts et redevances. Cette façon de faire permettait de percevoir des redevances sur les projets à succès financés à partir de prêts ou de subventions.

« En abandonnant ce modèle, on dévalorisera l'innovation interne faite par les PME. De plus, ça privera les entreprises, dont les

équipementiers, d'un financement additionnel de deux millions de dollars », a plaidé Jean Paré, en vain. Titulaire du MEIE, Jacques Daoust refuse toutefois d'associer le nouveau mandat du CQRDA à une rétrogradation, insistant plutôt sur l'importance de l'innovation dans le succès de la Stratégie québécoise.

En entrevue, il commente ainsi le changement : « Le CQRDA a une nouvelle vocation. L'organisation est dorénavant un courtier en innovation. C'est un rôle crucial dans le processus. Les choses faciles ont déjà été faites. On doit donc privilégier l'innovation. Si nous voulons réussir, il faut trouver le moyen de transformer l'aluminium sans faire des allers-retours. Nous devons limiter les coûts du transport, dont le prix ne cesse de grimper. On doit transformer localement et c'est là que nous avons besoin des gens du CQRDA. Il faut que ces personnes fassent preuve de curiosité et qu'elles encouragent l'innovation. » Le ministre Daoust ajoute que la Stratégie québécoise de développement de l'aluminium

Louis Bouchard, dg de STAS-UNIGEC, accueillait dans les ateliers de son entreprise basée à Chicoutimi, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, Jacques Daoust et le député de Dubuc Serge Simard, adjoint parlementaire du premier ministre pour la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, lors du dévoilement de la première Stratégie québécoise de développement de l’aluminium.

17Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201516 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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AluQuébec jouera un rôle pré-pondérant dans la mise en œuvre de la Stratégie québécoise de développement de l'aluminium L'organisation aussi connue telle la Grappe industrielle de l'alumi-nium du Québec sera en effet un acteur de premier plan au sein de la démarche, ayant obtenu des mandats touchant l'un et l'autre des trois grands axes de la Stratégie Ceux-ci s'articulent ainsi : mettre en place un environ-nement favorable à la transfor-mation de l'aluminium, renforcer la filière québécoise et assurer la compétitivité des entreprises de cette même filière

A nc ien p rés ident de l a Commission des partenaires du marché du travail, Jean-Luc Trahan a été présenté, le 16 mai dernier, comme le nouveau pdg d'AluQuébec. Il succède à Luc Roby, qui a quitté ses fonctions en décembre 2014. Titulaire d'un diplôme d'études supérieures en gestion et en administration du HEC Montréal, monsieur Trahan a poliment décliné une entrevue au magazine Al13, lorsqu’il a été invité à commenter sa nomination et les mandats accordés à son organisation.

« Je suis en effet encore en phase de sensibilisation aux enjeux et

défis reliés à l’ambitieux objectif de doubler la transformation de l’aluminium au Québec au cours des 10 prochaines années. De plus, je suis également à apprécier les nombreuses actions structurantes mises en place par les acteurs et membres d’AluQuébec », a-t-il précisé dans un échange de courriels. Quelques heures après le dévoilement de la politique nationale de l'aluminium, le président d'AluQuébec a toutefois mis en relief les enjeux cruciaux, qui reposent entre les mains de son groupe, et ce, par le biais d'un communiqué.

Des visages bien connus au Royaume.« Le succès de la Stratégie québécoise de développement de l'aluminium s’appuie

sur la capacité de maximiser la synergie entre tous les joueurs clés de la Grappe, en additionnant leurs contributions dans le sens de ses objectifs. AluQuébec veut y participer en jouant un rôle de coordination de toutes les composantes de la chaîne de valeur », signait-il.

NAISSANCE DE LA GRAPPE INDUSTRIELLE DE L'ALUMINIUM

LA STRATÉGIE QUÉBÉCOISE REPOSE SUR ALUQUÉBECPOURSUITE DES 22 ANS DE LABEUR DU CQRDAPAR MARC ST-HILAIRE

| DOSSIERse caractérise par sa souplesse, n'étant pas un cadre strict et immuable.

« Quand j'ai commencé à Investissement Québec, ma grande crainte était la rigidité de l'appareil gouvernemental. À ma grande surprise, je me suis vite rendu compte que nous avions une plus grande souplesse que, dans le privé, confie-t-il. […] La poli-tique de l'aluminium est un grand cadre. C'est un cadre, oui, mais il est flexible. C'est sûr qu'on sera capable de s'ajuster. J'ai toujours eu comme philosophie qu'on doit être en mesure de saisir les oppor-tunités en affaires. C'est comme ça pour tout, incluant l'aluminium. »

Le ministre Daoust mise sur la qualité de l'aluminium québécois.Pendant le Sommet économique régional, le premier ministre Couillard a réitéré l'importance de soutenir la grande industrie, dans un monde où la Chine produit plus de 50 % de l'aluminium. Or, même si les grands producteurs que sont Alouette, Rio Tinto et Alcoa campent le rôle de locomotives, les petites et moyennes entreprises sont, elles aussi, un rouage essentiel dans le déploiement de la Stratégie québécoise.

« L'axe principal de la stratégie de l'aluminium est la transformation accrue au Québec », a insisté Philippe Couillard. Attirer des entreprises de l'extérieur afin qu'elles s'épanouissent au Québec, en passant par des partenariats avec les PME locales, est l'une des avenues empruntées par l'État. Président-directeur général d'Investissement Québec, Pierre Gabriel Côté précise en ce sens : « On se démarque de plus en plus à l'international, avec nos 12 bureaux à l'étranger. Nous faisons beaucoup de prospection pour amener des entreprises au Québec, particulièrement ici, au Saguenay–Lac-Saint-Jean,

dans le domaine des deuxième et troisième transformations de l'aluminium. En ce moment même, nous travaillons sur des projets fort intéressants, mais ceux-ci peuvent nécessiter deux à trois ans avant de prendre forme. »

Parmi les avantages que propose Québec pour attirer les capitaux étrangers, le ministre Jacques Daoust insiste sur la qualité excep-tionnelle — et largement recon-nue — de l'aluminium québécois. « Nous fabriquons de l'aluminium de haute pureté au Québec. C'est un atout que nous avons. Nous devons continuer de miser sur la qualité pour nous distinguer », estime le ministre Daoust.

Afin de maintenir son statut de chef de file de l'industrie, le Québec se rabat aujourd'hui sur la qualité de son aluminium, sur ses institutions prestigieuses ainsi que sur son énergie verte, pierre angulaire de la Stratégie nationale. Cette position marque la fin d'une ère où le coût de l'hydroélectricité constituait le principal élément de persuasion auprès des grands producteurs.

« Le marché mondial est com-plètement changé, a mis en relief le premier ministre Philippe Couil lard, toujours lors du Sommet d'Alma. On est moins compétitif au Québec qu’on croyait l’être jusqu’à récem-ment. Il y a eu un premier mou-vement avec l’entente d’Alcoa. Il y a des négociations en cours avec Rio Tinto et avec Aluminerie Alouette. On veut réussir et on va réussir ces négociations-là, mais il faut quand même garder en tête qu’à travers les règles de mathématiques pures, les addi-tions et les soustractions sont encore des façons très valables lorsque vient le temps de réflé-chir. Il y a un niveau sous lequel on ne peut pas descendre, même en tenant compte des bénéfices fiscaux et des emplois. » 

RÉGIONNOMBRE

D’ENTREPRISES

MONTÉRÉGIE 329

MONTRÉAL 225

SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN 141

CAPITALE-NATIONALE 119

CHAUDIÈRE-APPALACHES 111

CENTRE-DU-QUÉBEC 82

LAURENTIDES 70

LAVAL 67

ESTRIE 55

MAURICIE 55

LANAUDIÈRE 47

ABITIBI-TÉMISCAMINGUE 31

BAS-SAINT-LAURENT 27

CÔTE-NORD 18

OUTAOUAIS 17

GASPÉSIE-ÎLES-DE-LA-MADELEINE 11

NORD-DU-QUÉBEC 4

TOTAL 1 409

Jean-Luc Trahan, président-directeur

général d'AluQuébec, la Grappe industrielle de

l'aluminium du Québec.

19Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201518 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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Partie prenante de « L'Avenir prend forme », AluQuébec mise sur un conseil d'administration dont les membres proviennent de diverses sphères d'activité. Tous sont cependant liés par une même motivation  : l'épanouissement, au Québec, de l'industrie de l'aluminium.

Présidé par Normand Bergeron de la firme Deloitte, le comité exécutif de l'organisation est com-posé de visages bien connus au Québec de même qu'au Royaume du Saguenay–Lac-Saint-Jean : l'ex-président du CQRDA, Jean Paré; le président de la Société de la Vallée de l'aluminium, Arthur Gobeil; Éloïse Harvey de Mecfor; Yves Tremblay de Sefar BDH; l'ancien vice-président de Rio Tinto Alcan – Métal primaire pour l'Amérique du Nord, Jean Simon; le président d'YDA Conseil Yvon D'Anjou et le président de l'Asso-ciation de l'aluminium du Canada, Jean Simard.

Jean-Luc Trahan, qui siège d'office au comité exécutif, sera appuyé dans ses fonctions par un directeur exécutif, Michel Bazinet, de même que par un directeur au développement des affaires, Martin Hartlieb.

Un mandat aux multiples facettes.Dans le communiqué rédigé en marge de l'annonce de la Stratégie québécoise de développement de l'aluminium, AluQuébec énumère l'essentiel des tâches qui lui sont confiées.

D'abord, en ce qui a trait à la mise en place d'un environnement pro-pice à l'expansion de l'industrie, la Grappe industrielle agira davantage comme facilitateur.

« AluQuébec sera appelée à informer les transformateurs en matière d'accès au métal, en plus d'accélérer les travaux de ses chantiers favorisant l'utilisation et le rayonnement de l'aluminium », résume-t-on. Pour s'assurer que les entreprises soient compétitives, l 'o rg an is a t i on p a r t i c i p e ra notamment à la cartographie et à la diffusion de l'expertise québécoise spécialisée dans la transformation de l'aluminium. « Tout cela en plus de piloter une initiative visant à renseigner les professionnels sur les normes, les codes de construction, les avantages et les possibilités d'utilisation de l'aluminium », ajoute la direction d'AluQuébec.

Enfin, pour le dernier grand axe de la nouvelle politique nationale, le renforcement de la filière

aluminium, l'équipe d'AluQuébec aura un chapelet de responsabilités, dont certaines auprès des universités et des hautes instances gouvernementales. Elle poursuivra notamment une partie du travail réalisé par le CQRDA depuis près de deux décennies.

« La Stratégie québécoise de développement de l'aluminium confirme le lancement du nouveau chantier de la Grappe pour les équipementiers et les fournisseurs spécialisés. De surcroît, AluQuébec collaborera avec dif férents intervenants gouvernementaux et institutionnels pour favoriser l'enseignement universitaire, la formation et le développement des compétences en matière d'aluminium. Elle participera aussi à la prospection des investissements étrangers », précise-t-on dans le communiqué. 

Sylvain Gagnon a un objectif en tête : faire de Pexal Tecalum Canada la meilleure usine d'extrusion d'aluminium en Amérique du Nord Pas la plus imposante ni la plus productive au chapitre de l'efficacité Juste la meilleure , celle vers qui les entreprises se tourneront naturellement pour leurs commandes les plus pointues

Il est 15 h, l'heure où les employés de jour s'apprêtent à céder leur place aux confrères et consœurs de la nuit. Un bourdonnement subtil se mêle à celui des fours de l'usine almatoise, laquelle vient tout juste de célébrer son premier anniversaire d'existence. Aux quatre coins du bâtiment, les travailleurs se transmettent les recommandations d'usage pour que les opérations suivent leur cours de façon optimale.

C'est comme ça tous les jours, rap-porte le président-directeur géné-ral, Sylvain Gagnon. En 2010, il était l'un des seuls à rêver à cette usine. Cinq ans plus tard, il présente le fruit de son travail avec une fierté sentie. Il se transpose dans chaque travailleur qu'il croise. Il y a d'abord ce type chargé de la manuten-tion, qui a le mandat de ne laisser passer aucune imperfection. Son leitmotiv est celui-ci : aucun com-promis, aucune éraflure, aucune marque visible.

Puis il y a le chef des opérations, qui s'assure que la presse fonc-tionne selon les plans. Là-bas, il y a l'homme assigné à l'entretien. Selon les besoins, il prête main-forte à ses collègues. Tous jouent un rôle essentiel, soutient Sylvain Gagnon.

Coiffé d'un chapeau de cowboy, Karl Gagné occupe le Département

des matrices. Son patron le sur-nomme le dentiste, puis se reprend et le compare plutôt à un horloger. Selon Sylvain Gagnon, il est le point de départ du procédé. C'est lui qui reprend chaque filière d'acier afin que la bille d'aluminium qui la traverse devienne une extrusion parfaite. Il lime, polit et réinvente les formes en tenant compte des indices de friction. Il reprend mille fois son ouvrage jusqu'à ce que le résultat soit irréprochable.

Dans les meilleures circonstances, il peut corriger jusqu'à quatre filières par jour. « C'est vraiment un travail d'équipe. Sans nos ressources humaines, il n'y a rien de possible. » Ils sont près d'une trentaine à œuvrer sur deux quarts de travail. Bientôt, avec les commandes qui ne cessent de croître, Sylvain Gagnon estime qu'il devra ajouter un troisième quart de travail.

L'ALMATOISE PEXAL TECALUM

À LA CONQUÊTE DE L'AMÉRIQUE DU NORDL'USINE D'EXTRUSION SERT DÉJÀ 25 CLIENTSPAR MARC ST-HILAIRE

| DOSSIER

Sylvain Gagnon, président-directeur général de l’usine d’extrusion d’aluminium

Pexal Tecalum Canada, a de grandes ambitions pour son entreprise qu’il veut

rendre la meilleure en Amérique du Nord.

La Grappe industrielle de l’aluminium se voit confier un rôle

majeur pour assurer l’expansion de la transformation de l’aluminium, reprenant en certains points, une

partie du travail effectué par le CQRDA depuis plus de 20 ans.

21Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201520 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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L'usine opérera alors 24 heures sur 24 et le nombre d'employés augmentera inévitablement. Sa capacité de production atteindra les 12 000  tonnes d'aluminium. Actuellement, l'unité de production almatoise répond aux exigences d'environ 25  clients, éparpillés au Canada, aux États-Unis et en Europe.

Faire différemment pour des marchés de niche.Pexal Tecalum Canada est née d'un projet orchestré par l’Université du Québec à Chicoutimi, en passant par le Centre d’entrepreneuriat et d’essaimage (CEE-UQAC). Globalement, cette usine à vocation expérimentale a nécessité un investissement public de quelque 16 millions de dollars.

À plusieurs reprises au cours de l'entretien, le président Gagnon soutient qu'il n'entend pas faire compétition aux autres installations québécoises spécialisées dans l'extrusion à grand volume.

« Dès le départ, on disait que cette usine allait faire les choses différemment. Par exemple, nos normes de tolérance sont calquées sur celles de l'Europe, qui sont plus strictes qu'en Amérique du Nord. On parle ici du parallélisme, du

dimensionnement, de ce genre de contraintes. Nous sommes dans l'extrusion fine, destinée aux marchés de niche », répète-t-il.

Les extrusions produites à Alma peuvent atteindre une longueur de 15 mètres, une caractéristique unique au Québec. Sylvain Gagnon est persuadé que l'avenir sera florissant pour les installations comme celle qu'il dirige. Il appuie notamment sa réflexion sur l'avènement de l'aluminium dans la construction des véhicules. L'engouement suscité par Ford aura une incidence majeure sur la planète aluminium, mais également sur l'ensemble de l'industrie automobile.

Le président de Pexal Tecalum Canada affirme en ce sens que, très bientôt, tous les constructeurs de camionnettes emboîteront le pas et choisiront l'aluminium comme matériau de prédilection. Sa légèreté et sa résistance à la

corrosion sont deux avantages que nul ne peut négliger dans un marché aussi compétitif que celui de l'automobile.

« C'est une question de temps avant que Chrysler et GM intègrent l'aluminium dans leurs produits. Pour répondre aux nouvelles normes d'efficacité énergétique imposées aux États-Unis. Il n'existe pas une tonne de solutions : il faut alléger les véhicules.  » Sylvain Gagnon poursuit en se référant à la crise économique qui a frappé le monde il y a quelques années. Encore aujourd'hui, les bouleversements engendrés par l'incertitude économique sont manifestes. La tarte s'annonce de plus en plus grande, alors que le nombre de convives, quant à lui, a diminué de façon drastique.

L'homme à la tête de Pexal Tecalum Canada croit que, lorsque toutes les certifications auront été obtenues, son organisation saura

Pour faire autrement, Pexal Tecalum se réfère aux normes européennes plus strictes, par exemple concernant le

parallélisme et les dimensions. Les extrusions de l’usine almatoise peuvent atteindre les 15 mètres.

Optimiste quant à l’avenir de son entreprise, Sylvain Gagnon constate un engouement grandissant pour l’aluminium, notamment dans l’industrie automobile, en raison de sa légèreté et de sa résistance à la corrosion.

s'imposer parmi les meilleurs de l'industrie. « En 2008 et 2009, la demande d'extrusions s'est écroulée avec la crise économique. Il y a eu énormément de fermetures et de démantèlements d'usines d'extrusion aux États-Unis. Puis c'est là que la compagnie Ford est apparue dans le décor avec son camion F-150 en aluminium. Ce véhicule a besoin de neuf extrusions et l'aluminium utilisé provient d'Arvida. Serions-nous capables d'extruder ces pièces ici, à côté de l'aluminerie, pour les expédier ensuite directement chez Ford? Bien sûr que nous serions capables de le faire. »

Alma doit maintenir le cap.Afin d'accueillir Pexal Tecalum Canada sur son territoire, la Ville d'Alma a dû dénouer les cordons de

la bourse. Lors de la conférence de presse annonçant la concrétisation du projet, en avril 2013, le maire Marc Asselin a alloué un terrain de 30 000 mètres carrés, d’une valeur de 250 000 $, assorti d'un congé de taxation de 5 années. La Ville s'est par ailleurs engagée à débourser 750 000 $, sur une période de 3 ans pour assumer une partie des frais de fonctionnement de l'entité.

Le maire Asselin a enfin confirmé la création d'un parc technologique dans la capitale jeannoise, à proximité de l'aéroport d'Alma. Plus de deux années se sont écoulées et seule l'usine d'extrusion s'est élevée sur le site. Un échec? Non, tranche Sylvain Gagnon. Au contraire, enchaîne-t-il, le parc technologique d'Alma doit être développé selon une stratégie à long terme.

« Ce parc-là doit absolument être dédié à la transformation

de l'aluminium. Il doit conserver sa vocation, même si ça risque d'être un peu plus long. Ça prend une vision à long terme. Certains parlent d'une croissance projetée de 35 % de la demande pour les extrusions en Amérique du Nord. Ce n'est vraiment pas impossible qu'un jour, dans cinq ans ou sept ans, on ait besoin d'une deuxième presse. Et ce n'est pas impossible que d'autres usines se joignent à Pexal Tecalum pour faire de la transformation. On voit un peu partout des usines, dans des parcs industriels, qui sont confinés sur leur terrain. Ces entreprises ne peuvent envisager aucun agrandissement. Nous devons éviter de faire ça avec le parc technologique d'Alma. »

Avec la présence d'un appareil de soudure par friction-malaxage sur le campus de l'Université du Québec à Chicoutimi, tout apparaît possible pour Pexal Tecalum Canada. L'industrie ferroviaire, les ponts et autres infrastructures civiles, de même que les bâtiments ne sont que quelques-uns des créneaux potentiels pour le consortium. « Nous avons tout ce qu'il faut pour créer à partir d'ici, au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Si nous avons réussi à faire aboutir ce projet et à le mener là où il est, c'est qu'il n'y a rien d'impossible. » 

Un travail d’équipe où chacun se doit d’être méticuleux pour toutes les étapes des opérations. « Sans nos ressources humaines, rien ne serait possible », reconnaît le directeur général, Sylvain Gagnon.

Pexal Tecalum utilise une presse d’extrusion d’une capacité de 3 000 tonnes fabriquée par Tecalex et capable d’extruder des pièces de plus de 16 mètres (55 pieds).

23Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201522 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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tallations. À peine quelques mises au point d'usage et tout était prêt pour répondre aux commandes de ses clients, indique-t-elle en entre-vue. Alimentée en extrusions par l'usine almatoise Pexal Tecalum Canada, qui est érigée à envi-ron 60 kilomètres de son usine, SigmaDek jouit d'un environne-ment idéal pour s'épanouir.

« L'apport de Pexal est très important dans notre plan d'af-faires. Nos extrusions sont à portée de main, d'une qualité irréprochable et elles sont dis-ponibles à un prix plus que concurrentiel. L'usine d'extru-sion d'Alma faisait clairement partie de l'équation lors de l'im-plantation de nos installations », réitère la directrice générale de SigmaDek. En ce moment, une dizaine de travailleurs occupent les quelque 85 000 pieds carrés de l'usine.

Quatre États américains dans la mire.Conformément au plan de développement élaboré par la direction, SigmaDek se lancera prochainement à l'assaut des États-Unis, plus précisément en Californie, dans l’Utah, au Colorado de même qu'au Texas. Au moment de l'entretien, deux Américains étaient à l'usine de Saguenay à des fins de formation.

« Nous commençons dans ces quatre États, car là-bas les terrasses sont utilisées toute l'année. Également, les coûts de transport ne sont pas vraiment plus onéreux que si nous allions à Vancouver. Bref, exprime Marlène Deveaux, ce sont des marchés naturels, qui ont un potentiel 10 fois plus important qu'au Canada en raison de la population. »

La directrice générale poursuit en mentionnant la faiblesse du dollar canadien, laquelle constitue un avantage considérable dans une logique d'exportation.

« Nous, on fabrique en canadien et on vend en américain. C'est la situation parfaite. Les planètes sont alignées. » Contrairement à la stratégie mise de l'avant au Canada, SigmaDek n'entend pas s'associer à un partenaire exclusif, tel Home Depot, pour écouler ses terrasses sur le territoire américain. L'entreprise manufacturière préfère plutôt offrir ses services directement aux entrepreneurs généraux, et ce, sans intermédiaire. Les clients ciblés auront alors accès à des prix plus compétitifs.

La qualité avant tout pour une clientèle distinguée.Marlène Deveaux souligne que des pourparlers sont en cours avec les dirigeants de Home Depot afin de pouvoir faire de même au Canada dès l'an prochain. « Dans un an, on espère avoir cette même flexibilité au Canada. Nous avons

une entente d'exclusivité, mais nous sommes en discussion pour la modifier. Nous ne voulons pas couper les ponts avec Home Depot, car ça demeure une merveilleuse carte de visite pour nous. Mais, les entrepreneurs généraux sont essentiels à notre développement et, malheureusement, ils ne font pas tous affaire avec cette chaîne. »

Les produits signés SigmaDek sont destinés à une clientèle distinguée, pour qui la qualité d'un produit prime sur son prix. « Nous visons les marchés moyen et haut de gamme. Quand tu vends une maison ou un condo d'un demi-million, il faut nécessairement une terrasse. Les constructeurs de maisons haut de gamme offrent un service clés en main. Nous sommes dans un secteur où les gens sont prêts à payer pour un patio comme ils le feraient pour un garage. Ils veulent un produit qu'ils n'auront plus jamais à toucher. 

Une terrasse SigmaDek est un ensemble qui ne pourrira pas, ne se fissurera et ne se déformera jamais, assure la direction.

CONCEPTION DE TERRASSES HAUT DE GAMME

SIGMADEK CHOISIT LA VALLÉE DE L'ALUMINIUM« SUCCÈS DE DÉMARRAGE INESPÉRÉ », CLAME LA PDG MARLÈNE DEVEAUX

PAR MARC ST-HILAIRE

En mai 2015, Québec, Ottawa et la Ville de Saguenay unissaient leur voix à celle de l'Albertain Tory Weber afin de confirmer l'implantation, dans le secteur de La Baie, d'une unité de fabrication de terrasses d'aluminium préusinées et de surfaces de porcelaine haut de gamme SigmaDek adoptait ainsi le Québec comme terre d'accueil et nouveau chef-lieu opérationnel, abandonnant ses activités en Asie de même qu'à Calgary, où était établi le siège social de l'entreprise

D'une part, le gouvernement du Québec confirmait un prêt de 1,5 million $, d’Investissements Québec; tandis qu’au fédéral, l'aide accordée à Tory Weber et ses partenaires s'élevait à 1,9 million $. D’autre part, Promotion Saguenay, lev ier de développement économique de la municipalité, emboîtait le pas avec un octroi

de 500 000 $, pour un projet qui a nécessité, globalement, un investissement de plus de 15 millions $.

L'entreprise arrivait au Québec avec une maturité déjà acquise, forte d'un contrat de distribution avec la chaîne de quincailleries Home Depot. Figure bien connue dans la transformation de l'aluminium, la femme d'affaires Marlène Deveaux s'est jointe à l'équipe de SigmaDek en acceptant le poste de directrice générale de l'usine baieriveraine. Entre autres faits d'armes, cette dernière a fondé l'entreprise jonquiéroise Revêtement sur métaux (RSM), spécialisée dans le traitement de surface et l'application de peinture en poudre sur l'acier et l'aluminium. C'est aujourd'hui ses fils qui en assurent la relève.

Quatre mois se sont écoulés depuis la conférence de presse officialisant la venue de SigmaDek en plein cœur de la Vallée de l'alu-minium. Avec du recul, la direc-trice générale qualifie de succès inespéré le démarrage de ses ins-

| DOSSIER

SigmaDek a installé son centre d’opération au Saguenay pour produire ses terrasses haut de gamme en aluminium.

Marlène Deveaux, directrice générale de SigmaDek et fondatrice

de l’entreprise Revêtement sur Métaux (RSM).

25Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201524 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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PME PME

INNOVER CONCEVOIR ÉQUIPER TRANSFORMER

economie.gouv.qc.ca/aluminium

STRATÉGIE QUÉBÉCOISE DE DÉVELOPPEMENT DE L’ALUMINIUM

Une stratégie pour tous les maillons de la chaîne de valeur québécoisevisant à doubler la transformation de l’aluminium au cours des dix prochaines années

32,5 M$ investis pour sa mise en œuvre au cours des trois premières années (2015-2018)

L’AVENIRprend forme

Girafe métallique qui ne passe pas inaperçue, la nouvelle grue géante de l’entreprise sague-néenne Démex inc devient l’équipement par excellence pour assurer la démolition de ponts, de pylônes, de bâtiments industriels ou d’immeubles de grand gabarit

Président de l’entreprise, Denis Tremblay souligne, en entrevue, que cet engin de 42 mètres de hau-teur et d’un poids de 282 000 kilo-grammes, tout à fait hors norme, peut accomplir une tâche consi-dérable en peu de temps. Autre particularité de cette machine  : elle utilise une huile biologique qui protège l’environnement. Divers accessoires, tels cisailles, broyeurs à béton, pics, perceuses et autres, peuvent être fixés au mât de la pelle selon l’usage requis.

Le savoir-faire de plusieurs équipes d’ ingénieurs a été nécessaire pour la fabrication de cet équipement de même que pour l’intégration de toutes les composantes hydrauliques, mécaniques et numériques. Il a été prévu aussi que, pour faciliter son déplacement d’un chantier à l’autre, il puisse être démonté et remonté en blocs modulaires comme un imposant jeu de Lego.

L’entrepreneur Tremblay précise que la «girafe» va procéder au cours des prochains mois au démantèlement des anciennes salles de cuves de l’aluminerie Rio Tinto Alcan, à Shawinigan. «  Toute l’usine, exception faite de quelques bâtiments, va passer sous le pic de nos équipes de travailleurs expérimentés. »

Des chevaliers de l'environnement à l'œuvre partout... même aux Îles Caïcos.C e m o n s t re m ét a l l i q u e , poursuit- il, est commandé par un employé senior qui doit constamment fa i re preuve de sang-froid, car le moindre écar t de manipulation dans la cabine d’opération peut se traduire, quelques étages plus haut, par une amplitude d'un à deux pieds. Il faut savoir, fait remarquer l’entrepreneur, que quelques-uns de nos travaux de chantier sont exécutés à proximité d’immeubles multi -étages et d’artères avoisinantes

LES GRANDS TRAVAUX DE DÉMOLITION

LA « GIRAFE » DE DÉMEX FAIT TOURNER LES TÊTESLA GRUE GÉANTE EST DÉPLACÉE D'UN CHANTIER À L'AUTRE COMME UN JEU LEGO

PAR YVON BERNIER

Ce nouvel engin s'avère un atout de plus pour la direction de l’entreprise

Démex et de sa filiale Centrem.

27Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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PME PME

Fondé en 1972 par Gordon Bain, Groupe Océan porte alors la raison sociale de Aqua-Marine et se spécialise dans les travaux sous-marins Plus tard, l’entreprise intègre des services de remorquage pour ensuite se lancer dans le transport maritime Au cours des années 90, les acquisitions se multiplient et, au moment où l’on écrit ces lignes, Groupe Océan est un chef de file au chapitre des services maritimes intégrés au Canada Portrait d’une entreprise qui a répondu aux besoins de sa clientèle en créant ses propres divisions spécialisées

« La gamme complète de services de Groupe Océan comprend le remorquage, le service aux pilotes, le transport maritime, la locat ion d’équipements maritimes, la construction et la réparation navale et industrielle, de même que le dragage et le sauvetage maritime  », explique

Philippe Filion, le directeur des affaires publiques et corporatives. Il précise que les deux dirigeants de l’entreprise sont Gordon Bain, président et chef de la direction, ainsi que Jacques Tanguay, premier vice-président et directeur général. Groupe Océan compte plus de 800 employés répartis dans 4 provinces canadiennes.

Fabrication de passerelles tout alu à Terre-Neuve.Interrogé sur les différents usages de l’aluminium dans les activités de Groupe Océan, Philippe Filion répond que ce métal est de plus en plus utilisé. « Il y a quelques années, nous avons construit des petits bateaux pilotes en aluminium et ils fonctionnent toujours très bien. De surcroît, la structure de la timonerie de plusieurs navires est fabriquée en alu. En ce qui nous concerne,

nous comptons parmi notre personnel des experts certifiés en soudure d’aluminium et nous faisons de plus en plus appel à leurs services. Je pense notamment aux passerelles d’aluminium que nous fabriquons pour la plateforme de forage du projet Hebron, situé au sud de Terre-Neuve. Ces passerelles sont installées sur des anciens navires de la compagnie AML et sont utilisées pour assurer le passage des gens de la terre à la plateforme. »

GROUPE OCÉAN

LA FORCE DU SERVICE INTÉGRÉL'ENTREPRISE COMPTE 800 EMPLOYÉS DANS 4 PROVINCES CANADIENNES

PAR JACQUES BÉLANGER

L’Ocean Tundra, un remorqueur qui contient des éléments en aluminium comme la passerelle, la timonerie et les échelles.

achalandées comme ce fut le cas, par exemple, à l’Hôtel de la Montagne, à Montréal, en 2012.

L’échangeur Turcot de Montréal, la cheminée de 162 mètres de l’usine Horne à Rouyn-Noranda tout comme le démantèlement de l’usine Gaspésia à Chandler, sont autant de sites industriels où Démex démontre qu’elle a la pleine capacité de réaliser des contrats de démolition d’envergure. L’ajout récent d’un engin d’avant-garde combiné aux nombreux autres équipements standards (pelles, chargeuses, remorques notamment) dont l’entreprise dispose rend possibles les travaux de démolition considérés comme complexes.

« En somme, notre champ d’action s’étend from coast to coast, au Canada. On peut intervenir aussi au plan international si un promoteur retient nos services. Par exemple, aux Îles Caïcos, en 2004, nous avons procédé à la démolition complète d’un complexe hôtelier qui comptait 400 chambres. Cette opération avait d’ailleurs duré 93 jours et impliqué la mise en place d’une logistique et d’un échéancier serrés. »

« Autant de chantiers, autant de défis nouveaux à relever », résume-t-il.

C'est la relève qui fera face aux défis de l'avenir.Invité à commenter le développe-ment prochain de Démex, le pré-sident dit croire que l’entreprise peut compter encore sur une bonne décennie d’activités soute-nues. « Mon pronostic, je le fonde sur le fait que les papetières ont amorcé le déclin que l’on sait, que les alumineries modernes doivent être de plus en plus effi-cientes — métal du XXIe  siècle oblige — et que la relève de chez nous est en bonne voie de réalisa-tion. » De fait, le flambeau est sur le point de passer à ses deux fils, Dany et Yannick, ainsi qu’à l’un de ses frères. Propos que corrobore d’ailleurs sans aucune hésitation, son fils Dany, actuel directeur des opérations. 

Les fils du président Denis, Dany et Yannick Tremblay, et l’un de ses frères forment la relève appelée à présider les

destinées du consortium Démex-Centrem.

Surnommée la Girafe, cette grue géante fait 42 mètres de hauteur

et pèse 282 000 kilos.

Gordon Bain, fondateur de Groupe Océan, assume les responsabilités de

président et chef de la direction.

29Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201528 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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Quant aux avantages d’utiliser l’aluminium, ils semblent nom-breux. « Nous aimons beaucoup l’aluminium en raison notamment du poids et de sa flexibilité en mer, soutient Philippe Filion. Et, même si son coût de base est plus dispendieux que celui de l’acier, l’économie de poids en vaut amplement la chandelle. Nous avons certains bateaux en aluminium construits il y a plus de 20 ans et ils ont l’air neufs. Groupe Océan se tourne de plus en plus vers ce métal. » À ce sujet, M. Filion mentionne que Groupe Océan s’apprête à fabriquer un nouveau type de remorqueur qui sera construit, en partie, en alu-minium. « Cela donnera plus de maniabilité au remorqueur, sans oublier les économies de carbu-rant qui en découleront. »

Cale sèche flottante d’une capacité de 8 000 tonnes.Parmi les grands projets que réa-lise Groupe Océan, mentionnons l’ouverture d’un chantier situé au Nouveau-Brunswick où l’on pro-cède à la construction d’une cale sèche flottante pouvant accueil-lir des navires de 8 000 tonnes, une réalisation estimée à 29 M$. « Ce type d’installation est très rare. La nôtre sera flottante, donc mobile, et pourra être utilisée dans le cadre de nos activités. » D’une longueur de 420 pieds, la cale sèche flottante sera bâtie en trois sections dans le Centre naval du Nouveau-Brunswick à Bas-Caraquet. « De plus, cette réalisation permettra de relancer

un chantier qui était fermé depuis déjà huit ans », précise M. Filion.

C’est à Travaux Maritimes Océan qu’a été confié le transport du nou-veau treillis modulaire en acier de 50 tonnes qui remplace la super poutre du pont Champlain. Cette division de Groupe Océan a fourni un grand nombre de barges pour ce chantier qui a mobilisé une cin-quantaine de personnes 24 heures par jour pendant plusieurs jours.

D’importants travaux de dragage ont également été effectués par l’entreprise, dont celui de tron-çons de la Traverse du Nord et de Bécancour. Depuis sep-tembre 2012, la nouvelle drague à élinde traînante extrait quelque 70 000 m3 de sédiments chaque année dans le cadre du contrat de dragage d’entretien de la Traverse du Nord. Ce dragage rend les tron-çons de la Traverse du Nord et de Bécancour plus sécuritaires pour les 6 000 navires qui y transitent annuellement.

Percée au Mexique avec le dragage du Port de Dos Bocas.En octobre 2013, Groupe Océan obtient son premier contrat international pour le dragage du Port de Dos Bocas au Mexique. « Ce contrat nous a permis de pénétrer le marché international et de sonder des territoires comme les Îles Vierges et la République dominicaine. À ce sujet, nous avons réalisé d’intéressants contrats de dragage, notamment du Port de San Pedro de Macoris,

en République dominicaine, un contrat qui représente 35 000 m3 de sédiments à extraire. »

Entre-temps, Groupe Océan conti-nue de proposer ses connais-sances de l’aluminium à divers paliers de l’économie. « Notre expertise nous permet de travail-ler dans le secteur de l’industriel comme la construction de bases d’éoliennes en aluminium, par exemple. Pour tout dire Groupe Océan est en mesure d’effectuer une foule de réalisations selon les besoins de notre clientèle, et ce, dans les très hauts standards de qualité qui sont les nôtres. En diversifiant nos champs d’exper-tise, nous avons pu développer un ensemble de services qui font de notre entreprise un chef de file des services intégrés », conclut Philippe Filion.

Rappelons que Groupe Océan est membre de la Grappe indus-trielle de l’aluminium du Québec (AluQuébec) dont le rôle est d’as-surer la coordination de l’industrie québécoise de l’aluminium. 

D’une longueur de 420 pieds, cette cale sèche flottante sera bâtie en trois sections dans le Centre naval du Nouveau-Brunswick à Bas-Caraquet.

Montage d’une structure d’aluminium pour un client externe.

PME PME

Dans l’État de New York, la compagnie JS Metaliquide du Groupe Jules Savard de Saguenay transporte régu-lièrement par camion, sur un parcours de 250 kilomètres, de l’aluminium en fusion entre l’aluminerie de Massena et le laminoir d’Oswego Une dizaine d’employés tant québé-cois qu’américains voient à ce que tout aille sur des roulettes pour chacune des cargaisons livrées et, à l’occasion, ceux-ci doivent parcourir des distances de plus de 560 km au Québec, et ce, même dans des conditions hivernales

Pour assurer ce type de service, confie en entrevue le directeur des opérations, Guy Savard, JS  Metaliquide a développé, au

fil des ans, une solide expertise dans la fabrication de remorques et de creusets spéciaux dont la capacité de métal en liquide est de 16  000  kilogrammes. « Pour accommoder une partie de notre clientèle, nous en avons même conçu un particulièrement perfor-mant dont la capacité dépasse les 24 000 kilogrammes. »

Des creusets conçus pour assurer une sécurité exemplaire.Une équipe composée de Guy Savard, d’ingénieurs, de techniciens et d’un chargé de projets ont mis en commun leurs compétences pour la conception d’une dizaine de creusets spéciaux et de leurs

accessoires. Ces contenants se démarquent particulièrement par l’inclusion dans leurs parois de produits réfractaires de grande qualité, d’isolants thermiques et de capteurs spéciaux. Leur arrimage aux camions et aux remorques a été pensé aussi pour que les opérations de remplissage, vidange et entretien soient hautement efficaces.

En somme, précise le directeur, toutes les mesures sont prises pour prévenir tout « gel » catastrophique de l’aluminium liquide pendant la durée des trajets à effectuer d’un point A à un point B.

L’ensemble des contrats de transport que notre compagnie a rempli sans anicroche, ici et là en Amérique du Nord, depuis 2008,

LIVRAISON D'ALUMINIUM LIQUIDE

JS METALIQUIDE ÉLIMINE LES DISTANCESLE GROUPE JULES SAVARD APPLIQUE UNE EXPERTISE UNIQUE

PAR YVON BERNIER

Fruit d’une solide expertise et de recherches soutenues, les creusets de l’entreprise JS Metaliquide du Groupe Jules Savard sont dûment brevetés tant auprès des instances canadiennes que celles américaines.

Jules Savard, fondateur et président-directeur général du

Groupe Jules Savard inc.

31Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201530 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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totalise quelque 500 000 tonnes métriques d’aluminium en fusion sur une distance totale d’environ 3 millions de kilomètres, rappelle le directeur avec grande fierté.

Le transport de métal en fusion connaîtra une grande croissance.La direction de l’entreprise Groupe Jules Savard porte, comme il se doit, une attention spéciale au transport de la divi-sion JS Metaliquide, car il s’agit de charges hors-normes et de transport de matières dange-reuses. Guy Savard signale que la

sécurité doit primer en tout temps en regard des règlements sur les matières dangereuses, la qualité de l’environnement et le trans-port. « Les processus de contrôle établis auprès de nos clients, la mise en application immédiate, si besoin est, d’un plan de contin-gence et l’application des normes en deçà et au-delà des territoires frontaliers doivent être sans faille. Au chapitre de la sécurité, nous tenons à être LA référence », insiste-t-il.

Le directeur Savard considère par ailleurs qu’en Amérique du Nord, le transport d’aluminium en fusion est appelé à augmenter. Il fonde son propos sur le fait que le déplacement de cargaisons de point

à point évite aux transformateurs une refonte de leur produit à partir de lingots, de billettes ou de plaques de laminage. De surcroît, il leur procure des économies appréciables, de temps, de coûts d’énergie et contribue à la réduction des impacts environnementaux.

Le directeur signale de plus, en fin d’entrevue, que la signature prochaine de JS Metaliquide d’un important contrat de transport de métal en fusion d’une durée d’au moins un an avec une aluminerie québécoise — dont il refuse de donner le nom pour l’instant — témoigne de cette lente mais constante progression. 

Le directeur des opérations, Guy Savard, de la division JS Metaliquide, se dit confiant que les producteurs nord-

américains d’aluminium liquide vont rendre disponible aux transformateurs

une plus grande quantité de leurs produits au cours des prochaines années.

32 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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soudure de Make-A-Bridge® afin de le rendre commercialisable. Il a fallu, entre autres, concevoir un moule en acier, un investissement considérable pour une entreprise en émergence, et faire les tests nécessaires pour vérifier la solidité du produit.

Alexandre de la Chevrotière ne tarit pas d’éloges sur l’appui du Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium (CQRDA), en particulier sur l’aide reçue de Jean-Marie Sala. « C’est clair que MAADI ne serait pas là aujourd’hui sans le CQRDA. L’industrie de l’aluminium est un domaine où le développement coûte cher ». Les structures conçues par l’équipe de MAADI peuvent aujourd’hui supporter une charge vive allant jusqu’à 490 kg/m2 (100 lb/pi2) pour les longues portées, mais peuvent également soutenir des charges vives beaucoup plus élevées pour les petites portées, ce qui signifie qu’un véhicule de 1,5 tonne peut circuler sans problème sur ces dernières.

En plus de son pont modulaire, MAADI continue de concevoir et de construire des ponts en aluminium soudé. C’est ce produit qui lui a permis de subsister

jusqu’au développement de Make-A-Bridge®. Le déménagement de MAADI à Boucherville lui a été bénéfique à plusieurs points de vue. Elle a pu dire au revoir aux intermédiaires dans le processus de création du produit, ce qui lui permet de contrôler la totalité du processus, du dessin au produit final. Elle dégage ainsi une marge de profit satisfaisante, tout en offrant un prix compétitif à ses clients. La transition s’est faite en douceur, puisque Alexandre a toujours travaillé de près avec ses manufacturiers.

« L’usine a l’espace adéquat pour loger nos équipements et construire nos ponts », explique le pdg en montrant l’atelier, qui est visible grâce à une fenêtre aménagée dans la salle de conférence. Les locaux possèdent de grandes dimensions; la machine-outil à commande numérique, installée sur la chaîne de montage, est très apparente. « Les locaux ont aussi une division idéale avec 70  % de l’espace consacré à l’usine et 30 % aux bureaux, alors que le ratio habituel correspond respectivement à 90 % et 10 %. C’est important dans notre cas, puisque nous sommes une firme de génie-conseil. »

Un succès basé sur la visibilité et la qualité.Mais, selon le jeune président, le souci de rejoindre les acheteurs potentiels a joué un rôle déterminant dans la réussite des dernières années. « Depuis le début, on se préoccupe de communiquer le plus possible le résultat de nos études et de nos tests par le biais du site Internet de la société », explique M. de la Chevrotière. Tous les jours, le président-directeur général reçoit des courriels au sujet de ses produits qui se retrouvent dans un catalogue en ligne, abondamment illustré et disponible sur son site. De plus, MAADI dépense des sommes importantes en communications et, jusqu’à tout récemment, une responsable du marketing et communication, spécialisée dans le domaine de l’aluminium, travaillait pour l’entreprise à partir de Chicago.

MAADI publie aussi les résultats des tests qu’elle mène sur ses produits dans les publications spécialisées. Elle a d’ailleurs l’intention de démolir un de ses ponts pour mieux examiner les conséquences sur ses modules. « Je ne connais pas beaucoup d’entreprises qui sont prêtes à détruire leur produit dans le but de l’améliorer », s’exclame le pdg. Et quelle sera la prochaine étape pour MAADI? « Construire des ponts routiers en aluminium. Nous sommes prêts », lance l’entrepreneur. 

Depuis la rencontre d'Al13, en 2008, avec le constructeur de ponts en aluminium MAADI Group, beaucoup d’eau a coulé… sous les ponts! Le fon-dateur et pdg, Alexandre de la Chevrotière, en convient lui-même « Depuis ce temps, notre chiffre d’affaires a quintuplé, voire sextuplé! On n’est une plus start-up Aujourd’hui, on fait partie des ligues majeures »

MAADI Group n’a plus en effet ses allures de start up, logeant dans les locaux du Centech, l’incubateur d’entreprises technologiques de l’École de technologie supérieure. Depuis le début de janvier 2015, cette PME a pris demeure dans le quartier industriel de Boucherville, où elle a trouvé les locaux parfaits pour assurer sa croissance. « Le volume de commandes devenait de plus en plus important », raconte M. de la Chevrotière. J’ai essayé de m’entendre avec les sous-traitants avec lesquels je faisais affaire, mais ça n’a pas

été possible. On a donc décidé de faire le saut et de construire nos produits nous-mêmes. »

Un produit haut de gamme accessible.La jeune société tire son succès de son pont modulaire en aluminium sans aucune soudure, inspiré du fabricant scandinave bien connu, IKEA. Le concept breveté appelé Make-A-Bridge® a débuté modestement, mais 10  ans après son lancement officiel, il représente la moitié des ventes de MAADI. « Ce que nous faisons, c’est du haut de gamme. C’est un peu plus cher, mais c’est beaucoup plus beau, ça s’exporte facilement et, en prime, ça s’anodise! »

La formule du pont Make-A-Bridge® a fait mouche auprès des clients: tout comme les autres produits de MAADI, il est de qualité, durable, facile à assembler

(même par une main-d’œuvre non spécialisée) et disponible rapidement. De surcroît, comme il est vendu en kit, il est possible de l’acheminer à des endroits difficiles d’accès, puisqu’il est désassemblé dans des boîtes.

À part son produit breveté, la société vend aussi des ponts piétonniers, des débarcadères pour traversiers et ponts flottants, des nacelles et des structures: le tout expor té jusqu’aux Philippines. Elle réalise d’ailleurs 90 % de son chiffre d’affaires à l’international et chaque contrat se chiffre dans les centaines de milliers de dollars.

L'aide précieuse du CQRDA et de Jean-Marie Sala.MAADI a consacré une bonne partie des dernières années à adapter le brevet du module sans

LA MERVEILLEUSE AVENTURE DE MAADI GROUP

KIT EN STOCKLE CONSTRUCTEUR DE PONTS ENTRE DANS LES LIGUES MAJEURESPAR CÉLINE NORMANDIN

MAADI s'est équipée pour ses nouveaux ateliers d'un robot soudeur

qui lui permet d'augmenter son rythme de production.

Alexandre de la Chevrotière est

enthousiaste depuis le déménagement du siège

social de MAADI dans le quartier industriel de

Boucherville.

PMErecherche

Alexandre de la Chevrotière, président de MAADI, dans son nouvel atelier.

35Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201534 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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MGB Électrique, une PME de Saint-Pie, un peu à l’est de Montréal, fait confiance au développement d’un système de protection contre les arcs électriques pour poursuivre sa croissance des dernières années L’entreprise familiale, spécialisée dans l’appareillage de commutation de basse et de moyenne tension ainsi que dans les bâtiments E-House, se démarque des géants du domaine par une approche personnalisée de chaque projet

Développement d’une cellule plus sécuritaire.Au cours des dernières années, MGB Électrique a connu une forte croissance. Le président Jean-François Brodeur relate : « Le chiffre d'affaires, qui se situait entre 5 et 7 M$, il y a 5 ans, a doublé à la

suite du gros projet confié par Cliffs Natural Ressources. On a passé le cap des 10 à 12 M$ et le personnel a connu la même progression pour atteindre 80 employés. »

Pour maintenir cette ascension, la PME mise sur une cellule résistante aux arcs internes (arc proof design). Un système qui empêche les déflagrations de sortir de la cellule advenant une faute électrique, permettant ainsi d’éviter que le reste du matériel de la chambre électrique ne soit endommagé et, surtout, de protéger les personnes qui pourraient être présentes, notamment de l’arc électrique pouvant atteindre 39 000 °C.

Il s’agit de l’étape naturelle, puisque « c’est de plus en plus exigé au Canada et en Amérique du Nord, explique monsieur Brodeur. Comme on ne l’avait pas, on se concentre sur le marché local, mais une fois le système développé, nous allons pouvoir

nous attaquer aux gros joueurs. » En fait, les multinationales liées au domaine de l’appareillage des grandes puissances électriques possèdent ce type de système depuis une quinzaine d’années et, de surcroît, les compétiteurs de MGB développent eux-mêmes ce produit. Le créneau était plutôt important, puisque « ça prend une certaine solidité d’entreprise, une certaine capacité de production pour suivre le courant. Il y a 15 ans, l’entreprise n’avait pas de clientèle, pas de marché pour ça. Et le test final du système est très onéreux : c’est un test de près de 75 000 $, où il faut faire exploser une cellule prototype qui vaut entre 25 et 40 mille dollars. »

La compagnie se démarque dans l’emploi du matériau pour son système à l’épreuve des arcs internes. Traditionnellement, c’est l’acier qui était employé pour résister aux contraintes amenées par la grande quantité d’énergie,

MGB ÉLECTRIQUE ET SES TROIS DIVISIONS

LES SPÉCIALISTES DU SUR-MESURELA PME EST PRÊTE À AFFRONTER LES PLUS GRANDS DÉFISPAR ARIEL LAFORGE D’ANJOU

de chaleur et de pression produite par le développement d’un arc. Mais MGB Électrique utilise une approche différente en employant des extrusions d’aluminium pour absorber le choc de l’impact. Contrairement à l’acier qui nécessite des soudures en continu et des pliages complexes, les extrusions d’aluminium facilitent l’assemblage de toutes les formes et configurations des profilés nécessaires à une structure hermétique qui pourra contenir tout le phénomène de développement de l’arc. L’aluminium, grâce à cette facilité d’assemblage, permet de retirer uniquement un module endommagé.

MGB Électrique tire ses origines de la division MGB transformateurs, créée par Michel Brodeur en 1979, soit Les Équipements MGB. Au début, les activités consistaient à acheter et à revendre des appareillages de puissance électrique d’occasion, remis à neuf. Au milieu des années 90, l’entreprise a acquis des certifications CSA (Canadian Standard Association) pour développer une offre de produits neufs et répondre à une demande pour de l’appareillage pouvant aller jusqu’à 25 kV et 600 V à 6 000 A.

En 2000, les fils de Michel Brodeur, Jean - François et Pierre-Alexandre, plutôt que de simplement racheter l’entreprise familiale, fondent MGB Électrique qui récupère les employés et l’équipement de production de l’ancienne compagnie. Aujourd’hui, l’entreprise familiale regroupe trois divisions : MGB Électrique, le cœur de la compagnie, Transformateurs, toujours spécialisée dans l’achat et la revente d’appareillage d’occasion, et Technotrans, une nouvelle entreprise mise sur pied en 2012, qui offre un service de bobinage, de modification et de réparation de transformateurs.

D'importants projets propulsent l'entreprise.MGB Électrique est spécialisée pour répondre aux besoins d ’appare i l l age de grands consommateurs d’électricité. Contrairement aux multinationales qui n’offrent que des produits standards, l’entreprise a une approche personnalisée par projet  : « On se définit comme une OEM (Original Equipment Manufacturer), dit Jean-François Brodeur. C’est-à-dire qu’on a un produit certifié CSA, dont les composantes sont fabriquées par quelqu’un d’autre. Nous, on fait l’assemblage. Un client qui a un projet un peu particulier fait appel à des gens comme nous. »

La compagnie s’occupe de l’appareillage de chambres électriques, mais fabrique aussi des bâtiments de type E-House : des chambres électr iques modulaires équipées sur mesure qui permettent une installation externe aux bâtiments existants, soit pour compenser un problème de manque d’espace ou pour pallier les contraintes conséquentes à l’éloignement des centres urbains, ce qui est le cas des exploitations minières, par exemple.

L’entreprise a réalisé de nombreux projets d’envergure : E-House pour Rio Tinto, installation intérieure et extérieure de 25 kV pour l’Agence métropolitaine de transport, E-House pour la mine Wabush à Pointe-Noire, cellule extérieure avec appareillage de 25 kV pour le port de Sept-Îles, E-House et appareillage pour l’hôpital Charles-Lemoyne, appareillage de 600 V pour la centrale de la Trenche d’Hydro-Québec et 25 E-House pour la mine Cliffs au lac Bloom.

Ce contrat d’importance aura mis à l’épreuve son organisation: « La route d’accès avait été coupée en raison d’un pont endommagé. La cadence a dû être accélérée pour tout livrer par le même bateau qui partait de Bécancour… un petit casse-tête de production. » Ce qui prouve que MGB Électrique est prête à affronter n'importe quel défi. 

PME PME

On aperçoit un des bâtiments préfabriqués monobloc que propose l’entreprise, lequel peut être construit selon les

spécifications du client.

Pierre-Alexandre Brodeur, vice-président, Jean-François Brodeur,

président, Yves Thibault, directeur RD.

MGB Électrique possède un des plus imposants stock de transformateurs de puissance et

d’appareillage de commutation usagé au Canada.

37Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201536 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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| CHEF-D’ŒUVRE |Cela fait près de 30 ans que Devinci redéfinit les standards

de l’industrie en concevant et en fabriquant des vélos. La qualité de notre savoir-faire est attribuable à notre formation rigoureuse ainsi qu’à un personnel dévoué

composé de cyclistes passionnés, d’ingénieurs qualifiés et de concepteurs visionnaires. L’équipe Devinci ne compte

plus les milliers d’heures investies à faire de la recherche et des tests, à intégrer, analyser, inventer, concevoir,

produire, souder, revérifier, usiner, calculer, assembler, peindre, rouler, discuter, anticiper, influencer, célébrer,

agrandir, aider, recycler, rire, sourire et par-dessus tout, à croire. Tout ça et bien plus encore. La confiance et la réussite font notre marque.

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Félix Gauthier aborde l’avenir de son entreprise comme un défi sans cesse à relever. La qualité et l’innovation sont ses meilleurs atouts pour parer à toute éventualité.

Devinci pédale plus vite et plus loin que jamais L’entreprise saguenéenne ne s’est pas laissée démonter par les dommages collatéraux du BIXI, lors des déboires finan-ciers de la Société montréa-laise de vélos en libre-service (SVLS), ni par la concurrence féroce du marché asiatique Au contraire, Félix Gauthier et son équipe se révèlent plus forts de chaque expérience que cette dernière soit posi-tive ou négative Le secret? Aborder leur produit dans ses moindres détails comme une science Recherche et innova-tion Qualité et variété Être à l’affût du meilleur matériau, du meilleur technicien comme du meilleur ambassadeur Et mettre en valeur le produit concerné entre les mains de jeunes champions coureurs

« Chaque jour est un défi. Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Il faut être prêt à parer à toute éventualité. La qualité et l’innovation seront toujours au cœur de notre entreprise », conclut Félix Gauthier, dans l’historique de Devinci, publié sur le site Web de l’entreprise.

Répondre aux attentes d’une grande variété de sportifs.La PME de Chicoutimi pro-pose actuellement quelque 27 modèles de bicycles déclinés en 115 variantes. Tout est mis en œuvre pour répondre aux attentes d’une grande variété de cyclistes : les coureurs professionnels, les randonneurs de montagne ou de ville, les sportifs de la neige. La PME propose des vélos exclusifs aux femmes, des vélos hybrides, ergonomiques. S’ajoutent les vélos électriques, mus par le système de propulsion de la compagnie onta-rienne BionX. Autres fleurons de l’entreprise : les vélos à double suspension équipés du Split Pivot.

Les cyclistes se démarquent dans les compétitions, tel Steeve Smith, de l'équipe Devinci Global Racing Team, qui a remporté, en 2013, la Coupe du monde en descente. Heureux résultat marquant l’as-sociation de Cycles Devinci et de Dave Weagle (détenteur du brevet), ce qui a fait de la PME le premier manufacturier à utiliser la techno-

logie Split Pivot sur vélos à double suspension. En s'associant à des équipes sportives et à des athlètes, l’entreprise Cycles Devinci s’est propulsée sur la scène internatio-nale. En effet, David Veilleux, pre-mier Québécois à compléter le Tour de France en 2013 et, maintenant ingénieur, l’a confirmé en rejoignant Devinci à titre d’expert-conseil.

Recherche et innovation au cœur d’une stratégie sans cesse en évolution. Toutes les étapes ont lieu sur place : la conception, la fabrication, l’usinage, le traitement thermique, les essais de fatigue et l’assemblage final.

Devinci compte 400 points de vente au Canada, aux États-Unis et en Europe; de surcroît, l’entre-prise fait affaire avec différents dis-tributeurs dans le monde, assure Maxime Lamirande, directeur des ventes internationales chez Cycles Devinci, sur le site Tonvélo.ca, qui sert de guide pour l’achat de vélos au Québec. « En plus de l'usine à Chicoutimi, Cycles Devinci opère, en passant par de tierces parties, 4 entrepôts, soit à Montréal, à Vancouver, à Grande Prairie au Texas et à Rotterdam aux Pays-Bas. » 

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DEVINCI RAYONNE PLUS QUE JAMAISQUALITÉ ET INNOVATION AU CŒUR DE L’ENTREPRISEPAR CHRISTIANE LAFORGE

39Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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PABER ALUMINIUM DE CAP-SAINT-IGNACE

LES MAÎTRES DU MOULAGE AU SABLE RÉSINEUXPREMIÈRE FONDERIE CANADIENNE CERTIFIÉE ISO 9001PAR ARIEL LAFORGE D'ANJOU

Paber Aluminium, une PME dynamique solidement implan-tée dans sa localité de Cap-Saint-Ignace, se spécialise dans le moulage de l’aluminium par gravité L’entreprise familiale fait figure de proue répondant aux exigences strictes de clients provenant de divers domaines : médical, industriel, électrique, militaire et celui du transport

Fondée en 1981 par Luc Paris, Paber Aluminium se spécialise dans le moulage à sable à vert, à sable résineux et permanent. Chaque procédé permet de s’adapter aux besoins et aux spécifications de chacun des projets. Particulièrement fier de son expertise en moulage à sable résineux, l'entreprise a récolté plusieurs reconnaissances du milieu en 2014-2015 pour l’amélioration du processus industriel.

Une PME qui répond aux exigences des grandes sociétés.À la suite d’innombrables heures de recherche et développement, d’ingénierie et de durs labeurs par l’équipe de production, l'entreprise a réussi à redéfinir et à repousser les limites du moulage au sable résineux pour offrir à sa clientèle un procédé qui rencontre les caractéristiques auparavant réservées au procédé de moulage « V-process ». Un procédé de fabrication compétitif et encore plus intéressant d'un point de vue technique, particulièrement sous un angle dimensionnel et esthétique. Voilà ce que Paber propose aux plus grandes sociétés de l’industrie (GE, Alstom, Siemens, Hologic, TRUMPF, et autres).

La fierté du travail fait par tous ses employés a pu être célébré par Paber, et ce, à plusieurs reprises au cours des derniers mois : récipiendaire du prix Prestige Desjardins Montmagny-L’Islet, du prix Le Bon Coup des Pléiades de Lévis, du prix Industrie Manufacturière, production et/ou transformation des Pléiades de Lévis et, rien de moins que le Mercure Contribution au développement économique et régional de la Fédération des chambres de commerce du Québec lors du Gala des Mercuriades 2015.

« Ces prix-là, pour nous, c’est une des meilleures façons de pouvoir féliciter et remercier nos employés qui font toute la différence dans le succès de notre entreprise. Ça permet aussi de leur dire : tout le travail fait, tout le temps mis,

l’énergie autant physique que mentale investie dans des gros projets […], c’est reconnu par toute la communauté d’affaires du Québec. »

Utilisation de 10 alliages.Au début, l'entreprise se contentait de mouler des pièces simples telles que des lampadaires et du mobilier urbain. Vingt ans plus tard, pour contrer la concurrence des pays asiatiques, Paber se tourne vers une offre de produits plus complexes répondant à des exigences que seule la haute précision peut satisfaire, notamment des pièces utilisées dans des appareils de tomodensitométrie que l’on retrouve dans les hôpitaux du monde entier.

Comme preuve de la qualité constante de son travail, Paber fut l’une des premières fonderies en Amérique du Nord et la première au Canada à obtenir, en 1994, la certification ISO 9001. Pour s’assurer la perfection des pièces, la famille Paris n’a pas hésité à recourir aux technologies de pointe en faisant l’acquisition, en 2006, d’un équipement rayon-X possédant la plus grande chambre sur le continent.

L’entreprise familiale s’est à la fois spécialisée dans l’aluminium, maîtrisant plus de 10 alliages diffé-rents, et entourée de partenaires

d’expérience pour offrir un produit complet à ses clients : usinage, traitement de surface, peinture, assemblage et autres services en plus de posséder ses propres fours à traitement thermique.

Les enfants Paris prennent la relève.Paber Aluminium, « c’est une grande famille ». L’ambiance se veut conviviale. Le travail de chacun est très important dans la réponse aux besoins des clients. Certains employés ont 20 et même 30 ans d’expérience. La famille Paris n’hésite pas à investir dans la formation de son personnel.

Il y a quelques années, en partenariat avec la Commission scolaire des Rives-du-Saguenay et Emploi-Québec, l’entreprise a reçu un formateur en usine durant une année pour permettre à 12 de ses travailleurs de recevoir la formation d’un DEP en fonderie rémunérée sur le temps normal de travail, ce qui a permis à chacun d’obtenir un diplôme du ministère de l’Éducation. « Nous en sommes très heureux, raconte Geneviève Paris, parce que la majorité étaient des décrocheurs qui sont maintenant fiers d'afficher un diplôme reconnu. »

De plus, les besoins de main-d’œuvre sont difficiles à combler et ont un réel impact sur les perspectives de croissance. Une dizaine de postes à la production demeurent ouverts. Pour tenter de pallier ce problème, l'entreprise a rejoint le Regroupement métal pour participer à plusieurs activités d’information au cours de l’année et il est partenaire des deux centres de formation au Québec qui offrent les cours de fonderie.

Le marché européen devient accessible.Au cours de l'année 2015, l’entreprise familiale a vécu un important et intéressant changement : les enfants de Luc Paris et Diane Collin, Geneviève et Bryan, respectivement directrice générale et directeur des ventes, en ont pris les rênes. La famille Paris n'a pas pris le processus à la légère. Suivant un plan étalé sur plus de 12 ans, parents et enfants se sont assurés d'être prêts à cette transition, qui s'est effectuée en douceur et dans l'harmonie autant familiale qu'au sein de l'entreprise : accompagnement par un coach, formation d'un conseil de famille, membre des clubs du Groupement des chefs d'entreprise du Québec, formation et progression structurées dans les postes de l'entreprise.

L'année qui s'achève a aussi été marquée par une très forte croissance des ventes. Le chiffre d'affaires de la PME, qui compte près de 100 employés, a fait un bond dépassant les 20 %. Un tel succès n'est pas survenu spontanément. Il est le résultat de plusieurs années de démarches, par ticulièrement aux États -Unis, et de l’accompagnement de clients dans des projets très complexes.

D’ailleurs, la relève s’est donné comme objectif de gérer une croissance contrôlée et structurée afin de poursuivre le rêve que Luc, le père et le fondateur, a toujours eu à cœur, soit la création et le maintien des emplois à Cap-Saint-Ignace. Cependant, aucune avenue n’est exclue. Des projets d’agrandissement et d’acquisition animent déjà les nouveaux dirigeants. Ils veulent se donner les moyens de desservir les différents marchés dans lesquels le nom de Paber est très bien perçu. La notoriété de cette PME commence déjà à lui ouvrir des portes en Europe, spécialement en France et en Allemagne. 

La qualité de la main-d’œuvre est une préoccupation majeure. L’entreprise s’est alliée à deux centres de formation qui offrent des cours en fonderie.

Des années d’expérience en moulage de l’aluminium par gravité, ponctuées par des

recherches et du développement constants, permettent à Paber Aluminium de répondre

aux demandes des clients les plus exigeants.

PME PME

41Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201540 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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GLANURES | | GLANURES

LOUIS « LOFO » FOURNIER

APRÈS LA PLANCHE À NEIGE, LA VÉLOVOUTELE PRODUIT N'EST VENDU QU'EN LIGNEPAR MÉLANIE CÔTÉ

AU CÉGEP DE CHICOUTIMI

DEUX FOIS PLUS D'ÉTUDIANTS EN MÉTALLURGIEUN DEMI-MILLION $ EN TRAVAUX DE RÉNOVATIONPAR MYRIAM GAUTHIER

C’est sans tambour ni trompette que le Chicoutimien Louis «  Lofo  » Fournier poursuit son chemin dans le monde du snowboard Celui qui a inventé et usiné la dernière planche à neige de la légende Tom Sims se prépare à avoir sa propre marque maison et ses produits Et voilà qu’il se tourne maintenant vers le cyclisme avec l’invention de la VéloVoute

Son entreprise, COMP-XTR, située dans l’ancienne usine de pare-chocs de Rio Tinto Alcan, effectue 100 % du travail, soit de l’idéation à la conception, en passant par la mise en plan. Louis Fournier œuvre dans ce domaine depuis 1978 et c’est d’ailleurs lui qui a inventé et développé les premières fixations de snowboard, dont les prototypes sont exposés au Colorado Ski and Snowboard Museum.

« Je suis le pionnier dans la fabri-cation de moules avec de l’alu-minium acheté ici. Tous mes produits sont aussi fabriqués au Saguenay–Lac-Saint-Jean. J’ai

développé une technologie pour élaborer des composites très minces. L’élément-clé, c’est la capacité de réaliser des moules rapidement et de bonne qualité. » Selon lui, les avantages du métal gris sont nombreux pour la concep-tion de planches à neige, puisqu’il est mondialement reconnu qu’un certain type d’aluminium est très performant dans les échanges thermiques de chaud à froid ou de froid à chaud.

En démonstration à la Coupe du monde et aux Olympiques.Même s’il maintient ses activités à Chicoutimi, Louis Fournier assure être capable de tirer son épingle du jeu. « Oui, c’est possible parce que j’ai la capacité de fabriquer de petits lots, et ce, de façon très rentable. Je vends uniquement en ligne. Mais je projette de conclure des ententes avec des boutiques spécialisées qui disposeront d'une niche très haut de gamme avec des planchistes

expérimentés », précise celui qui avait délégué deux planchistes à la Coupe du monde et quatre aux der-niers Jeux olympiques.

Une première présentation publique de la nouvelle borne universelle de stationnement pour cycliste, la VéloVoute, s'est faite les 24 et 25 septembre dernier dans le cadre du Salon des affaires municipales 2015 à Québec. « Ce n’est pas un rack à bicycle. C’est plus sophistiqué. Parce qu’un cycliste, ça mérite mieux qu'un support tout rouillé avec de vieux cadenas près d’une bâtisse », image-t-il.

« Je suis fier de mon innovation. Il s’agit du tout premier produit dans l’histoire régionale de l’aluminium fait avec une plaque coulée à Laterrière, transformée dans une entreprise du Saguenay, soudée chez un sous-traitant d'ici, peinturée à Jonquière dans une entreprise de revêtement des métaux et dont le produit final a été assemblé dans mon entreprise. 

Le Cégep de Chicoutimi a dou-blé cette année son nombre d'inscriptions au programme Technologie du génie métallur-gique en rapatriant l'enseigne-ment du programme en un seul établissement tout en investis-sant dans la promotion du pro-gramme et dans l'aménagement de nouveaux locaux

Au début de la rentrée scolaire, une douzaine d'étudiants s'étaient ins-crits au programme qui n'accueillait que six ou huit nouveaux étudiants dans les dernières années. Le Cégep de Chicoutimi, l'un des deux établissements collégiaux au Québec avec le Cégep de Trois-Rivières à offrir ce programme, a récupéré, à l'automne 2014, la première année de la technique physique de trois ans qui se don-nait au Collège d'Alma. La direction souhaitait ainsi réduire les coûts, faciliter l'intégration des étudiants et le développement de projets.

Depuis, tous les étudiants se retrouvent sous un même toit, dans les locaux du Département de métallurgie du Cégep de Chicoutimi, situés dans le Centre de formation professionnelle

(CFP) du fjord, à La Baie, où se donnaient les deuxième et troisième années du programme. Les étudiants partagent sur place la fonderie utilisée par les étudiants du diplôme d'études professionnelles en métallurgie fonderie du CFP.

Le défi de la vulgarisation.Ce n'est toutefois qu'un an plus tard que les effets de ces changements se sont fait sentir sur les inscriptions, explique Rémy Laprise, coordonnateur du Département de métallurgie.

« La promotion n'avait pas été faite en ce sens lorsque les jeunes s'étaient inscrits pour la rentrée de l'automne 2014, tandis que ce fut le cas pour celle de 2015 », mentionne l’enseignant en métal-lurgie depuis déjà huit ans.

Le Cégep de Chicoutimi a profité de cette occasion pour mousser le programme en faisant de la promotion sur Internet et en organisant des conférences auprès des jeunes

du secondaire, notamment, signale le coordonnateur des communications du Cégep, Éric Émond. « Le défi est la vulgarisation du programme: il faut montrer aux jeunes ce qu'est une technique en métallurgie et les opportunités offertes, mentionne-t-il. Nous avons actuellement plus d'offres d'emploi affichées dans le domaine que de finissants. »

Les investissements.L'institution a investi 500 000 $ sur 2 ans dans l'aménagement de nouveaux locaux pour le Département de métallurgie. Une salle multimédia permet maintenant aux nouveaux étudiants d'utiliser cette année un iPad dans le cadre de leurs apprentissages. « Le iPad est utilisé en usine, il est donc fort réaliste et très près du marché du travail de former maintenant les étudiants avec cet outil », souligne M. Laprise. Des ouvriers procédaient à l'installation des fours utilisés à Alma lors du passage d'Al13; on y traitera de petites pièces. 

Convaincu que les cyclistes méritent mieux que des supports démodés, Louis Fournier a conçu une borne universelle de stationnement pour vélo, le VéloVoute en aluminium, dévoilé en septembre dernier au Salon des affaires municipales à Québec.

Le Cégep de Chicoutimi a investi 500 000 $ en 2 ans dans

l'aménagement de nouveaux locaux pour le Département de métallurgie. Un nouveau

Laboratoire de traitement du minerai, qui était en travaux lors

du passage d'Al13, devait être livré au début de l'automne.

La technicienne Cindy Dallaire-Bouchard polit ici un morceau de métal pour le préparer à une observation au microscope dans le cadre d'un exercice de métallographie.

Louis Fournier, fondateur et directeur de l’entreprise

COMP-XTR.

43Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201542 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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Le Pavillon Adrien-Pouliot de l’Université Laval à Québec abrite les départements de sciences

appliquées, d'informatique et génie logiciel, et de géologie de la Faculté des sciences et de

génie. Il héberge aussi des centres et des chaires de recherche, dont le Centre de recherche sur les infrastructures en béton, le Regroupement

Aluminium et la Chaire industrielle de recherche en exploitation des infrastructures soumises au gel.

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GLANURES |

LA DÉSINFORMATION ATTEINT L'UNIVERSITÉ

LA MÉTALLURGIE EST BOUDÉE PAR LA RELÈVEON ENVISAGE DES CAMPAGNES DE RECRUTEMENTPAR JACQUES BÉLANGER

De moins en moins de jeunes optent pour une formation menant à un emploi au sein de l’industrie métallurgique Pourtant, ce secteur, où la demande de main-d’œuvre est toujours intéressante, offre à ses employés des salaires alléchants

Même si certaines entreprises de métallurgie se voient dans l’obligation de réduire leur personnel, il reste que la relève ne figure pas au rendez-vous. Dans la dernière livraison du magazine MCI (vol. 23, no 3), le directeur général du Centre de métallurgie du Québec, affilié au Cégep de Trois-Rivières, Gheorghe Marin, affirme que les jeunes sont plutôt attirés par des domaines comme l’informatique et les communications.

« La question salariale ne représente pas un facteur de décision. Les emplois en métallurgie exigent souvent que le travailleur accepte de modifier ses horaires de travail. Il faut donc envisager de travailler de jour, de soir, de nuit et, parfois, même de fin de semaine. Ce genre d’emploi n’attire pas les jeunes qui tiennent mordicus à leur vie sociale.» Monsieur Marin signale également que l’image projetée par l’industrie métallurgique leur est rébarbative. « On ne peut penser que la réalité soit la même aujourd’hui que celle qui prévalait dans les années 1800. Les conditions de travail se sont grandement améliorées : les gros fourneaux alimentés au charbon ont laissé leur place à des systèmes plus performants et moins nocifs pour la santé.

Les normes régissant la qualité de l’air au travail sont maintenant très élevées. Les entreprises doivent disposer de systèmes de filtration de l’air très performants et, surtout, moins nocifs pour les travailleurs. […] On y dénigre trop souvent l’activité industrielle. On inculque aux jeunes l’image d’industries qui portent atteinte à l’environnement, qui polluent, qui sont bruyantes. Voilà des notions qui sont bien implantées dans la conscience des jeunes et qui influencent leur choix de carrière. Un virage des mentalités s’impose. »

Les jeunes préfèrent la haute technologie à la « vieille science ».

45Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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Al13 a rencontré Mario Fafard, du Centre de recherche sur l’aluminium — REGAL dans ses bureaux du pavillon Pouliot de l’Université Laval pour lui demander de commenter les propos de M. Marin et de brosser le portrait de la situation telle que vécue dans le milieu universitaire.

« Gheorghe a raison, lance d’emblée M. Fafard, qui est titulaire de la Chaire de recherche industrielle CRSNG / Alcoa / Hydro-Québec. Et, je dois dire que c’est un peu la même situation qui prévaut à l’université. J’effectue de la recherche dans le domaine de la production et je forme des chercheurs. Au cours des quatre prochaines années, nous devons recruter une vingtaine d’étudiants et j’avoue que c’est très difficile d’attirer des Canadiens ou des Américains dans nos murs. » Le chercheur explique cette défection par la perception de « vieille science » qui émane de l’industrie métallurgique. « Leur préférence va vers les professions en mécatronique, en robotique et en haute technologie, des secteurs qu’ils considèrent très attrayants. »

Au moment où l’on écrit ces lignes, la cohorte de Mario Fafard compte des Français, des Marocains, des Iraniens, des Tunisiens et des

citoyens de l’Amérique latine. « Ce domaine intéresse davantage les étrangers », souligne M. Fafard, qui estime que ceux-ci forment entre 60 et 70 % de ses recrues, comparativement à 30 et 40 % d’étudiants québécois.

Interrogé sur les perspectives d’emploi, M. Fafard répond qu’elles sont excellentes et que les finissants sont recrutés par des entreprises comme Pratt & Whitney, Alcoa, Bombardier et Rio Tinto Alcan, pour ne mentionner que celles-là.

Dans l'immédiat, la solution se situe chez les étudiants étrangers.Afin de pallier la pénurie de professionnels dans l’ indus-trie métallurgique Mario Fafard propose, dans l’immédiat, de faciliter la venue d’étudiants étrangers. « Ils n’ont pas de pré-jugés concernant la métallurgie et ils s’avèrent de brillants étudiants. En revanche, les frais de scolarité peuvent être une véritable bar-rière à leur enthousiasme. Ceux du doctorat sont de 3 000 $ par année pour un étudiant étran-ger, mais s’élèvent à 15 000 $ au

niveau de la maîtrise, sauf pour les étudiants en provenance de la France. Une telle somme peut se révéler un frein pour l’étudiant étranger qui désirerait accéder à cette formation. Il faudrait peut-être penser à diminuer les frais de scolarité qu’on lui impose. En agissant de la sorte, je pense que le pays a tout à gagner, puisque ces étudiants étrangers, pour la très grande majorité, décident de rester au Canada et occupent aujourd’hui des postes clés dans notre économie. »

Outre la proposition de faciliter la venue d’étudiants venant d’ailleurs, celle de lancer des grandes campagnes de recrutement sur notre territoire s’impose. « Pensez au fameux slogan des forces armées canadiennes — Si la vie vous intéresse — et les campagnes soutenues qui lui ont succédé (dépliants, kiosques d’information, publicité dans les journaux, la radio, la télévision, et autres). L’Armée canadienne a vu ses effectifs augmenter à la suite de ces diffusions. Les entreprises de tous les secteurs touchant la métallurgie, tels que l’acier, l’aluminium, le titane et le magnésium, devraient unir leurs forces pour mettre sur pied des campagnes publicitaires d’envergure et démontrer à quel point l’industrie métallurgique est intéressante, payante, moderne et utile — qu’on pense seulement aux outils de communication comme les iPhone — et prouver qu’il est possible de s’épanouir pleinement dans ce domaine. Comme les jeunes n’ont pratiquement pas d’incitatif à envisager une carrière; en ce sens, il est difficile de procéder à du recrutement de chercheurs d’ici. »

Un Américain saute sur cette occasion en or.Lors de notre rencontre avec Mario Fafard, nous avons croisé, dans les corridors du Département du génie des mines, de la métallurgie et des matériaux, Donald Ziegler, un chercheur américain œuvrant

pour le compte d’Alcoa, qui a découvert l’industrie par le biais d’une simple… visite universitaire. « J’étais étudiant en Pennsylvanie et je suis allé faire un tour dans les locaux de l’University of Pennsylvania. J’ai été conquis par le grand potentiel de cette industrie et c’est vite devenu une véritable passion pour moi. Si je n’avais pas eu l’occasion de faire cette visite, je ne serais pas devant vous aujourd’hui, preuve que les sessions d’information ont un rôle crucial à jouer dans le recrutement d’étudiants chercheurs. »

Nous avons interrogé Anne Rousseau, spécialiste responsable et coordonnatrice des stages au Département de génie des mines, de la métallurgie et des métaux à la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval pour lui demander si le Département effectuait des activités de promotion pour recruter des étudiants.

« Actuellement, nous ne faisons pas de promotion directement dans les écoles pour recruter en génie de la métallurgie et

des matériaux. Par contre, nous participons au Salon M4S de Québec Mines, un événement qui accueille plusieurs milliers d’élèves du primaire et du secondaire de la région de Québec, incluant aussi la Beauce et d’autres régions rapprochées; cet événement

permet de faire la promotion des mines, mais d’expliquer aussi comment les métaux se retrouvent dans les objets que nous utilisons au quotidien. » Madame Rousseau ajoute que « les inscriptions en génie de la métallurgie et des matériaux ont toujours été moins variables que les inscriptions en génie des mines (ce sont deux programmes que je gère au Département). La promotion a surtout mis l’accent sur le programme de génie des mines et je ne pense pas que les résultats de ces promotions aient été comptabilisés. »

« Pour redonner un second souffle à l’industrie de la métallurgie, toutes les entreprises qui gravitent autour d’elle doivent s’unir pour mieux faire connaître ce domaine, qui est, avouons-le, des plus passionnant. En faisant connaître davantage ce secteur à nos jeunes et en encourageant les étudiants étrangers à venir étudier chez nous, nous maximisons nos chances de faire des percées intéressantes dans l’industrie », conclut Mario Fafard. 

Donald Ziegler, chef de liaison technique avec la Chaire MACE3 et les programmes de fabrication d’anode à l’Université Laval, Alcoa Canada Première Fusion.

Mario Fafard, du Centre de recherche sur l’aluminium — REGAL, devant la mosaïque

de la promotion 2015.

La cohorte de Mario Fafard compte des étudiants venant d’Europe, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique latine. Par contre, il avoue éprouver de la difficulté à recruter des Canadiens et des Américains.

47Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201546 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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ENTREVUE

Nous avions réuni Camille Limoges, Adam Lapointe et Marc-Urbain Proulx, trois universitaires aux parcours bien différents, pour parler de RD, dans une vidéo-conférence, afin de projeter une vision de l'orientation économique du Québec ainsi que de ses régions à travers les écueils et les imprévus de la mondialisation

L'événement se déroulait à la Fondation de l'UQAC. Monsieur Limoges se trouvait à son domicile de Sherbrooke, alors que ses deux collègues étaient assis, autour de la table, à Chicoutimi, en présence de Luc Boudreault, directeur par intérim du CQRDA, et de Sabrina Dufour, secrétaire administrative

et adjointe à la coordination du magazine Al13. Le photographe Jean-Michel Decoste faisait son travail avec beaucoup d'application et j'animais la discussion.

Rappelons, avant d'entrer dans le vif de l'instructif échange, le profil des participants. Camille Limoges, professeur-chercheur émérite, a enseigné dans six universités, dont celle de Harvard. Il quitte ensuite le monde du savoir pour répondre à l'appel de l'État qui lui confiera, durant six ans, en qualité de sous-ministre, la responsabilité des dossiers de l'enseignement supérieur, des sciences et de la technologie. En 1999, il accepte la présidence d'honneur de TransAl, le premier congrès international en

langue française, organisé par le CQRDA. Les délibérations se sont déroulées à Saguenay. L'organisme présentera, par après, trois autres congrès biennaux qui regrouperont les plus grands spécialistes de l'aluminium à Lyon, Trois-Rivières et Biarritz.

Les forums de l'Institut des régions ressources.Professeur émérite de l'UQAC, Adam Lapointe a enseigné les sciences économiques durant plusieurs années avant de passer de la théorie à la pratique en fon-

LES UNIVERSITAIRES CAMILLE LIMOGES, ADAM LAPOINTE ET MARC-URBAIN PROULX

S'ADAPTER À LA MONDIALISATION OU PÉRIRLE SECTEUR MANUFACTURIER EST ABANDONNÉPAR BERTRAND TREMBLAY

Bertrand Tremblay, Adam Lapointe, Luc Boudreault et Marc-Urbain Proulx, réunis en table ronde sur les impacts économiques de la mondialisation.

| TABLE RONDE |

49Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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dant la Société pour la création d'entreprises (SOCCRENT), trans-formée ces dernières années en Pluri-Capital. En voulant ainsi réa-liser ses hypothèses, il a mené au succès plusieurs autres initiatives. Il demeure notamment président de l'Institut des régions res-sources qui invite périodiquement les plus réputés connaisseurs d'un secteur économique à présenter, à Chicoutimi, leurs derniers travaux sur un thème choisi.

Quant à Marc-Urbain Proulx, professeur à l'UQAC depuis 1988, il a poursuivi ses études supérieures à la London School of Economics and Political Sciences et à l'Université de Marseille après un bac obtenu à l'UQAC. Il a pris un congé sans solde en septembre 2012 pour accepter l'invitation du gouvernement dirigé par Pauline Marois de revêtir, à l'instar de M. Limoges, le manteau de mandarin en devenant sous-ministre associé aux régions sous le chapiteau du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire. Il venait à peine d'établir son plan de campagne quand, un

an et demi plus tard, le nouveau gouvernement libéral, façonné par Philippe Couillard, le retournait à l’enseignement à l'UQAC. Sa grande réalisation demeure Vision 2025, véritable sommet sur l'exploration des possibilités de développement du Saguenay–Lac-Saint-Jean qui s'est prolongé durant cinq ans.

Au Québec, comme dans l'ensemble du pays, la RD bat de l'aile.Je commencerai donc mon questionnement en rappelant d'abord à M. Limoges qu'il a toujours favorisé le tissage de liens productifs entre le monde du savoir et celui de l'industrie. Le Québec y parvient-il ?

Sans porter un jugement global, il a sans doute réussi à mener, avec succès, un bon nombre de réseau-tages universités-entreprises et autres partenaires. La stratégie des grappes mise en œuvre sous différentes appellations depuis une

quinzaine d'années a porté des fruits malgré certains avortements. Ce qui est alarmant, c'est que le financement de la recherche bat de l'aile présentement. Au Québec comme dans l'ensemble du pays, le ratio des dépenses intérieures de RD sur le produit intérieur brut dégringole. La performance du Canada est lamentable, tandis que celle du Québec se dégrade tout autant depuis une décennie.

Comment expliquez-vous cette attitude?

Probablement parce que, durant la période d'obsession autour de l'équilibre financier, les domaines, dont le poids électoral est négli-geable, risquent d'être sacrifiés à moins d'une mobilisation très énergique.

C'est d'autant plus étonnant quand on pense que le Canada était le champion de la RD des pays du G8 en 2011, selon l'af-firmation faite par Mme Suzanne Fortier qui était, à l'époque, pré-sidente du CRSNG, le Conseil de recherches en sciences natu-relles et en génie.

Je connais bien cette dame. Elle est maintenant principale et vice-chancelière de l'Université McGill. Cependant, votre révéla-tion m'étonne, car le Canada n'a jamais été, à ma connaissance, à l'avant-garde pour les investis-sements en recherche, sauf en 2004. Il maintient maintenant ses dépenses en recherche au-des-sous du 2 % du PIB. L'excellent élève, parmi les pays semblables au nôtre, c'est incontestablement Israël, qui consacre jusqu'à 4 % de son PIB à la recherche.

Les États-Unis et Israël dominent.Dans le classement mondial, les États-Unis dominent malgré les difficultés économiques. La Finlande et la Suède figurent dans le peloton de tête depuis une douzaine d'années. Chez nous, la volonté politique et la compréhen-sion ont disparu. Et les efforts en RD sont également négligeables dans l'entreprise privée. La culture est absente tout comme l'éduca-tion à l'innovation. Même si on en parle beaucoup, l'action ne suit pas

et la population n'est jamais des-cendue dans la rue pour que nos gouvernements mettent l'accent sur la RD dans une stratégie de croissance économique accompa-gnée d'emplois de qualité.

Adam Lapointe — Quand j'ob-serve la situation sur le terrain, j'ai l'impression que les ressources sont surtout dirigées vers la nou-velle économique.

Camille Limoges — Vous avez raison. Les technologies de pointe comme les sciences bio-médicales et de l'informa-tion ont la cote. On a beaucoup négligé le domaine manufactu-rier. Je ferais une exception avec l'agroalimentaire où le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a accompli un travail exemplaire durant une vingtaine d'années. Mais, et c'est malheureux, le secteur manufac-turier a rarement été ciblé comme une activité économique priori-taire par les décideurs politiques et leurs conseillers.

Nous reviendrons plus tard à vos réflexions, Monsieur Limoges.

Pour l'instant, je demanderais à Adam Lapointe quelles étaient ses préoccupations quand il a écrit, en collaboration avec ses confrères Paul Prévost et le regretté abbé Jean-Paul Simard, voilà déjà 35 ans, un ouvrage sur l'économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Il s'agissait d'une description de la structure industrielle beaucoup plus que de solutions. Nous éta-lions les avantages comparés qui ont permis le développement de la région, soit l'énergie, la forêt, les mines et l'agroalimentaire. En 1980, la situation n'avait guère changé. L'exploitation des quatre éléments de base assurait toujours la prospérité. Puis soudainement, tout a basculé, provoquant l'initia-tive de SOCCRENT avec la contri-bution de la grande entreprise, du Mouvement Desjardins et d'autres partenaires dans l'établissement, en 1987, d'un fonds de 8,9 mil-lions $, nécessaire au financement d'une multitude de PME.

Une décennie plus tard, les médias bien branchés apprirent que le plan original avait été modifié même si l'organisa-tion exhibait un bilan positif. Le capital avait même quadruplé après avoir généré pas moins de 1 200 emplois...

Il fallait ajuster le modèle aux changements qui bouleversaient alors l'économie mondiale. Nous avons effectué des transferts technologiques et mis l'accent sur le partenariat. Ce n'était cepen-dant pas suffisant. Nous n'avions surtout pas le choix d'élargir nos horizons et d'élargir les objectifs de notre mission, qui se confinait au territoire régional, pour ouvrir d'abord une première fenêtre sur l'ensemble du Québec.

Les regards sont dirigés vers l'écran géant où Camille Limoges entre dans la discussion.

Le professeur émérite Camille Limoges à l'époque où, en qualité de sous-ministre, il assumait la responsabilité des dossiers de l'enseignement supérieur, des sciences et de la technologie. Il fut président d'honneur de TransAl 99, à Saguenay, le premier congrès international sur l'aluminium organisé par le CQRDA.

51Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201550 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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L'industrie canadienne de l'aluminium résiste à la tempête...Comment se comportait l'in-dustrie québécoise de l'alumi-nium dans les remous de cette mutation?

Elle se maintenait parmi les plus grands sur la scène internatio-nale, mais de nouveaux joueurs importants prenaient rapidement beaucoup de place. L'URSS s'af-firmait de plus en plus parmi les principaux producteurs. Et soudainement, des alumineries géantes ont surgi dans le golfe Persique. Finalement, la Chine, dans un grand bond en avant, élevait son industrie de l'alumi-nium au sommet de la pyramide, bien au-dessus de ses concur-rents. Le Canada, soit essentiel-lement le Québec et Kitimat en Colombie-Britannique, maintient toujours sa domination dans le monde occidental, mais il a glissé

au quatrième rang, soit derrière la Chine, le Moyen-Orient et l'Inde; toutefois, il se positionne toujours devant la Russie, les États-Unis et l'Europe de l'Est.

… mais nos PME sont fragilisées.Quels effets ont produits à l'économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Mauricie et de la Côte-Nord, les trois principales régions québécoises productrices d'aluminium, ces déplacements sur l'échiquier mondial?

Le plus néfaste est évidemment la délocalisation, notamment vers la Chine, des deuxième et troisième transformations de l'aluminium. Les capitaux ont suivi. Nos PME s'en trouvent fragilisées. Pour sur-vivre, SOCCRENT–Pluri-Capital a été dans l'obligation d'investir à Montréal, puis aux États-Unis. Notre société a plus d'activités économiques chez notre voisin, le géant du Sud, qu'au Québec.

Pourtant, la mission première de SOCCRENT consistait à déve-lopper l'économie régionale pour générer les emplois que la technologie remplaçait dans la grande industrie...

L'économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean demeure toujours notre préoccupation fondamentale, mais quand l'économie bifurque, il faut s'adapter à cette réalité ou périr. Notre société a récupéré sa vitalité pour présenter, aujourd'hui, un tableau fort encourageant. Une trentaine de nouvelles entreprises ont, au début de l'expérience, revigoré l'économie au pays des Bleuets avec des succès flam-boyants, mais aussi des échecs, ce qui est la normalité avec du capital de risques. Au terme du premier cycle, les investisseurs ont réo-rienté SOCCRENT vers des place-ments plus stables pour assurer la rentabilité. La seule façon d'y par-venir, c'était de favoriser la diver-sification, l'ouverture aux marchés extérieurs. À l'exemple du hoc-key professionnel : pour rivaliser avec ses rivaux, le Canadien de

Montréal doit recruter les athlètes les plus doués, au Canada d'abord évidemment, mais aussi ailleurs dans le monde et même jusqu'en Russie.

Le dernier phénomène qui nous a imposé une réaction énergique immédiate fut lorsque notre dol-lar s'est apprécié au-delà de la devise américaine. Pour éviter le naufrage, nos capitaux ont servi à l'achat d'entreprises performantes aux États-Unis en sacrifiant, par la même opération, de nombreux emplois que nous avions mis beaucoup d'efforts à façonner chez nous.

Décrivez-nous la situation actuelle de SOCCRENT–PLURI-CAPITAL après son adaptation aux réalités de la mondialisation.

Quatre grandes entreprises appar-tenant à l'agroalimentaire et à l'in-dustrie de l'aluminium grandissent dans le giron financier de la société. La première absorbe l'es-sentiel de la cueillette du bleuet et procède à son traitement et à sa transformation dans trois usines situées au Lac-Saint-Jean et une quatrième établie en Gaspésie;

99 % des produits provenant de la manne bleue sont exportés.

SOCCRENT génère 1 800 emplois répartis partout dans le monde.Notre société est aussi l'ac-tionnaire majoritaire d'une mul-titude de PME réparties, non seulement dans la Vallée de l'alu-minium, mais dans l'ensemble du Québec, aux États-Unis et bien au-delà. SOCCRENT–Pluri-Capital génère quelque 1 800 emplois, dont 1 200 dans l'industrie de l'alu-minium; ses actifs dépassent les 90 millions de dollars.

Je m'adresse maintenant au pro-fesseur Marc-Urbain Proulx, du Département des sciences éco-nomiques et administratives de l'UQAC, pour lui demander de nous parler de son expérience à Vision 2025. Quel souvenir est resté gravé dans sa mémoire? J'aimerais aussi qu'il nous énu-mère les avantages que l'en-semble du Québec retirera de ce regard sur l'avenir.

Ce que je retiens d'abord, c'est la difficulté de mener un tel exercice de prospective territoriale. Non pas dans le milieu universitaire, mais dans l'ensemble de la popu-lation. Tout simplement parce que les acteurs sont dans leur quoti-dien et non pas dans un visionne-ment sur 5, 10, 15 ou 20 ans. Mais aussi parce que l'environnement est très turbulent. Un scénario qui nous apparaît porteur de dévelop-pement durant une courte période peut nécessiter une révision après six mois seulement.

Quand ce blocage se produit, les gens de terrain aux prises avec leurs propres difficultés constatent que le projet qu'ils ont élaboré avec tant d'application ne tient plus la route après si peu de temps. Ils finissent par abandonner pour se concentrer sur leur travail régulier, le seul élément qu'ils contrôlent vraiment. Ce n'est pas un mal par-ticulier au Saguenay–Lac-Saint-Jean. J'ai organisé une opération similaire ailleurs, notamment à Sept-Îles, et le résultat a été exac-tement le même. On ne parvient toujours pas à s'approprier les enjeux dans le milieu. Les spé-cialistes en prospective estiment cependant que, malgré le résul-tat apparemment décevant, il est encore plus important, à notre époque, de poursuivre ces exer-cices collectifs avec une dizaine de personnes pour projeter notre vision de l'avenir.

Tout comme des étudiants à un cours sur l'économie,

les panélistes consultent leurs documents.

Marc-Urbain Proulx, professeur du Département

des sciences économiques et administratives de l'UQAC.

Marc-Urbain Proulx prend des notes pendant un échange entre l'animateur et Adam Lapointe.

53Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201552 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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Le faites-vous avec vos étu-diants dans le cadre de votre enseignement?

Dès la rentrée, je leur ai demandé si l'ouverture du passage vers le nord-ouest en direction de la Chine permettrait au Québec, grand exportateur de minerais, dont le fer, d'accéder plus éco-nomiquement aux grands mar-chés de l'Asie. Un premier navire, chargé de 23 000 tonnes de nic-kel, a épargné 40 %, l'an dernier, en empruntant cette nouvelle voie maritime. Imaginez l'ampleur des gains possibles avec des livrai-sons effectuées par des barges immenses pouvant transporter des quantités de matières et de produits 10 fois plus grandes.

Quel projet vouliez-vous réali-ser quand vous avez accepté le poste de sous-ministre associé aux régions dans le gouverne-ment Marois?

Celui de la décentralisation. Or, je me suis trouvé rapidement dans un appareil d'État qui, non seulement n'envisageait aucun mouvement dans cette direction,

mais manifestait plutôt sa volonté d'intensifier la centralisation du pouvoir avec son armée de fonc-tionnaires.

La décentralisation est mal perçue par les décideurs.Une attitude d'ailleurs qui s'ex-plique assez aisément. La pré-sence de monsieur Limoges à l'écran de cette vidéo-conférence me rappelle ma visite au ministère où il œuvrait à une étape de sa carrière. Il m'apparaissait néces-saire d'appliquer, en priorité, des mesures de décentralisation en RD. La raison est aussi simple que l'œuf de Christophe Colomb. En recherche, le lien entre le savoir universitaire et celui des entreprises est très important. Et il ne peut être tissé ailleurs que sur le terrain. On ne demande pas aux chercheurs de s'inscrire à des cours à l'Université Laval ou à l'UQAC. Il appartient donc aux responsables de la recherche reliée au développement de pro-céder à une liaison, d'aménager

des espaces de médiation entre l'entreprise qui est souvent en progression et à l'affut de nou-velles idées, le savoir universitaire et celui des centres de recherche.

Pour réussir, il faut intervenir auprès des CCTT, les centres collégiaux de transfert technolo-gique, aménagés dans 45 cégeps, le CQRDA et certains autres organismes, pour examiner, à la lumière des succès, la possibilité d'appliquer des mesures de cen-tralisation en greffant les CLS et autres organismes, comme les centres d'emploi du Québec, qui travaillent autour de ces probléma-tiques d'innovation et de création d'emplois.

Leur réaction a donc été négative...

J'ai affronté un refus global. On m'a bien accueilli avec du café et des beignets, mais j'ai perçu un désir de contrôler. Je constate également que les élites locales sont réticentes à prendre des res-ponsabilités. La décentralisation n'est pas non plus un thème à la mode au gouvernement fédéral. Et

si l'État québécois s'est construit dans les années 1960, ce n'est pas avec la collaboration d'Ottawa, mais en centralisant les grandes missions comme l'éducation et la santé. N'oubliez pas non plus que la vision régionale s'est atténuée après le bond de la Révolution tran-quille. On s'est replié par secteur, par localité.

Camille Limoges — À l'échelon des institutions gouvernemen-tales québécoises, il s'est produit, au cours des dernières décennies, une perte de leurs compétences régionales. Plusieurs ministères avaient des directions régionales composées de gens provenant des régions ou avaient développé une sensibilité régionale. Ce pro-longement des régions dans l'appareil de l'État est disparu. Quand j'ai accédé à la présidence du Conseil des sciences et de la technologie, en 1997, mes prédé-cesseurs avaient procédé, dans les années 1980, à deux séries de bilans régionaux. Sous ma direc-tion, l'organisme a refait l'exercice une troisième fois.

L'État est devenu sourd à la voix des régions.Ce qui m'avait séduit, c'est que, dans certaines régions, lorsque nous invitions des gens autour de la table pour la préparation de

plans régionaux, il était impossible de savoir si la personne participant à la discussion était un universi-taire, un fonctionnaire ou un repré-sentant de l'industrie. Je savourais la qualité des expériences. Cette voix si riche des régions, on ne l'entend malheureusement plus.

Marc-Urbain Proulx — Un autre événement qui a aussi modi-fié les relations entre Québec et ses régions, c'est lorsque le gouvernement fédéral a récu-péré l'enveloppe consacrée au développement régional pour la transférer à sa nouvelle créature Développement économique Canada, dont le ministre Denis Lebel était le titulaire. Cette opé-ration a fait disparaître l'OPDQ, l'Office de planification et de développement du Québec, dont la mission était essentiellement régionale. Le malheur, c'est que, même si Développement écono-mique Canada fait un bon travail,

il n'existe pas ou très peu de com-munication avec les ministères québécois reliés notamment à l'éducation, à la santé et à l'emploi.

Adam Lapointe — J'ajouterai que, pendant le grand changement pro-voqué par la mondialisation que j'évoquais plus tôt, le pouvoir s'est effrité régionalement. Il n'existe plus, comme autrefois, des équipes formées de gens com-pétents et dynamiques, à la solde de l'État, dont le travail consiste à bâtir un argumentaire mis à la disposition des leaders régionaux pour défendre leur position devant le pouvoir centralisateur. Nos poli-ticiens se présentent donc désar-més, à Québec comme à Ottawa, devant des machines administra-tives bien rodées. Ils reviennent dans leurs régions les mains vides. Dans un tel contexte, SOCCRENT et plusieurs autres réalisations des 30 dernières années seraient demeurées de simples projets.

L'électronique permet de converser à distance, comme le font, sur cette séquence, Marc-Urbain Proulx et Camille Limoges.

Adam Lapointe, fondateur de SOCCRENT–PLURI-CAPITAL,

déplore l’absence d’une culture et d’une éducation à l’innovation.

Chacun cogite sur le grand changement provoqué par la mondialisation.

55Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201554 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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Permettez que j'ouvre ici une parenthèse pour connaître le regard que nos deux invités, citoyens de Saguenay, portent sur la recherche faite à l'UQAC.

À quelques exceptions près, ce sont les entreprises de taille moyenne qui ont la capacité de financer et d'intégrer, seules ou avec des centres de recherche, les innovations et améliorations des procédés de production. Malheureusement, dans la Vallée de l'aluminium, elles sont clairse-mées. Nous vivons dans le monde des extrêmes avec des multinatio-nales colossales et des petites entreprises généralement à carac-tère familial.

L'encouragement à l'innovation est disparu.Il existait voilà déjà une quin-zaine d'années d'intéressants programmes pour encourager l'innovation. Notamment des cré-dits d'impôt. C'est le succès qui provoque un effet d'entraînement

en RD. Si les entreprises de la nouvelle économie drainent tant de capitaux, dont les entreprises manufacturières auraient un urgent besoin, c'est parce qu'elles connaissent le succès. Personne n'osera critiquer un gouvernement qui nourrit aussi généreusement les technologies de l'informa-tion et de la communication. Déficiente dans la nouvelle écono-mie, le Saguenay–Lac-Saint-Jean et son secteur manufacturier ont perdu l'attrait culturel dont ils jouis-saient jadis auprès de nos leaders politiques.

Marc-Urbain Proulx — Le Centre de recherche sur la forêt boréale a accompli un travail exemplaire. Il a malheureusement beaucoup de difficultés à obtenir le financement suffisant principalement parce que les grandes universités se sont intéressées aux problèmes que la forêt et l'industrie qui l'exploitent ont vécus; elles peuvent plus facilement que leurs petites sœurs établies en régions obtenir des fonds. L'Université Laval, pour ne pas la nommer, est un redoutable concurrent de l'UQAC.

Comment se comporte la recherche sur l'aluminium?

Elle est surtout concentrée dans la production d'aluminium primaire, alors que le milieu réclame depuis longtemps de mettre l'accent sur la transformation. Notre lobby n'est pas très convaincant. Même nos chaires à l'UQAC travaillent pour la grande industrie qui a transféré des morceaux de sa recherche au secteur public. Au-delà des dîners et des cocktails bénéfices, il est urgent de faire le bilan après une vingtaine d'années aux résultats assez limités.

Le CTA ne parvient plus à recruter des clients.Prenez le Centre des technolo-gies de l'aluminium (CTA), dont la mission première était d'aider les PME, il éprouve, comme le Consortium sur la forêt boréale commerciale, beaucoup de diffi-cultés à recruter des clients. Il fau-drait intervenir avant qu'Ottawa

conclut à un échec et remette la bâtisse à l'Université qui aura l'obligation de la rénover et de l'entretenir.

L'agroalimentaire se porte-t-il mieux?

Réjouissons-nous devant le succès de l'exploitation de notre bleuet. Mais dans l'énergie, notre principale richesse, la région est tragiquement absente, et ce, ni en termes de recherche ni davantage comme sujet majeur de réflexion collective. Nous n'avons jamais formé notre conseil régional de l'énergie. La ressource est abandonnée au secteur privé, à l'exception de Péribonka 4. Et bêtement, nous disons au secteur privé : notre principale source de création de richesse et d'emplois, nous vous la laissons et dites-nous quoi faire!

Je reviens à vous, Monsieur Limoges pour interroger votre expérience. Que feriez-vous si vous étiez ministre de l'Éducation?

Le système fonctionne bien aux niveaux collégial et universitaire, mais son sous-financement le rend vulnérable. Il reste aussi peu

de place pour des innovations un peu hardies. Notamment pour la résolution du genre de problème qui est en discussion dans le cadre de cette vidéo-conférence.

Travailler avec l'industrie, ce n'est pas faire de la science à rabais.En conclusion, quelle action concrète recommanderiez-vous à nos dirigeants?

Marc-Urbain Proulx — L'innovation demeurera le moteur du futur. Je souhaite une implication de nos professeurs et de leur savoir dans le milieu. Non avec des colloques ou de grandes conférences, mais dans des cercles réunissant 7 à 10 personnes, incluant une couple d'universitaires, explorant des pro-blèmes concrets.

Adam Lapointe — Mon souhait, c'est une adaptation à la nouvelle réalité économique. C'est comme une puce sur la queue d'un chien. Quand la queue bouge, on est secoué. Imaginez quand on ne sait même pas dans quelle direction le chien se dirige.

Camille Limoges — Il faut éviter les grandes messes et se donner les moyens de penser région, de penser localement. Investir aussi dans l'encouragement à la création spontanée. Ne tombons pas dans le piège de mettre en opposition, dans les universités, la recherche de pointe et celle des secteurs traditionnels. Enlever dans l'esprit des chercheurs l'idée que travail-ler avec l'industrie, c'est faire de la science à rabais.

Sinon, nos entreprises dans les secteurs dits traditionnels vont être complètement bouffées par celles qui sont actives et compé-tentes sur le terrain de la mondia-lisation. 

« Notre société a plus d'activités aux États-Unis qu'au Québec », révèle Adam Lapointe.

« En conclusion, insiste Camille Limoges, il faut enlever dans l'esprit des chercheurs l'idée que travailler avec l'industrie, c'est faire de la science à rabais. »

« Quelle action concrète recommanderiez-vous à nos dirigeants? », interroge Bertrand Tremblay, à la fin de la rencontre.

57Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201556 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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L’Aluminerie Alcoa s’apprête à investir 39 millions $ à son usine de Baie-Comeau pour l’installation d’une nouvelle unité de transformateur-redresseur à la série D, et ce, malgré les bas prix du métal sur le marché mondial Une excellente nouvelle pour le directeur du développement et des relations avec le milieu de l’endroit, Paul Joncas

Cet investissement fait partie de l’entente sur les tarifs, négociée en 2014. Le programme annoncé à ce moment prévoyait des inves-tissements de 150 millions. Le projet vise à « consolider la fiabilité de l’approvisionnement électrique de l’usine et à permettre d’opérer la série D avec une unité supplé-mentaire pour partager la charge entre les équipements ». Cet ajout aura comme impact, notamment, d’obtenir plus de souplesse pour l’entretien planifié des équipe-ments et, à terme, d’accroître l’in-tensité de la série D pour hausser la production de 10 000 tonnes par année, pour un total de 300 000 tonnes annuellement.

L'alu vendu à Ford, c'est de la valeur ajoutée.« C’est très encourageant, surtout que les améliorations à la fonderie sont majeures. On sait qu’Alcoa délaisse progressivement la production d’aluminium primaire pour réduire l'impact de la variation du prix du métal. Elle s'oriente donc vers des valeurs ajoutées comme à l’usine de Baie-Comeau où, à l’heure actuelle, une importante partie de la production sert à la fabrication de camionnettes Ford. La direction veut aussi développer un projet de batterie en aluminium. On voit que l’usine est en train de changer un peu de vocation en passant de l’aluminium primaire à des produits à valeur ajoutée », explique Paul Joncas.

L’installation du nouvel équipement devrait débuter en avril 2016 et sa mise en opération est, quant à elle, prévue pour août 2016. L’investissement de 150 millions $ « prévoit la réfection du quai, l’ajout

d’un équipement de coulée et d’un puits de coulée à la fonderie. Il y a quelques mois, la multinationale amér ica ine annonçai t cet investissement à l’unité de transformateur-redresseur. La hausse de l’ampérage des cuves augmente automatiquement celle de l'aluminium avec les mêmes infrastructures », fait observer le directeur du développement.

Employeur majeur.À l’échelle québécoise, Alcoa compte quelque 2 400 employés, dont 875 à Baie-Comeau. Il s’agit d’un nombre considérable sur une population de 22 220 habitants. «  C’est un employeur majeur à Baie-Comeau, surtout si on ajoute les travaux de sous-traitance. Il ne faut pas oublier que la main-d'œuvre a déjà atteint 2  000 personnes à cette usine. Le programme de modernisation la repositionne positivement dans un contexte d'une concurrence mondiale de plus en plus sévère », conclut Paul Joncas. 

Juin 2015, Saint-Jean-sur-Richelieu : Termaco dévoile en grande pompe un camion d’Hydro-Jonquière équipé d’un caisson entièrement fait d’aluminium Fabriqué depuis les demandes précises de la société, le camion a nécessité plus de 18 mois de travail et un investissement important Le résultat en vaut toutefois la chandelle Comme le confirme Pierre Marsolais, directeur des ventes et du marketing, ce contrat est loin d’être le fruit du hasard « Ce camion servira à démontrer les capacités de Termaco dans le secteur électrique Nous sommes en mesure de faire de plus gros camions et en plus grande quantité Nous sommes prêts pour un mégacontrat »

L’aluminium et Termaco ne sont pas de nouveaux venus dans le secteur automobile. L'entreprise est un partenaire de longue date avec Bell pour qui elle conçoit et

construit cinq modèles différents de caissons pour ses camions. Le succès du matériau est facile à comprendre, explique monsieur Marsolais. « Dans le cas du camion d’Hydro-Jonquière, le poids a été réduit de 4 000 livres, ce qui représente une économie d’essence importante, tout en augmentant aussi la capacité d'aller dans des endroits difficiles d’accès. La longévité du produit est un autre facteur, puisque notre concept de montage et la peinture en poudre augmente la durabilité. C’est en somme une question de meilleure qualité! ».

Une technique qui a fait ses preuves.La technique développée par Termaco est simple, mais efficace : au lieu d’être assemblées et peintes, les carrosseries en aluminium sont d’abord fabriquées pour être ensuite peintes et

assemblées selon un concept modulaire. Toutes les pièces sont enduites d’un revêtement en poudre avant l’assemblage pour les protéger de la corrosion, un procédé de fabrication qui protège davantage les structures et la durée de vie de la carrosserie.

En plus de Bell, Termaco a signé, en 2013, une entente pour la livraison de deux fourgons cellulaires avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Un fourgon se trouvait d’ailleurs dans la cour de Termaco pour y être réparé. « L’équipement est conçu pour durer au moins 10 ans, mais les détenus lui en ont fait voir de toutes les couleurs », explique Pierre Marsolais en montrant les marques et les coups que le camion a subis. À l’origine du contrat, une dizaine de personnes ont travaillé sur le camion, en passant de la conception, au dessin jusqu’à la construction. Le service de police a fourni le camion porteur,

ALCOA INVESTIT À BAIE-COMEAU

L'ALUMINERIE MODIFIE SA VOCATIONLA PRODUCTION S'ÉLÈVERA À 300 000 TONNESPAR MÉLANIE CÔTÉ

TERMACO, LE PROTECTEUR D'ÉNERGIE

LE GOÛT DU RISQUE AVEC UNE DOSE DE PRUDENCE« NOUS SOMMES PRÊTS POUR UN MÉGACONTRAT »PAR CÉLINE NORMANDIN

| GLANURES

L’Aluminerie Alcoa de Baie-Comeau compte actuellement 875 employés. Sa modernisation devrait consolider sa

position face à la concurrence mondiale croissante.

L’entreprise a fermé ses portes pendant trois

semaines en 2014 pour aménager un nouveau

four, ce qui lui a permis de rapatrier du travail

autrefois confié à la sous-traitance.

PME PME

59Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201558 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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et l'entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu a conçu toute la boîte arrière à partir des devis donnés par le SPVM.

Termaco est loin d’être une nouvelle venue dans la transformation de l’aluminium. La société œuvre dans le domaine depuis maintenant 48  ans, depuis sa fondation en 1968 par Roger Breton. Comme l’indique son slogan, Protecteur d’énergie, elle s’implique dans l’industrie électrique avec la conception et la construction de cabinets à batterie, des supports, des boîtiers ou encore des camions utilitaires. Sa renommée et son succès reposent sur le procédé de peinture électrostatique, qu’elle a importé d’Europe en 1973. Toutes les pièces fabriquées depuis les usines de Termaco sont enduites d’un revêtement en poudre avant l’assemblage pour les protéger de la corrosion. Ses équipements sont aujourd’hui vendus à travers le monde. L’usine de Saint-Jean a été agrandie à 7 reprises et une autre usine de 51 000 pieds carrés a ouvert ses portes, en 2008, à Reading en Pennsylvanie.

Un changement de cap réfléchi.Il ne fallait pas avoir froid aux yeux pour investir aux États-Unis et prendre le pari de percer dans le secteur des boîtiers de batterie. Si Pierre Marsolais admet qu’une part de risque est présente dans ces décisions, il ajoute que les paris pris par Termaco ont toujours été calculés.

« Il y a toujours une part de risque, mais Termaco agit de manière prudente. L’usine de Pennsylvanie visait à sécuriser notre production et montrer notre sérieux à nos deux plus gros clients, East Penn Manufacturing Co et EnerSys (…) Dans le secteur des camions, nous avons maintenant la capacité de faire des flottes. »

Depuis quatre ans, Termaco a décidé de sélectionner davantage ses projets et fait de plus en plus de place aux projets à plus grande valeur ajoutée. Elle a délaissé la sous-traitance pour en faire plus dans son usine. Elle a ajouté des stations de travail pour un total de quatre. La chaîne de montage comprend cinq robots soudeurs au laser, ce qui a permis d’augmenter la cadence de production. Chaque semaine, près de 5 000 numéros de pièces sont en mouvement dans l’usine où travaillent 150 employés, répartis sur 2 quarts de travail.

Termaco a également investi dans un nouveau four à convection qui peut traiter des pièces de très

grande taille. Une chaîne de mon-tage, dédiée à l’installation des cais-sons sur les camions occupe à elle seule un quart de l’usine. Dans les périodes de pointe, les employés peuvent assembler quatre camions par semaine. À tout cela s’ajoute une équipe d’une dizaine d’in-génieurs, de dessinateurs et de concepteurs qui améliorent sans cesse le génie et le design derrière les pièces fabriquées par Termaco. Cette équipe a d’ailleurs travaillé durant deux ans pour améliorer la série de cabinets; la PME est main-tenant en mesure de desservir des clients comme IBM pour l’entre-posage de batteries industrielles, avec les caractéristiques d’un sys-tème d’alimentation sans coupure (onduleur UPS).

L’incursion de Termaco dans le domaine électrique s’est de plus concrétisée avec l’annonce l’été dernier d’un contrat pour la construction d’un prototype nord-américain d’autobus multihybride, grâce à un investissement de 7 millions de dollars de la société française Safra. Lorsque le prototype sera viable, 200 emplois seront créés pour assembler les autobus qui nécessitent chacun 2 000 heures d'assemblage. Les structures des autobus ne seront pas en aluminium, mais la nouvelle démontre le sérieux de Termaco.

« La construction de cabinets de batterie fera toujours partie des activités de Termaco, mais nous ciblons et sélectionnons davantage nos clients aujourd’hui », résume Pierre Marsolais. 

Termaco travaille depuis longue date avec Bell pour qui elle assemble des boîtes de camion en aluminium, ainsi que toutes les composantes se trouvant à l’intérieur, selon les demandes de la société de télécommunication.

L’usine de Termaco compte 150 employés,

répartis sur 2 quarts de travail.

60 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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Dicsa met à la disposition de ses clients un service de conception, de préparation et d’installation clés en main que ce soit pour des structures de machines, des enceintes de protections autour de la machinerie ou des robots, des convoyeurs, des bancs ou tables de travail ergonomiques, des cloisons, des tableaux de production, des étagères et des meubles d’appareil informatique adaptés; la modularité et l’adaptabilité du produit en font une sorte de signature. Toutefois, les clients ont toujours le loisir de se procurer le matériel brut pour le couper et l’assembler eux-mêmes.

Ils y ont ajouté la couleur.Une autre marque de distinction apportée au concept des profilés KATIM vient de l’ajout de la couleur sur les barres d’extrusion en aluminium. L’entreprise emploie deux procédés pour y parvenir. La première technique, utilisée depuis 10 à 15 ans, est un procédé d’oxydation superficielle du métal par électrolyse où l’on plonge et rince les pièces d’aluminium dans une succession de bains afin de préparer sa surface, de produire l’oxyde qui la protègera, de fixer sa couleur et, un dernier bain, pour stabiliser le procédé. Quant à la deuxième technique, employée depuis 4 à 5 ans, elle consiste à ajouter de la couleur aux barres. C’est le procédé de la thermo-peinture : un poudrage

électrostatique où la peinture en poudre reçoit une charge électrique positive et se colle temporairement à la pièce qui est chargée négativement. Ensuite, la pièce est placée au four pour que la chaleur entraîne la fusion et la polymérisation de la poudre. Cette méthode offre un fini de meilleure qualité et une plus grande durabilité.

Grâce à l’ajout de la couleur sur les profilés d’aluminium, l’entreprise se démarque de la concurrence qui ne propose pas une telle option. Questionné sur l’impact de la particularité de KATIM COLOR sur sa clientèle, David Polis explique : « Ce produit a consolidé notre relation avec certains clients, car leurs productions se sont améliorées et leur ont permis de réaliser des projets novateurs. Je le montre toujours quand je parle de l’extrusion et les concepteurs passionnés réagissent très positivement à cette option, car ils sont toujours sensibles aux nouvelles approches et à l’aspect final de leurs réalisations. »

La distribution couvre l'Amérique du Nord.Dicsa répond, avec son produit KATIM, à un très large marché. La compagnie touche autant des gens issus de l’industrie secondaire — certaines personnes vont utiliser les barres de structures pour mon-

ter des kiosques — que d’autres qui fabriqueront des tables ergo-nomiques. Les possibilités sont presque sans limites. Sa distribution couvre essentiellement l’Amérique du Nord, bien que certains produits soient exportés outre-mer une fois que le client en a pris possession.

L’entrepr ise dét ient aussi une division séparée, axée sur l’équipement robotique; cepend ant , ses p ro f i l és d’aluminium ne sont jamais très loin. « L’extrusion modulaire facilite la concrétisation rapide des structures de prototypes, des gardes de sécurité ou d’autres concepts, explique David Polis. Ça permet aussi d’accomplir des assemblages comme des systèmes de préhension pour manipuler des pièces comportant une grande surface. On peut confectionner prestement un cadre avec l’extrusion d’aluminium et y ajouter des ventouses de préhension par le vide afin de soulever les pièces. »

Quels sont les projets pour l’avenir? « Compléter le programme d’extrusions par différents types d’attaches pour améliorer la modularité… faire évoluer le produit, révèle le directeur technique. Nous sommes toujours en mode recherche et développement, nous travaillons aussi sur différents produits conçus à partir de nos extrusions, qui pourront améliorer la qualité de vie des individus grâce à une ergonomie automatisée. 

Dicsa Automatisation se spé-cialise dans la fabrication et la distribution de produits pour l’automatisation de la machine-rie industrielle La PME de Boucherville se distingue notam-ment par son système d’extru-sion modulaire en aluminium commercialisé sous le nom de KATIM Ce système permet l’assemblage rapide et facile de structures en usine; de surcroît, cette entreprise a eu l’ingénieuse idée d’ajouter de la couleur aux structures (KATIM COLOR)

De la distribution à la création d’un produit québécois.Fondée depuis déjà 25 ans par Jean-Marcel Polis, qui verra son fils David venir le rejoindre 8 ans plus tard, cette compagnie évoluait principalement dans le domaine de la distribution industrielle pour l’automatisation. Progressivement, monsieur Polis s’est orienté vers la distribution de systèmes d’ex-

trusion modulaire pour ensuite développer son propre système au Québec.

Le concept de profilés d’extrusion d’aluminium modulaire a été conçu de façon à faciliter l’assemblage, et ce, en termes de temps et de technique. « KATIM, c’est un système qui offre la convivialité d’un jeu de meccano, relate David Polis, directeur technique, qui ne nécessite aucune préparation, ni finition ou peinture supplémentaire. » Par ailleurs, ces

barres d’extrusion, contrairement à l’acier, ont la propriété de pouvoir être coupées et directement assemblées sans soudures grâce à une boulonnerie adaptée. Les structures offrent aussi la possibilité d’être démontées, permettant ainsi d’apporter des modifications au besoin ou de réutiliser le matériel pour un autre assemblage. Autre considération non négligeable : comme les profilés sont tout en aluminium, ils sont entièrement recyclables.

DICSA AUTOMATISATION

DES PROFILÉS D’ALUMINIUM QUI SE DÉMARQUENTUNE ENTREPRISE APPORTE DE LA COULEUR À SA STRUCTUREPAR ARIEL LAFORGE D’ANJOU

Les profilés d’aluminium KATIM se distinguent par l’ajout de la

couleur à leurs structures.

Leur concept de profilés d’extrusion d’aluminium modulaires est facile à

assembler.

Le produit KATIM offre des possibilités presque sans limites, assure Davis Polis.

PMErecherche

David Polis et son père Jean-Marcel Polis,

fondateur de DICSA Automatisation.

63Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201562 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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C’est sous le signe d’une approbation commune que l’ensemble des membres du conseil d’administration du Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium (CQRDA) a soumis la candidature du représentant de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) à la présidence de l'organisme Devant cette unanimité, le vice-recteur aux ressources a accepté, avec plaisir, de reprendre le flambeau laissé par Jean Paré, dont les obligations professionnelles l’ont conduit à s’installer aux États-Unis

« J’entends soutenir efficacement, avec mes collègues du conseil d’administration, la recherche et le développement, de même que l’innovation dans les petites et moyennes entreprises transfor-

matrices d’aluminium au Québec. Nous allons également travailler, au cours des prochains mois, à faciliter la réponse aux besoins des entreprises avec lesquelles nous travaillons, dans un esprit de flexi-bilité et de rapidité », a expliqué le nouveau président après son élec-tion. Rappelons que Dominique Bouchard occupait, depuis son entrée au conseil d’administra-tion du CQRDA, l’an dernier, le poste de secrétaire général; il était membre de l’équipe de direction du Centre.

L'ancien dirigeant d'Alcan se montrera « proactif et créatif ».Avant son arrivée à l’UQAC, mon-sieur Bouchard a connu une bril-lante carrière chez Alcan. Il a été

LE CQRDA DEVIENT UN COURTIER EN INNOVATION

DOMINIQUE BOUCHARD ÉLU PRÉSIDENT À L'UNANIMITÉLES PME DEMEURENT LA GRANDE PRÉOCCUPATIONPAR NATHALIE MÉNARD

| GLANURES

successivement contremaître général, surintendant, directeur de la division Énergie Électrique, directeur de l’usine d’Arvida que celle d’Alma, vice-président d’Al-can Métal primaire Saguenay–Lac-Saint-Jean, responsable des opérations et de la mise en œuvre de la stratégie de développement, et, finalement, président de Rio Tinto Fer et Titane à Sorel-Tracy ainsi que d’une mine d’ilménite à Havre-Saint-Pierre.

Détenteur d’une maîtrise en management de l’Université McGill, Dominique Bouchard est aussi diplômé de l’International Master Program in Praticing Management ( IMPM) de l’Université Insead de France. C’est un homme très impliqué dans son milieu et il fait partie de plusieurs conseils d’administration.

Dans la nouvelle fonction qui lui est confiée, Dominique Bouchard a pour objectif de travailler, tout comme son prédécesseur, avec et pour les PME qui œuvrent à la transformation du métal gris, et ce, à la grandeur du Québec. « Dans le respect des normes imposées par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations (MEIE), le CQRDA a l’intention de remplir le rôle qui lui a été donné, dans la Stratégie québécoise de développement de l’aluminium, soit celui de courtier en innova-tion. En effet, notre intention est d’être proactif et créatif. Nous ferons des propositions afin de faire avancer les choses, car les PME ont des besoins importants dans le secteur de l’innovation. »

L'organisme n'a pas échappé aux coupures budgétaires.Le nouveau président sera assisté dans son travail par Luc Boudreault, directeur général par intérim depuis maintenant près d’un an et demi. Le poste de secrétaire général a été confié à Éric Potvin, le représentant du Cégep de Jonquière au conseil d’administration. Soulignons que le CQRDA est confronté, depuis juin 2014, à une suite de changements significatifs apportés par le gouver-nement. Ceux-ci ont eu des impacts importants sur le fonctionnement du Centre. Le directeur par intérim, Luc Boudreault, souligne que ces mutations ont effectivement eu des répercussions majeures : «  Nous avons connu d’importantes cou-pures à notre financement, mais sur-tout, c’est notre modèle d’affaires même qui a été affecté par les chan-gements que notre Ministère de tutelle a imposés. Il y a eu malheu-reusement des impacts négatifs. Par exemple, nos clients, les PME qué-bécoises, nous ont rapporté avoir vu diminuer la qualité du service offert par le CQRDA, malgré tous les efforts du personnel en place ».

Selon le Rapport annuel 2014-2015, composant avec les changements de normes d’acceptabilité des projets, le CQRDA a tout de même reçu 38 projets pour analyse, ce qui est dans la moyenne des quatre dernières années. De ce nombre, en appliquant ces nouvelles normes, 21 seulement

ont toutefois reçu l’aval du comité scientifique, une diminution par rapport aux années précédentes.

Le centre de liaison est remplacé par le Regroupement sectoriel.Diverses raisons peuvent expli-quer le rejet des 17 autres projets, tant par le comité scientifique que par les promoteurs eux-mêmes. Mentionnons, à titre d’exemples, la faisabilité technico-commerciale faible, le montage financier incom-plet, des projets effectués sans le soutien du CQRDA, ou encore ceux ne nécessitant pas d’aide d’un centre de recherche public (CRP), car l’expertise interne était suffisante, ou bien encore le pro-jet a été redéposé avec d’autres livrables à la suite d’un partenariat avec un CRP.

Au cours de la prochaine année, le Centre devra quitter ses pan-toufles de centre de liaison et de transfert technologique (CLT). Ce rôle qu’il avait reçu, dès sa créa-tion en 1993, se modifiera en celui de Regroupement sectoriel de recherche industrielle (RSRI). Les changements se feront également sentir dans la composition même de son conseil d’administration qui sera, lui aussi, revu selon les règles régissant les RSRI. « L’année qui vient s’annonce chargée, mais nous sommes fin prêts à affron-ter ces transformations », affirme avec confiance le directeur par inté-rim Luc Boudreault.

Dominique Bouchard, successeur de Jean Paré à la présidence du CQRDA,

est accueilli par le directeur général par intérim, Luc Boudreault.

Après une brillante carrière à l’Alcan, Dominique Bouchard

est devenu vice-recteur aux ressources de l’UQAC.

Lors de l’assemblée générale annuelle du CQRDA, les participants ont dû apprivoiser les changements imposés par le gouvernement, alors que le rôle du Centre devient celui d’un courtier en innovation.

65Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201564 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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derrière le chercheur

derrière le chercheur

derrière le chercheur

derrière la chercheure

derrière la chercheure

derrière le gestionnaire

derrière le gestionnaire

derrière le gestionnaire

Issu d’un pays de soleil, le premier souvenir qu’il a de son arrivée dans sa terre d’adoption est le froid d’un janvier glacial Et pourtant, c’est la chaleur des gens de ce pays qui l’a séduit Le docteur Ahmed Rahem, natif d’Alger, est devenu le produit hybride du mariage des extrêmes que sont le froid et le chaud, deux cultures, deux sources vives qui le rendent unique Cet ingénieur qui a participé à la naissance du Centre des technologies de l’aluminium (CTA) à Chicoutimi, chercheur au service du Conseil national de recherches Canada (CNRC) et, maintenant, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi, est régi à la fois par le cœur, l’enthousiasme et la

passion Sa vie résulte de ces trois vecteurs

Suivant les conseils de son père, élève studieux, bachelier du lycée El Idrissi d’Alger, il réussit le concours d’entrée à la presti-gieuse École nationale supérieure des travaux publics, pépinière d’in-génieurs d’État très prisés par les grandes compagnies nationales et internationales. Major de sa pro-motion, Ahmed obtient une bourse d’État lui permettant de faire son doctorat au Canada. Il croit sa route tracée : retour en Algérie au titre de Philosophiae Doctor (Ph. D.), deux ans de service militaire, un bel avenir professionnel et l’es-poir d’y fonder une famille. Mario Fafard, professeur à l’Université Laval de Québec, qui deviendra

le premier directeur du Centre de recherche sur l’aluminium-REGAL et conseiller scientifique auprès du Conseil national de recherches Canada (CNRC) lors du démarrage du Centre des technologies de l’aluminium, va le soumettre à sa première tentation.

CHERCHEUR AU CNRC-CTA, DEVENU PROFESSEUR EN GÉNIE CIVIL À L’UQAC

UN COURS SUR LES STRUCTURES D’ALUMINIUMLE Dr AHMED RAHEM EST LE PRODUIT HYBRIDE DU MARIAGE DES EXTRÊMES

PAR CHRISTIANE LAFORGE

Le Dr Ahmed Rahem, originaire d’Algérie, a fait son doctorat à l’Université Laval de Québec.

Chercheur au CNRC-CTA à Chicoutimi, il est, depuis août 2015, professeur en génie civil à l’UQAC.

Le chercheur Ahmed Rahem, lors de ses travaux au CTA, en compagnie de Hélène Grégoire, agente technique au CTA-CNRC.

67Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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« Mais qu’est-ce que je suis venu faire ici? »Le jeune Algérien a une vision poé-tique du Canada : nation pacifique et accueillante, grands espaces verts que l’hiver enveloppe d’un blanc duvet transformant les vitres « en jardin de givre ». Le 12 janvier 1990, il fait 15 °C quand il s’envole. Il fait -25 °C quand il atterrit. Tombe la neige, souffle un vent violent sur ce désert blanc de Mirabel. « Je me croyais en plein pôle Nord », évoque-t-il en riant. Frissonnant à ce souvenir tellement glacial qu’il aurait repris l’avion aussitôt pour retrouver le soleil si cela avait été possible. « Je me suis dit : Mais qu’est-ce que je suis venu faire ici? Heureusement, je n’ai pas pu repar-tir », conclut-il, ouvrant les bras pour mieux dire pourquoi. À ceux qui le taquinent de vivre à Chicoutimi, il réplique avec humour : « Je suis Ahmed Tremblay ».

Avec des compatriotes, parachutés comme lui à l’Université Laval de Québec, il loue un appartement et entreprend un long marathon de 10 ans, comme doctorant.

Dans l’enceinte de l’université, une étudiante en graphisme va le soumettre à la seconde

tentation. Toujours convaincu de n’être qu’un résident temporaire, Ahmed résiste, redoutant pour l’un comme pour l’autre qu’il y ait risque d’une déchirure. Il sait la douleur de l’exil. Il ne veut pas l’imposer. À ne pas chercher à le retenir, elle l’emportera. Le 20 août 1994, Ahmed Rahem épouse la

Québécoise Nancy Gignac. Leur fils Rémy naîtra l’année suivante, suivi en 1998 par Ismaël et, en 2006, par Zachary l’enfant du Saguenay.

Tout ce temps, l’étudiant Rahem se divise entre les études, la famille et le travail : professionnel

de recherche et chargé de projets pour le Groupe Interdisciplinaire de Recherche en Éléments Finis de l'Université Laval (GIREF), assistant à l’université, chargé de cours en sciences du bois et de la forêt. Enfin, en 2001, il présente sa thèse, outil d'aide pour l’ingénieur en calcul des structures : Analyse non linéaire en grandes rotations et grands déplacements des structures minces.

Spécialiste du calcul des structures, il additionne les expériences professionnelles.À l’heure des premiers choix, le futur Dr Rahem hésitait entre devenir pilote d’avion, architecte ou informaticien. Son père, de par son métier de chauffeur, côtoyait le monde des ingénieurs des travaux publics. Il convainc son fils de regarder dans cette direction. Avant de choisir, Ahmed passe avec succès les concours pour chaque ENP : informatique, architecte et travaux publics. Cette dernière a un attrait de plus : les stages à l’étranger.

L a po l y va lence de ses compétences, sa curiosité et son enthousiasme le gardent ouvert aux opportunités. Ce spécialiste en ingénierie et calcul des structures

additionne les expériences professionnelles et les réalisations de projets industriels pointus dans plusieurs domaines (génie civil, transport, foresterie, équipements électriques, et autres), que ce soit pour le compte du GIREF ou de GENICAD, qui est spécialisée en ingénierie, en conception numérique et mécanique, en gestion de projets et en dessin technique, où il travaillera trois ans comme chargé de projets et spécialiste en éléments finis avec son fondateur, le regretté Jean-Paul Cyr.

Surgit alors l’esprit du fjord du Saguenay. Mario Fafard propose une rencontre, une seule rencontre, avec Jean-Pierre Martin. Et, qui sait…? Le couple hésite. Il vient à peine de s’installer dans leur nouvelle résidence à Québec. Non est aussi une bonne réponse, se disent-ils.

Le CTA, c’était un formidable défi. Et j’étais partant.Quand j’ai rencontré Jean-Pierre Martin, avec sa simplicité, sa générosité, sa compétence aussi, j’ai vu le défi. « On est en train de construire un nouveau centre des technologies de l’aluminium pour soutenir les industriels de la région dans les deuxième et troisième transformations de l’aluminium. Vous serez amené à édifier ce centre-là », m’a-t-il dit. Je voyais la lumière dans ses yeux et il m’a transmis cette lumière. C’était un formidable défi pour moi et j’ai répondu : « Je vais venir. Je suis partant. »

Débutant au CTA en 2002 en tant qu’agent de recherche pour ensuite devenir chef du groupe Procédés de formage, il a contribué à la mise en place des activités de recherche dans le domaine de la mise en forme d’alliages d’aluminium à partir de procédés, dont l’hydroformage, l’estampage, l’étirage et le formage à chaud. La mission du CTA-CNRC était de favoriser la création et

l'implantation d'un secteur de transformation secondaire et tertiaire de l'aluminium au Canada. Depuis 2012, le CTA privilégie le développement de procédés applicables à l'industrie du transport. Ses projets de recherche axent l'allègement des véhicules par la fabrication de composantes en aluminium.

Fin juillet 2015, Ahmed Rahem quitte le CTA. « Je suis fier d’avoir travaillé avec des entrepreneurs de la région, d’avoir trouvé pour eux des solutions. C’était l’essence même de la création du CTA. Mais j’avais envie de regarder ailleurs. » Œil de lynx, dirait-on, captant l’ouverture d’un poste en génie civil à l’UQAC, il y entreprend, depuis août, la réalisation d’un rêve  : transmettre son savoir, laisser sa marque dans la mémoire d’une nouvelle génération.

L’étudiant d’hier devient le profes-seur d’aujourd’hui. Il aborde une ère nouvelle où le bois et l’alumi-nium sont à l’ordre du jour. Outre le cursus prévu au programme, M. Rahem veut créer un nouveau cours où l’aluminium s’inscrira dans la conception des structures. Un tel cours n’existe pas présen-tement, assure-t-il. Il espère le soumettre pour l’année 2016. Sa démarche, qui inclut le mariage du bois au métal gris, répond, croit-il, aux objectifs de la Stratégie québé-coise de développement de l’alu-minium, où le gouvernement du Québec prévoit investir 32,5 M$ en 3 ans pour promouvoir l’utilisa-tion de l’aluminium.

S’ajoute la recherche. Bois et aluminium, où la légèreté s’alliera à l’esthétisme, où la durabilité épousera la beauté. Le professeur Rahem ne doute pas des qualités et des avantages liés à l’un et l’autre de ces matériaux. Il sait que le handicap de l’aluminium est son coût, pourtant largement compensé à long terme par sa durabilité. « L’entretien et le remplacement d’un matériau qui ne résiste pas au temps finit par coûter beaucoup plus cher que l’aluminium », assure le chercheur.

Ce savoir, cette expérience de l’aluminium, c’est aussi cela qu’il souhaite transmettre aux futurs ingénieurs, architectes et designers.

Intégration réussie et famille en harmonie.Le mariage de l’homme des terres chaudes d’Afrique avec la femme des terres nordiques n’a rien de tiède. Père porté sur les sciences, mère artiste, cette famille vibre en harmonie. Ne nous étonnons pas, les trois fils sont musiciens. L’aîné étudie en génie électrique à Sherbrooke; le second mène de front des études de musique (guitare et hautbois) et en sciences humaines; quant au benjamin, il navigue entre musique et sports.

Bien que ses lectures soient d’abord des livres de sciences, Ahmed Rahem ne boude pas les romans historiques. Côté sport, il a renoué avec une passion de sa jeunesse, le judo. Intégration réussie. Les séjours en Algérie, si agréables soient-ils, se concluent toujours par le bonheur de revenir au Saguenay. « Quand on est venu à Chicoutimi, confie Nancy, j’ai trouvé tout ce que j’aimais : la proximité des commerces, de la forêt, des plages, l’espace loin des embouteillages, la gentillesse. Ici, entre voisins, on se parle. » — « On n’a jamais ressenti de racisme. Au contraire, renchérit Ahmed. De vivre ici, j’ai compris que je ne perds pas quelque chose. Je suis gagnant. » 

Le Dr Rahem, dans le jardin familial, avec sa famille. Sa conjointe, Nancy Gignac, originaire de Québec, son fil cadet Ismaël, musicien et le benjamin de la famille, Zachary, né à Chicoutimi. Absent lors de la prise de la photo,

l’aîné, Rémy, étudiant en génie électrique à Sherbrooke.

Le professeur Ahmed Rahem, Ph. D., en action, simulant une levée

topographique en prévision d’un cours à donner aux étudiants inscrits en

topométrie à l’UQAC.

Le Dr Ahmed Rahem, chercheur au CNRC-CTA,

n’a pas de doute sur les nombreuses qualités de

l’aluminium et compte bien partager ses

connaissances avec les futurs ingénieurs.

69Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201568 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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En annonçant son intention d'établir une bourse du carbone en 2017, la Chine a surpris agréablement le monde occidental Premier producteur d'aluminium, le plus populeux pays de la planète est également le grand pollueur, le champion des émissions de gaz à effet de serre (GES) Avec ses usines carburant au charbon, il devance les États-Unis La bonne nouvelle venue de Pékin ajoutera à l'importance du rendez-vous que se sont donné, durant l'actuel mois de décembre, à Paris, les nations les plus industrialisées qui s'inquiètent des effets du réchauffement de notre bonne vieille terre

La bourse du carbone ouvre un nou-veau marché d'échange de droits d'émission de GES, une sorte de taxe infligée aux pollueurs au pro-fit des nations qui développent, comme le Québec, l'énergie verte. Les participants à la conférence sur les changements climatiques, tenue à Kyoto au Japon, en 1997, en avaient approuvé le principe. Mais le Canada s'est retiré du pro-tocole de Kyoto le 12 décembre 2011. Les conservateurs n'y per-cevaient qu'un stratagème autori-sant les pays pauvres à soutirer de l'argent aux plus riches.

Le partenariat Québec-Californie.Partenaire modèle en énergie propre avec son hydroélectricité, le Québec a aménagé, en janvier 2013, son propre marché du carbone désigné SPEDE (système de plafonnement et d'échange de droits d'émissions de gaz à effet de serre) qu'il a jumelé, un an plus tard, à celui de la Californie dans le cadre de la Western Climate Iniative (WCI), le plus grand marché du carbone en Amérique du Nord.

L'argent recueilli sert au finance-ment du Plan d'action 2013-2020 sur les changements climatiques. Mais le fonctionnement de cette bourse nord-américaine du car-bone montre des failles. Tout en lui reconnaissant le mérite de bien gérer le mécanisme « en évitant d'en faire un enjeu politiquement trop chargé et en tirant des leçons des erreurs faites ailleurs », le groupe Énergie propre du Canada lui reproche essentiellement, dans un rapport déposé à la Table ronde sur les changements climatiques, qui a eu lieu à Québec en avril der-nier, un manque de transparence et le fait d'entraîner une fuite de capital vers la Californie.

La température de la planète fera déborder les océans et causera mille catastrophes le jour où les GES atteindront 2 900 milliards de tonnes, nous répètent les climato-logues. Le moment fatidique sur-viendra en 2040 si l’indiscipline et le scepticisme bloquent le redres-sement. C'est comme si vous étiez en train de remplir une baignoire, explique le chercheur, et on se dit : « OK, c'est quoi la capacité totale de la baignoire avant qu'elle ne déborde?  » On est aux deux tiers et le robinet est toujours bien ouvert. » 

Christian Van Houtte, qui fut président-directeur général de l'Association de l'aluminium du Canada (AAC) pendant 18 ans, est décédé le 20 juillet dernier Grâce à son apport, il a su impo-ser l'association comme étant le seul interlocuteur du gouverne-ment pour l'industrie de l'alumi-nium, estime Lucien Gendron, ancien directeur général du Centre québécois de recherche et de développement de l'alumi-nium (CQRDA)

« Il devait relever un défi qui n'était pas facile: il avait à représenter cinq alumineries auprès du gou-vernement et devait en arriver à un consensus, tout en représentant les intérêts de chacun. Je crois que, là-dessus, il a été très efficace », souligne en entrevue M. Gendron, qui a été à la tête du CQRDA pen-dant une vingtaine d'années et qui a travaillé à plusieurs reprises avec Christian Van Houtte.

Un homme efficace, ordonné et à l'écoute de ses interlocuteurs.Il estime en outre que M. Van Houtte a réussi à imprégner un certain sentiment d'appartenance québécois aux alumineries, qui étaient réticentes au départ à une telle association. Lucien Gendron se souvient de Christian Van Houtte comme étant un homme efficace, ordonné et à l'écoute de ses différents interlocuteurs.

Le disparu a aussi joué un rôle primordial dans la mise en place du CQRDA, au début des années 1990. « Il s'était intégré au comité lorsque le dossier se montait. [...] Les gens du CQRDA étaient vus au début comme des gens d'Alcan. La présence et l'appui de M. Van Houtte nous ont donné énormé-ment de crédibilité. »

L'équipe du CQRDA avait déve- loppé un rapport amical avec Christian Van Houtte, qui se dépla-çait souvent au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Monsieur Van Houtte est décédé à l'âge de 73 ans dans sa ville natale, Montréal. Après avoir été président de l'AAC de 1991 à 2009, l'ancien vice-président de l'Aluminerie de Bécancour (1983-1990) œuvrait à titre de conseiller en gestion et en environnement pour sa firme, Van Houtte Conseil inc.

L'AA C a souligné sur son site Internet l'importance de la contri-bution de Christian Van Houtte au développement de l'industrie canadienne de l'aluminium: « C'est grâce à sa vision, à sa rigueur et à

sa détermination à développer une industrie performante sur le plan environnemental que l'industrie canadienne de l'aluminium peut aujourd'hui assumer une position de tête à l'échelle mondiale dans la lutte à la diminution des émissions de gaz à effet de serre. »

Christian Van Houtte, membre honorifique du Réseau Trans-Al, fai-sait partie, depuis 2009, du conseil d'administration de Technologies Orbite, une société de trans-formation des minéraux et de développement des ressources. « Travailler avec Christian va nous manquer », a souligné le président du conseil d'administration, Claude Lamoureux. 

LES GES MENACENT...

LA CHINE ENTREPREND LE COMBATLA BAIGNOIRE DÉBORDERA EN 2040PAR BERTRAND TREMBLAY

DÉCÈS DE CHRISTIAN VAN HOUTTE

UNE VOIX RASSEMBLEUSE POUR L'INDUSTRIE DE L'ALUMINIUMLE CQRDA PERD UN FONDATEURPAR MYRIAM GAUTHIER

| GLANURES GLANURES |

La Chine prévoit établir une bourse du carbone en 2017.

Le regretté Christian Van Houtte, ex-président et directeur général de l’AAC.

Lucien Gendron, ex-directeur général du CQRDA, a bien

connu Christian Van Houtte.

Pays le plus populeux, la Chine partage les inquiétudes des nations les plus

industrialisées.

71Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 201570 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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L’installation prochaine d’une usine de transformation du lithium par la minière Nemaska Lithium sur l’ancien site indus-triel de la papetière Laurentides de Produits forestiers Résolu (PFR) ajoute un autre jalon à ceux posés, à ce jour, pour redonner un nouveau souffle à l’écono-mie de la Cité de l’Énergie Une installation qui, estime-t-on, va créer quelque 300 emplois

Premier citoyen de Shawinigan, Michel Angers expose avec force arguments, dans le cadre d’un entretien téléphonique, que les efforts de reconversion amorcés ces dernières années portent fruits, mais qu’ils doivent cependant être maintenus avant de claironner mission accomplie. Le maire rappelle que les fermetures

annoncées par les grandes entreprises, notamment Produits forestiers Résolu et Rio Tinto Alcan, ont forcément entraîné dans leur sillage la suppression de centaines d’emplois industriels.

Le fruit d'un développement planifié.Comme il l’a fait le 9 juin dernier, lors du lancement du 42e numéro de la revue Al13 devant un parterre de décideurs, de communicateurs et de gens d’affaires de la Mauricie et du Saguenay–Lac-Saint-Jean, le maire signale que l’opération lancée nécessite une synergie de tous les instants entre l’ensemble des acteurs concernés.

LANCEMENT DU 42e NUMÉRO D'AL13

NEMASKA LITHIUM CRÉERA 300 EMPLOIS À SHAWINIGANNOUVELLE VICTOIRE DU MAIRE MICHEL ANGERSPAR YVON BERNIER

GLANURES |

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/ L’un des plus actifs au sein de divers comités et de conseils d’administration, le maire de Shawinigan, Michel Angers,

orchestre avec brio l’ensemble des actions qui sont menées

par le milieu et l’État pour que la Cité de l’Énergie retrouve

son plein tonus économique.

Hugues Lajoie, qui était directeur du Bureau de développement économique régional de RTA

en Amérique du Nord, a pris sa retraite après cet événement.

73Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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Elle requiert, par ailleurs, un développement planifié avec cibles dûment identifiées, une implication financière par les gouvernements supérieurs d’appuis et de programmes favorisant les PME, le développement d’une culture entrepreneuriale et surtout une volonté à toute épreuve de faire revivre le dynamisme qui prévaut depuis le début du XXe siècle dans ce coin de pays.

Les fruits produits, jusqu’à maintenant, en matière de reconversion industrielle sont, entre autres, la création de la Shawinigan Aluminium issue du consortium du Groupe Sotrem-Maltech et Pluri-Capital favorisant le maintien de 75 emplois sur l’ancien site du centre de coulée

de l’usine Alcan. Il y a eu par ailleurs, en 2014, aménagement de la station de divertissement numérique DigiHub au site de l’ancienne Wabasso; auparavant, soit en 2012 sur le même site, on procédait à l’installation du Centre d’entrepreneuriat Shawinigan.

Fructueuses visites industrielles en France et en Suisse.Pleinement au fait de l’ampleur de la restructuration amorcée, le maire fait ressortir l’importance d’avoir un coffre d’outils favori-sant une reprise rapide. « Chez nous, ces outils se traduisent par la formation de travailleurs qui

ont perdu leur emploi, l’utilisa-tion intensive du centre d’entre-preneuriat, l’application d’habiles stratégies de relance et les visites de sites industriels en France et en Suisse. » Ce type de visites outre-mer permettent, poursuit-il, de voir comment peuvent être atténués les impacts négatifs à la suite de fermeture de grandes entreprises, qu’il s’agisse d’alumi-nerie ou autres.

En terminant, lance le maire Angers, il me faut souligner le solide coup de pouce fourni par Rio Tinto Alcan dans le cadre de la présente transi-tion économique. 

Paber Aluminium est fi ère d’être un pilier parmi les fonderies de transformation d’aluminium au Québec depuis plus de 35 ans. Notre passion pour notre métier et la matière première nous permettent de repousser les limites du marché et de produire des pièces d’exception destinées aux plus grandes entreprises, et ce, à travers le monde.

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Jean-Marie Sala, conseiller scientifique au CQRDA; Pierre

Marsolais, directeur général des ventes et marketing de Termaco et l’un des agents de liaison du

CQRDA, Jean-Louis Fortin.

Une forte délégation du CQRDA assistait au lancement de la 42e édition d’Al13, en juin dernier à Shawinigan.

Au lancement du magazine Al13, Luc Boudreault, directeur général par intérim du CQRDA; Bertrand Tremblay, rédacteur en chef d’Al13; Michel Angers, maire de Shawinigan Ville hôtesse; Michel Boudreault, président-directeur général de Sotrem-Maltech; Jean Paré, à l’époque président du CQRDA et Hugues Lajoie.

74 Le magazine de l’aluminium | DÉCEMBRE 2015

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