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Le chasseur abstrait éditeur sarl unipersonnelle au capital de 2000€ - 494926371 RCS FOIX 12, rue du docteur Jean Sérié 09270 Mazères - France www.lechasseurabstrait.com [email protected] ISBN : 978-2-35554-377-7 EAN : 9782355543777 ISBN série La rivière Noire : 978-2-35554-368-5 Dépôt légal : mai 2016 Copyrights : © 2016 Le chasseur abstrait éditeur

Le chasseur abstrait éditeur chasseurabstrait

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Le chasseur abstrait éditeursarl unipersonnelle au capital de 2000€ - 494926371 RCS FOIX

12, rue du docteur Jean Sérié09270 Mazères - France

www.lechasseurabstrait.comchasseurabstrait@lechasseurabstrait.com

ISBN : 978-2-35554-377-7EAN : 9782355543777

ISBN série La rivière Noire : 978-2-35554-368-5

Dépôt légal : mai 2016

Copyrights :© 2016 Le chasseur abstrait éditeur

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alba serena

Patrick Cintas

La rivière Noire

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Série La rivière Noire

Romans

Anaïs K.Cicada’s fictions suivi de Le paillasse de la Saint-JeanGor UrCarabin CarabasRendez-vous des féesCoq à l’âne Cocaïne suivi de L’enfant d’IduméeLes baigneurs de Cézanne suivi de BA Boxon

Poésies

alba serenaChanson de KatebCancionero español

chez Le chasseur abstrait

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alba serena

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à Valérie

Fragments d’une conversation sans personnages mais Tydée gronde déjà à la Porte Poitridene franchis pas le gué de l’Isménosles entrailles des victimes ne sont pas favorables Et Tydée, furieux, qui brûle de combattrecrie comme le serpent qui siffle à l’heure du midiau promontoire de Cadméeaccablant d’outrages le savant devinfils d’Oïclé, et l’accuse de flatter, lâchementlâchement, la mort et le combat, in memoriam Poussant ces cris secoue 3 aigrettes noirescrinière de son casque, et sous son boucliercymbalum, cuivre sonnant l’épouvante Et puis ton propre frère o Enyo latinus bellonapardonne à Tirésias d’avoir tenté les cœursune Sœur, o Lykéios, fille de l’Hadès

*

trahi, trahi, trahi,des jours et des jourset des nuits et des nuitso labyrintheo cité trahi par ce dédale, sentenceet la déesse qui a vaincu par Bab Ilol’œil de nacre de sa faceterreuse

alba serena

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elle est presque nue sur les gradinso déesse ouvre ma lèvreet ma bouche célébrera tes louangescélébrera l’âge malgré les reculsouvre mes lèvrespar le baiser inviteet je parlerai de ton nom au nomde tous les cœurs et nomscachons, cachons nos vieilles faces ensoleilléescar l’éthique même estde paraître avec la nuit

*

Embarquez valeureux matelots tous sur le pont du Bonaviraspirez expirez la mer, mat’lot, c’est la seule santéprédicant c’nabot-là ! o sang de l’agneau o anneau de sangpurifie ma pudeur outragéeépargne-moi le sacrilègepardonne à mes hontes d’enfantrejaillis dans le ventre des mersRepose en paix, vieux mort !

*

sur le midi juste sonnant le cri de la mouette oh ouiimite pour moi le cri de la mouetteje veux me pendre à ton imagemoment où le poème se brisel’anse dans une mainsa main douce comme par le chant élu dis-moi o vagabonde cornée o vents o marées o retours

Patrick Cintas

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*

combien de masturbations secrètes as-tu suscitéeso chère longue et amère littératureet bien avant que de l’être de rutet de l’être du coït, même, même, du plaisiret tout poète digne de ce nom a dit :« cela commence avec moiet ceci n’est qu’une fin temporelle » m’aime m’aime et qui conjuguelà défilèrent les paquets d’algues océanesles jeux de l’oiseau et du crabeles mêmes thèmes qu’ailleurs, asiliumet le rêve et la réalité jouant par l’ombreles interférences du cœur et du cœurle courbe définit le linéaire t’aime t’aime sur quel modecomme par le corail suspendu à ta bouche

*

car c’est une poésie de pure contemplationune civilisation par l’inceste innove ma pensée au lieuen instance de rencontre avec l’autreen instance de rencontre par suiteprécède-moi d’un cœur plus mûrpar les neiges autrefois de saisonpar l’échine poudreuse du Graalpar la mosaïque entamée en 1454 cinq siècles durantpar les berges mauves où a bu un troupeau de moutonsil dit « que le pivot soit aussi le plus juste milieu »invente-moi un cœur

alba serena

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les ruines romaines dans une mare de sang

*

dis joli bedon eh gloire du nœudarrange un cœur très fol du roile destin y pourvoira du fondétale la terza rima’n luz de culo ç’amoureh lit dans le journal des strophes quotidiennes puis jaspinesacré filou l’caron gésant par-hicipi s’aller quérir le gral tout bolléquand c’est qu’il est gallé damoiselleun cœur qu’on stèle avecque escript

*

le passé littérairepoème opaque sur le verre dépoli des jours à venirmort prononcée de haute voixet puis la lecture épiphaniquece qui semble porteuse selon ce qui se présentedes lustres non rêvés au feu de soine sachant où commence où finitle premier jour que l’heure envisagece que personne ne cacherace qui meurt au parler d’une autre dynastie de pensée voulait que la grimace importune le sang voulait que tu ne sois pas lésé du sang o grâces pleines de grâces dites au passéelle voulait que le mot absente le présent

Patrick Cintas

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argumente le futurun retour aux vertus de l’âge

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là-bas sous les arbres nus de l’îlotdoucement elle déchire ce qui l’entouredoucement elle s’isole avec son sexedoucement elle se prépare à traverser la rivièreet lentement elle nage vers l’autre rivelentement approche l’autre rivelentement l’eau infiltre le poumoncri même des ronds dans l’eau où s’éparpille le visageet il la regarda traverser la rivièretoute nue et blanche comme le sableet petite comme les dunes de sableet toute lumière comme les pyramides

*

o langage mère de tous les vertigesvertige de celui qui tombevertige de celui qui s’élèvevertige de l’horizontale et de la verticalevertige de l’obliqueo vertige desvertiges nul n’est à point dans la lettre conviée à signifier

*

on a mis le mort dans le zinc soudé le zincet le zinc dans le bois cloué le boiset le bois dans la terre fermé la terre

alba serena

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on est sorti du cimetière avec les chapeaux dans les mainson a travaillé du chapeau en tapant des mainsla fille du B.A. a dansé sur nos chapeauxet nos chapeaux ont dansé sur nos têtesils ont dansé dans la robe perlée d’une catinleur pas était démesuré au-delà de toute main tendueP’t’être que Zeus s’ra pas furieux contre nous !

*

le serviteur du soleil coupe le chant des réserves de lions blancs et orsl’horizon per naturamenvisagé dans l’optique de somptueusesverticalités sur le haut de l’escalier la reine nuedes chiens contre les érections immobiles

*

et le roi entre dans le lit royalet la reine repose auprès de luiet le roi bande dans le lit royalet la reine repose auprès d’elleet le roi pénètre dans la reineet la reine lui donne son culet le roi à écaille de coquillageet la reine comme une virgule votiveet le roi lime dans l’anus in memoriamet la reine éloigne la mémoire

*

Patrick Cintas

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« ouiils nous fouettent jusqu’au sangils nous bousculent dans ses travauxmais o mon dieu que je suis heureusede participer de la présence de cet édificemême si leur dieu n’est pas le nôtreil y a cet immense travail qui compteje porte en moi tout l’orgueil de Bab Ilo »et pendant ce temps, qu’elle parlait,j’ai rêvé être sa douce lèvresa lèvre au son de verre étiré

*

il dit : « non » il dit :« mes frères sont fils de la boueet la boue m’est chèrepar l’eau et par la terrele pilier et l’autre pilier » des putains sur les bûchers l’esprit est une secousse des éléments près de l’abîmevoici le temps des bâtisseurs et des esclavesvoici le temps qui précède le tauvoici l’amour rectangulaire et ils ont beau brûler les putains de la villejamaispar-delà les bûcherspar-delà la mort violentepar-delà les érections forcenéesleur lèvre ne prononcera le mot juste

alba serena

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« n’appelle pas les chèvres »hurle Tytire semper recubansn’appelle pas les chèvreset n’appelle pas le boucne crache pas dans ton pipeaule lion large patte traîne dans l’arènele lion museau gris reconnaissantuse le sable blanc traîne le pivot large patte et museau gris Graymalkin

*

mon âme laisse tomber de moites raideurs les trois ailes du rêveles deux ailes du réveil elle l’herbe a pénétré l’hypotyposel’herbe renverse l’enthymèmel’herbe est la sodomie du reposl’herbe cache un discours héroïque

*

la campagne maintenant lointaineun arbre au chapeau de soleill’ombre verticalise la lumièresoutien-gorge sur la lampe-luciolece nœud de distances et de lointaines correspondances

Patrick Cintas

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dans ces sourdes désertions du cœur

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Capanée contre la porte d’ÉlectrePolyphonte et Artémis est-ce stupraqu’elle voulait dire « n’isole pas » le guerrier semé Mégaréus fils de Créonpour défendre la porte Néistela phalange d’Etéoclos au casque renverséPallus Onka voisin de la porte d’Athénaet le vaillant fils d’OïnopsHyperbios Typhon et Zeus contre la portepar la bouche d’un Hyppomédon plein d’Arésla porte Borée près du tombeau d’AmphionActor contre Parthénoppée Homoloiset Amphiaraos et le portier inhospitalierle puissant Lasthénoscroisent le cuivre des sorcières et un bouc de belle taille

*

il dit : « o toi rieuse et passante rêveusemarche au-delà de l’écume nacréela silice inaugure le sol passées les amoursl’algue océanemouette ciseléete souvienne ce que le vers énumère dans le sable »hantise suivie sur le contour, dit-ilde ce côté de la mer elle isole toujours

alba serena

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sais-tu qu’il chanteet que son désespoir a libéré les intermittencesa libéré le cœuret lire ceci :« alors le vieux grognaje vous ai déjà dit de me foutre le campet p’t’être que quand vous s’rez plus làj’pourrais manger mon pain en paixalors ils sortirent de là où il mouraitet il se trancha les veines au poignet » qu’il chanteet que son désespoir ne chante pasne se chante pasqu’il chantera encore alors il vit le vieux couché sur son litle poignet sur le ventresangl’œil gris « I’s’peut qu’j’ai eu tort mais pas moi » qu’il ditet au moins c’était la seule chose à direvu les circonstanceset vu la paix acquise dans le symbole et la fatalitécar la race qui est ton sang est un signe réducteur « mais si j’ai eu tort m’en veux pas » lire ceci, plutôt ceci :tu m’oublieras ainsi que ton nom o porteur du Présent

Patrick Cintas

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la mortrien que l’atroce anesthésiedu sens de la vie et de l’élémentrien que la dernière foisquand j’ai parcouru le chemin à l’enversjour des joursoù est inscrit ce qui ne sera pas dit :la dernière usure vienne à moi la conscience de mon crile sec et clair poumon jeté en pâture aux chiens d’Égypteet tombe la première pyramide ousque je m’en vaissoleils chauds et noirs et pâle rosée de l’inattendu

*

quels étaient les morts gisants par ce solévoqués plus loin dans la pierre noiredes pensées et de l’infortune au cœur de sel un serpent entre les tombes repère le présentvis-à-vis des chemins bordés de scories mentalesla voix terne et taciturne toujours de l’ancolieun serpent blancet le vent girant sur le tourles hommes futurs y laboureront peut-êtrel’enfer non pas le mal non pas dieusurprises entre les arbres nus s’élevant haut dans les jourscelui que l’infortune a fait naître sur ces rives calcairesle son de ta voix approche de la réalité

*

alba serena

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au pied du ciel dansantesles phases diverses du passage de la vie à la morttranses certesmais pourquoi ce sang que mesure la fin du jour souvienne non avec la mémoire juste dans le rêvece qui préside à la beautéau sens du crique l’absence de poumon retient ou délogeet répercute après l’heure

*

même au soir que désole l’ombreentre le sommeil et l’insomnies’y vautre le vis-à-vis des jours avec les nuitsregards du dehorsvers un intérieur qui s’interposeoù le langage rencontre le sang

*

les visages de chaque œil en tasau creux de la bobèche inouïela transe où l’ennui n’est pas mortd’avoir recueilli toute plainte et toute consolationdésertant l’optique d’un renouveau là-basredescendu l’oiseau dans ses mainsventre de feu que fornique le pleur

*

et H.D. se demandaitoù ils voulaient en veniravec leurs « assertions »

Patrick Cintas

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et toute la nuitles putains s’agitèrent dans les couloirsmanque d’éclairage sur tout ceciun temps peut-être nulpar rapport à l’augmentation du prix de l’amouret toute la nuit toute la nuità écouter les poux courir dans tes cheveux

*

là-bas et c’est ailleursplus loin que le regard ne porteau-delà de tes yeuxsemblable sœur dorée par ces rayonsla ligne vague du soleilcomme une bouche au vocatif lointainni demeure un reste de ce qui restes’échange et vocalise haut diverses naissancesla mer abrupte qui roucoulecomme au persil peut-êtrerestes d’un nom isoléparmi chacune de toutes les formes d’algues connues icipar un regard qui regarde si c’est luice qui compose l’auréoleet limite d’un cercle son nom qui l’adjectiveet le dénombre en sa saison son tempss’il est encore temps de démarrer le pas d’icifondre dans la dernière écumejuste limiteet mobile seulement vis-à-vis du pas qui s’y risquede donner dans ce mouvement où il est absenceporteur du feu qui ne s’en sépare pasaussitôt que l’air l’embrase et l’immolesur la terre porteuse de l’eau purificatrice

alba serena

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par cette rive aux rocs lointainsloin les arbres du dernier séjoursi lointaine blanche sous le vent qui te portetu es mesuré à la mesure des vaguescontre son ventre se courbantet nul n’a ouï de ta présence tout l’orcomme un écho mais regardési l’œil s’y attarde en ce moment arableet nul n’est plus solitaire que toiton ombre revenue de si loin là-basest-ce à la morsure de l’herbe d’oublipeut-être que s’y résout son opaque conflitas-tu marché assez longtemps sur cette terreas-tu besoin maintenant d’un repos nouveauou bien la mer encore a-t-elle demainassez de temps dans son écume légèreest-ce à cette dent douce que ton esprit murmuremais nul n’aura trouvé assez de tempsnul n’aura eu le temps de partagerle pain de ton bléle vin de ta vigneet ici l’herbe est fraîched’un premier rayon sur ta lèvrequi n’a pas trouvé le sommeilparlant toute la nuit à ce vague paysageoù la barque encore converse avec le ventest-il temps maintenantest-ce la pénultième toujoursparmi les mortes qui ont peuplé ton sexe

*

Patrick Cintas

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charmé d’entendrede si justes proposmais pourquoi les ensevelirsous ce brusque silence n’est-il que de t’étreindreavec ma voix de lucioleque dérive toute craintede ne te voir plus paraître le silence va-t-il nous direle point de ton criet la hauteur de la déchirure se penche le verbe aimersur le participe qui l’adjective où rencontre-t-on la voixton silence se charge d’autres silences

*

me voici proche des édificesde la distance et des lieuxdu désespoir et des regretsdes trahisons et des sentencesdes fuites et des refuges mesure ton langage je dis : mesure-le,car tu as pénétré mes monuments et mes dieuxle soleil me brûle les poumonsmesure le rayon la clartéje dis mesure la pierrecar en ces lieux la folie se structureselon les présages et puis même

alba serena

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tu es mesuré dans les calculsdes vitraux et des fresques mesure ceciqui est de clore toute parole dans le poumonen vue d’un cri sur le seuil ensoleillé de ma maison

*

douce au sampan de tes yeuxle vers horizontal fumigènedans la transe vers quelque étoiles’exalte le désir défile-t-elle devant mes propres yeuxconnaît ceci,que l’onde modifie la verticalité des surfacesidée fixerelevée d’un cranaprès que la septième retient une algue mauve la dame la plus belle stagne à l’orient

*

depuis que le ventdéchire le murnuages cloutés sur les tuilesdès que la pluie écartedes privilèges de rosée le temps est exactmêlée toute passante à l’hommage rendule symbole au peuple insulairela tour qui purule à l’horizon

Patrick Cintas

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chaste comme l’échoet réduite à peu de chosesprès du pont tenduentre le rêve et la réalitémais que le temps renversâtla vapeur au gré des lignes vibratoires des tombes pleurées plus que leurs mortsses morts oubliés comme page de mémoireiras-tu donc pleurer les tombes disparues avec le jourla nuit préside au rêvela mort instaure la pierre plus que la mémoire

*

au gré même du temps dis« mémoire est hantise du jour »la nuit exhume le précédentsous forme de mineraiaprès l’histoireaprès la consolationde n’avoir pas d’attachesau port de l’inquiétuded’errer sur la vague instable de l’espéranceguérir d’un côté ou de l’autre de la mortte souvienne les vieux refrains où calcine l’herbela maison du passage du bleu au rêve o Médéeya aussi le dehors sacré de l’oubli feu de consciencela tour blanche de pierre blancheentre les arbres modèle le nupour changer le visage de l’instantles jeux splendides que se joue le langageau midi examine un corps nusous les treilles du vent que prolonge le soleill’herbe moite au gré du symbole

alba serena

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d’un ventre le passé souverainpar le jeu des divers styles utilisésen vue de rendre le regard à l’œil même des chosesun sein contre la pierre imagée du sexepense y installer le cœur exploré plus que l’espritun morceau de la lèvre posée sur toi

*

nul n’y participe de vraihors la descente le long des fleuves peuplés,sur les rives arborées,de maisons plus ou moins châteauxselon que l’œil s’y attarde ou prospèreen d’autres lieux où les rôles conférés au langagesont joués par des habitantes désoléesj’y courbe le métal de chants nouveauxautant que cela m’implique vis-à-vis du pénultième momenten quoi Anticlès n’aura pas à demander grâce au lions’il est vrai que celui-ci le reconnaîtpour maître d’un moment passé dans les coulisses

*

les poux charmantsqui peuplent ton espritvont-ils danser aussidans les lieux du cœur voici mille chansonsoù le désir s’insèreet fausse les valeurs mon vin pique le sensd’avoir trop longtemps

Patrick Cintas

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mûri dans les caves est-il soir plus vasteque ce soir sans vinoù le corps oubliede fêter les pouxqui dansent dans son cœur o poux en riboteassis sur mon cœurn’ayez plus peur de chanterque l’esprit m’a déserté

*

vestiges par l’attente d’un momentles yeux d’une habitantedécoulent des maisons seulesun peu de haut cabrée en feu qui juste expireelle ripailleet son cœur est celui d’une morte qu’on aima demainle dernier regard que rature le visages’éternise avec l’image d’un plus pur recommencementune rosée dans l’écume

*

l’espace proposeoù le temps utérinele cri est longle roseau s’y consolede peine par le remordsajoute à la décomposition des premièresl’onde rutile dans l’alguesigne la réduction de son être

alba serena

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le temps y commue d’autres épiphaniespuis le rêve déplace les jalousiesdu sens vis-à-vis de la nuditéla presque métamorphose de soiexaspère d’anciennes formesoù l’historicité de chaque brancheexhibe une blessure de guerre

*

le sang où l’interne figure le lointainpassée la saison sous les traits de Minervedes arbres tombés au pied de la maisonmon navire chahute les vagues légères sais-tu Mentor braquer le gouvernail allons mat’lot la coque est suaveaussi suave que le percotde l’ancestrale madre qui règne sur nos cœurs dans les branchagesles lions sont-ils plus dorés que les rayons du soleilun pétale étale sa corolle de sensiras-tu nager dans ces mers de sangdanses-tu sur les violons du ménétrieril fut à l’origine de toute architecture

*

le plus sage des princeseut-il l’amour de ces parages exsanguespour patrie de son cœuro sage quand la rosée perle à son menton

Patrick Cintas

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vois le sang défiler dans la nuittu es l’ombre du côté infernal de la merjuste assez vénéré dans l’osmose des couches terrestres les larmes sont-elles plus douces dans ton palaiso roi vaincu l’œil est-il plus sec que le sable

*

m’éloigne la saisonque l’hiver para au plus triste des chantsj’ajoute la lenteur de son visage l’ascendance du soleilécarte le plus chaud des regrets o sœur à tes pieds veloutésje dépose ce vase d’écume ne ris pas douce villageoise tes pas prononcent quelque auroreet tu verras en ouvrant l’œilla table ouverte où dansent les mangeurs de lotus

*

chaque heure est un présage de mots d’espritpour l’heure qui annonce la précédente les mots sont l’écorce de soi exsangue aussi peu familier que la solitude

alba serena

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l’urne est pleine de toutce qui réclame un sens à la paroleplus qu’au poète une heure est une heure pleine d’Hadès

*

ya au fond de mon vaseenchevêtrée ma mythologierecrée l’indicibleou ce qui sera révélé plus tardquand la langue aura purifié le diremême les existences d’amertume reditesla personnaliténon l’entière approche des monuments sacrésou en forme d’abîmecomme point de départ dira nonau gisement nul de l’anthologiesaura se taire au moment de se taire

*

ärs litterära pris au recueil du genouun artisan qui fulgure la matièrediverses techniques ont marqué les âgesmais la plus belle que je connaisse doncla plus à même de traduirec’est-à-dire de défigurersinon le corps qui posele désir de ce corps qui refuseelle a pour nom le beau nom de mort

*

Patrick Cintas

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« il importe peu que l’œuvre soit achevée dans tous ses détails »l’éthique regarde l’ensemble et non le finid’ailleurs ce livre est interminableaucun détail ne saurait l’acheverl’herbe se charge de roséeet le soleil sèche ses larmes sur un œilépuisé au matincomme il est ditnon pas que certains détails importent plus que d’autressimplementle temps usure les unset perpétue les autresqui ne sont pas les plusbeaux ! un livre est une donnée et cela résume toute littérature !

*

le plus court cheminde la mort au génieest làdans la prose il prononce le symbole réducteur de son moifleurs et grimoiresigne résumé interdit le retour : abolition pas tant qu’humanité siècle pierre tombeau y délègue son impuissance au long vol du génieil a élu non le mot mais son absencele présent au passé du futurle vin d’un mythe un seul versé grec

alba serena

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par les contours de la langue Syllepse dit : anakolouthon

*

une morte gisante sous les voiles diaphanes du destinphallus courroucé par la figure plus que par dévotionmais l’esprit y changeprocède de la métamorphosepas de la suggestionsi la fleur s’absentenommeet d’y paraître charme en gnomon bras exhaussésla chance est du côté de chaque versgloire du temps d’élire qui résume le sens trophiques’honore d’un pubis féminin exsangue et le baise toutefois

*

deuil sinon veuvagerécoltediverses libations d’ordre filialesthétique tendue à rompre l’attentionil s’agit de régler un compte avec les mortsthéâtre de ce qui précèdealors s’éclaire un nom obstiné reluqueuret s’enchaîne à toute mélodie où se noue le cœur

*

je n’évoqueni les lieuxni l’entourage j’évoque le grimoirequi m’est resté

Patrick Cintas

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j’évoque le chantet j’évoque le pacte l’ordre des jours ancienss’inverse où tu parles elle mêle aux bougies son voileet sa jupe s’ouvresur de fulgurantes pesées qui ont troublé l’eau

*

les textes flagrants taxés d’obscuritéoù la limpidité les guetteet en exhausse le souhait il importe de dire que l’écritureaprès des siècles d’existencea effectué un sacré retour aux vertus primaires il importe de dire que ces vertus primairess’énumèrent où tu t’es fourvoyé ! mais il importe peu que ta vie ne soit pas exemplairecar il est dit ceci : rien n’aura eu lieu que le lieu

*

un poème dérivapara d’une inconnue la nuitoù la lumière avareexalte le peu de fortune siècles tus avant l’heure il dit :

alba serena

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Table des matières

Alba serenaFragments d’une conversation sans personnagesChant d’amour passé le temps d’aimer à aimerChant de désespoir avec les instruments de la douleur

Odes, odes, en finir avec ce livre encore possibleLa mort maladeLa guerre civilePar exemple le vieil E.P. à PiseLivre des mortsOde de Bortek

Coulures de l’expérienceChant de l’oiseau aux oiseauxSonnetsChant des enfants morts

996

166

304333393400406

437588717

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du même auteur chez Le chasseur abstrait éditeur :un choix de titres :

Série caNNibales— N - roman— Popol-les-Rouflaquettes - roman— Art. XX & ss - roman— Toussaint moins un - roman— Scène morte avec les morceaux - roman— Voyage avec un mort qui n’était autre que moi-même - roman— La Société d’Aménagement Mortuaire d’Alfred Vermoy - roman

Série La rivière Noire— Anaïs K. - roman— Cicada’s fictions suivi de Le paillasse de la Saint-Jean - roman— Gor Ur - roman— Carabin Carabas - roman— Rendez-vous des fées - roman— Coq à l’âne Cocaïne suivi de L’enfant d’Idumée - roman— Les baigneurs de Cézanne suivi de BA Boxon - roman— alba serena - poésie— Chanson de Kateb - poésie— Cancionero español - poésie

l’œuvre intégrale ici:— http://www.amazon.fr/-/e/B00FV0TICK

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Le chasseur abstrait éditeur12, rue du docteur Jean Sérié

09270 MazèresFrance

www.lechasseurabstrait.comchasseurabstrait@lechasseurabstrait.com

ISBN : 978-2-35554-377-7EAN : 9782355543777

ISSN série La rivière Noire : 978-2-3554-368-5

Dépôt légal : mai 2016