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Description et essai de localisation du logis disparu et de son four banal. LE CHÂTEAU DES SEIGNEURS D’ANGOULINS ET DE JOUSSERAN Armoiries de la famille Berne, pierre provenant vraisemblablement de l’ancien château d’Angou- lins © EH, juillet 2002 Association Expression-Hist Histoire locale d’Angoulins/mer Denis Briand

Le château des seigneurs d'Angoulins et de Jousseran (Description et essai de localisation du logis disparu et de son four banal)

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Historiens, anciens ou autres, c’est un fait, personne ne peut aujourd’hui dire, ou se souvenir, où était la principale maison noble d’Angoulins. « J’ai tenté de corriger cette ignorance et j’ai donc mené une longue enquête qui tente de redonner la mémoire de ce lieu, historique et symbolique, à notre village. » nous confie l’auteur, Denis Briand. « Je suis, à présent, fier de pouvoir vous présenter un document pour le moins exclusif » ajoute-t-il, lequel document précise désormais l’emplacement oublié du château des seigneurs d’Angoulins. Voici le récit de cette recherche extraordinaire.

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Description et essai de localisationdu logis disparu et de son four banal.

LE CHÂTEAU DES SEIGNEURS D’ANGOULINS

ET DE JOUSSERAN

Armoiries de la famille Berne, pierre provenant vraisemblablement de l’ancien château d’Angou-lins © EH, juillet 2002

Association Expression-HistHistoire locale d’Angoulins/mer

Denis Briand

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Dans les années 1950, J. Joguet, archiviste du département et habitant de notre commune, s’est attaché à l’histoire d’Angoulins sur laquelle il s‘est quelque peu attardé. Son travail, constitué de notes1 et d’articles, publiés dans Sud-ouest et dans l’Echo des Sirènes2, constitue à ce jour, pour le chercheur que nous sommes, une base de travail remarquable. Parmi ses principaux axes de recherche on rencontre celui examinant la seigneurie d’Angoulins dite de Jousseran. Ses observations et études, du propre aveu de leur auteur, ont le défaut de ne pouvoir situer cette importante seigneurie. “Je voudrais essayer de localiser cette maison qui fut le vrai château d’Angoulins et seul je ne le puis”3, “je n’ai pu découvrir son emplacement exact”4 mais “Jousseran serait devenue la colonie de Vacances de Chatellerault”5 écrit-il. Vous l’aurez compris, malgré la richesse documentaire réunie, l’historien n’est pas parvenu à établir précisément l’emplacement du bien-fonds principal de la seigneurie : l’immeuble même de la maison noble.

Ainsi notre finalité aujourd’hui, n’est pas de discourir sur le domanial, le patrimonial, ou les seigneurs de Jousseran mais bien de tenter de localiser le site même du château d’Angoulins, donc d’éclairer les zones d‘interrogations du travail de l‘historien. Nous nous appliquerons aussi à décrire les lieux concernés, afin d’avoir une vision complète de l’ancienne maison seigneuriale .

Notre démarche, vous le verrez, fut de reprendre certains des actes et documents de l’enquête de J. Joguet tout en appliquant, à la lecture de ces pièces, une méthode et approche innovante, et grâce notamment au soutien de l‘informatique. De plus l’apport d’éléments inédits et nécessaires, donnant un éclairage nouveau à cet examen, fut plus que précieux pour nos investigations.

Nous vous proposons de découvrir notre démarche discursive, le cheminement de nos efforts et l’intérêt de nos documents.

Voici la description et l’essai de localisation du château d’Angoulins et de son four banal...

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 1 - novembre 2003

Introduction.

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Comment localiser le château de Jousseran ?

Telle est donc la problématique devant laquelle nous sommes au début de cette enquête. Considérant les différentes pièces documentaires du dossier, la réflexion liminaire de nos investigations nous est venue de deux procès verbaux de visite du château de Jousseran. Deux citations nous précisent, en effet, un détail primordial :

“au devant du portail de la seigneurie de Jousseran se trouve le four banal” (1672)

“Le four banal au devant du château séparé par la grande rue“ (1741)

Ce sont ces deux petites mentions qui, de prime, nous font prendre une option de recherche divergente de celle privilégiée par J. Joguet.

Ainsi, a posteriori, et considérant les difficultés de localisation de l’immeuble de Jousseran par l’archiviste, nous avons décidé d’aborder le problème en le contournant :

Au lieu de s’acharner vainement à tenter de situer la maison noble, nous avons choisi un autre angle d’attaque, en optant d’abord pour la recherche du site du four banal.

Si nous y aboutissons, cette situation nous donnerait conséquemment par confrontation, la localisation du château puisque ce dernier est juste en face du four banal, seulement séparé par la rue.

En partant dans cette voie nous allons ainsi éviter, à l’instar de J. Joguet, de perdre beaucoup d’attention sur le château. Ce dernier ne présentant pas, et on peut l’affirmer postérieurement à l’expérience de l‘archiviste-historien, de confrontations et orientations assez aisément exploitables pour en assurer une localisation certaine.

Orientation des recherches.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 2 - novembre 2003

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La construction du four banal de Jousseran et deux de ses baux à fermes.

Le 26 septembre 1597, devant un notaire châtelaillonnais, Anthoyne Courault, baron de Châtelaillon, baille à titre de ferme pour un an, à Etienne Dupuy, greffier des tailles royales, demeurant à Angoulins “le four a bans et contrainte sur les tenanciers et habitans de la dite paroisse d’Angoullins appartenant au dit seigneur” 6. Dans l’acte il est aussi précisé que le fournier aura de plus le droit de pouvoir couper les rouches au marais du seigneur et autres marais limitrophes et communaux. Il devra faire cuire tout le pain des habitants au dit four, que le seigneur promet de faire édifier et construire a ses dépens au bourg en lieu convenable et ce dans le temps et durée de trois mois prochains au plutôt que faire se peut. Dans l’attente de la construction le seigneur devra aider et servir Dupuy qui se servira de celui qu’il a en sa maison sous ledit titre de bannyer7. Etienne Dupuy sera tenu de “faire fournées” convenablement les jours de mardi, jeudi, et samedi de chaque semaine. Il aura enfin le droit de prendre la seizième partie de toutes les pâtes qui se “fournairont” au dit four banal durant un an”.Finalement le four banal sera construit sur un terrain qui appartient à la confrérie du Saint-Esprit depuis 1409, terrain qu’il nous reste à localiser à présent.

Un second acte, atteste que Dagieu, alors seigneur d’Angoulins et de Jousseran, baille le four banal d’Angoulins en 1764. Le preneur est alors Jean Jacques Regnaudeau du bourg de Salles. Le nouveau fournier, par cette minute qui lui donne à titre de ferme pour 5 années le four, aura le droit de percevoir, lui aussi, le seizième de la pâte. Il est tenu de chauffer, à son tour, trois fois par semaine les mardi, jeudi et samedi, d‘en jouir “en bon père de famille“ et de ne faire aucune réparation sans le consentement du seigneur. Il pourra toutefois se servir dans un marais roucher8 dépendant de la seigneurie et de puiser de l’eau au puits dans la cour du château du dit Angoulins. Notez que cette dernière indication nous renseigne encore sur la proximité immédiate de l’immeuble et cour de Jousseran par rapport au four banal.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 3 - novembre 2003

Étape préalable à la localisation du château d’Angoulins : la recherche du four banal.

Bail de 1597

Bail de 1764

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1775, état et réparations du four banal

Une liasse conservée dans la série ancienne des fonds de l’intendance de La Rochelle aux archives départementales se compose de plusieurs pièces. Cet ensemble documentaire est constitué de lettres, devis, affiches, arrêts du conseil et acte d’adjudication. Alors appartenant au domaine royal et non plus à un seigneur, la seigneurie d’Angoulins et de Jousseran présente un four banal au bord de la ruine.

Le 2 avril 1775 de Beaumont signale “que le four banal d’Angoulin dépendant du domaine de La Rochelle exige des réparations urgentes et qu’il est également nécessaire de rétablir le bâtiment qu’occupe le fournier”. Il prie ensuite l’intendant de la Généralité de La Rochelle Antoine-Jean-Baptiste-Robert Auget de Montyon, de charger un ingénieur des ponts et chaussées de venir visiter les deux sites et d’établir alors un devis estimatif des ouvrages à faire pour les remettre en état.

Le 15 mai 1775 le devis de maçonnerie, charpente et couverture des réparations à faire au four banal et au logement du fournier est dressé par l’ingénieur Verdon. Il constitue une pièce descriptive unique qu’il serait dommage de passer sous silence, la voici donc9 : “L’entretien du four et bâtiment ayant été négligé depuis plusieurs années a occasionné une déperrission10 très considérable et l’on ne saurait trop tôt y remédier pour en prévenir sa dégradation entière qu’en y faisant les réparations nécessaires. On a observé beaucoup d’objets susceptibles de réparations mais la dépense en aurait été trop considérable ; on s’est borné à ceux que l’on a cru indispensables et les plus urgents. Ces réparations consistent :

La voûte du four étant minée par le feu et percée par le défaut d’entretien ne peut conserver le degré de chaleur nécessaire pour la cuisson du pain, elle sera refaite en son entier sur un double rang de briques posées à bain de mortier de terre grasse bien passée et corroyée, elle aura la même largeur et épaisseur que l’ancienne, bien garnie au pourtour de maçonnerie rechargée en terre et recouverte en tuile pour l’écoulement des eaux pluviales. A la petite fenêtre joignant le four il y sera posé deux crossettes neuves en pierre de taille en place de celles qui sont cassées. Elles auront deux pieds de longueur chacune11 sur douze pouces d’équarrissage posées

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 4 - novembre 2003

Article 1, Travaux de maçonnerie

Devis de 1775

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à bain de mortier de chaux et sable, scellées et bien garnies en maçonnerie. Les reprises et remplissage des trois petites fenêtres du fournil seront faites ainsi que toutes celles au pourtour des murs tant au dehors que dedans, avec moellon à mortier de chaux et sable, (...) il sera fait en outre un crépissage tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des murs du bâtiment (...)

Le linçoir qui porte les soliveaux12 du plancher au-dessus de la porte donnant sur la rue étant trop faible et très mauvais, il est affaissé et descendu au point d’empêcher la porte de fermer; il en sera posé un neuf en bois de chêne assemblé suivant l’art de la charpente avec tenon et mortaise, il aura 5 pieds de longueur sur six à sept pouces d’équarrissage. Le soliveau assemblé sur le milieu du linçoir étant rompu et tombé sera remplacé par un autre en bois de chêne neuf, assemblé d’un bout dans le linçoir avec tenon et mortaise et l’autre bout portera sur le mur de refond qui sépare la chambre13 du fournil. Il aura trois toises un pied de longueur14 sur six à sept pouces d’équarrissage.(...) Il sera placé dans le fournil onze petits poteaux en bois de chêne pour porter les tables où établis à faire le pain, savoir sept du côté du levant15 et quatre au couchant16. Ils seront espacés de six pieds quatre pouces de milieu en milieu17 ils auront trois pieds de longueur chacun sur quatre à cinq pouces de grosseur, ils seront scellés d’un pied dans la terre de manière que l’établi ne sera élevé que de deux pieds18 au-dessus du niveau du terre-plein à chaque poteau il y sera posé et assemblée une traverse de même longueur et grosseur que le poteau et bien scellée dans le mur.

Les planches de sapin qui forment les établis pour la pâte étant rompues et hors d’état de servir, elles seront remplacées par des neuves en sapin de Prusse bien sec de deux pouces d’épaisseur. L’établi du côté du levant règnera dans toute la longueur du mur sur deux pieds six pouces de large19, celui du couchant aura la même longueur que l’ancien et la même largeur que l’établi du levant. Les planches seront blanchies à la varlope, assemblé à rainures et languettes attachées au moins avec deux clous sur chaque traverse. Le plancher de la couverture à la travée joignant le four (...) sera refait (...). Le plancher de la chambre du fournier étant très mauvais et pourri de vétusté exige d’être refait en entier en planches de sapin du Nord, bien sec, blanchi à la varlope20 assemblé à rainure et languette, attaché au moins avec deux clous sur chaque soliveau, ce plancher aura trois toises trois pieds neuf pouces de longueur sur deux toises cinq pieds de largeur21.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 5 - novembre 2003

Article 2, Charpente en bois neuf.

Article 3, Fourniture de planches.

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Le petit escalier en bois de sapin dans la chambre du fournier étant tout dégradé ( ...) il en sera refait un neuf dans le même emplacement et les mêmes dimensions, il aura quinze marches (...)

Le remaniement à bout de la couverture sera refait en son entier, toute la tuile cassée et hors service sera remplacée par des neuves choisies et de la meilleure qualité du Pays (...)

(...) L’adjudicataire (...) fournira tous les matériaux, échafaudages, voitures et peine d’ouvrier nécessaires pour les réparations et perfection des dits ouvrages (...)

Avec ce document on a donc une idée assez précise de la configuration des lieux tant concernant le logement du fournier qui consiste donc en une chambre basse et une haute, et le fournil avec son grand four et long établis pour les pâtes. Le 2 juin 1775 le devis est approuvé et la procédure d’adjudication lancée. Mesnier l’imprimeur du roi à La Rochelle sur ordre De Montyon produit les placards qui annoncent “le 30 du mois de juin 1775 sera procédé, à l’Hotel de l’Intendance de La Rochelle l’adjudication au rabais des ouvrages à faire au four banal de la paroisse d’Angoulins et au logement du fournier, aux charges, closes et conditions portées dans le devis dont on pourra prendre communication au secrétariat de l’intendance (...)”Le jour dit, on retrouve le commissaire de la Coste nommé par monsieur l’intendant qui dresse acte de l’adjudication. Mais personne ne se présente et il faudra attendre le lundi 17 juillet 1775 pour que se présente Etienne Bouffard, entrepreneur. Ce dernier prend connaissance du devis détaillé et se soumet à faire les dites réparations aux conditions pour 855 livres 13 sols 9 deniers. Le 12 septembre, un arrêt du conseil d’état du roi approuve l’adjudication. Enfin c’est le 27 avril 1776, que le sous ingénieur Verdon certifiera avoir vu, toisé et examiné les ouvrages faits par l’entrepreneur Bouffard et les trouver biens et exécutés en conformité au devis et aux conditions. Le montant de son adjudication lui est payé et il se voit délivrer son certificat de réception.

Il importe désormais, pour nous, de retrouver la trace de ce four remis à neuf dans les années suivantes. Pour ce il faudra attendre 1790.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 6 - novembre 2003

Article 4, Travaux de couverture.

Article 5, Conditions générales.

Fin des travaux en 1776

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Biens nationaux de seconde origine : saisie et vente du four banal

C’est effectivement dans les archives de la période révolutionnaire que l’on retrouve mention dans les biens nationaux, du four banal d’Angoulins. A la révolution les biens du seigneur d’Angoulins et de Jousseran, Henri Léonard Jean Baptiste de Bertin , sont saisis en raison de son émigration. Les biens nationaux sont constitués de la réunion des domaines de la Couronne, des biens du clergé nationalisés et des biens d’émigrés mis sous séquestres. Par la suite tous ces meubles ou immeubles ont été mis en vente pour renflouer les caisses de l’État. En ce qui nous concerne, les ventes des biens nationaux immeubles et de seconde origine (ceux effectués au détriment des émigrés) nous livrent un acte intéressant : il s’agit d’un procès verbal, du 23 frimaire de l’an II, dans lequel est désignée : la maison du four ci-devant banal d’Angoulins, consistant en chambres hautes et basses donnantes sur la rue, et un emplacement ou queureux derrière du dit four situé en la ci-devant paroisse d’Angoulins dépendant de l’émigré Bertin, sur la somme de trois mille livres prix d’estimation. Il est précisé que l’adjudicataire devra remettre lorsque la demande lui en sera faite, soit par les administrateurs, soit par les officiers municipaux d’Angoulins, un banc d’église appartenant à l’émigré Bertin, et qui se trouve être déposé dans une des chambres du dit four.C’est le citoyen Jaulin ainé qui fait une offre à trois mille vingt cinq livres, et ayant allumé un premier feu, lequel s’est éteint sans que personne ait surenchérit, nous administrateurs sus dits, ouï et consentant le procureur syndic, avons déclaré le citoyen Louis Jaulin demeurant en Angoulins et dernier enchérisseur, adjudicataire définitif dudit objet. En conséquence lui avons adjugés les fonds de pleine propriété et possession pour et moyennant la somme de 3025 livres. Cette transition est importante car elle nous révèle ainsi le nom du nouveau propriétaire en cette fin de XVIIIe siècle. La suite, c’est grâce à un travail rigoureux et patient, de dépouillement et d’investigation dans les archives, que nous pouvons vous la donner. Nous avons entrepris, depuis plus de trois années déjà, l’informatisation systématique d’éléments provenant de minutes notariales. Labeur lent et ardu, il est vrai, mais qui nous livre pourtant, aujourd’hui, les premiers fruits de nos efforts : la base de donnée nous révèle trois entrées conséquentes : elles concernent la famille Jaulin en relation avec l’ancien22 four banal.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 7 - novembre 2003

Adjudication en l’an II

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Filiation foncière de l’ex-four banal dans le début du XIXe siècle :

les actes notariés de la famille Jaulin

Premier document mentionnant notre four, c’est un bail à ferme entre la veuve et héritiers de Louis Jaulin et le citoyen angoulinois Antoine Denis et sa femme Angélique Casseron passé le 29 fructidor de l’an IX de la République. Le bail fait pour cinq années aux charges, clauses et conditions habituelles désigne “une maison d’une chambre basse et haute, un grand fournil au derrière y attenant dans lequel il y a des établis en forme de table propre à la manutention des pâtes que les preneurs auront la faculté de se servir sans les déplacer, auquel fournil est un grand four à faire cuire les pâtes, et un queureux au derrière, icelui avec droit de puisage au puits commun à la maison au citoyen Bonnaud placé dans un mur d’une petite venelle, que le tout les preneurs ont dit bien savoir le connaître sans qu’il soit besoin d’autre désignation ni confrontation, et s’en contentent.” Malheureusement pour nous l’acte ne nous livrera pas plus de précisions géographiques (les confrontations et orientations) qui habituellement dans les actes notariés nous donnent les propriétaires entourant le bien-fonds au nord, sud, est et ouest. Le bail est passé moyennant la somme de 125 livres espèces métalliques par chacune des cinq années. Notons qu’il est précisé que les preneurs auront la faculté de faire faire à leurs frais un petit mur en briques dans le four pour le rendre plus petit et plus commode pour faire cuire les pâtes, lequel mur les preneurs seront tenu de faire démolir aussi à leurs frais à la fin du présent bail si les bailleurs l’exigent(...)

Le 19 mai 1807 après la mort de Marie Magdeleine Foubert veuve de Louis Jaulin, nous retrouvons les héritiers dans un autre acte notarié où il est question de faire entre eux le partage et division des biens immeubles qui leur sont échus par le décès de leur dits père et mère. C’est le quatrième lot, celui destiné à l’aînée, la demoiselle Victoire Jaulin, qui nous intéresse : il est composé d’une maison rue Porte neuve à La Rochelle et d’une maison située au chef-lieu de la commune d’Angoulins, canton de La Rochelle, consistant en une chambre basse avec cheminée, chambre haute au-dessus à lattes, magasin, four en icelui, jardin par le derrière renfermé de murs et autres dépendances (...)

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 8 - novembre 2003

Contrat de bailen l’an IX

Partage Jaulinde 1807

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C’est cette nouvelle propriétaire, Victoire Jaulin, qui un mois après, le 7 juin 1807, passe un arrentement, de 1200 francs tournois au total, devant notaire. C’est l’acte inespéré, qui nous permettra de situer, grâce aux confrontations, le fameux four, ex-four banal. Voici les biens désignés par les termes du contrat qu’elle passe avec Alexandre Veron cultivateur et Madeleine Pinet sa femme demeurant au bourg d’Angoulins: “savoir est une maison en affêt et à plancher23 couverte de tuiles composée d’une chambre basse et une haute, un grand appartement par le derrière où est placé le four ci-devant banal, un emplacement ou querreux au derrière du dit four, droit de puisage et rassouillage24 a un puits commun dans une venelle attenant à la brûlerie de Jacques Bonnaud et qui communique à celle de la veuve Clergeau, le tout situé au dit bourg d’Angoulins confrontant la dite maison par le devant où elle a son entrée par la rue au soleil levant, de l’occident le fournil et querreux au jardin de la veuve et héritiers Clergeau, du midi à la maison de cette dernière celle de Pierre Pouvreau et Jacques Bonnaud venelle commune entre deux, et du nord à la maison querreux commun et jardin des acquéreurs” Nous avons établi un schéma d’après les situations et orientations évoquées dans l’acte d’arrentement Jaulin-Veron de 1807:

Cette vente de 1807 est primordiale car elle nous donne des confrontations complètes et intéressantes.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 9 - novembre 2003

Maison Jaulin/VERON

chambre basse et chambre haute

Grand appartement avec le four

Queurreux

Brûlerie

Jacques BONNAUD Venelle

Puits

Brûlerie

veuve CLERGEAU

Rue

soleil levant (est)

occident (ouest)

Jardinveuve CLERGEAU

Maison

veuve CLERGEAU

Maison

Jacques POUVREAU

Maison

Jacques BONNAUD

midi (sud) (nord)

Maison

Alexandre VERON

Jardin

Alexandre VERONQueurreuxcommun

Schéma des confrontations signalées dans l’acte de vente Jaulin-Veron (1807) © Denis Briand-Association Expression-Hist, novembre 2003.

Transaction d’une héritière Jaulin en 1807

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C’est la loi de finances du 15 septembre 1807 qui est à l’origine du premier cadastre parcellaire français, appelé Cadastre Napoléonien. Dans ce cadastre parcellaire on prend en considération la personne des propriétaires dans la mensuration parcellaire: Ce sont les matrices, accompagnant les plans, qui donnent l’identité du propriétaire foncier, et concernant Angoulins elles sont achevées un peu après les plans de juillet 1811. Notre espoir, ici, a été de penser, qu’en quelques années, les propriétaires, désignés dans notre acte de vente de 1807, n’avaient pas cédé ou vendu leurs biens, de telle sorte que l’on puisse les retrouver encore propriétaires dans les tableaux de 1811 à 1824...

L’ancien cadastre, clef de la localisation du four banal de Jousseran

Nous avons donc entrepris la saisie sur ordinateur, des matrices des propriétés bâties et non bâties du premier cadastre d’Angoulins. Une discrimination par informatique, dans la base de données, en croisant une recherche onomastique et une seconde sur les propriétés foncières du bourg répondant aux critères contenus dans les confrontations (rue, venelle, querreux, puits...) nous a indiqué un ensemble de maisons.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 10 - novembre 2003

636. Marot Jacsues637. Marot Jacques638.Véron Alexandre (maison et querreux) 639. Véron Alexandre (jardin)640. Véron Alexandre (maison)641. Pouvraud Pierre (maison)642. veuve Clergeau (maison)643. veuve Clergeau (jardin)609. Pouvraud-Boissard-Pellerin (maisons, bâtiments, jardin)

Plan d’après le parcellaire cadastral de 1811 © Denis Briand-Association Expression-Hist, novembre 2003.

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Vous avez donc pu embrasser la restitution du quartier du bourg, d’après les plans levés en 181125 que nous a conseillé l‘ordinateur.Si on reprend le schéma de la vente de 1807, pour le comparer à la sélection, on peut tout à fait affirmer que les confrontations sont confirmées (à une exception près) :

Orientations Confrontations en 1807

Cadastre Napoléonien

four et logement acquis Veron Alexandre parcelle 640 à Veron Alexandre

au nord jardin Alexandre Veron présence confirmée (parcelle 639)

maison Alexandre Veron présence confirmée (parcelle 638)

queurreux commun présence confirmée

à l’occident jardin de la veuve Clergeau présence confirmée (parcelle 643)

queureux présence confirmée

au soleil levant rue présence confirmé

au midi venelle présence confirméepuits présence confirméemaison et brûlerie Bonnaud absencemaison et brûlerie Clergeau présence 1/2 confirmée

(parcelle 642)maison Pouvreau présence confirmée

parcelle 641 et 609

Conclusion : Le logement du fournier et le four banal se trouvaient donc à l’endroit englobé dans la masse immeuble désignée sous le numéro 640. Le plan de 1865 divise même le bâtiment 640 en deux lots : le 415 et 416, le premier étant l’ancien logement avec chambres basse et haute et le second l’ancien grand appartement contenant le fournil.

Ci-contre la bâtiment 640 de 1811 précisé sur le plan de 1865 comme deux lots.

Ainsi, à cet endroit nous pouvons désormais affirmer avec certitude l’emplacement de l’ancien four banal d’Angoulins et par déduction la proximité de Jousseran.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 11 - novembre 2003

415

416

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Localisation.

“Au devant du portail de la seigneurie de Jousseran se trouve le four banal” (1672), et “le four banal au devant du château séparé par la grande rue“(1741) telles étaient donc les deux mentions auxquelles nous nous attachions pour fonder notre entreprise de localisation du château d’Angoulins. Par la confrontation qui s’impose, nous estimons pouvoir placer avec certitude le portail d’entrée de Jousseran entre les piliers encadrant l’accès de l’actuelle cour Gambetta.

L’issue géographique de notre démarche nous révèle un site dont il nous faut encore à présent vérifier la pertinence.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 12 - novembre 2003

Le château de Jousseran localisé

L’église etle cimetière Rue

Four banal

Immeubles et cour

Place du canton public

Jardin

Ruelle

Entrée dans la cour du château et de ses dépendances

Rue

Schéma du quartier au XVIIIème siècle :le four banal situé face à l’entrée de la seigneurie d’Angoulins.© Denis Briand-Association Expression-Hist, novembre 2003.

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Certains détails approuvent notre thèse

De prime abord, la configuration de la cour Gambetta, encadrée de bâtiments et ouvrant sur un ancien et vaste jardin nous laisse jubiler.

Mais voici encore quelques détails affermissant l’emplacement arrêté pour Jousseran : - Une intéressante visite en 167226 précise : “la maison seigneuriale de Jousseran au milieu du bourg...” est une chose sûre d’après nos résultats. - De plus le plan cadastral napoléonien et sa matrice nous indiquent que tout le quartier dans le début du XIXème siècle constituait un lot d’un, seul et même tenant27, d’où la confirmation d’un ensemble unique (notre seigneurie en l’occurence) dans les années précédentes. Ce n’est que par la suite que le domaine s’est morcelé aux grès des successions et divisions d’héritages. - Au XVIIe siècle, dans une baillette, on parlait du jardin de Jousseran33 ainsi : il est confronté sur le devant par le grand chemin34 qui va du canton public35 au canton du Vinaigre36 passant par devant la principale entrée de la seigneurie de Jousseran. La rue Gambetta actuelle corespond tout à fait à cette description.

Mais poussons un peu plus en avant notre étude, en situant correctement les lieux.

Les lieux se précisent

La fameuse visite de 1672 nous renseigne plus justement sur l’endroit en présentant ainsi les lieux28 : On franchit le portail, et dans la cour à droite il y a une grange, une autre grange où l‘on fait le vin, un cellier et un append couvert de rouches29 qui joint le puits. Puis c’est le jardin en ruine sans carrés ni labourage, avec des arbres vieux et en mauvais état ; les murailles sont de même ; dans un coin, vers “la rue du Vinaigre30“, il y a un pavillon carré haut de plus de vingt pieds31 mais en masure et sans couverture. A gauche du portail, on voit la maison du métayer et quatre toits ou chais. Au fond de la cour devant la face du logis, trois balets32 en ruine. Le logis lui même est ainsi décrit : une tour à gauche, puis un puits clos par une porte; l’intérieur comprend à droite la salle du logis et à gauche une autre salle pleine de foin; on monte au premier par une tour dont l’escalier est en pierre de taille et on trouve deux

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 13 - novembre 2003

Premières confirmations

Visite de 1672

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chambres dont une petite avec latrines. Il y a bien sûr d’autres pièces dans ce logis autant en mauvais état les unes que les autres, abandonnées au vent et à la pluie.”

La description de 1672 affine notre localisation en nous apportant des emplacements clairs et détaillés. Alors, nous avons établi un schéma de l’endroit. Le croquis renforce la cohérence des conclusions : il illustre le fait que les lieux actuels se calquent assez bien sur ceux dépeints en 1672.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 14 - novembre 2003

toits ou chais

logement du métayer

portail d’entrée

GRANDE RUE DU BOURG

JARDIN

pavillon de 20 pieds de hauteur ?

vers la rue de vinaigre

grangescellier append

LOGIS

puits

COUR

tour

ballets ruinés

puits clos

Schéma de la seigneurie, bâtiments, cour et jardin d’après la visite de 1672.© Denis Briand-Association Expression-Hist, novembre 2003.

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Un notaire rochelais, à son tour, situe Jousseran, le 8 février 1699, dans un acte réglant l’arrentement d’une maison : cette dernière est ainsi confrontée : “ce confrontant la dite maison d’un côté vers l’orient à la rue qui part de l’église d’Angoulins37, d’autre côté vers l’occident de la maison du sieur Huas38 à cause de sa femme, d’un bout vers le midi à la maison et château du dit lieu d’Angoulins une passée entre deux et dans l’autre bout à la grande rue du dit bourg d’Angoulins”

Enfin, une visite du Château en 1741 nous donne de nouvelles orientations et confrontations39 et que l’on a identifiées, pour vous, dans nos notes : du côté de l’orient à une ruelle40 qui sépare le jardin du château d’avec le sieur Gaignaud, de l’occident à la maison de Huas à cause de sa femme et à un querreux dépendant du château, du midi à la grande rue du bourg41, et du nord par le derrière à une autre rue du dit bourg42. Le four banal au devant du château séparé par la grande rue43 se confronte de l’orient à la maison des héritiers Rasclaud, de l’occident au querreux de la Seigneurie44, du midi à la maison des héritiers Bourasseau et du nord à la dite grande rue.

Vous l’avez constaté, beaucoup de documents, mentions ou précisions attestent que l’emplacement déduit en face du four banal correspond de manière quasi certaine au site de l’ancienne seigneurie d’Angoulins. A présent, afin de compléter la localisation, nous vous proposons d’approcher encore plus près des lieux et de se replonger dans l’atmosphère de l’endroit.

Description de Jousseran : quelques détails de la visite de 1741

A cette date, des experts et créanciers, d’une affaire concernant la seigneurie de Jousseran, ont procédé à la visite du château d’Angoulins et de ses dépendances. Après leur transport sur les lieux. ils sont entrés dans la cour du château et dans les appartenances et dépendances. Le procès verbal de visite précise les confrontations de tout l’ensemble immobilier (cf ci-dessus) Les experts nous rapportent ensuite ce qu’ils ont observé et nous donnent le détail des estimations des réfections a entreprendre. Parmi l’énumération des travaux on commence à saisir les lieux : il y avait un portail usé à l’entrée de la cour. Près de celui-ci, à droite, siègeait l’écurie avec un autre appartement la joignant à main gauche. On apprend

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 15 - novembre 2003

Confrontations de 1699

Visite de 1741

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encore la présence d’une porte au salon qui donne dans le jardin ouvrant à deux pans du côté de l’orient avec jambages de pierre de taille ; l’existence d’une banquette qui sépare le jardin et la cour. Est mentionné aussi un petit append qui est très utile pour l’exploitation du dit château pour placer les blés en gerbe que se recueillent dans la seigneurie. Les experts passent ensuite en revue toute la muraille de clôture du château : par exemple on sait qu’il a été refait à neuf depuis trois mois huit toises45 de mur du côté de l’occident pour 40 livres à raison de 5 livres la toise. Ils nous apprennent que la couverture du château et celle du cellier ont été retouchées et qu’il a été remis en plusieurs endroits des rouches et des tuiles. Leur visite se poursuit dans un appartement du four banal de la châtellenie d’Angoulins lequel appartement est au midi du dit château séparé de la grande rue. Il est très vieux et caduc, qu’il y pleut en plusieurs endroits, que la réfection à neuf d’icelui est indispensable attendu que dans l’état où il se trouve il est hors d’état de cuire les pâtes des tenanciers de la dite châtellenie ce qui causerait du préjudice au bailliste parcequ’il se voit privé du droit de fournage sur les dites pâtes. Diverses estimations de réparations suivent comme pour le mur en dessous de la fenêtre du fourniou du côté de l’occident, comme pour la fenêtre du côté du midi à laquelle il manque de fermeture, l’ancienne qui y était étant tombée en morceaux. De plus la couverture a besoin d’être recouverte : il y manque plusieurs planches, L’établi du fourniou a lui aussi besoin de travaux pour ses murs, plancher et porte d’entrée (à cette dernière il y manque une haridelle un gond, et une pierre de taille pour soutenir le dit gond) On sait que les eaux pluviales pénétrent dans le fournil de toutes parts, que la fenêtre de la chambre basse et celle de la haute ont besoin d’être refaites à neuf et les murs griffonnés en plusieurs endroits. Suivent les réparations à faire dans un appartement étant au derrière et joignant le four banal. Les murs de la chambre basse et de la chambre haute manquent de griffonnage. La couverture, le plancher, la fenêtre du côté du midi et sa fermeture sont pourris, Le procès verbal énumère enfin une cheminée tombée, deux fenêtres qui n’ont point de fermeture, des murs totalement ruinés de haut en bas et en masure.

Quelques années plus tard les liasses de notaires nous livrent un acte particulièrement remarquable. Il s’agit d’un inventaire détaillé du château. Ce dernier est précisément parcouru et nous sommes ainsi fidèlement renseignés sur les lieux. Alors, pour terminer la description de la maison noble nous vous en proposons une synthèse.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 16 - novembre 2003

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Description et dernière visite : une idée très précise du château

à la fin de l’Ancien Régime.

La visite débute dans une vaste chambre au rez-de-chaussée. Apparemment il s’agit de l’appartement à vivre du seigneur: on peut y observer une cheminée, correctement équipée de tous les ustensiles nécessaires à son utilisation46, devant laquelle le seigneur semblait passer des moments de loisirs et de détente musicale : on note en effet la présence d‘une table de jeu et d‘un violon, parmi le bric-à-brac des différents objets47 de l‘endroit. Le mobilier demeure traditionnel, avec une armoire, une seconde plus petite en sapin48, une table à pliants en sapin entourée de onze chaises foncées49 de paille. Sur un côté s’ouvre une alcôve50, fermée par des portes vitrées à deux rideaux de coton à flamme et deux grands rideaux d’indienne51. Ces derniers étaient peut-être assortis à ceux des deux croisées éclairant la pièce.

La description se poursuit dans une salle ayant son entrée par la cour. La pièce est un salon, son mobilier l’atteste avec au centre, cette grande table en noyer à pieds tournés et à tiroir, couverte d’un petit tapis de siamoise52 à flamme six fauteuils et cinq chaises foncés de paille l’entourent et un miroir à cadre doré la surplombe53. Toute proche est une pendule avec son support en cuivre doré. La croisée est nichée derrière un rideau de siamoise à flamme. Enfin notons une autre cheminée54, près de laquelle on trouve un ensemble équestre avec des étriers, un licol55 de cuir, et une paire d’entraves de fer.

Cette dernière pièce communique avec la cuisine. Celle-ci est meublée avec deux tables de sapin, l’une accompagnée de deux mauvaises chaises et un tabouret foncés de paille, l’autre d’un banc et d’une selle56 de bois à trois pieds, toute proche. Il y a aussi une armoire, ouvrant à une porte, et un dressoir57, qui reçoivent une grande partie de la vaisselle et ustensiles de cuisine de la maison : Par exemple parmi l’ensemble des éléments de l’armoire nous retenons58 : un plat long et un autre rond de faïence, deux jattes, un moule à fromage, trois poêles à frire, un petit poêlon de cuivre jaune, deux casseroles de cuivre rouge, trois sceaux cerclés de fer, quatorze assiettes de faïence, trois cuillères d’étain, un panier d’osier, une basse, un coffineau52. Sur le dressoir sont disposés sept assiettes, un grand plat de faïence, une soupière, un lèchefrite59 de terre, une poivrière de fer blanc, une petite broche de fer, un moulin servant à faire du beurre, et autres60.Toute cette vaisselle complète le service contenu dans la

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 17 - novembre 2003

Inventaire de 1791

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petite armoire de la chambre, où l’on notait entre autres61 cinq gobelets à liqueur, une carafe et son plateau de verre bleu, six boites à confiture, un saladier, une jatte de faïence, une mazarine62 de grosse terre, et enfin deux huiliers en cristal. Ajoutons qu’un couvert et une cuillère à café d’argent étaient isolés dans le tiroir de cette armoire.

Quelques denrées sont mentionnées dans la cuisine : deux barriques, défoncées, contiennent, l’une, jusqu’au tiers, du bœuf salé servant à nourrir les domestiques et l’autre est remplie aux trois quarts de sel. On relève aussi un pétrin ras de farine d’orge, près duquel est un coffineau63 de bois, deux tamis, trois sacs de toile, une barrique défoncée pleine aux deux tiers de farine.

N’oublions pas que la cuisine possède bien sûr sa cheminée, avec pelle, crémaillère, trépied, un gril de fer, tourne broche. Près de cet endroit on trouve des poids en fer et en plomb, une broche, un flasque64 à repasser, un mauvais pot de terre, un petit hachereau, et un couteau à hacher. Dans un réduit à côté de la cuisine, se trouve un ensemble d‘objets hétéroclites65 en plus desquels nous remarquons un moulin à café, un autre flasque à repasser le linge, une marmite et sa couverture de fer, un charnier en terre.

La boulangerie attenante recèle aussi d’objets divers et variés : un chaudron de fer, un friquet66 de cuivre jaune, un coffineau de bois, trois pelles à four en bois, une fourche de fer, un mauvais fusil, un mauvais arrosoir de fer blanc, une mauvaise cage à oiseaux, un râble67 de fer, et un chaudron de cuivre rouge.

Le logis présente plusieurs petites chambres ou cabinets, dans lesquelles sont entassées beaucoup de choses mêlées, et dont le superflu est toutefois restitué et détaillé en notes68 : nous en retiendrons, des objets et du mobilier (deux mauvais fusils, une malle couverte en cuir) de la vaisselle (avec trois douzaines d’assiettes, six plats, cinq tasses, et six soucoupes de terre d’Angleterre, quatre mazarins69 , un truau70 de fer, un pot à vinaigre à moitié vide) du linge personnel ou de maison (quarante huit serviettes, dix paires de drap de lit, trois nappes l’une ouvrée les autres unies, vingt-cinq torchons, vingt chemises) des instruments (une scie, un chevalet, une paire de bazenne71 d’osier, une grelle72, un poids de plomb de quatre livres, une paire de balances de bois, un balai) et enfin des denrées (deux petites caisses de bois de sapin dans lesquelles il y a un peu de sel).

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 18 - novembre 2003

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A l’étage du logis il y des greniers mais aussi les chambres73, où l’on apprend comment couchaient74 domestiques et parents du seigneur. La première ayant son aspect, sur la cour de la maison et sur une rue derrière75, par deux croisées aux rideaux de siamoise à flamme. La pièce présente une table76 de bois de l’Amérique aux pieds tournés, une armoire77, et deux bois de lits78 : le premier de repos et son traversin garni d’indienne, avec une couverture de laine blanche, l’autre à l’ange79, avec sa garniture de cadis vert, le fond, le ciel et le dossier en indienne, la couche composée d’une paillasse, matelas, lit et traversin rempli de plumes, une couverture de laine blanche et courtepointe d’indienne. Suit une petite chambre de domestique où il y a juste une chaise basse et un mauvais bois de lit à quenouille80, sa couche composée d’une paillasse, un mauvais lit, un traversin rempli de plumes, un drap et une mauvaise courtepointe d’indienne piquée.

Dans une chambre, aux croisées à rideaux de siamoise à flamme, on trouve deux tables aux pieds tournés, l’une est en noyer et couverte d’une serviette ouvrée, l’autre de bois d’Amérique avec son tiroir. Il y a encore quelques meubles, avec cette petite armoire81 ces quatre chaises foncées de paille et ces deux bois de lit à l’ange leurs garnitures de cadis vert, ciels dossiers et courtepointes d’indienne, la couche de l’un desdits lits composée seulement d’une paillasse, matelas, lit et traversin rempli de plume, et celle de l’autre d’une paillasse, matelas, lit, traversin aussi rempli de plume, deux draps et une couverture de laine blanche.

Toutes ces couches ressemblent à celle de l’alcôve de la chambre en bas, où il y a un lit à l’ange sa garniture de cadis82 vert, son dossier, ciel et courtepointe83 d’indienne fond rouge, la couche composée d’une paillasse, un matelas, lit et traversin de coutil84 rempli de plumes, une couverture de laine blanche.

A l’écart des autres, puisque proche des dépendances de l’autre côté de la cour il y a une petite chambre de domestique : elle présente une couchette de bois de sapin, sa couche composée d’une paillasse, d’un mauvais matelas et traversin rempli de plume, une mauvaise couverture de retaille, ainsi qu’une autre mauvaise paillasse à côté. En plus, on trouve ici, une lanterne de fer blanc et une traîne à pêcher du poisson, une mauvaise caisse de sapin, et un moyeu de charrette, ainsi que deux courroies de cuir.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 19 - novembre 2003

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La maison possédait une cave où il n’y avait que cent bouteilles vides.

Les dépendances85 sont nombreuses :- une buanderie où sont une poêlonne à lessive en cuivre rouge et une grande cage à poules en bois de sapin - une étable 86

- une remise où il y a divers instruments aratoires et aussi deux boyards87 - trois écuries- un toit à vaches- une grange où est aménagé le toit aux poules- un chai88 où est le treuil89

- la brûlerie90 avec sa chaudière montée avec tous ses agrès et apparaux.- le cellier qui est à la suite : on y trouve un ensemble de fûts vinaires91 et divers objets dont un porte vin, une baille92, un entonnoir de bois et une ouillette93 de fer blanc.

Qu’ils soient en relation avec la cabane94 qui faisait partie des appartenances de la maison noble, ou des productions des terres affermées pour le compte de la seigneurie, voici les produits, récoltes et denrées entreposés ci et là95 et que nous avons pu inventorier : des foins, pailles, gleux96 :- une charretée de paille et une demi charretée de bourrée97 (dans le fond du jardin)- trois charretée de foin au-dessus de la grande écurie, sans doute pour alimenter les râteliers des bestiaux et chevaux.- un tas de roseaux dans le chai- dix huit charretées de foin et une petite échelle dans une grange

des denrées et céréales :- un sac plein de farine (dans une anti-chambre)- environ quinze boisseaux98 d’avoine (dans la chambre du domestique), - petit tas d’agrain99 d’environ deux boisseaux et un tas de froment contenant environ quinze boisseaux (dans un petit grenier), - plus deux petits tas de froment pour le même contenant, c’est à dire environ six boisseaux, un tas de froment, orge et baillorge, mêlés, contenant environ douze boisseaux (dans une chambre) - un tas de froment contenant environ trois tonneaux, un autre tas d’orge et baillorge100 contenant environ douze boisseaux. (dans un grenier)

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 20 - novembre 2003

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des bois divers :- petit tas de cosses de vigne, quelques vieux bois de démolition et autre, un tas de fumier (dans la cour)- un tas de fagots, brandes et sarments dans la remise

le vin du cellier :- dans le cellier dix neuf pièces remplies de vin blanc de la dernière récolte, deux autres aussi de vin blanc de l’année 1788, une barrique de vin rouge même année 1788, trois pièces remplies de râpe à l’usage des domestiques,

Pour terminer nous avons isolé et regroupé quelques mentions remarquables :

d’abord les voitures :- deux charrettes avec leurs ranches101 et autres ustensiles. - dans l’étable un cabriolet102 le dedans garni en velours rouge, garni avec ses harnais, deux vieilles roues de cabriolet,- dans la remise : une voiture à quatre roues, fond vert, garni en velours cramoisi avec sa chemise en toile, ses selles et harnais. - une paire de roues sans ferrures dans le chai

quelque instruments aratoires et autres à l‘usage des travaux ruraux :Plus une mauvaise charrue avec son fer, une fourche de fer dans l’étable ; dans la remise : trois preaux103 de charrue, une paire de bazennes, un bât104, un pic, une pelle de bois, une brouette, deux jougs73, une vieille selle. Dans la troisième écurie : trois brides, deux selles, une fourche à trois doigts, une autre à deux, une étrille ;une fourche de fer à trois doigts dans le chai et enfin dans le jardin, une pelle ferrée.

enfin, concernant le cheptel et animaux de basse cour :- un jeune veau dans l’étable- huit chevaux dont six juments et deux poulains dans la troisième écurie- sept vaches, cinq veaux, quatre petites vaches d’un an dans le toit à vaches- trente-huit poules dans la grange.

Ainsi se termine notre essai de localisation et descriptif de la maison noble et dépendances de Jousseran, la châtellenie d’Angoulins.

Denis Briand.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 21 - novembre 2003

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NOTES1. archives personnelles déposées aux archives départementales de la Charente-Maritime.2. bulletin paroissial d’Angoulins/mer, Aytré, La Jarne, et Périgny3. in vol 5 p250, archives documentaires de l’Expression-Hist4. in article sur le four banal publié en novembre 19545. in article de mai 1956 sur Jehan Berne6. Cela faisait partie des banalités : sous l’ancien régime le four est une des choses d’une seigneurie dont les gens étaient obligés de se servir en payant de surcroît une redevance au seigneur : la cuisson du pain en effet est un monopole et droit seigneurial mais en contrepartie le seigneur était obligé de tenir cette installation en bon état chose qu’il ne respectait pas toujours à en croire des mentions qui signalent en 1627 un four en mauvais état ou en 1741 le four banal est en mauvais état et ne convient guère à cuire les 30 boisseaux de pâtes qu’on y apporte.7. responsable de l’établissement banal. 8. marais qui donne des rouches. On appelle aussi ces marais rouchers des rouchères.9. nous avons pris soin de mettre en caractères gras les éléments de la maison et du fournil.10. comprendre « un dépérissement »11. environ 65 cm12. pièce de charpente qui supporte le plancher13. la chambre dite basse quand elle est au rez-de-chaussée ou haute qu’en elle est à l’étage désigne tout simplement une pièce de la maison et non une chambre au sens où on l’entend aujourd’hui14. ce qui nous donne la longueur de la chambre basse d’environ 6 mètres15. à l’est16. à l’ouest17. concluons avec le calcul et les intervalles que la table pour pétrir les pâtes à l’est est de 12,35 m de long tandis que celle de l’ouest est d’environ de 6 m 20. Cela donne une idée de la taille du fournil...18. établi est à une hauteur de 2 pieds soit 65 cm plus épaisseur de la planche (5cm) soit à 70cm du sol19. environ 80 cm20. grand rabot21. l’étage mesure donc 7 mètres de long pour 5,5 mètres de largeur soit une superficie d’environ 38m2 et non 19m2 comme on le trouve dans les notes de Joguet. Mesure confirmée dans le détail des ouvrages à faire, la chambre du fournier faisant 10 toises 1 pied 8 pouces de superficie et la toise carrée mesure 3,796 m2.22. le four n’est plus « banal » puisque les banalités ainsi que tous les droits seigneuriaux ont été dissous à la Révolution. 23. en affêt désigne le rez-de-chaussée et à plancher désigne l’étage, l’expression signifiant que la maison comporte un étage24. le 21 floréal de l’an VIII un notaire angoulinois rédige l’acte de cession et d’abandon, par étienne Clergeau et Jeanne Blanché sa femme à Louis Jaulin, du droit de puisage, lavage et rassouillage au puits commun aux cédants et à Jacques Bonnaud et autres, situés le dit puits dans une petite venelle attenant à la brûlerie du dit Bonneau tout près la maison des vendeurs... 25. complétés et améliorés par nous grâce aux indications de 1865 du géomètre Bord26. acte établi en septembre 1672 dans le cadre de la succession des mineurs Berne où il était question d’adjuger la seigneurie d’Angoulins et de Jousseran aux enfants de Gabaret. 27. à cette époque tout le pâté de maisons appartient au maire et notaire d’Angoulins élie Bérigaud.28. le résumé qui suit nous est donné par J.Joguet auquel, après lecture de l’acte original nous n’avons rien trouvé à ajouter de plus.29. les rouches, sont des laiches (foin peu délicat qui vient naturellement et sans culture) ou des roseaux qui poussent dans les terrains humides et marécageux.30. le vocable Vinaigre désigne le canton près duquel se trouvait un petit port du même nom où mouillaient les bateaux de pêche et ceux chargeant vin et sel, lequel site est connu aujourd’hui sous le toponyme de la Chaume. 31. un pied équivalant à environ 32,5 cm le pavillon mesurait près de 6m50 de hauteur32. on trouve aussi baloir dans d’autres actes notariés. Il s’agit de petits auvents avec ou sans piliers qui protègent portes, timbres, pompes etc...33. archives documentaires de l’Expression-Hist, vol 5 p25034. rue Gambetta

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35. on désignait ainsi le quartier de l’église36. quartier entre la rue de la mer et la Chaume37. rue Thiers38. même propriétaire que dans la visite de 164139. les orientations sont données par rapport à l’entrée dans la cour de Jousseran40. petite rue de la paix appelée alors rue du Pavillon en référence au fameux pavillon de 20 pieds de haut donné dans la visite de 1672.41. actuelle rue Gambetta alors rue principale du village42. actuelle rue Thiers43. toujours rue Gambetta44. qui deviendra propriété de Veron après la révolution45. environ 15 mètres46. on trouve une paire de chenets, pelle et pincette de fer et soufflet.47. on trouvait aussi deux fusils, un flacon et une bouteille, quatre petits quarts de verre, un moulin à poivre, un moulin à café, trois mauvaises paires de souliers, un mauvais parapluie etc...48. ouvrant à deux portes et son tiroir en bas 49. garnies d’un fond50. enfoncement ménagé dans une chambre pour un lit51. toile de coton imprimée52. ancienne étoffe de coton et lin53. on notera que dans le logis, presque toutes les tables présentent un miroir à cadre doré au-dessus d’elles54. équipée d’une paire de chenets, pincette, pelle garnie de velours cramoisi et sa sangle 55. comprendre licou56. petit siège57. étagère à vaisselle58. car s’y rajoute : un petit pot de faïence, une écuelle et son couvercle de terre brune, deux fioles, un petit pot de terre brun, une cuillère d’étain, trois petits pots en terre, un autre grand à deux anses, un pot de fer, un mauvais tamis, un porte plat d’osier, un petit baril59. ustensile pour recevoir le jus de la viande qui rôtit60. deux plats, un petit pot de terre, trois bouteilles de gros verre, un petit baril61. on trouvait aussi quatre bouteilles et deux chopines de gros verre, trois gobelets, deux salières, trois assiettes, trois pots62. par chez nous, grand plat en terre cuite qui va sur le feu63. petit vase ou bol suivant l’usage64. fer à repasser d’une forme particulière, qui reçoit des charbons allumés65. une lampe, une salière de bois, un crochet de fer, quelque morceaux de mauvaise ferraille six mauvaises fourchettes de fer, deux brosses, un poids de fer d’une livre66. écumoire67. instrument de fer à manche en bois pour remuer les braises68. trois chaises foncés de paille, le dessous d’un coffre de bois de sapin, une corde, un mauvais habit de drap noir, un tas de guenilles, trois bouteilles et trois flacons de gros verre, un cruche de grès, trois autres cruches, et un pot de terre, une fourche de fer, deux petits tas de bois, une barre de bois de sapin, une grande table et ses deux tréteaux, un petit oreiller de coutil rempli de plume, une couverture de laine blanche, un matelas, , une bouteille de gros verre, un sac, un mauvais rideau de cadi vert, un quart déformé.69. gobelet de verre très commun70. récipient pour grains71. sorte de panier rond, en osier donc, à fond mobile, que l’on accrochait au bas de l’âne ou du cheval, et destiné spécialement à transporter le fumier dans les champs. On le vidait sans avoir à le décharger.72. on trouve toujours cette orthographe dans les actes notariés de l’époque, mais cela désigne une grêle qui est un tamis de peau ou de fer pour nettoyer le grain et séparer les petites graines du bon grain.73. divers objets dans toutes ces chambres : un boisseau, une grêle , un sac et un balai, 74. le comparatif est intéressant entre les divers bois de lits et couches 75. actuelle rue Thiers76. couverte d’un tapis d’indienne, d’une serviette ouvrée77. d’acajou à deux portes et tiroir au bas,78. se désignait « bois de lit » le meuble qui recevait la couche.

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 23 - novembre 2003

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79. lit à un seul chevet dans lequel le ciel, quand il existe, est porté par les montants du chevet de tête et suspendu aux solives en avant ; le ciel peut d’ailleurs être complètement suspendu aux solives. Le lit ne touche au mur que par un chevet où une garniture est appliquée à la muraille ; il a donc une ruelle et est enserré par les rideaux sur les trois autres côtés. Il pouvait être flanqué d’un coffre ou d’un marchepied qui servait à y monter. 80. lit à quatre colonnes et surmonté d’un ciel. Il est entouré de rideaux.81. armoire de sapin à panneaux d’ormeau, ouvrant à deux portes et son tiroir 82. étoffe bourrue sorte de serge de laine non peignée. Le cadis fin était une sorte de flanelle.83. couverture de lit faite d’une étoffe double piquée point contre point, et dont l’intérieur est garni de coton, de ouate ou de laine.84. toile serrée croisée et lissée en fil de coton, propre à envelopper des matelas et des oreillers.85. on désigne ici par ce terme toutes les éléments qui dépendent de l’habitation principales86. où l’on trouve dix huit planches de bois de sapin, un hachereau, un chevalet.87. tonneau ouvert avec deux anses 88. il y a aussi une paire de ranches, deux barriques dont une défoncée et une échelle89. c’est à dire le pressoir90. on note ici aussi la présence d’un petit entonnoir et un arrosoir de fer blanc, une pièce à eau de vie et son bâton91. quinze pièces vides, dix-sept barriques fûts ordinaire vides,92. cuve en bois où l’on faisait fermenter le raisin93. petit entonnoir et broc de forme spéciale pour ouiller (remplir les un tonneau jusqu’à la bonde pour que le vin ne sois pas en contact avec l’air) les fûts qui sont gerbés sans avoir à les déplacer.94. « la cabane brûlée » était la cabane de Jousseran. Ce terme cabane désigne une exploitation agricole située dans les marais et donnée en fermage ou métayage. Elle est l‘équivalent dans le marais de la métairie qui est sur les terres.95. dans la cour, dans les dépendances, dans le jardin et dans les pièces du logis de Jousseran.96. dans les actes notariés angoulinois, on trouve différentes orthographes à ce mot (gleu, glieu, gluy) pour désigner le glui qui est une paille de seigle pour couvrir les toits ou faire des liens.97. plantes fourragères qu’on laisse pourrir toute l’année avant de les mêler au fumier98. mesure de capacité pour les grains principalement Sa valeur varie selon les régions et les époques mais nous lui accorderons ici la valeur de 13 litres soit 20 livres de grains. 99. déchet de blé, grains de rebut que l’on destine aux volailles.100. orge de printemps101. pieux verticaux qui soutiennent les parois latérales, planches ou ridelles d’une charrette. Cela peut aussi désigner la ridelle elle même faite en forme de râtelier à claire-voie.102. voiture légère à deux roues103. le joug (pièce de bois qui sert à l’attelage des boeufs) complété par les juilles (courroies de cuir) est réunit à la charrue dans ce cas ou à la charrette dans d’autres cas par le preau (perche de bois).104. selle grossière

Denis Briand, La seigneurie de Jousseran : Description et essai de localisation - page 24 - novembre 2003

REMERCIEMENTS L’élaboration de la partie iconographique de ce document, a été rendue possible,

grâce au concours (par ordre alphabétique) :des familles Baudet et Champigny ainsi que grâce à M. et Mme Puyravaud Jean-

Pierre, M. et Mme Sacré Jean-Luc, M. et Mme Sacré Patrice.

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Imprimerie Copifac - novembre 2003

Historiens, anciens ou autres, c’est un fait, personne ne peut aujourd’hui dire, ou se souvenir, où était la principale maison noble d’Angoulins.

« J’ai tenté de corriger cette igno-rance et j’ai donc mené une longue enquête qui tente de redonner la mémoire de ce lieu, historique et symbolique, à notre village. » nous confie l’auteur, Denis Briand.

« Je suis, à présent, fier de pouvoir vous présenter un document pour le moins exclusif » ajoute-t-il, le-quel document précise désormais l’emplacement oublié du château des seigneurs d’Angoulins.

Voici le récit de cette recherche extraordinaire.