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Échos du monde En Bref Questions régionales - Conseil économique et social de Franche-Comté - N° 18 - JUIN 2009 - PAGE 12 2 es RENCONTRES DE LA GRANDE VITESSE Le 14 mai se sont déroulées les 2 es Rencontres de la Grande Vitesse, organisées par le Conseil régional de Franche-Comté et faisant suite aux 1 res Rencontres qui avaient eu lieu en mai 2008. Afin de préparer l’arrivée du TGV Rhin-Rhône en 2011, la présidente de la Région a souhaité ce temps d’échange entre les principaux acteurs locaux, avec un maître mot : anticiper. L’objectif est en effet de réfléchir sur la stratégie à adopter pour exploiter le mieux possible ce nouvel atout pour le développement de la Franche-Comté. Trois ate- liers thématiques ont ainsi permis d’aborder les questions de desserte du territoire, de stratégie économique ou encore de valorisation du patri- moine régional. Quels sont les changements à venir en terme d’emplois et d’activités ? Quelles conséquences en terme d’aménagement du terri- toire et d’offre touristique ? Quelles seront les nouvelles pratiques en terme de mobilité ? Comment créer l’image de la Franche-Comté comme nouvelle région à grande vitesse ? Autant de questions qui ont été posées lors de cette jour- née de débats. Le Conseil économique et social s’en réjouit, puisque l’anticipation et la construction d’un pro- jet collectif autour du TGV sont les principales recommandations de son récent rapport intitulé Faire du TGV Rhin-Rhône un facteur de développe- ment pour la Franche-Comté. Jean-François Robert, président du CES, a d’ailleurs été invité par M me la présidente du Conseil régional à faire part de la réflexion du CES sur ce sujet. Il a notamment incité chacun à se mobiliser pour participer à l’éla- boration du projet TGV, et a rappelé le rôle d’am- bassadeur que le CES, par sa composition, peut et a déjà commencé à jouer auprès de la société civile pour permettre cette mobilisation. > Responsable de la publication : Jean-François Robert > Rédaction : Adeline Viey > Conception : Pierre Accard Communication et Valérie Szewczyk Création > Maquette : Nathalie Tisserand > Impression : Imprimerie Simon > Photos : David Cesbron/Région FC - L. Cheviet/KR Images Presse - Christophe Goussard - Ludovic Laude - Fotolia-Franz Pfluegl - France Active - Laurent Mani - Georges Panneton/UFC - Yves Petit/Région FC - Photoxpress : Joann Cooper, Rich Johnson, Vojsek - SNCF/DR - Adeline Viey Hôtel de Région - 4, square Castan - 25031 Besançon cedex > Tél. 03 81 61 62 90 - Fax 03 81 82 83 03 > Mél : [email protected] > www.cesr.franche-comte.fr > Les Conseils économiques et sociaux existent dans un nombre croissant de pays. Ils sont parfois placés auprès d’organisations internationales. Ces assemblées consultatives ont des fonctions variables. Traits vous propose d’en découvrir une par numéro. < HISTOIRE Le Conseil économique et social de Tunisie a été institué en 1961 à la suite de la déclaration d’indé- pendance et de la proclamation de la République de Tunisie. Il participe activement au développement du pays et constitue un forum où les différentes composantes de la société civile engagent un dia- logue ouvert et objectif. MISSION Le CES assure un mission de conseil auprès du gou- vernement. Il est obligatoirement consulté sur tous les projets de loi. Il donne également son avis sur le Plan de développement économique et social du pays, sur les rapports d’exécution de ce Plan, et sur le Budget. Dans le cadre de l’accomplissement de sa fonction consultative, le CES tunisien se définit comme « la voix de la société civile organisée », et se donne pour objectifs de contribuer à un développe- ment économique et social harmonieux et équili- bré, et de promouvoir un modèle de société tunisien mettant au centre les valeurs humaines. MEMBRES Depuis 1988, le CES de Tunisie est composé de 118 membres, dont 26 représentants des organisations professionnelles (syndicats de travailleurs, patronat, agriculteurs), 20 représentants de diverses associa- tions et des professions libérales (organisations féminines, organisations liées à la jeunesse, associa- tions à caractère économique, social et culturel, ordres des professions libérales), 24 représentants des régions (un représentant par gouvernorat), 18 Le Conseil économique et social de Tunisie représentants de l’Administration et des entreprises publiques, et 30 personnalités qualifiées. Le CES est actuellement présidé par M. Sadok Chaabane, pro- fesseur de droit public et de sciences politiques. TRAVAUX Le CES peut prendre lui-même l’initiative de pro- duire des rapports sur des questions importantes, visant à attirer l’attention du gouvernement sur des réformes ou des adaptations jugées oppor- tunes. Les conseillers économiques et sociaux tuni- siens travaillent dans le cadre de 5 commissions permanentes : Économie, Finances et Conjoncture - Agriculture et Développement régional - Santé, Travail et Affaires sociales - Éducation, Jeunesse et Culture - Coopération et Relations extérieures. Parmi ses sujets de réflexion récents : la jeunesse et la société civile, la fiscalité et le développement, l’avenir de l’émigration. Pour en savoir plus : http://www.ces.org.tn/ © SNCF/DR

Le Conseil économique et social de TunisieQuestions régionales- Conseil économique et social de Franche-Comté - N° 18 - JUIN 2009 - PAGE 2 Le point sur… >En 2004, le Conseil

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Échos du monde

En Bref

Questions régionales - Conseil économique et social de Franche-Comté - N° 18 - JUIN 2009 - PAGE 12

2es RENCONTRES DE LA GRANDEVITESSE

Le 14 mai se sont déroulées les 2es Rencontres de laGrande Vitesse, organisées par le Conseil régionalde Franche-Comté et faisant suite aux 1res

Rencontres qui avaient eu lieu en mai 2008. Afinde préparer l’arrivée du TGV Rhin-Rhône en 2011, laprésidente de la Région a souhaité ce tempsd’échange entre les principaux acteurs locaux,avec un maître mot : anticiper. L’objectif est eneffet de réfléchir sur la stratégie à adopter pourexploiter le mieux possible ce nouvel atout pourle développement de la Franche-Comté. Trois ate-liers thématiques ont ainsi permis d’aborder lesquestions de desserte du territoire, de stratégieéconomique ou encore de valorisation du patri-moine régional. Quels sont les changements àvenir en terme d’emplois et d’activités ? Quellesconséquences en terme d’aménagement du terri-toire et d’offre touristique ? Quelles seront lesnouvelles pratiques en terme de mobilité ?Comment créer l’image de la Franche-Comtécomme nouvelle région à grande vitesse ? Autantde questions qui ont été posées lors de cette jour-née de débats.

Le Conseil économique et social s’en réjouit,puisque l’anticipation et la construction d’un pro-jet collectif autour du TGV sont les principalesrecommandations de son récent rapport intituléFaire du TGV Rhin-Rhône un facteur de développe-ment pour la Franche-Comté. Jean-FrançoisRobert, président du CES, a d’ailleurs été invité parMme la présidente du Conseil régional à faire partde la réflexion du CES sur ce sujet. Il a notammentincité chacun à se mobiliser pour participer à l’éla-boration du projet TGV, et a rappelé le rôle d’am-bassadeur que le CES, par sa composition, peut eta déjà commencé à jouer auprès de la sociétécivile pour permettre cette mobilisation.

> Responsable de la publication : Jean-François Robert > Rédaction : Adeline Viey > Conception : Pierre Accard Communication et ValérieSzewczyk Création > Maquette : Nathalie Tisserand > Impression : Imprimerie Simon > Photos : David Cesbron/Région FC -L. Cheviet/KR Images Presse - Christophe Goussard - Ludovic Laude - Fotolia-Franz Pfluegl - France Active - Laurent Mani - GeorgesPanneton/UFC - Yves Petit/Région FC - Photoxpress : Joann Cooper, Rich Johnson, Vojsek - SNCF/DR - Adeline Viey Hôtel de Région - 4, square Castan - 25031 Besançon cedex > Tél. 03 81 61 62 90 - Fax 03 81 82 83 03 > Mél : [email protected] > www.cesr.franche-comte.fr

> Les Conseils économiques et sociaux existent dans un nombre croissant de pays. Ils sontparfois placés auprès d’organisations internationales. Ces assemblées consultatives ontdes fonctions variables. Traits vous propose d’en découvrir une par numéro. <

HISTOIRELe Conseil économique et social de Tunisie a étéinstitué en 1961 à la suite de la déclaration d’indé-pendance et de la proclamation de la République deTunisie. Il participe activement au développementdu pays et constitue un forum où les différentescomposantes de la société civile engagent un dia-logue ouvert et objectif.

MISSIONLe CES assure un mission de conseil auprès du gou-vernement. Il est obligatoirement consulté sur tousles projets de loi. Il donne également son avis sur lePlan de développement économique et social dupays, sur les rapports d’exécution de ce Plan, et sur leBudget. Dans le cadre de l’accomplissement de safonction consultative, le CES tunisien se définitcomme « la voix de la société civile organisée », et sedonne pour objectifs de contribuer à un développe-ment économique et social harmonieux et équili-bré, et de promouvoir un modèle de société tunisienmettant au centre les valeurs humaines.

MEMBRESDepuis 1988, le CES de Tunisie est composé de 118membres, dont 26 représentants des organisationsprofessionnelles (syndicats de travailleurs, patronat,agriculteurs), 20 représentants de diverses associa-tions et des professions libérales (organisationsféminines, organisations liées à la jeunesse, associa-tions à caractère économique, social et culturel,ordres des professions libérales), 24 représentantsdes régions (un représentant par gouvernorat), 18

Le Conseil économique etsocial de Tunisie

représentants de l’Administration et des entreprisespubliques, et 30 personnalités qualifiées. Le CES estactuellement présidé par M. Sadok Chaabane, pro-fesseur de droit public et de sciences politiques.

TRAVAUXLe CES peut prendre lui-même l’initiative de pro-duire des rapports sur des questions importantes,visant à attirer l’attention du gouvernement surdes réformes ou des adaptations jugées oppor-tunes. Les conseillers économiques et sociaux tuni-siens travaillent dans le cadre de 5 commissionspermanentes : Économie, Finances et Conjoncture -Agriculture et Développement régional - Santé,Travail et Affaires sociales - Éducation, Jeunesse etCulture - Coopération et Relations extérieures.Parmi ses sujets de réflexion récents : la jeunesse etla société civile, la fiscalité et le développement,l’avenir de l’émigration.Pour en savoir plus : http://www.ces.org.tn/

© SNCF/DR

traitsQuestions régionales - Conseil économique et social de Franche-Comté

N° 18 - JUIN 2009

INITIATIVES Un village jumelé avec uneétoileSolidarité dans l’emploi| Page 10

Économie socialeet solidaire Quelle place en Franche-Comté ?| Page 2

Pour une Franche-Comté durable| Dossier page 6

Agenda 21 régional

Insertion par l’économique Les Jardins de Cocagne| Page 3

Enseignementsupérieur Enjeux et défis à relever| Page 4

ÉDITOUne région exemplaire| Page 11

Questions régionales - Conseil économique et social de Franche-Comté - N° 18 - JUIN 2009 - PAGE 2

Le point sur…

> En 2004, le Conseil économique et social de Franche-Comté publie L’économie sociale et solidaire : la dynamiquedes passerelles, un rapport commandé par l’Exécutif régional. Cinq ans plus tard, la présidente du Conseil régionalsaisit à nouveau le CES sur cette question, afin qu’il actualise son état des lieux et ses recommandations. <

Dans son rapport de 2004, le Conseil économiqueet social de Franche-Comté s’est attaché à définirun secteur aux contours flous, qui suscite débats etinterrogations. La nécessité de cerner l’importanceet les enjeux de l’économie sociale et solidaire (ESS)en Franche-Comté avait, en effet, motivé cette saisinedu président du Conseil régional.

L’ESS en quelques lignesL’ESS répond à des besoins que l’économie tradi-

tionnelle, dite « capitaliste », délaisse faute d’unintérêt marchand suffisant. Les acteurs de l’économiesociale et solidaire apportent une réponse à dessituations difficiles qui prennent de plus en plusd’ampleur dans nos sociétés modernes : l’exclusion,le handicap ou encore le chômage. Ainsi, le sec-teur de l’économie sociale et solidaire regroupeprincipalement : les mutuelles qui assurent unefonction de protection sociale ; les coopératives ;les associations, régies par le principe de non lucra-tivité de leur activité ; les fondations, qui œuvrentdans les domaines de la santé, la solidarité, larecherche, la culture ou encore l’environnement ;les comités d’entreprise, qui assurent toutes lesactivités sociales et culturelles menées au bénéficedes salariés et de leur famille ; les organismes d’in-sertion par l’économique (entreprises, associationsou régies de quartier), qui accompagnent les per-sonnes fragilisées en articulant action sociale et

développement économique (voir notre encadré surle Réseau Cocagne) ; le commerce équitable, quiprône une relation commerciale entre les pays duNord et ceux du Sud fondée sur la dignité et le res-pect mutuel. Si varié que soit le champ d’intervention del’ESS, il répond théoriquement à un certain nombrede principes communs à toutes les initiatives, tels

que la primauté de la personne et de l’objetsocial sur le capital (« une personne égale unevoix »), une lucrativité contrôlée et limitée, unegestion démocratique fondée sur des adhésionsvolontaires et ouvertes, une autonomie de gestionet une indépendance par rapport aux pouvoirspublics.

Les faits marquants de l’étudede 2004

En Franche-Comté, on estime que l’ESS représenteenviron 10 % de l’emploi salarié1 ; elle est présentedans tous les secteurs d’activité. Fort de sa capacitéà réagir face à l’apparition de nouveaux besoinssociaux, c’est un secteur dynamique où le nombredes activités et des emplois ne cesse d’augmenter. Mais il a aussi ses faiblesses. Majoritairement

composé d’associations et de bénévoles, il doitfaire face à un manque de moyens évident. Deplus, l’ESS doit encore accentuer ses efforts enterme de structuration et de professionnalisation.C’est pourquoi l’État et les collectivités ont misen place des dispositifs d’aide, comme le dispositiflocal d’accompagnement (DLA) qui apporte auxassociations d’utilité sociale une réponse deproximité en matière d’organisation, de gestion,de consolidation économique. De même, laChambre régionale de l’économie sociale et soli-daire (CRESS), créée en 2002, a pour mission derassembler et de représenter les acteurs régio-naux, de promouvoir les valeurs de l’ESS auprèsdes pouvoirs publics et de soutenir les initiativesmenées en Franche-Comté.

2009 : quelle place de l’ESS enFranche-Comté ?

En 5 ans, ce secteur a indéniablement connu desévolutions. Lesquelles ? C’est l’objet de la saisinede la présidente du Conseil régional qui invite leCES à actualiser le travail conduit en 2004. Au-delà de cette analyse, elle l’interroge égalementsur les mesures susceptibles d’accompagner utile-ment ce secteur.Le CES conduit donc actuellement ce travaild’analyse et d’évaluation en prenant en compte ladonne économique et sociale actuelle, marquéepar la crise. Il peut, de ce fait, être légitimementconduit à formuler de nouvelles préconisations endirection de l’Exécutif régional. Dans son rapportde 2004, il incitait le Conseil régional à accentuerson intervention pour qu’il devienne un véritableacteur de l’ESS (développer la formation, faciliterl’accès aux aides économiques…). Certaines de sesrecommandations ont été suivies, comme la créa-tion d’une direction de l’ESS au sein des servicesde la Région ; d’autres n’ont pas encore fait l’objetde décisions ou nécessitent d’être actualisées. À ce jour, le groupe de travail en charge de ce dos-sier boucle une large série de rencontres avec desacteurs de l’ESS. Il doit maintenant « exploiter »l’abondante information ainsi recueillie,construire sa propre analyse en approfondissant,notamment, la notion de périmètre de l’ESS. Elledébouchera probablement sur de nouvelles préco-nisations soumises à l’aval de l’assemblée plénièredu CES. Traits s’en fera l’écho. <

<1> Source : Siren et DADS.

Quand l’activité économique rencontre l’action sociale

« L’économie sociale et solidaire »

© Fotolia-Franz Pfluegl

© Photoxpress-Joann Cooper

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Le concept des Jardins de Cocagne est né audébut des années 1990. À l’époque, Jean-GuyHenckel travaille depuis une vingtaine d’annéesdans l’association Julienne Javel, basée àChalezeule, dans le Doubs, qui développe desactivités d’entrepreneuriat social. Un an après lacréation du RMI en 1988, une première évaluationdu dispositif est réalisée. En Franche-Comté, ons’aperçoit que de nouvelles formes de pauvretéont fait leur apparition, notamment parmi lesagriculteurs locaux qui gagnent tout juste dequoi rembourser leurs emprunts. Or, pour ces« nouveaux pauvres », les solutions n’existentpas ou sont mal adaptées : de nouvelles formesd’intervention restent à inventer !

Un concept originalC’est ainsi que Jean-Guy Henckel a l’idée decréer des exploitations maraîchères qui puissentembaucher des personnes en difficulté pour pro-duire des légumes biologiques, vendus à desadhérents- consommateurs. Son objectif est éga-lement de développer les « circuits courts » del’agriculture, c'est-à-dire des systèmes de distri-bution par lesquels les produits sont acheminésdirectement du producteur au consommateur. Le premier Jardin voit donc le jour en 1991, ettrès vite, les demandes pour ouvrir de nouvellesexploitations explosent. « Au départ, il s’agissaitde répondre à un problème local ; nous avons ététrès surpris de voir l’engouement que cela provoquait,y compris en dehors du monde rural », souligne J.-G.Henckel. Cet intérêt massif s’explique en partie

Le Réseau Cocagne : un bel exemple d’insertion par l’activité économique> Le groupe de travail chargé de conduire cette étude a rencontré Jean-Guy Henckel, directeur du Réseau Cocagne. Il est à l’origine dupremier Jardin de Cocagne créé en 1991 en Franche-Comté et a raconté aux conseillers la formidable aventure du Réseau. <

Jean-Guy Henckel, directeur du Réseau Cocagne

© Ludovic Laude

© Christophe Goussard

par l’avant-gardisme dont font preuve les fondateursdes Jardins de Cocagne, en réunissant au seind’un même concept les trois composantes dudéveloppement durable : économique, sociale etenvironnementale. « On a été résolument pro-actifsdans la dimension environnementale et écologiqueen décidant de faire le choix d’une agriculture biolo-gique », précise J.-G.Henckel. Le succès des Jardinsest également lié à leur ancrage territorial : pourJ.-G.Henckel, « on reconnaît l’intelligence d’un dis-positif lorsqu’il réconcilie, sur un même territoire,les pouvoirs publics, le monde économique et lasociété civile ».

Une activité en pleine croissanceTrès vite, il a donc fallu construire un modèle dedéveloppement. C’est la mission du RéseauCocagne, qui favorise le déploiement des Jardinsen apportant conseils et soutien aux porteurs deprojet. L’objectif n’est pas seulement de dissémi-ner le concept sur tout le territoire, mais aussi deconstruire un véritable projet collectif. C’est pour-quoi le Réseau s’est doté d’une Charte, qui définitdes grands principes communs à tous les Jardinsde Cocagne :- une vocation d’insertion sociale et profession-

nelle : il ne s’agit pas uniquement d’embaucherdes personnes en difficulté, mais aussi de lesaccompagner dans leur démarche d’insertion oude réinsertion.- une pratique exclusive de l’agriculture biolo-

gique, un mode de production respectueux del’environnement et des personnes embauchées.- la commercialisation auprès d’adhérents-

consommateurs, qui peuvent venir chercher leurpanier hebdomadaire directement au Jardin ou leretirer au dépôt le plus proche. Les membres duRéseau encouragent les adhérents à se rendredans les Jardins pour rencontrer les travailleurs.C’est en effet un bon moyen de créer du liensocial : « notre objectif est aussi de redonner unréseau social aux personnes embauchées sur lesJardins, qui se voient parfois proposer un emploigrâce à ces rencontres », indique J.-G. Henckel.- l’intégration aux filières agricoles locales : lesJardins de Cocagne ne sont pas des concurrentsmais des acteurs complémentaires à l’activité desproducteurs biologiques locaux avec lesquels ilscollaborent quotidiennement (échange de ser-vices, regroupement pour l’achat de matériels oude plantations, organisation de marchés bio, etc.).Les Jardins de Cocagne s’engagent à respecterces critères et font régulièrement l’objet d’uneévaluation par le Réseau qui souhaite la plusgrande transparence sur les activités conduitessous son appellation.

Le Réseau Cocagne compte aujourd’hui une cen-taine de Jardins, et expérimente régulièrement denouveaux projets, comme par exemple « Fleurs deCocagne » qui repose sur la production et la distri-bution de fleurs. Le concept trouve donc toujoursplus d’adeptes, qu’ils soient issus du secteur del’insertion ou du monde économique. De plus enplus d’entreprises réalisent en effet qu’elles peu-vent investir leur argent autrement. Pour J.-G.Henckel, « c’est dans l’économie sociale et solidaireque se trouve la réponse à la crise actuelle que nousressentons depuis quelques années déjà, par lacréation de nouvelles alliances ».<

Pour en savoir plus : http://www.reseaucocagne.asso.fr

> L’enseignement supérieur est vital pour le dynamisme d’une région. C’est pourquoi le Conseil économique etsocial a souhaité s’intéresser au devenir des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, en cernantles enjeux auxquels ils sont aujourd’hui confrontés. Présentation de cette nouvelle autosaisine. <

Quel enseignement supérieur pour la Franche-Comté ?

Questions régionales - Conseil économique et social de Franche-Comté - N° 18 - JUIN 2009 - PAGE 4

Le point sur…

Un système complexeArrêtons-nous tout d’abord sur le systèmefrançais de formation supérieure. Il faut bien dis-tinguer l’enseignement « post-bac » qui com-prend, par exemple, les BTS, les DUT… c'est-à-dire les filières courtes (2 ans), de l’enseignementsupérieur qui propose des diplômes s’inscrivantdans le cycle LMD (Licence, Master, Doctorat) etqui dispose d’unités de recherche. Dès le premiercycle universitaire (Licence), la recherche faitpartie intégrante des enseignements et prendune place de plus en plus grande au fur et àmesure de la progression de l’étudiant dans lecursus universitaire (Master puis Doctorat). Cependant, l’Université n’est pas seule à intégrerla dimension recherche. Celle-ci est égalementprésente dans ce qu’on appelle communément les« grandes écoles » : Polytechnique, École des Artset Métiers, École des Mines, Centrale… Cesgrandes écoles ont été créées sous Napoléon, aumoment des grands travaux engagés par le pou-voir central afin de former une nouvelle catégoriede cadres et d’ingénieurs nécessaires à leur réali-sation, ce dont l’Université d’alors n’avait pasvocation. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, puisquela plupart des universités ont créé leurs propresécoles d’ingénieurs ou de commerce. Pourautant, la distinction, voire la concurrence, entreuniversités et grandes écoles subsiste, comptetenu de l’image prestigieuse de ces dernières.

L’attractivité en questionL’attractivité de l’Université, notamment enFranche-Comté, est au cœur des réflexionsactuelles sur l’enseignement supérieur. LaFranche-Comté compte près de 23 000 étudiants,répartis sur les sites de l’Université de Franche-Comté (UFC), de l’Université technologique deBelfort-Montbéliard (UTBM) et de l’École nationalesupérieure de mécanique et des microtechniques(ENSMM). L’UFC n’est pas épargnée par cette« fuite » des étudiants constatée dans de nom-breuses universités. Les jeunes ont tendance àquitter la région pour des écoles et/ou des uni-versités plus importantes et plus attractives. Ils’agit dès lors de réfléchir à la manière d’améliorerla visibilité de l’enseignement supérieur régional.Des pistes existent déjà comme, par exemple, lerenforcement des collaborations avecl’Université de Bourgogne, par le biais du Pôle deRecherche et d’Enseignement Supérieur (PRES)Bourgogne/Franche-Comté. Ensemble, ces deux

Universités peuvent espérer concurrencer descentres universitaires tels que Strasbourg ouLyon qui attirent de plus en plus les étudiants. CePRES est une opportunité à saisir, en particulierdans le contexte de la politique menée actuelle-ment par le gouvernement qui envisage de créerune dizaine de grands campus où seront concen-trés les moyens. Or, Besançon n’en fait pas partie.

L’attractivité d’une région est conditionnée parde nombreux facteurs, mais la présence d’unenseignement supérieur de qualité figure, sansaucun doute, parmi les principaux. La dynamiqueuniversitaire et l’innovation issues de l’interactionenseignement supérieur - recherche sont, en effet,des atouts considérables pour le développementet le rayonnement d’un territoire. Dans uncontexte de forte concurrence entre régions etentre établissements, on peut notamment s’inter-roger sur l’avenir, à moyen terme, de l’Université deFranche-Comté qui n’a pas bénéficié du récentplan Campus adopté par le gouvernement. Ils’agit de trouver les moyens de valoriser ses for-mations, garantes d’une activité intellectuelle etferment d’innovation pour notre région.

« L’enseignement supérieur »

©Georges Panneton/UFC

L’enseignementsupérieur régional en chiffres : > Université de Franche-Comté• 19 500 étudiants• 1 400 enseignants dont 800 enseignants-chercheurs• 27 unités de recherche dont 11 classées encatégorie A et A+ par l’Agence d’évaluation dela recherche et de l’enseignement supérieur(AERES)1

• Formations : sciences de l’environnementet de la santé, sciences de l’homme et de lasociété, sciences pour l’ingénieur et sciencesfondamentales.

> Université technologique de Belfort/Montbéliard (UTBM)• 2 400 étudiants• 230 enseignants• 7 unités de recherche• Formations : informatique, mécanique,ingénierie, génie électrique, ergonomie etdesign.

> École nationale supérieure de mécaniqueet de microtechniques (ENSMM)• 900 étudiants• 250 enseignants, enseignants-chercheurs,techniciens et ingénieurs• 3 unités de recherche• Formations : microtechnologie, mécanique,mécatronique.

>1 Évaluation réalisée tous les 4 ans sur la production, l’at-tractivité, la stratégie, et le projet du laboratoire, en fonctionde 4 niveaux : A+ (excellence internationale), A (bonne visibi-lité nationale et, pour partie, internationale), B (en devenir deA), C (reléguable).

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Proximité ? Excellence ?L’avenir de l’enseignement supérieur enFranche-Comté réside également dans la conci-liation de deux objectifs apparemment contra-dictoires : la proximité et l’excellence. En Franche-Comté, l’enseignement supérieur est présent surl’ensemble du territoire régional : Besançon,Belfort, Montbéliard, Vesoul, Lons-le-Saunier. Laprésence d’une offre de formations est un atoutincontestable pour ces villes. Ce peut être unargument de poids pour des entreprises inno-vantes qui cherchent à s’implanter à proximitéd’un vivier de futurs cadres et ingénieurs. Mais cemorcellement sur plusieurs sites peut aussi êtreune fragilité. La recherche de l’excellence et de laperformance passe généralement par uneconcentration des moyens et par l’identificationd’un lieu de référence pour une meilleure recon-naissance nationale et internationale. La questionde l’enseignement supérieur se pose donc aussi enterme d’aménagement du territoire, l’une desprincipales compétences de la Région qui a donccertainement un rôle à jouer à ce niveau. Ayanttrès tôt mesuré son impact sur le développementde la région, elle mène d’ailleurs une politiquevolontariste en faveur de l’enseignement supé-

© Georges Panneton/UFC

La politique du Conseil régional en matière d’enseignement supérieur :

• L’aide aux étudiants> Accompagnement des futurs étudiants par un système de « tutorat » entre lycéens et étudiants.> Conditions de vie : aide au logement et contribution à l’achat des tickets de Restau U dans le cadre duCentre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS).> Mobilité : proposition de tarifs préférentiels pour le transport en TER (carte Universi’TER).> Séjours à l’étranger : soutien aux programmes Erasmus (semestre d’étude en Europe) et Aquisis (horsEurope).> Stages : animation d’un service régional des stages en partenariat avec le Centre régional d’informa-tion jeunesse (CRIJ), octroi de bourses pour les stages à l’étranger (Dynastage).

• La modernisation des différents sites universitaires : construction et réhabilitation des bâtiments> Mise en place du Pôle « santé » avec l’installation d’une nouvelle faculté de médecine près du CHU deBesançon.

• Le soutien au développement de la recherche> Aide au financement d’équipements pour les laboratoires de recherche.> Allocations aux doctorants et bourses postdoctorales.> Construction d’un pôle d’excellence dans le domaine des microtechniques et des nanotechnologies :TEMIS Science.

• L’attractivité de l’enseignement supérieur en Franche-Comté> Aide au financement de plaquettes de communication des établissements d’enseignement supérieur.> Soutien à l’élaboration et au développement du PRES Bourgogne/Franche-Comté.

rieur depuis de nombreuses années (voir notreencadré), alors même qu’il s’agit d’une compé-tence dévolue à l’État. La Franche-Comté n’échappe pas aux impor-tantes mutations auxquelles est aujourd’huiconfronté l’enseignement supérieur : développe-ment du système européen LMD, application de laloi relative aux libertés et responsabilités des uni-versités d’août 2007, statut des enseignants-cher-cheurs, diminution du nombre d’étudiants… Cesévolutions posent de nombreuses questions surl’organisation et le fonctionnement des universités,qui doivent aussi s’adapter aux enjeux du territoiresur lequel elles sont implantées. Autant d’interro-gations qui seront soulevées par le groupe de tra-vail chargé de mener cette nouvelle autosaisinedu Conseil économique et social de Franche-Comté, pour penser l’Université de demain. <

© Georges Panneton/UFC

Chacun s’accorde, depuis quelques années déjà,à reconnaître l’intérêt d’aborder l’action publiqueà travers le prisme du développement durable.C’est un choix qui semble s’imposer de lui-mêmeen Franche-Comté car notre région réunit desconditions particulièrement favorables à la miseen œuvre d’une politique résolument empreintedes exigences du développement durable. Il nes’agit pas uniquement de préserver ses nom-breux atouts sur le plan environnemental, maisaussi de dynamiser un territoire qui a su se déve-lopper sans compromettre ses richesses. Le déve-loppement durable est également un moyen de

renforcer l’identité de la Franche-Comté,une identité qui place l’Homme et le patri-moine naturel au centre de toutes sesréflexions. C’est enfin une manière respon-sable de penser l’avenir, qui passe par larecherche de l’équilibre entre l’écono-mique, le social et l’environnement.Le Conseil économique et social deFranche-Comté a très souvent exprimé savolonté de penser le développement de larégion de manière durable : Le vélo demainen Franche-Comté (1998 et 2004), Le Bois-énergie (1999), La discrimination à l’égard

des jeunes issus de l’immigration (2001), Une cam-pagne en mal de soins (2005), Pour une Franche-Comté à très haut débit (2007), Relance du fret fer-roviaire à Frasne (2008)… Cet intérêt s’est d’ail-leurs confirmé en 2006, lorsque le CES publie Ledéveloppement durable, une orientation naturellepour la Franche-Comté, sa contribution à l’élabo-ration du Schéma régional d’aménagement et dedéveloppement durable du territoire (SRADDT).

Les pistes d’actionsSon analyse comportait un certain nombre depréconisations concrètes aptes à favoriser un déve-loppement économique et social durable enFranche-Comté. Le CES invitait l’Exécutif régional àles mettre en œuvre. > développer une économie audacieuse, dyna-

mique, et durable : au niveau économique, le déve-loppement durable passe par le maintien et lacroissance du tissu économique franc-comtois, lemaintien voire le développement des emplois, entenant compte de la nécessaire diversification éco-

> Le 23 juin, l’Assemblée plénière du Conseil économique et social a examiné le projet d’Agenda 21 proposé parl’Exécutif régional. C’est l’une des actions emblématiques que le CES avait proposées à la Région dans l’un des sesprécédents rapports. Le CES a par conséquent salué cette décision exemplaire. <

Le développement durable, une orientation naturelle pour la Franche-Comté

Agenda 21

nomique et industrielle à laquelle la région doit sepréparer. La crise que nous vivons actuellement lerappelle malheureusement. Il s’agit, entre autre, dedévelopper les actions en direction des entreprises,de soutenir les filières agriculture, agroalimentaireet forêt créatrices de richesses, de développer lesecteur du tertiaire supérieur en agissant sur laqualité de l’enseignement supérieur, ou encore dediversifier l’offre touristique par exemple à traversle développement d’un « écotourisme ».> assurer la cohésion sociale : l’objectif est de ren-dre effectif l’accès de tous les habitants aux biensfondamentaux tels que l’éducation, la santé, lelogement, notamment en développant et en sou-tenant l’économie sociale et solidaire. > vivre et travailler dans une Franche-Comté de

qualité : la création d’une filière industrielle environ-nementale permettant de valoriser les nouveauxmétiers qui apparaissent dans le sillage du dévelop-pement durable, les initiatives favorisant les écono-mies d’énergie fossile, ou encore la promotion de laHaute Qualité Environnementale (HQE) pour laconstruction et la réhabilitation des bâtiments, peu-vent contribuer à protéger notre environnement etsauvegarder un cadre de vie privilégié.

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> promouvoir une Franche-Comté accessible etfonctionnant en réseau : il s’agit de développer lestechnologies de l’information et de la communi-cation sur tout le territoire franc-comtois, enterme d’accès mais aussi d’usage, et de dévelop-per des transports propres et des modes dedéplacement doux.> installer l’institution régionale dans un fonc-

tionnement exemplaire : l’institution régionaleest elle-même un acteur du développementdurable et doit optimiser l’écoresponsabilité de lacollectivité dans son fonctionnement.

Un défi à releverCes propositions ont, pour l’essentiel, été sui-vies par le Conseil régional dans le cadre de l’éla-boration de son Agenda 21 qui était d’ailleurs lapremière des recommandations du CES, envi-sagé comme un préalable indispensable et unoutil adapté pour atteindre les objectifs définis.L’assemblée consultative régionale a donc saluéla démarche du Conseil régional dans un avisrendu en séance plénière le 23 juin (voir ci-contre). <

FOCU

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© Photoxpress_alessbonaventura

Le CES approuve la démarche volontariste dela collectivité régionale pour confectionner sonAgenda 21 qui comporte six volets s’adressant àla fois aux acteurs francs-comtois et à la collec-tivité elle-même. Chaque volet comporte desactions qui traduisent concrètement des orien-tations relatives au développement durabledans les différents domaines de compétencesde la Région. Le CES considère que l’Agenda 21 est un outil

qui vise à décloisonner, à promouvoir la trans-versalité des politiques et des fonctionnementsdes services. Sa mise en œuvre dépendra de l’initiative dechacun des partenaires de la Région, et de lacapacité de cette dernière à faire adhérer le plusgrand nombre à cette nouvelle culture du déve-loppement durable. Le CES relève que la présente « feuille de

route » a le mérite de formaliser un certainnombre d’actions concrètes qui devront êtrecomplétées, voire modifiées, au fil du temps en

fonction des résultats apportés par l’évaluation.Car cette procédure d’évaluation est indispensa-ble pour mesurer régulièrement l’efficacité decet outil. Sa pertinence repose sur la définitionde critères quantitatifs et qualitatifs (notam-ment par le biais d’indicateurs sur le développe-ment humain) précis et indiscutables. Le CES arégulièrement recommandé à la Région d’enga-ger une démarche d’évaluation intégrée com-portant une dimension prospective avec miseen place, en son sein, d’une cellule spécifiquedisposant des moyens humains nécessaires :c’est indispensable aujourd’hui pour l’Agenda21. Le CES formule également la demande d’êtremembre du comité de suivi et d’évaluation del’Agenda 21 régional, dans le cadre d’une partici-pation renforcée dans la gouvernance desacteurs francs-comtois, prônée dans la ficheaction 1.2.2 intitulée « Renforcer le dialoguesocial et la gouvernance des projets à travers lesinstances participatives, en premier lieu avec leCES ». <

Synthèse de l’Avis du Conseil économiqueet social de Franche-Comté sur le programme d’actions Agenda 21 de laRégion pour la période 2009-2011 : (adopté à l’unanimité le 23 juin 2009)

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Un Agenda 21 local,c’est quoi ?> Déclinaison concrète de l'Agenda 21(Agenda pour le 21e siècle) issu duSommet de la Terre à Rio en 1992, un Agenda 21 local offre un cadre de travail aux collectivités locales et à leurs habitants pour y mettre enœuvre les concepts de développe-ment durable, défini en 1987 dans lerapport Brundtland des NationsUnies comme « un développement qui répond aux besoins du présentsans compromettre la capacité desgénérations futures à répondre auxleurs ».Il s’agit avant tout d’une stratégiemise en place par une collectivité, àpartir d’une large concertation réa-lisée avec tous les acteurs locaux :établissement d’un diagnostic, définition des objectifs, propositiond’un programme d’actions, évaluation.

> Environ 560 Agendas 21 ont déjàété mis en place par des collectivi-tés locales en France.

© Photoxpress_Vojsek

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toutes ses politiques. À titre d’exemple, on peutciter les objectifs de pérennisation des emploistremplin, le développement des transports encommun, ou encore le soutien à la filière bois etbois-énergie. - Des actions nouvelles qui répondent à de nou-

veaux défis : la Région s’engage à faire du dévelop-pement durable le cadre de référence des acteursfrancs-comtois, répondre aux grands enjeux pla-nétaires, soutenir un développement économiqueau service de l’homme et respectueux de sonenvironnement, développer les solidarités, trans-mettre le patrimoine naturel et culturel aux géné-rations futures.- Une institution régionale exemplaire : la Régiondevient exemplaire dans son fonctionnementinterne en assurant la promotion des bonnes pra-tiques auprès de ses élus et de ses agents (éco-gestes, développement de la visioconférence, plande déplacement entreprise, etc.). Il s’agit maintenant, pour la Région, de mettre enœuvre ce projet ambitieux mais réaliste. LeConseil économique et social s’y impliquera enayant lui aussi le souci de l’exemplarité. Par ail-leurs, il contribuera au travail sur les indicateurspermettant d’évaluer les actions prévues. <

La Région s’intéresse aux questions de dévelop-pement durable depuis plusieurs années. Elle ena d’ailleurs fait une priorité pour sa politiqueEducation, comme le montre la démarche« Agenda 21 des lycées » initiée en 2005 (voir ci-contre). Face aux exigences d’un développementdurable et responsable, il était donc urgent quela Région mette en place son propre Agenda 21qui servira désormais de référence globale pourses politiques et l’ensemble des projets qu’elleconduit sur le territoire franc-comtois.

Un changement de cultureLa démarche engagée se veut participative,

pragmatique et progressive. La Région s’estattachée à concevoir son projet à partir d’unelarge concertation des citoyens francs-comtois,des partenaires socioéconomiques et desagents travaillant au sein de l’institution : unForum régional le 25 juin 2008 (état des lieux),des Rencontres territoriales à l’automne 2008(collecte d’un maximum de propositions d’ac-tion), les Assises régionales de l’Agenda 21 le 7avril 2009 (présentation du projet), et plusrécemment, le 19 mai, une réunion conjointeavec le Conseil économique et social. La notion

de démocratie participative est au cœur detoute démarche Agenda 21 ; c’est le meilleurmoyen pour que l’ensemble des acteurs concer-nés s’approprie le projet.Car l’intégration des principes du développe-ment durable prend du temps. C’est un véritablechangement de culture qu’il s’agit d’amener endouceur et non d’imposer. L’Agenda 21 régionalrepose ainsi sur la mise en œuvre de programmesd’action successifs, établis pour une durée de 3ans et intégrant un système d’évaluation. C’estd’ailleurs un aspect que le CES a salué dans sonavis du 23 juin. Le principe est d’agir progressive-ment et en s’assurant de la faisabilité des actionsretenues, par l’instauration d’indicateurs de suivi.C’est donc une nouvelle manière de concevoir l’ac-tion publique qui s’installe au sein de la collecti-vité régionale, vers plus de concertation, de trans-versalité et avec l’exigence d’évaluation desactions entreprises.

Les principaux enjeux- Des politiques régionales cohérentes avec le

développement durable : la Région met désormaisle développement durable et ses aspects environ-nementaux, sociaux et économiques au cœur de

Quel Agenda 21 pour la Franche-Comté ?> Le 26 juin, la Franche-Comté a adopté son Agenda 21 répertoriant toute une série de mesures et d’actionsconcrètes pour faire évoluer l’ensemble des interventions de la Région en faveur d’un développement durable etresponsable. Présentation de ce premier volet établi pour la période 2009-2011. <

Agenda 21

© Yves Petit/Région FC

Le Conseil régional a fait du développementdurable une priorité de sa politique éducative,adoptant un certain nombre de mesuresaujourd’hui regroupées sous le programmeADDELY1 : intégration de la qualité environne-mentale dans la construction/réhabilitation deslycées, plan basse énergie, promotion des éner-gies renouvelables, collecte des déchets toxiques,… et Agenda 21. Parce qu’un lycée, tout comme unterritoire, est un lieu de vie, les principes du déve-loppement durable peuvent naturellement s’yappliquer. La mise en place d’un Agenda 21 estaussi l’occasion de sensibiliser les futurs« citoyens du monde » que sont les lycéens. Ainsi,sur la base du volontariat, chaque lycée peut s’en-gager dans cette démarche, en passant par lesétapes classiques de l’élaboration d’un Agenda21 : état des lieux, définition des enjeux, concerta-tion (par le biais d’un forum), construction d’unplan d’actions, évaluation.Le lycée Tristan Bernard fait partie des 47 lycéesà avoir répondu à l’appel du Conseil régional (surles 64 lycées publics francs-comtois). Il estaujourd’hui dans la phase de mise en œuvre duplan d’actions, élaboré pour la période 2009-2011à partir d’un état des lieux et à la suite d’unforum sur le thème de l’empreinte écologique,destiné à sensibiliser et mobiliser l’ensemble dela communauté lycéenne : élèves, professeurs,agents techniques. « Lors de ce forum, nous avonsproposé des actions emblématiques et parlantes.Par exemple, pendant une semaine, nous avons

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stocké dans des grands sacs poubelle tout le papierjeté que nous avons exposé sous le préau du lycée.C’était assez impressionnant », explique FabienDaran, intendant du lycée Tristan Bernard etcoordonnateur de l’Agenda 21. Le lycée a ainsidéfini 3 grands enjeux prioritaires : optimiserl’utilisation des sources d’énergie, générer moinsde déchets et mieux les maîtriser, mieux vivre aulycée. L’installation de mitigeurs sur les robinets,la mise en place d’un composteur au niveau de lacantine, l’installation de détecteurs de lumière,la sensibilisation au commerce équitable sontautant d’actions simples et peu coûteuses que lelycée souhaite développer. Il a déjà mis en placecertaines mesures comme l’achat de papier recy-clé, la mise en place de poubelles de tri pour l’ate-lier ou l’installation d’un système d’éclairage« intelligent » dans la salle des sciences (éclairagerelié à un détecteur de présence et à une sondede luminosité qui permet d’adapter automati-quement l’intensité de l’éclairage).

Comme l’ensemble des établissements qui sesont lancés dans cette aventure, le lycée TristanBernard bénéficie de l’accompagnement des ser-vices du Conseil régional, à travers un site extra-net, une lettre d’information, ou encore des réu-nions thématiques. Ils lancent aujourd’hui unconcours à destination des lycéens pour les inci-ter à s’impliquer davantage. Par groupes de 5, lesparticipants devront concevoir un projet pourparler du développement durable à leurs pairs :théâtre, musique, exposition… Les cinq meilleursprojets seront financés. Parce que l’Agenda 21 est aussi un bon moyenpour créer du lien et impulser une dynamiquefavorable, le Conseil régional espère convaincreles quelques lycées qui ne se sont pas encoreengagés dans cette démarche, mais aussi éten-dre le dispositif aux lycées privés et aux autresorganismes de formation régionaux (CFA,Maisons familiales et rurales…). <

>1 Actions de Développement Durable En LYcées.

Les lycées déjà à l’heure du développement durable> L’Agenda 21 des lycées est né en 2005. La Franche-Comté est alors la première région à mettre en place ce type dedémarche grâce à l’action du Conseil régional. Illustration avec le lycée professionnel Tristan Bernard à Besançon. <

Lycée Tristan Bernard

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Initiatives

manque, mais pour une petite commune rurale,un Agenda 21 n’est culturellement pas parlant.Par contre, on peut parler d’économie d’énergie,d’économie d’eau, de lutte contre les pollutions,de sauvegarde de la biodiversité, et on peut agirpar des actions simples, à notre niveau », expliqueM.Mettelet. La communauté de communes de laSaône jolie, à laquelle appartient Saint-Rémy, aainsi décidé de remplacer tous les réservoirs deschasses d’eau dans les bâtiments municipaux deses 17 communes par des réservoirs plus petits etdonc moins consommateurs en eau. Elle a égale-ment lancé une opération de substitution desampoules incandescentes par des ampoules àbasse consommation d’énergie. C’est avec ce typede bons exemples à suivre et par des actionssymboliques comme le jumelage avec une étoileque M. Mettelet espère inscrire son village dansune démarche écocitoyenne : « le développementdurable est un moyen de redonner du sens à la vied’un petit village ». <

« Capella » : c’est le nom de l’étoile avec laquellele village de Saint-Rémy s’est jumelé le jour duprintemps. Il s’agit évidemment d’un jumelagesymbolique mais riche de sens. En effet, par cegeste, le maire de Saint-Rémy a souhaité attirerl’attention des habitants sur un certain nombred’enjeux liés à l’avenir de notre Planète, en invi-tant chacun à réfléchir sur le monde qui l’en-toure. « Nous avons la chance d’être dans une par-tie privilégiée de la Terre, où notre intérêt pour ledéveloppement durable répond avant tout à unelogique de qualité de vie. Mais pour beaucoupd’autres, c’est une logique de quantité de survie »,précise M. Mettelet. Le jumelage avec Capella aété l’occasion, pour les habitants de Saint-Rémy,de prendre du recul et de réfléchir à ces questionstous ensemble. Les enfants ont ainsi lancé desballons avec des messages d’espoir pour tous lesenfants du monde. « Dans notre commune, nous n’avons pas mis en

place d’Agenda 21. Ce n’est pas l’envie qui m’en

Un village jumelé… avec une étoile> Saint-Rémy n’est pas un village comme les autres : le 21 mars dernier, cette petitecommune de Haute-Saône s’est jumelée avec une étoile. Un geste symbolique, qui tra-duit l’engagement écocitoyen de Christian Mettelet, le maire de Saint-Rémy. <

© Photoxpress-Rich Johnson

Franche-ComtéActive : entreprendreautrement

> Franche-Comté Active est l’une des 40structures de proximité appartenant auréseau France Active, qui financent etaccompagnent les initiatives solidairescréatrices d’emplois. <Franche-Comté Active se définit comme un« financeur solidaire pour l’emploi » dont la mis-sion est de créer ou de consolider des emplois.L’association intervient auprès de porteurs deprojet individuels, d’entreprises solidaires et d’as-sociations d’utilité sociale souhaitant créer, déve-lopper ou consolider leur activité dans le secteurde l’économie sociale et solidaire. L’associationdéveloppe deux activités : elle peut se porter cau-tion pour des créateurs ou des demandeurs d’em-ploi auprès des organismes financiers, ou appor-ter des fonds propres pour consolider un emprunt(aide à l’investissement ou au développementd’une activité). Franche-Comté Active est uneaide précieuse pour de nombreux porteurs deprojet qui, sans son intervention, ne pourraientpas réaliser leur projet, faute de réunir toutes lesconditions nécessaires à l’obtention d’un prêtdans le réseau bancaire « classique ».L’association a, par exemple, accompagné la créa-tion d’ADP Services à Besançon, qui embauchedes personnes handicapées pour assurer des ser-vices à la personne (ménage, jardinage…). Grâce à l’implication de ses membres et au sou-tien des collectivités locales (État, Conseil régio-nal, Conseil généraux) et de partenaires finan-ciers (Caisse des dépôts, Fondation MACIF, Caissed’épargne Bourgogne Franche-Comté), Franche-Comté Active est aujourd’hui un acteur impor-tant de l’emploi en Franche-Comté. En 2008, ellea ainsi expertisé une centaine de dossiers pour 38projets financés qui ont permis de créer ou deconsolider 411 emplois. <

Pour en savoir plus : www.franchecomteactive.org

© France Active

Au bout d’un an et demi de mandat, quellessont vos impressions ? Elles sont partagées. J’ai découvert un formidablelieu de réflexion, où l’on échange nos idées, nosconnaissances et où l’on fait avancer le débat, undébat assez souvent déconnecté du politique maisavec certaines parties un peu stéréotypées. Noussommes en début de mandat, dans une phase dedémarrage des travaux et nous apprenons à cernernotre rôle au sein de cette assemblée. Si l’on peutsouhaiter que certains dossiers avancent un peuplus vite, cela prend du temps et il n’est pas tou-jours facile de se rendre disponible lorsqu’on ad’autres engagements.

Vous faites naturellement partie du groupe detravail en charge de l’autosaisine sur l’enseigne-ment supérieur. Qu’attendez-vous de cetteréflexion ? J’espère contribuer à apporter un éclairage aux

nombreuses questions que pose actuellementl’enseignement supérieur et la recherche dans unterritoire. C’est incontestablement un atout pourla région mais il s’agit de voir en quoi et de réflé-chir à la meilleure manière de l’exploiter. Jetrouve que nous avons la chance d’avoir, sur leterritoire régional, un enseignement de qualitéet des laboratoires de recherche performantsqu’il faut réussir à préserver et à accompagner aumieux. C’est tout l’enjeu de la réflexion menéepar le groupe de travail dont je fais partie.

À ce propos, que pensez-vous du travail accomplijusqu’ici sur ce sujet ? J’en suis très satisfait. Les membres du groupesont curieux, ouverts et nous travaillons dans desconditions très agréables. Jusqu’à présent, nousnous sommes attachés à définir le périmètre del’autosaisine, c'est-à-dire à donner le mêmeniveau d’information aux différents conseillers.Nous irons ensuite à la rencontre des nombreuxacteurs extérieurs concernés par le sujet afind’affiner notre réflexion pour faire ensuite desrecommandations appropriées. C’est en tout casun travail passionnant. <www.cr-fra

/Joël Berger est entré au CES lors du dernierrenouvellement des membres, en novembre2007. Mathématicien, il représente les établisse-ments d’enseignement supérieur régionaux :Université de Franche-Comté (UFC), Universitétechnologique de Belfort-Montbéliard (UTBM),Ecole nationale supérieure de mécaniques micro-techniques (ENSMM). Après avoir dirigé pendant9 ans l’UFR des sciences et techniques, il estaujourd’hui l’un des vice-présidents de l’Universitéde Franche-Comté.

Comment percevez-vous votre rôle au sein del’assemblée ? En tant que représentant des établissementsd’enseignement supérieur, je souhaite apporterune meilleure connaissance du monde universi-taire, qui reste peu ou mal connu. Je pense que leConseil économique et social est le bon endroitpour opérer un rapprochement entre l’enseigne-ment supérieur, qui peut paraître cloisonné, et lasociété civile. Il y a un gros travail d’appropriationà faire, et j’espère y contribuer à travers monmandat au sein de cette assemblée.

> Le Conseil économique et social de Franche-Comté compte65 conseillers que Traits vous propose de découvrir au fil desnuméros. Rencontre avec Joël Berger. <

Joël Berger

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Joël Berger

Portrait

Une régionexemplaireEn élaborant son Agenda 21, la Régiondessine un cadre pour toute son action,dans le respect des exigences du déve-loppement durable. Celui-ci repose surtrois piliers : l’économie, le social etl’environnement. Autrement dit, c’estune question d’équilibre : il ne s’agit pasde sacrifier à un effet de mode mais biende concilier le nécessaire développementde notre territoire et de son économieavec le bien-être de ses habitants. Pris dans le vertige des échangesdésormais mondialisés, dans l’étau dela dictature de l’immédiat, sans douteavons-nous un peu perdu de vue uncertain nombre de principes fonda-mentaux conditionnant notre rapport àl’autre, notre rapport au temps… La criseque nous vivons aujourd’hui vient nousle rappeler. Afin de concilier justice sociale, déve-loppement économique et protection del’environnement, nous devons mobilisernos énergies, nos idées pour détecterl’action - même modeste - qui contri-buera à corriger les déséquilibres :aider nos entreprises à passer le cap,accompagner nos concitoyens dans lemaintien de leur emploi ou larecherche d’une activité… Les parte-naires sociaux et les pouvoirs publicsont récemment fait la preuve de leurcapacité à mettre au point un dispositifinnovant en direction des entreprisesmenacées par le chômage partiel. LeConseil économique et social y a étroite-ment contribué. Continuons à rechercherensemble des mesures. Expérimentons,cette région a souvent su le faire. Jenous souhaite collectivement de resterexemplaire et de réussir.

Jean-François ROBERT, Président.

Édito© L. CHEVIET / KR Images Presse