Le Déchainé n° 1 - un antidépresseur pour chaque français en 2008 ?

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    Un antidpresseur pour

    chaque Franais en 2008?

    Les drives du march des psychotropes,leur efficacit remise en question... PAGE 2

    Les failles

    de la campagnepsychiatriquesur la dpression

    PAGE 3

    SANT

    76 000internements forcs

    en France en 2007PAGE 6

    HEXAGONE

    Raid vlo devant les hpitaux

    psychiatriques pour dnoncer les abus.

    une nouvelle mannepour le PROZAC...

    PAGE 7Organe de vigilance contre les drives psychiatriques

    Directeur de la publication et Rdacteur en chef : Frdric Grossmann - N ISSN : demande en cours - Dpt lgal parution n1- mars 2008-03-12 - Publi par lassociation CCDH - Impression : AIFB- 2008 CCDH, tous droits rservs - CCDH, Commission des Citoyens pour les Droits de lHomme et le logo de CCDH sont des marques dposes dtenues par Citizen Commission on Human Rights

    et sont utilises avec sa permission. Le fait que vous receviez ce journal par courrier signifie que vous faites partie de la liste dadresses de notre association. Si vous ne souhaitez pas figurer dansnotre fichier, faites-le nous savoir.

    ALERTE !Prescription

    aux enfants...

    PAGE 2

    Psychotropes

    et rage meurtrire

    PAGE 5PAGE 3

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    alerte 2

    Un antidpresseur pour chaque

    Franais en 2008 !

    Jusquo ira-t-on ? Aprs la forte pol-mique ayant entour en 2006 le projetde dpistage obligatoire des troublesmentaux chez les enfants, une tentativesupplmentaire de psychiatrisation de

    la population, cette fois-ci adulte, vientdavoir lieu.

    Une campagne publicitaire sans prc-dent a dferl dans les mdias, invitantchaque Franais sinterroger sur sontat mental. Le message est simple : est-on certain de ne pas tre dpressif etnest-il pas temps denvisager la prisedantidpresseurs pour enfin voir la vieen rose ?

    La dpression :un march juteuxComment justifier une telle campagne

    qui contribue remplir les cabinets m-dicaux de patients inquiets propos deleur prtendue maladie ? La Franceest dj le pays le plus accro du mondeaux psychotropes1 et cette campagnene fera quaggraver une situation pr-occupante et dnonce par des expertsreconnus.

    Dans le rapport quil avait

    remis au ministre de laSant en 1995 afin dex-pliquer les raisons de cettesurconsommation, le pro-fesseur Zarifian1 expliquaitbrillamment comment letandem psychiatrie bio-chimique / industrie phar-maceutique avait redfiniles difficults de la vie etle mal-tre qui en rsultepour en faire une maladie :la dpression. Le lobbyingintense pour popularisercette nouvelle approche delexistence nous a fait entrerdans lre de la mdicali-

    sation du moindre vague lme .

    Entre 1980 et 2004, lesventes dantidpresseurs ontainsi t multiplies par 8en France, passant de 84millions deuros en 1980 plus de 650 millions en2004. Plus de 5 millionsde Franais consomment ce

    type de drogues dont plus de 120 000enfants et adolescents.

    Les laboratoires pharmaceutiques ne sontpas les seuls gagnants de cette mdicali-

    sation outrance. Les cabinets des psy-chiatres se remplissent et les cliniquespsychiatriques prives se multiplientautour de la plupart des grandes villesfranaises. Pour quels rsultats en termede sant publique ? L pidmie de d-pressions na fait que se propager suiteau marketing soigneusement labor parles laboratoires et les psychiatres leadersdopinion.

    Lefficacit desantidpresseursremise en question

    Les tudes scientifiques remettant encause lefficacit des antidpresseurs sesont multiplies ces dernires annes.Rcemment, une tude ralise parles chercheurs de lUniversit de Hull(Yorkshire, Royaume-Uni) concluait quele Prozac et trois autres antidpresseursde la mme classe ntaient pas plus

    efficaces que le placebo pour les person-

    nes prsentant une dpression lgre oumodre.

    Une autre tude sur les antidpresseursralise par un expert de lUniversit delOregon, le docteur E. Turner, a dclen-ch un scandale au sein de ladminis-tration amricaine. Le docteur Turnery rvle que sur un total de 74 tudessoumises la FDA (organisme amri-cain de contrle des mdicaments), 36savraient ngatives et nont jamais tpublies. Onze dentre elles ont mmet maquilles pour faire apparatredes rsultats positifs.

    Comment ds lors justifier les centaines

    de millions dpenss chaque anne parnotre systme de sant pour des mdica-ments dpourvus defficacit ?

    Violences et suicidessur ordonnanceLes antidpresseurs ne sont pas seule-ment inefficaces, ils sont dangereux. Ils setrouvent aujourdhui rgulirement remisen cause pour leur rle dans le passage lacte suicidaire ainsi que dans les actesde violence les plus insenss2.

    Une tude rcente ralise par un groupe

    de mdecins lgistes de la rgion lyonnai-se portant sur 308 personnes suicidesdmontre que plus de 75 % des femmeset 45 % des hommes consommaient desantidpresseurs. En outre cette consom-mation avait t au moins double chezun nombre important de patients dans lemois prcdant le passage lacte.

    Les auteurs concluaient ainsi une corr-lation statistiquement significative entrelaugmentation rcente de la prescriptiondes mdicaments psychotropes (moinsdun mois) et le geste suicidaire3. Cesconclusions corroborent dailleurs celles denombreuses autres tudes dmontrant lerisque de suicide li aux antidpresseurs.

    Ces dernires annes, la plupart des ti-reurs fous, dont les victimes se comptentpar dizaines, en particulier dans des co-les, taient sous psychotropes. Rien quaucours des derniers mois, on a retrouvdes traces de psychotropes chez le tueurde Virginia Tech, chez Pekka Auvinen, le

    jeune Finlandais ayant tu 8 personnes

    dans son lyce, ainsi que chez les rcentstireurs fous du Nebraska et de lIllinois.

    En France, on se souvient surtout de laf-faire Richard Durn, le tueur de Nanterre,sous antidpresseur lorsquil ouvrit le feuen plein conseil municipal, tuant 8 per-sonnes et en blessant 14 avant dtre ar-rt puis de se suicider pendant sa garde vue.

    Il y a un an peine, lOPEPS (Office Par-lementaire dEvaluation des Politiquesde Sant) sest pench sur la question dubon usage des mdicaments psychotro-pes. Un rapport a t publi dans lequelest prsent un certain nombre de re-

    commandations conformes aux besoinsde notre pays en matire de sant. Parmices recommandations figure la ncessitde rduire la frquence des prescriptionsinappropries en respectant les recom-mandations de bonnes pratiques, ainsique celle de favoriser laccs aux alter-natives thrapeutiques et de donner auxmdecins les outils pour interrompre lestraitements chroniques injustifis.

    Ces recommandations pourtant plei-nes de bon sens ont t non seulementignores mais, contre toute logique, unecampagne publicitaire trs onreuse a tlance fin 2007 pour encourager la psy-

    chiatrisation et la mise sous psychotropesdune part toujours plus importante de lapopulation.

    Tout cela est choquant, droutant et vacontre la logique de prcaution la pluslmentaire. Mais lobjectif est-il vraimentla sant mentale de nos concitoyens ?

    Dr. Labreze

    1. Psychotropes et socit. Le prix du bien-tre.Editions Odile Jacob. douard Zarifian (1941-2007) : psychiatre, crivain, professeur de psy-chiatrie luniversit de Caen].Psychotrope : substance chimique dorigine natu-

    relle ou artificielle, dont laction modifie lactivitmentale et le comportement (anxyolitiques, sda-tifs, antidpresseurs...).2. Antidpresseurs. La grande intoxication. Ce quecinq millions de Franais ne savent pas encore.

    Guy Hugnet. Editions Cherche Midi.3. Pr E. Debour, Dr E. Boone, Pr D. Malicier, Dr P.Beck, Dr D. Fasquel. La sant des suicids.

    Plusde5 millions de personnes consomment des antidpresseurset psychotropes en France dont plus de 120 000 enfants et

    adolescents.

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    avis & expertises3

    Les failles de la campagne

    psychiatrique sur la dpressionLes psychanalystessinsurgentcontre la campagnesur la dpression

    A Bordeaux, rapportele journal Sud-Ouestdu 24 novembre dernier, despsychanalystes et des psychia-tres se sont mobiliss pourragir contre les mensonges dela campagne nationale sur ladpression. Le livret qui sertde support la campagne sou-tenue par le ministre de laSant est fortement critiqu. Traiter la dpression commela grippe ou un rhume na pasde sens. [] Ce guide est d-bilitant, choquant. Il entend

    dpister et gnraliser unemaladie nouvelle appele d-pression travers des signesou symptmes aussi ordinai-res que le manque dapptit, latristesse, lennui, les ides som-bres. Autant de choses qui sontle propre de lhomme, au moinsautant que le rire ou le plaisir.Depuis 20 ans, on assiste unepseudo pidmie de dpressionen France. La vente des antid-presseurs a t multiplie par 7en simultan. Bizarre, non ? Etsi cette pidmie avait t fabri-

    que par les laboratoires ? Un des psychanalystes dploreque le mot dpression soitutilis tort pour des sympt-mes ressentis par tout le mon-de. Serait-ce une astuce de mar-keting pour faire vendre plus depsychotropes ?

    Psychotropeset rage meurtrireLe 26 mars 2002, Richard Durn assiste auxdlibrs du conseil municipal de Nanterre. Ilse lve, se dirige vers les lus, prend son pisto-let Glock et ouvre le feu. Il saisit une deuximepuis une troisime arme feu. Avant quon ne

    parvienne le plaquer au sol, il a tu 8 per-sonnes et gravement bless 14 autres. Il se sui-cide le surlendemain pendant sa garde vue,en sautant par la fentre du local de police.Durn a expliqu les motivations de son acte. Ilavait rat sa vie, il se considrait comme unechose, un dchet [...]. Je vais devenir un se-rial killer, un forcen qui tue . Richard Durnavait un dossier psychiatrique et tait suivi aulong cours.Le Figaro sinterrogea sur la responsabilit desantidpresseurs dans le drame de Nanterre. La prise de certains antidpresseurs peut-elle dclencher le basculement dun individudans la plus implacable violence ? Une ques-

    tion qui pourrait aujourdhui clabousser lemonde de la psychiatrie franaise. Il fut dcouvert que Richard Durn prenait duProzac. Mais les benzodiazpines*, souventprescrites aux dpressifs, peuvent aussi pro-voquer de dangereux troubles du comporte-ment. Un an auparavant, lancien ministre dela Sant Bernard Kouchner dclarait : Lesbenzodiazpines sont parfois responsables decomportements violents et peuvent amenerau passage lacte soit suicidaire, soit agressifpour autrui dans des conditions trop souventdramatiques. Le 7 novembre 2007, dans un lyce paisiblede Tuusula, au sud de la Finlande, un tudiant

    de 17 ans, Pekka-Eric Auvinen, ouvre le feuautour de lui et tue 8 personnes avant de sesuicider. Le journal finlandais HelsinginSanomat affirma que le tireur de Jokela asans doute pris des antidpresseurs, gesteayant un rapport avec les massacres perptrsdans des coles aux tats-Unis. Un messagedAuvinen est apparu sur internet juste avantson acte, dclarant quil prenait des psychosti-mulants bien quil les ait en horreur .

    La distribution des antidpresseurs aaugment de 250 % entre 1994 et 2001.Aujourdhui, un adolescent sur dix sortdune visite mdicale avec une prescrip-tion de psychotropes. La situation est si

    proccupante que lAgence europenne dumdicament (EMA), charge de conseiller

    la Commission europenne sur la poli-tique commerciale des mdicaments enEurope, sest penche sur le problme.Le 25 avril 2005, aprs une revue desantidpresseurs destins aux enfants etaux adolescents, lEMA a publi le com-muniqu suivant.

    Extrait : Le comit scientifique delAgence [Committee for Medicinal Pro-

    ducts for Human Use CHMP] a concluau terme de la runion des 19-22 avrilque le comportement relatif au suicide(tentatives de suicide et penses suicidai-res), lhostilit (agression prdominante,comportement oppositionnel et colre)sont plus frquemment observs lors

    des essais cliniques parmi les enfants etles adolescents lis ces antidpresseurs

    en comparaison avec ceux qui prennentun placebo.Le CHMP recommande en consquencedintroduire un avertissement srieuxdans toute lUnion europenne en direc-tion des mdecins et des parents au sujetde ces risques.

    Propos :Georges-Alexandre Imbert,Prsident de lAAAVAM

    Nous reproduisons ici des

    extraits dune interventiondonne par M. Imbertdans un colloque euro-pen sur la psychiatrietenu Paris en 2006. La plupart des mdecins ne con-naissent que les bienfaits des mdi-caments psychotropes, en ignorentles effets dltres et ne se sententpas concerns par les maladies iatro-gnes (lies aux traitements). Leurseffets sont bien plus graves quon ledit. Ainsi, les psychotropes entranentsouvent un changement de personna-lit, une dpendance au mdicament,

    de lapathie, lamnsie motionnelleainsi quune inaptitude lutter. Et cenest pas tout puisque la liste des effetssecondaires des neuroleptiques et desnouveaux antipsychotiques est si lon-gue que nous ne reprendrons que lesplus connus : syndrome parkinsonien,paralysie tardive et persistante, trou-bles cardiaques.De plus, les anxiolytiques*, qui lventla barrire naturelle de dfense du su-jet, sont parmi les plus grands pour-voyeurs de suicide, permettant de cefait de passer lacte en toute srnit,et je cite l un ouvrage mdical [...]

    Comment accepter que daussi grandsrisques soient pris par la prescriptionde tels mdicaments? Les mdecinsconditionns par les laboratoires neremettent rien en cause. Le professeurZarifian avait dj soulign cette dispo-sition desprit : Il faut aussi soulignerlimpossibilit psychologique de nombreuxmdecins modifier leur reprsentationsociale : les benzodiazpines* sont desmdicaments, donc elles ne peuvent tre

    une drogue. Je pres-cris un mdicament un malade, donc jene peux pas tre undealer qui fournit un

    toxicomane. Cest l-gal, donc ce nest pasdangereux. Ltat et la Scurit

    sociale veillent ce que ces mdica-ments soient toujours prescrits pourassurer la paix sociale. La sant finan-cire des actionnaires des multinatio-nales de la pharmacie lemporte sur lasant des patients.Les psychotropes ne gurissent pas, ilsne font que contenir les maladies delme. Les gens croient quils peuventgurir de leur mal-tre parce quunecertaine presse sous influence des

    lobbies le leur fait croire. [] Je nele rpterai jamais assez, ces drogueslgales diminuent rapidement lan-xit en librant la violence propre chacun. [] Nous sommes les cham-pions dEurope de la consommationdes tranquillisants et des somnifres,et par voie de consquence galementpremier pays au palmars du nombrede suicides ! [] Mais on apprend aumdecin soigner la maladie sans sesoucier de la personne malade.

    Georges-Alexandre Imbert est Prsident delAAAVAM, Association dAide aux VictimesdAccidents de Mdicaments. Il a publiTranquillisants, somnifres, neuroleptiques*, ces

    faux amis aux ditions Dauphin.

    * Anxiolytique : type de psychotrope employpour rduire lanxit.* Benzodiazpine : catgorie de produitsanxiolytiques trs utiliss dans la pratiquequotidienne.* Neuroleptique : drogue psychotrope puissantehabituellement administre aux patients psycho-tiques. Le mot veut dire qui saisit les nerfs .

    Soigner la maladie sansse soucier du malade...

    Mise en garde de lAgence

    europenne du mdicament

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    actions 4

    Les actions de la Commission des

    pour les Droits de lHomme La fonction principale de la CCDH a t dobtenir des rformes dans le domaine de la sant mentale et deprserver les droits des individus selon la Dclaration universelle des Droits de lHomme. La CCDH a t lorigine de nombreuses rformes importantes. De nombreux projets* dans le monde qui auraient rduit lesdroits des patients, ou auraient donn plus de pouvoir la psychiatrie pour interner des minorits et desindividus contre leur volont, ont t mis en chec par les actions de la CCDH.

    Erica-Irene Daes Rapporteur spcial des Nations Unies pour la Commission des Droits de lHomme.

    *Plus de 115 maintenant.

    Grande manifestation Paris - Montparnasse contre les

    drives psychiatriques

    Spectacle

    de rue

    contre les

    drives

    psychia-

    triques

    Avignon

    Photo Colloque

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    Citoyens

    chiffres5Bilan des actions deCCDH en 2007 1 429 missions de radio sur les drives de la psy-chiatrie.

    Une cinquantaine darticles de presse sur les mani-festations et les activits de la CCDH.

    Une quinzaine de confrences donnes dans lesgrandes villes pour informer sur les dangers de la psy-chiatrie rpressive.

    Quatre grandes expositions sur les horreurs de lapsychiatrie :- Vannes : 1 300 visiteurs- Avignon : 1 300 visiteurs- Nice : 1 500 visiteurs,- Paris : 3 700 visiteurs.

    Manifestations- Chaque semaine, des bnvoles de CCDH manifes-tent devant les hpitaux psychiatriques pour dnoncerles abus mdicaux.- Plus de 300 manifestations sur lensemble du terri-toire en 2007.

    Croisade en vloChaque anne, une quipe de bnvoles de CCDHparcourt les villes entre Paris et Strasbourg ou Pariset Bruxelles. chaque tape, elle sarrte et organiseune manifestation devant les hpitaux psychiatriques,elle prsente aux media les dangers des abus psychia-triques, dnonce la pratique des lectrochocs, les in-ternements abusifs et demande plus de contrle sur lesconditions de dtention des malades. Plusieurs radios,

    tls et journaux ont relay les messages.

    Plus de 250 victimes dabus entendues Plus de 250 personnes ont contact CCDH en 2007pour dnoncer des traitements abusifs ou des interne-ments sous contrainte non justifis. Des parents ont de-mand de laide, dsempars devant la surmdicationpsychiatrique de leurs enfants.

    Plus de 40 interventions.CCDH, en collaboration avec des mdecins et des avocats,a aid plus de 40 personnes confrontes des drives enmatire dinternement psychiatrique recouvrer leursdroits. Plusieurs plaintes sont aujourdhui en cours.

    Nouveau membre : 50 euros

    tablissez un chque lordre de CCDH,inscrivez vos coordonnes et adressezvotre enveloppe :CCDH France. BP 10076 75561 Paris Cedex 12

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    La Commission des Citoyens pour les Droits de lHomme Clermont-

    Ferrand sensibilise le public contre les drives psychiatriques.

    Raid vlo entre Paris

    et Bruxelles pour

    dnoncer les abus

    psychiatriques

    objectifs

    Faire en sorte que la psy-chiatrie ne soit plus au-dessusdes lois et respecte les droits delHomme. Alerter les autorits sur lesviolations des lois commisespar des psychiatres ou les ta-

    blissements psychiatriques etamener les responsables devantles tribunaux. Faire en sorte que les prati-ques inhumaines et abusives enpsychiatrie cessent.

    Les objectifs de la Commission des Citoyenspour les Droits de lHomme (CCDH)

    www.ccdh.asso.fr

    Personne ne devrait tre sujet des punitions oudes traitements cruels, inhumains ou dgradants. Article n5 de la Dclaration Universelle des Droits de lHomme.

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    hexagone 6

    Hpitaux psychiatriques :

    200 internements de forcepar jour en France !Plus de 76 000 personnes sont internes sous contraintechaque anne,soit 2 4 fois plus que chez nos partenaires europens. Le processus din-ternement permet de prolonger le sjour en hpital pendant des annes. Une fois librs, les patients

    risquent dtre soumis des traitements obligatoires.

    Plus dinternementssous contrainte Parisque dans toute lAn-gleterre !Ct internements psychiatriques, la

    France, pays des liberts, bat tous lesrecords en Europe. On y compte chaqueanne 2 4 fois plus dinternementsforcs quen Italie ou quen Angleterre.Il est trs facile de se voir intern contreson gr dans un hpital psychiatrique enFrance (HP). Les occasions sont nom-breuses : divorce qui tourne mal, plainte

    dun voisin pour comportement anor-mal , contestation dhritage, et vousvous retrouvez vite fait bien fait devantun psychiatre, prt vous interner auterme dun diagnostic bcl. Le risqueest rel : chaque anne, plus de 76 000personnes sont internes sous contrain-

    te. Certes, certaines personnes doiventtre isoles de la socit pour garantirleur scurit et celle dautrui. Maisla mthode psychiatrique de prise encharge force est inacceptable dans unesocit dite civilise. Non seulement descitoyens se retrouvent privs de libertsans avoir t jugs mais leur interne-

    ment peut se prolonger sans justificationrelle et saccompagne le plus souventdune mise sous camisole chimique,voire dlectrochocs.

    Prives de liberts, les victimes desabus psychiatriques sont des citoyensde seconde zone. Sils manifestent leursdsaccords, leurs protestations sontinterprtes comme des actes dinsu-bordination prouvant que la victimeest bien malade, et son internement estprolong. Bien que la loi prvoie unexamen mdical et require laccord de

    deux mdecins pour linternement surdemande dun tiers, dans les cas dur-gence, seul laccord dun mdecin suffit.Comme par hasard, les internements enurgence, supposs tre raliss titreexceptionnel, daprs la loi, reprsententdans certains dpartements prs de 90% du nombre total des cas... Un belexemple de dtournement de la loi audtriment des citoyens la merci de lar-bitraire. Pendant linternement, les droitsdeviennent souvent purement thoriqueset les secours extrieurs inexistants.

    Ainsi, les prfets, prsidents de tribu-naux de grande instance et procureurs,

    qui doivent normalement effectuer unefois par semestre (par trimestre pour lesprocureurs) une visite dans les hpitauxpsychiatriques sans publicit pralable,cest--dire limproviste, ne le font querarement. Ils sont pourtant suppossrecueillir les rclamations des personneshospitalises et procder le cas chantaux vrifications utiles. CCDH a de-mand aux hpitaux psychiatriques unecopie des registres attestant de ces visiteset le constat est sans appel : les hpitauxpsychiatriques ne sont pas contrls.

    Plus de 250 appels de

    dtresse touchant auxpratiques psychiatriquesabusives

    En 2007, CCDH a reu plus de 250appels de dtresse concernant desviolations des droits des patients en psy-

    chiatrie. 40 personnes confrontes desdrives en matire dinternement psy-chiatrique ont pu recouvrer leurs droits.Plusieurs plaintes sont aujourdhui encours. CCDH a constat que le droit recevoir un traitement appropri estsouvent bafou en psychiatrie. Dansde trs nombreux cas, on ne procde aucun examen mdical approfondi dupatient admis dans un HP. La propor-tion de personnes souffrant de maladiessans rapport avec des troubles mentauxet restant abusivement internes sansrecevoir de soins appropris slverait

    daprs certaines tudes plus de 50 %.

    On peut douter que des neuroleptiquesou des lectrochocs puissent soigner despathologies comme des troubles cardia-ques ou endocriniens, des allergies oudes carences nutritionnelles...

    La CCDH recommande depuis des

    annes que des mdecins gnralistesexaminent ltat de sant physique despatients admis dans les tablissementspsychiatriques. Elle demande que lonprodigue les soins indispensables auxpatients physiquement malades. Lechiffre ahurissant des internements souscontrainte en France est un scandale etune honte pour la Rpublique.

    Les hpitaux psychiatriques ne doiventpas tre des zones de non-droit. Lalgalit doit y rgner et non larbitraire.Les patients qui y sont dtenus doiventjouir pleinement de leurs droits les pluslmentaires.

    Alexandre Fort

    Privs de liberts, les vic-times des abus psychia-triques sont des citoyensde seconde zone

    Si vous avez t victime ou tmoindabus psychiatriques, contactezCCDH au 01 40 01 09 70 ou paremail [email protected]

    Appel tmoins

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    faits diversLefficacit des antidpres-seurs mise en causeWallstreet Maget New York Times,janvier 2008, Le Figaro, fvrier 2008

    Lefficacit dune douzaine dantidpres-seurs (Prozac, Paxil, etc.) a t exagrepar une publication slective. Seulsles rapports favorables ont t publispar la FDA (lorganisation amricainedautorisation de mise sur le march desmdicaments), les rapports dfavorablesmis dans un tiroirEn fvrier 2008, Le Figaro expliquedans un article quensuite, avec laidedes psychiatres leaders dopinion quipromeuvent une efficacit largementexagre, ces drogues ont t prescrites des dizaines de millions de personnesdans le monde.

    CONDAMNATION

    Lhpital douard-Toulousecondamn10 janvier 2007 daprs le journalLa Marseillaise

    CCDH a demand en 2001 tousles tablissements psychiatriques deprsenter leur autorisation prfectorale

    dinternement. Lhpital douard-Toulouse ayant refus a t condamn.Un matre de confrence de la facult dedroit dAix-en-Provence a expliqu quetous les recours en justice similaires deCCDH aboutiraient la condamnationsystmatique des hpitaux psychiatriques.

    Psychiatre alcoologue,ivre au volant !Agence Credo, 2007

    Un psychiatre spcialiste du traitementdes addictions alcooliques comparais-sait devant le tribunal correctionnel deLimoges pour avoir conduit en voituresans permis ni assurance et avec untaux dalcool suprieur au taux maximalautoris. Le psychiatre a expliqu quilsagissait dun alcoolisme pathologiqueengendr par les souffrances person-nelles . Le tribunal lui a inflig huitmois de prison avec sursis.

    Un psychiatre nantaismis en examen pour viol.Ouest Francele 25.1.2007

    Un psychiatre nantais g de 65 ans at mis en examen par le parquet deNantes pour viol sur personne vuln-rable. Il est souponn davoir viol plusieurs reprises une de ses patientesge dune cinquantaine dannes. Il at plac sous contrle judiciaire avecinterdiction dexercer.

    Un psychiatre condamn 6 ans de prison pour viol.AFP, 18 juin 2007

    La cour dassises de Seine-et-Marne acondamn six ans de prison ferme unpsychiatre de lhpital de Meaux accusdavoir viol deux reprises une patientedpressive et alcoolique et den avoiragresses sexuellement deux autres.

    Des psychiatres souponnsdavoir monnay leur aide des sans-papiersLe Figaro. 29.01.2008

    5 psychiatres, dont trois experts, ont tarrts Marseille. Ils auraient dlivrdes certificats de complaisance destrangers en situation irrgulire contrertribution. Des documents permettantde bnficier dune autorisation desjour sur le territoire titre mdical ontt saisis.

    Des familles de maladesinterns vont intgrerun collectif national

    La Provence, 23 octobre 2007Ils veulent une mdecine psychiatriqueplus humaine. Ils veulent rompre la loidu silence, trouver dautres alternativesaux lectrochocs et aux traitementsmdicamenteux.

    Histoire de fou !AFP, aot 2007

    Larissa Arap a t retenue contre songr dans un hpital psychiatrique dunord de la Russie. Trois mois plus tt,elle avait critiqu dans un journal les

    mthodes pratiques par les psychiatresrusses, et a dclar que des enfants ytaient punis par lectrochocs.Aprs 46 jours dinternement, elle a tlibre au mois daot 2007, grce lintervention de diverses associationshumanitaires.

    Le trouble du lundi matinAtoute, J.-P. Richier, 1er avril 2007

    Daprs ce magazine internet, les psy-chiatres ont invent une nouvelle

    pathologie : le trouble du lundi ma-tin . Non, ce nest pas une blague, et ilsle prsentent comme un problme ma-jeur de sant publique et mme commeune affection mconnue...

    INDIGNE

    Les soins psychiatriquesdans les prisonsjugs indignes10 dcembre 2007

    Les conditions de prise en charge despersonnes souffrant de troubles psychia-triques dans les prisons franaises sont diffrents gards contraires la dignithumaine, estime le Comit europen deprvention de la torture.

    LAssemble nationaleapprouve la cration duncontrleur gnral des prisonset hpitaux psychiatriques.Octobre 2007

    LAssemble a adopt le projet de loide Rachida Dati, crant une autoritindpendante charge de contrler lesconditions de prise en charge des per-sonnes prives de liberts. Enfin !...

    Dsormais, le Prozac pourra tre prescrit en France aux enfants partir de 8 ans.LAgence franaise de scurit des produits de sant (AFSSAPS) a accord une extension dindication pour le Prozac, jusqualors rserv aux adultes. Aumoins 40 000 enfants sont concerns. Cette dcision fait suite lautorisationde prescrire du Prozac aux enfants par lAgence europenne du mdicament(EMA), en aot 2006. LAFSSAPS veut encadrer cette prescription. Elle metde fortes rserves car tre sous Prozac 8 ans comporte des risques : actessuicidaires, perturbation de la croissance, ralentissement du dveloppementdes organes sexuels Nos enfants sont-ils des cobayes ?

    alerteLe Prozac prescrit aux enfants partir de 8 ans !!!

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  • 8/7/2019 Le Dchain n 1 - un antidpresseur pour chaque franais en 2008 ?

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    Le billetdu rdacteur

    Il y eut un temps o il tait de bon ton decritiquer la psychiatrie, o un intellectuelqui se respectait se devait de participer leffervescence critique qui pleuvait alors

    sur la psychiatrie asilaire. Ctait lpoqueo Foucault publiait son Histoire de lafolie lge classique, o louverture de laclinique de La Borde et la psychothrapieinstitutionnelle suscitaient lespoir que lapsychiatrie ne serait plus jamais la mme.Ctait dans les annes 60 et 70.

    Quen est-il aujourdhui ? Les principauxacteurs de lantipsychiatrie ont disparu.Leurs lves se font discrets. La cliniquede La Borde existe toujours mais on ytrouve des patients sous neuroleptiques,comme ailleurs. Rares sont les psychiatresqui critiquent le systme psychiatrique,ou bien cest pour demander davantagedargent public alors que les antipsy-

    chiatres voulaient rompre avec lemprisetatique. Il y a certes des clats de lu-

    mire dans ce tableau catatonique. UnZarifian, son tour disparu, na-t-il paslanc un dbat qui perdure sur la surcon-sommation de psychotropes et la liaisonincestueuse entre psychiatrie et laboratoi-res pharmaceutiques ?

    Force est de saluer galement la belle r-

    sistance des psychanalystes qui dnon-cent avec constance et parfois avec brio lapsychiatrisation grandissante de la soci-t. Mais ces psychanalystes nont-ils pastent eux-mmes de convaincre tout unchacun quil tait nvros, ouvrant ainsila voie aux psychiatres qui nous voienttous dpressifs, hyperactifs, phobiquesou plus, si affinits ?

    Alors, lantipsychiatrie est-elle morte ?Oui, et enterrons-la. Elle na pas comprislvolution de notre socit et elle sest fai-te rcuprer, voire avaler par la stratgiemdicamenteuse de la psychiatrie. Lais-sons plutt sexprimer le sentiment din-quitude et de ras le bol qui se dveloppe

    dans la population. Celle-ci commence sentir dans sa chair lemprise de la psy-

    chiatrie sur sa vie. Que les mres inqui-tes et exaspres de voir leurs enfants tes-ts, tiquets puis orients chez les psysse lvent, manifestent, et cen sera fini dela psychiatrie telle que nous la connais-sons. Que les parents denfants autistesou schizophrnes sorganisent et exigentdes prises en charge dcentes de leurs en-

    fants et lhpital psychiatrique disparatradans sa forme actuelle. Un vent se lve.

    Est-ce une rvolution ? Non, simplementune aspiration lgitime la dcence de lapart dune population rtive toute formede contrle psychiatrique. Le temps desrformes a sonn. Ce journal a t crpour exprimer ce besoin de rforme.Puissions-nous ne jamais plus avoir unepsychiatrie telle quelle est aujourdhui.

    Frdric Grossmann

    C A L E N D R I E R

    1er trimestre 2008

    Avril 2008

    Colloque : Psychiatrie, rpression politique et contrle social en

    Europe. Grande exposition sur les horreurs de la psychiatrie

    Pour plus dinfos, tl. CCDH : 01 40 01 09 70

    Toute lquipe de CCDH se mobilise cette anne 2008 pour faire aboutir

    des rformes dans le domaine de :

    La protection des enfants face une surmdicalisation psy-chiatrique La protection des liberts individuelles dans les tablissementspsychiatriques

    La Commission des Citoyens pour les Droits de lHomme (CCDH)a t fonde en 1969 par lglise de Scientologie et le professeur m-rite de psychiatrie Thomas Szasz afin de procder des investigations,rvler les violations des droits de lHomme en psychiatrie et rformer

    le domaine de la sant mentale. La Commission compte plus de 130bureaux dans 31 pays. CCDH collabore avec des mdecins et desavocats afin daider les personnes sestimant victimes dabus psychia-triques faire valoir leurs droits. CCDH est lorigine de centaines derformes dans le monde visant garantir les droits des citoyens faceaux abus de la psychiatrie.

    Adresse CCDH : BP 10076 - 75561 PARIS CEDEX 12

    Tl. : 01 40 01 09 70

    cultureA VOIRLe film documentaire de Sandrine Bonnaire : Elle sappelle Sabine sorti en janvier 2008.Je vais bien, ne ten fais pas. De Philippe Lioret sorti enseptembre 2006

    A LIREPascal Colombani : Les asiles de la honte, ditions Carnot.Philippe Clment : Bienvenue lhpital psychiatrique,ditions Empcheurs de penser en rond.Georges-Alexandre Imbert : Tranquillisants, somnifres,neuroleptiques, ces faux amis...ditions Dauphin.Michel Steiner, docteur en psychologie : Petites mortsdans un hpital psychiatrique de campagne. Editions FolioPolicier.Marie-Jeanne Marty, diplme en sociologie et littra-ture, journaliste indpendante : Le marchand dillusion(drives, abus et incomptences), diteur Mardaga.Serge Tribolet, psychiatre des hpitaux de Paris : LAbusde psys nuit la sant, ditions Le Cherche midi.

    Guy Hugnet, journaliste et ancien cadre de lindustriepharmaceutique : Antidpresseurs : la grande intoxication.Editions Le Cherche Midi

    WEBCCDH : sur le site de CCDH, vous pouvez maintenantconnatre le nombre dhospitalisations sous contraintedans votre dpartement.A voir en ligne : nouvelles vidos de prvention sur lesdangers des antidpresseurs.

    Vous pouvez vous procurer cesvidos qui racontent lhistoirede la psychiatrie et de ses abus,rendez vous sur notre site web.

    www.ccdh.asso.fr

    Seprmunircontreles

    drives

    de

    la

    psychiatrieIl est dsolant que les citoyens dun pays dmocratique comme la France doivent se prmunir contre les drivesincontrles dune institution mdicale dont la mission premire est pourtant de venir en aide une population

    vulnrable et en dtresse. Mais les faits tant ce quils sont, la plus grande vigilance est de rigueur.

    rformes

    Les drivesdune psychiatriehors contrle Internements souscontrainte :76 000 cas chaque anne.

    Surmdicalisationpsychiatrique : la Francen 1 pour la consommationmondiale de psychotropes ; interns ou externs ,les patients en sont tousgavs.

    lectrochocs* : au moins70 000 sances chaqueanne, sans que le patientou la famille aient t infor-ms des vritables dangers.

    Dpistage de pseudo-troubles mentaux chez desenfants auxquels sont don-ns des psychotropes dontla composition et les effets

    sont similaires ceux de lacocane ou nuisibles leurcroissance.

    * lectrochoc : production dun choc lectrique au niveau du cerveau, pour engendrer une crise convulsive gnralise, accompagne dune perte de conscience.Cette mthode est aussi appele sismothrapie ou lectroconvulsivothrapie . Source : Fdration Nationale des Anesthsistes 1999.