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Le Developpement des Jeux Sociaux de la Premiere Enfance chez les N ourrissons eleves en groupe DANUTA CHRZANOWSKA, POLOGNE "En jouant, l'enfant apprend, experimente et developpe l'habilete de ses fonctions psy- chiques", ecrivait, au sujet des jeux de l'enfant, notre eminent psycho logue, le professeur Stefan Szuman.! Par consequent, pour permettre a l'enfant un developpement normal, il faut lui assurer de bonnes conditions de jeu, des jouets appropries a son age, des salles de jeu speciales et un temps de jeu suffisant. On discute et on ecrit actuellement beau- coup au sujet des divers aspects et diverses formes desjeux de l'enfant a l'age prescolaire; par contre, nons connaissons relativement peu Iesjeux du nourrisson, ses jouets preferes et le moment ou il convient de les lui pro- curer. Nous ne savons pas non plus au juste quelles sont les activites du nourrisson qu'il faudrait encourager, ni de quelle maniere on devrait participer a son jeu. IJ arrive, evidemrnent, que-s-guidee par son intuition-la mere sache choisir Ie moment convenable pour presenter a l'enfant tel ou tel jouet, et que la grand-mere-grace a son experience-i-sache quand commencer a jouer avec Ie hebe a "coucou, le voila" au a "bravo". Mais, pour la majorite des jeunes meres, des puericultrices, des jardinieres d'enfants et des infirmieres, ces questions ne sont pas tout a fait claires ni evidentes et souvent la jeune maman hesite sur Ie point de savoir s'il est deja temps de transporter 157 les jeux de I'enfant du lit au pare, s'il ne faut pas lui procurer d'autres jouets en dehors du hochet, et lesquels, et s'il est normal qu'a un certain moment, au lieu d'amasser les jouets autour de lui, J'enfant les Jette hors du lit etc .... II est grand temps que le personnel des maisons de bebes pour orphelins et des creches, ainsi que les medecins et les in- firmieres des hopitaux pediatriques, des services de reeducation et des sanas pour enfants, acquierent la connaissance des pro- cessus regissant revolution des jeux chez le nourrisson. Un jouet approprie, non seule- ment contribue a eduquer l'enfant et a stimuler son activite, mais rempLit en outre une fonction prophylactique, en preservant I'enfant de la maladie dite de i'hospitalisrne, laquelle entrave ternporairernent son de- veloppement. Le jouet facilite aussi la re- education dans Ie cas OU iL est necessaire de corriger les mouvements de l'enfant, retardes par suite d'une intervention chirurgicale ou d'une paralysie des muscles etc. Sur la base d'observations longitudinales et d'examens de 115 nourrissons traites a la Clinique de Physiologie de la Nutrition du Nourrisson a Varsovie durant les annees 1963-1969, je me permets de presenter ici quelques remarques concernant I'evo- lution des jeux des nourrissons eleves en groupe.

Le développement des Jeux sociaux de la première enfance chez les nourrissons élevés en groupe

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Le Developpement des Jeux Sociauxde la Premiere Enfance chez lesNourrissons eleves en groupe

DANUTA CHRZANOWSKA, POLOGNE

"En jouant, l'enfant apprend, experimente etdeveloppe l'habilete de ses fonctions psy­chiques", ecrivait, au sujet des jeux de l'enfant,notre eminent psychologue, le professeurStefan Szuman.!

Par consequent, pour permettre a l'enfantun developpement normal, il faut lui assurerde bonnes conditions de jeu, des jouetsappropries a son age, des salles de jeuspeciales et un temps de jeu suffisant.

On discute et on ecrit actuellement beau­coup au sujet des divers aspects et diversesformes des jeux de l'enfant a l'age prescolaire;par contre, nons connaissons relativementpeu Ies jeux du nourrisson, ses jouets prefereset le moment ou il convient de les lui pro­curer. Nous ne savons pas non plus au justequelles sont les activites du nourrisson qu'ilfaudrait encourager, ni de quelle maniere ondevrait participer a son jeu.

IJ arrive, evidemrnent, que-s-guidee parson intuition-la mere sache choisir Iemoment convenable pour presenter al'enfanttel ou tel jouet, et que la grand-mere-gracea son experience-i-sache quand commencera jouer avec Ie hebe a "coucou, le voila" au a"bravo". Mais, pour la majorite des jeunesmeres, des puericultrices, des jardinieresd'enfants et des infirmieres, ces questions nesont pas tout a fait claires ni evidentes etsouvent la jeune maman hesite sur Ie pointde savoir s'il est deja temps de transporter

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les jeux de I'enfant du lit au pare, s'il ne fautpas lui procurer d'autres jouets en dehorsdu hochet, et lesquels, et s'il est normal qu'aun certain moment, au lieu d'amasser lesjouets autour de lui, J'enfant les Jette hors dulit etc....

II est grand temps que le personnel desmaisons de bebes pour orphelins et descreches, ainsi que les medecins et les in­firmieres des hopitaux pediatriques, desservices de reeducation et des sanas pourenfants, acquierent la connaissance des pro­cessus regissant revolution des jeux chez lenourrisson. Un jouet approprie, non seule­ment contribue a eduquer l'enfant et astimuler son activite, mais rempLit en outreune fonction prophylactique, en preservantI'enfant de la maladie dite de i'hospitalisrne,laquelle entrave ternporairernent son de­veloppement. Le jouet facilite aussi la re­education dans Ie cas OU iL est necessaire decorriger les mouvements de l'enfant, retardespar suite d'une intervention chirurgicale oud'une paralysie des muscles etc.

Sur la base d'observations longitudinaleset d'examens de 115 nourrissons traites a laClinique de Physiologie de la Nutrition duNourrisson a Varsovie durant les annees1963-1969, je me permets de presenterici quelques remarques concernant I'evo­lution des jeux des nourrissons eleves engroupe.

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On peut diviser ces jeux en trois categories:

1. les jeux de motricite et de locomotion2. les jeux de manipulation3. les jeux sociaux.

Ce sont ces derniers qui constitueront Iesujet du present article.

Parallelement aux jeux de manipulation,Ie nourrisson s'interesse aux jeux qui ontpour objet les personnes adultes. Cependant,avant d'etre apte a ce genre de jeux, il traverseline phase ou il joue avec son propre corps,ce qui, d'apres l'opinion du professeurGesell", constitue une introduction aux jeuxsociaux. On peut observer chez le nourrissonces jeux dont son propre corps fait I'objet,des la fin du troisieme mois. II manipuled'abord ses mains: il les joint, les touche etles palpe en prenant connaissance de leurchaleur, de leur mollesse et de leur peau lisse.Dans la premiere etape de ces jeux, il manipuleses doigts sans encore les suivre des yeux;peu a peu, au cours des quatrieme et cin­quieme mois, il commence a les observerattentivement. Souvent ce jeu occasionne unpremier sourire ou un jasement, comme dansIe cas du jeu avec Ie hochet. "II prie, il serapretre ou religieuse", disent les uns; "ilcompte ses doigts, il sera un grand mathe­rnaticien", "il tend la main, comme s'il voulaitaider autrui, il sera tres social", predisent lesautres ...

Mais bientot Ie jeu avec les mains nesuffit plus a I'enfant. Maintenant c'est Ietour des jambes. Au cinquieme mois il com­mence a tater ses genoux et ses cuisses, ausixieme il atteint deja ses pieds, aux septiemeet huitierne mois, il porte souvent ceux-ci asa bouche. Cependant, les enfants lourds,gros et peu actifs n'executent pas ce mouve­ment tres volontiers, irnites en cela par ceuxqui commencent de bonne heure a se trainerit quatre pattes, et qui sont actifs et forts,mais eprouvent plus de plaisir a se mouvoirsur Ie plancher qu'a sucer leurs doigts depieds dans la position couchee,

D'ailleurs, parmi nos enfants, j'ai pu enobserver qui n'aimaient pas du tout se porterdes objets a la bouche, et par consequent nese plaisaient pas a ce genre de jeu avec les

pieds. Enfin Ie degre d'interet porte a ce jeuest probablement lie a la saison et aux con­ditions de vie de l'enfant au momentconsidere. Par exemple, I'hiver est moinsfavorable parce que les bebes portent desbas-culottes. Par contre, en ete, quand nosnourrissons profitent du soleil, en maillots,dans Ie jardin, ce jeu les tente davantage.

Les jeux qu'on peut placer entre ceux quiont pour objet la propre personne de I'enfantet ceux qui ont pour objet une autre personnesont les jeux avec Ie miroir. Le bebe de cinqmois exprime, Ie plus souvent, d'abord de lasurprise et un grand etonnernent a la vue deson image refletee dans la glace; il manifesteensuite sa joie par des eclats de rire et enfin-derniere phase-il jase et tend les bras versla petite personne riante qu'il apercoit.

II est curieux que, chez les enfants eleves engroupe, la reaction des enfants a la vue deleur image n'est pas moindre que chez lesenfants eleves en famille, au contraire: laderniere phase, celie qui consiste a tendreles bras avec confiance a un autre "petithomrne", se manifeste, en general, plus totchez les premiers, c'est-a-dire au sixieme etnon au septieme mois. Cela resulte probable­ment du fait que nos enfants se connaissentmieux mutuellement, grace au voisinagedans les dortoirs ou dans la salle de jeux ouils sont portes systematiquement deux foispar jour, a partir du cinquieme mois. Parcontraste, l'enfant vivant en famille risque dese trouver pour la premiere fois face a faceavec un petit inconnu....

Au cours du huitieme mois, les enfantscommencent en general a participer active­ment a des jeux avec les adultes. Le premierde ces jeux est celui, si connu, de "cache­cache", encore appele "coucou, Ie voila".L'adulte se cache ou cache l'enfant sous uneserviette, celui-ci l'enleve et decouvre la per­sonne cachee, tout fier de lui et dans une at­mosphere de joie mutuelle. Nos enfantsadorent ce jeu et progressivement saisissentson sens. Les enfants trop passifs pour cher­cher a enlever la serviette et ase decouvrir ou itdecouvrir la personne cachee, malgre lesencouragements de la puericultrice, et in­capables de voir Ie comique de la situation,

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sont vraiment rares. La moitie des enfantsexamines s'orientaient deja dans le sensde ce jeu au cours de leur huitieme mois, et,dans Ies mois suivants, ils entreprenaient deleur propre initiative un jeu semblable avecdes adultes ou avec leurs camarades dumeme age.

La continuation donnee aujeu de "cou-cou,Ie voila", decrit ci-dessus, etait generalementIe jeu auquel les enfants de onze et douzemois se Iivraient avec Ie rideau de Ia sallede jeu: a un certain moment I'enfant secachait, puis montrait sa tete, en riant deson ingeniosite, mais en meme temps enobservant attentivement l'impression que soncomportement avait produite sur la personneadulte. Les plus ages de nos enfants jouaientsouvent spontanement a deux a ce jeu durideau: l'un se cachait, l'autre le decouvraita grand renfort de cris de joie et de rires.C'est probablement [a leur premier jeuorganise consciemment, non pas avec unadulte, mais avec un pair.

Le dixieme et surtout les onzieme et douzi­erne mois, c'est l'age au nos enfants s'essaientavec succes aux jeux d'imitation avec partici­pation de l'adulte. Ces jeux consistent a imiterIes gestes de Ia personne adulte. Citons a titred'exemple les gestes d'applaudissement (faire"bravo"), ou bien Ies signes de Ia main (aurevoir, bonjour, merci etc.). L'imitation desgestes de Ia puericultrice amuse beaucoupl'enfant. Le moment ou il reussit a repeter Iesmemes gestes sur un ordre donne Ie remplita juste titre de satisfaction et d'orgueil.

C'est a partir de cet instant que les enfantscommencent it reagir a des paroles comrne:"fais-moi calin", c'est-a-dire caresse majoue,"fais bonjour", "fais-moi un baiser": voilades ordres auxquels nos enfants etaient enmesure de repondre sans y etre directernentprepares.

A peu pres a la meme epoque, Ies enfantsessayaient d'imiter les sons de voix del'adulte. Dans une premiere phase, c'etaientdes sons melodieux, repetes du reste souventavec une intonation juste ; dans la deuxieme,c'etaient deja certaines syllabes que I'enfantrepetait, ce qui faisait l'effet d'une vivediscussion entre l'enfant et l'adulte.

A cet age on fait aussi de la danse, Bienque restant encore sur place, nos enfantsreussissaient, avec I'accompagnement de dis­ques ou de chansons de la puericultrice, itflechir Ies genoux ou a sauter rythmiquementen prenant appui sur Ies mains.

Vers Ia fin de sa premiere annee, l'enfantfait de plus en plus de gestes d'imitation,mais, tandis que, dans Ia premiere phase,I'initiative revenait a Ia personne adulte,maintenant en revanche, c'est l'enfant quiprend l'initiative: c'est comme s'il epiait lesdifferents gestes des adultes et voulait lesimiter. Nos enfants ont vite appris parexemple a souffler sur un plat chaud, atousser, it eternuer, a froncer Ie nez, a faireclaquer la langue, it hoeher la tete etc. . . .Bien sur que, plus l'adulte manifestait d'ap­probation a Ja vue de ces gestes, plus I'enfantIes repetair avec l'intention de se faire re­marquer. II en resulte que ce sont toujoursIe caractere emotif et I'engagernent affectifdes deux partenaires-i-I'enfant et I'adulte­qui contribuent au developpernent de cegenre de jeux.

Dans les conditions ou s'opere l'educationen groupe, il n'est pas facile de creer uneatmosphere d'affection et d'etablir des con­tacts individuels entre Ie personnel et l'enfant.Pour assurer ce contact a nos pup illes, nousavons organise parmi notre personnel unsysteme de "meres suppleantes". Chaqueinfirrniere-puericultrice (car notre personnelit la Clinique se compose exclusivementd'infirrnieres) avait sous sa garde specialedeux ou trois enfants, toujours Ies memesbien entendu, pendant toute la premiereannee de leur vie. Et, quoique ces infirrnieresse soient occupees pendant leurs heures deservice d'autres enfants, elles etaient par­ticulierement responsables de leurs troisnourrissons. Elles les serraient dans leursbras, les dorlotaient tendrement, jouaientavec eux individuelJement des qu'e1!es avaientun moment de Iibre. Eiies assistaient aussi ames examens psychologiques afin de pouvoirconstater personnellement les progres ou IesIacunes dans Ie developpernent de leurspupilles et redoubler ensuite de soins a leuregard.

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Les resultats des examens psychologiquesde chaque enfant, suivant les tests de Brunetet Lezine", etaient inscrits sur un tableauspecial qui montrait l'evolution psycho­motrice des enfants. Ce tableau, qui servaitinitialement a fournir des informations, estdevenu plus tard un facteur d'ameliorationdu systeme educatif et une incitation pour la"mere suppleante" a s'interesser davantage ason pupiIIe et a l'entourer de soins encoreplus attentifs; et il a contribue a creer uneemulation entre les "meres", dont chacunedesirait obtenir les meiIleurs resultatspossibles.

This article deals with the development of early socialplay among babies reared together (in children's homes,hospitals, etc.); it is based on observations made of115 babies at the Warsaw Mother and Child Instituteduring the period 1963-'69. While play habits of thepre-school child have been studied intensively, thoseof the baby have received much less attention, Yetmany mothers, teachers and nurses would benefit byimproved knowledge of the way play develops at thisstage. Play and toys are not only formative, they canbe curative and help rehabilitate handicapped babies.Three kinds of play occur among babies: motor,manipulative and social.

This article concentrates on social play. While thiswill eventually involve the adult and peers, it startswith the baby playing with his own body (cf. Gesell).He first plays with his hands (from end of thirdmonth), at first without looking, then looking (fromfourth-fifth month). Hands gradually reach knees(fifth month) then feet (sixth month). A number ofchildren will then proceed to take their feet to theirmouths (seventh-eighth month). Linking body-playand play with others is the baby's play with a mirror.Baby first shows surprise on seeing his own reflection(fifth month); he proceeds to merry laughter, finallywaving happily to the little 'stranger' in the glass(seventh month). Probably because they are used toseeing other babies, institutionalized babies arequicker to wave (sixth month). Play with the adultstarts in the eighth month, with 'bo-peep': this gameentails hiding behind a napkin, then removing thenapkin, which all but the most passive babies findgreat fun. Half the babies tested took to it in theeighth month. This is succeeded by the 'curtain'version of the game, with eleven-twelve month-oldshiding behind the curtain of the play-room, first forthe adult's benefit, then for that of a peer. This isprobably the first instance of spontaneous organizedplay with another chi/d.

C'est ainsi que la majorite de nos pupiJIessont actifs, pleins de vie et de joie et, commeje viens de l'exposer, ils ne cedent en rien auxenfants cleves en famiIle, en ce qui concerneIe niveau et la realisation des jeux.

1. S. Szuman. La psychologie de l'education de lapremiere enfance, Varsovie, 1947.

2. A. Gesell and C. S. Amatruda, DevelopmentalDiagnosis, New York, 1940.

3. O. Brunet et I. Lezine. Le developpement psycho­logique de la premiere enfance, Paris, 1951.

Le Dr. Danuta Chrzanowska exerce ses fonctionsde pediatre a l'Institut de la Mere et de l'Enfant aVarsovie, Pologne.

Este articulo trata del desarrollo del juego socialtemprano entre nifios que se crian juntos (en asilos deninos, hospitales, etc.); se basa en observacioneshechas en 115 nines de corta edad en el Instituto dela Madre y el Nino de Varsovia durante eI periodo1963-'69. Mientras que los habitos de juego del ninopre-escolar han sido estudiados intensamente, los delinfante han recibido mucha menos atencion. Noobstante, muchas madres, maestras y enfermeraspodrian beneficiarse de un mejor conocimiento dela forma en que eI juego se desarrolla en este nivel.EI juego y los juguetes son, no solo formativos, sinoque pueden ser curativos y contribuir a la rehabili­tacion de nifios retrasados. Tres formas de juegotienen lugar entre infantes: motor, manipulativo ysocial.

Este articulo se concentra en eljuego social. Aunqueeste tipo de juego termina por implicar al adulto y asus iguales, se inicia con el juego del nino COil supropio cuerpo (cf. Gesell). Juega primero con susmanos (desde el comienzo del tercer mes), primerosin mirar, despues mirando (desde el cuarto 0 quintomes). Las manos van poco a poco alcanzando lasrodiIlas (quinto mes) despues los pies (sexto). Algunosnifios se lIevan entonces los pies a la boca (septirno­octavo mes). EI nexo entre el juego con el cuerpo yel juego con los demas es el juego del nino can unespejo, EI nino manifiesta primero sorpresa al ver supropia imagen (quinto mes); despues se rie alegre­mente y por ultimo agita su mano para saludar al'extrano' que se halla en el espejo (septimo mes).Probablemente porque estan acostumbrados a ver aotros nifios, los nifios que proceden de institucionesson mas rapidos en el proceso de agitar sus man os enadernan de saludo (sexto mes). EI juego can el adultocomienza en el octavo mes con 'be-peep": este juegoconsiste en esconderse detras de una servilleta 0

pedazo de tela y quitarla despues repentinamente yes juego que todos los nifios, a no ser los excesiva-

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Imitative play starts around eleven-twelve months:gestures are imitated (clapping of hands, 'bye-bye','thank you', etc.) and the baby starts to respond tovarious requests (Wave good-bye', 'Kiss Mummy',etc.); spoken sounds are also imitated, with theeventual repetition of whole syllables; a stationaryform of dancing is introduced by the nurse. Firstimitations are at the adult's prompting, but, from theend of the first year, the child originates the imitationhimself (blows on hot dish, clicks tongue, puckersbrow, etc.). Any encouragement spurs the child on:emotive and affective involvement of both child andadult is essential for the development of this type ofplay.

To supply the affection and intimacy usually lackingin group-rearing, every nurse in the Clinic was askedto attach herself specially to two-three infants through­out the first year of life (this was in addition to hernormal duties). They also attended the author'spsychological examinations of each infant so as tosee for themselves how their charges were progressing.The results of these examinations (using the Brunetand Lezine tests) were put on a board showing thepsycho-motor development of each child. This ledto general improvement of the educative system andcreated keen emulation among the nurses, with theresult that the Clinic's babies are as active, happy andadvanced in their games as children reared in theirown homes.

mente pasivos, encuentran sumamente divertido. Lamitad de los ninos observados se interesaron en el apartir del octavo meso Este juego es substituido pOI'la version de la 'cortina', en la que nines de 11 a 12rneses se esconden detras de la cortina del cuarto dejuego, primero para jugar con un adulto, luego consus iguales. Es este probablemente el primer ejernplode un juego organizado espontaneamente con otroniiio,

EI juego de imitacion empieza a los II 0 12 meses:se imitan gestos (palmadas, adios, gracias, etc.) y elnino empieza a reaccionar a diversas peticiones ('diadios', 'besa a mama', etc.); se imitan tambien sonidosaislados, con la eventual repetici6n de silabas com­pletas; la enfermera inicia una forma de baile es­tacionaria. Las primeras imitaciones son incitadaspor el adulto, pero desde el final del primer ano, elpropio nino inicia la imitaci6n (sopla sobre un platocaliente, hace ruidos con la lengua, frunce las cejas,etc.). Cualquier aliento estimula al nino: la relaci6nemocional y afectiva de nino y adulto es esencial parael desarrollo de este tipo de juego.

Para generar el afecto y la intimidad que general­mente faltan en la crianza en grupo, se Ie pidi6 acada enfermera de la Clinica que se dedicara especial­mente ados 0 tres nifios durante el primer afio desu vida (esto, ademas de sus obligaciones normales).Asistieron tambiefi a los examenes psicologicos querealiza el autor, de cada nino, a fin de comprobar porsi mismas los progresos llevados a cabo por los ninesque estan a su cuidado. El resultado de estos examenes(utilizando los tests de Brunet y Lezine) se exhibi6en un tabl6n que muestra el desarrollo psico-rnotorde cada nino. Esto facilit6 el mejoramiento generaldel sistema educativo y origino estlmulo entre lasenfermeras, con el resultado de que los niiios de laClinica son tan activos, felices y adelantados en susjuegos como los nifios criados en sus propias casas.