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44 - Côte d’Opale Magazine MUSIQUE Le Festival d’Hardelot et l’année Franz Liszt Le bicentenaire de la naissance de Franz Liszt, fêté par le Festival d’ Hardelot, nous ramène aux Trois Mousquetaires de la génération 1810 qui étaient évidemment quatre : Felix Mendelssohn en 1809, Frédéric Chopin et Robert Schumann en 1810 et enfin Franz Liszt en 1811 (chacun ayant fait l’objet d’un article dans les précédents nu- méros de Côte d’Opale Magazine). Les jugements les plus contradictoires ont été émis par des gé- nérations successives sur ce musicien génial aux mille visages, universellement populaire tout en étant ignoré de la plupart. FRANZ LISZT, LA PRESSE PEOPLE ET L’ECUME DE L’APPARENCE. Les gazettes people et les feuilletonistes de l’époque puis les scénaristes de cinéma et de télévision n’ont guère eu de peine à romancer la vie de Franz Liszt car il s’en était chargé lui-même bien avant eux! Son père mu- sicien et régisseur des Esterházy, ceux de Joseph Haydn, lui avait fait très tôt découvrir le piano. Ensuite tout s’est enchainé à la vitesse du son. Il donne ses premiers concerts à Vienne à l’âge de 11 ans. Au terme de l’un-d’ eux, la légende nous dit que Beethoven, en personne, est monté sur l’estrade pour l’embrasser. Il arrive à Paris à l’âge de 12 ans mais Luigi Cherubini, le directeur du Conservatoire, refuse de l’admettre parce-qu’ il est... étranger In illo tempore jam in quota venenum ! À 18 ans, pianiste brillant et dandy accompli, nombreuses sont les élèves de l’Institut de Jeunes Demoiselles de Clichy puis du Tout Paris qui vont accourir vers lui et son enseignement ! À 24 ans, il disparait avec la très en vue com- tesse Marie d’Agoult, son ainée de six ans. Celle-ci étant enceinte, ils vont devoir, pour fuir le scandale mondain parisien, partir en Suisse puis en Italie.Trois enfants y naîtront. Une de leurs deux filles, Cosima parce-que née à Côme, épousera un élève de son père, Hans von Bülow pianiste et chef d’orchestre. Elle deviendra ensuite la maîtresse d’un ami de son père, Richard Wagner, pour l’épouser après son divorce. Les gazettes people étaient sur des charbons ardents ! Et ce d’autant plus que le vol- can des années-adrénaline de sa liaison avec Marie d’Agoult était en voie d’extinction. Mais de nouveau les tirages vont exploser avec la liaison de transition qu’il aura avec la sulfureuse Lola Montes. Surnommée La panthère, celle-ci deviendra par la suite la maîtresse du Roi Louis I er de Bavière. Quant à Liszt, ces mêmes gazettes nous apprennent - à notre grand soulagement - qu’il est devenu l’amant de la Princesse polonaise Caroline de von Sayn-Wittgenstein. Celle-ci consacrera sa fortune à la promotion de Liszt devenu Directeur de la Musique de Weimar. Entre temps, Marie d’Agoult, avait commencé à la “quarantaine mondaine”, une carrière d’écrivain sous le pseudonyme de Daniel Stern, avec une auto- biographie sanglante dans laquelle elle réglait ses comptes avec Franz Liszt et sa musique. Quant à lui, épuisé par les cabales incessantes au terme de onze années passées à Weimar, il démissionnera de son poste pour rejoindre Rome en 1859 puis se retirer dans un ermitage voisin et y recevoir en 1865 les ordres mineurs, porter soutane et devenir chanoine tout en continuant à composer, enseigner et diriger. Il renouera les liens amicaux et familiaux qui avaient été rompus au moment du divorce et du mariage de sa fille Cosima avec Richard Wagner. Il portait à celui–ci une grande admiration. En 1883 à la mort de Wagner, à Venise dans le Palais Vendremin, il écrira cette superbe Die Trauer Gondol à sa mémoire en ajoutant: Lui aujourd’hui, moi demain. Il continuera à fréquenter le Festival de Bayreuth repris en main par Cosima et il y mourra le 31 juillet 1886, aux dires de la légende en murmurant dans son dernier souffle: Tristan. Depuis il repose sous la terre de Bayreuth, au milieu des vers, oui mais des vers des Pensées des Morts, le poème de Chateaubriand : Ils furent ce que nous sommes/Poussière, jouet du vent !/Fragiles comme des hommes/Fai- bles comme le néant. FRANZ LISZT, LE NOVATEUR , L’INTERPRETE-VIRTUOSE. Franz Liszt a été l’archétype de l’interprète-virtuose né avec le romantisme. Pour Alfred Einstein (pas Albert !) le romantisme a cannibalisé la musique du passé avec une boulimie telle qu’il n’a plus été capable de digérer un héritage qui avait pris une singulière ampleur, ce que Goethe, dans son Faust, avait explicitement pointé du doigt. Franz Liszt a été le symptôme de ce mode de vie aux dépends du passé en devenant l’interprète-virtuose. Il fut et virtuose et aussi interprète de ses propres compositions. Ayant polémiqué, sans ménagements, contre les virtuoses de son temps Liszt voulut les battre sur leur propre terrain. Il tira du piano des effets sono- res, aux- quels personne n’avait songé avant lui. Son œuvre pianistique contient, en effet, de nombreuses innovations techniques qui à l’épo- que étaient, au sens propre du terme, inouïes tout en nous surprenant encore aujourd’hui. Il y avait non seulement son désir de transposer au piano les particularités du violon avec Les études d’exécution transcen- dantes d’après Paganini en 1852, mais encore de générer une inventivité harmonique, thématique et mélodique nouvelle. Mais, derrière tout cela, il y avait aussi chez Liszt la volonté de sortir la composition de la forme sonate et la mélodie du carcan de la tonalité. Avec la Sonate en si mineur de 1852, dédiée à Robert Schumann, Liszt pour dépasser la forme sonate va faire œuvre révolutionnaire par son caractère d’unité apparemment improvisée mais en réalité construite et articulée selon un plan précis, à partir de cinq thèmes soumis à des transformations, combinaisons inces- santes. Il y avait de plus un combat pour la désintégration cellulaire qui, dans une extase rythmique, renverse le dualisme majeur-mineur, pulvé- rise les thèmes et fait sauter la forme. par Jean-Marie ANDRÉ

Le Festival d’Hardelot et l’année Franz Liszt · concert dans le kiosque des jardins du Casino de Boulogne-sur-Mer. Au ... le piano des opéras d’Auber, Bellini, Donizetti,

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Page 1: Le Festival d’Hardelot et l’année Franz Liszt · concert dans le kiosque des jardins du Casino de Boulogne-sur-Mer. Au ... le piano des opéras d’Auber, Bellini, Donizetti,

44 - Côte d’Opale Magazine

MUSIQUE

Le Festival d’Hardelotet l’année Franz Liszt

Le bicentenaire de la naissance de Franz Liszt, fêté par le Festival d’ Hardelot, nous ramène aux Trois Mousquetaires de la génération 1810 qui étaient évidemment quatre : Felix Mendelssohn en 1809, Frédéric Chopin et Robert Schumann en 1810 et enfin Franz Liszt en 1811 (chacun ayant fait l’objet d’un article dans les précédents nu-méros de Côte d’Opale Magazine). Les jugements les plus contradictoires ont été émis par des gé-nérations successives sur ce musicien génial aux mille visages, universellement populaire tout en étant ignoré de la plupart.

FRANZ LISZT, LA PRESSE PEOPLE ET L’ECUME DE L’APPARENCE.Les gazettes people et les feuilletonistes de l’époque puis les scénaristes de cinéma et de télévision n’ont guère eu de peine à romancer la vie de Franz Liszt car il s’en était chargé lui-même bien avant eux! Son père mu-sicien et régisseur des Esterházy, ceux de Joseph Haydn, lui avait fait très tôt découvrir le piano. Ensuite tout s’est enchainé à la vitesse du son. Il donne ses premiers concerts à Vienne à l’âge de 11 ans. Au terme de l’un-d’ eux, la légende nous dit que Beethoven, en personne, est monté sur l’estrade pour l’embrasser. Il arrive à Paris à l’âge de 12 ans mais Luigi Cherubini, le directeur du Conservatoire, refuse de l’admettre parce-qu’ il est... étranger In illo tempore jam in quota venenum ! À 18 ans, pianiste brillant et dandy accompli, nombreuses sont les élèves de l’Institut de Jeunes Demoiselles de Clichy puis du Tout Paris qui vont accourir vers lui et son enseignement ! À 24 ans, il disparait avec la très en vue com-tesse Marie d’Agoult, son ainée de six ans. Celle-ci étant enceinte, ils vont devoir, pour fuir le scandale mondain parisien, partir en Suisse puis en Italie. Trois enfants y naîtront. Une de leurs deux filles, Cosima parce-que née à Côme, épousera un élève de son père, Hans von Bülow pianiste et chef d’orchestre. Elle deviendra ensuite la maîtresse d’un ami de son père, Richard Wagner, pour l’épouser après son divorce. Les gazettes people étaient sur des charbons ardents ! Et ce d’autant plus que le vol-can des années-adrénaline de sa liaison avec Marie d’Agoult était en voie d’extinction. Mais de nouveau les tirages vont exploser avec la liaison de transition qu’il aura avec la sulfureuse Lola Montes. Surnommée La panthère, celle-ci deviendra par la suite la maîtresse du Roi Louis Ier de Bavière. Quant à Liszt, ces mêmes gazettes nous apprennent - à notre grand soulagement - qu’il est devenu l’amant de la Princesse polonaise Caroline de von Sayn-Wittgenstein. Celle-ci consacrera sa fortune à la promotion de Liszt devenu Directeur de la Musique de Weimar. Entre temps, Marie d’Agoult, avait commencé à la “quarantaine mondaine”, une carrière d’écrivain sous le pseudonyme de Daniel Stern, avec une auto-biographie sanglante dans laquelle elle réglait ses comptes avec Franz Liszt et sa musique. Quant à lui, épuisé par les cabales incessantes au terme de onze années passées à Weimar, il démissionnera de son poste pour rejoindre Rome en 1859 puis se retirer dans un ermitage voisin et y recevoir en 1865 les ordres mineurs, porter soutane et devenir chanoine tout en continuant à composer, enseigner et diriger. Il renouera les liens amicaux et familiaux qui avaient été rompus au moment du divorce et du mariage de sa fille Cosima avec Richard Wagner. Il portait à celui–ci une grande admiration. En 1883 à la mort de Wagner, à Venise dans le Palais

Vendremin, il écrira cette superbe Die Trauer Gondol à sa mémoire en ajoutant: Lui aujourd’hui, moi demain. Il continuera à fréquenter le Festival de Bayreuth repris en main par Cosima et il y mourra le 31 juillet 1886, aux dires de la légende en murmurant dans son dernier souffle: Tristan. Depuis il repose sous la terre de Bayreuth, au milieu des vers, oui mais des vers des Pensées des Morts, le poème de Chateaubriand : Ils furent ce que nous sommes/Poussière, jouet du vent !/Fragiles comme des hommes/Fai-bles comme le néant.

FRANZ LISZT, LE NOVATEUR , L’INTERPRETE-VIRTUOSE.Franz Liszt a été l’archétype de l’interprète-virtuose né avec le romantisme. Pour Alfred Einstein (pas Albert !) le romantisme a cannibalisé la musique du passé avec une boulimie telle qu’il n’a plus été capable de digérer un héritage qui avait pris une singulière ampleur, ce que Goethe, dans son Faust, avait explicitement pointé du doigt. Franz Liszt a été le symptôme de ce mode de vie aux dépends du passé en devenant l’interprète-virtuose. Il fut et virtuose et aussi interprète de ses propres compositions. Ayant polémiqué, sans ménagements, contre les virtuoses de son temps Liszt voulut les battre sur leur propre terrain. Il tira du piano des effets sono-res, aux- quels personne n’avait songé avant lui. Son œuvre pianistique contient, en effet, de nombreuses innovations techniques qui à l’épo-que étaient, au sens propre du terme, inouïes tout en nous surprenant encore aujourd’hui. Il y avait non seulement son désir de transposer au piano les particularités du violon avec Les études d’exécution transcen-dantes d’après Paganini en 1852, mais encore de générer une inventivité harmonique, thématique et mélodique nouvelle. Mais, derrière tout cela, il y avait aussi chez Liszt la volonté de sortir la composition de la forme sonate et la mélodie du carcan de la tonalité. Avec la Sonate en si mineur de 1852, dédiée à Robert Schumann, Liszt pour dépasser la forme sonate va faire œuvre révolutionnaire par son caractère d’unité apparemment improvisée mais en réalité construite et articulée selon un plan précis, à partir de cinq thèmes soumis à des transformations, combinaisons inces-santes. Il y avait de plus un combat pour la désintégration cellulaire qui, dans une extase rythmique, renverse le dualisme majeur-mineur, pulvé-rise les thèmes et fait sauter la forme.

par Jean-Marie ANDRÉ

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Côte d’Opale Magazine - 45

De tous ces débris, Liszt créera une langue nouvelle sur le chemin de la modalité, de l’abstraction et même de l’atonalité et de son enfant le dodécaphonisme : La Bagatelle sans tonalité composée un an avant sa mort en témoigne.

L’ORGANISATEUR ET L’INITIATEURPendant onze ans, il fera de Weimar le foyer de la musique contempo-raine. Il sera compositeur, interprète et chef d’orchestre. Il défendra la musique de Berlioz, Schumann, Wagner dont il donnera la première de Lohengrin. Il mettra par ailleurs en chantier un répertoire avec les repré-sentations de tous les opéras de Mozart, ceux d’Haendel, de Gluck, de Weber, de Rossini et last but not least du Fidelio et de la 9ème Symphonie

de Beethoven.

LE COMPOSITEUR ET LE TRANSCRIPTEUR.Il a beaucoup écrit pour l’estrade et le public dans la totale inventivité de l’improvisation. Mais lassé par ce métier de baladin et d’amuseur de salons, il inventera le récital et viendra donner, en cette période de mutation, un concert dans le kiosque des jardins du Casino de Boulogne-sur-Mer. Au lieu des programmes habituellement panachés de chant, de piano et de violon, il sera l’interprète unique d’un programme de son choix pendant une soirée entière, chose que personne n’avait osé faire avant lui. Il don-nera ainsi des cycles complets d’œuvres de Bach et de Beethoven. Il fut pour cela un transcripteur acharné par l’appropriation créatrice, impro-visatrice, rhapsodique d’œuvres écrites par d’autres, mais à des fins de virtuosité aux travers de morceaux de bravoure. Il va ainsi transposer pour le piano des opéras d’Auber, Bellini, Donizetti, Mercadante, Meyerbeer, Mozart et Verdi qui deviendront autant de chevaux de bataille pour un public au bord de la pamoison. Il y aura aussi parmi ses Partitions de piano la mémorable transcription sur deux portées des neuf symphonies de Beethoven, Les arrangements, tout aussi mémorables, des Sept Préludes et Fugues sur le nom de B.A.C.H en 1871 ou ses Variations sur une basse obstinée de Jean Sébastien Bach. Mais il y eut aussi les Fantaisies, les Rémi-niscences, les Illustrations, les Paraphrases.Pour Liszt la technique n’était ni une fin en soi ni un élément fondateur. Elle était inséparable de la création au service du sentiment romantique entretenu par la littérature de son époque aussi bien celle de Novalis et Byron que de Lamartine, Lamennais, Victor Hugo. Avant même de renon-cer à la carrière de virtuose, Liszt, au retour de ces tournées triomphales mais harassantes se retirait souvent au sein de la nature “romantique” des bords du Rhin, de Suisse ou d’Italie. Jeux d’eau à la Villa d’Este auxquels s’attaqueront plus tard Claude Debussy et Maurice Ravel, Impressions poétiques, Les années de Pèlerinage, Vallée d’Oberman, les Sonnets de Pétrar-que s’y sont ressourcés au cours de ses voyages et retraites dans la nature. Quant au sentiment religieux il a été constant chez lui depuis la mort de son père quand il avait quinze ans. Au contact de Caroline von Sayn-Wittgenstein, aussi profondément catholique que Marie d’Agoult était athée, ce sentiment s’est renforcé et Liszt ira jusqu’à se retirer dans un ermitage voisin, y recevoir en 1865 les ordres mineurs, porter sou-tane et devenir chanoine. Les œuvres se multiplieront avec Saint François d’Assise prêchant aux oiseaux, Saint François de Paul marchant sur les eaux, les Années de pèlerinage en 1877. Le jeudi 4 Août vous découvrirez avec Brigitte Engerer les Harmonies poétiques et religieuses qui ont été com-posées en I852 sur les poèmes d’Alphonse de Lamartine. S’y mêlent, religiosité, lassitude de vivre, désir d’évasion et sentiment d’inanité de toute existence. Pensées des Morts, un des sommets de cette œuvre, ne comporte aucune indication de mesure ni de tonalité et peut être en-tendu comme un modèle d’expression pure. Les amateurs de cross-over, pourront, s’ils le souhaitent, comparer la musique de Liszt avec celle de Georges Brassens qui a mis ce poème lui aussi en musique ! Funérailles de ces mêmes Harmonies seront reprises dans un très enthousiasmant récital par Pascal Amoyel le jeudi 11 Août avec un spectacle musical ren-dant un double hommage et à Franz Liszt et à György Cziffra qui fut son interprète incandescent. A la fin du concert, au moment des bis, Pascal Amoyel vous proposera peut-être une interprétation de la Rhap-

sodie Hongroise n°6 qui dans son mouvement central vous rappellera que Jacques Brel a emprunté un jour cette musique pour en faire ce tube planétaire hors du temps qu’est Ne me quitte pas. Le but des bis étant de retenir un artiste un peu plus longtemps sur scène, ce titre sera pleine-ment de circonstance !Le piano n’a pas été le seul medium de La musique religieuse de Liszt. En témoignent La Messe de Gran en 1856, Christus un oratorio en 1886, La légende de Sainte Elizabeth qui fera un triomphe à Paris au Trocadéro en 1886 devant 7000 spectateurs. Il fut moins heureux avec l’échec du seul opéra qu’il écrira à l’âge de 14 ans. En revanche sa musique sympho-nique atteindra les sommets avec la Faust symphonie, la Dante symphonie, les Préludes et ses trois Concertos pour piano et orchestre dont le second sera interprété par l’Orchestre National de Lille dirigé par Jean-Claude Casadesus avec en soliste Plamena Mangova le 22 juillet.

FRANZ LISZT, PHARE ET MODÈLE. Tout le monde est contre moi. Les catholiques car ils trouvent ma musique pro-fane, les protestants car ils trouvent ma musique catholique, les francs-maçons car ils sentent ma musique comme cléricale, les conservateurs car je suis un révolutionnaire, les «aveniristes» car je suis pour eux un jacobin, les italiens gari-baldiens me détestent comme cagot, les italiens vaticanistes m’accusent d’avoir transporté la grotte de Vénus dans l’église. Pour Bayreuth je ne suis pas un com-positeur mais un agent publicitaire. Les allemands répugnent à ma musique comme française, les français comme allemande. Pour les autrichiens je fais de la musique tzigane, pour les hongrois je fais de la musique étrangère. Quant aux juifs enfin ils me détestent, moi et ma musique, mais sans aucune raison ! Pour tous ceux qui essaient de composer de la musique et/ou de l’in-terpréter, pour tous ceux qui essaient de peindre, de sculpter, de photo-graphier, d’écrire, en un mot, de créer, Franz Liszt restera le modèle de celui qui, malgré la cacophonie du bruit de fond ambiant propre à chaque époque et à chacun, a réussi à suivre les chemins qu’il s’était assignés pour donner naissance à 1500 compositions ! Phare à contempler et modèle à suivre, à chacun selon ses capacités, dans les moments difficiles quand les jugements de goût, plus péremptoires les uns que les autres, vous assaillent de toute part. L’heure de Franz Liszt arriva avec le déclin du Wagnérisme. Si Wagner fut un beau coucher de soleil qu’on a pris pour une aurore, cette aurore fut Liszt, ce à quoi Franz Liszt avait répondu, par anticipation, à Claude Debussy : Je peux attendre !

COUP DESSAY... COUP DE MAÎTRE !■ 22 juillet au 11 août38ÈME FESTIVAL D’HARDELOT

Vendredi 22 juillet : Orchestre National de Lille - Jean-Claude CasadesusMilhaud – Liszt – Saint SaënsMardi 26 juillet : American Gospel ConnectionJeudi 4 août : Brigitte EngererLiszt : Harmonies poétiques et religieusesVendredi 5 août : Quatuor Rosamonde, Ravel, Dutilleux, De-bussyMardi 9 août : In taverna ou le triomphe de Bacchus. Ensemble Il festino : comédien, luth, soprano, viole de gambe.« Chansons à boire » de la Renaissance. Ce spectacle sera proposé sous la forme d’une soirée cabaret,à consommer avec modération!Jeudi 11 août : Pascal Amoyel. Le pianiste aux cinquante doigts.Spectacle musical d’après la vie de György Cziffra. Pour l’année Liszt, hommage à Cziffra qui a été accueilli par le festival il y a 35 ans... Dimanche 7 août : Nathalie Dessay et Michel Legrand.

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