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BACCALAURÉATS PROFESSIONNELS Le Feu Edition abrégée Henri Barbusse Livret pédagogique correspondant au livre élève n°66 établi par Virginie RUBIRA, professeur de lettres-histoire, en lycée professionnel

Le Feu - BIBLIO - HACHETTE · Le questionnaire propose de travailler sur l’argot des tranchées et les registres de langue à travers l’oral essentiellement

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BACCALAURÉATS PROFESSIONNELS

Le Feu Edition abrégée

Henri Barbusse

L i v r e t p é d a g o g i q u e

correspondant au livre élève n°66

établi par Virginie RUBIRA, professeur de lettres-histoire,

en lycée professionnel

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Sommaire –2

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Le Feu –3

S O M M A I R E

PARCOURS DE LECTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

REPONSES AUX QUESTIONS ET PISTES D ’ACTIVITES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Chapitre 2 ...................................................................................................................................... 7

Réponses aux questions .................................................................................................. 7

Activités complémentaires ............................................................................................... 9

Chapitre 4 ...................................................................................................................................... 9

Réponses aux questions .................................................................................................. 9

Activités complémentaires ............................................................................................. 11

Chapitre 5 .................................................................................................................................... 11

Réponses aux questions ................................................................................................ 11

Pistes d'activités complémentaires ................................................................................ 13

Chapitre 12 .................................................................................................................................. 17

Réponses aux questions ................................................................................................ 17

Pistes d'activités complémentaires ................................................................................ 14

Chapitre 13 .................................................................................................................................. 15

Réponses aux questions ................................................................................................ 15

Pistes d'activités complémentaires ................................................................................ 16

Chapitre 20 .................................................................................................................................. 17

Réponses aux questions ................................................................................................ 17

Pistes d'activités complémentaires ................................................................................ 18

Chapitre 22 .................................................................................................................................. 19

Réponses aux questions ................................................................................................ 19

Pistes d'activités complémentaires ................................................................................ 20

Chapitre 24 .................................................................................................................................. 22

Réponses aux questions ................................................................................................ 22

Pistes d'activités complémentaires ...................................... 2Erreur ! Signet non défini.

B IBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Tous droits de traduction, de représentation et d’adaptation réservés pour tous pays.

© Hachette Livre, 2014.

43, quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15.

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 4

P A R C O U R S D E L E C T U R E

Le travail proposé aux élèves à travers les questionnaires vise à l’élaboration d’un parcours de lecture

dans l’œuvre qui permettra d’aborder le discours de Barbusse sur la guerre et de rendre compte de la

spécificité de ce texte entre création littéraire et témoignage d’une expérience personnelle. L’auteur

exprime sa révolte face aux atrocités de la guerre sans jamais perdre sa foi en l’humanité. Il est le témoin

d’un événement historique qui propulse l’Homme dans le XXe siècle et la modernité.

L’étude du Feu peut ainsi s’inscrire dans la réflexion menée au cours de l’année de terminale de Bac

professionnel sur l’objet d’étude « Au XXe siècle, l’Homme et son rapport au monde dans la littérature et les

autres arts ». La question de la commémoration de la Grande Guerre et de la participation de chacun au

travail de construction de la mémoire collective est également mise en perspective dans les différentes

activités proposées.

La séquence présentée ici a pour objectif de mettre en cohérence les différents questionnaires et les

activités proposées afin d’articuler la lecture autonome des élèves et son exploitation en classe. Chacune

des séances est à la fois autonome et solidaire des autres. Ce dossier est, par conséquent, un outil

pédagogique modulable, pouvant être utilisé de manière parcellaire et ponctuelle ou globale.

Objet d’étude Au XXe siècle, l’Homme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres

arts

Interrogations En quoi le XXe siècle a-t-il modelé l’Homme moderne ?

Comment la lecture d’œuvres littéraires permet-elle de s’interroger sur le rapport de l’Homme au monde ?

Connaissances Champ littéraire :

période du XXe siècle ;

l’expression du doute ou de la révolte face à au monde moderne.

Champ linguistique :

lexique : nature/culture/société, individuel/collectif/singulier ;

lexique du comportement, du jugement et des valeurs ;

discours rapporté et citation ;

symbole, allégorie ;

modalisation du jugement, valeurs du « je ».

Capacités Repérer en quoi une situation ou des personnages de fiction peuvent représenter des questions humaines universelles.

Mettre en regard des essais, des œuvres littéraires et artistiques et les questions posées au moment de leur création sur le rapport de l’individu au monde.

Comprendre comment une œuvre met en tension les expériences individuelles et les questions collectives.

HDA « Arts, mémoires, témoignages, engagements », « Arts, sociétés, cultures ».

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Le Feu–5

SÉQUENCE : LE FEU, ENTRE TÉMOIGNAGE, FICTION ET PLAIDOYER POUR LA PAIX

En quoi Le Feu est-il plus qu’un simple hommage aux camarades de Barbusse ?

À l’image du livre, les entrées des séances sont thématiques, chacune analysant un point précis du

conflit : le poilu, la vie quotidienne, le front, etc.

Séance 1 : La figure du poilu (questionnaire p. 33)

Le chapitre 2 présente les personnages dans la tranchée, ce qui permet de s’interroger sur la figure de

poilu que construit le texte.

Le travail de repérage mené au fil du questionnaire 1 vise à percevoir la dimension humaniste des

descriptions et à revoir les éléments de caractérisation des personnages. Un terme qui nous semble

important est « camarades » qui peut servir de déclencheur de séance à partir de la dédicace. Ce mot

définit le rapport entretenu par le narrateur avec ses personnages, et à travers lui par l’auteur.

Pour permettre aux élèves d’appréhender cette valeur de témoignage du récit proposé par Barbusse, nous

proposerions un travail sur ses carnets de notes et les lettres à sa femme disponibles sur Gallica. La figure

du poilu se définit chez Barbusse entre réalité des camarades morts au combat et fiction de personnages

fictifs porteurs de représentations universelles.

Séance 2 : Une tragédie comique ? (questionnaire p. 44)

La dérision dans cet extrait rompt avec d’autres passages plus graves. Le questionnaire propose d’étudier

cette dimension comique. Le rire contre le désespoir, mais qui renforce la portée dramatique, voici le point

commun avec d’autres œuvres, notamment cinématographiques, qui peuvent être le support d’activités

complémentaires.

Séance 3 : Le repos du soldat (questionnaire p. 61)

Ce chapitre fait découvrir au lecteur un autre aspect de la guerre : l’organisation très hiérarchisée des

zones de repos des garnisons, où les soldats doivent faire preuve d’imagination et de ressource pour

améliorer leur condition. Pour autant, le narrateur montre une escouade heureuse de pouvoir flâner et

dîner entre amis. Les villageois, quant à eux, sont dépeints comme cupides et profiteurs.

L’extrait choisi permet d’appréhender ce que dénonce implicitement le narrateur, en travaillant sur les

oppositions stylistiques et sémantiques tout en découvrant des manières de vivre de l’époque. Le poilu est

présenté isolé des autres hommes, éloigné de sa famille d’où l’importance accordée au courrier dans le

travail proposé et les activités complémentaires.

Séance 4 : La fin d’une vie (questionnaire p. 89)

Ce chapitre montre, à travers le désespoir de Poterloo, l’anéantissement d’une vie. La guerre tue des

hommes mais détruit des lieux et chamboule des paysages. Les questions portent sur l’expression du

vide, de la disparition. Pour maîtriser le texte, les élèves peuvent, à travers un jeu de rôle, raconter les

souvenirs de Poterloo.

Se pose également la question de la mémoire et de sa transmission à laquelle Barbusse consacrera une

partie de sa vie, notamment avec l’ARAC. Le travail de mémoire fait donc l’objet du travail de recherche

proposé qui peut s’élargir comme nous le proposons en activité complémentaire.

Séance 5 : « Parce que c’est la vérité » (questionnaire p. 93)

Le questionnaire propose de travailler sur l’argot des tranchées et les registres de langue à travers l’oral

essentiellement. Le texte de Barbusse est important sur ce point, car il respecte la manière de parler des

soldats. C’est l’occasion pour les élèves de rechercher les termes employés et de travailler sur le lexique

de l’époque.

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 6

L’analyse de l’oralité du discours peut être l’occasion de proposer la lecture d’un extrait de Céline, Voyage

au bout de la nuit, œuvre très différente d’un autre artiste de la guerre.

Séance 6 : Au combat ! (questionnaire p. 169)

Ce chapitre présente l’assaut des soldats. L’étude porte sur la représentation de l’action à travers les choix

narratifs et stylistiques de focalisation, de rythme, etc. Le narrateur met en valeur l’attitude courageuse des

soldats. Pour autant, il les transforme en véritables bêtes à tuer. Ce choix vient conforter l’axe de lecture

de l’œuvre, un réquisitoire contre la guerre, et propose une réflexion sur la figure du héros.

Séance 7 : Deux mondes différents (questionnaire p. 180)

Le questionnaire a pour objectif de montrer les différences entre la vie des soldats et l’arrière, chaque

personnage représentant une communauté plus large, les poilus, les réformés, les profiteurs, etc.

Finalement, le front est représenté comme un monde à part, isolé, dont les civils ont une représentation

erronée. Les soldats sont incompris et seuls dans leur sacrifice.

Séance bilan : La fin ? (questionnaire p. 209)

Le titre du dernier chapitre semble une entrée intéressante dans l’analyse de ce passage car il invite déjà

à un renouveau, à l’espoir. Après l’étude sur la portée symbolique du déluge, les élèves peuvent faire le

bilan de la lecture et rassembler les différents éléments qui condamnent la guerre (courage et humilité des

soldats face à l’adversité, chaos et destruction totale, la guerre comme moteur des plus bas instincts,

absurdité d’un conflit dont les raisons ne sont jamais avancées, etc.). Il est également important de mettre

en avant ce qui fait de ce texte avant tout un récit de fiction centré sur l’expérience humaine du poilu.

TABLEAU RÉCAPITULATIF

QUEST. POINT CLÉ ÉCRIT ORAL

1 Expansions du nom

Les carnets de soldats

Rédaction d’un carnet

de notes

2 Le comique

Les connecteurs temporels

Transposition théâtrale Proposition de mise en

scène

3 Le courrier des poilus et la censure Rédaction d’une lettre

4 Témoignages et mémoire Recherches et

réalisation d’un corpus

documentaire

Présentation d’un

travail de recherche

5 Le réalisme au XXe siècle Lecture à voix haute

6 Le héros Rédaction d’un article

de presse

7 L’expression des émotions

La presse illustrée dans la Grande

Guerre

Rédaction d’une

argumentation

Présentation et analyse

d’une photo de presse

8 Le symbole

Les monuments aux morts

Rédaction d’un

plaidoyer

Présentation d’un

monument aux morts

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Le Feu–7

R E P O N S E S A U X Q U E S T I O N S

E T P I S T E S D ’ A C T I V I T E S

C h a p i t r e 2

Réponses aux questions

Dans la tranchée

1 L’objectif ici est de confronter les premières impressions et le premier niveau de compréhension.

Certains termes sont rejetés ou gardés de manière évidente. D’autres peuvent susciter des discussions en

fonction de l’extrait pris ou de l’interprétation. À rayer : « intimité », « calme ». À discuter : « repos »,

« solidarité ».

2 ERREUR DANS LE LIVRE ÉLÈVE : la question porte sur les lignes 65 à 193.

Relevés possibles :

La nourriture : « un camembert, il se frictionne le ventre ».

L’ennemi : « les Boches, ils ».

La santé : « il tousse, la crève, il renifle ».

Le sommeil : « j’ai presque point roupillé, travaux de nuit, j’ai mal dormi j’ai été réveillé ».

La propreté : « il se gratte, par l’odeur, j’en ai tué trente, on les voit courir, senteur épaisse, les gos, t’es

dégueulasse, en m’emboucanant ».

3 Le relevé permet de confirmer les premières impressions et d’éclairer certains points d’incompréhension,

notamment sur le vocabulaire employé.

À travers cette scène de vie quotidienne qu’est le réveil, le narrateur rend compte des conditions d’hygiène

et de vie très difficiles. Les soldats sont représentés comme des hommes qui souffrent mais liés par un

esprit de camaraderie.

4 Le narrateur est présent à travers les pronoms personnels « je » et « moi ». La remarque du narrateur

insérée au milieu du dialogue (« Je connais cela. ») montre que ce récit à la 1re

personne est inspiré d’une

expérience personnelle vécue.

À la rencontre des soldats

5 ERREUR DANS LE LIVRE ÉLÈVE : la question porte sur les lignes 65 à 193.

Indications sur le physique État psychologique

Volpatte « figure jaune, iodée, peinte de

plaques noirâtres, le nez cassé, les

yeux bridés, chinois, et encadrés

de rose, une petite moustache

rêche et humide » (l. 69-71)

« grommelle-t-il » (l. 81)

Lamuse « le gros Lamuse, l’homme-bœuf »

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 8

(l. 88)

Blaire « ses petits yeux » (l. 117)

« Au-dessus du trou de sa bouche

édentée, sa moustache formait un

gros paquet jaunâtre. » (l. 118-119)

« Blaire se fâcha. Ses sourcils se froncèrent »

(l. 130)

« s’en offusqua » (l. 152)

Barque Plaisante volontiers : « Ben, mon pauv’ vieux,

ça doit salement t’ changer » (l. 126), « T’as

tout du cuistancier, dit Barque. Tu devrais

l’être. » (l. 150)

Tirloir « sa mince tête, pâle comme le

chlore » (l. 164-165)

« Puis, tout d’un coup, il est pris d’une crise

de rage ; sa face se chiffonne, furibonde, ses

petits poings se serrent, se serrent, comme

des nœuds de ficelle. Il les brandit. » (l. 178-

180)

Le relevé présenté est large mais l’objectif est de travailler sur la caractérisation des personnages à partir

des éléments trouvés par les élèves.

6

Adjectifs ou participes employés

comme adjectifs

Compléments du nom

« emballées (dans des chiffons) »

maintenues (par des spirales de

ficelles)

« (guêtres) fauves »

« (mollets) blancs »

« belles (bottes) quasi neuves »

« (des bandes) de pansement »

« (des bottes) de fantassin

allemand »

« avec leurs fers à cheval »

La description des jambes forme un tableau bariolé, avec des vêtements bigarrés, bricolés ce qui nous

laisse percevoir la pauvreté mais également l’ingénuité des soldats, ce qui les rend émouvants.

7 Cette phrase est illustrée par l’étude menée sur la description des soldats. Chacun a son caractère, sa

manière de parler. Chacun se débrouille pour survivre ou pour améliorer son confort dans la tranchée.

Pourtant, tous appartiennent à une escouade représentée comme un groupe soudé. Ils viennent d’un

milieu modeste. Mais ce qui les rassemble avant tout c’est qu’ils sont poilus dans les tranchées et tous

renvoient la même image.

Cette réflexion du narrateur intervient à la ligne 391, après une présentation sociale et professionnelle de

chacun. Son propos a donc aussi une dimension politique.

La vie au front

8 Cet exercice impose un changement de la situation d’énonciation dans laquelle le destinataire n’existe

pas vraiment. L’intimité du carnet implique des pensées et des confessions plus personnelles, tout en

évacuant la contrainte d’expliquer et de présenter pour le lecteur les personnages et les faits.

Il serait vain de proposer un corrigé modélisant de cette activité d’écriture qui peut avoir une forme très

libre. Cependant, nous pouvons établir que la réussite de l’exercice dépend du respect des critères

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Le Feu–9

suivants : indication de date, énonciation à la 1re

personne du singulier, forme peu contrainte allant du

paragraphe rédigé à la seule liste d’impressions et de faits.

Le texte doit comporter des pensées et des réflexions personnelles en plus des faits parmi lesquels les

suivants nous semblent importants pour rendre compte correctement de l’extrait.

Premier moment : réveil des hommes :

présence du narrateur, de Volpatte, Frimin, Lamuse, Biquet, Tirette, Blaire, Barque, Bertrand,

Marthereau, Tirloir, Pépin ;

discussions anodines de chacun sur leur nuit, les poux, les bombardements ;

plaisanteries des uns et des autres, notamment sur les dents de Blaire et sa saleté ;

Tirloir est en colère car quelqu’un lui a pris son sac ;

Deuxième moment : dans la tranchée :

activités de sape, le soir, et attente, la journée ;

réflexion sur ses camarades et leur allure.

Activités complémentaires 1 TUIC : La BNF propose une exposition virtuelle sur les carnets de Louis Barthas, un artisan de l’Aude qui

passa quatre ans au front :http://expositions.bnf.fr/guerre14/bonfort/index.htm

Les élèves peuvent visiter l’exposition et en rendre compte sous forme d’une émission de radio, dans

laquelle ils présenteraient l’exposition et liraient des extraits.

2 La rencontre avec le soldat dans Le Feu peut être complétée par celles proposées dans deux bandes

dessinées aux choix narratifs différents. Nous proposons deux documents à étudier et à comparer avec le

texte de Barbusse pour éclairer les enjeux de chacun.

Extrait 1 : J. Tardi, 1914-1918, c’était la guerre des tranchées, Casterman, éd. 1993 – pp.11-12

Extrait 2 : P. Mills et J. Colquhoun, La Grande Guerre de Charlie (volume 1), Delirium, éd. 2012, pp.11-12

Questions : Comment découvrons-nous les poilus dans chacun des extraits ? Comparez avec Le Feu.

C h a p i t r e 4

Réponses aux questions

Un récit « comique »

1 Faux, Volpatte est blessé par un tir d’obus (l. 113-116) ;

Vrai, Volpatte et Fouillade partent avec le 5e Bataillon (l. 4-5) ;

Faux, les deux soldats sont restés dans un trou d’obus à surveiller et à tirer (l. 63-72) ;

Faux, les deux hommes sont restés quatre jours et quatre nuits (l. 60-62) ;

Vrai (l. 82-87) ;

Faux, Volpatte et Fouillade ont capturé deux allemands et les ont remis au 204e régiment (l.106-107).

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 10

2 Au-delà du contexte tragique, la situation des deux soldats oubliés est grotesque. Cet effet « comique »

est renforcé par la manière de raconter très vivante des deux personnages qui dressent un récit rythmé de

leur mésaventure, rendu notamment par les accumulations. Les répétitions (« oubelié ») et la succession

d’incohérences renforcent l’aspect caricatural, conforté par le rendu phonétique du langage de Volpatte.

3 Relevé possible :

le comique de situation des soldats oubliés qui continuent à tirer (l.68-72) ;

les attitudes et les gestes des personnages : Volpatte qui n’entend pas et Farfadet qui hurle (l. 43-51)

la manière de parler : « Eh bien oui, on est resté là, dit Fouillade, bagasse, nom de Dieu, macarelle ! Tu

t’ figures pas qu’on s’ serait envolé avec des ailes, et encore moins qu’on s’rait parti sur ses pattes, sans

ordre ? » (l. 52-54) ;

la manière caricaturale de raconter l’épisode jouant sur une accumulation de faits les rendant absurdes

(l. 65-73).

Le duo Fouillade et Volpatte tient du burlesque dans l’attitude, la manière d’agir et de parler.

4 et 5 Ces questions ont pour objectif de faire travailler les élèves sur la manière de parler qui renforce le

comique, au-delà du registre familier.

Une proposition de corrigé pour la réécriture :

« Il n’y a pas d’erreur, on va m’attacher une étiquette rouge à la capote et m’emmener vers l’arrière. Alors,

je serai conduit par un homme poli qui me dira : “C’est par ici, puis tu dois tourner par là… Voilà !... mon

pauvre ami.” Ensuite, je partirai dans l’ambulance, puis dans le train sanitaire, où je serai dorloté par les

infirmières de la Croix-Rouge tout le long du chemin comme le fut Crapelet Jules, avant d’arriver à l’hôpital

de l’intérieur. Il y aura des lits avec des draps blancs, un poêle qui ronfle au milieu des hommes, des

personnes pour s’occuper de nous, tandis qu’on les regardera faire, des savates réglementaires, et une

table de nuit : un meuble ! »

6 « La bonne blessure » pour Volpatte est celle qui éloigne du front sans estropier à vie le soldat. Cette

remarque replace la scène dans la réalité tragique et difficile que vivent les soldats qui n’ont pas de

moyens de quitter le front. La dérision des soldats est le moyen pour eux de s’évader de l’horreur dans

laquelle ils sont plongés et de leur peur.

Dans la peau des personnages

7 La réussite de l’exercice passe par la distinction des répliques et des didascalies, le respect des paroles

prononcées et des gestes, la cohérence des personnages avec le récit, la reprise de la dimension

comique.

Une proposition de transposition :

Le narrateur (N) et Farfadet marchent quand Volpatte et Fouillade arrivent avec leur fusil et leur

paquetage. Volpatte a la tête emmaillotée.

N – Ce sont eux ! Il y en a un blessé ! C’est Volpatte !

N et Farfadet courent vers leurs camarades.

VOLPATTE (criant) – Il n’est qu’temps !

N – Tu es blessé ?

VOLPATTE – Quoi ?

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Le Feu–11

N (en hurlant à l’oreille de Volpatte) – Tu es blessé ?

VOLPATTE – C’est rien d’ça… On r’vient du trou où le 5e Bataillon nous a mis jeudi.

FARFADET (hurlant aussi à l’oreille de Volpatte) – Vous êtes restés là, depuis ?

FOUILLADE – Eh bien oui, on est resté là, bagasse, nom de Dieu, macarelle ! Tu t’figures pas qu’on s’rait

envolé avec des ailes, et encore moins qu’on s’rait parti sur ses pattes, sans ordre ?

Volpatte et Farfadet se laissent tomber par terre.

N – On vous a oubliés, pauvres vieux !

FOUILLADE (s’exclamant) – Un peu qu’on nous a oubliés ! Quatre jours et quatre nuits dans un trou d’obus

sur qui les balles pleuvaient d’travers, et qui, en plus, sentait la merde !

VOLPATTE (mimant chacune de ses paroles et hurlant) – Tu parles. C’était pas un trou d’écoute ordinaire

où qu’on va t’et vient en service régulier. C’était un trou d’obus qui r’ssemblait à un aut’ trou d’obus, ni plus

ni moins. On nous avait dit jeudi : « Postez-vous là, et tirez sans arrêt », qu’on nous avait dit. Y a bien eu l’

lendemain un type de liaison du 5e Bataillon qu’est v’nu montrer son naz : « Qu’est-ce que vous foutez là »

« Ben, nous tirons ; on nous a dit d’ tirer ; on tire, qu’on a dit. Puisqu’on nous l’a dit, y doit y avoir une

raison d’ssous ; nous attendons qu’on nous dise de faire aut’ chose que d’ tirer. » Le type s’est pisté ; il

avait l’air pas rassuré et s’en r’ssentait pas pour la marmitée. « C’est 22 », qu’i disait.

8 La mise en scène ne demande pas forcément beaucoup de moyens : sacs à dos de cours, grande règle

pour les fusils, une écharpe autour de la tête de celui qui joue Volpatte.

Il peut être intéressant pour les élèves de travailler des postures et des grimaces qui peuvent être

comiques avant d’introduire le texte. Une préparation vocale (diction, volume, etc.) sur le texte mettra les

élèves dans de bonnes conditions pour réussir la représentation.

Activités complémentaires 1 HDA : Les gueules cassées

L’étude d’œuvres picturales sur les traumatismes physiques de la guerre permet de mettre en perspective

et de compléter la scène de Barbusse. Nous proposons un travail comparatif d’une œuvre d’Otto Dix, qui

fut au front, et de René Apallec, plasticien actuel qui rend hommage aux gueules cassées dans des

collages récents.

Le travail mené peut être une analyse de deux tableaux replacés dans leur contexte historique.

Tableau 1 : Otto Dix, « Invalides de guerre jouant aux cartes », 1920, huile sur toile, collages, Nouvelle

galerie nationale, Berlin.

Tableau 2 : exposition en ligne de René Apallec : http://www.reneapallec.com/sujet/gueules-cassees/

2 Pour approfondir la réflexion sur la dérision face au tragique, nous proposerions l’analyse d’une

séquence de Charlot soldat de Charlie Chaplin, comme celle de la lecture du courrier dans la tranchée par

exemple. Les élèves peuvent analyser le comique lié notamment à l’attitude et aux expressions de Charlot

pour préparer leur interprétation théâtrale.

C h a p i t r e 5

Réponses aux questions

Un monde de contrastes

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 12

1 Relevé possible : « crépuscule de cave » (l. 330-331) ; « le bruit des conversations » (l. 345-346), « la

joie de le savourer » (l. 347-348), « une lueur filtre par le soupirail » (l. 348) ; « une aube poussiéreuse » (l.

349).

2

Festin Lieu

« rêves succulents » (l. 321)

« repas de noces » (l. 322)

« Le repas est abondant et de fine qualité » (l. 345)

« des bouteilles qui se vident » (l. 346)

« des mâchoires qui s’emplissent » (l. 347)

« cube noir » (l. 324)

« crépuscule de cave » (l. 330-331)

« mur mou et sale » (l. 332-333)

« sol raboteux » (l. 337)

« la poussière et les toiles d’araignées » (l. 337-

338)

« soupirail » (l. 348)

3 Le repas est décrit comme un festin de noces où la nourriture est abondante et de fine qualité. À

l’inverse, le lieu est sale et sombre. Uniquement éclairée par un soupirail, la cave est remplie de

poussière et de toiles d’araignées.

4 Le titre donné peut faire ressortir ce contraste ainsi que l’émotion provoquée par ces soldats heureux

dans ce dénuement et cette misère. Quelques idées : « Entre amis », « Petit rêve festif », « Succulente

illusion »…

Qui s’intéresse à quoi ?

5 Cet extrait montre les étalages de marchandises que les villageois vendent aux soldats de passage.

L’accumulation de produits et la structure de la dernière phrase miment l’abondance et l’enrichissement.

Cette scène contraste fortement avec le bonheur des soldats devant leur maigre festin dans une cave

sombre. Leur humilité et leur camaraderie s’oppose à la vénalité des villageois qui tirent profit de la guerre.

Donner des nouvelles à l’arrière

6 La réussite de l’exercice passe ici par le respect de la forme épistolaire privée et la compréhension de la

situation d’énonciation. Le soldat peut apporter des réflexions sur ce qu’il voit dans le village, mais le plus

crédible est qu’il veuille rassurer avant tout sa famille. Pour accompagner les élèves dans la réalisation de

cet exercice, il peut être intéressant de leur proposer deux ou trois exemples de lettres de poilus. Les

élèves pourraient ainsi se familiariser avec les formules de l’époque et l’état d’esprit des soldats.

Une proposition :

Mardi 18 septembre 1915

Ma chère mère,

Merci pour ta bonne lettre que je viens de recevoir. Nous sommes à l’arrière dans le campement de

Gauchin-l’Abbé. Aussi ne t’inquiète pas trop pour moi. Avec les camarades, on a un bon endroit pour

dormir et le village est calme. On a pu faire un peu la fête et se détendre. Ne plus avoir de bruits d’obus et

pouvoir profiter d’un peu de soleil et de verdure est un vrai bonheur. Je me sens bien ici et après avoir été

si peu de chose au fond de notre tranchée, ça fait du bien d’être de retour parmi les vivants. J’ai enfin pu

me laver correctement car, pour ça, c’est vrai que dans la tranchée c’est dur. Le pire, c’est les poux. Mais

je prends soin de moi comme tu me l’as appris. Je ne perds pas le moral. Pour ça, les camarades m’aident

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Le Feu–13

bien. C’est des chics types, tu sais, que des gars simples comme nous. Notre maison me manque tout de

même. Je pense souvent à cette potée que tu nous sers les soirs d’hiver à notre retour des champs.

J’espère que tout va bien à la ferme et que vous vous en sortez mes sœurs et toi. Je vous embrasse mille

fois. J’espère bientôt avoir une permission pour venir vous voir. Je pense à vous souvent.

Ton fils qui te chérit.

Biquet

Activités complémentaires 1 TUIC : Une intéressante collection de cartes postales sur la vie des soldats au front est présentée sur le

site du Centenaire de la Grande Guerre : http://centenaire.org/fr/tresors-darchives/carte-postale/la-vie-au-

front-travers-les-cartes-postales

Les élèves peuvent y choisir une carte postale pour la présenter à l’oral à leurs camarades en la

comparant à la représentation donnée par le récit.

2 Pour prolonger le travail sur la correspondance de guerre et ce qu’elle nous apprend sur l’état d’esprit et

la vie des soldats, nous pouvons proposer une lecture collective de lettres de poilus. Chaque élève peut

choisir une lettre et en proposer une lecture à voix haute. (Support : Paroles de poilus, Librio, 1998.)

C h a p i t r e 1 2

Réponses aux questions

La disparition

1 L’indice qui permet à Poterloo de retrouver l’emplacement de sa maison est « la trace d’une barre de fer

du soupirail » (l. 232-233).

2 Souchez a disparu sous les bombardements. Il ne reste que le spectre de la ville. Poterloo ne trouve

que les restes de la place où il y avait la croix et l’endroit du Cabaret rouge est vide. De sa maison, il ne

reste que la trace d’un soupirail. Cette disparition l’anéantit.

La destruction

3 a) Le terrain : vague, sale, marécageux, rempli d’ordures

couche uniforme : d’ordures et de débris, déversés « pendant des années », « parmi laquelle on plonge ».

Le terrain est ainsi présenté comme une décharge marécageuse envahie par les décombres de la ville

détruite, réduite en une couche uniforme de gravats et de débris. Le narrateur file la métaphore du

marécage dans lequel la ville déverse ses déchets et plongent les personnages. Cette image construit

alors l’idée d’un flot intarissable qui vide la ville déjà exsangue.

b) L’impression de chaos est notamment donnée par les accumulations et la complexité de la phrase

(coordination, parataxe…) qui reprend l’amoncellement de détritus (« ses décombres, ses gravats, ses

matériaux de démolition et ses vieux ustensiles »).

4 Poterloo vit un véritable deuil car sa maison et sa ville n’existent plus. C’est toute sa vie qui est morte

(souvenirs, habitudes, racines, etc.).

5

Paroles Attitudes

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 14

– « C’est pas ordinaire ça, hein ? » (l.

239)

– les phrases inachevées : « tu peux

pas, tu peux pas… » l. 201

– les répétitions : « tu peux pas te

figurer » l. 201 et 211 ; « combien de

fois » l. 206 et 207 ; « Mais ça, alors

ça !... » l. 212.

– « Poterloo est comme un

somnambule. » l. 185

– « Il regarde éperdument, partout. »

l. 185-186

– « Il cherche à l’infini » l. 186

– « des yeux de suppliant » l. 196

– « Il bafouille » (l. 198)

– « Il fait un geste circulaire pour me

montrer » (l. 213)

– « Il se tord les mains. » (l. 223)

– « il rit nerveusement » (l. 238)

L’émotion est perceptible dans la ponctuation (points de suspension, exclamation), ainsi que dans

l’accumulation des gestes qui montre le désarroi du personnage, ou encore dans les répétitions.

« Il regarde, regarde éperdument, partout ; il cherche à l’infini parmi ces choses éventrées, disparues,

parmi ce vide, il cherche jusqu’à l’horizon brumeux. » (l. 185-188)

« Après plusieurs va-et-vient, il s’arrête à un endroit, se recule un peu. » (l. 229-230)

« Il renifle, pense, hochant lentement la tête sans pouvoir s’arrêter. » (l. 234-235)

Entre fiction et réalité

6 Souchez est un cas intéressant car il s’agit d’une commune particulièrement touchée pendant la guerre

lors des batailles d’Artois où elle fut le théâtre d’affrontements importants entre les Allemands et les

Français. Elle fut pour cela citée à l’ordre de la Nation en 1920 et reçut la Croix de Guerre en 1924. Des

descriptions laissent penser que celle écrite par Barbusse est assez réaliste. Il reste aujourd’hui trois

cimetières, dont un britannique et un canadien. Située à proximité de la colline de Lorette, la commune est

un lieu de mémoire important avec les cimetières, la basilique Notre-Dame de Lorette, l’ossuaire et le

Mémorial international de Notre-Dame de Lorette inauguré le 11 novembre 2014.

Quelques sites :

http://www.mairie-souchez.fr/

http://www.cheminsdememoire-nordpasdecalais.fr/

7 Pour une présentation fluide et dynamique, les élèves pourront limiter le contenu du diaporama à la

collecte organisée des différents documents trouvés (audio, vidéo, textuels ou iconographiques). Ils

devraient ainsi pouvoir éviter une lecture fastidieuse et redondante de commentaires écrits dans les

diapositives.

Activité complémentaire TUIC : Les lieux de mémoire

Pour approfondir la réflexion sur la construction du travail de mémoire et la connaissance des lieux du

conflit, les élèves seront invités à trouver un lieu de mémoire, ou mémorial, centre d’interprétation,

monument, etc. et le présenteront à leur camarades. La chronologie des pages 11 et 12 du Bibliolycée

peut être un élément de conclusion du travail.

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Le Feu–15

Le site du ministère de la Défense est une ressource intéressante : http://www.defense.gouv.fr/site-

memoire-et-patrimoine

C h a p i t r e 1 3

Réponses aux questions

Qu’est-ce qu’il dit ?

1 « l’ouvrir » : parler

« des types de ton bord » : des hommes de ta condition ; « t’es un cochon » : tu n’as pas d’éducation.

« T’auras de la peine » : Tu ne pourras pas le faire…

2

1re

phrase 2e phrase

Apocope ;

registre familier : vocabulaire (« des types »),

syntaxe.

Registre courant

3 Le narrateur représente Barbusse, un homme lettré, alors que la plupart des soldats sont de milieux

modestes et n’ont eu accès qu’à l’éducation primaire. De plus, l’auteur cherche à retranscrire dans son

texte les véritables manières de parler des soldats. Il n’hésite pas à utiliser l’argot des tranchées dans un

souci de véracité, comme le dit le personnage.

« Comme ils parlent »

4 Il y a quelque chose que je voudrais te demander. Voilà, si tu fais parler les soldats dans ton livre, est-ce

que tu les feras s’exprimer à leur façon ; ou est-ce que tu arrangeras, l’air de rien, leur expression ? Je dis

cela par rapport aux vulgarités qu’on dit.

5 Barbusse choisit de garder l’authenticité du parler des tranchées avec les accents, les régionalismes,

l’argot pour rester au plus proche de la réalité qu’il a connue. Il donne ainsi à entendre l’argot des poilus et

la variété des expressions au lecteur. L’auteur nous montre ainsi de « vrais gens ».

6 La réflexion du personnage Barque est lucide et montre combien les livres sont perçus comme le lieu

d’une certaine expression soutenue et académique. Un livre rempli de vulgarité et d’argot ne répond donc

pas aux canons littéraires de l’époque.

7 La question invite à réfléchir à la présence de l’auteur à travers son narrateur. Les projets sont ici

identiques. L’écriture du Feu devient tant un engagement idéologique qu’un engagement littéraire.

Paroles de poilus

8 Pour faciliter le travail de lecture et aider les élèves à échauffer leur voix, nous proposerions des

exercices collectifs de variation de volume, de rythme ou de diction à partir du texte. Si les élèves sont à

l’aise, une lecture chorale peut s’avérer gratifiante.

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 16

Activités complémentaires 1 TUIC : Les élèves peuvent confectionner un glossaire de l’argot des tranchées. Des sites peuvent aider

notamment celui du Collectif de Recherche et de Débat International sur la guerre de 1914-1918 :

http://www.crid1418.org/espace_pedagogique/lexique/lexique_ini.htm

2 Le travail sur l’oralité peut être approfondi par une étude comparative du langage utilisé dans Voyage au

bout de la nuit de Céline. Dès l’incipit le « style émotif parlé » de Céline est perceptible. Les élèves

peuvent identifier les caractéristiques de cette langue parlée par le narrateur et la confronter à celle des

soldats chez Barbusse.

Les propos de Bardamu sont outranciers et provocateurs, caractérisés par les accumulations. Il emploie

des termes argotiques et des expressions populaires comme « couillons », « que j’ai répondu », « mais

voilà t’y pas »… Nous retrouvons également une syntaxe disloquée.

Pour autant, l’enjeu de cette oralité s’éloigne de celui de Barbusse. Un effet de réel existe bien dans cette

manière de parler mais l’auteur a un objectif esthétique, il ne se présente pas comme le témoin de

l’expression des hommes dans les tranchées.

Questions : Relevez les caractéristiques orales de la manière de parler de Bardamu/narrateur. Pensez-

vous que l’effet recherché est le même que Barbusse ?

« Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur,

un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy. C’était après le

déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. “Restons pas dehors ! qu’il me dit. Rentrons !” Je rentre avec lui.

Voilà. “Cette terrasse, qu’il commence, c’est pour les œufs à la coque ! Viens par ici !” Alors, on remarque

encore qu’il n’y avait personne dans les rues, à cause de la chaleur ; pas de voitures, rien. Quand il fait

très froid, non plus, il n’y a personne dans les rues ; c’est lui, même que je m’en souviens, qui m’avait dit à

ce propos : “Les gens de Paris ont l’air toujours d’être occupés, mais en fait, ils se promènent du matin au

soir ; la preuve, c’est que lorsqu’il ne fait pas bon à se promener, trop froid ou trop chaud, on ne les voit

plus ; ils sont tous dedans à prendre des cafés-crème et des bocks. C’est ainsi ! Siècle de vitesse ! qu’ils

disent. Où ça ? Grands changements ! qu’ils racontent. Comment ça ? Rien n’est changé en vérité. Ils

continuent à s’admirer et c’est tout. Et ça n’est pas nouveau non plus. Des mots, et encore pas beaucoup,

même parmi les mots, qui sont changés ! Deux ou trois par-ci, par-là, des petits...” Bien fiers alors d’avoir

fait sonner ces vérités utiles, on est demeuré là assis, ravis, à regarder les dames du café.

Après, la conversation est revenue sur le Président Poincaré qui s’en allait inaugurer, justement ce matin-

là, une exposition de petits chiens ; et puis, de fil en aiguille, sur Le Temps où c’était écrit. “Tiens, voilà un

maître journal, Le Temps !” qu’il me taquine Arthur Ganate, à ce propos. “Y en a pas deux comme lui pour

défendre la race française !

— Elle en a bien besoin la race française, vu qu’elle n’existe pas !” que j’ai répondu moi pour montrer que

j’étais documenté, et du tac au tac.

— Si donc ! qu’il y en a une ! Et une belle de race ! qu’il insistait lui, et même que c’est la plus belle race

du monde, et bien cocu qui s’en dédit ! Et puis, le voilà parti à m’engueuler. J’ai tenu ferme bien entendu.

— C’est pas vrai ! La race, ce que t’appelles comme ça, c’est seulement ce grand ramassis de miteux

dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les

tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause

de la mer. C’est ça la France et puis c’est ça les Français.

— Bardamu, qu’il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n’en dis pas de

mal !...

— T’as raison, Arthur, pour ça t’as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours,

ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni

d’opinions, ou bien si tard, que ça n’en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres !

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Le Feu–17

Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons

du Roi Misère. C’est lui qui nous possède ! Quand on n’est pas sages, il serre... On a ses doigts autour du

cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger... Pour des riens, il

vous étrangle... C’est pas une vie...

— Il y a l’amour, Bardamu !

— Arthur, l’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches et j’ai ma dignité moi ! que je lui réponds. »

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932.

C h a p i t r e 2 0

Réponses aux questions

Qui fait quoi ?

1 Le narrateur raconte l’assaut qu’il vit en tant que soldat. Le choix du point de vue interne plonge le

lecteur au cœur de l’action.

2

Soldat Action

Bertrand Il se penche sur un blessé puis continue l’assaut. (l. 290-291)

Il donne un coup de pied dans une grenade pour la renvoyer. (l.

366-368)

Volpatte Il continue sa course malgré Farfadet qui s’accroche à lui. (l.

316-318)

Pépin Il saute dans la tranchée. (l. 373)

Ces hommes sont montrés en pleine action. Ils semblent agiles, invincibles et courageux, préoccupés

seulement par leur assaut, tels de véritables héros guerriers.

Dans l’action

3 La parataxe construit un rythme coupé, haletant. Ainsi, les actions se succèdent (« nous regardons, nous

marchons, nous courons »), les paroles se mêlent aux gestes, rendant le rythme effréné de l’action. Le

rythme ternaire, récurrent dans cet extrait, construit l’impression d’une multitude d’actions simultanées qui

démultiplie l’espace et le temps. Ainsi, les chutes sont à la fois « retardées, révoltées, gesticulantes », les

exclamations « sourdes, rageuses, désespérées » et les hommes regardent, marchent et courent en

même temps.

4

Champs lexicaux Métaphores

Le trou : « s’y enfonce, est entré, le creux,

descendre, nous glissons, nous tombons » ;

Les mouvements : « s’est précipité, s’y enfonce,

est entré, bondit, s’y coule, se baissant,

s’accroupissant, on se secoue, nous glissons, nous

« Pépin s’y coule. » (l. 373) ;

« Une rangée de démons noirs » (l. 374) ;

« Des rugissements » (l. 381) ;

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 18

roulons, nous tombons » ;

L’Enfer : « un cadavre, démons noirs, flammes,

diaboliquement ».

« Le ventre de la tranchée » (l. 383).

Les soldats se transforment en démons sautant dans la bouche de l’Enfer. Leurs gestes, leurs cris ne

semblent plus humains.

5 Cette description des soldats contraste avec les précédentes : des camarades qui attendaient dans les

tranchées, plaisantaient ou mangeaient joyeusement dans une cave. Le narrateur nous montre ici

combien l’assaut, la guerre rend sauvage et transforme, sollicitant les plus bas instincts. Les soldats sont

devenus dans le feu des bêtes à tuer car ils n’ont pas le choix. Par analogie, le feu c’est la guerre, c’est

l’Enfer.

Les héros

6 Les hommes sont présentés de manière héroïque, comme des guerriers courageux qui se sacrifient pour

une cause.

7 La réussite de l’exercice repose sur le respect des codes formels d’un article de presse qui peuvent être

rappelés (nous renvoyons ici l’élève à ses acquis de Seconde), sur la restitution fidèle des faits évoqués,

l’utilisation d’une tonalité exaltée et élogieuse et une alternance de faits et de commentaires qui sera

laissée à la libre interprétation de l’élève. Une partie narrative s’impose si l’élève veut pouvoir faire rentrer

le lecteur dans l’action.

Voici la trame d’une proposition d’article qui peut aider les élèves à mieux comprendre les attentes ou

servir de support pour un travail de correction :

Une offensive victorieuse !

Hier, dans la matinée, nos soldats ont bravement conquis les tranchées ennemies, dans une offensive qui

n’aura vu faillir le courage d’aucun des hommes.

La 22e Compagnie, sous les ordres du caporal Bertrand, a su mener une charge victorieuse sur les lignes

ennemies. Au signal, le bataillon s’est élancé sur un terrain glissant et miné. Au milieu des balles et dans

le bruit terrible des détonations, les hommes ont avancé sans se retourner. Le caporal Bertrand… [Une

partie à développer sur les actes des différents personnages].

Finalement, les lignes allemandes ont été conquises… [Une dernière partie aux élans patriotiques qui

rappelle le bilan : la victoire et les hommes morts dans la bataille].

Nos pensées vont aux familles des héros tombés sur le champ d’honneur.

De notre correspondant.

Activités complémentaires 1 TUIC : La BNF propose des documents visuels construisant une représentation héroïque du poilu :

http://expositions.bnf.fr/guerre14/pedago/01.htm

Chaque élève peut proposer l’analyse d’une image à ses camarades pour confronter les discours portés

par les documents. Une deuxième exposition sur les Héros permet de mettre en perspective ce qu’apporte

la guerre à cette figure : http://classes.bnf.fr/heros/arret/03_3.htm

2 L’analyse d’une scène d’action en bande dessinée peut compléter l’étude stylistique de l’écriture d’une

même scène dans le roman.

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Le Feu–19

Question : Les auteurs de la bande dessinée cherchent-ils à placer le lecteur dans l’action ? Comment

sont construits le rythme et la violence de l’action dans ces deux planches ?

Support proposé : P. Mills et J. Colquhoun, La Grande Guerre de Charlie (volume 1), Delirium, édition

2012, pp. 48-49

C h a p i t r e 2 2

Réponses aux questions

La rencontre

1 Les éléments luxueux du décor : « un chemin de sparterie » (l. 108), « du parquet » (l. 108), des

peintures aux murs et au plafond (l. 109-111), « fontaine en émail décorée » (l. 120-121), marbre sur les

tables (l. 139-140).

2 Le café est beau et raffiné aux yeux des soldats avec son parquet, son chemin de sparterie, ses

peintures aux murs et au plafond. Ce charme contraste avec leur quotidien dans les tranchées. Ils n’ont

plus l’habitude. Même se laver les mains à la fontaine émaillée est surprenant. Leur hésitation vient du

sentiment d’être étranger et de ne plus savoir comment se comporter dans ce type d’endroit.

3

Émotion ressentie Paroles ou attitudes des

soldats qui traduit cette

émotion

Émotion provoquée par…

Fierté « Se rengorgent » (l. 136-137) Des civils les observent et

parlent avec eux.

Honte – « rougit » (l. 152)

– « baisse la tête » (l. 153)

« son mensonge » (l. 154)

– « Non, après tout on n’est pas

malheureux. » (l. 155)

Le journal illustré qui montre le

front et leur misère.

Stupéfaction – « des yeux ronds » (l. 183-184)

– « d’une voix humble et

assommée » (l. 185)

L’homme qui leur dit : « Chacun

son métier »

(l. 186).

Colère – « Une sorte de

mécontentement » (l. 189-190)

– « grogne enfin Tirette avec une

rancune » (l. 194)

– « répond brutalement Paradis »

(l. 196-197)

– « Si j’ les r’vois, s’irrite-t-il

crescendo, j’ saurai bien leur

dire ! » (l. 200-201)

La situation à l’arrière et le

bonheur des gens.

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 20

La guerre vue de l’arrière

4 Le pronom « nous » désigne les hommes qui ne sont pas au front, les réformés. Il s’oppose clairement

au pronom « vous ». L’opposition est renforcée par la comparaison.

5 Malgré les photos du journal, la dame a une vision stéréotypée et romantique du front. Les hommes

chargent et meurent en souriant au son des clairons et des cris d’exaltation.

6 Volpatte ment car il a honte. La représentation qu’a la dame est plus flatteuse que la réalité.

L’incompréhension

7 La consigne n’impose pas de forme précise à l’argumentation mais peut être adaptée par l’enseignant

en fonction des objectifs. Il est fort probable que les élèves optent pour une diatribe enflammée de Tirette

face à cet exempté. Dans ce cas les critères de réussite sont : la cohérence énonciative et l’expression de

la colère, la validité et la richesse des arguments, l’emploi d’exemples extraits de l’œuvre étudiée, et bien

sûr la correction de la langue. Chacun sera en mesure de s’approprier les arguments et la stratégie qu’il

souhaite développer. Pour autant, nous pouvons considérer qu’au regard des analyses menées jusque-là

les points suivants sont incontournables : leur sacrifice n’est pas comparable à ceux des « embusqués »

(conditions de vie extrême dans les tranchées, risque leur vie), leur solitude loin de leur famille et de la vie

de la ville, ils sont incompris par certains à l’arrière, il n’y a que les nantis et les privilégiés qui ne sont pas

au front, les civils tirent profit du conflit et s’enrichissent alors que les soldats perdent tout, les soldats

montrent leur courage sur le champ de bataille même quand ils voient leur camarade se faire tuer à leur

côté.

La guerre vue dans la presse

8 Cette question permet de reprendre des acquis de Seconde pour les intégrer à la réflexion sur l’objet

d’étude. Certains supports déjà rencontrés peuvent être rappelés comme la bande dessinée Le

Photographe de Didier Lefèvre et Emmanuel Guibert sur le conflit en Afghanistan.

Sites possibles : http://www.reuters.com/, http://www.grands-reporters.com/,

http://www.visapourlimage.com/, http://www.worldpressphoto.org/

Activités complémentaires 1 TUIC : Huit années de publication du Miroir sont disponibles sur le site Gallica :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb40360453x/date

Les élèves peuvent choisir une date en fonction d’un événement et analyser la Une du journal illustré. À

partir de 1915, le journal publie les photographies fournies par les soldats au front. Une exposition peut

être élaborée à partir des représentations de la guerre dans la presse, illustrée sous forme de frise ou de

panneaux thématiques.

2 Blaise Cendrars aborde le thème des photographies faites au front dans son roman autobiographique La

Main coupée. Le texte permet l’éclairage de cette question d’un autre point de vue.

Questions : Pourquoi la photographie est-elle interdite au front ? Quel genre de photographies Blaise

Cendrars envoie-t-il au journal ?

« Dans la journée c’était un paysage lunaire avec des entonnoirs de mines qui se chevauchaient, sa

raffinerie de sucre qui avait été soufflée, son calvaire dont le Christ pendait la tête en bas, raccroché par

un pied à sa croix, ce qui me valut, à moi, trente jours de prison, non pas pour y être allé voir en plein jour,

mais pour en avoir fait une photo. (Certes, les sergents étaient jaloux de mon ascendant sur les hommes.

J’avais le droit d’avoir un Kodak, mais il m’était interdit de m’en servir. Et lieutenant, capitaine,

commandant, colonel confirmèrent cette interprétation pour totaliser autant de jours de prison. La prison,

on ne la faisait pas tant qu’on était en première ligne. Mais l’on était mal noté et, quelque part à l’arrière,

Page 21: Le Feu - BIBLIO - HACHETTE · Le questionnaire propose de travailler sur l’argot des tranchées et les registres de langue à travers l’oral essentiellement

Le Feu–21

un scribouillard portait le motif dans un registre. La connerie de tout ça ! D’autant que cela ne m’a pas

empêché de tirer des photos jusqu’au dernier jour.)

“[...] le chef de bataillon, m’avait annoncé le caporal de son corps franc. C’est toi ?

Il paraît, mon général.

Et tes galons ?

Je n’en ai pas, mon général. J’ai trente jours de prison.

Tiens ! Et pourquoi ?

Parce que j’ai photographié le Christ de Dompierre.

Je ne comprends pas.

Oh, c’est toute une histoire, mon général. Personne n’y comprend rien. Faites-vous-la expliquer par le

colonel. Mais je voudrais bien savoir si j’ai le droit des photos au front.

C’est absolument interdit !

Vous voyez bien, mon général. Alors, moi, j’ai écopé 30 jours. Je ne rouspète pas.

Et j’espère bien que tu n’en fais plus.

Au contraire, mon général, j’en envoie même aux journaux.

Qu’est-ce que tu dis ?

Oh, ce n’est pas grave mon général. C’est pour améliorer l’ordinaire. Le Miroir me les paie un louis et je

trinque avec les copains. Je leur envoie du pittoresque. Rien que des secrets de Polichinelle. Et puis il y a

la censure à Paris. Vous ne risquez rien.

Qu’est-ce que tu leur as adressé par exemple ?

Tenez, la photo de Faval qui avait fabriqué une arbalète comme nous n’avions pas de crapouillots dans

les tranchées de Frise. Ses flèches portaient à 200 mètres. Je ne crois pas qu’il ait emplumé beaucoup de

Boches.

Et quoi encore ?

Dernièrement, la photo de Bikoff, le meilleur soldat de l’escouade, un Russe qui se camouflait en tronc

d’arbre pour tirer du Boche à bout portant. Mais s’est fait bigorner au bois de la Vache. Une balle en pleine

tête.

C’est tout ?

Oui, c’est tout, avec des explosions de mines, des vues d’un bombardement, des photos de vieux

macchabées pris dans les barbelés et des scènes de poilus au cantonnement, je crois bien que c’est

tout...

Écoute, me dit le général, je vais faire une enquête sur ton compte et si le résultat est bon, les

renseignements favorables et s’il n’y a rien d’autre contre toi que l’affaire du Christ de Dompierre, tu

pourras coudre tes galons.

Et je pourrai faire de la photographie, mon général ?

Il ne saurait en être question. C’est formellement interdit !” »

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 22

Blaise Cendrars, La Main coupée, Paris, Éditions Denoël, 1946, réédition Folio, 2009, pp. 26 et 266-267.

C h a p i t r e 2 4

Réponses aux questions

La fin du monde

1 – « La plaine plombée, avec ses miroirs d’eau ternis. » (l. 4-5) : métaphore.

– « Le champ de bataille ne dort pas, il est mort. » (l. 16-17) : personnification.

– « Recroquevillés et collés comme des escargots. » (l. 34-35) : comparaison.

2 À travers ces images, les hommes ressemblent à des escargots, le champ de bataille est associé aux

hommes morts et la terre est morte, bombardée. Ainsi, les animaux, les hommes et la terre ne forment

qu’un ensemble meurtri par les batailles, uniformisé par la couleur et l’aspect informe.

3 Paralysie : « la pluie a cessé » (l. 4), « ses miroirs d’eau » (l. 5), « paralysés » (l. 8), « stagnante » (l. 12),

« l’eau a tout pris » (l. 13), « aucun mouvement » (l. 24), « silence » (l. 25), « pas un bruit » (l. 25), pas

d’obus (l. 28), « pas de balles » (l. 28-29).

Fantastique : « glacé et sombre » (l. 2), « a l’air de sortir » (l. 5), « À demi assoupis, à demi dormants »

(l. 7), « formes monstrueusement informes » (l. 21), « presque changés en chose » (l. 32-33).

4 Cette scène est fantastique car les êtres vivants semblent avalés par la terre et le front a disparu. Le

silence semble surnaturel et donne l’impression d’un cataclysme mystérieux a tout effacé. Dans la réalité

de la guerre, cette scène est irrationnelle.

Après l’agitation et l’action du bombardement, le temps donne l’impression de s’être arrêté.

5 Nous retrouvons la référence au mythe du Déluge, une pluie incessante qui inonde la Terre et anéantit

les œuvres de l’homme, à l’exception de l’arche dans laquelle des représentants des différentes espèces

animales pourront repeupler le monde. Présents dans différentes civilisations et cultures, ce mythe est

souvent interprété comme une punition divine de l’homme.

La pluie qui s’abat ici au moment du terrible bombardement reprend l’idée du Déluge. L’eau efface les

traces du conflit, tranchées et fils barbelés. Les soldats se réveillent ensevelis comme une renaissance. Ils

se ressemblent tous recouverts par la boue, Français et Allemands. Le déluge est le symbole de la fin d’un

monde pour un renouveau de l’humanité, ce que le narrateur reprend.

Un plaidoyer contre la guerre

6 La mort : « cadavérique, au bout de, vides, terre, ensevelissement, revenants, la fin de tout, l’arrêt, la

cessation. »

Les soldats ressemblent ici à des revenants sortant de leur tombe. Le monde de la guerre a été enseveli

et ces soldats renaissent pour une nouvelle ère dans laquelle ils sont tous semblables. Ils sont démunis,

nus et miséreux, rien ne reste de l’ancien monde.

7 L’absurdité de la guerre était liée jusque-là à son inutilité. Ici, le grotesque vient ridiculiser le conflit et

ainsi le discréditer totalement. Les soldats allemands se rendent aux Français parce qu’ils en ont assez.

Mais les Français préfèrent dormir avant de les faire prisonniers. D’autres arrivent titubant comme des

ivrognes.

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Le Feu–23

Mais le tragique reste présent quand le soldat allemand meurt et que tous dorment dans le trou comparé à

une fosse commune. Les vivants et les morts, les Français et les Allemands se confondent montrant le

conflit comme absurde car insensé et sans raison.

8 La question a pour objectif de reprendre ce qu’a vécu le narrateur pour en faire un plaidoyer pour la paix.

Ce travail demande la rédaction d’un discours qui réinvestit les compétences sur l’argumentation et la

rhétorique travaillées tout au long du cursus de bac professionnel. Les critères de réussite sont donc le

respect de l’énonciation, la qualité des procédés rhétoriques ainsi que la validité et la richesse des

arguments développés en lien avec le texte de Barbusse.

Les éléments suivants peuvent être attendus dans l’argumentation développée : chaos et destruction

totale, la guerre comme moteur des plus bas instincts, absurdité d’un conflit dont les raisons ne sont

jamais avancées, courage et humilité des soldats envoyés massivement à la mort, tragédie humaine

autant pour les Français que les Allemands…

Un corrigé modélisant n’étant pas adapté à la variété possible de textes, nous proposons ici une trame

pour éventuellement accompagner les élèves ou élaborer un travail autour de la correction :

Messieurs les représentants des nations européennes,

Je suis honoré d’être devant vous aujourd’hui pour… [Formulation de la thèse]

Je me présente en effet ici, devant cette illustre assemblée, en tant que témoin de ce terrible cataclysme

que nous traversons : la guerre. Mon expérience au front, dans les tranchées, au cœur de cette guerre me

permet de vous expliquer ici la réalité de ce conflit. C’est avant tout … [Développement d’exemples à partir

de l’expérience du soldat]

Alors, messieurs, je vous en conjure :… [Demande de renoncer à la guerre, formulation d’arguments

complémentaires]

Messieurs, j’espère avoir pu vous convaincre. La vie de millions d’hommes est en jeu.

Se souvenir de la guerre

9 Le site de « La Mission centenaire 14-18 » propose un moteur de recherche pratique qui permet un

premier repérage avec les élèves ou un complément d’informations :

http://monuments.centenaire.org/cartographie/

Le ministère de la Défense propose également des ressources et des liens vers différents monuments et

lieux de mémoire pour élargir la réflexion : www.cheminsdememoire.gouv.fr

Activité complémentaire En conclusion de l’étude sur la portée pacifiste du texte de Barbusse, nous proposons de mettre en

relation l’extrait étudié avec deux textes complémentaires dans le cadre d’un corpus à analyser sur la

représentation de la guerre :

Document 1

Ferdinand Bardamu est dans un hôpital psychiatrique après avoir participé à la Grande Guerre. Il discute

avec sa petite amie américaine, Lola.

« “Est-ce vrai que vous soyez réellement devenu fou, Ferdinand ? me demande-t-elle un jeudi.

– Je le suis ! avouai-je.

– Alors, ils vont vous soigner ici ?

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Réponses aux questions et pistes d’activités – 24

– On ne soigne pas la peur, Lola.

– Vous avez donc peur tant que ça !

– Et plus que ça encore, Lola, si peur, voyez-vous, que si je meurs de ma mort à moi, plus tard, je ne veux

surtout pas qu’on me brûle ! Je voudrais qu’on me laisse en terre, pourrir au cimetière, tranquillement, là,

prêt à revivre peut-être… Sait-on jamais ! Tandis que si on me brûlait en cendres, Lola, comprenez-vous,

ça serait fini, bien fini… Un squelette, malgré tout, ça ressemble encore un peu à un homme… C’est

toujours plus prêt à revivre que des cendres… Des cendres, c’est fini !… Qu’en dites-vous ?… Alors, n’est-

ce pas, la guerre…

– Oh ! Vous êtes donc tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat…

– Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu’il y a dedans… Je ne la déplore pas moi… Je

ne me résigne pas moi… Je ne pleurniche pas dessus moi… Je la refuse tout net avec tous les hommes

qu’elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze

millions et moi tout seul, c’est eux qui ont tort et c’est moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savo ir

ce que je veux : je ne veux plus mourir.

– Mais c’est impossible de refuser la guerre, Ferdinand ! Il n’y a que les fous et les lâches qui refusent la

guerre quand leur Patrie est en danger…

– Alors vivent les fous et les lâches ! Ou plutôt survivent les fous et les lâches ! Vous souvenez-vous d’un

seul nom par exemple, Lola, d’un de ces soldats tués pendant la guerre de Cent Ans ?… Avez-vous

jamais cherché à en connaître un seul de ces noms ?… Non, n’est-ce pas ?… Vous n’avez jamais

cherché ? Ils vous sont aussi anonymes, indifférents et plus inconnus que le dernier atome de ce presse-

papiers devant nous, que votre crotte du matin… Voyez donc bien qu’ils sont morts pour rien, Lola ! Pour

absolument rien du tout, ces crétins ! Je vous l’affirme ! La preuve est faite ! Il n’y a que la vie qui compte.

Dans dix mille ans d’ici, je vous fais le pari que cette guerre, si remarquable qu’elle nous paraisse à

présent, sera complètement oubliée, à peine si une douzaine d’érudits se chamailleront encore par-ci, par-

là, à son occasion et à propos des dates des principales hécatombes dont elle fut illustrée… C’est tout ce

que les hommes ont réussi jusqu’ici à trouver de mémorable au sujet les uns des autres à quelques

siècles, à quelques années et même à quelques heures de distance… Je ne crois pas à l’avenir, Lola.”

Lorsqu’elle découvrit à quel point j’étais devenu fanfaron de mon honteux état, elle cessa de me trouver

pitoyable le moins du monde… Méprisable, elle me jugea définitivement. Elle résolut de me quitter sur-le-

champ. C’en était trop. En la reconduisant jusqu’au portillon de notre hospice ce soir-là, elle ne

m’embrassa pas. »

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932, pp. 88-89, (Ed. Folio).

Questions :

Caractérisez à partir du texte, le personnage de Bardamu.

En quoi ce texte dénonce la guerre ?

Quels procédés d’écriture renforcent son pessimisme ?

Document 2

J. Tardi, 1914-1918, c’était la guerre des tranchées, Casterman, éd. 1993, p.126

Question : Montrez comment la mort est représentée dans cette planche.

Question sur les trois documents : Expliquez en quelques lignes ce qui fait l’unité de ce corpus.

Page 25: Le Feu - BIBLIO - HACHETTE · Le questionnaire propose de travailler sur l’argot des tranchées et les registres de langue à travers l’oral essentiellement

Le Feu–25

B I B L I O G R A P H I E C O M P L E M E N T A I R E

Sur Le Feu Discours prononcé pour le 70

e anniversaire de la publication du Feu d’Henri Barbusse, à Aumont le 21

juin 1986 par Edgar Faure.

Actes du Colloque international du Centenaire de Barbusse du 18 et 19 mai 1973 in « Europe », numéro

spécial, septembre 1974.

Préface de Jean Relinger dans Henri Barbusse, Le Feu, Flammarion, nouvelle édition 1996.

Sur Barbusse Philippe Baudorre, Barbusse, Le pourfendeur de la Grande Guerre, Flammarion, collection « Grandes

Biographies », 1995.

Jean Relinger, Henri Barbusse, écrivain combattant, PUF, collection « Écrivains », 1994.

Jean Sanitas, Paul Markidès, Pascal Rabaté : Barbusse, la passion d’une vie, Ill., Éd. Valmont, décembre

1996, Montataire.