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LE FICAM : Dans le cadre de l’option cinéma audiovisuel, nous, élèves de 2nde et de 1ère, avions eu la chance d’assister à la 16ème édition du Festival International du Film d’Animation de Meknès (FICAM), un des événements culturels phares de l’année 2017. Organisé par la Fondation Aïcha et l’Institut français de Meknès, l’édition 2017 nous présenta un focus sur le cinéma d’animation hollandais. Willem Thijssen (producteur néerlandais) ainsi que Michael Dudok de Wit (réalisateur de la Tortue Rouge) furent les invités de cette édition. D’autres illustres personnages du cinéma d’animation furent aussi conviés : Michel Ocelot (réalisateur de Kirikou et d’Azur et Asmar) et David Silverman (réalisateur des Simpson). Dans ce compte-rendu, je retracerai les moments majeurs de cette expérience FICAM.

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LE FICAM :

Dans le cadre de l’option cinéma audiovisuel, nous, élèves de 2nde et de 1ère, avions eu la chance d’assister à la 16ème édition du Festival International du Film d’Animation de Meknès (FICAM), un des événements culturels phares de l’année 2017. Organisé par la Fondation Aïcha et l’Institut français de Meknès, l’édition 2017 nous présenta un focus sur le cinéma d’animation hollandais. Willem Thijssen (producteur néerlandais) ainsi que Michael Dudok de Wit (réalisateur de la Tortue Rouge) furent les invités de cette édition. D’autres illustres personnages du cinéma d’animation furent aussi conviés : Michel Ocelot (réalisateur de Kirikou et d’Azur et Asmar) et David Silverman (réalisateur des Simpson). Dans ce compte-rendu, je retracerai les moments majeurs de cette expérience FICAM.

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Entrée de l’Institut français.

I - J1- 1er contact avec le FICAM : Carte de blanche du cinéma hollandais

Wilhem Thyssen devant l’entrée de l’auditorium de la région Fès-Meknes

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A 10h30, nous avons assisté à la carte blanche du film d’animation hollandais qui s’est tenue à l’auditorium de la région de Fès-Meknès. Wilhem Thyssen, fut l’invité d’honneur.

Né en 1947 au Pays-Bas, Wilhem Thijssen est un producteur pour long-métrage, documentaire et court-métrage d’animation. Deux de ses court-métrages d’animation “A Greek Tragedy” et “Father and Daughter” remportent le Grand Prix du Festival d’Annecy et l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation. Wilhem Thijssen est aussi le producteur de Michael Dudok de Wit, le réalisateur de la tortue rouge, l’Oscar 2016 du meilleur film d’animation.

Ce dernier revient sur les origines du cinéma d’animation hollandais, cinéma qui est aujourd’hui à son apogée puisque l’Oscar du meilleur film d’animation vient d’être remporté par un réalisateur hollandais. Dans les années 60, les premiers films d’animation hollandais voient le jour. Mais ce n’est qu’au début des années 70 que le cinéma hollandais connaît une émergence fulgurante. Lors de l’après-guerre, certains cinéastes hollandais engagés se serviront de cet art afin de défendre certaines causes. Par la suite, Wilhem Thijssen insiste sur l’importance de l’organisation d’évènements locaux tels que le FICAM car c’est à la quintessence de toute évolution culturelle. Selon lui, sans ce genre d’initiative, on ne pourrait aspirer au changement. Après sa brève présentation, 10 court-métrages d’animation aux styles complètement différents furent projetés. Le film “Anna and Bella” de Børge Ring suscita particulièrement mon intérêt. Avec joie et nostalgie, Anna et Bella revivent des moments de leur enfance et de leur adolescence à travers des photographies. Ce film à dimension comique a remporté l'Oscar du meilleur court métrage d'animation à la 58e cérémonie des Oscars en 1986.

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II- J1- Déjeuner avec Michel Ocelot

Après la carte blanche du film hollandais, nous sommes revenus à l’Institut français afin de déjeuner. Avec certains de mes camarades, nous nous sommes assis à une table et c’est avec grande surprise que Michel Ocelot, le réalisateur de Kirikou et d’Azur et Asmar a désiré se joindre à nous. Pour la plupart d’entre nous, Azur et Asmar était le film de notre enfance et pouvoir discuter avec son réalisateur était une chose inimaginable. C’est donc dans une ambiance de joie et de bonne humeur que Michel Ocelot accepta de signer quelques autographes tout en répondant à nos questions. De plus, il nous fit part de quelques anecdotes sur son enfance et sur les raisons pour lesquels il est devenu animateur. Michel Ocelot passa son enfance en Guinée et nous fit comprendre cela à travers une phrase assez drôle qu’il prononça devant les yeux ébahis et l’air admiratif d’une dizaine d’adolescents : “Quand j’étais petit, j’étais noir”. Et c’est en Guinée qu’il dessina pour la première fois et qu’il s'imprègna des paysages et de la culture africaine qui lui ont permis plus tard de réaliser son premier long-métrage en 1998 “Kirikou et la sorcière”. Michel Ocelot, n’était cependant pas très bon à l’école et est devenu réalisateur car il n’avait pas le choix. Afin de réaliser Kirikou, il s’est inspiré de contes africains traditionnels mais il modifia complètement la fin de l’histoire. Au lieu de tuer la méchante sorcière comme ce qui se fait dans les contes traditionnels, Kirikou choisit d’épouser Karaba car selon Michel Ocelot, il faut apprendre à connaître l’Autre afin de lui pardonner ses erreurs. Nous pouvons d’ailleurs

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relier cela au thème de l’Altérité, que nous étudions en classe de première en option cinéma audiovisuel. Dans le film d’animation Karaba est devenue une sorcière maléfique à cause d’une épine qu’on lui avait planté dans le dos lorsqu’elle était plus jeune. Michel Ocelot nous dévoila que cet épine représentait la douleur perpétrée par le viol dont elle a été victime plus jeune. Ce petit détail nous permit donc de voir le film d’une toute autre manière et de reconsidérer le personnage. Ainsi, Michel Ocelot choque les spectateurs afin que la morale de l’histoire reste ancrée dans leur esprit.

III - J1- Le Thé à la menthe en compagnie de Dominique Frot, Jean-

François Laguionie et Michael Dudok de Wit

Conférence de Dominique Frot et Jean-François Laguionie

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Après avoir déjeuné en compagnie de Michel Ocelot, nous avons assisté à 14h30 à une conférence sur le thème de la solitude au cinéma avec Jean-François Laguionie, réalisateur de “Louise en Hiver”, Dominique Frot qui a prêté sa voix au personnage éponyme et Michael Dudok de Wit, réalisateur de la tortue rouge, autour d’un thé à la menthe. Le réalisateur de la tortue rouge nous exposa certaines clés afin de mieux comprendre son long-métrage. Louise en Hiver Louise, le personnage principal, se retrouve seule dans la station balnéaire de Biligen. Mais sa solitude ne la dérange pas mais constitue au contraire une arme afin d’apprendre à vivre en harmonie avec la nature. La tortue rouge Un naufragé se retrouve sur une île inhabité, il tente de retourner chez lui en reconstituant des radeaux mais en vain. Un jour, l’homme retrouve une tortue qui s’est échouée sur la plage et la tue. La coquille de l’animal se brise et une femme apparaît. Les deux individus s’unissent par la suite. Quelques mois plus tard, un enfant naît de leur union et ils seront par conséquent confrontés à de nouvelles aventures.

Entrée du théâtre de l’Institut français

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IV- J1 : Présentation du prochain long-métrage de Michel Ocelot à

la Médiathèque :

A 16h, Michel Ocelot nous présenta en exclusivité quelques images de son prochain court-métrage “Dilili à Paris” qui sortira en octobre 2018. Dilili est une jeune métisse kanake française, inspirée du personnage de Shems Sabbah d’Azur et Asmar, qui deviendra princesse à Paris. Le réalisateur a voulu se détacher des clichés habituels en créant un personnage assez original. D’autre part, il a choisi de placer son histoire à la Belle époque car “c’est le dernier moment où les femmes ont des longues et belles robes jusqu’à terre”. Michel Ocelot nous a aussi fait part de sa démarche d’artiste. Habituellement, avant de commencer à dessiner, il visite quelques musées et quelques endroit historiques et les photographient. Ce fut le cas pour le Musée d’Orsay, le Musée Rodin, et la maison de Marcel Proust où on lui proposa même de décaler le lit de Proust afin qu’il soit plus à son aise. Pour “Dilili à Paris”, il a pris des milliers de photos la Ville Lumière. En effet, il visita l’intérieur de l’Opéra Garnier où il s’est baladé seul pendant plusieurs jours ainsi que sur le toit du monument qui surplombe la ville de Paris. Dans l’extrait que nous avons eu la chance de visionner en exclusivité, Dilili devenue princesse, se retrouva à l’intérieur de l’Opéra. Les images féeriques constituèrent un avant-goût du prochain long-métrage de Michel Ocelot qui, selon lui sera son film le plus réussi.

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En revanche, avec ce long-métrage, Michel Ocelot change complètement de style. En effet, il passe de l’univers de milles-et-une nuits avec ses couleurs vives et ces palais oniriques à un Paris gris où les couleurs sont assez froides. Or, le cadre est différent mais l’effet reste le même : Michel Ocelot réussit encore une fois à nous émerveiller et à nous faire rêver mais cette fois-ci d’une toute autre manière. Le réalisateur de Kirikou accompagne ses images par une réplique qui illustre bien cela “J’aime bien la diversité de la planète terre et j’aime bien en exploré plusieurs aspects”. Par la suite, Michel Ocelot répond à une série de questions. Et une de ses réponses nous aura décidément marqué. Lorsqu’une institutrice lui demande s’il y aura une suite à Kirikou, le réalisateur exacerbé par cette question (que visiblement de nombreux admirateurs lui posent régulièrement), rétorque “A la fin Kirikou est grand, habillé et marié ! ”. Nous comprenons donc qu’il a tout fait pour que son destin soit scellé et qu’il ne soit pas nécessaire de réaliser une suite.

V- J1 - Ma vie de courgette au Théâtre de l’Institut français :

Pour finir la journée en beauté, nous avons assisté à la projection de “Ma vie de courgette” en présence du réalisateur Claude Barras. Avant la projection du film, le prix du meilleur court-métrage d’animation marocain a été décerné à Sabrina Timsit et Omar Lhamzi, deux étudiants de l’Institut des Beaux-arts de Tétouan. Nous avons par la suite visionner le court-métrage de Abdellatif El Ayyadi, le gagnant de l’année dernière : “Baïda”.

Un chèque de 50 000 dhs a été décerné à Omar Lhamzi

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Nous avons ensuite visionné “Ma vie de courgette”. Ce fut l’un des moments les plus forts de notre expérience au FICAM. “Ma vie de courgette” est l’histoire d’un petit garçon surnommé “courgette” qui tue sa mère accidentellement et qui se retrouve dans un orphelinat. Courgette doit donc s’habituer à sa nouvelles vie, malgré les nombreux obstacles qu’il rencontre. L’enfant se reconstruira donc socialement à travers des rencontres exceptionnelles qui le marqueront et qui changeront sa vie à jamais. Pendant 1h06, petits et grands sont captivés par ce film d’animation, initialement destiné aux enfants. Ce film nous marqua particulièrement par la délicatesse et la candeur des paroles infantiles qui contribuèrent à nous transporter dans le monde de l’insouciance. Par ailleurs, le sujet du film est sensible mais arriva tout de même à nous faire sourire. Malgré la simplicité des figurines, Claude Barras réussit à nous transmettre des émotions intenses à travers leurs grands yeux. Dans ce court-métrage, le thème fondamental de l’altérité est aussi présent en particulier dans l’orphelinat où nous retrouvons plusieurs représentations de l’Autre (petite fille métisse, enfant avec des troubles mentaux, surpoids). Le message est fort, poignant et constructif tant pour les petits que pour les grands. Il constitue un appel à la tolérance et fait naître en nous une lueur d’espoir qu’on ne saurait apercevoir dans les moments noirs. C’est donc avec une standing ovation que le réalisateur est accueilli par un public particulièrement ému (certains élèves avaient même les larmes aux yeux).

Claude Barras nous présente son film.

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I- J2- Ivan Tsarévitch et la princesse changeante (2016) Michel

Ocelot :

Deux enfants retrouvent un projectionniste dans une salle obscure et inventent 4 histoires fantastiques et merveilleuses : la maîtresse des monstres, l’écolier-Sorcier, le mousse et sa chatte, Ivan Tsarévitch et la Princesse Changeante qui donne son nom au film. Michel Ocelot nous transporte une fois encore dans un monde féerique à l’image des contes des milles et une nuits. De plus, il est fidèle à ces silhouettes noirs et simplistes. Lorsqu’il avait commencé dans le cinéma d’animation, il avait opté pour ces “figures d’ombre” par contrainte financière mais par la suite cette contrainte est devenue sa marque de fabrique et fait aujourd’hui tout le charme de ses films.

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II- J2- Présentation école atelier de Sèvres dans la médiathèque de l’Institut français

L’Atelier de Sèvres est une Ecole privé à Paris qui prépare aux concours des grandes écoles d’animation telles que The animation workshop et Gobelins. Les étudiants ont 28 heures de cours par semaine et les matières enseignées sont les suivantes : Dessin, perspective, storyboard, layout, décor, scénario, technique animation. Le cycle s’effectue sur 3 ans et les 3 grands axes de l’école sont l’écriture, l’animation et la technique.

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III- J2 - La leçon de cinéma de David Silverman au théâtre de l’Institut Français :

David Silverman était l’invité d’exception de cette 16ème édition du Ficam. Il réalisa 17 épisodes de la série télévisée l’une des séries télévisées les plus cultes “les Simpson” ainsi que le film “les Simpson” en 2007. Il est aussi le dessinateur et le coréalisateur de Monstres et Cie. Lors de sa conférence à 14h30, il commença tout d’abord par projeter quelques extraits des films d’animation qui l’avait inspirés pour ses débuts ainsi que quelques extraits des Simpson, et des photographies de ses storyboard. Par la suite, il répondit aux questions du public et aussi à la fameuse question “How can you explain that the Simpson can predict the future ?” (Comment pouvez vous expliquer que les Simpson prédisent le futur?) En 2000, les Simpson avaient “prédit” que Donald Trump serait un jour président des Etats-Unis, ce qui était inconcevable à l’époque mais cela finit par se produire en 2016. La série des Simpson fut donc qualifiée de visionnaire, mais David Silverman nous assura qu’il ne s’agissait que d’une simple coïncidence. Sa réponse fut donc réaliste mais un peu décevante à vrai dire.

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En tant qu’élèves, le Ficam fut donc pour nous une expérience culturelle exceptionnelle qui contribua à nourrir notre intêret pour le cinéma d’animation que grand nombre d’entre nous avaient abandonner. Mais si je pouvais retenir une seule chose du FICAM ce serait que le cinéma d’animation est destinés à tous ! Je remercie donc M. Belbachir, M. Benssid ainsi que Mme Verplaetse de nous avoir donné l’occasion d’assister à ce rendez-vous artistique incontournable !

Bouziri Yasmine, 1èreES1.