Le Figaro, 4-Dec-1919 (Renoir)

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  • Le Figaro (Paris. 1854)

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Le Figaro (Paris. 1854). 04/12/1919.

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  • Jeudi 4 Dcembre 191965me Anne 3me Srie N 3b* Le Numro quotidien: DIX CENTIMES en France Etranger VINGT CENTIMES

    Gaston CALMETTEDirecteur (1902-1914)

    H. DE VILLEMESSANTFondateur

    Lou par ceux-ci, blm par ceux-l, me moquant des sots, bravant les mchants, je me pressede rire de tout. de peur d'tre oblig d'en pleurer. (Beaumarchais.)

    RDACTION ADMINISTRATION

    26, Rue Drouot, Paris (9 Arr')

    TLPHONE, Trois lignes: Dutenberg 02-46 02-47 02-49

    RDACTION ADMINISTRATION

    26, Rue Drouot, Paris (9 Arr1)

    ( .M. ALFRED CAPUS

    M. ROBERT DE FLERSRdaction en Chef

    Secrtariat Gnral M. HENRI VONOVEN-1;

    Abonnements: trois mois six mois un an

    Paris, Dpartementsa\

    t'a qa6t Colonies franaises j 9 18 34

    tranger Union postale. 18 50 36 70

    On s'abonne dans tous les bureaux de postade France et d'Algrie

    POUR LA PUBLICITLES ANNONCES ET LES RCLAMES

    S'adresser 26, rue Drouot, "l'Htel du FIGARO

    .1.

    Les Annonces et Rclames sont galement repues la Socit Gle des Annonces, 8, place de.la Bourse

    En AlsaceComme membre de la dlgation de

    l'Institut qui vient d'assister la cr-,jnnie de la- rouverture franaise del'Universit de Strasbourg, j'ai pu pas-ser huit jours en Alsace. Sjour bienabrg Il faudrait des semaines et desmois pour reconnatre et analyser toutce que contient d'mouvant, pour un

    Franais, le spectacle qu'offre un pays,si beau, si vari et dont les- traits sontsi dlicatement originaux et nuancs.

    Cependant les visions les plus rapidesont, en raison de leur intensit et parl'accumulation mme des impressions,'quelque chose de fort et de pntrant, etc'est une motion de cette sorte que j'aiprouve en ces courtes heures.J'ai parcouru l'Alsace, de Strasbourg

    Belfort, en un voyage coulant o les

    Vosges droite, le Rhin gauche nous

    accompagnaient et nous oppressaient,si je puis dire, comme une double bor-dure d'histoire. C'est donc cela l'AlsaceCette Alsace que les hommes de no-

    tre gnration ont peine connue et

    qui nous resta un demi-sicle commecache! Voil donc cette vieille terregaulpise, cette marche rhnane, cetteterre des origines o Clovis fonda la

    France en battant les Allemands Tol-biac (Zulpich) 1 Entre Rhin et Vosges s'tend l'troitevalle toujours verte que dcoupent les

    vignubles, la bonne terre arable, leshoublonnires, les gras herbages et queparsment les villes et les bourgadesaux toits aigus, aux crpis blancs raysde noir, aux clochers bulbeux, -tout cepaysage, en un mot, qu'a dessin Hansi.Et, sur cette terre, pareille elle-mme

    depuis des sicles, voici cette race qui,elle non plus, n'a pas boug. Elle a.gardce sourire contenu qui, depuis deux milleans, a brav la convoitise et la fureur

    toujours renouvele des envahisseurstout proches. Tragdie et comdie, noussommes donc sur cette grande scne del'histoire

    Strasbourg pique le ciel de sa flchegothique, chef-d'uvre de l'art fran-

    ais , pour marquer, au ciel et sur laterre, la sparation. La borne est l.

    Strasbourg est ne de la chausse ro-maine dont elle porte le nom (Strata),chausse pave et ferre, qui, pendant t'des sicles, fit concurrence au Rhin lui-

    .^mme^ Strasbourg,, tait, .le .centre du

    grandcommerce par voie de terre quireljait les Flandres, la Hollande et la

    .^France de l'Est la Suisse et Venise

    savant que le fleuve ne ft rendu navi-

    gable. Ce rle est toujours le sien. Seu-lement il a grandi dans de bien d'autres

    proportions. L'artre centrale de l'Eu-

    rope bat en ce lieu.Ce n'est donc pas seulement par ses

    ressources propres que l'Alsace est

    riche, c'est par la circulation qui, departout, vient passer dans son troitcouloir. Et c'est ce titre aussi quel'Alsace est souverainement europenne.Il est probable que si le Rhin et t

    navigable depuis. ses embouchures,comme le sont la Seine et la Tamise,une des capitales de l'Europe se ft fixeici et l'Allemagne et t, par nous,mille ans plus tt civilise.

    .A Strasbourg, en ell'et, on se rend

    compte du caractre profond des deuxcivilisations et des deux histoires. Stras-

    bourg 'est gauloise par le type de la

    rpe,, par la conception de la vie, par la

    grce de l'accueil, par1 le got impec-cable, toutes choses dont ne se r-clament pas, je m'imagine, les gens del'autre bord. Traversons seulement le

    pont de Kehl, et la diffrence saute aux

    yeux.Je pariais du got. Notre premire

    impression, Strasbourg, fut, ce pointde vue, franaise extraordinairement.

    La crmonie laquelle nous devionsassister avait lieu dans la grande salle,de l'Universit. C'est un quadrilatrevaste et nu, d'une architecture quel-conque. Mais n'avait-on pas eu l'ide de

    jeter, sur ces murs plats et .pauvres, la

    suite" incomparable des tapisseries deskt de Louis XlV empruntesau. garde-meuble A peine la, salle rem-

    plie et les mes en tat de grce, la

    splendeur et la puret mettables del'art et de la beaut de France semirent chanter. En vrit, noussommes trop modestes cette suiU;vaut ls .plus belles choses do Florencetetde-Rome. C'est une des cinq ou sixmerveilles de l'art humain. La richesseet Ip moelleux des tissus, l'ampleur et la

    .gree des plis, les tonalits assorties etadoucies par le temps; et puis l'lgancedes personnages, l'quilibre des grou-pes,l'humanit profonde non seulementdes sujets, mais des ligures et mme des

    paysages, ce quelque chose de toujourschoisi, de toujours juste et de toujoursexquis qui est minemment France, tout

    cela se conformaitsi bien l'motion decette journe, Louis XIV rentrait si na-turellement dans sa bonneville de Stras-

    bourg, que cela fut admis et compris partous et pntra d'un sentiment tran-

    quille et infiniment doux toute l'assis-tance. Dans un pays comme l'Alsace,

    artiste jusqu'aux moelles, l'art est uneraisoii de fidlit, un motif de consens

    tement volontaire et de parfaite adh-sion.

    La crmonie fut simple et bien or-donne'. On en a dit les dtails. Je vou-

    drais seulement indiquer, d'un mot, les

    deux tmoignages qui se croisrent,

    cette heure, dans cette salle, sous de

    tels auspices l'intelligence alsacienne

    donnait les mains l'intelligencefranaise et l'intelligence de l'univers

    assistait cette conscration des liensrestaurs. Les paroles changes ont eu,

    toutes, cette signification. Comment ne

    pas rappeler le discours si humain, si

    ordial, si gnreux et tellement ..desource prononc par M. Pfister? Ah

    1

    le brave Alsacien et le brave Franais 1

    Comme il parlait gnreusement on.et dit qu'il tirait de son cur un dra?peau aux trois couleurs qu'il y et garddepuis quarante ans Il s'en pavoisaitjoyeusement.

    Et, autour de lui, les universitaires detoutes les universits du monde non ger-manique, ces Anglais, ces Suisses, cesEspagnols, ces Hollandais, ces Belges,ces Serbes, ces Amricains et tant d'au-tres qui dfilrent gravement, vtus deleurs insignes traditionnels, et qui dpo-srent les adresses Strasbourg surune modeste table qui paraissait unautel, tout cela clbrait ce grand fait decivilisation mondiale, comme un sa-crement intellectuel et moral que rienne pourrait plus jamais rompre. Voilce que ni l'Alsace, ni la Lorraine, nil'histoire n'oublieront. Et voil ce quel'Allemagne, si elle tait sage, ne devrait

    jamais oublierParmi les hommes qui ont droit de

    cit Strasbourg, Fustel .de Coulangeset Pasteur sont au premier rang. Ils ont

    enseign, tous deux, cette universit

    que d'Aguesseau appelait dj, if" y adeux sicles, l'Universit des hommeslibres. Pasteur y commena ses grandesdcouvertes; Quant Pustel de Coulan-

    ges, c'est l qu'il apprit, par la vue deschoses, cette grande leon qu'il trans-mit la France et que la France de son

    tempsn'apas suffisamment comprise ilvit et il dit que la civilisation allemandetait une acquisition toute moderne,violente dans ses origines, convoitusdans ses uns, gte par les plus f-cheuses tares du pdantisme et de

    l'imprialisme, soumise l'esprit de ceFrdric II qui pratiquait Machiavel enle rfutant et de ce Bismarck qui ne pre-nait mme plus la peine de cacher l'in-solence sous l'hypocrisie. A cet trangespectacle, Fustel de Coulanges, qui taitla science et la vrit, sentit sa noble na-ture sertracter. Il nous cria Prenezgarde! Ils mentent! Que ne l'a-t-onentendu?

    Or, l'Alsace reprend, pour nous, lemme avertissement dans les mmestermes. Ds le premier jour, elle nous acri de nouveau Prenez garde, ilsmentent!

    Elle sait qu'ils hi guettent. S'tantdonne, elle s'est engage & fond. Ellesait que sa libert, sa conscience, sa joiede vivre paieraient la moindre dfail-lance. Elle- est et veut tre une barrireinfranchissable; mais elle entend qu'onla soutienne. Que la France protge l'Al-sace comme l'Alsace protge la France 1

    Et c'est l l'impression profonde queje garde de ces rapides heure^Oevantles ventualits indiscernables de. L'ave-nir s'lve, maintenant, un glacis defidlit et de force c'est l'Alsace,cimeri-te et bloque comme une muraille en-tre Vosges et Rhin. Au del de nos paysdvasts, cette Alsace plantureuse fait,en mme temps, un tampon de prosp-rit il va prendre une splendeur inoue^parce que la France entire lui est ou-verte et a un besoin urgent de son tra-vail, de son activit, de son intelligence.Mais il faut qu'il y ait constamment vi-

    gilance, service et fidlit rciproques.Le marchal Jotre, qui fut acclam

    Strasbourg comme il est acclam par-tout ou apparat sa figure lgendaire, adit avec son sens profond des choses La France aime l'Alsace, l'Alsace aimela France, et cela suffit. Oui, telle estla vraie, la seule formule. Elle est en-

    tre, d'ailleurs, immdiatement, en ap-plication. A peine le gouvernement de

    la Rpublique a-t-il besoin d'un ministre,

    qu'il le demande l'Alsace, et. quandl'Alsace a besoin d'un haut commissaire,la France lui envoie ce qu'elle a de meil-leur. Ces changes mettent les chosesau point. L'abb Wetterl a dit le mot En Allemagne, le'choix d'un ministre

    alsacien provoquera de l'effaremerit.

    Cher abb Wetterl. Vous y mettez'tropd'ironie alsacienne mme cela, ils ne

    le,comprendront pasGabriel Hanotaux,.

    de l'Acadmie franaise.

    La Crise italienne

    La rentre du nouveau Parlement ita-

    lien, o le groupe socialiste se prsenteavec un bloc de dputs trs sensible-ment accru, a t marque par ds in-

    cidents fcheux coup sr, mais .dontil ne faudrait cependant pas s'exagrerla gravit.

    Les lus socialistes ont quitt la salledes sances au moment o' le souverainallait donner lecture du discours dutrne. A leur sortie dans la ruer des

    manifestations violentes se sont pro-duites et il semble que certains d'entreeux ont t quelque peu malmens parla foule. L-dessus, fureur des partisavancs, qui reprochent la police de

    ne pas avoir suffisamment protge leurs.

    reprsentants, interpellation la Cham-

    bre, essai de grve gnrale dans la'ca-

    pitale et quelques grandes villes.L'lection de M. Orlando comme pr-

    sident de la Chambre, la candidature

    la prsidence du Snat de M. Tittoni,dont les brillantes qualits d'homme

    d'Etat se sont particulirement affir-mes ces temps derniers, sont en elles-mmes de trs heureux indices. Contreles rvolutionnaires et les bolchevistes,le -bloc des partisans de l'ordre est entrain de se constituer. S'il se maintientuni, il peut tre matre de la situation.

    Ce qui a fait la complication et la dif-

    ficult, c'est que le.danger nationaliste,

    caus par l'quipe de d'Annunzio, vient

    se superposer au pril socialiste. Un r-

    gime, quel qu'il soit, ne tombe pointparce qu'il est attaqu, mais uniquementparce qu'il n'estpas dfendu. Les vne-ments de ces dernires annes dans tous

    les pays, Russie, Allemagne, confirmentla vrit de cette observation. Or, l'exis-

    tence Fiume d'un pouvoir indpendantsape ouvertement les principes de la

    discipline militaire. Si les partisans de

    d'Annunzio, les officiers, les gnrauxqujt le soutiennent, sont en rbellion d-clare contrle gouvernement-de Rome.

    ,les socialistes on t beau jeu se demander

    pourquoiils ne suivraient point cet

    exemple et n'en feraient pas autant deleur ct.iL'ex-ministre Bissolati, dans une in-

    terview un journaliste anglais, s'estlev avec raison contre cette folleaventure

    La propagandenationa-

    liste, dit-il, et l'entreprise insense ded'Annunzio ont fait oublier aux Italiens

    que Trente, Trieste et l'Istrie ont tdfinitivement acquises a l'Italie et quela question de la Dalmatie sera aussirsolue dans un avenir prochain.

    On ne saurait mieux dire. Certes, la

    paix n'a point donn satisfaction tou-

    tes les demandes du peuple italien. Maisnos demandes, nous autres Franais,bien que la victoire nous ait, en hommeset en argent, cot sensiblement pluscher qu' aucun autre alli, n'ont past non plus entirement satisfaites.Nous avons su nous.contenter de ce quenous obtenions.

    Tous les efforts du'gouvernement ita-lien doivent, l'heure actuelle, tendre rgler le plus rapidement, possible l'af-faire de l'Adriatique. Il peut compterpour cela sur. l'appui sans rserve denotre gouvernement et de notre pays

    Raymond Recou^y^

    FIN DE LA GRVE

    Rome, 3 dcembre.

    A laChambre des dputs, aujourd'hui,M. Trves, socialiste, a dclar que laConfdration gnrale du Travail, ladirection du parti socialiste et le groupeparlementaire socialiste, ont dcid quela grve qui s'est dclare dans toutesles villes d'Italie se terminerait ce soir, minuit.M. Nitti a rpondu qu'aucune parole ne

    pouvait arriver plus opportunment queelle de M. Trves.'

    AU JOUR CE JOUR

    UN ANNIVERSAIREIl y a un an, ce petit appartement o nous

    vmes Edmond Rostand s'teindre palpitaitde sanglots, et, quand l'impassible marche

    des mois nous ramne la date dtestable,

    comjnent retenir nos larmes, au souvenir d'un

    .si .grand deuil ?Avec lui, quelque chose de Tnie ardente et

    gracieuse de notre race venait de se perdredans l'infini, et un lourd crpe tombait sur lefront des lettres franaises mais quelle na-ture attachante, quel homme dlicieux fut cefort et charmant gnie, seuls le savent le

    petit nombre. d'amis qu'il avait, et ceux-l,

    je sais que leur peine aujourd'hui est aigu,comme, elle fut en ce nfaste jour de d-cembre.Il mourait, on peut le dire, de la guerre,et, plus,encore, de la victoire. Pendant qua-tre-ans, ce cur vibrant et tendre avait r-sonn de tous les coups- assens la patrie,et sa vie intrieure n'avait t qu'un frmis-sement continu. Capable d'avoir port Chan-

    teclcr, hymne .fervent de confiance dans l'ef-

    fort et le courage des homm-s et dans les

    rserves de la terre natale, comment l'imagi-ner dfaillant devant les heures dramatiquesqui passaient? Il .n'est pas un instant de cesannes terribles o le doute l'ait trouv com-

    plaisant. Il ne se contenta point de croire la victoire, de -cette foi mystique qui fut, travers tant d'angoisses, le' merveilleux talis-man de notre peuple pote, il tint son rle

    de vates, et l'affirmant et la claironnant,dj il la crait alors que l'Allemand- sem-blait av.oir.apt ses ailes. La France vain-cra; nrerivait-ii en 1916, pour cette rdisontrs simple qu'elle' doit vaincre, et qu'il'fautque cela soit.

    La nouvelle de l'armistice le trouva

    Cambo, o il s'tait attard avec son fils

    Jean. Toute' la vie franaise refluait versParis e Je pars, dit-il, je veux voir Paris

    Mais comme il allait quitter cet "enchanteur

    Arnaga, qu'il avait fait surgir, face aux Py-rnes, de l'peron de Cambo, il se prit

    contempler les parterres la L Ntre, les

    rosiers, les orangers en boule, la pice d'eauavec son portique,; tout son visage de bon-heur se trouva soudain glac d'une brume demlancolie, ses yeux se mouillrent, et, avecun geste .trange, il murmura Revcrrai-jejamais tout cela ? Reste disait Jean.Mais il fallait qu'il partt. C'est son destin qui

    rappelait. ,A 'peine avait-il touch Paris et

    got son ivresse, la grippe le saisit. Qua-torze jours aprs, ce fut le moment que nous

    le perdmes.L'pidmie l'avait, pris resplendissant de

    sant et debonheur, plus solide qu'il n'avait

    jamais t, plein de projets magnifiques, pleind'oeuvres o promettait de coulr largementla sve d'un gnie libr de l'angoisse et, pourla premire fois, sur enfin de sa force. Car

    l'aventure pathtique de ce scrupuleux espritfut de s'exhaler au temps mme oit il parve-nait l confiance en soi. Uni; russite pro-digieuse qui, l'ge o un Hugo faisait encore ,

    le Charles Martel travers les bandes de

    Sarrasins du. classicisme, avait lanc dans

    l'espac, son nom triomphant; mais une" l-

    gende chevauchait en croupe est-il temps,

    pour ceux oui aimrent Edmond Rostand et

    qui furent ses tmoins, de dire qu'elle mn-tait ? " '

    En ralit, cet homme mince et ple qui,face un auditoire, savait redresser la tte

    avec un certain air de dfi et le fixer rsolu-,

    ment de ses yeux myopes qui n le voyaient

    pas, ce fringant vainqueur pareil ces conquis-'tadors qu'un soir, en Sorbonne, il clbra en

    si beau langage, portait au fond de lui une

    sorte de timidit qu'il avait la constante ap-

    prhension de laisser voir, et qui exprimaitune me altire, toujours rtive se livrer.Le succs, venant lui; l'avait enchant, et

    Ul joie qu'il en prouvait rayonnait autour de

    cet enfant du Midi, en qui flambait unpeud'Italie, mle un peu d'Espagne mais il ne

    tenta rien pour le grossir, et les artifices qui

    l'exploitrent nefurent pas de son fait.

    La malignit des crapauds. lui reprocha.comme un- calcul le long retard qu'il mit .

    livrer Chantcclcr ^ses acteurs :depis" quandun crivain, un artiste, est-il tenu d'obir aux

    sommations ? Cependant un deuil cruel, une

    longue maladie, une opration mal faite et

    qu'il fallut recommencer taient dj des fai-sons valables la premire de toutes, que sa

    dignit voulut cacher, le grandit auprs de

    ceux qui savaient:. c'est que ce fier artiste,han,t par le souci de l'impossible perfectionet toujours hsitant sur lui-mme, travaillantet, corrigeant sans cesse, ne pouvait se r-

    soudre laisser partir de lui, pour les des-tins aventureux 'du thtre, une uvre quitait sa chair, cet il avait souhait d'enfermer

    toute sa foi passionne dans la vie. Un

    conquistador qui doute de soi, voil un Ros-tand imprvu. Son extrme sensibilit a pusouffrir de la bave des crapauds il faut

    que la lgende en prenne son parti et qu'elles'incline devant la ralit.

    11 vivait, Cambo, dans une retraite her-'

    mtique, dans un silence qui ne fut jamaistrouble qu' son corps dfendant. On peutcompter ceux qui, en dix ans, ont franchi le

    seuil de cette demeure adorable et magnifi-que, qu'il avait faite pour son propre conten-

    tement et celui desi siens. Il aimait l'lganceet un certain faste, non pour blouir, maisparce que ses yeux se plaisaient aux chosesbelles et ordonnes, comme on aime une ri-

    che toffe, et parce qu'ils taient pour lui

    comme la parure somptueuse de la vie. Il s'ymouvait avec simplicit, avec des joies ga-mines o dbordait -sa '.fantaisie; j ai le sou-venir de soires o Rostand, charg -de

    gloire, semblait un collgien au premier jourdesvacances.

  • LE FIGAKQ JEUDI4 DECEMBRE1919

    robe. En 1873, il futrefusau Salon avecune uvre des plus importantes, Y Ama-zone, qui fit un des ornements de lacollection Henri Rouart. Les exposi-tions de la rue Laffitte se succdrentalors, ainsi que les ventes dsastreu-sss, parmi les rires du public et les

    indignations des critiques. Le trio avait

    quitt Fontainebleau et adopt les ri-ves de la Seine Argenteuil et Bou-

    gival. Pour donner une ide de la faon4ont on comprenait les nouvelles gam-mes de la palette (qui, en somme, taientcelles mmes de l'ancienne cole fran-

    aise depuis Jehan Fouquet jusqu'Watteau) un critique, non des moins

    perspicaces, reprocha Renoir de pein-dre la Seine en t, c'est--dire toute'bleue sous le reflet du ciel bleu, commela Mditerrane . Un autre trouvait ses

    dlicates nudits, des amas do chairs dcomposes .

    Cependant' Renoir avait des dfen-seurs et des admirateurs Duranty,Thodore Duret, puis Huysmans; et

    comme amateurs, MM. Choquet, De Bel-

    lio, Jean Dollfus, H. Rouart, le comteDoria. Malgr les difficults de la lutteet de la vie, Renoir accumulait les ta-bleaux importants et les innombrablestudes, paysages, figures, natures-mor-ts, compositions d'intimit, portraits.Il suffit do rappeler, en cet article forc-ment bref, la Loge, le Djeunera Bougi-val, la Danse, le Moulin de la Galette, laPetite Danseuse, et 'bien d'autres o la

    grce de la femme et de l'enfant taitraconte en un langage tincelant et ca-ressant. Comme portraits, ceux deJeanne Samanj, de Mme Robert de Bon-

    nires, de Mme Charpentier et ses en-

    fants, de Mme Berthe Morizot et de sa

    .fille, des Filles de Catulle Mondes, doMme Renoir et de ses enfants peuventtre cits parmi les pius typiques et les

    plus beaux.Renoir fit un ou deux voyages. Il alla

    notamment en Algrie et en rapportatoute une srie de paysages, et l'occasion de ce voyage, il prit un premiercontact avec la Provence qui devait plus'tard tre sa retraite de prdilection. AVenise, il fit quelques vues originales etune esquisse d.u Portrait de Itsclaard

    Wagner, curieuse et vivante, et non sansune pointe d'humour..Autour de chacune de ses uvres

    principales, Renoir se livrait millerecherches qui en taient soit la prpa-ration, soit la continuation, et qui jail-lissaient en vives esquisses ou on pein-tures acheves. Sa joie de peindre taitextrme. Il aimait la grce et le ctfleuri de la nature et des tres avec unesorie de tourment extasi. Parfois, il aconfess cette sorte de volupt en motslibres et expressifs. J'en puis, du moins,citer un On ne peut rien me dire quime satisfasse plus, en croyant me -bles-ser, qu'en accordant ma peinture leseul mrite d'tre agrable. Si j'avais tforc de peindre une bataille, j'auraiscouvert les combattants de fleurs, sansm'en apercevoir .

    L'inquitude de Renoir n'avait d'galeque sa verve. Il tait extrmement ner-veux et Iqurment mme sa priode dematurit. Mais travaillant toujours dansun tat de surexcitation et de doute, au

    point de recommencer six huit foiscertains e ses tableaux sur des toilesqu'il abandonnait presques acheves, iln'tait jamais dcourag ni "bout d'ar-deur. Jusque dans les derniers momentsde sa vie il aura eu, travailler, ce sin-gulier et heureux mlange de plaisir etd'anxit qui donne ses uvres cetaccent inimitable, essentiellement sen-sitif.

    Ces proccupations l'ont amen es-sayer de toutes les techniques etde toutesles factures. On distinguera dans sonuvre plus d'une manire passionn-ment adopte puis laisse dfinitive-ment. Il a peint, par exemple, certainstableaux, en grasses et paisses ptesd'autres, au contraire, sont minces,lisses et brillants comme un mail. Le

    pastel l'a galement servi d'une faondes plus sduisantes et franaises. Quoi

    qu'il en soit de toutes ces recherches et'de la diversit tonnante de ses sries,il reste toujours lui-mme, par ce ph-nomne qui apparat chez les trs grandsartistes et qui fait qu'on les reconnataux moments les plus opposs de leurvie, et lorsqu'on s'attendrait ce qu'ilsse ressemblassent le moins.

    Un beau Renoir ne s'aime pas demi.G'est un objet d'art completetspontan,qui est fait on ne sait comment, et pourcause, car l'artiste disait qu'il ne savaitpas lui-mme comment il s'y tait prispour la plupart de ses tableaux. Bienque l'on ait un peu trop confondu avecses ouvrages de la belle priode les bal-butiements perdus de ses derniresannes, il reste toujours, jusque dansces tardifs travaux, un lointain parfumde l'poque heureuse. Depuis plusieursannes, les affections rhumatismalesl'avaient supplici et comme tordu surlui-mme. Ses pauvres mains dont lesdoigts s'enchevtraient les uns dans lesautres, semblaient devoir tre condam-nes ne plus peindre. Eh bien, il sefaisait placer le pinceau entre les in-terstices de cette navrante confusion dephalanges, et il peignait, avec les pau-les, avec le corps, avec la volont, ou-bliant ses maux, et toujours gai entreses souffrances, ne boudant pas pluscontre le succs qu'il n'avait boudcontre les obstacles sans nombre de sesdbuts. C'tait un mlange d'ironie, debon sens et d'amabilit, avec parfois dessauts de brusquerie qui donnaient unegrande saveur et un vif clat ses en-tretiens.

    Ce grand artiste tait, on ne saurait

    trop le dire, iln Franais de race, et unsage dlicieux.

    Arsne Alexandre.

    LES GRANDES'VENTESSUCCESSION HAZAIID

    La journe d'hier, la Galerie "GeorgesPetit, tait consacre aux aquarelles, pas-tels et dessins de la collection Hazard.

    La vente, sous la direction de M0 Lair-Dubreuil, assist de M. Georges Petit,expert, s'est termine sur un chiffre de

    1,670,515 francs, dpassant de beaucouptoutes les estimations prvues.

    Voici les dernires enchres par nousretenues

    -N" 25,7, Czanne (Paul), 'Femme piquantune tte dans l'eau, 3,550 fr. n 258, Bai-gp.eusos. 4,900 fr. n* 259, Adoration de laiemme,. 7.500 fr. N" 362/Daumier (Honor),Les Baigneurs. ^,250 fr. N 290, Renoirf Pierre- Auguste), jeune Femme dans unehiirnionio bleue, 16,000 fr. N "321, Dau-mier ^Honor}- Femmes marchant j>om-

    l'Exode, 5,4oofr. n 322, La Parade, 4,000.francs n 362, Millet, Femmes travaillant la terre, 5,700 francs.

    Valemeat,

    Autour de la P~~it~La reconstitution des groupesC'est la question qui parat retenir l'atten-

    tion des quelques dputs - assez peu nom-breux d'ailleurs qui frquentent actuelle-ment les couloirs du Palais-Bourbon.

    Alors que les anciens dputs se montrent,en gnra], partisans de cette reconstitutionqui, d'aprs eux, rendrait plus facile la for-mation des grandes commissions, lesquelles,dans la prcdente lgislature, taient eneffet lues par les groupes sur la base de lareprsentation proportionnelle, les nouveauxdputs montrent une assez vive rpugnancecontre les anciens cadres , auxquels ilsreprochent, raison peut-tre, d'avoir faussle mcanisme parlementaire,

    M. Siegfried, doyen do la Chambre, et pr-sident-dans l'ancieine assemble du groupedes rpublicains de gauche, avait convoqu,hier aprs-midi, tous les anciens membresdo ce

    groupe,ainsi que les nouveaux d-

    puts lus avec le programme de l'Alliancerpublicaine dmocratique et qu'il jugeaitsusceptibles, par consquent, de se faireinscrire au groupe des rpublicains de

    gauche.Une quarantaine de dputs ont rpondu

    l'appel de M. Siegfried. Ils se sont d-clars, en principe, favorables cette recons-titution. Mais une nouvelle runion doitavoir lieu la semaine prochaine. G'est seu-

    lement alors qu'une dyisiou valable pourratre prise.

    ,y

    AUX ETATS-UNISL..IWQ-'-

    LaMissionconomiqueNous avons donn, il. y a environ un

    mois, quelques extraits du discours pro-nonc par le prsident de la Missionconomique franaise "aux Etats-Unis la confrence d'Atlantic City. M. E.Schneider y dveloppait. loquemmentles raisons d'ordre matriel autant quemoral pour lesquelles l'Amrique nesaurait se drober l'obligation de col-laborer l'uvre du relvement de notrepays.

    Restait indiquer les moyens pra-'tiques grce auxquels cette collaborationdevra s'tablir. La haute finance fran-aise tait reprsente dans la missionpar M. Andr Homberg, vice-prsidentde la Socit Gnrale, et par M. ie ba-ron du Marais, directeur du Crdit Lyon-nais. C'est ce dernier qui fut charg deprendre la parole pour complter la t&checommune. Avec quel talent il s'en est

    acquitt; on en pourra juger par le r-sum de son discours, que nous donnons

    ci-dessous.Devant un auditoire amricain mal

    inform de notre situation financiers, lebaron du Marais a commenc par ta-blir le budget de la France aprs laguerre, en le comparant au budget de1913. Seize milliards et demi (vingt mil-liards et demi, en y comprenant le ser-vice des pensions), contre cinq milliardscent millions.^Gette question du budget futur a t

    maintes fois traite dans ces colonneset nous ne nous y attarderons donc pas.Signalons cependant quelques remar-ques nouvelles. L'orateur a trs judi-cieusement mis en lumire ce fait quedans l'ancien budget 4 milliards 300millions taient fournis par les rgionsque l'invasion n'a pas atteintes. Cetteanne, ces mmes rgions fournirontdix milliards environ, ce qui correspond une augmentation de recettes de120 0/0. Les 33 millions de Franais ha-bitant les rgions non envahies ont doncvers au fisc 290 francs par tte en 1919tandis que, d'aprs le budget amricain,les habitants des Etats-Unis ne paierontque 258 francs par tte pour cette mmepriode.

    Qu'on vienne, aprs cela, nous repro-cher de n'avoir pas fait jusqu'ici uneffort fiscal suffisant!

    Tous comptes faits, pour couvrir nosbesoins d'aprs-guerre, il suffiracomme l'a dj dmontr M. Klotzd'augmenter les impts actuels de 500/0,proportion qu'il n'est nullement impos-sible d'envisager et d'atteindre. Le crdit tde la Franco ne dpend donc pas conir,pltement de l'excution des engage-ments de l'Allemagne qui incombe leremboursement des pensions aux veuveset aux mutils.

    La dette pationale va atteindre 200milliards au lieu de 28 milliards. Mais,sur ce montant, 30 milliards seulementconstituent une dette extrieure, et cettepartie de la dette est compense par unmontant bien suprieur de crances surles puissances de l'Europe centrale etorientale, crances qui deviendront rali-sables un jour.

    La rparation des dommages de guerreest mise par le trait de paix la charge del'Allemagne, nous aurons toutefois enfaire l'avance et nous estimons avoir ledroit de compter sur le concours desEtats-Unis pour faciliter cette opration.La France pourrait, par exemple, offriren garantie les bons allemands que letrait lui attribue.

    Elle ne doute pas que ces bons ne soientpays leur chance, mais dans le cas im-probable o ^'Allemagne viendrait man-quer ses engagements, elle considreraitcomme quitable qu'elle ne restt pas seuleavec la charge des rparations.

    Si, par malheur, la France devait treseule relever des villes et des villages queles enfants de l'Amrique et de l'Angleterre,luttant aux cts de ses soldats, ont vucrouler, elle ne dsesprerait cependant pasde l'avenir: elle se remettrait l'ouvrage.Mais alors ses blessures seraient plus lentes cicatriser. Elle travaillerait dans la souf-france et la souffrance n'est pas toujours,pour un peuple, bonne conseillre.

    Pour complter l'alimentation de lapopulation et pour assurer la marche denos usines, les commissions compten-tes estiment que nous aurons besoind'importer en 1020 environ 600 millionsde dollars de produits alimentaires, decoton, cuivre, ptrole, etc. Mais la d-prciation du franc rend ces achats par-ticulirement onreux pour nous.

    La dprciation du change n'est pas unphnomne isol elle est la manifestationd'une situation conomique dfavorable,d'une insuffisance de moyens de paiement dela part de la nation qui en est frappe,consquence elle-mme d'une insuffisance deproduction intrieure.

    =

    Il ne s'agit donc pas de chercher des com-binaisons artificielles, si ingnieuses soient-elles, par la cration de monnaie intornatioi.nalc par exemple.

    Pour aair suxie change, il faut agir sur les

    conditions conomiques intrieures du, payset s'appliquer en mme temps procurer ce pays les moyensd^ paiement qui lui j&n-qu,nt,"pur des procds financiers.

    Certains remdes dpendent de nous.Et d'abord, ce sera la. premire tche duParlement franais que decrar de nou-veaux impts et de. voter des empruntsextrieurs ou intrieurs qui permettront l'Etat, de rembourser une partie de sadette ta Banque de France et de r-duire ainsi la circulation fiduciaire.

    Nous devrons, d'autre part, nous effoivcer de stimuler la production, car lemanque de production c'est le grandmal dont souffre le monde en ce mo-ment

    La production n'est pas l'uvre de l'ou-vrier seul. Le tisserand do l'Inde produisait peine, on une journe do travail, quelqueseciitimtvos d'toffe grossire avant la cra-tion du mtier mcanique.La production n'est pas l'uvre do l'ing-

    nieur seul. Sans le capital, l'ingnieur n'au^rait pu crer la machine.

    La production n'est pas l'uvre du capitalseul. Le capital, sans l'ouvrier et l'ingnieur,reste strile.

    La production est le fruit do la collabo-ration harmonieuse del main-d'uvre, desconnaissances techniques et du capital.

    Pour que le travail puisse tre largementpay, il faut qu'il produise beaucoup. Il fautqte l'effort humain soit dirig et coordonnpar l'intelligence et la science du chef. Ilfaut qu'il soit multipli dans sa productionpar la machine, fruit du capital.

    Mais la rduction de la circulation etl'augmentation de la production ne suf-firaient pas pour amliorer notre change.Il faut aussi augmenter nos moyens depaiement et, pour cela, obtenir des cr-dits long terme, car la restauration dela, France ne sera pas l'uvre de quel-ques mois. Le minimum de dure descrdits il rechercher devrait tre de dixans. Or, les crdits de cette nature nesont pas du domaine des banques puis-qu'ils comportent de longues immobili*satious.

    Ils ne peuvent tre obtenus qu'aumoyen de crdits d'Etat ou par le place-ment de titres long terme dans le por-tefeuille do particuliers ou de Socits.

    Il est hors de doute que le procde le plusindiqu pour assurer la France les moyensde paiement dont elle a besoin, est le place-mut de titres franais sur le march amri-cain, soit directement, soit par l'interm-diaire de corporations amricaines qui met-traient leurs propres obligations en contre-partie des titres trangers, qu'elles garderaient tei> gage.

    La constitution d'un portefeuille trangerest d'ailleurs, pour un peuple dont la ba-lance commerciale est devenue largementcrancire, une ncessit absolue. Lorsqu'ilest bien compos, il peut tre considrcomme l'quivalent d'une encaisse-or sup-plmentaire, d'une encaisse-or qui porteraitintrt. Il forme le meilleur rgulateur duchange, les arbitrages des titres entre placestrangres venant au moment opportun limi-ter les fluctuations do ces changes.

    L'Angleterre et la France s'taient consti-tu avant la guerre un portefeuille de cettenature, Ce portefeuille a t l'lment capitalde la puissance de leur march financier et,on peut le dire aujourd'hui, seul ce porte-feuille tranger a permis ces deux pays decontinuer la guerre contre l'Allemagne jus-qu'au succs dfinitif.

    Les Etats-Unis, dont Je dveloppement sirapide exigeait beaucoup do capitaux, onttrouv jusqu'au moment de la-guerre l'emploide presque toutos leurs ressources l'int-rieur. Ils ont t emprunteurs plutt queprteurs. Mais les circonstances ont chang:il s'est produit dans ce pays, au cours de laguerre, d'normes accumulations de capitauxet boaucoup d'conomistes et de financiersestiment que les Amricains pourraient ais-ment placer l'tranger deux trois milliardsde dollars par an. Je pense qu'ils ont raisonet que ce placement deviendrait facile aussi-tt que le public amricain en comprendral'intrt et que les banques amricaines au-ront dvelopp leurs organismes de place-ment.

    Do tels organismes bien conus sont sus-ceptibles de donner des rsultats surpre-nants. G'est ainsi qu'une de nos grandesBanques franaises a

    placdepuis la dcla-

    ration de la guerre plus de 27 milliards defrancs pour le compte de l'Etat franais.

    Les tats-Unis ont prsentement une op-portunit exceptionnelle pour se constituerun pareil portefeuille. Les meilleures valeursdu monde s'offrent eux des conditionsextraordinaires.

    En ce qui concerne la France, la dtrio-ration momentane du change donne auxvaleurs franaises acquises par les Amri-cains un attrait spculatif de premier ordre.

    j Ija mission conomique interallien'tait pas alle aux Etats-Unis pour yngocier un emprunt. Son rle tait denous faire mieux connatre, de dissiperles lgendes que nos ennemis conti-nuent y rpandre et de semer desides justes et fcondes. Les Amricainsconnaissent maintenant les moyenspratiques qui permettront d'attendre,pour les rglements, que les forces de

    productions de notre pays aient tpleinement reconstitues.

    Sa tche brillamment accomplie, lamission est en ce moment sur la voiedu retour. Nous signalerons prochaine-ment certaines manifestations rcentesqui montrent la forte impression pro-duite par notre dlgation dans le mondede la finance et des affaires en Amri-que et qui permettent d'esprer que lespremires ralisations pratiques ne seferont pas attendre trop longtemps.

    Louis H. Aubert.

    Amrique LatineL'Argentine et le marchal Ptain

    M. Carlos Madariaga, prsident du Comitprolli de Buonos-Aires, prsentement Paris,vient de recevoir le tlgramme suivant

    Buenqs-Aires, 3 dcembre.

    Les Bureaux du Comit proalli prient sonprsident M. Carlos Madariaga de vouloirbien aux hommages rendus aux marchauxJoifro et Foch associer le marchal Ptain, JeBayard de son arme et dposer une cou-ronne sur la tombe des hros de Verdun enhommage de nos mres, do nos pouses etde nos enfants,

    SignFrancisco Barroetavena, tieardo

    HoGs, MamjclLAiNKZ, Rodolfo Rivajiola,Jos 13. Zubiaux, Ernesto Bosch, Nor-lioHo Pinbro, Julio Roca EorrinucLahrbta, Leopoldo Lugoxes, Juan CarlosRebor a, Antonio Pinero, Adolfo Mojica,Manuel Guiraldes, Alfrcdo Polacios,Santiago Brian Antonio Madariaga,Mrnilio Casares Alfredo de Urquiza,Guillermo Whiti Bnmque Moscoxi.Juan Madariaga, Norberto Lainez, JosM. Pesa, Juan Jose Vitoka, ManuelBalina.

    Les hommages auxquels ce tlgrammefait allusion ont t offerts hier soir aux deuxmarchaux franais Joffre et Foch au coursd'un banquet donn en leur honneur par lacolonie argentine do Paris et dont nous ren-drons compte demain.

    En UruguayMontevideo, T. dcembre.

    Les lections gnrales des dputs vien-nent d'avoir lieu conformment la nouvelle' '1loi proportionnelle et de vote secret. Les r-sultats, connus jusqu'ici sont les suivants

    libraux de toutes nuances 65

    1

    Rationalistes conservateurs 55 tSocialistes 2Catholiques i

    Aucun incident ne-s'est produit dans toutela Rpublique.

    keJWjfe&WeDANS LES AMBASSADESS. Esc. le ministre de Serbie et Mme

    Vesnjtch'ont donn hier, l'htel de la lga-tion, un diner en l'honneur de S. A. P,. le

    prince Alexandre de Serbie.

    M. Allard de Chteauneuf, premier se-crtaire l'ambassade de France Berne,aprs un court sjour en France, est retourn son poste.

    RENSEIGNEMENTS MONDAINS

    Le Prsident de la Rpublique, accom-

    pagn du gnral Pension, secrtaire gnralmilitaire de la Prsidence, est all hier aprs-midi chez le Prsident Loubet rendre la vi-site que celui-ci lui avait faite rcemment.

    S. M. l'impratrice Eugnie, voyageantcomme d'ordinaire sous le nom de comtessede Pierrefonds, est arrive hier Paris oelle se propose de consulter un spcialistedes affections des yeux. En quittant Paris,elle compte se rendre, ainsi qu'elle

    le fit

    souvent a pareille poque, dans sa propritdu Cap Martin pour y passer la mauvaisesaison.

    S. M. le roi de Montngro accompagnde la Reine et de la princesse Xnie, a quittavant-hier Paris, se rendant au Cap Martin.

    Avant-hier soir, au dner offert par le

    gnralet Mme Spears, on remarquait parmi

    les invits S. Exe. l'ambassadeur d'Angle-terre et la comtesse de, Derby, le duc deGui-

    che, comte et comtesse Henry de Mun, ladyd'Abernon, comte et comtesse Etienne de

    Beaumont, sir Eyre Crowe, efc, etc.Le diner a t suivi d'une audition musicale

    et d'une' rception restreinte. .i !Allemagne 23 1/4 Italie.. S0 1/4 Roumanie1 35.Belgiqu Norvge. 216 1/4 Suisse. 193 1/4Grce Portugal [vienne. 7 1/4-

    INFORMATIONS FINANCIRESCREDIT FONCIER.D'ALGRIE ET DE TUNISIE (Socit

    anonyme au capital de 78,500,000 francs). C'estle 15 dcembre prochain que le Crdit Foncierd'Algrie et de Tunisie doit procder l'mis-sion de 93,000 actions de 500 francs, afin do por-ter son capital de 78,500,000 francs 125,000.000de francs.

    Voici les conditions de cette oprationLes actionnaires auront, titre irrductible,

    un droit do prfrence s'exerant ds mainte-nant raison de deux actions nouvelles pour-trois anciennes. Les actiorts anciennes devronttre prsentes l'estampillage. Les actions nou-

  • E FIGARO JEUDI 4 DECEMBRE 1919

    velles porteront jouissance de l'exercice com-menant la 1er .janvier 1920; elles recevront, le1er juillet 1920 un intrt de 5 0]Q. sur 250 francs(1er et 2"- quarts verss), soit fr. 25, plus le su-

    perdividende quo, sur dcision de l'assemblegnrale statuant sur les comptes de l'exercice1919, les actions anciennes pourraient recevoir la mme date.

    Les actions non souscrites par prfrencePourront l'tre titre rductible par

    tout action-naire ou non. Les actionnaires possdant un.nombre d'actions infrieur trois ou qui ne se-rait pas un multiple de trois auront ventuelle-.ment un privilge pour la rpartition au proratades titres an'iens possds jJar eux.

    Le prix d'omission est flx (JOO francs, paya-bles 225 francs la souscription, 125 francs.du 20 au 25 janvier 1920 et 250 francs du 25 au30 juin 1920.

    La rpartition, aura lieu le 29 dcembre 1919.La souscription sera ouverte le 15 dcembre

    1919 et close le mme jourAu Crdit foncier d'Algrio et de Tunisie,

    .43, rue Cambon Crdit foncier de France,Banque de l'Union parisienne, Bauquo dMilsace,et de Lorraine; Banque franaise' pour le com-merce et l'industrie, Banque nationale de crdit,.Banque prive Lyon-Marseille, Banque, trans-atlantique, Crdit Algrien', Crdit commercial,de France, Crdit mobilier franais, Socitcentrale des banques de province, Socit gn-rale et Socit marseillaise..On peut ds prsent souscrire par corres-

    pondance.L'insertion lgale a paru au Bulletin des an-

    nonces lgales et obligatoires du 10 novembre19!9..

    CREDIT LYONNAIS. Bilan au 30 septembre 1919,Actif

    Espces en caisse et dans lesbanques. Fr. 461. 406.625 G3

    Portefeuille et Bons de la D-fense nationale 2. SOS. 003. 304 74

    Avncessurgarantiesetreports. 181.273.229 6SComptes courants 818.662.739 53Oprations de change terme

    garanties 113.641.45S 5S.~S_Portefeuille titres (actipnsjbbns,

    obligations, rentes) 9.303.718 26Comptes d'ordre et divers 77.883.944 18Immeubles 35.Q00.000

    Fr. /i.0o7l75.020 60

    PassifDeptsetbonsv)ie.Fr. 1.456.313.357 40Comptesconra-nts. 2.205.?8.48389Comptes exigibles aprs encais-

    sement. 107.154.75937Oprations do change terme'sai'MUes. 113.641.45858 58

    Acceptations. '-9.744.186 i0Bongaec.heance. 33.067.136 48Comptcsd'ordroetdivers. 124.591.677 50$olde du compte Profits et

    pertes des exercices aut-rieurs"4.663.76068

    Rservesdiverses. 200.000.000Capital ontitireruetit verse. 250.000.000

    Fr. 4.505.175.020 60

    L'LGANCEGASTRONOMIQUE

    Dner, dans le calme et l'aise, parmil'assistance la plus choisie, au Restau-rant du Grand Htel. Goter au curdu Paris tincelaiit, au centre des th-tres l'harmonieux repos du Jardind'hiver o passe et repasse l'lite univer-selle. Savourer, dans un dcor uniqueet des prix raisonnables, la douceurde nos succulences franaises; feuil-leter loisir la bibliothque o pr-cieusement sommeillent nos crus lesmeilleurs. Voil, grandement justifie,la

    mode gastronomique de cet hiver.

    LA POUDRE DE RIZ

    MAIACENE

    Extrmement fine, adhrente, donne la peau une agrable fracheur saine*vjiiuque et parfume.ta *S\S-m r

    ECOUTE POfl} IiE WM

    Le temps noir et triste dont Paris est af-flig prcipite l'exode vers les rgions lumi-neuses du Midi, vers le soleil et vers lesfleurs. Mais ce qui convient aux journesbrumeuses de l'hiver parisien ne sauraits'adapter aux clarts de la Riviora. Ce qu'ilfaut dans ce dcor radieux, ce sont les etof-fes souples et -lgres ot chante l'allgressedes couleurs. F. Georges l'a bien

    compris.Aussi a-t-il runi dans ses nouveaux salonsde dames' d'adorables robes, de sport, (tescapes de laine pas plus -lourdes qu'un duvet,des sweaters de soie, on un mot toutes lescoquetteries ncessaires ce pays d'enchan-tement o la vieest si douce vi-vre. Sachons gr Georges il nesonge pas seule-ment celles quipartent vers l'azurde Nice ou les ci-mes neigeuses deChamonix. Il estgalement plein desollicitude/pourcelles qui restentet qui trouverontchez lui de ravis-santes petites ro-bes de serge ou degabardine destines toutes lesheures du jour,ainsi qu'un ravis-sant choix de man-teaux dont nousdtachons celui-ci,en duvetine etgarni de mongo-lie. En velours desoie ou en satin;agrment de ra-gondin ou de touteautre fourrure, cemanteau aura plus grand air encore. Il peutdonc convenir, selon l'toffe choisie, auxlgances du Nord comme celles du Midi.Inutile d'ajouter que tous ces vtements nefont qu'un avec la Ceinture Georges dont ilspousent la silhouette dgage et dont l'ai-sance donne chaque femme l'allure d'unedesse marchant sur des nues.

    Rosine.

    P.-S. Malgr la hausse constante desmatires premires, la maison F. Georges,'p-37, boulevard des Capucines, maintientses prix jusqu'au lBr janvier. Je signale auxfutures mamans la ceinture maternit, re-commande par tous les docterset spcia-listes. R.

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