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46 Le français de spécialité et la description de représentations graphiques 1 Véronique SANCTOBIN An SLOOTMAEKERS Interfacultair Instituut voor Levende Talen KULeuven En français de spécialité, l'entraînement à la description de représentations graphiques nous semble d'un intérêt primordial pour deux raisons. Tout d'abord, quelques années de pratique nous ont appris que la description d'une représentation graphique est une aptitude que nos étudiants (2e année de sciences économi- ques et de sciences sociales) ne possèdent que de façon lacunaire, surtout en langue étrangère. Le problème s'avère pourtant d'importance si l'on considère que l'utilisation de représenta- tions graphiques a connu une véritable explosion dans la presse écrite. En effet, ces représentations graphiques constituent un moyen approprié pour encoder de grandes quantités de données de façon à les rendre facilement consultables. Il semble d'ailleurs que le lecteur considère effectivement ces graphiques comme des outils communicatifs véhiculant un contenu, et non seulement comme des dessins servant uniquement à accrocher l'attention. C'est le graphique en particulier qui a retenu notre attention, et plus particulièrement le type de graphique que Bowen (1992 : 55,70) qualifie de "time series graph", un type de graphique qui représente l'évolution d'une variable sur l'axe du temps. En effet, ce type de graphique est fréquemment utilisé dans la presse écrite pour la représentation de concepts socio- économiques. 1. La "lecture" de graphiques Bertin (1967) considère la lecture de graphiques comme un processus de construction de sens. Nous illustrerons ses propos à l'aide du graphique présenté ci dessous 2 : 1 La présente publication est une version remaniée de Sanctobin et Slootmaekers (1995). Pour de plus amples informations d'ordre bibliographique, nous invitons le lecteur à consulter ladite publication. 2 Le Soir, 21.05.93.

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Le français de spécialité et la description de représentations graphiques 1

Véronique SANCTOBIN

An SLOOTMAEKERS

Interfacultair Instituut voor Levende Talen KULeuven

En français de spécialité, l'entraînement à la description de représentations graphiques nous semble d'un intérêt primordial pour deux raisons. Tout d'abord, quelques années de pratique nous ont appris que la description d'une représentation graphique est une aptitude que nos étudiants (2e année de sciences économi-ques et de sciences sociales) ne possèdent que de façon lacunaire, surtout en langue étrangère. Le problème s'avère pourtant d'importance si l'on considère que l'utilisation de représenta-tions graphiques a connu une véritable explosion dans la presse écrite. En effet, ces représentations graphiques constituent un moyen approprié pour encoder de grandes quantités de données de façon à les rendre facilement consultables. Il semble d'ailleurs que le lecteur considère effectivement ces graphiques comme des outils communicatifs véhiculant un contenu, et non seulement comme des dessins servant uniquement à accrocher l'attention. C'est le graphique en particulier qui a retenu notre attention, et plus particulièrement le type de graphique que Bowen (1992 : 55,70) qualifie de "time series graph", un type de graphique qui représente l'évolution d'une variable sur l'axe du temps. En effet, ce type de graphique est fréquemment utilisé dans la presse écrite pour la représentation de concepts socio-économiques. 1. La "lecture" de graphiques Bertin (1967) considère la lecture de graphiques comme un processus de construction de sens. Nous illustrerons ses propos à l'aide du graphique présenté ci dessous 2 :

1 La présente publication est une version remaniée de Sanctobin et Slootmaekers (1995). Pour de plus amples informations d'ordre bibliographique, nous invitons le lecteur à consulter ladite publication. 2 Le Soir, 21.05.93.

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Pour Bertin (1967 : 140), il existe trois niveaux de décodage, à savoir le "niveau élémentaire de lecture", le "niveau moyen de lecture" et finalement le "niveau supérieur" ou "lecture d'ensemble". Examinons-les un à un en nous référant au graphique donné. Pour appréhender une représentation graphique, le lecteur peut poser différents types de questions. S'il pose des questions visant à obtenir des données concernant un seul élément isolé dans la représentation graphique, il se trouve au premier niveau de la lecture, à savoir le "niveau élémentaire". Le lecteur peut par exemple se poser la question de savoir à combien s'élève la population asiatique en 1950. En se posant ce type de question, il sollicite la représentation graphique en tant que "banque de données", dont il veut extraire une donnée particulière. Le lecteur peut également poser une question visant à obtenir des informations concernant non plus un élément isolé, mais au contraire un groupe d'éléments : quelle est l'évolution de la population asiatique? C'est le "niveau moyen" de la lecture. Les images ne sont donc plus interprétées de façon isolée, mais par ensembles. Un tel type de questions engendre un commentaire global d'une partie du graphique. Finalement, si le lecteur-décodeur pose une question "introduite par l'ensemble de la compo-sante" (Bertin (1967 : 140)), il se trouve au "niveau supérieur" de la lecture. Il se pose alors la question de savoir comment la population mondiale a évolué pendant les derniers siècles. Cette question engendre un commentaire global, qui prend en compte la totalité du graphique et sonde les intentions de communication de son auteur. C'est ce dernier niveau que le lecteur doit essayer d'atteindre, affirme Bertin (1967 : 153), même si cela ne va pas de soi. En effet, de nombreux lecteurs n'arriveraient même pas à transgresser le niveau élémentaire. Pourtant, il est absolument nécessaire que le lecteur atteigne ce niveau supérieur, puisque s'il y arrive, "tous les niveaux inférieurs sont lisibles, alors que l'inverse n'est pas vrai" (Bertin (1977 : 13)). Qui plus est, "(...) notre mémoire ne peut retenir la multitude des informations élémentaires. Il faut réduire cette multitude, découvrir des éléments semblables, les grouper, les classer" (Bertin (1977 : 180)). 2. Les objectifs d'apprentissage L'apprenant doit être capable de comprendre le fonctionnement du graphique, c'est-à-dire d'en dégager les relations au niveau moyen et global, pour être capable de le décrire en langue étrangère. Ceci implique notamment des connaissances du lexique technique ("En abscisse, ... en ordonnée, ..."), de l'expression de la comparaison ("X est plus élevé que Y, ..."), de la quantité ("X s'élève à 3 pour cent", ...) et des fluctuations ("X augmente ..."), de la localisation ("En Belgique, ...") et de la chronologie ("Entre 1990 et 1998, ..."), et finalement l'aptitude de manipuler les articulateurs du discours ("Premièrement ..., deuxièmement, finalement", "par contre...", "en effet", ...). Certains aspects seront développés dans ce qui suit.

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3. La phase de décodage Pour aider l'apprenant à analyser des graphiques, la grille suivante est proposée. Elle permet de "questionner" le graphique : quel est le sujet du graphique ? où cela se passe-t-il ? quand cela se passe-t-il ?

comment se présente la situation, au niveau global et moyen ? Un graphique peut cependant contenir plus d'un sujet ou plus d'une localisation spatiale/temporelle. Cela donne les possibilités suivantes : Sujet1 + Sujet2 + ... + Sujetn = une comparaison Où1 + Où2 + ... + Oùn = une comparaison Quand1 + Quand2 + ... + Quandn = une évolution 3 Le résultat de ce questionnement est représenté par l'apprenant dans un schéma de données, à partir duquel il va rédiger sa description. Pour l'exemple cité, le résultat serait alors le suivant : Sujet = la population Où = dans le monde (comparaison) Où1 = en Asie Où2 = en Afrique Où3 = en Amérique Latine Où4 = en Europe Où5 = en Amérique du Nord Quand = de 1800 à 2050 (évolution + prévision) Commentg = évolution à la hausse en général, sauf pour Où4 et Où5 Commentm = Commentm1 = explosion Commentm2 = flambée Commentm3 = augmentation Commentm4 = légère baisse Commentm5 = stagnation

4. La phase de rédaction 4.1. Exercices préparatoires C'est surtout pendant la phase de rédaction que l'apprenant est confronté à des problèmes d'ordre langagier. Nous estimons dès lors que cet apprenant doit d'abord se familiariser avec l'outillage langagier à utiliser avant de se lancer dans la phase de rédaction proprement dite. Dans ce qui suit, nous proposons un aperçu non exhaustif de cet outillage, conçu pour un public d'apprenants de niveau moyen à avancé. Pour faciliter la lecture de ce texte, les 3 Si Quandn se situe dans le futur, il s'agit d'une prévision.

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données sont présentées en annexe. Pour chaque partie, nous tentons de donner quelques suggestions pour l'exploitation didactique de ces données. Le lecteur aura ensuite soin d'adapter le matériel présenté aux besoins de l'apprenant. 4.1.1. Tout d'abord, il convient d'accorder de l'importance au "vocabulaire technique" (par exemple : "la courbe", ...) à utiliser, même si celui-ci ne provoque pas beaucoup de problèmes chez l'apprenant, semble-t-il (Voir Annexe 1) 4. Ceci peut se faire en soumettant à l'apprenant des graphiques fictifs (construits de façon très sommaire, comme dans l'Annexe 1) à décrire. 4.1.2. Ensuite, une attention importante doit être portée au maniement du vocabulaire nécessaire pour exprimer une quantité et au vocabulaire exprimant des fluctuations, vu la fréquence très élevée de celui-ci dans le discours économique, comme l'a montré Verlinde (1995 : 140)). L'Annexe 2 propose une liste contextualisée de ce vocabulaire 5. Le lecteur constatera que nous estimons qu'il ne suffit pas de donner des listes de verbes/substantifs à l'apprenant, mais qu'il faut également munir celui-ci d'informations lui permettant d'utiliser ces verbes/substantifs de façon correcte. En d'autres termes, des informations sur la valence nominale/verbale ainsi que sur les possibilités combinatoires de ce vocabulaire s'avèrent indispensables, ne fût-ce que pour sensibiliser l'apprenant à des questions du type les patrons augmentent les salaires > les salaires augmentent

Notre collègue Serge Verlinde (1995) a analysé 18 formes 6 exprimant des fluctuations dans un corpus (non littéraire) étendu, du point de vue de leur valence, de leur fréquence dans le discours ainsi que de leur possibilités combinatoires. Les résultats de cette analyse ont été intégrés dans l'Annexe 2. Ces données prennent pour point de départ le sens des expressions en néerlandais, en vue de faciliter leur consultation par l'apprenant. Ces expressions peuvent s'activer grâce à l'exercice figurant dans l'Annexe 3. En effet, dans cet exercice, il s'agit de décrire les différentes étapes d'un graphique imaginaire. De cet exer-cice ressortent les relations entre les différentes expressions (synonymes et antonymes, déri-vés,...). Par sa présentation, il est susceptible de favoriser l'appropriation de ce vocabulaire. Pendant un second moment, l'apprenant est soumis à des exercices de reformulation, du type suivant : connaître une faible progression = augmenter faiblement forte = augmenter fortement importante = augmenter de façon importante progression constante = augmenter de manière constante, etc. être en baisse constante = baisser de façon constante présenter une baisse rapide = baisser rapidement, ... d'autres adverbes/adjectifs : ...sensible(ment), net(tement), modéré(ment), régulier (èrement), ... 4 Les Annexes, bien que remaniées par nous, contiennent de l'information faisant partie du "fonds commun" du matériel didactique développé à l'ILT. Nous tenons par ce biais à remercier tous les collègues, anciens et actuels, d'y avoir participé, en particulier les Professeurs J.Binon et S.Verlinde. 5 Voir également l'aperçu dans Danilo et Penfornis (1993 : 51). 6 A savoir : (s')accroître/accroissement, augmenter/augmentation, croître/croissance, hausser/hausse, progresser/progression, (se) réduire/réduction, diminuer/diminution, baisser/baisse, régresser/régression.

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Il va de soi qu'on peut également travailler les oppositions : lent <-> rapide faible <-> fort, ... 4.1.3. Puisque certains graphiques présentent une comparaison de différentes variables, il convient également d'introduire des formules pouvant exprimer la comparaison. Pour ce faire, l'apprenant ne dispose pas uniquement de moyens grammaticaux (les degrés de comparaison), mais également de moyens lexicaux. L'Annexe 2 ("l'expression d'une quantité" : 1.4., 1.6., 1.7.) donne un aperçu des moyens lexicaux à la disposition de l'apprenant. Nous abordons cette problématique par le biais d'exercices de traduction. 4.1.4. Les indicateurs géographiques et temporels méritent également quelque attention. Pour ce qui est des indicateurs géographiques, il est bien sûr impossible de prétendre à l'exhaustivité, mais il nous semble qu'un aperçu de l'emploi des prépositions devant les pays est primordial, celui-ci pouvant bien sûr se compléter d'un aperçu de celles précédant les continents, les provinces, les villes, etcétéra, en fonction des besoins de l'apprenant et de ses connaissances préalables. Si le temps le permet, on peut également travailler les noms des pays (ici, le bon sens l'emportera !) avec l'apprenant. En ce qui concerne les exercices, nous préconisons des exercices à trous pour l'entraînement à l'emploi des prépositions et l'emploi de cartes géographiques pour faciliter l'emploi des noms des pays. Pour ce qui est des indicateurs temporels, il convient d'attacher de l'importance aux prépositions et conjonctions devant les indications de temps, comme par exemple : Pour indiquer une situation : en 1998, pour l'année 1998, pendant l'année 1998, avant 1998, ... Pour indiquer une évolution : de 1990 à 1998, à partir de '90, jusqu'en '98, entre 1990 et 1998, depuis '90, ... Pour indiquer une comparaison : pendant les années 1980, 1990 et 1998, .... 4.1.5. L'articulation du discours mérite une attention toute particulière. En effet, l'apprenant doit pouvoir manier les formules pour introduire un texte ainsi que pour le subdiviser en grandes parties, telles les formules mentionnées sous l'Annexe 4. Dans le même ordre d'idées, des exercices ayant pour but de stimuler l'emploi des connecteurs, c'est-à-dire des expressions reliant des (parties de) phrases (voir l'Annexe 5) s'avèrent nécessaires. L'attention doit surtout porter sur les connecteurs d'enchaînement/d'énumération ("D'une part, ... d'autre part",...), sur les connecteurs d'opposition ("Contrairement à ", ...), et sur les connecteurs d'explication et de précision ("En effet", ... ). Une brève explication s'impose. L'approche est contrastive et onomasiologique, puisque nous abordons les connecteurs par le biais du sens pour déboucher sur des formes. En effet, les constructions les plus fréquentes ont été subdivisées en six types. Le "type 1" par exemple est un connecteur reliant deux (parties de) phrases, le "type 2" introduit un substantif, ... (Voir également l'Annexe 5).

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Cette approche permet d'introduire également des connecteurs qui traditionnellement étaient considérés comme faisant partie du lexique, comme par exemple des verbes ("s'opposer à") et des substantifs ("l'opposition") (Voir également Ruquet & Quoy-Bodin (1988)). Nous ne nous bornons pas à donner à l'apprenant des listes de connecteurs, mais nous mentionnons également, outre des informations concernant leur fréquence, dans quelle(s) construction(s) ils interviennent. Cela permet de faire des exercices de reformulation : avant que tu partes = avant ton départ, ... Des exercices de reformulation semblent donc appropriés pour l'exercice des connecteurs, ainsi que des exercices de traduction. 4.2. La phase de description proprement dite Dans une situation de classe, l'enseignant peut au besoin renoncer à l'exposé théorique, et stimuler l'apprenant à chercher lui-même comment se décrit un graphique. A cet effet, il peut par exemple soumettre aux apprenants des descriptions de graphiques rédigées par des francophones (voir la presse écrite), en leur demandant d'en dégager les principes de rédaction. Ensuite, si l'apprenant dispose d'un bon niveau de français, l'enseignant peut lui soumettre un graphique à décrire et prendre pour point de départ les problèmes qui se posent et les observations de l'apprenant. Un même graphique peut être décrit à partir de différents points de vue, à savoir un point de vue logique (le point de départ est le sujet du graphique), un point de vue chronologique (le point de départ est l'évolution proprement dite) ou un point de vue géographique (le point de départ est la localisation spatiale) (Voir le schéma donné plus haut). Bien entendu, l'apprenant est libre de choisir entre ces possibilités, la seule restriction étant celle de rédiger un texte structuré et clair. Lors de la rédaction, il convient de traiter les éléments d'ordre général avant les éléments particuliers. Ainsi, l'introduction du texte doit situer la problématique, en faisant référence à la triade "sujet-où-quand". Ensuite sera donné un aperçu global du graphique, en mentionnant l'information obtenue à ce que Bertin qualifie de "lecture d'ensemble". En d'autres termes, il s'agit de donner une vue synthétique de l'évolution représentée dans le graphique. Finalement, le graphique est découpé en différentes parties, obtenues grâce à une "lecture moyenne", correspondant à des groupes d'évolutions, qui seront décrites un à un. conseil d'administration d'une multinationale, qui se réunit pour discuter les résultats annuels qui lui ont été soumis, graphiques à l'appui, ... Au lecteur à faire appel à sa créativité personnelle. Nous espérons lui avoir procuré quelques pistes à explorer. Voici comment pourrait se présenter la description du graphique analysé :

Dans ce graphique, il s'agit de l'évolution de la population mondiale de 1800 à 2025. Les continents pris en considération sont l'Asie, l'Afrique, l'Amérque Latine, l'Europe et l'Amérique du Nord. En règle générale, on peut constater que la population dans ces continents augmente, sauf en Europe et en Amérique du Nord. Examinons la situation dans les différents continents. Tout d'abord, en Asie, la population a connu une véritable explosion depuis la seconde moitié du vingtième siècle. On prévoit en outre que cette tendance va se poursuivre jusqu'au siècle suivant.

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Ensuite, en Afrique, la population, tout en étant au départ moins nombreuse que la population asiatique, a connu une véritable flambée, ... En Amérique Latine par contre, ...

Il va de soi que l'enseignant ne doit pas se limiter à l'entraînement à l'expression écrite de graphiques. Des représentations graphiques peuvent également donner lieu à un entraînement à l'expression orale. Une présentation orale peut inclure une description de graphiques, des discussions et/ou simulations de toute sorte peuvent s'imaginer. Par exemple : les apprenants représentent le conseil d'administration d'une multinationale, qui se réunit pour discuter les résultats annuels qui lui ont été soumis, graphiques à l'appui, ... Au lecteur à faire appel à sa créativité personnelle. Nous espérons lui avoir procuré quelques pistes à explorer. Références BERTIN, J. (1967) Sémiologie graphique. Les diagrammes, les réseaux, les cartes. Paris:

Gauthier-Villars et Ecole Pratique des Hautes Etudes BERTIN, J. (1977) La graphique et le traitement graphique de l'information. Paris:

Flammarion BOWEN, R. W. (1992) Graph it! How to Make, Read and Interpret Graphs. New Jersey:

Prentice Hall CHAPPE, J.-M. (1993) L'infographie de presse. Paris : CFPJ DANILO, M. & J.-L. PENFORNIS (1993) Le français de la communication professionnelle.

Paris : CLE International IRGL, V. (1985) The Metaphor in the Language of Commerce. in : A.-M. Cornu e.a. Beads

or Bracelet, Selected Papers from the Fifth European Symposium on LSP. Leuven : ILT/Oxford University Press

RUQUET, M. & J.-L. QUOY-BODIN, avec la collaboration de M. CAYOL (1988) Comment dire ? Raisonner à la française. Etude des articulations logiques. Paris : CLE International

SANCTOBIN, V. & A. SLOOTMAEKERS (1995) L'entraînement à l'expression écrite : la description de représentations graphiques. Le Français dans le Monde 271, 108-111

VERLINDE, S. (1995) La combinatoire du vocabulaire des fluctuations dans le discours économique. Cahiers de Lexicologie 1, 137-176

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Annexe 1 : le vocabulaire “technique”

X, Y = les variables

X augmente rapidement – la poussée de X X augmente de façon constante X augmente lentement (X baisse rapidement – la chute de X, …) X augmente / baisse régulièrement – irrégulièrement

x atteint un sommet x atteint son niveau le plus bas x connaît des variations très importantes x reste assez stable x connaît peu de variations

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Annexe 2 : Le vocabulaire des fluctuations

1. L’expression d’une quantité

1.1. X 'bedraagt' Y X = chose, Y = quantité

atteindre (il atteint – il a atteint) être de (il est de... – ils sont de... – il a été de) s'élever à (il s'élève à – il s'est élevé à) se monter à (il se monte à – il s'est monté à)

ex. Les bénéfices de cette entreprise s'élèvent à 90 millions de francs.

1.2. X 'beperkt zich tot' Y X = chose, Y = quantité

se limiter à (il se limite à... – il s'est limité à)

ex. Les bénéfices de cette entreprise se limitent à 90 millions de francs.

1.3. X 'bereikt een maximum van' Y X = chose, Y = quantité

plafonner à (il plafonne à... – il a plafonné à)

ex. Le taux d'inflation plafonne à 2,5%.

1.4. X '=' Y X = chose, Y = chose

couvrir (il couvre – il a couvert) égaler être comparable à (il est... – ils sont... – il a été ...) être égal à (égaux !) être équivalent à être identique à

ex. Les investissements sont équivalents à ceux de l'année dernière. Aux Etats-Unis, les recettes de l'Etat couvrent les dépenses.

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1.5. X 'blijft op hetzelfde peil, stagneert, stabiliseert zich' X = chose

stagner (il stagne – il a stagné) se stabiliser (il se stabilise – il s'est stabilisé) (autour de).

la stagnation de X (= donnée positive) (autour de) la stabilisation (= donée négative) (autour de)

ex. L'inflation se stabilise autour de 2,5%. On connaît actuellement une stabilisation de l'inflation autour de 2,5%. La croissance stagne. La stagnation de la croissance.

1.6. X 'overtreft' Y X = chose, Y = chose

dépasser (il dépasse – il a dépassé) excéder (il excède – il a excédé) être plus élevé que (il est... – il a été...) (PAS : 'grand' !) être supérieur à (PAS : 'haut' !)

ex. En '87, les pertes de l'entreprise étaient plus élevées que l'année précédente. Aux Etats-Unis, les importations dépassent les exportations.

1.7. X 'overtreft' Y niet X = chose, Y = chose

cf. 1.6. ne dépasse pas est moins élevé que est inférieur à n'excède pas

ex. En '87, les pertes de l'entreprise étaient moins élevées que l'année précédente. Aux Etats-Unis, les importations ne dépassent pas les exportations.

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2. Augmenter Note : les termes précédés de * * sont extrêmement fréquents ! (Verlinde 1995 : 139)

2.1. X 'doet' Y 'stijgen (met Z)' X = personne/chose, Y = chose, Z = quantité

* * augmenter (il augmente – il a augmenté) * * accroître (il accroît – il a accru) Note : les verbes "hausser" et "croître" ne constituent PAS un équivalent ! Si Y = PRESTATIONS, IMPOTS, SALAIRES : majorer

ex. Le ministre augmente la TVA sur les disques de 5%. Le gouvernement majore les impôts de 3%.

2.2. X 'stijgt (met Z) (dankzij/omwille van X)' X = personne/chose, Y = chose, Z = quantité

* * augmenter (il augmente – il a augmenté) * * s'accroître (il s'accroît – ils s'accroissent – il s'est accru) Note : les verbes "hausser" et "croître" ne constituent PAS un équivalent !

ex. La TVA sur les disques a augmenté de 5% à cause d'une décision ministérielle.

2.3. 'de stijging van Y (met Z) dankzij/omwille van X)' X = personne/chose, Y = chose, Z = quantité

* * une augmentation * * un accroissement Note : s'emploie fréquemment avec "productivité (B) * * une croissance Note : – s'emploie fréquemment avec "productivité (FR), "production", "PIB/PNB" – 2 expressions : "taux/rythme de croissance" * * une hausse Note : – forme avec "être" l'expression "être en hausse" (PAS : "hausser" !) – s'utilise fréquemment avec une somme d'argent : "prix", "salaire", ... Si Y = PRESTATIONS, IMPOTS, SALAIRES : la majoration

ex. On enregistre une augmentation de 5% de la TVA sur les disques. On s'attend à une majoration de 3% de la TVA.

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2.4. Y 'boekt vooruitgang (met Z) (dankzij/omwille van X)' X = personne/chose, Y = chose, Z = quantité

connaître une (faible, forte, ...) progression * * progrsser (il progresse – ils ont progressé)

* * une progession (de Y) (de Z) (grâce à/à cause de X)

ex. De 1990 à 1998, le chômage a progressé de 3%. Depuis 1990, nous avons assisté à une progression du chômage de 3%.

2.5. X 'stijgt plots' X = chose

flamber

la flambée de X

ex. Le prix des produits pétroliers a flambé. La flambée des prix des produits pétroliers a déréglé les marchés.

2.6. X 'doet' Y 'wederopleven' / X 'zwengelt' Y 'aan' X = personne/chose, Y = chose

relancer (il relance – il a relancé)

le redressement de Y la relance de Y (grâce à X) la reprise de Y (grâce à X)

ex. Ces mesures relancent la demande intérieure. Ces mesures contribuent à la relance de la demande intérieure.

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2.7. 'de doorbraak van Y' Y = chose

la montée la poussée

ex. L'OCDE craint une nouvelle montée du protectionnisme.

L'augmentation (ou l'amélioration) peut encore être indiquée par d'autres termes :

un alourdissement, un boom, un élargissement, une explosion, exploser, faire progresser, grimper, etc.

Les expressions imagées sont également excessivement fréquentes dans la presse écrite7 comme l'a observé Irgl (1985).

7 Un exemple récent, trouvé dans La Libre Belgique (05.10.98): Les valeurs belges aspirées vers le haut. (p. 16)

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3. Diminuer Note : les termes précédés de * * sont extrêmement fréquents

3.1. X 'doet' Y 'dalen (met Z)' X = personne/chose, Y = chose, Z = quantité

* * diminuer (il diminue – il a diminué) * * réduire (il réduit – ils réduisent – il a réduit) baisser (il baisse – il a baissé)

ex. Le ministre diminue la TVA sur les disques de 5%.

3.2. X 'daalt (met Z) (dankzij/omwille van X) X = personne/chose, Y = chose, Z = quantité

* * diminuer * * se réduire baisser

ex. La TVA sur les disques a diminué de 5% grâce à une décision ministérielle.

3.3. 'de daling van Y (met Z) (dank zij/omwille van X)' X = personne/chose, Y = chose, Z = quantité

* * une baisse Notes : – forme avec "être" l'expression être en baisse – s'utilise fréquemment avec une somme d'argent : "prix", "salaire", ... * * une diminution Note : – forme avec "être" l'expression être en diminution * * une réduction Note : – s'utilise fréquemment avec des termes à connotation négative : "dépenses", "impôts", "déficit", ... – s'utilise fréquemment avec une indication de temps.

ex. On constate une diminution de 5% de la TVA sur les disques.

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3.4. Y 'boekt achteruitgang (met Z) (dankzij/omwille van X)' X = personne/chose, Y = chose, Z = quantité

connaître une (faible, forte, ...) régression reculer * * régresser (il régresse – ils ont régressé)

* * une régession (de Y) (de Z) (grâce à/à cause de X)

ex. De 1990 à 1998, le chômage a régressé de 3%. Depuis 1990, nous avons assisté à une régression du chômage de 3%.

3.5. X 'daalt plots' X = chose

chuter

la chute de

ex. Le prix des produits pétroliers a chuté. La chute des prix des produits pétroliers a déréglé les marchés.

3.6. X 'geleidelijk afnemen' X = chose

fléchir

le fléchissement

ex. La compétitivité de cette entreprise fléchit depuis quelques mois. Cette baisse s'explique par un fléchissement des achats.

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3.7. X 'doet' Y 'verdwijnen' X = personne/chose, Y = chose

résorber

la résorption de Y (grâce à X)

ex. Le gouvernement a résorbé le déficit budgétaire. La résorption du chômage est une des priorités du gouvernement.

La diminution peut encore être indiquée par d'autres termes :

un abaissement, une décélération, une dégradation, un effondrement, un ralentissement, un repli, juguler, faire régresser, faire reculer, reculer, s'effondrer, etc.

Les expressions imagées sont également excessivement fréquentes dans la presse écrite comme l'a observé Irgl (1985).

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Annexe 3 : Exercice

Dénommez chaque phrase du graphique suivant en complétant le tableau.

1 subst. : verbe :

6 subst. : verbe :

2) a) subst. : verbe :

4) a) subst. : verbe :

b) subst. : verbe :

b) subst. : verbe :

3) subst. : verbe :

5) subst. : verbe :

7) subst. : verbe :

8) subst. : verbe :

Note 2a et 4a = verbes intransitifs (voir Annexe 2) 2b et 4b = verbes transitifs (id.)

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Annexe 4 : Les articulateurs du discours

Pour Introduire

le graphique présente nous informe sur illustre comment indique révèle montre ...

sur ce graphique, sur le graphique,

il s'agit de ... (PAS : ce graphique s'agit de ...) on remarque constate observe voit note relève ...

Pour décrire

si l'on regarde... , en regardant... , examinant...

on peut s'apercevoir que... on peut se rendre compte de...

une analyse (approfondie) des données montre (que) ... , etc. il est à remarquer que... (PAS : remarquable) . . .

Pour enchaîner les paragraphes

(tout) d'abord pour commencer nous commencerons par débutons par premièrement en outre de plus ensuite qui plus est à cela s'ajoute on observera aussi que deuxièmement, troisièmement, ... enfin pour terminer finalement on notera en dernier lieu que pour conclureon peut conclure que en conclusion, etc.

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Annexe 5 : Les connecteurs

Introduction

Dans un texte, les idées (X, Y, ...) présentées doivent être reliées entre elles. Ces liens sont mis en évidence dans le texte à l'aide de connecteurs.

Les liens logiques peuvent être une énumération : X+Y, une opposition : X <–>Y, etc.

Il existe différents types de connecteurs :

type 1. Les connecteurs qui établissent un lien entre 2 (parties de) phrases. ex. Le prix du super baisse alors que le prix du diesel augmente. (X<–>Y)

type 2. Les connecteurs suivis d'un nom (substantif). ex. Contrairement au prix du super, le prix du diesel augmente. (X<–>Y)

type 3. Les connecteurs suivis d'un infinitif. ex. Le gouvernement a pris des mesures pour résorber le chômage. (X –>Y)

type 4. Certains verbes s'emploient comme connecteur. ex. Le prix de l'essence suit la flambée du dollar. (temps : Y > X)

type 5. Certains noms (substantifs) s'emploient comme connecteur. ex. Le but de cette campagne publicitaire est de mobiliser les jeunes. (X (la campagne publicitaire) –> Y (mobiliser...))

type 6. Certains adjectifs s'emploient comme connecteur. ex. Il faut immédiatement prendre des mesures génératrices d'emploi. (X (mesures) –> Y (emploi))

Dans les pages qui suivent : 1, 2, 3, 4, 5, 6, : indication du type de connecteur X, Y : les idées reliées ,/ ;/. : le connecteur suit une virgule, un point-virgule ou commence une phrase. Les connecteurs sont classés par ordre de fréquence d'emploi.

Si possible, employez plutôt les connecteurs type 2–4 que ceux du type 1 : vos phrases seront plus simples ! (d'ailleurs, les francophones parlent ainsi)

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Les connecteurs d'énumération et d'enchaînement

exemple Le prix des cigarettes et de l'essence a augmenté

X + Y TYPE 1 :

X = Y

X et Y Quant à Y En ce qui concerne Y Concernant Y

en wat Y betreft

D'un côté X , de l'autre Y D'une part X , d'autre part Y Non seulement Y , mais aussi Y

enerzijds, anderzijds niet alleen, maar ook

X < Y

X . Par ailleurs Y X . En outre Y X . De plus Y

daarenboven

TYPE 2 :

X = Y

X et Y en

Non seulement X , mais aussi Y niet alleen, maar ook

TYPE 4 :

X accompagner Y / Y être accompagné de X vergezellen

X s'ajouter à Y / Y être ajouté à X X se doubler de Y / Y être doublé de X se combiner avec Y / Y être combiné avec X X s'associer à Y / Y être associé à X

komen bij samengaan

TYPE 6 :

supplémentaire bijkomend

Note : pour l'enchaînement des paragraphes : voir l'Annexe 4

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Les connecteurs d'opposition

exemple Le prix des cigarettes baisse mais le prix de l'essence augmente

X <–> Y

TYPE 1 :

X mais Y X alors que X tandis que X . Par contre Y X . En revanche Y X . Au contraire Y

maar terwijl daarentegen

Si X , Y terwijl

D'un côté X, de l'autre Y D'une part X, d'autre part Y

enerzijds, anderzijds

TYPE 2 :

Contrairement à X , Y in tegenstelling tot

TYPE 4 :

X s'opposer à Y / Y être opposé à X tegengesteld zijn aan

TYPE 5 :

le contraire l'inverse (masc.) une opposition

het tegengestelde het tegendeel een tegenstelling

TYPE 6 :

contraire inverse opposé

tegengesteld

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Les connecteurs de précision et d'explication

exemple Le gouvernement a décidé de majorer les impôts. En effet, la récession oblige la collectivité à serrer la ceinture. TYPE 1 :

X . En effet Y immers

X ; c'est-à-dire que Y dat wil zeggen

TYPE 2 :

X , à savoir Y soit

namelijk

X ; c'est-à-dire Y (= c.-à-d.)

dat wil zeggen

X , entre autres Y onder andere

X , par exemple Y (= p.ex.)

bij voorbeeld

X , excepté Y X , sauf Y

uitgezonderd

X , y compris Y inbegrepen