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Quatrième partie Le jeune diabétique hors de son milieu familial

Le jeune diabétique hors de son milieu familial...15 mmol/L (270 mg/dL). Pour toutes sortes de raisons (enfant aux couches ou n’ayant pas envie d’uriner), on privilégie chez

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Quatrième partie

Le jeune diabétique hors de son milieu familial

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Chapitre 51

À la garderie1

Caroline Boucher

L’ entrée d’un enfant diabétique à la garderie peut s’avérer traumatisante pour certains parents. Ils doivent faire confiance à des personnes extérieures à la famille pour surveiller le diabète de leur petit. Parfois, certaines garderies hésitent à prendre la responsabilité de surveiller un

enfant diabétique. Cependant, avec la présence et l’aide d’un parent pendant quelques jours, les réticences des intervenants tombent souvent. Il est donc important de bien planifier la rencontre avec les responsables de la garderie et avec les éducateurs qui interviendront auprès de l’enfant.

Il est important de faire savoir aux intervenants que le traitement du diabète est essentiellement une question d’équilibrage. En effet, il faut maintenir l’équilibre entre l’apport alimentaire (qui augmente le taux de sucre dans le sang, ou glycémie), l’exercice physique (qui fait baisser ce taux) et l’insuline (qui permet à l’organisme de transformer le glucose — ou sucre — en énergie). Il est important de surveiller cet équilibre et cela se fait à l’aide de tests de glycémie (mesure du

1. Au Québec, la garderie accueille les enfants jusqu’à l’âge de 5 ans et correspond à la crèche en Europe.

!Pour faciliter l’intégration de l’enfant à la garderie, les parents doivent prendre le temps de démystifier la maladie et son traite-ment auprès du personnel.

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glucose dans le sang) et de tests mesurant les corps cétoniques dans le sang ou dans l’urine. L’hypoglycémie est le principal problème qui risque de survenir à la garderie, c’est pourquoi tous les intervenants doivent apprendre à prévenir, à détecter et à traiter les épisodes d’hypoglycémie. C’est aux parents que revient la responsabilité de transmettre à la garderie les renseignements pertinents sur le diabète. Toutefois, une participation active de l’équipe de soins peut à l’occasion faciliter l’intégration de l’enfant à la garderie.

Pour les éducateurs

L’alimentationOn recommande une surveillance aux repas et aux collations. On peut ainsi s’assurer que l’enfant mange une portion suffisante de glucides (sucres). Fournis par les féculents, les fruits et le lait, les glucides influencent le niveau glycémique. La garderie peut fournir aux parents le menu détaillé des repas afin qu’ils évaluent la quantité

de glucides des aliments et la portion adéquate que l’enfant diabétique devrait prendre ou, du moins, la quantité minimale de glucides pour éviter les hypo-glycémies. En général, l’alimentation recommandée aux enfants diabétiques est la même que pour les enfants non diabétiques. La garderie devrait aussi informer les parents lors d’activités spéciales où la nourriture revêt une importance particulière, afin de voir s’il y a des dispositions à prendre pour éviter les dérapages glycémiques.

Il est important de s’assurer que l’enfant diabétique ne se sent pas exclu de son groupe. Idéalement, il devrait suivre le même horaire que ses camarades, à moins d’un malaise hypoglycémique pendant lequel il doit recevoir un traitement approprié.

L’activité physiqueUn enfant diabétique dont la maladie est bien contrôlée n’est pas différent d’un autre enfant. Par conséquent, les éducateurs peuvent s’attendre à ce qu’il participe pleinement et entièrement à toutes les activités. Il arrive à l’occasion que l’enfant cherche à attirer l’attention en utilisant son diabète. La meilleure façon de composer avec ce comportement consiste à faire d’abord une glycémie. Si le résultat est normal, on retourne l’enfant à ses activités. Sinon, on lui donne le traitement approprié.

Si la garderie prévoit un événement spécial qui exige de faire des activités intenses, ou d’en faire plus longtemps qu’à l’habitude, il est préférable de voir avec les parents s’il y a lieu d’adopter des mesures particulières.

Dans la mesure où la quantité d’aliments est raisonnable, l’enfant

diabétique peut manger la plupart des choses

dont les enfants sont friands.

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Lors d’activités physiques relativement intenses, l’enfant doit prendre une collation supplémentaire : avant, parfois pendant et même après l’exercice, pour éviter un éventuel malaise hypoglycémique. Les parents ayant déjà expérimenté l’effet d’une activité intense sur leur enfant, l’éducateur devrait s’informer auprès de ceux-ci de la réaction glycémique probable et des précautions à prendre s’il y a lieu.

Les testsVu le très jeune âge des enfants, la surveillance de la glycémie et les tests pour les corps cétoniques deviennent la responsabilité des éducateurs. Les parents doivent donc leur apprendre à utiliser de façon adéquate le matériel et à interpréter correctement les résultats. Cet apprentissage leur permettra de réagir adéquate-ment devant un malaise éventuel et de le traiter. Pour éviter d’oublier du matériel à la maison, les parents peuvent laisser à la garderie un deuxième glucomètre et le matériel nécessaire pour vérifier les corps cétoniques. On dispose du matériel souillé dans des contenants sécuritaires que l’on se procure en pharmacie.

Les hypoglycémiesSi l’éducateur soupçonne une hypoglycémie, il doit faire une mesure de glycémie pour la confirmer ou l’infirmer. S’il s’avère impossible de prendre cette mesure, on applique la règle de sécurité suivante : toujours donner des glucides à l’enfant dont les comportements suggèrent une hypoglycémie. Cette règle est valable même si on n’est pas certain qu’il s’agit bien d’un malaise hypoglycémique. Un surplus de sucre passager ne fera pas de mal à l’enfant, alors qu’une hypoglycémie non traitée peut s’avérer problématique. Cependant, il est important de respecter les quantités de sucre recommandées selon le poids de l’enfant. Le tableau 2 du chapitre 50, à la page 573 donne un aperçu de la quantité de glucides qu’un enfant devrait recevoir selon son poids.

On ne devrait jamais laisser l’enfant seul, tant qu’il ne s’est pas complètement remis de son hypoglycémie. Il devrait se rétablir en 10 ou 15 minutes après l’administration de sucre. Il peut ensuite retourner à ses activités.

Afin de répondre rapide-ment à une panne de sucre inattendue, on

devrait toujours avoir à portée de la main une

source de glucides, comme un jus ou des

carrés de glucose.

!Il est important que les éducateurs connaissent les symptômes de l’enfant lorsqu’il est en hypoglycémie, ainsi que le traitement à administrer. Ils doivent savoir en quels termes l’enfant fait géné-ralement savoir qu’il ne se sent pas bien.

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Il est recommandé d’administrer une injection de glucagon lorsqu’on est en présence d’une hypoglycémie sévère avec incapacité d’avaler en raison de l’état de conscience. Par contre, il revient à la garderie de décider si elle intègre ou non cette pratique. On peut désigner une personne volontaire pour recevoir une formation à cet effet. Mentionnons qu’il est facile d’administrer le glucagon et que cela n’implique aucun risque majeur. Si, lors d’un épisode d’hypoglycémie sévère, il n’y a personne à la garderie pour donner l’injection de glucagon, on appelle les services d’urgence.

La plupart du temps, lorsque le diabète de l’enfant est bien équilibré, il risque peu de voir survenir une hypoglycémie sévère. Par contre, il est inévitable de voir des épisodes d’hypoglycémie légère ou modérée. Le tableau 1, à la page 572 du chapitre 50 présente sous forme de résumé l’information à savoir en cas d’hypoglycémie : on peut compléter ce tableau, et le personnel de la garderie peut l’utiliser comme guide pour simplifier la gestion de l’hypoglycémie.

L’hyperglycémieIl arrive que la glycémie soit au-dessus de la normale. Plusieurs raisons peuvent la faire augmenter et il n’y a pas vraiment à s’inquiéter devant des valeurs hypergly-

cémiques transitoires. Par contre, il est sou haitable de le mentionner aux parents si la glycé mie dépasse fréquemment 10 mmol/L (180 mg/dL), pour qu’ils puissent au besoin modifier la dose d’insuline.

Lorsque la glycémie se situe au-dessus de 17 mmol/L (305 mg/dL), on recommande de faire un test pour détecter les corps cétoniques. S’il n’y en a pas,

l’enfant peut retourner à ses activités. S’il y en a, on avertit les parents. On suggère de revérifier la glycémie et les corps cétoniques deux heures plus tard.

Règle générale, on devrait se préoccuper des symptômes associés à l’hypergly-cémie plus que de la valeur glycémique elle-même. Si on ne peut faire aucun test d’acétone malgré une valeur glycémique au-dessus de 17 mmol/L (305 mg/dL) et que l’enfant vomit, a les yeux cernés et la bouche sèche, ou si son haleine a une odeur fruitée comme celle d’une pomme mûre (haleine cétonique), il faut absolument joindre les parents. Cette situation peut être sérieuse et elle peut signaler un déséquilibre aigu du diabète nommé acidose diabétique.

Particularités pour un enfant porteur d’une pompe à insuline

Parce qu’un déséquilibre du diabète peut arriver plus rapidement chez un enfant porteur d’une pompe à insuline, il faut se préoccuper de toutes les hyperglycémies. On vérifie la présence de corps cétoniques dès que la glycémie dépasse les 15 mmol/L (270 mg/dL). Pour toutes sortes de raisons (enfant aux couches ou n’ayant pas envie d’uriner), on privilégie chez les jeunes enfants le test sanguin

Lorsque la glycémie est élevée, l’enfant urine

plus et boit beaucoup. Il faut lui donner de l’eau et non du jus.

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plutôt que le test urinaire pour dépister la présence de corps cétoniques. Il existe maintenant des appareils qui demandent peu de sang pour effectuer le test. S’il n’y a pas de corps cétoniques, l’enfant peut retourner à ses activités. Le tableau 3 du chapitre 50, à la page 574 propose un résumé des actions à prendre en cas d’hyperglycémie chez un enfant porteur de pompe.

La maladieBien que l’enfant diabétique ne soit pas plus sujet aux infections que ses cama-rades, il arrive qu’il soit malade. Dans ce cas, il peut être difficile de maintenir l’équilibre du diabète. Il est alors nécessaire de surveiller plus étroitement les glycémies et la présence de corps cétoniques. Toutefois, c’est aux parents et non au personnel de la garderie que revient la responsabilité de prendre en main les modalités du traitement. Si l’enfant vomit lorsqu’il est à la garderie, les éducatrices doivent en avertir les parents. Si on ne peut pas joindre les parents et que les symptômes de l’enfant s’accentuent, il est préférable de communiquer avec le personnel médical responsable de cet enfant ou de le transporter à l’hôpital le plus près pour éviter un dérèglement sérieux du diabète.

L’insuline : par injection ou par pompeCertains enfants diabétiques ont besoin d’une injection à l’heure du midi. D’autres sont porteurs d’une pompe à insuline. Dans les deux cas, l’enfant doit bénéficier de l’aide d’un adulte pour administrer l’insuline. Les parents sont la principale source d’information et ils doivent enseigner aux éducateurs ce qu’ils doivent savoir concernant l’insuline au repas du midi. L’équipe de soins peut aussi collaborer.

Le traitement comportant une injection à l’heure du midi n’est pas différent de celui comportant deux ou trois injections par jour.

Pour ce qui est de la pompe à insuline, les manipulations pour injecter une dose d’insuline se résument à appuyer sur les touches appropriées afin de libérer une quantité prédéterminée d’insuline par l’entremise d’une canule sous-cutanée déjà en place. La dose dépend de la valeur de la glycémie et du nombre de glucides que l’enfant va consommer.

L’injection d’insuline à l’heure du midi est

généralement ajustée en fonction de la glycémie

faite avant le repas.

!Si le niveau de corps cétoniques dans le sang dépasse les 0,6 mmol/L, (0,06 g/L) on doit avertir les parents le plus rapi-dement possible.

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Pour les parents

Pour favoriser l’intégration de l’enfant et garder une bonne relation avec le milieu de garde, les parents doivent s’intéresser à ce qui se passe à la garderie et se montrer disponibles. Ils doivent instaurer un climat de collaboration et être en mesure de répondre aux questions et demandes des intervenants. Au besoin, ils valideront avec l’équipe soignante les éléments du traitement nécessaires à la sécurité de l’enfant et ceux qui peuvent faire l’objet de compromis. En instaurant un climat de confiance, les parents favorisent une meilleure communication. Enfin, la garderie doit absolument être en mesure de joindre les parents en tout temps : cela évite bien des maux de tête.

Avec la collaboration de tous, il est possible de rendre le séjour en garderie sécuritaire pour l’enfant et agréable pour tout le monde. Les parents qui veulent bien informer les éducateurs tireront profit d’une documentation pertinente qu’ils peuvent se procurer auprès de leur équipe de soins ou d’une association du diabète de leur région.

h� Pour faciliter l’intégration de l’enfant diabétique à la garderie, les parents doivent prendre le temps de démystif ier la maladie et son traitement auprès du personnel.

h� Les éducateurs de la garderie doivent s’assurer que l’enfant mange une portion suffisante de glucides à tous les repas et aux collations.

h� Ils doivent savoir comment faire le test de glycémie et la recherche de corps cétoniques.

h� Lors d’activités physiques relativement intenses, l’enfant doit prendre une collation supplémentaire avant, parfois pendant et même après l’exercice, pour éviter un éventuel malaise hypoglycémique.

h� Le personnel de la garderie doit pouvoir reconnaître les symp-tômes indicateurs d’une hypoglycémie et savoir comment traiter ces épisodes.

h� Si l’enfant vomit à plusieurs reprises, cela peut indiquer une situation potentiellement sérieuse et les parents doivent alors être avertis.

retenirCe qu’il faut

du chapitre 51

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