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LE LIEN NORD-SUD PARTENARIAT VAL DE L’INDRE - MESSAMENA - CAMEROUN Juin 2015 N° 39 Editorial Le temps ne compte pas. Le seul temps présent suffit à colorer leur vie … Je tiens à remercier tous les bénévo- les et donateurs pour leur participation active au parcours des 15 ans des ADM, anniversaire que nous fêterons cette an- née le 2 octobre 2015. Oui, déjà 15 ans alors que, pour nos amis de Messaména, le temps ne compte pas, le seul temps présent suffit à colorer leur vie … Notre partenariat avec le GAFPAMS s’étoffe progressivement ; nous parta- geons l’actualité internationale dans la priorité donné à « l’Agriculture familiale ». Nous construisons ensemble un monde à leurs dimensions, conscients de leurs possibilités et de leurs fragilités. Notre convention de partenariat renouvelée tous les 3 ans prouve une structure volontaire d’engagement et de réussite des deux parties. L’esprit d’entreprise et l’autonomie, que nous développons avec eux pour le long terme, apporte une dynamique reconnue et appréciée des plan- teurs et des autorités locales. Rien n’est acquis, ni gagné dans la « brousse camerounaise », mais nous continuons avec un groupement de familles motivées qui agit en confiance. Pour assurer fidèlement nos engagements et nos objectifs, votre soutien permanent nous est nécessaire et indispensable. Paul Destruel Président des ADM A vos agendas ! Le Festival « Plumes d’Afrique » 2015 Rappel Merci à tous les adhérents de penser à leur participa- tion 2015. La cotisation est le soutien indispensable au fonctionnement de notre Association et aux ac- tions engagées. Cotisation de base : 10€ Cotisation de soutien : 18€ Les dons sont fiscalement déductibles Chèque à l’ordre des ADM à faire parvenir à Annick Boissel Les 4 vents - Bordebure - 37250 Sorigny 1 Des écrivains, des conteurs, des plasticiens, des musiciens, des chanteurs … participent à des débats, tables rondes, conférences, expo- sitions, projections, spectacles autour des ex- pressions littéraires et artistiques d’Afrique. Le Nyong à Messaména

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LE LIEN NORD-SUD

PARTENARIAT VAL DE L’INDRE - MESSAMENA - CAMEROUN

Juin 2015 N° 39

Editorial

Le temps ne compte pas.

Le seul temps présent suffit à colorer leur vie …

Je tiens à remercier tous les bénévo-les et donateurs pour leur participation active au parcours des 15 ans des ADM, anniversaire que nous fêterons cette an-née le 2 octobre 2015. Oui, déjà 15 ans alors que, pour nos amis de Messaména, le temps ne compte pas, le seul temps présent suffit à colorer leur vie … Notre partenariat avec le GAFPAMS s’étoffe progressivement ; nous parta-geons l’actualité internationale dans la priorité donné à « l’Agriculture familiale ».

Nous construisons ensemble un monde à leurs dimensions, conscients de leurs possibilités et de leurs fragilités. Notre convention de partenariat renouvelée tous les 3 ans prouve une structure volontaire d’engagement et de réussite des deux parties. L’esprit d’entreprise et l’autonomie, que nous développons avec eux pour le long terme, apporte une dynamique reconnue et appréciée des plan-teurs et des autorités locales. Rien n’est acquis, ni gagné dans la « brousse camerounaise », mais nous continuons avec un groupement de familles motivées qui agit en confiance. Pour assurer fidèlement nos engagements et nos objectifs, votre soutien permanent nous est nécessaire et indispensable.

Paul Destruel Président des ADM

A vos agendas ! Le Festival

« Plumes d’Afrique »

2015

Rappel Merci à tous les adhérents de penser à leur participa-tion 2015. La cotisation est le soutien indispensable au fonctionnement de notre Association et aux ac-tions engagées.

Cotisation de base : 10€ Cotisation de soutien : 18€

Les dons sont fiscalement déductibles

Chèque à l’ordre des ADM à faire parvenir à Annick Boissel

Les 4 vents - Bordebure - 37250 Sorigny

1

Des écrivains, des conteurs, des plasticiens,

des musiciens, des chanteurs … participent à

des débats, tables rondes, conférences, expo-

sitions, projections, spectacles autour des ex-

pressions littéraires et artistiques d’Afrique.

Le Nyong à Messaména

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Quoi de neuf sur la CCVI ?

Loto d’automne à Esvres

Le temps passe et je ne vous ai pas encore parlé dans le Lien de notre loto annuel. Il a eu lieu le 2 novembre 2014. Comme d’ordinaire, organisé à la salle des fêtes d’Esvres, il a bé-néficié d’une belle participation avec ses fidèles passionnés. Il y a eu quelques nouveautés dans nos lots cette année comme une cave à vin et un bon d’achat dans un supermarché de proxi-mité et partenaire des ADM. Le reste des lots, resté dans la tradi-tion, a fait de nombreux heureux. La buvette, avec les délicieuses pâtisseries et les petits encas, a remporté un franc suc-cès pendant les pauses. Nous attendons les prochains tirages de notre futur loto avec, comme toujours, notre animatrice Murielle et son boulier infernal !

Annick Boissel

Le marché de Noël à Montbazon

Pour la deuxième année consécutive, les Amis de Messaména ont participé au Marché de Noël de Montbazon le 7 décembre. Nous y avons pré-senté de l’artisanat local

camerounais : des sacs, cartables, trousses et autres petits étuis en superbes tissus très colorés (œuvre extrêmement soignée d’un couturier de Yaoundé), des sculptures en bois d’ébène et surtout, cette année une magnifique crèche, également en ébène, réalisée par des artistes afri-cains. Le beurre de karité complètement bio-logique, fabriqué par un GIC de Yaoun-dé a fait fureur et les pots proposés ont vite été écoulés. Les quelques jouets proposés ont fait la joie des enfants présents entre les déambulations des marionnettes géantes, le Père Noël et

les promenades à dos d’ânes. Au milieu de tant de jolis objets et de réjouissance nous avons réussi à oublier le froid. C’était juste Noël !

Annick Boissel

La rando de printemps de Monts

Ce 19 avril s’est présenté comme une jour-née ensoleillée et le parcours de la rando, organi-sée par l’équipe de la Randonnée Montoise, était alléchant. Le passage par le site de Candé est tou-jours un bonheur. Une quarantaine de marcheurs le matin de même que l’après-midi y ont participé. Pour le dîner du soir, nous avions décidé d’innover en faisant nous-mêmes le plat principal.

Une zivanska tzigane qui a eu beaucoup de succès ! Puis juste avant le dessert, ce fut une belle surprise préparée par Paul :un groupe de musiciens, chanteurs et danseurs, la troupe SAABA, originaire du Burkina Faso, a envahi le plateau de Cocteau pour une heure de spectacle. De passage en France, faisant escale chez les compagnons d’Emmaüs, ils ont accepté de nous donner un aperçu de leurs talents.

La troupe SAABA s’est donné pour mission d’agir localement pour l’éducation des enfants en y associant les parents. Bannissant tout système ségrégatif (handicap physique, sensoriel, sexe, religion) elle parti-cipe à la formation continue des animateurs et développe des partenariats. Une belle soirée inattendue ! Jacqueline Moracchini

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Attention Mesdames et Messieurs dans un instant ça va commencer !

Les Dédés ont déambulé sur la place

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Rencontre avec des jeunes de Monts

Le nouveau Conseil Municipal des Jeunes de Monts a été élu pour 2 ans avec pour candidats des élèves de CM1 et CM2 des deux écoles de la commune, Daumain et Pierre et Marie Curie. Le rôle du CMJ est de sensibiliser ces jeunes à la citoyenneté par le biais de diverses actions. L’idée est venue à Laurent Richard, adjoint au maire chargé des affaires scolaires et de la jeunesse, qui coache le groupe d’en-fants, de leur proposer entre autres, de s’investir dans l’humanitai-re. Pour cela il a contacté les ADM dont il connait plusieurs mem-bres pour démarrer sur des bases solides. Pour présenter le projet Paul Destruel, Michel Gaboriau et moi-même avons eu le plaisir, mercredi 13 mai, de rencontrer le groupe d’enfants et un bon nombre de parents à l’Hôtel de ville de Monts. Tout le monde a pu se faire une idée de la vie à Messaména par le biais d’un diaporama et de l’échange sympathique qui a suivi. Ce voyage virtuel a généré de nombreuses questions aussi bien des enfants que des parents. Bien sûr cela pourrait paraitre un projet disproportionné pour de si jeunes citoyens et pour une si courte période. Mais l’en-jeu, si les enfants décident d’y adhérer, serait d’établir un contact avec deux écoles camerounaises, Ebadé et Bidjombo en l’occur-rence, aussi proches l’une de l’autre que les deux écoles montoi-ses, et de leur apporter une aide simple mais efficace dans un quo-tidien tellement difficile. De quelle façon ? Rien n’est établi pour l’instant. Mais nous pou-vons, je pense compter sur leurs idées, leur esprit d’initiative et l’expérience des Amis de Messaména qui connaissent bien le ter-rain. Ils seront aussi chargés de relayer cette action auprès des camarades de classe qu’ils représentent et qui les ont élus. L’ac-tion pourrait ainsi gagner en ampleur et peut-être, pourquoi pas, se pérenniser ? La rencontre s’est terminée joyeusement autour du verre de l’amitié offert par la municipalité.

Jackie Auzou

L’Assemblée Générale des ADM

Elle s’est déroulée dans les locaux de la Grange Rouge le lundi 16 mars 2015.De grands panneaux photos et un petit marché très coloré d’objets artisanaux attendaient les participants. La séance a débuté, comme l’an dernier, par la projection de plusieurs diaporamas qui plongent les assistants dans l’ambiance camerounaise beaucoup mieux que de longs discours. Les mis-sionnaires qui ont commenté les images ont apporté les informa-tions nécessaires au public qui assistait à la réunion soit pour connaitre le travail des ADM, soit - pour les fidèles - pour appré-cier l’évolution des projets démarrés. Messaména pour les ADM, ce sont surtout huit villages dont les activités sont essentiellement agricoles. L’aide à la gestion finan-cière est le rôle de Paul Destruel qui reconnait que le travail com-mence à porter ses fruits. Annick Boissel a rappelé le choc de sa première visite qui a motivé son intervention sur l’hygiène et l’alimentation auprès des fem-mes. Le projet « culture des ananas » a rencontré beaucoup d’en-thousiasme et fonctionne bien. Les poulaillers familiaux prennent de l’ampleur grâce à des initiatives personnelles. Deux nouveaux projets commencent à prendre forme : des soins esthétiques ou de confort et des échanges commerciaux avec un GIC de femmes de Yaoundé. Marie-Hélène Gabillard et Jackie Auzou se sont attachées plus particulièrement aux écoles. Les aides apportées par les ADM en manuels scolaires sont peu utilisées dans des classes qui ne béné-ficient pourtant d’aucun matériel. Le but était donc de rencontrer parents et enseignants pour essayer de comprendre les raisons de cet état de fait et de motiver les familles à la location (pour une somme minime devant servir à la réparation et au renouvellement des livres). Michel Gaboriau a évoqué le dernier projet qui s’étalera sur trois années, la pisciculture. Les formations des animateurs ont été faites et le piquetage des étangs concernés, commencé. Les gros travaux devraient démarrer incessamment. Mais les ADM sont aussi actifs sur la CCVI et un dernier diaporama a pu rappeler les diverses manifestations organisées sur place comme les rando-diners, lotos, séances cinéma et autres. Ces ac-tions permettent à la fois de récolter les fonds qui viennent com-pléter le gain des adhésions, de faire connaitre l’association et de souder le groupe. Les différents bilans ont été approuvés à l’unanimité et la soirée s’est conclue autour d’un délicieux buffet.

Jackie Auzou

Enfants d’Ebadé et leur école

Paul est écouté avec beaucoup d’attention

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Alors où en est le projet poulaillers ?

Eh bien c’est un projet qui a été reçu avec un grand enthou-siasme et qui perdure. C’est toujours la difficulté avec nos amis camerounais de poursui-vre une action lorsqu’elle est mise en place. Je crois que les enjeux nutritionnels et alimentaires ont été bien compris et intégrés. En juin 2014 l’évolution des quatre chantiers modèles avait été re-cadrée et quelques mises au point nécessaires avaient été faites. A cette mission j’ai pu consommer les œufs de leur production et admirer les petits poussins dans les poulaillers qui vont grossir dans un but de consommation.

Il y a eu depuis 4 nouvelles constructions et 7 sont en ins-tance de réalisation. Chaque femme qui, dans son élevage, en est au stade de la ponte, a reçu un carnet de recettes pour cuisiner les œufs de diverses manières, un manuel rappelant le rôle des protides dans l’alimen-tation - notamment celle des enfants - et un petit cahier avec son crayon pour noter l’évolution journalière de la ponte et de l’éclo-sion des œufs … « une autre étape » Au cours de cette mission la rencontre du GIC de femmes de Yaoundé, dirigé par Irène, a aussi évolué. La présidente s’est dépla-cée personnellement à Koua pour l’Assemblée Générale. Une épo-pée héroïque pour une citadine camerounaise ! Elle a présenté le projet, on attend la concrétisation de ce partenariat. Voilà résumée, pour ma part, cette belle mission de janvier 2015 toujours pleine de partage, de rencontres, d’émotions et d’é-changes.

Annick Boissel

Première mission

En effet ma visite au Cameroun en 2013 n’était qu’une découverte et une prise de contact. Ce fut une expérience très enri-chissante que j’ai décidé de renouveler cette année.

Les deux premières semaines m’ont simplement vue ac-compagner Annick. Je désirais la voir à l’œuvre pour partager son expérience, mieux réaliser l’implication des femmes dans la réali-sation de leurs projets et mieux les connaître aussi. J’ai donc joué le rôle de photographe, de secrétaire particulière et même d’ac-compagnatrice de rando nocturne quand la moto de Bertrand nous a laissées en rade sur la piste à petite distance de N’Tsina. Je savais que la répétition fait partie des stratégies d’enseigne-ment et j’en ai vraiment réalisé la nécessité à ce moment-là ! Mais la véritable mission qui m’était confiée ainsi qu’à Ma-rie-Hélène ne devait débuter que la deuxième quinzaine du mois. Enfin...en principe ! Car du fait des festivités de la Fête de la Jeu-nesse tout n’a pu démarrer que le 12 février. Dans chaque école bénéficiant de manuels scolaires fournis par les ADM nous avions prévu deux interventions. L’une en direction des enfants avec apport de livres de contes ou de culture générale, de matériel de papeterie et de jeux de lecture à réaliser ensemble. L’autre en direction des parents, avec l’appui des enseignants pour expliquer l’intérêt de l’utilisation des manuels et la destina-tion des sommes versées au titre de la location. Nous n’avons pu intervenir auprès des enfants, que dans trois écoles sur les cinq prévues. Et c’est dans une ambiance joyeuse que nous avons essayé de leur faire reconstituer des his-toires ou écrire des textes d’après des images. Ce ne fut pas une mince affaire de travailler en petits groupes car l’habitude ici est plutôt le travail collectif à cause du nombre d’enfants et du man-que de moyens matériels. Mais ils ont réussi à remplir avec assez d’enthousiasme, un petit dossier de textes et de dessins. Les réunions de parents furent plus protocolaires. Ils étaient souvent fatigués et inattentifs. Dans l’ensemble nos expli-cations, relayées en dialecte, ont eu l’air d’être comprises. Cer-tains enseignants, et même parfois Hippolyte, sont intervenus énergiquement pour essayer de mettre les parents face à leurs responsabilités. Mais la motivation n’était pas au rendez-vous. Comment ne pas comprendre cette négligence quand on voit le peu d’intérêt que l’Education Nationale accorde, elle-même, à ses écoles de brousse ! Nos interventions auront-elles servi à responsabiliser un peu les familles ? Verdict à la prochaine mission. Mais soyons cons-cientes, il faudra remotiver les troupes. Il faut vraiment qu’ensemble ils réalisent que seule l’éduca-tion aidera leurs enfants à évoluer vers une vie meilleure.

Jackie Auzou

Images de mission

Marie-Rose est fière de son poulailler

Quel plaisir de dessiner !

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La Fête de la jeunesse Le 11 février Marie-Hélène et moi avions décidé d’assister à la prestation de N’Tsina qui regroupait cette année les en-fants de Maleuleu, école qui bénéficie de longue date de l’aide scolaire des ADM, et N’Tsina qui a décidé de reprendre le parte-

nariat abandonné depuis quelques temps. Notre arrivée vers 9h30 a un peu perturbé le directeur en pleine installa-tion de son matériel sono. Mais nous avons promis de nous faire toutes petites, à l’ombre de l’abri en feuilles de palme, en attendant le spectacle prévu à 10h. Mais au Cameroun le temps n’a pas la même valeur que chez nous en France. Exit les gens excités qui courent partout et s’énervent, ici tout se passe dans le calme et la lenteur. Tout vient à point pour qui sait attendre ! Peu à peu sont apparus, portés sur le dos de grands élèves, les canapés qui recevront les « autorités », les baffles de la sono et petit à petit les enfants des écoles dans leur plus belle tenue. Ici pas d’uniforme. La population n’en a pas les moyens. Alors chacun a mis de jolis vêtements lavés de frais, les filles se sont parées de coiffures savamment tressées et personne n’a oublié la petite jupe de raphia qui sera fixée autour de la taille pour danser. Des parents également viennent se joindre aux groupes d’enfants qui pour certains marchent depuis plus d’une heure !

Toutes ces petites vedettes n’ont qu’une envie : se faire prendre en photo et s’admirer sur les écrans de nos appareils. Et nous voilà transformées en reporters photo-graphes de mode. Enfin à 13h Mr Minlo, le directeur déclare les festivités ouvertes et les écoles à tour de rôle vont pou-voir présenter tout le travail prépa-ré minutieusement. Tout le monde

va d’abord défiler, y compris les enseignants, et chanter l’hymne national face au drapeau puis se succèderont danses, chants, mais aussi saynètes malheureusement inaudibles à cause du brouhaha intempestif des parents pour qui la prestation des enfants n’est pas, pour certains, la priorité. Un sympathique spectacle plein de gaité, de musique et de joie de vivre va occuper les enfants tout l’après-midi. La journée se terminera par des aga-pes générales. Ce n’est pas tous les jours que les villageois ont le loisir de faire la fête. Mais pourquoi la date du 11 février pour cette fête ? Dans l’histoire du Cameroun indé-pendant, le 11 février 1961 serait plu-tôt un jour de deuil national. C’est en effet ce jour-là qu’à la suite d’un ré-férendum des Nations Unies le nord du British Cameroon a décidé de se rallier au Nigéria alors que le sud rejoignait le Cameroun Oriental. Les autorités camerounaises ne sou-haitant pas se morfondre à jamais dans cet échec, auraient alors décidé d’en faire une journée de l’espoir.

Cette jeunesse « fer de lance de la nation » réussira-t-elle à jouer son rôle dans le devenir du pays ? Jackie Auzou

Mission commission scolaire

En février 2015, je revenais à Messaména pour la troisième fois, pour une mission auprès des écoles de la région en binôme, cette fois, avec Jackie. Retrouver Jeannette à Yaoundé, puis Hippolyte à Labba est toujours un plaisir. La mission s’annonçait compliquée puisque la location des manuels scolaires dans les écoles concernées n’avaient pas, depuis la rentrée, rencontré beaucoup de succès.

La rencontre sur place avec les enseignants a été plutôt positive et nous faisait espérer une implication effective de leur part pour convaincre les parents. Au cours des réunions organisées avec les parents d’élè-ves, si certains d’entre eux, peu nombreux, se sont mon-trés d’accord avec le principe de location de ces manuels pour leurs enfants, beaucoup ne comprenaient pas la né-cessité d’en passer par là. Nous savons que la somme qui leur est demandée est très modique (la location d’un ma-nuel pour l’année correspond au prix d’une bière). L’autre aspect de la mission consistait à apporter le cour-rier des élèves de ma classe à nos correspondants de Longdjap, avec qui je corresponds depuis deux ans. L’accueil du maître, André-Aimé Kossa, et de ses élèves a été très chaleureux. Les conditions de travail sont pour-tant très difficiles : l’enseignant est seul pour toute l’éco-le, soit 48 élèves répartis sur six niveaux différents. Il n’a pas ou peu de matériel et , là aussi, la location ne se fait pas bien. Nous avons senti chez lui un certain découragement. Mais il nous a accueillis dans sa maison proche de l’école pour le repas de midi. Le décalage avec nos éco-les occidenta-les est criant et le manque d’enseignants ainsi que l’ab-sence de ma-tériel ne peu-vent pas aider les jeunes de cette région, déjà loin de tout, à se développer et à envi-sager un avenir meilleur. L’éducation est pourtant la clé de la prospérité d’un pays.

Marie-Hélène Gabillard

L’école de Longdjap

André-Aimé Kossa, son épouse et Marie-Hélène

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Pisciculture familiale villageoise, où en est le chantier ?

Le projet de création d’étangs de pisciculture familiale est sur de bons rails. Après la gestation en 2013, les formations et le calage du calendrier en 2014, nous sommes entrés dans la phase active. La sensibilisation des porteurs de projet avait été faite lors de la mission ADM en juin 2014 ainsi que la visite de tous les sites possi-bles dans les villages.

L’APDRA a formé Hippolyte sur le site de Nkolmetet et les deux encadreurs choisis, Paul Kamba et Patrick Mpondo, dans la région de Bertoua dans l’est du Cameroun. Ils ont réalisé les relevés topographi-ques et le piquetage sur les 5 sites rete-nus lors du CA du GAFPAMS de décem-bre 2014 (3 à Ebadé, 1 à Maleuleu et 1 à Dimpam), opération délicate, avec l’as-sistance de l’ingénieur David.

Nous venons de commander en avril le matériel mis à disposition par les ADM pour entreprendre les travaux d’aménagement, essentielle-ment les brouettes, pioches, pelles, etc… ainsi que les coffrages pour réaliser les moines (moules en bois qui permettront de couler le bé-ton des bondes de vidange des étangs). Ce matériel est en cours de livraison. Parallèlement, l’abattage des arbres à l’emplacement des digues a débuté. Lors de la prochaine mission, du 25 juin au 10 juillet prochains, les travaux de construction des digues seront lancés pour chacun des 5 sites ainsi que l’évacuation de la terre arable pour le positionne-ment de la dalle du moine. Bien sûr, lors de cette mission, nous commencerons par des réunions d’information et des formations avec tous les acteurs du projet sur place. Egalement, nous travaillerons avec chaque propriétaire les points essentiels pour la réussite du projet : la composition de l’équipe de travail, sa motivation et son intéressement, l’organisation du chan-tier, la pérennité de l’opération jusqu’à la fin des travaux et l’empois-sonnement. Au final, nous débutons un projet difficile, compte-tenu de l’environnement et de l’absence de matériel mécanique disponible, mais combien enthousiasmant par le challenge qu’il représente.

Michel Gaboriau

Echos de l’AG du GAFPAMS

Une trentaine de membres a as-sisté à l’Assemblée Générale qui s’est tenue le 28 mars à Koua. Les conditions météorologiques ne sont pas favorables en cette saison des pluies. En prime, un

grumier (camion servant à transporter les énormes billes de bois) a démoli un pont en amont de Labba et la route de Yaoundé est coupée. Ce qui a occasionné quelques déboires à Irène et Marie du GIC Femmes de la capitale qui venaient pré-senter leurs activités et leur proposition de partenariat à l ‘AG. Une réflexion est en cours pour inciter les jeunes à s’ins-crire au centre de formation agricole des métiers agro-pastoraux de Labba. Dans le but d’une participation plus importante aux di-verses interventions des délégués , formateurs ou animateurs, les plannings des passages des responsables ont été établis et communiqués aux présidents de chaque GIC avec mission pour eux d’en aviser tous leurs membres . Les membres ont été informés du choix des écoles de Bidjombo et d’Ebadé pour l’établissement d’un partenariat avec le Conseil Municipal des Jeunes de Monts pendant la du-rée de son mandat.

Si les initiatives personnelles de construction de poulailler vont bon train, la pisciculture, malgré un démarrage effectif, ne de-vrait prendre son essor que lors de la venue de la mission de juin. Des consultations sont ouvertes pour remédier aux diffi-cultés toujours d’actualité de commercialisation groupée. Longdjap a demandé la possibilité de création d’une « Call-box » sur son territoire pour désenclaver le village très isolé au sein du groupement. Les ADM qui sont conscients de la réalité de ce besoin, étudient les possibilités de réalisation du projet. Le Bureau Directeur a été interpelé sur le fait que le GAF-PAMS, association qui existe pourtant depuis 15 ans et fait par-tie des premiers groupes organisés de la région de Messaména et Somalomo, n’ait jamais obtenu la moindre subvention ? Que faire ? Affaire à suivre… Les Activités Femmes sont en plein essor. Elles sont es-sentiellement agricoles et en recherche de partenariat en vue de la facilitation de la commercialisation des produits. Le GAF-PAMS se réjouit de son autosuffisance alimentaire et note avec satisfaction que les activités dans la production artisanale (huile de palme, savon, …) se développent progressivement. L’AG s’est également félicitée du bon fonctionnement des « caisses de santé » mises à disposition dans 4 GIC et dont l’exten-sion est en vue pour plus de proximité (sic).

D’après les comptes rendus d’Hippolyte et de Blaise Patrick, Paul et David effectuent les relevés topographiques

Hippolyte en repérage dans la forêt

La danse fait partie de la vie

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Contractualisation des instituteurs, ce qui fâche

Comme le début de la saison des pluies, appréhen-dé mais tout aussi attendu, voici à nouveau le temps de la contractualisation des instituteurs, notamment les maîtres de parents.

Ceux-là mêmes qui ont un diplôme requis pour enseigner les tout-petits de la maternelle et du primaire mais qui, faute de recrute-ment dans la Fonction Publique ou dans les écoles privées, sont em-ployés dans des établissements publics et payés par les associations de parents d’élèves. On les compte par milliers, notamment en zo-nes rurales, où le manque d’instituteurs se pose avec acuité. Pour faire face au problème, le gouvernement a obtenu du partena-riat mondial pour l’éducation, placée sous la supervision de la Ban-que mondiale, avec l’appui de l’Unicef et de l’Unesco entre autres, la mobilisation de plus de 26.5 milliards de F pour le recrutement de 9000 maîtres de parents. L’opération ciblant exclusivement les zones rurales doit se dérouler sur trois ans. Hélas, comme par le passé, avec les différentes opéra-tions de recrutement et de contractualisation des instituteurs vaca-taires, les choses ne se passent pas sans éclats de voix. Le problème est que les critères de départ sont clairs, mais pas toujours respec-tés. Dans le cadre de l’opération triennale en cours, seuls les maîtres de parents étaient concernés, notamment pour les deux premières vagues (2014 et 2015). Aussi, fallait-il qu’ils aient été recensés au préalable dans une école de zone rurale, où ils enseignent effective-ment et leurs diplômes devaient dater de 2012 au plus tard. Et pourtant, l’an dernier des plaintes ont fusé de partout : « Trop de diplômés de 2013 dans la liste alors que de milliers d’anciens n’ont pas été retenus ». Les maîtres de parents, notamment les plus an-ciens en poste, disaient avoir été lésés au profit des jeunes institu-teurs des villes. Le bruit de la craie a été entendu, notamment par les bail-leurs de fonds qui ont imposé un toilettage de la liste. Pour la deuxième vague (2015), c’est depuis le 3 mai dernier et ce, jusqu’au 30 du mois en cours que les maîtres de parents sont invités à dépo-ser leurs dossiers de candidatures dans les délégations. Un directeur estime que « l’administration aurait simplement dû piocher parmi les maîtres de parents recensés dans les écoles où le besoin d’enseignants se fait le plus ressentir et les inviter à consti-tuer un dossier par la suite ». Autrement, pense notre source, il n’y aura jamais de transparence.

Source: Cameroon Tribune, 26 May 2015

En direct du Cameroun...

Quand le téléphone portable révolutionne

l’agriculture

En 10 ans, le Cameroun est passé de quelques milliers d’utilisateurs de téléphones mobiles à plus de 10 millions en 2012. Un chiffre qui est appelé à évoluer au vu de l’intérêt croissant que les populations accordent à cet outil de commu-nication. Ce boom téléphonique a permis l’évolution de plu-sieurs secteurs de l’économique parmi lesquels l’agriculture. Femmes rurales et autres agriculteurs ont vu en cet outil un moyen de résoudre, entre autres, le problème de désenclave-ment et celui de la maitrise des prix sur le marché. Grâce à cet-te technologie, les distances ne représentent plus un obstacle, les produits ne sont plus bradés, et la rentabilité est de plus en plus importante. Evelyne Nyeck est une agricultrice heureuse. Depuis que le réseau téléphonique couvre sa localité à Matomb (petite ville située au sud-ouest de Yaoundé, dans la région du Centre), elle écoule ses produits sans difficulté et réalise de bons pro-fits. Elle ne garde plus qu’un souvenir triste de la période sans réseau. «Le téléphone a radicalement changé ma vie. Il y’a quel-ques années, je perdais beaucoup d’argent. En plus de ma pro-duction saisonnière, chaque semaine je partais acheter des den-rées à l’intérieur du village afin de les revendre à Yaoundé. Une fois la marchandise achetée, à cause de l’enclavement de la rou-te, il fallait attendre plusieurs heures voire des jours avant de pouvoir trouver un véhicule qui devait la transporter jusqu’en ville. Pendant ce temps certains produits pourrissaient... Quand on réussissait parfois à atteindre la ville, après quelques jours, on constatait que les prix des denrées avaient chuté, c’était la perte assurée», confie-t-elle. Cependant, «il y’a quelques an-nées, quand le réseau téléphonique est arrivé ici, nous avons pris contact avec les conducteurs de véhicule de transport en com-mun, une fois la marchandise achetée, nous les appelons et ils viennent directement nous les transporter. Toutefois, avant d’aller acheter la marchandise, je prends la précaution d’appeler mon frère qui vit en ville, afin de me renseigner sur les prix prati-qués sur le marché», ajoute-elle d’un air rassuré. Toutefois, malgré des initiatives appréciables des agriculteurs camerounais, certaines zones du pays ne sont toujours pas connectées, et les coûts de communication sont encore très élevés. L’analphabétisme reste toujours très répandu, surtout chez les plus âgés. Face à cette situation, le gouvernement devrait apporter son concours aux agriculteurs afin de pouvoir réduire les coûts de communication et les former à cette nouvelle pratique agrico-le en vue de parvenir enfin à une agriculture de deuxième gé-nération.

Journal du Cameroun.com

Alain Georges Lietbouo - 27/08/2014

Paolo à Maleuleu

Jeunes agriculteurs au travail

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Association Les Amis de Messaména (ADM) Mairie 37250– Montbazon 02 47 26 41 93 [email protected] Président : Paul Destruel Secrétaire : Jackie Auzou Trésorière : Annick Boissel

Partenaires financiers - Val de l’Indre : Emmaüs, dons, subventions com-munales, manifestations locales. - Conseil Régional Centre depuis l’année 2000 - Crédit Coopératif (trophée régional 2004) - C.C.F.D. de 2000 à 2006 - Fondations d’entreprises - La Guilde Européenne du Raid - Apport financier et valorisé du GAFPAM - Membres donateurs des ADM

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Cher ami Léopold, J'aurais voulu te parler de la corres-pondance que la classe de Marie-Chimène mène avec la maternelle de Veigné[…] Ici il nous est difficile de trouver des person-nes qui acceptent de correspondre avec les écoles de Messaména. Le peu d'échange qui peut avoir lieu les retient. Alors s'il n'y a pas de courrier lors des missions, j 'ai bien peur que les collègues se lassent et abandonnent. Pourrais-tu intervenir auprès de Marie-Chimène ? Je t 'envoie toutes mes amitiés et te sou-haite bon courage pour assumer tes respon-

sabilités.

Jackie

Nous exhortons les ADM d’a-vancer de plus en plus dans notre assistance afin de maintenir les pro-grès du GIC.

Ebadé

A François,

Merci encore pour vos encouragements que nous ne manquerons pas d’exploiter, car ténacité , rigueur, confiance et persévérance doi-vent toujours être notre fer de lance. Amitiés sincères.

Oléa Dieudonné

Salut Jackie, Nous sommes très ravis de faire la correspon-dance avec l’école de Veigné, seulement ma situa-tion défavorable (santé) ne me permet pas d’être stable afin de répondre à tout appel des ADM. Prochainement je vous assure que vous serez satis-faits…

Chimène Nnanga (maternelle d’Ebadé)

Jackie Auzou, J’ai noté avec trop de peine votre constat par rapport à la gestion des manuels scolaires. Je vous promets de tout faire pour remettre de l’ordre. Vous pouvez compter sur moi.

Dieudonné Maxime Moamidi (président du GIC de Bidjombo)