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www.bethune2011.fr LE LOUVRE Á BÉTHUNE CHAPELLE SAINT-PRY

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LE LOUVRE Á BÉTHUNECHAPELLE SAINT-PRY

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Daniel PercheronSénateur du Pas-de-Calais, Président du ConseilRégional du Nord-Pas de Calais

Aujourd’hui le Louvre est à Béthune. Demain, il se posera définitivementà Lens. Dès aujourd’hui, le Louvre s’implique aux côtés duConseil Régional Nord-Pas de Calais, dans le cadrede la Capitale Régionale de la Culture au travers dedeux expositions : l’une à la Chapelle Saint-Pry, enprésentant des œuvres issues des collections duLouvre autour du chef d’œuvre de Lucas CRANACH«Les Trois Grâces», récemment acquis, l’autre auLab-Labanque où l’univers du Louvre devient lasource d’inspiration d’artistes contemporains.L’institution parisienne entraîne déjà avec elle lesmusées de la région qui, pour quelques uns d’entreeux, ont contribué à enrichir l’exposition « les TroisGrâces».La Région Nord-Pas de Calais a l’ambition de fairevivre, à partir du futur musée, la «Région des mu-sées» en donnant encore plus de visibilité à l’offreculturelle régionale, tant à proximité du Louvre-lensavec les équipements dédiés à la mémoire de notrepatrimoine, celui de la guerre avec «Notre-Damede Lorette» et celui de la mine, que sur l’ensembledu territoire régional.Je souhaite que cette préfiguration du Louvre-Lensà Béthune vous séduise et que vous deveniez lesambassadeurs du futur Louvre-Lens.

8 OCTOBRE - 31 DÉCEMBRE 2011

Ce guide de visite est édité à l’occasion de l’exposition « Le Louvre à Béthune » qui se tient du 8 octobre au 31 décembre 2011, dans le cadre de Béthune 2011, Capitale régionale de la culture.

1 EXPOSITION 2 LIEUX«Les Trois Grâces» à la chapelle Saint-Pry, rue Saint Pry à Béthune«Le Louvre revisité…»au Lab-Labanque, 44, Place Georges Clemenceau à BéthuneHorairesOuvert du lundi au vendredide 12h à 19h.Samedi, dimanche, vacancesscolaires et jours fériés de 10h à 19h.Fermé le 25 décembre 2011.Pour les groupes: visite le matin sur réservation.Renseignements et réservationChapelle Saint-Pry 03 21 68 40 74i.blondel@ville-bethune. frLab-Labanque 03 21 63 04 [email protected]ée libreÉdition electronique du guide de visite et document d'aide à la visite disponibles sur www.bethune2011.fr et www.louvrelens.fr

LES CONFÉRENCES DU MUSÉE DU LOUVRE (ENTRÉE LIBRE)Autour des Trois GrâcesPar Vincent Pomarède, directeur du département des Peintures du musée du Louvre et Jean-LucMartinez, directeur du départementdes Antiquités grecques, étrusques et romaines au musée du Louvre.Jeudi 13 octobre 2011, 19h Béthune, Théâtre municipal

Pourquoi l’art contemporain au Louvre ?Par Marie-Laure Bernadac,conservateur en chef, chargée de l’art contemporain au musée du Louvre.Mercredi 16 novembre 2011, 18hBéthune, Théâtre municipal

Entre Antioche, Paris et Arles : le destin moderne de la mosaïquedu « Jugement de Pâris »Par Cécile Giroire, conservateur en charge des collections romainesau musée du Louvre. Grâce à l’implication des musées nationauxfrançais dans les fouilles d’Antiocheà partir de 1932, le musée du Louvreconserve un ensemble exceptionnelde mosaïques romaines de la Syrieantique. Réalisé en petits cubes de marbre et de pâte de verre – lestesselles –, le panneau du«Jugement de Pâris» en constitue àla fois l’exemple le plus ancien et leplus abouti. Sa restauration récente lui redonne cohérence et lisibilité.Jeudi 1er décembre 2011, 18h, Lens, Maison du Projet Louvre-Lens

Fantasmagories, ornements et hybridesPar Françoise Quardon, artisteLors de cette «visite-fiction»,Françoise Quardon, comme dans sa pratique artistique, créera deséchos entre œuvres anciennes etcontemporaines, en imaginant desrécits croisés à travers le temps, l’art,la littérature, où sous les apparencestrompeuses de la beauté, se cachentparfois des pièges et d’étrangescréatures.Vendredi 28 octobre 2011, 18hBéthune, chapelle Saint-Pry et Lab-Labanque Réservation obligatoire au 0321630470 [email protected]

AUTOUR DE L’EXPOSITIONLe Louvre invisible, à la découverte des coulisses du musée du LouvreFilm de Stéphane Krausz, produit par le Louvre en 2005, 52 mnJeudi 10 novembre 2011, 18h30Bruay-La-Buissière, Cinéma les étoileswww.cinema-les-etoiles.fr

Petits courts d’histoire de l’artQuand les réalisateurs d’aujourd’huis’inspirent des peintres d’hier.Vendredi 18 novembre 2011, 20hBéthune, L’Hybride Béthune, Le Garage, 169 bd Poincaréwww.lhybride.org/béthune

Autour de CranachLecture de textes sur Cranach par Jean-Baptiste Malartre, sociétaire de la Comédie-FrançaiseSamedi 10 décembre 2011, 16h,Réservation indispensable au 03 21 63 29 19, Béthune. La Comédie/Studio Théâtre, place Maréchal Foch

Visites en langue des signes par Signes de Senswww.signesdesens.org

Henri LoyrettePrésident directeur du musée du Louvre

Á un an de l’ouverture du Louvre-Lens, le Musée duLouvre est particulièrement heureux de s’associer àla Capitale régionale de la culture, pour une exposi-tion inédite dans deux lieux symboliques de Béthune.La formule est originale, mais l’objectif est commun:donner à voir la création artistique sous toutes sesformes et faire dialoguer passé et présent.

Le titre de l’exposition, «Le Louvre à Béthune», s’estimposé de lui-même. Alors que de nombreux parte-naires travaillent chaque jour à la création dunouveau musée, nous avons souhaité participer à ceformidable temps culturel. Béthune accueille doncpour la première fois une exposition qui préfigurel’esprit du Louvre-Lens.Á la chapelle Saint-Pry, aux côtés du chef-d’œuvrede Cranach, Trésor national exposé pour la premièrefois hors du Louvre, sont présentées des œuvressculptées, gravées et des objets d’arts d’époquemoderne, mais également des œuvres antiques deréférence. Dans un espace ouvert et intimiste, lesvisiteurs pourront comparer ces œuvres inspirées duthème mythologique des Trois Grâces et ainsidécouvrir la manière dont ce sujet fut traité au fildes siècles.Les œuvres contemporaines présentées au Lab-Labanque sont également de natures diverses, maisde signatures tout aussi prestigieuses. Des artistesde renommée internationale ont en effet travaillé etexposé leurs créations au sein même du Louvre cesdernières années. Toutes ces œuvres sont pour lapremière fois réunies en un lieu, et quel lieu ! L’an-cienne Banque de France béthunoise, restée intactedepuis sa désaffection, donne à cet atypique espaced’exposition une atmosphère étonnante mais propiceà la découverte artistique.

Exposer des œuvres des collections du Louvre àBéthune, aux côtés de celles de musées de la régionet de créations contemporaines, témoigne de notrevolonté de nous implanter durablement dans leNord-Pas de Calais. Cette belle exposition, renduepossible grâce au soutien du Conseil régional, est lefruit d’un partenariat exclusif qui annonce le Louvre-Lens. Nous espérons qu’elle rencontrera tout lesuccès qu’elle mérite.

Cette exposition a reçu le mécénat de

Ce guide de visite a été réalisé grâcesoutien de l’Imprimerie Chartrez

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Jean-Luc Martinez et Vincent Pomarède,Commissaires scientifiques, musée du Louvre

Il est des thèmes artistiques, nés durant l’Antiquité, qui ont traversé toutel’histoire des arts, se régénérant à chaque nouvelle école, à chaque nouvelletendance esthétique. Souvent inspirés d’histoires tirées de la mythologiegrecque – revisitée par la culture latine –, ces grands sujets qui inspirèrentla peinture et la sculpture furent, par exemple, la naissance d’Aphrodite,les douze travaux d’Hercule, les chasses et les bains de Diane ou Psyché etl’Amour.

L’ambition de l’exposition montrée à Béthune, dans la chapelle Saint-Pry,réside donc entièrement dans le plaisir d’étudier, à travers plus de quinzesiècles de création, l’une de ces « métamorphoses » des thèmes antiques– l’une des plus passionnantes sans doute –, afin de présenter au publicles innombrables solutions plastiques et esthétiques inventées par lesartistes pour renouveler un sujet ancestral. Nous espérons qu’il sera ainsiplus aisé pour le public de comprendre comment la Renaissance, relecturedes origines de l’art conçue par les «génies» des 15e et 16e siècles – de l’ItalienLéonard de Vinci à l’Allemand Lucas Cranach, justement –, comment leclassicisme, pur « retour à l’ordre » prônés par les intellectuels et les phi-losophes du 17e siècle, et comment le néoclassicisme, ultime résurgenceacadémique des conceptions antiques, ont cherché et réussi, chacun àleur manière, à renouer avec les idéaux des pionniers de l’art européen.

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Marie-Françoise BouttemyCommissaire général, Région Nord-Pas de Calais

Le Louvre à Béthune, le Louvre des artistes

Par sa diversité et sa cohérence, l’ensemble des œuvres de l’exposition «Le Louvre à Béthune»,constitue un champ d’étude particulièrement repré-sentatif du rôle de l’artiste dans la transmission del’histoire de l’art. En effet, lors de sa création en 1793,le musée du Louvre, alors nommé Museum centraldes arts et placé sous la tutelle du ministère del’Instruction publique, est réservé aux seuls artistesdans le cadre de leur formation ; jusqu’en 1855, lepublic n’y est admis que le dimanche. Les jeunesartistes y pratiquent régulièrement la copie pourétudier les œuvres du passé et assimiler les leçonsdes maîtres anciens. Il s’agit, jusqu’en 1863, de l’ap-prentissage par excellence puisqu’aucun coursd’esthétique et d’histoire de l’art n’est dispensé àl’École des beaux-arts de Paris.

La copie reste de fait, depuis l’Antiquité, un procédéinévitable dans l’initiation à l’art et ouvre la voie auchangement esthétique voulu par l’artiste. Lesœuvres présentées ici illustrent bien cette évolution,avec un respect certain à l’égard des sources et desmodèles anciens. L’artiste devient ainsi une mémoire,un passeur d’images, qu’il nous transmet généreu-sement en offrant, à travers sa création, un regardtransversal, tantôt cohérent, tantôt inattendu, desarts du passé.

Le premier volet de notre exposition est un parcoursartistique, de l’Antiquité au 19e siècle, sur le thèmedes Trois Grâces. Ce sujet permet d’associer la repré-sentation de la beauté intemporelle à des attitudeset des formes correspondant au goût de chaqueépoque. Ainsi, l’artiste se permet une plus grandeliberté d’expression par rapport à l’iconographie traditionnelle. Il en est de même pour les œuvrescontemporaines de notre second volet, «Le Louvrerevisité…», qui renouvellent notre vision du musée etde ses collections. L’artiste d’aujourd’hui proposeune nouvelle création, une re-création reposant surune démarche intellectuelle personnelle. S’éloignantde la tradition figurative, il nous emmène dans uneexpérience purement sensible, subjective et indivi-duelle.

L’intérêt de cette exposition réside dans ce dialogueininterrompu entre les arts, que Rodin résume trèsjustement : «Un art qui a de la vie ne reproduit pasle passé ; il le continue.»

LES TROIS GRÂCES

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Tel est donc le thème retenu pour la présente exposi-tion, préfiguration volontaire et allusive des ambitionsdu futur musée du Louvre-Lens certes, mais égalementsujet à part entière. Et, afin de servir au mieux cetambitieux sujet, le riche ensemble d’œuvres prêtéespar plusieurs départements du musée du Louvre a étécomplété par des tableaux et des objets d’art prove-nant des musées du Nord-Pas de Calais, bel exemple decollaboration entre un musée national et des muséesrégionaux qui, de ce point de vue également, annoncel’esprit et les méthodes de travail du Louvre à Lens.

Comment évoquer le nu féminin ? Comment multi-plier dans une seule œuvre les propositions plastiquessuggérées par cette nudité ? Comment diversifier lesmanières de la peindre ou de la sculpter ? Tel était ledéfi plastique et esthétique que se lancèrent, par-delàles époques, les artistes qui décidèrent d’illustrer les« Charites » grecques, devenues avec la civilisationromaine les « Grâces ».

Filles de Zeus et d’Aphrodite – à moins que cela ne soitdu même Zeus et d’Eurynomée, la plus belle des Océa-nides ? ou bien de Dionysos et d’Héra ? –, les« Charites », trois jeunes déesses nommées Aglaé,Euphrosyne et Thalie, incarnaient la vie dans sa pléni-tude heureuse, symbolisant ainsi à la fois la joie, labeauté, la créativité, le charme et la fécondité. Et, endépit des nombreuses variantes et déclinaisons liées

aux personnalités de ces déesses, chacune des troisGrâces incarnaient traditionnellement une valeur, unevertu : Euphrosyne évoquait la joie, l’allégresse, Thalieétait l’abondance tandis qu’Aglaé représentait labeauté dans son accomplissement le plus parfait.

D’origine religieuse et cultuelle, ce thème des TroisGrâces fut en fait largement commenté, élargi et enrichipar les intellectuels et les poètes, à commencer parHésiode dès le 7e siècle avant J.-C., Apollodore et plus tar-divement, au 2e siècle après J.-C. par Pausanias.

Très tôt, dès l’Antiquité, une iconographie précise etvivante choisissait de mettre en scène les trois déessesnues, voilées ou non, debout, l’une étant placée au cen-tre, souvent de dos, tandis que les deux autresl’encadrent, faisant face au spectateur de la scène ;étrange composition qui ne permet généralement pasd’identifier chacune d’entre elle. D’ailleurs, dès cetteépoque, la mise en scène retenue pour les représenterintriguait les observateurs ; ainsi, Sénèque lui-mêmes’interrogeait-il : « Pourquoi y a-t-il trois Grâces et pour-quoi sont-elles sœurs ? Pourquoi se tiennent-elles parla main ? Pourquoi ont-elles le sourire, la jeunesse, lavirginité, une robe sans ceinture et transparente ? »Elles apparaissaient d’ailleurs parfois associées à unsymbole, l’une brandissant des roses, la deuxième undé à jouer et la troisième une branche de myrte, sansque ces attributs ne permettent en fait de les identifier.

(2)GIROLAMO DI BENVENUTO, LE JUGEMENT DE PÂRISVERS 1500-1510 PLATEAU D’ACCOUCHÉE.HUILE SUR BOIS. D.: 0,71 M.MUSÉE DU LOUVRE

(3)PIETER COECKE VAN AELST(ENTOURAGE DE), LE RÊVE DE PÂRIS VERS 1530-1535. HUILE SUR BOIS. H. 0,47 M.; L. 0,35 M. MUSÉE DU LOUVRE

(4)HANS VON AACHEN, LE JUGEMENT DE PÂRIS1588. HUILE SUR BOIS. H. 0.875 M; L. 1.33 M. DOUAI, MUSÉE DE LA CHARTREUSE

(5)PAULUS MOREELSE(MANIÈRE DE), JUGEMENT DE PÂRIS17E SIÈCLE. HUILE SUR PAPIER. H. 0,369 ; L. 0,275 M. MUSÉE DU LOUVRE

(6)MAURICE BLOT, LE JUGEMENT DE PÂRISVERS 1800. EAU FORTE. H. 0,215 M; L. 0,165 MTOURCOING, MuBA EUGÈNE LEROY

(9) GÉRARD VAN OPSTAL,LES TROIS GRÂCESCOURONNÉES PAR DES AMOURS 17E SIÈCLE.BAS-RELIEF, MARBRE.H. 0,42 M; L. 0,34 M. MUSÉE DU LOUVRE

LES TROIS GRÂCES

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Parfois, certaines représentations les dépersonnalisentvolontairement, en leur faisant tenir à chacune, defaçon identique, une simple pomme.

Peut-être ce choix iconographique explique-t-il d’ail-leurs le rapprochement, voire la confusion entre lethème des Trois Grâces et celui du célèbre jugement dePâris conté par Homère : le jeune prince, fils du roi deTroie, Priam, est choisi par trois déesses, Héra, Athénaet Aphrodite, afin de les départager ; il doit remettre la« pomme de discorde » à celle des trois qu’il juge la plusbelle déesse de l’Olympe. Finalement, Pâris choisiraAphrodite, qui lui promettait l’amour de la plus belledes mortelles, Hélène de Sparte ; on sait que l’enlève-ment de cette dernière par le fils de Priam allaitdéclencher la guerre de Troie.

La similitude plastique de la représentation de ce trioféminin dénudé avec celle des Grâces a évidemmententraîné une sorte de «contamination» dans les choixiconographiques et de mises en scène retenu par lesartistes. Aussi, l’exposition montrée à Béthune com-mence-t-elle par une première section évoquantjustement ce thème du jugement de Pâris.Le visiteur est ainsi accueilli dès l’entrée de la chapelleSaint-Pry par une imposante mosaïque romaine (1),trouvée en Turquie et datant du 2e siècle après Jésus-Christ ; on y voit les trois déesses, représentéeshabillées, Pâris étant assis, discutant avec Hermès, l’or-

ganisateur de cet étrange concours. La Renaissancepoursuivra les réflexions iconographiques autour de ce thème, comme le prouve un étonnant « plateaud’accouchée », cadeau offert à une jeune mère, danslequel le peintre siennois Girolamo di Benvenuto (1470-1524) (2) mettait cette fois en scène Aphrodite nue,tandis qu’Athéna et Héra étaient vêtues. Et, grâce auxprêts du musée de Douai (H. von Aachen, Le jugementde Pâris, huile sur bois) (4) et de Tourcoing (M. Blot, Le jugement de Pâris, eau-forte) (6), on peut constater à quel point les siècles suivants poursuivirent cesrecherches au sujet du thème du jugement de Pâris.

La section suivante, le cœur de l’exposition, présente lethème des Trois Grâces tel que de grands artistes ontpu le comprendre, le sentir et l’interpréter. Les troisdéesses nues sont donc évoquées en sculpture, avec uncélèbre marbre romain antique du 2e siècle (7), qui suitfidèlement la mise en scène traditionnelle – unefemme de dos et deux de face –, aussi bien qu’avec uneœuvre envoyée au Salon de 1831 par James Pradier (8),merveille de grâce, de sensualité et de raffinementconstituant un superbe hommage du 19e siècle à l’Antiquité. Il faut également citer deux bas-reliefs deGérard Van Opstal (1605-1668) (9 et 10), provenant descollections royales, ou bien un adorable petit bronzed’Antoine-Louis Barye (1795-1875) (11), venu des artsdécoratifs, qui renouvelle vers 1840 l’iconographie enmontrant les Grâces dansant une ronde.

(10) GÉRARD VAN OPSTAL, LES TROIS GRÂCES LIÉES PAR UN AMOUR 17E SIÈCLE.BAS-RELIEF OVALE, MARBRE.H. 0,42 M; L. 0,28 M. MUSÉE DU LOUVRE

(12)GIOVANNI ANTONIO BAZZI(ATTRIBUÉ À), LES TROIS GRÂCESVERS 1520. PLUME, REHAUTS DE BLANC SUR PAPIER COLORIÉ.H. 0,44 M; L. 0,27 M. MUSÉE DU LOUVRE

(13)ANONYME ITALIEN, LES TROIS GRÂCES 17E SIÈCLE. ENCRE BRUNE, LAVIS BRUN, PAPIER GRIS-BLEU, PLUME, REHAUTS DE BLANC.H. 0,185 M; L. 0,222 M. MUSÉE DU LOUVRE

(14)PETER PAULUS RUBENS(ÉCOLE DE), LES TROIS GRÂCESENCRE BRUNE, PLUME,LAVIS BRUN. H. 0,505; L. 0,376 M.MUSÉE DU LOUVRE

(15)ANONYME FRANÇAIS,LES TROIS GRÂCESDANSANT, ET TENANT UNE GUIRLANDE DE ROSES18E SIÈCLE. ENCRE BRUNE.H. 0,361 M; L. 0,272 M.MUSÉE DU LOUVRE

(16)JEAN-BAPTISTE REGNAULT(PARIS, 1754-1824), LES TROIS GRÂCESVERS 1797-1798. ENCRE BRUNE. H. 0,101 M; L. 0,159 M. MUSÉE DU LOUVRE

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Et, bien évidemment, à côté de plusieurs importantsdessins italiens (12 et 13), flamands (14 et 15) ou français (16),deux tableaux du Louvre illustrent superbement lesujet, de manière fort différente d’ailleurs. Lucas Cranach(1472-1553) aimait renouveler les sujets antiques en pro-posant des analogies entre les vertus mythologiqueset les valeurs morales chrétiennes ; ainsi, dans cetteétonnante œuvre (17) acquise récemment par le muséedu Louvre, grâce à une souscription publique sans pré-cédent, le peintre allemand rapprochait-il la joie,l’abondance et la beauté incarnées par Euphrosyne,Thalie et Aglaé de la charité, la fidélité ou l’amitié. L’il-lustration si personnelle qu’il proposait alors estégalement enrichie par la sensualité et l’humour dis-tancié qu’il avait su conférer à ces trois nus fémininsaux postures tellement étranges. Mais, une fois encore,chez Cranach, les accessoires et les attitudes ne per-mettent en rien de distinguer chacune des déesses ;une des beautés de ce tableau réside justement dans lemystère de son interprétation. Deux siècles plus tard,François Boucher (1703-1770) mettait en scène quant àlui les Trois Grâces (18), debout sur le globe terrestre etsoutenant l’Amour qui brandit des flambeaux ; renou-velant nettement l’iconographie, ce ravissant tableauovale révèle surtout le génie de Boucher pour peindrede tels nus féminins opulents, sensuels et aux chairsnacrées.

La troisième section de l’exposition offre une déclinai-son du thème des Trois Grâces dans une perspectiveplus décorative ou ludique. En effet, de nombreuxobjets d’art, émaux limousins (20 et 21), gourde (22), plat(23) et même pendule (24) – une superbe pendule conçuevers 1770 par Étienne-Maurice Falconet (1716-1791), enmarbre et bronze doré –, témoignent à travers les sièclesà la fois de la notoriété du sujet et du talent des artistesà le renouveler sans cesse, en regardant toujours versle modèle antique.

La sélection d’œuvres proposées dans cette expositionde la chapelle Saint-Pry de Béthune, fruit de la généro-sité du musée du Louvre et de plusieurs musées de larégion du Nord-Pas de Calais, permettra donc au visi-teur de découvrir les multiples variations imaginéespar les créateurs, depuis l’Antiquité jusqu’au 19e siècle, etde mieux comprendre comment l’art, dans un perpé-tuel et fécond recommencement, a toujours recherchédans ses origines les thèmes et les solutions plastiquesinspirant de nouveaux modèles esthétiques. ■

(19) GUSTAVE CRAUK, LES TROIS GRÂCESPORTANT L'AMOUR 1891. PLÂTRE PATINE TERRE CUITE. H. 0,247 M; L. 0,8 M; P. 0,93 M.VALENCIENNES, MUSÉE DES BEAUX-ARTS

(20)LIMOGES,LE JUGEMENT DE PÂRIS 16E SIÈCLE. DESSUS DE COUPE EN ÉMAIL PEINT. D. 0,166 M. LILLE, PALAISDES BEAUX-ARTS

(21)LIMOGES, LE JUGEMENT DE PÂRIS16E SIÈCLE. EMAIL PEINT.H. 00,93 M; L. 0,08 M.LILLE, PALAIS DES BEAUX-ARTS

(22)ATELIER ACTIF A URBINO, GOURDE PLATEVERS 1800. FAÏENCE.H. 0,40 M; L. 0,23 M. MUSÉE DU LOUVRE

(25)ARTHUR JULES MAYEUR, TROIS GRÂCES AUTOURD'UN VASE ANTIQUE19E SIÈCLE (2E MOITIÉ) -20E SIÈCLE (1ÈRE MOITIÉ).EAU FORTE. H. 0, 166 M; L. 0,128 M.ARRAS, MUSÉE DES BEAUX-ARTS

(26)GIUSEPPE MARIA BONZANIGO,LES TROIS GRÂCESDÉBUT DU 19E SIÈCLE. BUIS SUR FOND D'ÉBÈNE. D. 0,07 M. MUSÉE DU LOUVRE

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ATELIER D’ANTIOCHELE JUGEMENT DE PÂRIS(1) MOSAÏQUE DE SOL, 130-150 AP. J.-C. ANTIOCHE, ANCIENNE CAPITALE DE LA SYRIE ANTIQUE (TURQUIE ACTUELLE). MARBRE, CALCAIRE ET PÂTE DE VERRE. L. 1,86 M; L. 1,86 M. MUSÉE DU LOUVRE

Cette mosaïque, découverte en 1932 à Antioche surl’Oronte, décorait la salle à manger d'une richemaison romaine au 2e siècle ap. J.-C. Un rinceau devigne et de lierre peuplé d’oiseaux sert d’écrin aulégendaire jugement de Pâris : Hermès demandeau jeune prince de présider au concours de beautéqui oppose les déesses Athéna, Héra et Aphrodite,qui l’emporte finalement. Par la richesse des colo-ris et la petite taille des tesselles, l’artiste a voulu rivaliser avec la peinture grecque qui lui sert demodèle.

ATELIER ROMAINLES TROIS GRÂCES(7) VERS 130-150 AP J.-C.; AP. J.-C. ITALIE. H. 0,38 M; L. 0,40 M. BAS-RELIEF EN MARBRE. MUSÉE DU LOUVRE

Ce bas-relief d’époque impériale, présentant lescorps des trois sœurs inséparables de manière lacu-naires, pourrait s’inspirer d’une peinture grecquecélèbre du 2e siècle avant J.-C. connue par des pein-tures romaines de Pompéi. Les Grâces, ou Charitesen grec, sont nues et adoptent une compositioncaractéristique de ce temps inspiré par une œuvreconçue pour les deux dimensions: la figure centraleest de dos, tandis que les deux autres sont de face.Les jeunes femmes sont liées par les bras dans unhanchement plus ou moins prononcé, chacun desnus ayant une posture différente.

JAMES PRADIERLES TROIS GRÂCES(8) 1831. PARIS. MARBRE. H. 1,72 M; L. 1,02 M. MUSÉE DU LOUVRE

Ce groupe sculpté est une commande de l’État àl’artiste d’origine genevoise James Pradier (1790-1832). L’œuvre, exposée au Salon de 1831, s’inspire dugroupe antique des Grâces dit Borghèse, égalementau Louvre, et d’un tableau de Raphaël. Prônant leretour à l’antique et un classicisme plutôt austère,très en vogue en cette période de la Restauration,Pradier révèle ici une étonnante sensualité. La ten-dresse réunissant les trois sœurs, tout empreinte delangueur, et la sensualité du traitement des nus,témoignent d’une véritable alliance entre acadé-misme et romantisme.

ANTOINE-LOUIS BARYELES TROIS GRÂCES(11) 1840. PARIS. BRONZE. H. 0,20; L. 0,09. MUSÉE DU LOUVRE

Conçue au départ pour servir d’élément décoratifde cheminée, ce petit bronze du grand sculpteurromantique Barye (1795-1875) a ensuite été repriset fondu pour lui-même. Enlacées en un groupeharmonieux, les Trois Grâces s’abandonnent vo-luptueusement dans un mouvement suspendu en-tre danse et confession impudique. La gracieuseinclinaison des têtes, la ligne ondoyante des doset la plénitude nerveuse des membres sont égale-ment rehaussées par une patine verte. La finessede la ciselure qui détaille les coiffures, les minus-cules boucles d’oreilles et le socle circulaire à légerscroisillons n’altère pas la force de ces formes am-ples. Le sujet est classique, mais les cheveux sontnoués dans un genre qui fait plutôt penser àl’orient qu’à l’antiquité.

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LUCAS CRANACH L’ANCIENLES TROIS GRÂCES(17) 1531. ALLEMAGNE. HUILE SUR BOIS. H. 0,37 M; L. 0,24 M. MUSÉE DU LOUVRE

Cranach (1472-1553) est l’un des artistes essentielsde la Renaissance, son œuvre remportant unimmense succès qui l’amenait à fonder un atelierimportant dans lequel devait travailler son fils,Cranach dit le Jeune (1515-1586). Originaire d’Alle-magne, il est d’abord repéré à Vienne avantd’entrer au service du prince électeur de Saxe àWittenberg. En peignant deux fois les Trois Grâces– alors qu’il a beaucoup plus étudié le thème duJugement de Pâris –, Cranach se confronte une foisencore à la représentation du nu féminin. Cetteœuvre d’un érotisme troublant et d’un humourraffiné, acquise cette année grâce à une souscrip-tion publique particulièrement réussie, est unecomposition à la fois animée et harmonieuse. Laposture respective des jeunes femmes, d’une éton-nante liberté, leur nudité accentuée par une gazelégère et transparente, presque invisible et par unarrière-plan noir et uni, la finesse des détails,l’étrangeté du sol pierreux et le mystère quientoure cette commande privée font de ce tableauun des grands chefs-d’œuvre du peintre.

FRANÇOIS BOUCHERLES TROIS GRÂCES SUPPORTANT L’AMOUR(18) APRÈS 1765. FRANCE. HUILE SUR TOILE. H. 0,80 M; L. 0,65 M. MUSÉE DU LOUVRE

Œuvre provenant du legs du docteur Louis La Caze,entrée au Louvre en 1863, cette esquisse de FrançoisBoucher (1703-1770) est tout à la gloire du corpsféminin. Debout sur le Globe terrestre, les TroisGrâces aux corps généreux et aux chairs nacréessoutiennent l’Amour qui brandit deux flambeaux.La touche rapide et expressive du peintre n’enlèverien aux qualités de volume et de plasticité de lacomposition, dans laquelle les couleurs s’effacentau profit d’un effet de camaïeu mouvementé.

ATELIER FONTANALE JUGEMENT DE PÂRIS(23) VERS 1540-1550. ITALIE. FAÏENCE. D. 0,455 M. MUSÉE DU LOUVRE

Cette faïence italienne de la Renaissance, ou majo-lique, provient de la collection Campana, entrée au Louvre en 1862 ; il appartient au groupe des istoriati ou pièces à décor historié. Ce style décora-tif connaît son apogée dans la première moitié du16e siècle et c’est à Urbino qu’il atteint sa plushaute qualité artistique. Le peintre de cette majo-lique n’est pas identifié, mais il appartenait au trèsréputé atelier Fontana. Cette scène aux couleurschatoyantes, sur le thème du Jugement de Pâris,s’inspire d’une gravure de Marcantonio Raimondi(1480-1534). Les trois déesses, nues, sont au centrede la composition. Aphrodite, de trois-quarts face,tient d’une main un Amour et de l’autre la pommeque lui tend Pâris.

ÉTIENNE-MAURICE FALCONETPENDULE: LES TROIS GRÂCES(ATTRIBUÉ)

(24) VERS 1770. FRANCE. MARBRE ET BRONZE DORÉ. H. 0,80 M; L. 0,38 M.MUSÉE DU LOUVRE

Cette pendule en marbre blanc d’époque Louis XVIa été attribuée au célèbre sculpteur néoclassiqueFalconet (1716-1791). Les Trois Grâces se tiennentdebout autour d’un fût de colonne cannelé sur le-quel repose une urne à couvercle et à anses avecguirlandes feuillagées. L’urne forme une penduleà double cadran horizontal et émaillé de blanc. Labase carrée présente sur chacune de ses faces unbas-relief présentant des amours posés sur desnuages. Le socle carré est quant à lui en bronzedoré. Ce riche décor prend le pas sur la fonction-nalité de l’objet, dont le raffinement et le sujet l’ontrendu très populaire.

Notices rédigées par Anne-Sophie Caron-Haegeman

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Le musée d’Ethnologie Régionale, implanté depuis 1971 à Béthune est Musée de France depuis 2002. Tourné d’abord vers les arts et traditions populaires du Nord-Pas de Calais, c’est grâce à la détermination de ses fondateursbénévoles et passionnés et à la contribution des habitants du territoire que le musée s’est constitué une collection riche, diversifiée,identifiant essentiellement les terroirs de l’Artois et de la Flandre. Dès 1987, sa vocation a évolué vers l’ethnologie. Dès lors le musée a sauvegardé ces traces immatérielles que sont la mémoire, les récits de vie.

Depuis plus de vingt ans, le musée ponctue et mélange aussi souvent que possible dans ses expositions œuvres d’art, objets témoins et recueils de paroles. Il le fait désormais dansl’Espace culturel Saint-Pry, ancienne chapelle de l’hôpital de Béthune, détruit en 1993. Avec elle, c’est aussi le bastion Saint-Pry qui a été sauvegardé à la suite de fouilles.

L’Espace culturel St-Pry comprend trois niveauxexploitables. Le rez-de-chaussée – qui accueilleles expositions temporaires – a déjà bénéficiéd’importants travaux de mise en conformité. La restauration du deuxième niveau favoriseraitl’accueil d’ateliers pédagogiques quand le niveausupérieur hébergerait une partie documentaire et administrative. Cependant la surface totale reste limitée ne permettant pas d’imaginer un site d’exposition permanent, c’est pourquoi une réflexion sera menée pour qu’à terme, la chapelle, le bastion et l’étendue les séparantsoient réunis dans un même complexe muséal et culturel dynamique identifiant – outre troisépoques et trois édifices architecturaux distincts –l’emprise de l’homme sur un territoire qu’il n’a de cesse de transformer.

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II

Marie-Laure Bernadac,Commissaire scientifique, musée du Louvre

Depuis 2003, le musée du Louvre a initié et développé une nouvelle poli-tique en faveur des artistes vivants, qui se décline selon plusieurs modes :la commande pérenne pour le décor du Palais, la carte blanche à un photo-graphe ou vidéaste, et les Contrepoints (des expositions temporaires d’œuvrescontemporaines produites spécifiquement pour le musée et présentéesau sein des collections d’un département). Trois commandes pérennes ontdéjà été réalisées. En 2007, la grande peinture Athanor et deux sculpturesHortus Conclusus, et Danaé, d’Anselm Kiefer ont été installées dans l’escalierNord des architectes Percier Fontaine. En 2010, François Morellet réaliseavec les ateliers Loire, les vitraux des baies et oculi de l’Escalier Lefuel, remisainsi en lumière grâce à son intervention discrète et ironique (L’esprit d’escalier, 2010) et Cy Twombly réalise la maquette d’une grande peinture(The Ceiling, 2010) qui sera installée en 2011 au plafond de la Salle desBronzes dans le département des antiquités grecques et romaines. Cescommandes à des artistes contemporains s’inscrivent dans un héritage,la poursuite d’une tradition. Dès son origine, le musée fut conçu pour lesartistes vivants qui venaient y travailler, copier, exposer. Au cours des dif-férentes étapes de construction, tant du palais royal que du musée, lesmaîtres d’œuvre ont fait appel à des artistes de leur temps pour décorerplafonds et escaliers. Le plafond de la Galerie d’Apollon fut commandé àDelacroix en 1849. Puis en 1954, Georges Salles, directeur des musées deFrance, commandait à Georges Braque le décor du plafond de la salle HenriII. Lors du réaménagement du Grand Louvre, la pyramide de Pei constituaen elle-même une création contemporaine au cœur du Palais ancien.

LE LOUVRE REVISITÉ

L'exposition « Le Louvre à Béthune » est organisée parla Région Nord-Pas de Calais,avec la collaborationexceptionnelle du musée du Louvre et le concours de la Ville de Béthune et de laCommunauté d’AgglomérationArtois Comm.

Région Nord-Pas de CalaisDaniel Percheron, Sénateur du Pas de Calais, Président du Conseil régional Nord-Pas de CalaisCatherine Génisson, Députée du Pas de Calais, Vice-Présidente du Conseil régional Nord-Pas de CalaisVille de BéthuneStéphane Saint-André, Maire de Béthune, Vice-Président de la Communautéd’Agglomération Artois Comm.Artois CommAlain Wacheux, Président de la Communautéd’Agglomération Artois Comm. Maire de Bruay-La-Buissière, Vice-Président du Conseil régionalNord-Pas de CalaisMusée du LouvreHenri Loyrette, Président-directeurHervé Barbaret, Administrateur généralClaudia Ferrazzi, Administratrice générale adjointe

COMMISSARIAT DE L’EXPOSITIONCommissaire généralMarie-Françoise Bouttemy, chef de projet culturel du Conseilrégional du Nord-Pas de Calais,assistée de Laurent SauvageCommissaires scientifiquesJean-Luc Martinez, conservateurgénéral, directeur du départementdes Antiquités grecques, étrusques et romaines et Vincent Pomarède,conservateur général, directeur du département des Peintures au musée du Louvre, assistés d’Anne-Sophie Caron-Haegeman

pour «les Trois Grâces» Marie-LaureBernadac, conservateur général en charge de l’art contemporainassistée de Pauline Guélaud au muséedu Louvre et Philippe Massardier,directeur du Lab-Labanque à Béthune, pour «Le Louvre revisité…»Commissaire déléguéSébastien Meaux, directeur du muséed’Ethnologie Régionale de Béthune

ORGANISATIONAu musée du LouvreSoraya Karkache, Laurence Petit,Tizulu Maeda, Marina-Pia VitaliÀ la Région Nord-Pas de CalaisIsabelle Laforce, Jocelyne Mamelin,Olivier Connan, Pierre Gochard,Laurent Lemaire, Stéphanie Legrand,Christelle Waymel, Frédérique Brunin,Annie Viguie-Baert, Camille BécartÀ la ville de BéthuneDimitri Van Meenin, Catherine Buchet,Rémi Amblot, Isabelle Blondel,Chantal Kocialkowski, Eric VeldemanPatrick Flament, Alain Pecou,Ludivine Szpoper l’équipe de médiateurs, la police municipaleet le personnel de la mairieÀ Artois Comm.Lara Vallet, Fabienne Moison, Fabien Herman, les médiateurs, leshôtesses d’accueil du Lab-Labanqueet le personnel d’Artois Comm.

RÉALISATIONScénographiePhilippe Maffre, MAW et MPI ActionsGraphismeAntoine RobagliaTransport et installationLP ArtAssurancesRichard de la Baume Assurances- Blackwall GreenGardiennageSte Groupe Sécuritec Protection de LesquinGuide de visiteConception graphiqueAgence BelleVilleImpressionImprimerie Chartrez à Saint-Nicolas lez Arras

Coordination éditorialeMarie-Françoise Bouttemy, Laurent Sauvage

REMERCIEMENTSAux musées prêteursMusée du Louvre, musée nationald’Art moderne Georges Pompidou,Sèvres Cité de la céramique, RMNGPAtelier de Chalcographie, musée des Beaux-Arts d’Arras, musée de la Chartreuse de Douai, palais des Beaux-Arts de Lille, MuBA deTourcoing, musée des Beaux-Arts de ValenciennesAux artistes prêteursPatrick Faigenbaum, Mimmo Jodice,Christian Milovanoff, François Rouan,Françoise Quardon, MarcellineDelbecq, Nan Goldin, Olga Kisseleva,Ange Leccia, Benoît Pingeot, AntoineRoegiers, Jan Fabre, Jean-MichelAlberola, Jean-Luc Moulène et JoséMaria Sicilia représentés par lagalerie Chantal Crousel ParisAu musée du LouvreJuliette Armand, Marc Bascou, Anne-Laure Beatrix, Geneviève Bresc,Suzelyne Chandon, Valérie Corvino,Laurent Creuzet, Céline Dauvergne,Max Dujardin, Xavier Dectot, ValérieForey, Elisabeth Foucart-Walter,Denis Fousse, Aline François-Colin,Catherine Guillou, Patrick Lebowski,David Madec, Aurélie Merle, Nicolas Pouget, Céline Rebière-Plé,Annabel Rémy, Jean-Marc Terrasse, Carel Van Tuyll, Elise Lafon et les ateliers du service des travaux muséographiquesÀ la Région Nord-Pas de CalaisValerie Menault, Christine Milli,Léonore Heemskerk, Bénédicte Hamon,Jean-Bernard Nozière, Marc Petit,Stéphane Scheercousse, Gérald Libert,Fanny de Rekeneire, BénédicteCanler, Capucine Membre, Isabelle Lecherf, Laurence Happe

Á Serge Leroux au service des Muséesde France du ministère de la Culture,Aux Pompiers et à la Police Nationale de BéthuneAux mécènes: Le Crédit Agricole Nordde France, Véolia Environnement,Imprimerie Chartrez

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8 OCTOBRE - 31 DÉCEMBRE 2011

JEAN-MICHEL ALBEROLANÉ EN 1953 Á SAÏDA (ALGÉRIE)LE PROJECTIONNISTE, 1992SANGUINE, GOUACHE ET PASTEL SUR PAPIERH. 0.63M; L. 0.60MCOLLECTION CENTRE POMPIDOU, MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE/CENTRE DE CRÉATION INDUSTRIELLE

LE CLOWN, 1992FUSAIN, GOUACHE ET PASTEL SUR PAPIERH. 0.8006 M; L. 0.7702 M.COLLECTION CENTRE POMPIDOU, MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE/CENTRE DE CRÉATION INDUSTRIELLE

Peintre et dessinateur, Jean-Michel Alberola revisitedepuis les années 80 certains thèmes de la peintureancienne. Après avoir longtemps travaillé sur le mythe deSuzanne et les vieillards, il réalise, en 1995, une série degrands pastels et petites toiles, intitulée Qu’y-a-t-il dansles poches du Gilles ? consacrée au Gilles (vers 1718-1719) deWatteau, œuvre qu’il admire pour ses qualités proprementpicturales – la frontalité, la subtile blancheur, la mise àplat du personnage central – mais aussi pour l’expressionet le caractère humains de ce personnage de théâtre ; il vad’ailleurs transformer le Gilles en clown, en pierrot, enpersonnage naïf, comique et tragique, comme peut l’êtrela figure de l’artiste. « Plus un tableau est frontal, plus il estréussi, en ce sens, le Gilles annonce la frontalité absolued’un Mondrian », dit-il.

LOUISE BOURGEOISPARIS, 1911 – NEW YORK, 2010NATURE STUDY, 1998-1999SCULPTURE EN BISCUITH. 0.72M; L. 0.41M; P. 0.305MSÈVRES – CITÉ DE LA CÉRAMIQUE

L’œuvre que Louise Bourgeois a réalisée à Sèvres en 1998,Nature Study, est la cinquième version d’une sculpture enbronze doré qui date de 1984. Elle a en effet été déclinéedans plusieurs matériaux: marbre rose, cire rouge et caout-chouc (bleu, mauve et rose). Nature Study, qui représenteune créature monstrueuse à mi-chemin entre l’animal etl’humain, le masculin et le féminin, est une figure tutélaireessentielle dans l’œuvre de l’artiste. Pour elle, ce sphinx auxpattes griffues, à la tête coupée et aux multiples mamellesfait allusion à son père. Cette sculpture évoque égalementle mythe d’Œdipe et la castration, des thèmes omniprésentsdans l’œuvre de Louise Bourgeois.

Pourquoi montrer de l’art contemporain dans un musée d’art ancien ?Pour réactiver le regard sur les collections, pour introduire un regard d’au-jourd’hui sur les objets rassemblés au cours des siècles dans les musées.Le regard de l’artiste est en effet singulier et permet souvent une autrelecture des chefs-d’œuvre anciens. « En art, disait Picasso, il n’y a ni passéni futur. » Et c’est en effet lui le premier artiste qui exposa ses peinturesaux côtés des maîtres anciens afin de montrer qu’au-delà des époques,des styles et des modes, un dialogue peut s’établir entre les artistes et desaffinités autres qu’historiques, formelles ou thématiques peuvent se créerentre des œuvres, nous incitant à les regarder différemment. Ce dialogueentre l’art du passé et l’art du présent, n’est pas nouveau, il est passé de lacopie à la paraphrase en passant par la table rase, la recréation ou l’ap-propriation des modèles anciens. L’art moderne a joué un rôle particuliè-rement important, car de nombreux artistes, depuis Marcel Duchamp,ont pris le musée comme modèle.L’exposition présentée au Lab-Labanque est une sélection d’une trentained’œuvres, dessins, peintures, sculptures, céramiques, photographies, vidéos réalisées pour le musée du Louvre ou au musée du Louvre par desartistes contemporains. Ce choix permet de voir la diversité des approches,entre l’hommage pictural, la fascination pour des œuvres phares de la col-lection, ou les détournements ironiques. Le parcours recréé dans ce nouveaulieu en dehors du contexte du musée et de la confrontation avec les œuvresanciennes, nous fait découvrir le regard contemporain que les artistes vivants portent sur le musée du Louvre, sous ses aspects les plus divers.

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8 OCTOBRE - 31 DÉCEMBRE 2011

JOHAN CRETENNÉ EN 1963 Á SINT TRUIDEN (BELGIQUE)ODORE DI FEMMINA DE SÈVRES, 2005BISCUIT PASTILLÉ EN PÂTE NOUVELLEH. 0.94 M; L. 0.55M; P. 0.40MSÈVRES – CITÉ DE LA CÉRAMIQUE

Autodidacte des techniques de la céramique, Johan Cretena séjourné deux ans à la Manufacture nationale de Sèvres,où il a testé de nouvelles méthodes et repoussé les limitesde la taille des pièces. Il y a notamment réalisé de grandesVagues en grès, très sensuelles, en hommage à BernardPalissy (1510-1590) – qui ont été présentées au musée duLouvre dans la salle consacrée à cet inventeur de génie quitravailla dans un atelier aux Tuileries – et Odore di femmina,réalisé en biscuit de diverses couleurs. Avec cette sculptureen porcelaine blanche, Johan Creten poursuit une sérieinaugurée en 1986, dont le titre fait référence au Don Giovannide Mozart. Le torse féminin couvert de pétales rosacéesacérées et vulnérables à la fois, représente une figure oùfusionnent le végétal et l’humain, qui n’est pas sans évoquerles déesses antiques.

MARCELLINE DELBECQNÉE EN 1977 Á EVREUXLA BEAUTÉ EST AUSSI DANS LES YEUX DE CELUI QUI REGARDE, 2009AFFICHE, H. 1.5M; L. 1MVIDÉO 1MN 20SECS

Invitée en 2008 à promouvoir la carte Louvre Jeunes, Marcelline Delbecq propose un visuel sensuel, un cadrageresserré sur la poitrine de la Jeune fille en buste (vers 1794)du Baron Pierre-Narcisse Guérin, légendé d’une citationd’Oscar Wilde : « Puisque la beauté est aussi dans les yeuxde celui qui regarde. » Sur toile de fond du même tableau,une courte vidéo narre la rencontre amoureuse de deuxjeunes gens. L’invitation de Marcelline Delbecq a été l’occa-sion d’une soirée exceptionnelle, une nocturne «Murmuresd’avant l’aube » orchestrée par l’artiste et qui réunissaitdes étudiants en théâtre et des musiciens dans les sallesde peintures françaises 17e et 18e siècles.

JAN FABRENÉ EN 1958 Á ANVERS

DEPENDENS (LE PENDU), 1979-2003PUNAISES, CLOUS, POLYESTERH. 1.85M; L. 0.55M; P. 0.45MCOLLECTION DE L’ARTISTE

ART KEPT ME OUT OF JAILGALERIE DARU / MUSÉE DU LOUVRE, PARIS, 22 AVRIL 2008 VIDÉO, DVD, 4 HEURES 28 MINUTES PRODUCTION: MUSÉE DU LOUVRE, PARIS COURTESY ANGELOS BVBA / JAN FABRE, ANTWERPEN

En 2008, Jan Fabre exposait une trentaine d’œuvres dansles salles de peinture flamande et hollandaise, dans uneexposition intitulée «L’ange de la métamorphose». À l’entrée,se trouvait un autoportrait de l’artiste regardant de près,jusqu’à saigner du nez, une copie d’un tableau de Rogervan der Weyden. Cette sculpture intitulée «Je me vide demoi-même» disait la difficile position de l’artiste contem-porain face à la peinture ancienne. Cette œuvre n’étantpas disponible, l’artiste a proposé d’exposer à Béthune unautre autoportrait en pendu, recouvert de punaises doréesqui forment une sorte de carapace. Cette sculpture se trouvaità l’entrée du musée des Beaux-arts d’Anvers, où Jan Fabreavait également présenté ses œuvres en les confrontantà des peintures anciennes. Tout l’art de Jan Fabre, qui seconsidère comme un mystique contemporain, est inspirépar les primitifs flamands, le thème de la vie et de la mort,les vanités, et la figure héroïque de l’artiste. Ici l’artiste seconsidère comme un suicidé de la société et se représentedonc en pendu.À l’occasion de cette exposition, Jan Fabre a réalisé une per-formance dans la galerie Daru , du département des anti-quités grecques et romaines. Le titre de cette performance,«l’art m’a évité la prison», montre les liens étroits qu’il tisseentre la vie de l’artiste et la vie du criminel. Jan Fabre s’étaiten effet déguisé en Jacques Mesrine et s’évadait des sallesdu musée avant de mourir criblé de balles aux pieds de laVictoire de Samothrace.

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© Marcelline Delbecq d'après Pierre-Narcisse Guérin (Jeune fille en buste).

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VIII IX

8 OCTOBRE - 31 DÉCEMBRE 2011

PATRICK FAIGENBAUMNÉ EN 1954 Á PARIS LES ESCLAVES, 2003-2004TIRAGES CIBACHROME, CONTRECOLLÉS SUR ALUMINIUM ET ENCADRÉS

ESCLAVE REBELLE, H. 2.36M; L. 1.185M

ESCLAVE MOURANT, H. 1.23 M; L. 0.69M, H. 143; L. 118 CM, H. 1.11 M; L. 1.07 M, H. 1.11M; L 1.07MCOLLECTION DE L’ARTISTE

Patrick Faigenbaum est le premier photographe invité àexposer au Louvre. Professeur à l’École nationale des Beaux-arts de Paris, il proposait un double projet, une expositionde ses étudiants et une exposition monographique Louvreet Chaussée d’Antin qui réunissait deux ensembles Palmarèset Les esclaves.Dans cette dernière série, ici présentée, Patrick Faigenbaumpropose de redécouvrir grâce au médium photographiqueles sculptures de Michel-Ange L’esclave mourant et L’esclaverebelle (1513-1515). À travers cette étude charnelle desEsclaves, Patrick Faigenbaum propose un nouveau regardsur les sentiments exprimés par ces anatomies sculptéeset leur beauté singulière. La torsion des corps des Esclaves,la tension dramatique des muscles et l’expression paisibleou tragique des visages prennent à nouveau forme à travers ce regard photographique qui transcende l’intérêtdocumentaire pour proposer une véritable recréation deces chefs-d’œuvre.

NAN GOLDINNÉE EN 1953 Á WASHINGTONSCOPOPHILIA, 2010DIAPORAMA20MNSCOLLECTION DE L’ARTISTE

Choisie par Patrice Chéreau, grand invité à l’auditorium duLouvre en 2010, pour créer une œuvre en relation avec lethème proposé et l’exposition Les visages et les corps, NanGoldin compose un diaporama à partir de ses propres photographies, dont de nombreuses inédites, et cellesprises pendant six mois des tableaux et des sculptures dumusée. Cet exercice du regard scrutateur sur la peinturevient de sa fascination dès l’enfance, pour les imagespeintes. C’est aussi une manière pour elle d’allier l’art à lavie. Elle ressent la même intensité lorsqu’elle photographiedes êtres humains ou des personnages peints. Scopophiliavient du grec scopo, qui signifie regarder et de philia, quisignifie l'amour fraternel. Pour Freud, cette pulsion estassociée au désir sexuel. À l’instar de Pygmalion, Nan Goldininsuffle de la sensualité à ces œuvres, animé par l’envie derendre vivantes et charnelles ces figures mythiques.

MIMMO JODICENÉ EN 1934 Á NAPLES LES YEUX DU LOUVRE, 2011TIRAGES CHARBON SUR PAPIER COTON, CONTRECOLLÉS SUR FOREX ET ENCADRÉSH: 0,5036M; L: 0,852M, H: 0,5009; L: 0,8127, H: 0,4825; L: 0,8444, H: 0,4846M; L: 0,8004M, H: 0,54M; L: 93M, H: 0,4873M; L: 0,7992M, H: 0,48; L: 0,81MCOLLECTION DE L’ARTISTE

Après avoir travaillé sur les ravages causés par le temps surles sculptures antiques du musée archéologique de Naples,puis sur les tableaux baroques du musée de Capodimonteen les confrontant avec des portraits photographiques,Mimmo Jodice présentait à l’été 2011, un projet centré surla vision, réactivant ainsi notre regard sur les collections. Ses photographies juxtaposent et confrontent des peinturescélèbres du musée du Louvre à ceux de personnes y travail-lant. Les regards, alignés à la même hauteur et rehaussés delumière, fixent tous ensemble le spectateur. Il ne s’agit pasuniquement de créer des analogies entre portrait peint etportrait vivant mais de redonner vie, âme et caractère auxfigures du passé, tout en conférant un nouveau statut auxmodèles photographiés. « Mon projet est de mélanger laréalité d’aujourd’hui avec celle des siècles passés et de montrerdans les visages d’hier et aujourd’hui les mêmes senti-ments comme la passion, l’anxiété, la noblesse, l’arrogance,la stupeur, l’ironie.»

OLGA KISSELEVANÉE EN 1965 Á LENINGRAD NATURE MORTE, 2006VIDÉO13MNS

Invitée à concevoir le visuel de la carte Louvre Jeunes en2006, l’artiste réalisait la même année cette vidéo, pointde départ d’une récente série photographique Divers Faitssur le choc produit entre deux mondes, celui critique de laconsommation moderne et celui figé de l’histoire de l’art.Les menus aseptisés du fastfood, hamburgers et sodas,délicatement présentés sur un plateau, sur une table nappée,transposent à l’époque contemporaine la version hollan-daise du 17e siècle, des natures mortes à l’iconographiesymbolique, des verres translucides, des mets raffinéssouvent infiltrés de quelques insectes, mouches et autresaraignées...

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Kim and Robin, Boston sisters, 1977, Nan Goldin La Vanité, la Modération (ou la Modestie) et la Mort, Jan van der Straet, 1569

© Nan Goldin / Courtesy Matthew Marks Gallery

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JEAN-LUC MOULÈNENÉ EN 1955 Á REIMS LE MONDE, LE LOUVRE, 2005VINGT-DEUX TIRAGES CIBACHROME SOUS DIASEC (DIVERS FORMATS)+ D’ORDRE, - D’ORDRE, LE LOUVRE, VIDÉO, 1H 15MNSEXEMPLAIRES DU SUPPLÉMENT «LE MONDE LE LOUVRE EN CONSULTATION»COURTESY DE L’ARTISTE ET DE LA GALERIE CHANTAL CROUSEL, PARIS

En 2005, Jean-Luc Moulène est convié par le musée du Louvreà porter un nouveau regard sur ses collections. Depuis lesannées 1970, l’artiste s’intéresse au statut des objets etdéveloppe une approche singulière de la photographie,rythmée par des séries ou des variations se focalisant surdes genres (le portrait, le nu, la nature morte…). Jean-LucMoulène s’est vite orienté vers une technique, la sculpture,et une époque, l’Antiquité : amulettes, fétiches, divinitésféminines... Les vingt-quatre œuvres sélectionnées au seinde différents départements ont alors été photographiées enlumière du jour et rassemblées au sein d’un supplément duquotidien Le Monde. Ainsi, l’artiste propose un rapproche-ment inédit, confrontant le vocabulaire formel et la diversitéde croyances, de cultures, de rites ou d’époques. Invité à s’approprier le journal, le spectateur se trouve libre deconstruire sa propre vision du musée du Louvre.

BENOÎT PINGEOTNÉ EN 1975 Á SURESNESPETITE VISITE À GILLES, 2009VIDÉO68MNS

Présenté dans sa première version en 2010 au Musée Bonnat(Bayonne) dans le cadre de l’exposition collective Œil pourœil : les leçons de peinture, ce film, dans sa seconde version,est le résultat d’une performance tournée au Louvre parStéphane Richard devant le célébrissime tableau du Gillesde Watteau (1718-19). L’artiste s’y met en scène repassant ledrapeau de l’Europe et dialoguant librement avec le Gilles,marginal et ridicule dans son ample costume blanc. C’esten poète que se positionne Benoît Pingeot qui interpelleson double, tendre pantomime de la farce à l’italienne, surla société contemporaine et le sens de la culture, l’absur-dité de la vie et de sa progression, lui, Pierrot : Que voit-il ?Qu’en pense-t-il ?

ANGE LECCIANÉ EN 1952 Á MINERVIU (CORSE)ENFANT VILLA MÉDICIS, 2004, ARRANGEMENT VIDÉO, DVD, 15MNS, COLLECTION DE L’ARTISTE

LA DÉRAISON DU LOUVRE, 2006, SUPPORT DE TOURNAGE 35MM ET DCCAM, DVD,15MNS, CAMERA LUCIDA PRODUCTIONS

Invité en 2004, dans le cadre du tout premier « Contre-point », exposition collective dans les collections du musée,Ange Leccia présente l’image tremblante et fragmentairedu Jeune Berger de David d’Angers filmé pendant sa rési-dence à la Villa Médicis à Rome, dans la salle des mo-saïques romaines. L’écran était disposé entre les sarco-phages antiques représentant l’enfance, les jeux et lesrites funéraires. Suite à cette première collaboration, l’ar-tiste revient au musée en 2006, filmer La Déraison du Lou-vre, un court métrage sur la déambulation nocturne deLaetitia Casta dans le département des peintures. L’actriceerre silencieusement entre les toiles qui peu à peu s’ani-ment et s’évanouit, en référence au célèbre syndrome deStendhal. Avec sensualité, ce film revient sur la relationintime qui lit le visiteur aux œuvres, loin de l’agitationtouristique.

CHRISTIAN MILOVANOFFNÉ EN 1948 Á NÎMES SUITESTIRAGES NUMÉRIQUE SUR PAPIER COTON, CONTRECOLLÉS ET ENCADRÉSH. 120M; L.100M CHAQUECOLLECTION DE L’ARTISTE

Professeur à l’École nationale d’Arles, Christian Milovanoffconçoit l’exposition de ses photographies au Louvre à lamanière d’une longue frise semblable aux panneaux debriques vivement colorés, de gardiens et de lions quiornaient le Palais de Darius Ier à Suse, vers 510 av J.-C. Cesdécors et leurs sujets désormais exposés au départementdes antiquités orientales du musée du Louvre, ont retenul’attention de Christian Milovanoff qui, par la répétitionséquentielle du motif et le décalage progressif du cadrage,opère un rapprochement entre ses murs antiques et lapellicule sensible du cinéaste et bien évidemment, duphotographe.

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XII XIII

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FRANÇOISE QUARDONNÉE EN 1961 Á NANTESLETTERS ARE WEAPONS, 2005ELÉMENTS RÉALISÉS EN PÂTE NOUVELLE, SOIT BISCUITÉE, SOIT COUVERTE D’UN ÉMAIL NACRÉ, INSCRIPTIONS EN OR ET FLEURS, EN PEINTURE DE PETIT FEUH. 0.82M; L. 2.07M; P. 0.255MSÈVRES – CITÉ DE LA CÉRAMIQUE

LADY DI-SGUSTING, 2005IMPRESSION NUMÉRIQUE, COLLAGE DIBOND ET MONTÉ SUR CHASSISH. 1.30M; L. 0.80MCOLLECTION DE L’ARTISTE

Cette sculpture complexe est l’union délicate de deuxpieds de femme juchés sur de hauts talons dorés sembla-bles à des vertèbres, et d’armes blanches (sabre, poingaméricain, épée, masse) réalisés en porcelaine et reliéspar des colliers de perles et de fleurs. Pour concevoir cetteœuvre, l’artiste s’est inspirée des bijoux et des armes ex-posés dans les vitrines de la salle Rothschild du musée.Puis, son travail étant toujours en partie lié à l’écriture etla poésie, elle a illustré le constat selon lequel les lettressont des armes en inscrivant sur le tranchant de deuxépées les mots suivants « La fidélité », et « La fatalité » ;deux notions du genre féminin, alors que les armes et laguerre sont du côté du masculin. Les mots peuvent devenirdes armes. Ce renversement des valeurs qui mêle cruautéet sensualité est caractéristique de la démarche de l’artistequi donne ici une version délicate et violente à mi-cheminentre l’héroïne guerrière et la sainte-martyre trainant lesinstruments de son supplice. En pendant, l’autoportrait que Françoise Quardon réalised’elle-même en femme fatale, mi Méduse, mi Salomé, trô-nant devant une tête de mouton, déguisée en cerf avecles bois, portant des oiseaux, confirme bien cette veine duromantisme noir et du grotesque qui anime tout son tra-vail.

ANTOINE ROEGIERSNÉ EN 1980 Á BRAINE L’ALLEUD (BELGIQUE)LES PROVERBES FLAMANDS, 2005VIDÉO6MNS 13SECS

L’ACADÉMIE, 2005VIDÉO2MNS 15SECS

Encore étudiant à l’École des Beaux-arts, Antoine Roegiersréalisait ses deux premières vidéos consistant en ladécomposition par l’animation de peintures de la collec-tion du musée du Louvre (Paris) et de la Gemäldegalerie(Berlin). L’Académie du tableau éponyme de le Nain (1640)met en scène des amateurs d’art qui s’entretuent soudaine-ment tandis que Les Proverbes flamands dénombre les unsaprès les autres la centaine de personnages et d’actions quicompose le tableau foisonnant de Bruegel (1559). Lesvidéos se déclinent en de minutieuses peintures et dessinssouvent préparatoires au projet final. Elles sont sur unemusique originale d’Antoine Marroncles.

FRANÇOIS ROUANNÉ EN 1943 À MONTPELLIERLE TOMBEAU DE PRIMATICE II, 2011

SUPERVIRENS II ET VII, 2004-2008, TIRAGE ARGENTIQUE SUR FILM TRANSPARENT BERGGER, PEINTURE À LA CIRE,H. 0.51M; L 0.61M CHAQUETROIS TIRAGES DIASEC DE TRAVAUX PHOTOGRAPHIQUES ARGENTIQUES SUR FILMTRANSPARENT BERGGER, H. 0.40 M; L. 0.477M CHAQUETIRAGE DIASEC DE NÉGATIF N&B KODAK 400TMY, H. 0.21M; L. 1.431MCOLLECTION DE L’ARTISTE

DI SOTTO IN SU, 2003, VIDÉO, 41MNS 59 SECS

À l'automne 2004, le Louvre a consacré à Francesco Primaticcio(1504-1570) une grande exposition rétrospective. Dans sixvestibules de ses salles, François Rouan avait distribué les éléments d’un cénotaphe à la mémoire du maître deFontainebleau, fait de tableaux fragmentaires, de séquencesphotographiques et d’un court métrage. L’artiste présentadonc une série de dessins (cire sur papier) et peintures faitsd’après des thèmes ou motifs du Primatice, des portraitsféminins et une bande de photographies, mêlant dessins,empreintes, éléments d’architecture et grotesques. Ladémarche créatrice de Rouan s’y développait du dessin àla peinture, de la photographie au cinéma. L’ensemble dece corpus d’images tressées, inspirées par les œuvres duPrimatice et le maniérisme bellifontain, fut rassemblédans un film (coproduit avec Le Fresnoy-Studio nationaldes arts contemporains). L’installation complète estaujourd’hui conservée au musée des Abattoirs à Toulouse.

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XV

GRAVURES CONTEMPORAINES POUR LA CHALCOGRAPHIE DU LOUVREConservatoire national d’une collection de plus de quatorzemille planches gravées, la Chalcographie du Louvre a étéfondée en 1797 par la réunion de plusieurs dépôts de cuivrescréés sous l’Ancien Régime, notamment des fonds duCabinet du roi et de l’Académie Royale de peinture et desculpture. Ces collections sont placées sous la responsabilitédu département des arts graphiques, et leur direction com-merciale est confiée à la Réunion des musées nationaux.

Depuis plus d’une vingtaine d’années, le Louvre perpétueles commandes à des artistes vivants. Les choix des artistes(trois par an) obéissent à des critères variés et sont soumisà un comité d’experts. Nous avons tout d’abord privilégié lacommande à des artistes ayant déjà travaillé au Louvre :Miquel Barcelò, José Maria Sicilia, François Morellet, TonyCragg, Richard Deacon, William Kentridge; choisi aussi desartistes ayant une bonne pratique de la gravure : KikiSmith, Mireille Gros, Peter Doig, Giuseppe Penone ; donnéleur chance à des peintres dessinateurs qui découvraient latechnique de la gravure: Carole Benzaken, Philippe Cognée,Yan Pei-Ming, et enfin continué la tradition de l’héliogravureen demandant des œuvres à Patrick Faigenbaum, JennyHolzer (voir illustration) ou Dove Allouche.Cette collection montre ainsi une grande diversité de tech-niques et de thématiques. Certaines œuvres font référenceau Louvre, d’autres sont d’inspiration libre, mais toutesrévèlent la permanence et le renouvellement constant dece mode d’expression artistique. Grâce enfin à la large diffusion de ces gravures, le grand public peut se familiariserplus facilement avec l’œuvre des artistes contemporains.

Notices rédigées par Marie-Laure Bernadac et Pauline Guélaud.

XIV

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JOSÉ MARÍA SICILIANÉ EN 1954 Á MADRID SOMOS UN POZO QUE MIRA EL CIELO, 2009LITHOGRAPHIE SUR PAPIER JAPON,H. 3,28; L. 1,13MCOLLECTION DE L’ARTISTE, COURTESY CHANTAL CROUSEL

Lors du premier Contrepoint en 2004, l’artiste a conçu untapis de céramiques, intitulé, Miel et larmes, dans une salledu département des arts islamiques. Les motifs sont inspiréspar un tapis à décor végétal du Caucase de la collection duLouvre, qu’il avait photographié, et ont ensuite été reportéssur des carreaux de plâtre, peints de nids d’abeille et recou-verts de cire odorante. Puis, l’artiste réalisa une gravure decouleur rouge sur ce même motif pour la chalcographie duLouvre en 2005. En 2009, José Maria Sicilia continue à tra-vailler sur ce thème de l’art et de l’architecture islamiqueavec cette lithographie sur papier japonais: un long rouleaususpendu qui mêle motifs du tapis et multiples roses. Aprèsune première impression, l’artiste travaille avec un pinceauet de l’essence au dos du papier pour diluer les motifs.

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C’est dans le bâtiment construit au début du 20e siècle pour accueillir à Béthune la Banque de France qu’a ouvert en 2007 le centre de production et diffusion en arts visuels intituléLab-Labanque. Il poursuit et amplifie le travail déjà entrepris ces dernières années sur les liensentre l’art et la ville, entre l’artiste et l’architecteurbaniste. Il offre à des artistes plasticiens la possibilité de produire des créations pérennes ou éphémères dans des champs aussi diversifiésque la photographie, la vidéo, la sculpture, la peinture, le design d’objets qui participent à l’élaboration de la ville contemporaine. Il s’ouvre comme un foyer offrant au visiteur-spectateur-habitant de passage la capacité de se confronter à des propositions artistiques qui découvrent le sens ou le non-sens des situationsurbaines, le visible et l’invisible, l’espace intime etl’espace public. Grâce à sa situation dans un espacearchitectural dédié à l’argent et qui en conserve les éléments les plus ostentatoires, le bureau du directeur, la salle des coffres, le Lab donne aussi aux artistes la possibilité de profiter de ces espaces particuliers pour concevoir des œuvres interrogeant le médium monétaire.Le Lab: labyrinthe qui mène à la ville et laboratoireoù s’exécutent des préparations à haute teneurartistique.

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