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La pédagogie du DSAA Design éditorial multisupports est organisée au- tour de quatre grands champs transversaux de compétences impli- quant l’ensemble des unités d’enseignement de façon étroitement coordonnée. Ce canevas global favorise des interactions nombreuses et variées entre les trois domaines définis par les textes officiels : formation générale (pôle Culture), formation artistique (pôle Recherche & Création en Arts visuels), formation professionnelle (pôle Recherche & Création en Design). L’objectif est de permettre à l’étudiant de devenir un véritable professionnel tout en favorisant son épanouissement personnel d’individu, de citoyen et d’« honnête homme ». CONTACTS & CANDIDATURES www.dsaa-design-editorial.tumblr.com www.instagram.com/dsaa_design_editorial www.facebook.com/dsaadesigneditorial Le Dsaa Design éditorial multisupports proposé par le lycée Eugénie-Cot- ton est une formation supérieure d’une durée de deux ans, accessible en priorité aux diplômés d’un Bts Design graphique (option « Commu- nication & Médias imprimés » ou « Communication & Médias numé- riques ») ou d’un Dma Typographisme, ainsi qu’aux étudiants ayant vali- dé au moins deux années d’un Dna Design graphique dans une école d’art du Ministère de la Culture. Le champ disciplinaire est celui du design éditorial — édition et presse — appliqué au support imprimé autant qu’aux outils de di=usion nu- mérique (publication en ligne ou tablette tactile). La formation associe étroitement le développement de com- pétences pratiques (typographie, iconographie, technologie, etc.) et le renforcement d’une culture tant spécifique que généraliste — la sen- sibilité aux contenus textuels, illustratifs, informationnels, etc., consti- tuant la première des qualités requises chez un designer éditorial. Cela étant, les savoirs et les savoir-faire qui forment le cœur de cet ensei- gnement ne se limitent pas aux secteurs de l’édition et de la presse — ils ont également vocation à trouver des applications dans d’autres do- maines de la création graphique tels que la signalétique, l’identité vi- suelle, la communication institutionnelle ou culturelle, etc. Une large place est accordée à la construction par l’étudiant de sa propre posture créative, à travers la valorisation de ses propres centres d’intérêt, de ses propres méthodologies, de son propre corpus de références, de sa propre culture générale et professionnelle. Le diplôme (niveau I, équivalent Mastère) s’obtient par étapes successives au cours du second semestre de la deuxième année : après validation de l’ensemble des unités d’enseignement, l’étudiant sou- tient devant un jury son mémoire de recherche, puis son macro-projet en design. http://lyceecotton.net/DSAA

Le - lyceecotton.netlyceecotton.net/joom3/images/Documents_en_pdf/PDF-DSAA.pdf · La pédagogie du DSAA Design éditorial multisupports est organisée au-tour de quatre grands champs

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La pédagogie du DSAA Design éditorial multisupports est organisée au-tour de quatre grands champs transversaux de compétences impli-quant l’ensemble des unités d’enseignement de façon étroitement coordonnée. Ce canevas global favorise des interactions nombreuses et variées entre les trois domaines définis par les textes officiels : formation générale (pôle Culture), formation artistique (pôle Recherche & Création en Arts visuels), formation professionnelle (pôle Recherche & Création en Design). L’objectif est de permettre à l’étudiant de devenir un véritable professionnel tout en favorisant son épanouissement personnel d’individu, de citoyen et d’« honnête homme ».

CONTACTS & CANDIDATURES

www.dsaa-design-editorial.tumblr.comwww.instagram.com/dsaa_design_editorialwww.facebook.com/dsaadesigneditorial

Le Dsaa Design éditorial multisupports proposé par le lycée Eugénie-Cot-ton est une formation supérieure d’une durée de deux ans, accessible en priorité aux diplômés d’un Bts Design graphique (option « Commu-nication & Médias imprimés » ou « Communication & Médias numé-riques ») ou d’un Dma Typographisme, ainsi qu’aux étudiants ayant vali-dé au moins deux années d’un Dna Design graphique dans une école d’art du Ministère de la Culture. Le champ disciplinaire est celui du design éditorial — édition et presse

— appliqué au support imprimé autant qu’aux outils de di=usion nu-mérique (publication en ligne ou tablette tactile).

La formation associe étroitement le développement de com-pétences pratiques (typographie, iconographie, technologie, etc.) et le renforcement d’une culture tant spécifique que généraliste — la sen-sibilité aux contenus textuels, illustratifs, informationnels, etc., consti-tuant la première des qualités requises chez un designer éditorial. Cela étant, les savoirs et les savoir-faire qui forment le cœur de cet ensei-gnement ne se limitent pas aux secteurs de l’édition et de la presse — ils ont également vocation à trouver des applications dans d’autres do-maines de la création graphique tels que la signalétique, l’identité vi- suelle, la communication institutionnelle ou culturelle, etc. Une large place est accordée à la construction par l’étudiant de sa propre posture créative, à travers la valorisation de ses propres centres d’intérêt, de ses propres méthodologies, de son propre corpus de références, de sa propre culture générale et professionnelle.

Le diplôme (niveau I, équivalent Mastère) s’obtient par étapes successives au cours du second semestre de la deuxième année : après validation de l’ensemble des unités d’enseignement, l’étudiant sou-tient devant un jury son mémoire de recherche, puis son macro-projet en design.

http://lyceecotton.net/DSAA

La formation d’un designer, dans quel- que domaine que ce soit, vise notam-ment à l’acquisition progres sive d’une réelle autonomie créative et intellec-tuelle. Celle-ci repré sente en effet une qualité professionnelle cruciale, tant sont nombreux et quo tidiens les choix – stratégiques, dis cursifs, esthétiques, techniques, etc. – que doit faire un pra- ticien dans la conduite d’un projet de conception. Le processus de prise d’au-tonomie, qui démarre dès le premier cycle (BTS, DNA, voire DMA), présente donc des enjeux accrus dans le cadre d’un DSAA ; il passe nécessai rement par le recours à une culture solide et diver-sifiée, débouchant ainsi sur une pos-ture réflexive et critique consciemment assumée.

Les supports de diffusion de la culture visuelle en général (et celle du graphisme en parti-culier) n’ont jamais été aussi nombreux : à côté de revues comme Eye ou Nobrow (consa -cré à l’actualité de l’illustration contemporaine) apparaissent désormais de nombreux livres – essais (Modern typography) catalogues d’exposition (Gra -phic Design: Now In Production) ou anthologies d’articles cri-tiques (About Graphic Design).

La revue en ligne Modes of Criti-cism s’est donnée pour objectif de parti ci per au mouvement contemporain de réflexion ap - pelé « pratique criti que », dont une des premières manifestations a été, en 2007, l’ex po sition Forms of Inquiry: The Architecture of Critical Graphic Design montée par Zak Kyes à l’Architectural Associa-tion de Londres. Modes of Criticism publie des arti cles d’analyse, des recensions d’ouvrages spéciali-sés ou de ma nifesta tions liées au graphisme, des entre-tiens avec des pra ticiens, des commissaires d’exposition ou des journalistes critiques.

1. DévElOppER lA CUlTURE ET lE RECUl

CRITIqUE

Le graphiste américain Dave Eggers a lancé en 1998 la re-vue littéraire alternative Timothy McSweeney’s Quarterly Concern, dont la popularité est fondée sur une interaction permanente en-tre le ton rédactionnel et la forme graphique. Ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler « l’empire éditorial McSwee-ney’s » repose en grande partie sur l’énergie et l’inlassable curio-sité de son créateur, lequel a notablement contri bué à éten-dre le « champ des possi bles » qui s’offrent à un designer.

La Canadienne Marian Bantjes est actuellement une des graphis-tes les plus célèbres du monde, dont l’approche richement décora-tive a engendré des milliers d’imi-

tateurs. Dans le livre I Wonder (Lon dres, Thames & Hudson 2010), elle cherche notamment à partager son sens de l’émerveillement devant la qualité orne-mentale des arts de l’Islam, des manuscrits médié-vaux et des sutras tibétains.

Les articles publiés par le desi-gner américain Michael Bierut sur Design Observer forment la matière principale du recueil Seventy-nine Short Essays on Design (New York, Princeton Architec-tural Press 2007), dans lequel on croise l’écrivain J. D. Salin-ger, l’architecte Eero Saarinen, les photographes Robert Frank et Arnold Newman, le chanteur soul Wilson Pickett, le peintre Ed Ruscha, l’entrepreneur Tho-mas Watson Jr, l’illustrateur Charley Harper et la série télévi-sée The Sopranos. Au fil des pa-ges émerge ainsi une sensibilité créative et esthéti que aussi exi-geante qu’enthousiaste, faite à parts égales de curiosité intellec-tuelle à 360° et d’acuité critique.

Le travail de Julien Priez repo-se sur une exploration tous azi-muts des possibilités expressives et esthétiques du lettrage et de la typo graphie. Les moyens techni-ques, les supports et les champs disciplinaires convoqués (dessin vectoriel, programmation infor-matique, calligraphie, tracé aux ins truments, etc.) sont aussi variés que les registres formels qui naissent, de façon presque naturelle et organique, de cette recherche décomplexée.

Le référentiel du BTS Design graphique a considéra blement accru la part consa-crée au développement d’une « person-nalité créative » chez l’étudiant de pre-mier cycle. Ainsi, son contenu conduit tout naturellement au DSAA, où cette « posture singulière » forme le socle sur lequel l’étudiant va construire son propre parcours de découverte et de maîtrise.

Le graphiste britannique Jonathan Barnbrook a élaboré depuis le début des années 1990 un langage visuel hybride, fait de mul- tiples emprunts à ce qu’il appelle plaisamment des « formes scriptu-raires déviantes » : inscriptions ésotériques, écritures vernaculai res (enseignes, pierres tomba les), propagande soviétique, tatouage, etc. Ses compositions saturées de texte, comme ici pour la communica-tion de la dix-septième Biennale de Sydney (2010), produisent un véritable « e=et de signature ».

2. FAvORISER lA SINgUlARITé,

CONSTRUIRE UNE pOSTURE

ExpéRImENTAlE

La collection « Familiars » est issue de la collaboration de John Morgan avec la galerie londonienne Four Corners : chacun de ces classi ques de la littérature (Flaubert, Wilde, Kafka, Thackeray) fait l’objet d’une édition limitée à laquelle participent le graphiste, le ga-leriste-éditeur et un plasticien invité — Gareth Jones, Marc Camille Chaimowicz, Donald Urquhart ou David Musgrave.

Nombre de designers parmi les plus respec tés pour leurs quali-tés professionnelles sont égale-ment d’excellents conférenciers, dont les interventions auprès de publics très variés sont sou-vent aussi divertissantes qu’in-formatives. Certaines de ces prestations parviennent même à un degré de popularité très important : la vidéo de la cause-rie de Chip Kidd à TED 2012, par exemple, a ainsi été traduite dans 34 langues et visionnée plus d’un million de fois sur Internet.

Le trimestriel XXI a fondé une partie de son succès sur la grande intelligence avec laquelle ses deux directeurs artisti ques, Sara Deux et Quentin Leeds, choisissent les illustrateurs chargés de collaborer avec un auteur sur un article parfois très conséquent : la relation de complémentarité entre texte et images en sort considérablement renforcée.

3. vISER l’ExCEllENCE TEChNIqUE ET

méThODOlOgIqUE

La thématique qui constitue le champ privilégié de recherche du DSAA Design éditorial multisupports est celle des interactions et des complémentarités culturelles et esthétiques entre tech-nologies analogique et numérique. Elle nécessite par conséquent d’identifier, d’explorer, d’analyser, etc., ces deux univers trop souvent présentés comme antagonistes à travers une approche intellectuelle autant que pratique, et qui convoque donc l’ensemble des dis-ciplines de la formation.

Pour cet ouvrage de 2136 pages publié en 1996, Irma Boom a travaillé cinq ans dans les archi-ves de l’entreprise néerlandaise SHV, y sélectionnant elle-même les milliers de documents qui racontent l’histoire de ce groupe industriel, un des plus impor-tants du pays. Elle s’est depuis fait une sorte de spécialité de ces « li vres-monstres », comme en témoignent ses collaborations ultérieures avec le Museum für Gestaltung de Zurich (2009) ou l’écrivain Jennifer Butler (2010).

Peu de graphistes contempo-rains ont a<rmé leur singula-rité avec plus de constance et de force que Stefan Sagmeister : dès 1997, prenant à rebours la pente du « tout-digital » sur la-quelle se laissait alors glisser l’ensemble de la profession, cet Autrichien installé à New York a renoué avec le fait-main dans des réalisations où la complexité de la mise en œuvre produit un puissant effet de métonymie.

Les anthologies de textes criti-ques, historiques ou contempo-rains, qui permettent aux gra-phis tes de mettre en perspective la pratique et la culture de leur propre dis cipline, se sont mul-tipliées depuis une vingtaine d’années. L’influence de telles publications peut se mesurer à l’intensité des dé bats que cette nouvelle lucidité a engendrés au sein même de la profession, comme en témoigne, par exem-ple, la redécouverte récente du manifeste First Things First, origi-nellement ré digé par le designer anglais Ken Garland en 1964.

La longue collaboration de Karel Martens avec la revue internationale d’architecture OASE a permis au designer néerlandais de développer un langage graphique qui produit un effet d’équivalence — sur le plan de la radicalité concep-tuelle comme de l’innovation formelle — avec son sujet au lieu de lui être classiquement subordonné.

4. DévElOppER lA RéFlExION

épISTémOlOgIqUE

Le recul intellectuel par rapport à la pratique disciplinaire revêt en DSAA une importance cruciale. La capacité à imaginer et à développer des straté-gies inédites de positionnement pro-fessionnel constitue de fait un atout essentiel dans le contexte contempo-rain : des graphistes comme Tibor Kal-man, Stefan Sagmeister ou Marian Bantjes, des studios tels qu’Experimen-tal Jetset doivent une grande partie de leur carrière et de leur réputation à l’intelligence avec laquelle ils ont défini un mode parti culier d’exercice du métier qui leur a permis de devenir des points de référence incontour-nables.