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N°170 JUIN-JUILLET 2014 Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP http://spore.cta.int COOPÉRATION SUD-SUD Quand les pays émergents jouent la carte agricole L’ACCAPAREMENT DES EAUX Le coût caché de l’acquisition des terres LE TARO Doper les exportations INTERVIEW DENNIS GARRITY, Président de l’Evergreen Agriculture Partnership

Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP · acheter des terres dans les pays en développement pour les mettre en culture. Pourtant, bien que des terres sans eau

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Page 1: Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP · acheter des terres dans les pays en développement pour les mettre en culture. Pourtant, bien que des terres sans eau

N°170 JuiN-Juillet 2014

Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP

http://spore.cta.int

COOPÉRAtiON SuD-SuD

Quand les pays émergents jouent la

carte agricole

L’ACCAPAREMENT DES EAUX

Le coût caché de l’acquisition des terres

LE TARO

Doper les exportations

iNTERviEw

DENNiS GARRiTy,

Président de l’Evergreen

Agriculture Partnership

Page 2: Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP · acheter des terres dans les pays en développement pour les mettre en culture. Pourtant, bien que des terres sans eau

Se nourrir•Pouvoir prospérer• Déjà s’adapter•être compétitif• être en mesure de changer

Découvrez comment en cliquant sur www.cta.int/savoir-cest

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Si vous étiez agriculteur en Europe ou aux États-Unis, vous pourriez ouvrir une ligne de crédit auprès de votre banque pour acheter des intrants, voire même des équipements. Si vous étiez un agriculteur brésilien et que vous vouliez acheter des intrants à crédit, vous pourriez signer une reconnaissance de dette avec votre fournisseur, qui irait ensuite l’échanger à la banque. Certaines banques indiennes ont lancé de nouveaux produits, comme le crédit stockage, qui leur permettent d’émettre (comme l’indiquait l’une d’entre elles dans une publicité) des « prêts basés sur le cours des produits agricoles, en un instant, à des taux incroyables ». Mais, dans la plupart des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, les agriculteurs sont confrontés à des conditions financières difficiles. La plupart des petits exploitants ne peut contracter un emprunt auprès d’une banque commerciale et l’agriculture représente souvent moins de 10 % du portefeuille des prêts bancaires. Dans des pays comme le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda, moins de 10 % des agriculteurs ont accès au crédit formel. Au Ghana et au Nigeria, moins de 4 % des prêts des banques commerciales sont destinés à l’agriculture.

Mais il pourrait en être autrement. Les arguments avancés pour refuser un crédit sont souvent de simples excuses. Si les bonnes pratiques en matière de TIC, de prêts, de gestion des risques et de politiques réglementaires étaient appliquées, les agriculteurs de la région ACP pourraient gager leurs actifs de production pour faciliter leur accès au crédit. Le secteur privé, les décisionnaires politiques et les partenaires au développement devraient unir leurs forces pour renforcer ces bonnes pratiques. Pour faire démarrer ce processus, le CTA et ses nombreux partenaires réuniront des délégués des quatre coins du monde à Nairobi, du 13 au 18 juillet 2014, autour du thème : “Révolutionner le financement des chaînes de valeur agricoles”. Vous aussi, pouvez participer à cette révolution.

Michael HailuDirecteur du CTA

Révolution dans l’agrofinance

SPORE N° 170 - JUiN-JUiLLET 2014 ©

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L’ACCAPAREMENT DES EAUX

Le coût caché de l’acquisition des terres

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DENNiS GARRiTy

Agriculture pérenne : repenser l’agriculture moderne

12COOPÉRATiON SUD-SUD

Quand les pays émergents jouent la carte agricole

13Se nourrir•Pouvoir prospérer• Déjà s’adapter•être compétitif• être en mesure de changer

Découvrez comment en cliquant sur www.cta.int/savoir-cest

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4 | À la une6 | Agriculture8 | TIC9 | Environnement10 | Recherche11 | Entreprise et commerce12 | Interview

13 | DOSSIER Coopération Sud-Sud : quand les pays émergents jouent la carte agricole Partager des modèles de développement.

17 | Point de vue L’Afrique perçue comme un géant agricole potentiel Les pays émergents ont besoin du potentiel agricole africain.

18 | Reportage Congo : un savoir-faire venu de Chine Les centres de démonstration, nouvel instrument de la politique chinoise.

20 | Chaînes de valeur Le Taro : doper les exportations 21 | Publications25 | Agir avec le CTA

ÉditorialSOMMAIRE

est le magazine bimestriel du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). Le CTA est régi par l’Accord de Cotonou entre le groupe des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique

(ACP) et l’Union européenne, et financé par l’UE. • CTA • Postbus 380 • 6700 AJ Wageningen, Pays-Bas • Tél. : +31 317 467 100 • Fax : +31 317 460 067 • E-mail : [email protected] • Site Web : www.cta.int • DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Michael Hailu • COMITÉ DE RÉDACTION : Krishan Bheenick, Isolina Boto, Thierry Doudet, Vincent Fautrel, Stéphane Gambier, Anne Legroscollard • MARKETING : Thérèse Burke • RÉDACTION : Directeur de la rédaction : Joshua Massarenti • Vita Società Editoriale S.p.A., Via Marco d’Agrate 43, 20139 Milan, Italie • Rédactrice en chef de la version anglaise : Susanna Thorp (WRENmedia Ltd) • Fressingfield, Eye, Suffolk, IP21 5SA, Royaume-Uni • Rédacteur en chef de la version française : Bénédicte Chatel (CommodAfrica), 12, avenue de Wagram, 75008 Paris, France • Rédacteur en chef de la version portugaise : Ana Gloria Lucas, Rua Aura Abranches 10, 1500-067 Lisbonne, Portugal • CORRESPONDANTS : ont participé à ce numéro M. Andriatiana (Madagascar), B. H. Carreon (Palau), M. Issa (Bénin), E. D. Karinganire (Rwanda), J. Karuga (Kenya), M. A. Konte (Sénégal), A. Lawson (Gabon), I. Maiga (Burkina Faso), C. Muasya (Kenya), A. C. Santos (Cabo Verde), P. Sawa (Kenya) and M. Waruru (Kenya) • AUTRES CONTRIBUTEURS : N. Brynaert, S. Federici, A. Guillaume-Gentil, ISO Translation & Publishing, D. Juchault, D. Manley, F. Mantione, C. Pusceddu, Tradcatts, G. Zati • DESIGN  : Intactile DESIGN, France • MISE EN PAGE : Lai-Momo, Italie • IMPRESSION : Latimer Trend & Company, UK • © CTA 2014 – ISSN 1011-0054

DOSSIER

À lA unE InTERvIEw

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A u cours de la dernière décennie, l’augmentation du prix des aliments et du carburant, conjuguée à la pression croissante exercée sur les ressources en eau, a eu pour effet que des nations dépendant

traditionnellement des importations pour satisfaire leurs besoins en nourriture se sont mises à acquérir des terres à grande échelle. Selon les estimations mondiales de la Coalition internationale pour l’accès à la terre, 57 millions d’hectares de terres africaines ont été loués à des investisseurs étrangers depuis 2007. Cette tendance, appelée “accaparement des terres”, a suscité un débat animé dans les médias et le milieu universitaire, ainsi que d’importantes recherches sur ses répercussions sur les droits de l’homme. En revanche, la manière dont l’acquisition des terres influe sur l’accès à l’eau de ceux qui vivent à proximité ou en aval n’a guère été étudiée.

Le problème de “l’accaparement des eaux” n’est pas simple. L’eau s’écoule d’un endroit à un autre et sa disponibilité change selon les saisons, l’utilisation humaine ou le changement climatique. En outre, les droits sur l’eau, son accès et ses utilisations sont complexes et variés. Qui détient des droits sur l’eau d’une rivière : les gens qui vivent à proximité ; les agriculteurs qui l’utilisent pour l’irrigation ; ceux qui vivent en amont ou en aval ; ou encore toutes ces différentes personnes ?

une précieuse prime Il est bien établi que les besoins en eau sont l’un des

principaux moteurs de la ruée mondiale vers l’acquisition des terres. Un coup d’œil même rapide à l’indice du stress hydrique (publié annuellement par le cabinet d’analyse des risques Maplecroft) indique clairement pourquoi des pays tels que la Chine, la Corée du Sud et l’Inde, ainsi que les États du Golfe riches en pétrole, s’emploient activement à acheter des terres dans les pays en développement pour les mettre en culture. Pourtant, bien que des terres sans eau soient généralement sans intérêt, la plupart des contrats d’acquisition de terres ne précisent pas explicitement les règles d’utilisation de l’eau. “Avec l’acquisition vient le droit de prélever l’eau liée aux terres”, écrit l’ancien président-directeur général de Nestlé, Peter Brabeck-Letmathe dans le magazine Foreign Policy. “Dans la plupart des pays [l’eau] est essentiellement une prime qui pourrait devenir de plus

en plus la partie la plus intéressante de ces transactions.”Lorsque des investisseurs étrangers font une

demande explicite de droits sur l’eau, une étude de l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED) montre que les gouvernements satisfont généralement à cette demande sans consulter les propriétaires terriens. Dans d’autres cas, lorsque les investisseurs paient pour utiliser l’eau, ils sont souvent facturés sur la base de la superficie de terres irriguées plutôt que sur celle des quantités d’eau réellement utilisées.

Il arrive souvent, dans le domaine des revendications des droits sur l’eau, que les frontières entre légalité et illégalité soient obscures et les questions de compétences floues. Au Ghana, selon les recherches de l’Institut international de gestion des ressources en eau (IWMI), la séparation des droits sur les terres et les eaux a abouti à l’abolition des

L’ACCAPAREMENT DES EAUX

Le coût caché de l’acquisition des terresL’augmentation récente des investissements étrangers dans l’acquisition de terres en Afrique exige-t-elle une meilleure compréhension et une plus grande intervention des pouvoirs publics pour ce qui est de son impact sur l’accès à l’eau et les droits des communautés locales ?

Une partie du Lac Turkana sera

asséché en raison de l’accaparement

de l’eau pour l’irrigation à

grande échelle.

À lA unE

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droits coutumiers préexistants sur l’eau. La propriété, la gestion et le contrôle des ressources en eau ont ainsi été placés sous l’autorité de l’État. Résultat, les acquisitions de terres à grande échelle se sont traduites par le déplacement d’agriculteurs pauvres, avec très peu de compensations, et par leur perte d’accès à la terre et à l’eau. L’IWMI a également observé de telles pratiques au Mali.

un enjeu d’importanceLes transactions sur les terres et l’utilisation de l’eau influent

sur les communautés locales et aussi sur les utilisateurs en aval. En Éthiopie, le barrage Gibe III, qui doit être terminé à la fin de 2014, permettra l’irrigation de 150 000 ha que le gouvernement a alloués à des investisseurs. En aval se trouve le lac Turkana du Kenya, dont dépend un demi-million de personnes. Selon un rapport du Centre d’études africaines à l’Université d’Oxford, daté de 2012, la réduction du débit qu’entraînera le barrage envisagé pourrait abaisser le niveau du lac de huit mètres en une dizaine d’années. “À

terme, le lac de 6 400 km2 pourrait diminuer jusqu’à ne plus former que deux petits lacs”, dit Sean Avery, un hydrologue basé à Nairobi qui a étudié l’impact du projet de barrage pour la Banque africaine de développement. Dans un article rédigé pour le journal britannique The Guardian, il poursuit : “Le tableau qui se dégage de ces prévisions ressemble à s’y méprendre à ce qui s’est passé pour la Mer d’Aral, qui était à une époque le quatrième plus important plan d’eau intérieur au monde. Pourtant, aucune étude de faisabilité ni évaluation des répercussions sociales et environnementales n’a été publiée.” (la Mer d’Aral, en Asie centrale, aurait diminué de 90 % au cours des 50 dernières années à cause du détournement des eaux fluviales destinées à irriguer et accroître la production soviétique de coton). La réduction des niveaux d’eau ne nuira pas seulement aux populations qui dépendent des eaux du lac Turkana mais aussi à la faune

sauvage vivant encore dans cette région, qui connaît déjà un grave déclin.

En réponse, Berhanu Kebede, ambassadeur d’Éthiopie à Londres, a également fait une déclaration dans The Guardian et réfuté avec force l’étude de l’Université d’Oxford en soutenant que le lac Turkana ne perdrait pas un énorme volume d’eau et que le barrage permettrait la gestion rationnelle de l’eau dans le bassin du fleuve Omo.

Dans le delta de la Tana, une région estuarienne du Kenya, vivent des petits agriculteurs, des pêcheurs et des pasteurs qui partagent traditionnellement les fragiles ressources en terre et en eau en respectant des accords délicatement équilibrés. Ces dernières années, toutefois, la plaine d’inondation a été désignée “zone inutilisée” par les pouvoirs publics kenyans et intégrée au plan national de développement du Kenya prévoyant l’expansion d’une agriculture irriguée à grande échelle. Les troubles récents dans la région du Delta, dus au fait que les populations locales s’opposent à la vente de leurs terres et au déplacement des communautés, ont mis en évidence les risques qui existent lorsque les gouvernements ignorent les réalités et arrangements sociaux complexes qui ont évolué au fil de nombreuses générations pour maintenir une grande diversité de moyens d’existence tributaires de l’eau.

Que faut-il faire ?D’un point de vue juridique, bien qu’il existe à

l’heure actuelle un éventail complexe de lois nationales et internationales régissant l’attribution de l’eau, les investisseurs ciblent fréquemment les pays africains où la législation nationale en matière de droits sur l’eau est soit inexistante, vaguement définie ou peu appliquée. Pourtant, sans des règlements appropriés et leur application efficace, le pouvoir de négociation des communautés locales est presque toujours inférieur à celui de l’investisseur étranger, généralement soutenu par les pouvoirs publics.

Selon Tim Williams, directeur de l’IWMI pour l’Afrique, de nouveaux dispositifs institutionnels sont indispensables pour garantir que les futures acquisitions de terres envisagent comme il convient les besoins en eau des cultures et les répercussions probables sur les moyens d’existence des petits exploitants agricoles utilisant l’eau et sur les écosystèmes. “Pour que ces dispositifs soient efficaces et applicables, ils doivent se fonder sur les réalités sociales, politiques et économiques, ce qui exige une participation intégrée et coordonnée des divers organismes responsables de la gestion de la terre et de l’eau, des évaluations rigoureuses de l’impact de l’utilisation de l’eau et une reconnaissance des droits des utilisateurs existants sur la terre et l’eau”, a-t-il ajouté.

En outre, la gestion locale de l’eau devrait être encouragée. Les gouvernements africains et les bailleurs de fonds devraient investir dans des systèmes durables de gestion de l’eau comme la récupération des eaux, leur stockage, l’utilisation des eaux usées et la petite irrigation. Ces systèmes peuvent bénéficier aux petits exploitants agricoles tout en permettant une gestion durable des ressources. Selon l’économiste en chef de Citigroup, Willem Buiter, “l’eau deviendra peut-être la plus importante catégorie d’actifs physiques de produits de base et éclipsera le pétrole, le cuivre, les produits agricoles et les métaux précieux”. Étant donné le rythme accéléré de l’acquisition des terres – et de l’eau – il va devenir de plus en plus urgent et prioritaire de garantir l’accès à l’eau des communautés rurales.

Susanna Thorp

à la une

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U ne étude récente de la FAO rapporte que grâce aux formations à des méthodes alternatives de lutte

antiparasitaire dispensées par les écoles pratiques d’agriculture au Mali, un groupe de producteurs de coton a pratiquement abandonné l’usage de pesticides toxiques. Cette étude a été menée dans deux régions méridionales du Mali : à Bla, où la FAO a lancé un programme d’écoles pratiques

d’agriculture en 2003, et à Bougouni où ce programme n’était pas encore actif. Si seulement 34 % des producteurs de coton de Bla ont participé au projet, l’utilisation de pesticides a néanmoins chuté de 92 % dans l’ensemble des exploitations de la région, représentant plus de 4 300 ménages.

Selon la FAO, les méthodes alternatives de lutte contre les parasites sont trois fois plus rentables que l’achat et l’utilisation de pesticides de synthèse. Grâce au recours à des biopesticides alternatifs, comme l’extrait de neem, à la place de plus de 47 000 litres de pesticides toxiques, le groupe d’agriculteurs étudié dans la région de Bla a pu réduire la moyenne individuelle des coûts de production, et ainsi épargner près d’un demi million de dollars durant la période étudiée. En outre, la diminution des pesticides n’a pas d’impact négatif sur le rendement. Le texte intégral de cet article est disponible sur http://tinyurl.com/pkayvzj.

P lus de 130 000 tonnes de maïs sont perdues chaque année au Bénin en raison de mauvaises conditions de stockage. Ceci

représente un manque à gagner d’un peu plus de 30 millions d’euros. Toutefois, l’adoption de nouvelles techniques de stockage et de conservation permet de réduire d’au moins un tiers les pertes post-récoltes. Efficaces dans la lutte contre les insectes ravageurs du maïs,

elles limitent aussi les risques d’intoxication alimentaire.

Dans le Nord Bénin, la méthode qui consiste après l’égrenage – mais non le vannage – à mettre le maïs dans des sacs en polyéthylène qui sont ensuite entreposés dans des cases en banco avec des feuilles de “banbassou” constitue la meilleure technique pour conserver le maïs avec un taux de perte sensiblement égal à zéro. Dans le Sud du pays, les greniers construits en matériaux végétaux, notamment avec les feuilles de neem (Azadirachta indica), et des sacs traités à l’insecticide Phostoxin sont les meilleures options appliquées.

L’adoption de ces nouvelles techniques de conservation du maïs permet de réduire le taux de perte à moins de 2 % dans le Nord, soit un gain financier de 1,5 milliard de francs CFA (2,28 millions d’euros). Dans le Sud, ce taux de perte est ramené à 5 %, générant un gain d’environ 3 milliards de francs CFA (5,56 millions d’euros).

vULGARiSATiON

Abandonner les pesticidesLes écoles pratiques d’agriculture réduisent les pesticides toxiques utilisées par les cotonculteurs au Mali.

MAÏS

Techniques améliorées de conservationDe nouvelles techniques de stockage et de conservation réduisent les pertes post-récoltes.

AGRiCULTURE URBAiNE

la culture du cresson à MadagascarEnviron 342 agriculteurs urbains d’Antananarivo cultivant du cresson sur de petites parcelles produisent 80 % de la production nationale. Cette culture a gagné en popularité en raison de son faible coût sur le marché pour les consommateurs et de sa capacité à pousser dans les eaux urbaines contaminées.

NUTRiTiON

Des potagers pour la jeunesse africaineLa fondation italienne Slow Food entend aider les jeunes Africains à planter 10 000 jardins potagers et promouvoir l’échange de semences. Jusqu’ici, l’organisation a soutenu la création de 1 000 jardins dans plus de 350 communautés dans 38 pays à travers le monde.

DÉvELOPPEMENT DURABLE

la progression des revenus aux ComoresL’adoption de variétés améliorées de pommes de terre et de bananes a permis aux agriculteurs de doubler leurs revenus annuels à 200 € par agriculteur. Des formations à l’agriculture sans labour, à l’irrigation au goutte à goutte, à l’application d’engrais, aux techniques anti-érosion et au compost ont également contribué à réduire l’érosion des sols.

MÉCANiSATiON

Coup d’accélérateur au nigerDans le cadre de son initiative 3N (“Les Nigériens nourrissent les Nigériens”), le gouvernement proposera d’ici mars prochain 1 500 tracteurs de la société chinoise DTE à moitié prix. Ce programme prévoit également la formation de 1 500 opérateurs et de 300 agents de maintenance.

AgRICulTuRE

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La formation sur la gestion intégrée des ravageurs réduit l’utilisation de pesticides toxiques au Mali.

© FAO/S. Wojtkowiak

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M is en place en 2005 par la Fédération de l’union des producteurs du Bénin (Fupro-Bénin), le Conseil à

l’exploitation familiale (CEF) et le Conseil de gestion (CdG) permettent de renforcer les capacités des producteurs.

Ces méthodes ont été fortement plébiscitées et mises en pratique par les producteurs. Ainsi, aujourd’hui, 87 % des producteurs de vivriers adhérents au CEF de la Fupro utilisent le journal de caisse (JC), la fiche de stock (FS) et le tableau de flux mensuel de trésorerie (TFMT).

Ces outils les aident à maîtriser les dépenses liées à la production et à rationnaliser la main-d’œuvre. Plus de 1 000 femmes productrices se servent régulièrement des outils de gestion pour assurer la rentabilité de leurs activités génératrices de revenus et aussi mieux gérer leur comptabilité en réduisant les dépenses futiles. Presque 3 000 producteurs utilisent couramment la FS pour suivre les intrants et déterminer la quantité de produits nécessaires pour l’alimentation familiale, leur assurant ainsi des investissements productifs durables.

Grâce à la vulgarisation des activités de communication, d’information et de formation technique, la Fupro-Bénin a permis d’améliorer la performances des exploitants en leurs donnant accès à des outils simples de gestion de l’exploitation (trésorerie, évaluation des coûts de production et des marges) et de la conduite des productions (gestion de stocks, allocation des facteurs de production et planification).

T siperifery est le nom donné au poivre sauvage endémique de Madagascar. Produit rare, à haute valeur ajoutée, il

a gagné ses lettres de noblesse dans la haute gastronomie internationale, ce qui a conduit à une forte demande et à une surexploitation. Les principaux bassins de collectes se situent au sein des corridors forestiers d’Anjozorobe, de Moramanga et d’Ambositra. La conjugaison de plusieurs facteurs menacent la survie du Tsiperifery : la colonisation des bas-fonds forestiers, la désorganisation de la filière, des

pratiques de récolte extrêmement destructives et incontrôlées. Des pratiques qui entraînent une déforestation, la cueillette sauvage consistant à couper l’arbre sur lequel les lianes des poivriers montent.

Toutefois, des chercheurs du Centre de recherche agronomique français (CIRAD) et de l’Université d’Antananarivo travaillent en étroite collaboration avec les communautés villageoises pour mettre en place des méthodes d’exploitation plus durables. L’objectif est double : préserver la ressource en forêt tout en assurant des revenus plus élevés à la population locale. L’exploitation durable consiste essentiellement à domestiquer le poivrier sauvage en cultivant puis en sélectionnant les espèces intéressantes. En outre, les populations sont incitées à diversifier leurs activités génératrices de revenus par la culture maraîchère, la pisciculture ou l’apiculture afin de limiter la pression sur ces poivriers sauvages.

GESTiON

Des méthodes qui portent leurs fruitsLes performances des agriculteurs s’améliorent en accédant à de simples outils de management.

EXPLOiTATiON DURABLE

À la rescousse du poivre sauvageDomestiquer le poivre sauvage pour le conserver.

APPRENTiSSAGE

Paysans formateurs en apicultureDepuis 2010, les associations d’apiculteurs de Haute Matsiatra à Madagascar foisonnent. Dans le cadre du programme PROSPERER, la technique d’élevage passe de paysans en paysans: des villageois, devenus de véritables coaches, accompagnent leurs apprentis et les encadrent.

AGRiCULTURE DE CONSERvATiON

Succès sans labourÀ Kailo, Kasongo et Kabambare, dans la province du Maniema en RD Congo, les paysans expérimentent depuis 2009 l’agriculture sans labour ou l’agriculture de conservation avec succès. La production d’arachide a progressé de 63 %, 132 % pour le maïs, 80 % pour le niébé et 62 % pour le riz.

CONFLiTS

Parcs agro-industriels ou villages agricolesLe lancement en RD Congo de parcs agro-industriels (fermes commerciales, appui aux petits fermiers dans la périphérie, développement des coopératives agricoles) fait craindre aux paysans de devenir de simples ouvriers. ils proposent plutôt la création de villages agricoles.

MANiOC

De nouvelles technologies doublent les rendementsL’utilisation de variétés à une teneur élevée en amidon et résistantes aux maladies combinée à de bonnes pratiques, a permis aux agriculteurs du sud-ouest du Nigeria d’augmenter leurs rendements de 12 tonnes/ha à 22 tonnes/ha. Plus de 8 000 agriculteurs vendent du manioc à l’entreprise Allied Atlantic Distilleries Ltd., le plus grand producteur africain d’éthanol à partir de manioc.

AgRICulTuRE

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Tsiperifery est un poivre sauvage endémique de Madagascar.

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TIC

L e groupe de réflexion américain World Resources Institute (WRI) et une quarantaine de partenaires, dont le géant

de l’informatique Google et l’Université du Maryland, ont lancé fin février Global Forest Watch (GFW), un système dynamique de surveillance forestière et d’alerte en ligne qui permet à ses utilisateurs partout dans le monde de mieux gérer les forêts. On peut ainsi suivre la situation des forêts et la déforestation, les abattages illégaux ou les feux de forêts. Pour la première fois, Global Forest Watch regroupe la technologie satellitaire dernier cri grâce à des

données ouvertes et un «approvisionnement par la foule» (crowdsourcing) pour garantir l’accès à des informations ponctuelles et fiables sur les forêts.

“Les entreprises, les gouvernements et les communautés ont désespérément besoin d’informations sur les forêts. Ils sont désormais servis”, a déclaré Dr. Andrew Steer, président et directeur général de WRI. “Global Forest Watch est une plateforme de surveillance quasi en temps réel qui va radicalement changer la gestion des forêts par les individus et les entreprises.” Selon la FAO, entre 2000 et 2010, le monde a perdu environ 130 millions d’hectares de forêts (3,2 % de la superficie totale des forêts en 2000), mais a récupéré environ 78 millions d’hectares de terres forestières, principalement grâce aux plantations forestières et à l’expansion naturelle des forêts. Les données sont accessibles sur le site :http://www.globalforestwatch.org

L es agriculteurs et éleveurs ougandais ont désormais accès à des prévisions météo exactes et à jour en langues

locales et en anglais. Dans le cadre du projet national Adaptation au changement climatique et TIC en Ouganda (Ugandan Climate Change Adaptation and ICT), 75 agents collectent actuellement dans chaque sous-comté des données climatiques et économiques, les encodent dans leur téléphone mobile et les transmettent à un serveur hébergé au service météorologique à Kampala. Les données permettent

d’établir des prévisions à 10 jours et des prévisions saisonnières trimestrielles aux agriculteurs et éleveurs. Les prix de la production agricole et animale sur différents marchés sont également rassemblés chaque semaine.

“En janvier, les prévisions annonçaient de la pluie pour le 15 et le 25”, raconte Paddy Seddinda qui vit dans le sous-comté de Wabinyoyi. “Il a effectivement plu ces deux jours. Ça me permet de m’organiser. Par exemple, pendant la saison sèche lorsqu’on fait sécher les patates douces, les jours où de la pluie est prévue, je m’assure qu’il y ait du monde autour pour rapidement déplacer les patates afin de ne pas les perdre.” Le projet permet aussi aux agriculteurs de poser des questions à des experts, créant ainsi une circulation de l’information à double sens. Ce système améliore la compréhension des effets du changement climatique et fournit aux décideurs des éléments pour développer des politiques adaptées.

TECHNOLOGiE SATELLiTAiRE

Un œil sur la forêtUn nouveau système de surveillance forestière et d’alerte en ligne pour mieux gérer les forêts.

CHANGEMENT CLiMATiQUE

Des prévisions locales grâce aux TICLes fermiers ougandais profitent des informations en temps réel sur le climat.

RÉSEAU SANS FiL

Accès à Internet via l’énergie solaireL’initiative Mawingu (“nuage” en kiswahili) permet d’offrir une connexion haut débit sans fil et bon marché dans les zones rurales du Kenya qui n’étaient pas desservies par les stations de base alimentées par l’énergie solaire. Microsoft prévoit de déployer cette initiative à d’autres pays d’Afrique subsaharienne d’ici la fin de l’année.

RiZ

vidéo pédagogiqueUne nouvelle vidéo éducative intitulée SMART valleys expose en détail une approche participative et durable au développement des vallées intérieures pour les systèmes rizicoles en Afrique sub-saharienne. L’approche se base fortement sur les connaissances des agriculteurs et se concentre sur la construction d’une structure de contrôle de l’eau à faible coût.

BASE DE DONNÉES

vision globale du couvert végétalLa FAO a centralisé dans une base de données, Global Land Cover SHARE, les informations sur le couvert végétal du monde entier, uniformisant les mesures utilisées et les modes d’enregistrement. On peut ainsi suivre l’utilisation des terres selon les sols et l’impact du changement climatique.

SySTÈME GES-TAP

Faciliter l’accès aux intrantsLe système GES-TAP, qui utilise la technologie NFC (Touch and Pay), enregistre, dans les zones rurales dépourvues de réseau, les données des agriculteurs avec leurs photos et délivre une carte. Celle-ci facilitera l’accès aux intrants subventionnés de 500 000 agriculteurs nigérians.

Un agent enregistre des données météo et de marché sur un téléphone mobile.

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L es quatre parcs éoliens installés sur quatre des îles de Cabo Verde permettent de réduire de 20 000 tonnes l’importation

annuelle de combustibles lourds, ce qui équivaut à une économie de plus de 12 millions d’euros pour ce pays.

Ces quatre parcs produisent, au total, plus de 25,5 MW d’électricité, couvrant environ 25 % des besoins du pays. En outre, ils réduisent de 67 440 tonnes les émissions de CO2 pour chaque année complète d’opération, ce qui contribue considérablement à la protection de l’environnement dans ce pays à l’écosystème fragile. Le premier parc inauguré, en 2011, est celui de l’île de Santiago, qui fournit 20 % de

l’électricité consommée localement, tandis que celui de Boavista répond à 25 % des besoins locaux, celui de São Vicente 35 % et celui de Sal 31 %.

Avant la mise en œuvre de ce programme, l’énergie du réseau électrique cap-verdien était principalement générée par l’utilisation de combustibles fossiles, qui libèrent des quantités significatives de gaz à effet de serre.

Financièrement, la poursuite du programme sur les énergies renouvelables dans l’archipel sur les sept prochaines années va permettre d’économiser environ 40 millions d’euros par an sur l’importation de combustibles (approximativement 75 millions de litres de fuel et gazole), de créer directement ou indirectement plus de 800 emplois et de réduire les émissions de CO2 de 225 000 tonnes. Développé par Cabeólica, un partenariat public-privé cap-verdien, ce programme a reçu en 2013 le prix Ashden pour les petits États insulaires en développement, soutenu par la Banque mondiale.

D ans le comté de Makueni au Kenya, des barrages de sable permettent de transformer les vallées sèches le long

de la rivière Ikangaani en parcelles horticoles productives. “Les barrages de sable, appelés localement NgomeouMing’eto, ont diminué de 70 % la dépendance à l’aide alimentaire car les agriculteurs sont désormais capables de produire suffisamment de nourriture pour leur usage et la revente”, explique DamarisMuia, présidente du groupe d’entraide Ikangaani. En produisant des légumes et des plantes résistantes

à la sécheresse, comme du chou frisé, des tomates, des oignons, des haricots mungo, du niébé et du sorgho, les agriculteurs améliorent leur sécurité alimentaire et augmentent leurs revenus.

Les petits barrages sont construits dans le lit des ruisseaux saisonniers, au niveau, ou juste en dessous, de la berge, permettant ainsi aux hautes eaux de passer par dessus. Avec le sable s’accumulant derrière le barrage se créent alors des bassins artificiels. “Cet endroit était trop sec pour y faire pousser une plante”, raconte Esther Katiwa qui gagne désormais entre 80 000 et 120 000 Ksh (650-1 000 €) par an grâce à la culture tissulaire de la banane. Avec l’aide des ONG locales Sasol Foundation et Utooni Development Organisation, plus de 2 500 barrages ont été construits à Machakos, Makueni, Kajiado et Kitu, et profitent à environ 100 000 personnes.

PARCS ÉOLiENS

Réduire les émissions de CO2

Cabo Verde va de l’avant dans les énergies renouvelables.

CAPTAGE DES EAUX

Des barrages de sable pour lutter contre la sécheresseLes aquifères artificiels du Kenya stimulent la production horticole.

DÉFORESTATiON

Plantation d’arbres au KenyaDepuis 2005, plus de 50 000 petits agriculteurs kenyans ont planté plus de 7 millions d’arbres dans cinq districts. Par exemple, les arbres fruitiers (avocatiers, manguiers et orangers) fournissent aux agriculteurs un revenu de remplacement et contribuent à lutter contre la pauvreté et le changement climatique.

RiSQUES CLiMATiQUES

une assurance récolte pour tousÀ la fin 2015, environ un million de paysans de l’Afrique de l’Est seront assurés et protégés contre les pertes dues aux conditions météorologiques incertaines. Plus de 180 000 agriculteurs du Kenya, du Rwanda et de la Tanzanie bénéficient déjà de l’assurance-récoltes indexée en fonction des conditions météorologiques.

REFORESTATiON

Accroître le couvert forestierLe gouvernement du Kenya et la Croix-Rouge kenyane entendent soutenir la plantation de 10 milliards d’arbres à travers le pays d’ici 2030, en vue d’accroître le couvert forestier. Plus de 2 300 jeunes bénévoles ont déjà été formés à la création et à la gestion de pépinières.

AGRiCULTURE vERTE

Innovation dans le secteur privéwanda Organic, une société kenyane d’engrais biologiques, envisage de créer des usines de fabrication d’engrais en Afrique de l’Est afin de réduire les coûts d’importation. Les agriculteurs sont formés et assistent à des démonstrations sur les bénéfices des engrais biologiques afin de développer la demande.

Au Kenya, les barrages de sable mis en place

tout au long de la rivière Ikangaani permettent aux

agriculteurs de produire de la nourriture pour leur

consommation et la vente.

EnvIROnnEMEnT

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C onserver le niébé sans utiliser de produits chimiques, tel a été le défi relevé par les chercheurs de l’Institut

national de recherche agricole au Burkina Faso (INERA) en partenariat avec l’université américaine de Purdue. L’Institut a mis au point un sac triple fond, appelé sac “PICS” (Purdue Improved Cowpea Storage), qui

permet d’améliorer considérablement les conditions de conservation du niébé.

La technique du triple ensachage consiste à emballer les graines de niébé dans deux sachets plastiques en polyéthylène, eux-mêmes insérés dans un sac tissé protecteur en polypropylène sans ajout quelconque de produits chimiques. Le coût d’un sac est de 1 100 francs CFA (1,68 €), soit 300 à 400 francs CFA (0,45-0,60 €) de plus que les méthodes traditionnelles. Toutefois, le niébé est ainsi mieux conservé et le sac peut être réutilisé plusieurs fois.

Opérationnelle en 2008, cette technique de conservation a bénéficié d’une large diffusion via des chercheurs, des associations et des ONG œuvrant dans la filière niébé. En outre, depuis 2010, le gouvernement burkinabé en a commandé lui-même de grandes quantités afin de les rendre largement disponibles aux producteurs.

U n groupe de scientifiques nigérians de l’Institut international pour l’agriculture tropicale (IIAT) vient de remporter un

succès inédit : ils ont réussi à produire hors sol des racines d’igname grâce à l’aéroponie. Il s’agit d’une méthode de culture où les racines de la plante sont suspendues dans l’air à l’aide de supports de plantes et nourries par des vaporisations permanentes de solutions nutritives à base de sels minéraux.

Largement connue des producteurs de semences de pommes de terre, son utilisation pour l’igname constitue une nouveauté. Un système aéroponique bien exploité offrirait aux producteurs d’igname l’accès à des semences propres, selon les chercheurs de l’IITA. Le Dr Robert Asiedu, directeur de l’IIAT pour l’Afrique de l’Ouest, a qualifié les résultats “d’impressionnants”. Il estime que “l’igname est une culture importante en Afrique. Traiter les contraintes liées aux semences contribuera grandement à l’amélioration des moyens d’existence des agriculteurs qui dépendent de cette culture pour assurer leur subsistance”. Cette technique devrait insuffler une nouvelle dynamique à la culture de l’igname.

Grâce à la technique mise au point par l’INERA avec le sac triple fond PICS, le

niébé est mieux préservé.

STOCKAGE

Mieux conserver grâce au sac “Pics”La technique du triple ensachage permet d’améliorer la conservation du niébé sans ajouter des produits chimiques.

iGNAME

De belles promessesUn système aéroponique bien exploité offrirait aux producteurs d’igname l’accès à des semences propres.

LE vOANDZOU

un aliment complet ignoréDes chercheurs de l’iNERA au Burkina Faso travaillent sur le voandzou (Voandzoia subterianea), une légumineuse cultivée principalement par des femmes. Riche en calcium, magnésium et potassium, le voandzou constitue un complément nutritionnel majeur pour les populations pauvres.

ZONE TROPiCALES SEMi-ARiDES

libre accèsAfin d’améliorer l’accès aux données de recherche, un nouveau site internet a été lancé et regroupe des informations selon différents critères. Les autres caractéristiques comprennent la mise à jour des abonnements en fonction de thématiques et les options de partage sur les médias sociaux (http://exploreit.icrisat.org).

CULTURE DE TiSSUS

Boutures de manioc sainesLes premiers plants de manioc certifiés et sains vont bientôt être disponibles en Afrique subsaharienne, ouvrant ainsi la voie à une commercialisation plus large. Des millions de jeunes plants vont être distribués à 30 millions d’agriculteurs. ils permettront de combattre les pertes liées aux maladies, qui s’élèvent à 1 milliard US $ par an.

REvENUS DURABLES

Augmenter les bénéfices des fruits sauvagesL’institut kenyan de recherche forestière enseigne aux agriculteurs des méthodes durables pour récolter et cultiver les fruits indigènes. Les communautés découvrent aussi comment augmenter la valeur des fruits du vitex payos, du baobab et autres en fabriquant de la farine, de la confiture et du jus.

RECHERCHE

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D epuis 2010, les transformateurs de fruits et légumes ainsi que les producteurs de miel malgaches valorisent leurs

produits grâce à l’utilisation de bocaux. Mieux présentés, les produits sont mieux vendus. “Maintenant, nous écoulons plus de six tonnes nettes de miel en une année contre une tonne auparavant”, affirme le président du Réseau régional des associations d’apiculteurs. Avant,

le miel était vendu dans des bouteilles en plastiques récupérées ou dans de grandes cuvettes. Le défi actuel consiste à mettre à la disposition des paysans et des micros entreprises rurales les bocaux nécessaires, et c’est l’un des volets du programme PROSPERER (Programme de soutien aux pôles de micro-entreprises rurales et aux économies régionales). Parallèlement, les producteurs bénéficient d’une formation sur la culture entrepreneuriale et l’encadrement technique sur le respect des standards et des normes sur le stockage, le conditionnement et la qualité hygiénique des produits, le respect des volumes demandés et du délai fixés par le client …

Aujourd’hui plus de 2 220 micro-entreprises s’approvisionnent en bocaux.

“B aoré” signifie “grenier” en langue Mooré. C’est un système d’épargne sur mesure qui permet aux

producteurs de s’approvisionner en engrais de qualité au meilleur prix et à la période souhaitée. Par des versements minimum de 1 000 francs CFA (1,5 €) pour les hommes et 500 francs CFA pour les femmes, les producteurs épargnent sans calendrier fixe entre décembre et mai pour

couvrir au moins 60 % du coût des engrais qu’ils désirent acquérir. Le producteur rembourse en fin de campagne les 40 % restants.

Créée à l’initiative de la Coopérative agricole du Passoré (CAP), située à Yako dans le nord du Burkina Faso, 3 000 producteurs ont rallié l’épargne Boaré cette dernière saison, dont un peu plus de la moitié sont des femmes. Grâce à cette épargne, 190 tonnes d’engrais ont pu être achetées, ce qui représente environ 69 millions de francs CFA (105 000 €). Les producteurs ont bénéficié de prix avantageux: le sac de 50 kg leur a été vendu à 18 500 francs CFA (28 €) contre un prix de 19 250 francs CFA (29 €) sur le marché local. En outre, l’engrais leur a été livré à domicile.

L’opération doit son succès à une gestion rigoureuse et transparente, affirme le président de la CAP, Noufou Sankara.

Au centre : Miel de Madagascar emballé dans un bocal en verre. À gauche : Bocaux utilisés pour emballer de la confiture et des poivrons verts.

TRANSFORMATiON

L’emballage change toutGrâce à l’utilisation de bocaux, les produits sont mieux valorisés.

iNTRANTS

Les bienfaits de l’épargne BaoréLa coopérative agricole du Passoré a mis en place un système d’épargne sur mesure pour optimiser l’accès aux intrants.

DiGiTAL HUB

Plate-forme numérique pour les jeunes agriculteursDe jeunes agriculteurs kenyans utilisent une plate-forme numérique pour mettre en vente leurs produits (cultures, bétail, alevins et semences). Mukulima young, fondée par Joseph Macharia, compte près de 14 000 membres ; 95 % des membres sont âgés de 32 ans ou moins.

ENviRONNEMENT

Partenariat public-privé Au Gabon, des partenariats avec les entreprises SEEG et Perenco permettent à l’Agence nationale des parcs nationaux de valoriser les sites de Kinguélé et Tchimbélé situés dans le parc national des Monts Cristal et de protéger les ressources marines du parc national de Mayumba.

MARCHÉS DE NiCHE

Devenir des champions du chocolatLe Centre australien pour la recherche internationale agricole (ACiAR), les chocolatiers australiens Haigh’s Chocolates et Bahen ainsi que l’américain Guittar collaborent avec des cacaoculteurs du vanuatu pour tester la qualité de leurs fèves et suggérer des techniques pour accéder à des marchés de niche.

COMPÉTiTiviTÉ

Café lavé, revenus améliorésPour augmenter les revenus du café, le Rwanda entend faire passer la proportion de café lavé à 71 % d’ici 2018. Lors de la dernière campagne, 33 % du café exporté avait été lavé, générant 45 % (17 millions €) du revenu total du café.

Ces six pages ont été réalisées avec la contribution de : M. Andriatiana (Madagascar), B. H. Carreon (Palau), M. issa (Bénin), e. D. Karinganire (Rwanda), J. Karuga (Kenya), M. A. Konte (Sénégal), A. lawson (Gabon), i. Maiga (Burkina Faso), C. Muasya (Kenya), A. C. Santos (Cabo verde), P. Sawa (Kenya) et M. Waruru (Kenya).

EnTREPRISE ET COMMERCE

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InTERvIEw

En quoi l’agriculture pérenne diffère-t-elle de l’agroforesterie ?

La “culture intercalaire avec arbres” a été rebaptisée “agriculture pérenne”. L’agroforesterie a trop souvent été considérée comme une forme de foresterie et la communauté agricole a ignoré les avantages que peuvent apporter les arbres lorsqu’ils sont introduits dans les systèmes de culture. Pourtant, si la culture intercalaire est bien gérée, les arbres sont une source d’engrais biologiques, réduisent la température, conservent les eaux de pluie dans le sol et fournissent en abondance du bois pour la préparation des repas et la construction, ainsi qu’un fourrage nutritif pour le bétail.

L’agriculture pérenne est une forme d’agriculture plus intensive qui intègre des arbres dans des systèmes de culture et d’élevage, et vise à maintenir une couverture végétale sur les terres tout au long de l’année. Il s’agit donc de sélectionner et d’intercaler les bonnes espèces d’arbres dans les cultures, et de les gérer de façon à en tirer le maximum d’avantages. Il existe trois grandes formes d’agriculture pérenne : la régénération naturelle gérée par les petits agriculteurs (ceux-ci sélectionnent les espèces qui poussent naturellement sur leurs terres cultivées), l’agriculture de conservation (culture sans labour) associée à des arbres, et l’intégration d’arbres dans l’agriculture traditionnelle.

Quels sont les principaux obstacles et facteurs de réussite de cette initiative ?

L’agriculture pérenne est une approche vraiment écologique mais encore largement méconnue. Elle est d’autant plus pertinente aujourd’hui que le changement climatique met en péril la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des petits exploitants. Le développement de ce concept se heurte essentiellement aux attitudes traditionnelles et aux contraintes techniques. Les modèles d’agriculture “moderne” encouragent généralement la monoculture, qui va à contrecourant d’une agriculture écologiquement saine pour l’avenir.

Comment développer cette approche et quel soutien sera nécessaire ?

Au Niger, environ 1,2 million d’agriculteurs pratiquent l’agriculture pérenne sur 5 millions d’hectares. Elle est aussi adoptée au Burkina Faso, en Éthiopie, au Malawi, au Mali, au Sénégal et en Zambie. Ces succès ont conduit de nombreuses organisations internationales et nationales, des ONG et des gouvernements à promouvoir et accélérer le développement de l’agriculture pérenne. De leur côté, les chercheurs s’attachent à combler les déficits de connaissances et à formuler des recommandations pratiques dans ce domaine. En raison du changement climatique, le monde réalise aussi qu’il faut revoir radicalement les pratiques agricoles

de demain. La meilleure approche pour réduire les émissions de gaz à effet de serre consiste à mieux séquestrer le carbone via les systèmes agricoles. L’expansion des arbres dans les exploitations s’impose donc.

L’agriculture pérenne peut-elle accroître la sécurité alimentaire et nutritionnelle ?

La sécurité alimentaire est un défi majeur. Pour relever ce défi, il est absolument essentiel de développer des systèmes agricoles résistant au changement climatique. C’est la raison pour laquelle l’Evergreen Agriculture Partnership est bien résolu à concentrer ses efforts sur l’agriculture intelligente face au climat (AIC). À l’issue d’un atelier organisé récemment par le Centre mondial d’agroforesterie a été créée une Alliance africaine pour une agriculture intelligente face au climat, qui vise à permettre à 25 millions de petits agriculteurs africains d’adopter d’ici à 2025 des systèmes agricoles appropriés contre le changement climatique. Je suis fermement convaincu de l’importance de lancer une dynamique à l’échelle continentale pour réaliser cet objectif ambitieux et montrer ainsi que l’agriculture verte contribue à un avenir plus durable pour toute la planète.

Anne Perrin

DENNiS GARRiTy

Agriculture pérenne : repenser l’agriculture moderne

Dennis Garrity est le président de l’Evergreen Agriculture Partnership, chercheur associé au Centre mondial d’agroforesterie et Ambassadeur des zones arides de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.

L’Evergreen Agriculture Partnership (Partenariat pour l’agriculture pérenne) a été lancé en 2009 afin de développer les compétences des petits agriculteurs pour leur permettre d’intégrer des arbres dans leurs systèmes de culture et améliorer ainsi la productivité et leurs revenus.

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DOSSIER

COOPÉRATiON SUD-SUD

Quand les pays émergents jouent la carte agricole

Les pays émergents s’imposent de plus en plus sur la scène mondiale. Une présence d’abord économique mais les ambitions géopolitiques, diplomatiques sont grandes et la coopération Sud-Sud est un moyen pour les réaliser. Pour ces nouveaux acteurs, à l’exception du Brésil, l’agriculture n’est guère un secteur prioritaire mais elle n’est pas pour autant négligée.

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17 | POINT DE VUE Jean-Joseph Boillot : l’Afrique perçue comme un géant agricole potentiel

18 | REPORTAGE AU CONGO un savoir-faire venu de Chine

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C ’est à la Conférence afro-asiatique de Bandung (Indonésie) en 1955, qui a conduit à la création du Mouvement des pays non alignés, qu’est née l’idée d’une coopération entre pays en développement.

Elle s’est formalisée avec l’adoption en 1978 du Plan d’action de Buenos Aires pour la promotion et la coopération technique entre pays en développement.

La coopération Sud-Sud n’est donc pas née d’hier. Mais le récent essor économique de certains de ces pays, au tournant des années 2000, et l’évolution du cadre même de coopération, lui ont donné une nouvelle dimension. “Les enjeux des politiques menées par la Chine, le Brésil, l’Inde mais aussi la Russie, et il ne faut pas oublier l’Afrique du Sud, sont de redistribuer les cartes, de s’affirmer sur la scène internationale diplomatiquement, économiquement et financièrement. C’est très clair. Ils ne sont pas des bailleurs de fonds altruistes; ils défendent leurs propres intérêts”, indique Jean-Jacques Gabas, économiste et chercheur au Cirad.

Outre leur volonté de tenir leur rang dans la gouvernance mondiale, ces nouveaux acteurs de la coopération partagent des valeurs communes, comme la non ingérence dans les affaires intérieures des pays concernés. Les pays du Sud entre eux se considèrent tous égaux, et, de façon générale, font peu de distinction entre ce qui relève de leur politique de coopération et ce qui est commerce ou investissement.

S’agissant du secteur agricole, les interventions du Brésil, de la Chine et de l’Inde en Afrique sont clairement marquées par la volonté de partager leur expérience notamment dans l’amélioration de la sécurité alimentaire, domaine où ces pays ont remporté des succès certains. Une volonté bien accueillie par les pays africains au moment où l’aide des pays du Nord se tarie. En effet, la courbe de financement de l’agriculture en Afrique est en cloche : de 5 milliards de $ US constants en 1975, l’aide est montée jusqu’à 8 milliards de $ US au milieu des années 80 pour chuter à 5 milliards $ US en 2006-2007, selon les chiffres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE. Si depuis 2008 on note une légère tendance à la hausse, celle-ci est marginale notamment au regard des effets d’annonces des pays membres de l’OCDE.

nouvelle orientation de l’aide chinoiseSi l’agriculture a longtemps reposé sur l’assistance

technique, un secteur de prédilection de la politique d’aide chinoise – Pékin étant d’ailleurs le premier contributeur du Programme spécial pour la sécurité alimentaire (SPFS) lancé en 1996 par la FAO – on note, depuis 2006, une inflexion de cette orientation. Ainsi, depuis le Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) cette année là, l’aide chinoise est davantage associée aux investissements et au commerce. Lors du FOCAC, il a été décidé de créer une vingtaine de centres de démonstration à travers l’Afrique, véritable fer de lance de la coopération chinoise.

Ces centres ont pour objectif de transférer des technologies, via la formation et la vulgarisation, notamment

dans les secteurs rizicole et maraîcher, avec une vision assez techniciste. Le schéma est le suivant : pendant trois ans, la Chine finance entièrement ces centres et rémunère les experts et techniciens. Puis l’administration et la gestion sont confiées à une entreprise chinoise qui ne reçoit plus aucune subvention. Le centre doit alors devenir autonome et fonctionner selon une logique purement économique, où tout doit être vendu, que ce soit les productions ou les services.

DOSSIER

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“Quelle est la viabilité de ce modèle chinois appelé partenariat public-privé ?” s’interroge Jean-Jacques Gabas. Il est encore trop tôt pour le dire. Des évaluations sont en cours et des disfonctionnements déjà pointés comme le manque d’articulation avec la recherche locale. Quant aux acquisitions foncières par des entreprises publiques et privées chinoises, contrairement aux idées souvent véhiculées, elles ne sont pas très importantes en Afrique : ces acquisitions ne concerneraient qu’environ 300 000 hectares selon Land Matrix, une interface en ligne qui permet d’accéder à des données et à des outils d’analyse sur les transactions foncières, et concentrées sur quelques pays comme le Bénin, le Mozambique, le Mali ou encore la RDC. Ce sont notamment des projets sucriers, comme celui de l’entreprise Complant au Bénin (Sucobe) et à Madagascar, ou de N’Sukula au Mali. En outre, la plupart du temps, les projets agricoles ont pour objectifs des productions vivrières destinées aux marchés locaux et régionaux.

Brésil, un savoir-faire L’arrivée à la présidence du Brésil de Lula da Silva en

2003 s’est accompagné d’une forte relance des relations avec l’Afrique qui s’est exprimée en termes politiques, mais aussi de commerce, d’investissement et de coopération.

Le bras armé du Brésil en matière de coopération agricole est l’Embrapa, organisme d’Etat composé de 47 centres

Des modèles brésiliens transposables en Afrique

Lancée en 2003, la stratégie Fome Zero (Faim Zéro) mise en œuvre au Brésil est une réussite : en dix ans, 40 millions de Brésiliens sont sortis de la faim et de la pauvreté. Fome Zero est devenue une référence internationale, un modèle que le pays exporte aujourd’hui en l’adaptant au contexte local, via le Programme d’acquisition d’aliments (PAA) et le Programme national d’alimentation scolaire (PNAE). Pour y parvenir, il a été créée en 2011 à Brasilia, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM), le Centre d’excellence contre la faim, qui partage ce savoir-faire brésilien. Le PAA vise à lutter contre l’insécurité alimentaire et à renforcer les marchés alimentaires locaux. Il consiste à constituer des stocks ou à acheter des denrées alimentaires produites par de petits agriculteurs qui sont par la suite distribuées à des familles en situation d’insécurité alimentaire ou aux écoles. Ce programme a été lancé en 2012 dans 10 pays africains. Au Sénégal, dans la région de Kédougou, le programme aurait déjà porté ses fruits : dans 200 cantines scolaires, les enfants mangent le riz produit localement par quelque 1 000 petits producteurs. Le Brésil apporte le financement, la FAO les semences et l’appui à des techniques agricoles améliorées tandis que le PAM achète 50 % de la production pour la distribuer dans les cantines. Toujours en Afrique, le Brésil expérimente aussi le programme “Mais Alimentos”. Il s’agit d’accroître la productivité et la sécurité alimentaire en améliorant l’accès à la technologie. Une facilité de crédit d’environ 100 millions de dollars a été mise en place par la Banque du Brésil afin que les agriculteurs puissent acheter des machines et autres équipements brésiliens. Des lignes de crédits ont été négociées avec le Ghana, le Kenya, le Mozambique, le Sénégal et le Zimbabwe.

DOSSIER

Ci-dessus : La Chine a fourni des experts pour l’exécution du Programme spécial de la FAO pour la sécurité alimentaire au Ghana.

À gauche : Formation de femmes originaires de l’Inde et du Kenya pour installer, réparer et maintenir des cuisines, de l’éclairage et des chauffe-eaux à énergie solaire.

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de recherche dans tout le pays et de plusieurs agences à l’étranger, dont une au Ghana depuis 2006. Brasilia met ainsi plus de 40 ans de savoir-faire dans l’agriculture tropicale à disposition notamment des pays africains, un continent qui – géologie oblige.... – présente de fortes similitudes agro-climatiques.

La volonté du Brésil est bien de partager le modèle brésilien de développement de l’agriculture qui repose sur deux piliers : l’agrobusiness et l’agriculture familiale. À ce titre, sa coopération avec le Mozambique est révélatrice. Depuis 2012, le Brésil et l’USAID soutiennent dans ce pays le Programme pour l’amélioration de la sécurité alimentaire (PSAL), afin de développer la production et la distribution de fruits et légumes. L’Institut de recherche agricole du Mozambique (IIAM) a reçu plus de 90 variétés de légumes qui sont testées dans la station agricole d’Umbeluzi pour être ensuite distribuées aux agriculteurs. Parallèlement, le Programme pour le développement de la savane tropicale (Pro-Savana) mené conjointement avec l’agence de coopération japonaise JICA, vise à développer l’agriculture dans le corridor de Nacala avec une orientation résolument agrobusiness. En dehors du Mozambique, le Brésil a développé des projets “structurés” au Sénégal dans la

filière rizicole et au Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad dans le coton. Ce sont de grands projets, qui ont souvent une incidence régionale, mais ils sont peu nombreux car le Brésil n’intervient, en général, qu’au travers des missions d’appui.

Le Brésil est aussi très actif dans la formation et la recherche en partenariat avec des instituts locaux. Ce partenariat prend des formes multiples : bourse d’études, mission d’experts, formation à l’Embrapa ou à l’Université d’intégration internationale de la lusophonie afro-brésilienne (UNILAB), recherches conjointes avec le Marché d’innovation agricole Brésil-Afrique soutenu par plusieurs bailleurs de fonds comme la Banque mondiale, le DFID, la Fondation Bill&Melinda Gates, ou encore le FIDA. Dans ce cadre, des programmes conjoints de recherches sont lancés comme, par exemple, entre PIPAL Kenya et Embrapa sur l’adaptation de variétés de sorgho pour la production d’éthanol ou encore sur les abeilles, la production de miel et la sécurité alimentaire entre Mekelle University en Ethiopie et Embrapa.

Si le nombre de projets foisonne, il est difficile de mesurer leur impact sur le terrain. Le Brésil était jusqu’à peu un receveur d’aide et l’agence de coopération (ABC) n’a pris l’habit de donateur que très récemment.

DOSSIER

AfriqueNombre de transactions conclues par les

principaux pays émergents

UN NOUVEAU MODÈLE DE COOPÉRATION LES ACTEURS PRINCIPAUX ACQUISITIONS FONCIÈRES

ESTIMATION DE L’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT (APPORTS ASSIMILABLES)

DES PAYS ÉMERGENTS EN 2010(en million de dollars)

Estimation des contributions des pays émergents à la FAO et au FIDA en 2010(en million de dollars)

Afrique du Sud Brésil

Brésil

Chine

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ArabieSaoudite

Emirats ArabesUnis

Chine

Inde

Inde

Inde

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Afrique du Sud

FAO FIDA

6.32.6 16.7 1.1

8

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106

499.7

639.1

2011.2

IndeBrésil

ChinePrimauté des échanges de

compétences techniques

Coopération financière, qui peut inclure un

volet commercial

L’aide est liée

L'aide n'est pas conditionnée>>>> Afrique du Sud

La coopération Sud-Sud en Afrique

Land Matrix (2014)

CAD-OCDE (2013)

CAD-OCDE (2013)

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Ce qui explique qu’à ce jour, peu de projets réellement de développement ont été réalisés. En outre, il ne faut pas occulter la réalité : le Brésil, comme l’Inde, servent aussi leurs intérêts à plus ou moins long terme en visant la création de marchés pour leurs biens d’équipements. Dans le cadre du Mais Alimentos (voir encadré page 15), les lignes de crédits sont conditionnées à l’achat de machines brésiliennes.

l’Inde, la discrèteForte de son expérience dans la Révolution verte, l’Inde

est soucieuse de favoriser le développement agricole de l’Afrique via le transfert de technologie et la recherche. Avec l’appui du Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA), New-Delhi a ainsi mis en place des plates-formes innovantes et des incubateurs d’agribusiness dans les universités spécialisées dans l’agriculture dans cinq pays africains – le Ghana, le Kenya, le Mali, l’Ouganda et la Zambie.

La coopération avec l’Inde a pour particularité que les entreprises privées ont précédé le gouvernement. Ce n’est, en effet, qu’en 2008 que s’est tenu le premier sommet Inde-Afrique alors que certaines entreprises indiennes sont présentes depuis longtemps sur le continent africain à l’instar de Kirloskar, un des leaders mondiaux de pompes. Contrairement aux autres pays émergents, l’Inde a ciblé huit pays prioritaires et composé le Team 9 (Technico-Economic Approch for Africa-India Movement) qui comprend, outre New-Delhi, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bissau, la Guinée Equatoriale, le Ghana, le Mali, le Sénégal et le Tchad.

En février dernier le Ministre indien de l’Agriculture, Sharad Pawar, déclarait au premier Asia-Africa Agribusiness Forum : “Les terres en Asie sont sous la pression de l’accroissement démographique et de l’urbanisation. Ainsi, l’Afrique est une opportunité pour que les pays asiatiques réalisent des investissements responsables dans l’agriculture”. De nombreuses entreprises indiennes ont déjà investi dans le secteur agricole où elles produisent sucre, huile de palme, fleurs … Certaines productions sont destinées à l’export, à l’instar du groupe Karuturi, présent en Ethiopie et au Kenya.

La coopération Sud-Sud sera-t-elle la solution aux limites reconnues de la coopération Nord-Sud ? “Il ne faut pas être trop manichéen. Si vous regardez très concrètement ce qui est fait par la Chine ou le Brésil dans le secteur agricole, c’est relativement faible”, affirme Jean-Jacques Gabas. Mais on en est seulement au début du processus. En effet, l’avenir semble être à la coopération tripartite réunissant un pays donateur du Nord ou une organisation internationale, un pays émergent et un pays, ou une entité régionale, bénéficiaire. “Il y a un besoin de regards croisés”, souligne Jean-Jacques Gabas, et d’instaurer un dialogue avec ces nouveaux acteurs de la coopération et les pays membres du CAD. Les pays émergents semblent prêts.

D’ores et déjà, des projets tripartites sont mis en place. Certains pays de l’OCDE, comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne ou encore les Etats-Unis, s’y sont déjà engagés tandis que des organismes multilatéraux, comme la Banque mondiale ou des fondations privées, les soutiennent.

Anne guillaume-gentil

AfriqueNombre de transactions conclues par les

principaux pays émergents

UN NOUVEAU MODÈLE DE COOPÉRATION LES ACTEURS PRINCIPAUX ACQUISITIONS FONCIÈRES

ESTIMATION DE L’AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT (APPORTS ASSIMILABLES)

DES PAYS ÉMERGENTS EN 2010(en million de dollars)

Estimation des contributions des pays émergents à la FAO et au FIDA en 2010(en million de dollars)

Afrique du Sud Brésil

Brésil

Chine

Chine

ArabieSaoudite

Emirats ArabesUnis

Chine

Inde

Inde

Inde

Brésil

Afrique du Sud

FAO FIDA

6.32.6 16.7 1.1

8

0 08.1

106

499.7

639.1

2011.2

IndeBrésil

ChinePrimauté des échanges de

compétences techniques

Coopération financière, qui peut inclure un

volet commercial

L’aide est liée

L'aide n'est pas conditionnée>>>> Afrique du Sud

La coopération Sud-Sud en Afrique

Land Matrix (2014)

CAD-OCDE (2013)

CAD-OCDE (2013)

Afrique du Sud

33

25

22

16

15

2

DOSSIER

Jean-Joseph Boillot, agrégé en Sciences économiques et sociales, anime le Cycle pays émergents au club du CEPII.

L’Afrique perçue comme un géant agricole potentielQuelles sont les logiques d’intervention des pays émergents dans le secteur agricole en Afrique ?

Les logiques sont très différentes, multi-facettes : politique, sécurisation des marchés, coopération technique. Ces trois volets correspondent à l’intervention de la Chine et de l’Inde. J’ajouterais, pour des pays comme la Malaisie, l’Indonésie ou Singapour, une logique agro-industrielle. Il existe néanmoins un point commun entre les pays émergents : l’Afrique est clairement perçue aujourd’hui comme un géant agricole potentiel. C’est cela qui motive la stratégie d’intervention des pays émergents vers le continent africain. En quoi leurs modes d’intervention différent-ils de la coopération Nord-Sud ?

Il y a bien une différence fondamentale entre le Nord et le Sud. Le Nord n’a pas besoin d’investir dans l’agriculture en Afrique car il est fondamentalement excédentaire sur le plan agricole. Du côté du Sud, les pays émergents ont besoin du potentiel agricole africain. Soit il est mis en valeur à travers de grandes fermes agro-industrielles, soit il sert à sécuriser l’approvisionnement agricole. Ce dernier point concerne particulièrement la Chine et l’Inde qui sont soit en situation d’importations croissantes – c’est le cas de la Chine –, soit en situation de saturation de terres disponibles et de pressurisation importante sur les ressources hydriques, deux défis majeurs pour New Dehli. Pour des raisons politiques, ces deux pays développent aussi de véritables coopérations agricoles techniques en matière de semences, d’équipements et de modes de culture. Là, on a une véritable logique de partenariat équilibré. Les expériences de la Chine et de l’Inde en matière de développement agricole peuvent-elles servir de modèle pour l’Afrique?

Fondamentalement, oui ! Face au défi alimentaire considérable qu’elles ont eu à affronter dans les années 60-80, la Chine et l’Inde ont mis en œuvre des réponses qui se sont avérées, pour l’essentiel, des succès. En Inde, la révolution verte, tournée vers la petite et moyenne exploitation rurale, a été une révolution très intensive en main d’œuvre, mais aussi économe en eau et en intrants. Elle s’est accompagnée d’une recherche agronomique sur de nouvelles variétés, y compris des OGM «made in India». En revanche, le développement agricole chinois s’est basé sur une planification de grandes cultures avec des technologies particulièrement efficaces. Les expériences tant en Chine qu’en Inde font que, lorsqu’ils arrivent en Afrique pour proposer une coopération technique agricole, ils parlent le même langage et sont mieux à même des comprendre les problèmes de agriculteurs africains.

Point de vue

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DOSSIER

REPORTAGE AU CONGO

Pour maximiser la production agricole, un centre chinois de démonstration des techniques agricoles vient d’être installé à Kombé, au sud de Brazzaville. Avec la volonté affichée de révolutionner les techniques de production pour les agriculteurs congolais.

À Kombé, une bourgade située à 17 km au sud de Brazzaville, le Centre de démonstration des techniques agricoles (CDTA) a ouvert ses portes en septembre 2012. Financé par la coopération

chinoise (55 millions de yuans, soit environ 6 millions d’euros), il est aujourd’hui déployé sur 59 hectares. Son objectif ? La vulgarisation des techniques agricoles auprès des acteurs locaux. D’ores et déjà, dix experts chinois travaillent sur six variétés de manioc, 12 de maïs, 60 cultures maraîchères reparties en 24 espèces dont le chou de Chine,

le piment, la pastèque, les légumes verts, les champignons… En 2013, 120 producteurs agricoles âgés de 20 à 55

ans et provenant des 12 départements du Congo ont été formés au cours de sessions d’une durée de 20 jours. À leur tour, ces producteurs forment d’autres agriculteurs dans leurs départements respectifs. Les formations sont dispensées en chinois avec une traduction simultanée en langues congolaises (Kituba et Lingala). Composées de volets théoriques en salle et pratiques sur le terrain, elles ont notamment porté sur les techniques culturales

Un savoir-faire venu de Chine

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Ci-dessous : Champ

expérimental du Centre de

démonstration des techniques

agricoles (CDTA).

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DOSSIERdu manioc, du maïs et les techniques maraîchères. Une façon pour les agriculteurs de faire évoluer leurs pratiques culturales. “Aujourd’hui, j’ai changé mes vieilles habitudes de plantation du manioc où la distance entre deux boutures n’était pas respectée, ce qui avait des incidences sur la production”, remarque Christian Tsama, formé par le Centre. De son coté, Georgette Maboumou, une autre stagiaire, constate qu’une fois la barrière linguistique levée “ces enseignements lui ont permis de comprendre avec des termes simples les origines de certaines plantes et leur cycle cultural”. L’accès des agriculteurs à la formation du CDTA se fait sur proposition du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage. “Ils sont entièrement pris en charge”, précise Paul Rafael Ongouala, directeur général du CDTA.

Vitrine du savoir-faire chinois, ce centre de démonstration, à l’instar d’autres installés sur le continent africain, fonctionne en totale autonomie sans lien avec les centres de recherche locaux ou la politique agricole nationale. Selon le protocole d’accord signé entre la Chine et le Congo, le centre a une durée de fonctionnement de 15 ans, renouvelable. Dans la première phase de mise en œuvre sur trois ans, les experts chinois transfèrent leurs connaissances aux agriculteurs congolais. À partir de la deuxième phase, qui sera lancée en 2016 et devrait durer 12 ans, l’administration et la gestion du centre seront confiées à une entreprise d’Etat chinoise. L’accord stipule que la société n’aura aucun compte à rendre tant du côté des autorités chinoises que congolaises. Elle devra générer ses propres ressources pour son fonctionnement qui aura pour axes centraux l’exploitation agricole et le développement durable.

L’autonomie du centre est, certes, inscrit noir sur blanc dans l’accord mais c’est bien une entreprise d’Etat chinoise qui en détient les clés. Une façon pour la Chine de modeler l’évolution agricole d’un pays au potentiel important comme le Congo, avec des variétés de plantes, des techniques de production, des équipements, etc.

Côté congolais, “ce qui est intéressant [...] c’est la nouvelle chaîne de compétences. Elle permettra de

relancer la recherche sur les segments de la production et de la productivité et ce, tout au long de notre chaîne de production alimentaire. Car, nous aussi nous aspirons à la souveraineté alimentaire”, déclare le Ministre congolais de l’Agriculture, Rigobert Maboundou. Aujourd’hui, alors qu’il n’est pas facile de trouver des financements pour d’ambitieux programmes de développement, la Chine représente une alternative précieuse pour le Congo.

Toutefois, un cadre du ministère congolais de l’Agriculture et de l’Élevage émet un bémol. Il considère que “la coopération sino-congolaise, bien assise au Congo, ne cadre pas avec les demandes des agriculteurs, car les projets sont conçus ailleurs et leurs sont ainsi imposés. Il faut certes apporter de nouvelles pratiques agricoles aux Congolais mais en se basant sur leurs différents besoins en formation”, estime-t-il, ajoutant “qu’en revanche, la coopération Nord-Sud est souvent participative avec un suivi. Ce qui est plus efficace”.

Marien nzikou-Massala

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En haut : Sur le terrain, les agriculteurs congolais apprennent de nouvelles techniques.

Ci-dessous : Le siege du CDTA.

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L e taro est un important féculent de base dans toutes les régions tropi-cales. Les feuilles, les tiges et les racines sont comestibles, bien que

le taro soit toxique frais et doive être cuit pour pouvoir être mangé. En 2010, neuf millions de tonnes de diverses espèces de taro auraient été cultivées et consommées dans le monde entier. Cette culture est un élément particulièrement important des systèmes alimentaires traditionnels du Pacifique. C’est aussi l’un des quelques pro-duits frais pour lesquels les États insulaires du Pacifique ont pu atteindre un niveau d’exportation appréciable, en particulier vers l’Australie, les Etats-Unis, le Japon et la Nouvelle-Zélande.

Les Fidji produisent 95 % des 10 000 à 12 000 tonnes exportées annuellement (représentant approximativement 4,3 millions d’euros), le solde provenant des Samoa, de Tonga et de Vanuatu. Si la croissance est restée limitée ces dernières années, les exportations de taro pourraient plus que doubler si le produit gagnait en compétitivité, selon une étude du Projet de facilitation du commerce des produits agricoles (FACT) réalisée en 2011.

Surmonter les obstacles à la commercialisation

Si l’étude du FACT a souligné que “l’augmentation des exportations de taro se traduirait par des bénéfices importants

pour de nombreux agriculteurs ruraux à faible revenu de la région Pacifique”, elle a également établi que le marché du taro frais pourrait ne pas être économiquement viable, en particulier en Australie. Les protocoles australiens en matière de quarantaine exigent une dévitalisation du produit, ce qui influe sur la durée de conservation et limite considérablement l’expansion du marché. En revanche, au Japon et aux États-Unis, où le marché du taro est plus important qu’en Australie, il n’y existe pas une telle exigence. Des améliorations importantes sont nécessaires dans la production, les pratiques de manutention après la récolte et les systèmes de certification à l’exportation pour gagner des parts de marché.

Des essais axés sur plusieurs variétés élites possibles sont actuellement en cours pour améliorer la commercialisation du taro dans la région Pacifique. Ces recherches s’inscrivent dans le cadre d’un partenariat entre le gouvernement des Samoa, le Secrétariat de la Communauté du Pacifique (SPC), l’Université du Pacifique Sud, des cultivateurs samoans, des groupes industriels et divers organes gouvernementaux de toute la région. Les essais portent sur les préférences des consommateurs en matière de goût, sur la résistance au mildiou (Phytophthora colocasiae) et au changement climatique, et sur la capacité de production. En outre, des formations sur les techniques de micro-propagation du taro ont été

proposées au personnel de vulgarisation agricole samoan et des protocoles ont été élaborés par le Centre d’étude des cultures et des arbres du Pacifique du SPC pour faciliter l’accès à des plants et semences sains.

une approche remarquableDans les Caraïbes, une approche innovante

basée sur les TIC a été utilisée à Saint-Vincent, pour l’exportation du taro (qui est appelé dachine) vers le Royaume-Uni. Avec l’aide de la FAO, l’Organisation pour le développement du commerce et de l’agriculture des Caraïbes orientales a mis en place une chaîne de valeur spécifique au taro entre agriculteurs et acheteurs. Parce que les petits agriculteurs hésitent à rejoindre une coopérative, les opérations de consignation pour les acheteurs européens se font par l’intermédiaire de SMS permettant de relier 200 petits agriculteurs. Informés des prix proposés et des volumes demandés, ceux-ci sont alors libres de fournir ou non les produits. Les prix à l’exportation étant plus élevés que ceux du marché local, l’initiative a connu un vrai succès et les cultivateurs ont vu leurs revenus augmenter jusqu’à 100 %. Ils ont également appris à catégoriser et conditionner leur propre dachine pour le valoriser davantage.

Susanna Thorp

Le taro est consommé à l’échelle planétaire et sa culture est particulièrement importante dans la région du Pacifique. La demande des marchés occidentaux pour cette plante racine offre aussi des possibilités accrues d’exportation.

LE TARO

Doper les exportations

Le Taro est un aliment important

du système alimentaire du

Pacifique.

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CIAR

CHAînES DE vAlEuR

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■ Alors que les Nations unies ont déclaré 2014 l’Année internationale de l’agriculture familiale, l’ouvrage du CIRAD, fruit d’un travail collectif, cherche à définir précisément ce que recouvre ce concept. Il souligne la diversité de ses contributions dans les domaines économiques, environnementaux, sociaux et culturels. L’ouvrage dresse un état des lieux de la recherche sur les agricultures familiales au moment où se redessinent nos territoires, sur tous les continents, particulièrement en Afrique.

Les auteurs des 17 chapitres organisés en quatre parties interrogent les choix de société et de trajectoire de développement aux niveaux national et international, ainsi que les rôles que l’agriculture y joue et devra y jouer. Cela suppose de définir et comprendre les agricultures familiales puis de donner des clés pour analyser leurs contributions face aux grands défis contemporains de l’humanité : la pauvreté, l’emploi, l’énergie, l’environnement. Dès lors, un des défis de la recherche est d’accompagner ces agricultures dans leur diversité et de leur permettre d’innover, de s’adapter et de saisir les alternatives qui se présentent afin que s’expriment leurs potentialités.

L’ouvrage tend finalement à montrer que les agricultures familiales offrent des potentiels de changement crédibles, permettent de relever les défis globaux et de nous aider à penser des modèles de production plus durables.

Agricultures familiales et mondes à venir Par J.-M. Sourisseau Editions Quae, avril 2014, 360 p. iSBN : 9782759221417 26 €

Editions Quae RD 10 78026 versailles Cedex, France Tél. : +33 (0) 1 30 83 35 48 Fax : +33 (0) 1 30 83 34 49 Email : [email protected] http : //www.quae.com

Une agriculture de demain

Echanges autour du warrantage

Cette série de 5 clips valorise les échanges sur le warrantage entre les membres d’une OP nigérienne et les agents de la COPSAC, une coopérative du Sud-Ouest du Burkina Faso. Comment le mettre en place et pour quels avantages ? Quelles sont les difficultés rencontrées et les leçons tirées de l’expérience ? Autant de questions traitées à travers ces échanges. Les thèmes portent sur la négociation du crédit, les activités génératrices de revenus, les bonnes pratiques en matière de gestion des stocks, la transparence et les techniques commerciales.

le warrantage raconté aux paysans par des paysans - Conseil d’OP à OP Jade Bukina, inter réseaux, février 2014, 5 clips.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/me2mus6

Mieux cerner les attentes des jeunes

Comment rendre les métiers agricoles plus attractifs pour les jeunes en Afrique de l’Ouest ? Telle était la question posée par le Forum Global sur la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique de l’Ouest (Forum FSN), en collaboration avec l’Ypard et les Jeunes professionnels pour le développement. La synthèse de l’enquête montre que les facteurs considérés comme les plus importants sont le financement (prêts, forfaits bancaires, microfinance), puis le développement des capacités et la formation.

les jeunes et l’agriculture en Afrique de l’Ouest Forum FSN, février 2014, 10 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/p6efsbp

Participer à la transformation agricole

le CtA en action : transformer la vie des communautés rurales Par C. Pye-Smith CTA, 2014, 72 p. iSBN : 978-92-9081-546-4 CTA n°1776 0 unité de crédit

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/lx2au3x

Cette année, le CTA a 30 ans ! Trente années de projets,

de programmes et de résultats réalisés au côté de ses partenaires, en faveur du développement agricole et rural en Afrique, dans les Caraïbes et dans le Pacifique (ACP). Trente années à promouvoir et encourager une gestion rationnelle des ressources naturelles, une amélioration des conditions de vies pour plus de prospérité et plus de sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Cet ouvrage se concentre sur les activités menées par le CTA cette dernière décennie, montrant la multiplicité et la diversité de ses interventions, fréquemment entreprises avec des partenaires, que ce soit des organisations agricoles, des agences gouvernementales, des centres de recherche, des groupes de jeunes et de femmes ou encore des entreprises du secteur privé. Des histoires qui sont organisées autour de six grands objectifs : renforcer les organisations de producteurs, encourager l’action politique, promouvoir les TIC, soutenir la recherche pour le développement, transmettre l’information et le savoir-faire aux agriculteurs et tirer le meilleur parti possible des marchés.

ESOP, une forme juridique innovante

Cette fiche technique explique comment l’ESOP (Entreprise de services et organisation de producteurs) permet d’allier producteurs et entrepreneurs privés pour une meilleure répartition de la valeur ajoutée et de la prise de décision tout au long de la filière lait. Cette forme juridique et organisationnelle innovante a été mise en pratique avec succès dans le réseau de mini-laiteries au Mali.

Organisation mixte entreprise privée-organisation de producteurs (eSOP) pour labelliser le lait local CFSi, Fondation de France, 2014, 3 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/lupoexg

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Gérer l’inévitablel’adaptation au changement climatique Par v. van Gameren, R. weikmans et E. Zaccai Editions La Découverte, avril 2014, 128 p. iSBN : 978-2-7071-7469-7 10 € Editions la Découverte 9 bis, rue Abel-Hovelacque 75013 Paris, France Tél. : +33 (0) 1 44 08 84 01 Fax : +33 (0) 1 44 08 84 30 http://www.editionsladecouverte.fr/

■ De tout temps, les sociétés humaines ont été confrontées à la variabilité naturelle du climat et ont, avec plus ou moins de réussite, su mettre en place des stratégies d’adaptation. Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est que le changement climatique est d’origine anthropique : son rythme et sa profondeur sont soutenus, ce qui va exercer une pression forte sur les espèces et les écosystèmes.

Jusqu’à récemment, les négociations internationales sur le changement climatique se focalisaient sur l’atténuation de son impact avec, au cœur des débats, la réduction des émissions de gaz à effets de serre. Aujourd’hui, outre cette atténuation, l’adaptation au changement climatique semble indispensable. “Selon une formule courante, l’atténuation vise à éviter l’ingérable, et l’adaptation vise à gérer l’inévitable”, affirme l’auteur. C’est ce champ, encore jeune, de l’adaptation dans ses aspects multiformes qu’explore le livre. L’adaptation au changement climatique est abordée au niveau international essentiellement sous l’angle du financement pour les pays en développement, des politiques nationales et infranationales à élaborer, ainsi que du rôle des acteurs privés (entreprises, ménages, société civile).

Réduire l’exposition des enfants aux pesticides

L’intoxication par les pesticides constitue un grave problème de santé. Et l’enfant est exposé à un risque plus élevé car ne serait-ce que, par nature, il prend moins de précaution. L’objectif de ce guide visuel d’animation est d’aider les facilitateurs de Champs Ecoles Paysans ainsi que les agents de vulgarisation à mener des discussions sur la protection des enfants vis-à-vis de ces pesticides.

Protégeons nos enfants des pesticides FAO/OiT, décembre 2013, 72 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/neor99o

Dans le sol, le verDes vers de terre et des homme Découvrir nos écosystèmes fonctionnant à l’énergie solaire Par M. Bouché Editions Actes Sud, avril 2014, 336 p. iSBN 978-2-330-02889-3 25 €

Editions Actes Sud Place Nina-Berberova BP 90038 13633 Arles Tél. : + 33 (0) 4 90 49 86 91 Fax : + 33 (04) 90 96 95 25 http://www.actes-sud.fr

■ Tout un chacun a déjà vu des vers de terre. Mais combien sommes-nous à connaître leur rôle fondamental dans les écosystèmes ? Les sols, constituant la majeure partie des écosystèmes, sont en permanence ingérés, digérés et remodelés par les vers de terre. Ainsi, ce sont des centaines de tonnes de terre à l’hectare qui passent chaque année par le tube digestif de ces animaux. Ce travail assidu du sol permet de l’aérer, d’en améliorer la structure par le mélange intime des minéraux et de la matière organique, de recycler des quantités considérables de carbone, d’azote, etc., pour féconder des sols ainsi naturellement dotés de fertilité.

C’est donc à la découverte de ces animaux rustiques, très nombreux (ils constituent la première masse animale des terres émergées), diversifiés (on dénombre environ 7 000 espèces au monde) et leur fabuleux travail que nous invite Marcel Bouché, jardinier, agronome et ... géodrilogogue !

l’OHADA et les organisations paysannes

Dans cette étude, la fondation FARM fait le point sur le nouvel Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA) et sa mise en œuvre dans le domaine agricole. A partir d’études de cas sur quatre pays, le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Togo, elle s’interroge sur l’adaptabilité du statut coopératif à la majorité des organisations agricoles (coopérative agricole et organisations de producteurs en général). Ce nouveau statut peut participer à une redynamisation du secteur agricole mais sous certaines conditions.

le nouveau modèle coopératif dans l’espace OHADA, un outil pour la professionnalisation des organisations paysannes ? Par T. Gning et F. Larue FARM, février 2014, 123 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/omqbx63

Investir sur l’agricultureDans cette édition spéciale, Afrique Renouveau s’interroge sur les défis, les initiatives et les perspectives de l’agriculture africaine. Entre autres points mis en avant, un appel est lancé à l’Union africaine pour qu’elle “dépasse les stades des bonnes paroles et suive l’exemple de l’UE en obligeant ses membres à contribuer à un fonds agricole commun”.

Afrique Renouveau, Edition spéciale 2014, “L’Afrique à l’assaut de l’agriculture”, 36 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/ow5wzjq

C’est l’histoire de “l’agriculture intelligente” que nous retrace

ce livre à travers le rendu de 16 initiatives prises tant dans les pays développés qu’en développement et qui ont un impact direct sur la sécurité alimentaire, l’adaptation au changement climatique et la limitation de ses effets. Les exemples d’adaptation de l’agriculture au changement climatique et d’innovations initiées par les communautés et les gouvernements sont nombreux. Ainsi, depuis 2006, plus de 100 nouvelles variétés de maïs tolérant à la sécheresse et d’hybrides ont été développées et diffusées dans treize pays d’Afrique. Le canola tolérant aux herbicides (TH), une variété de colza, cultivé en situation de labour limité ou nul, a permis de réduire de plus de 31 000 tonnes par an la quantité de carburant utilisé et de limiter les émissions de dioxydes de carbone. Le service intégré de conseils agro-météorologiques (IAAS) introduit en Inde en 2007 prodigue à quelque 2,5 millions de petits agriculteurs des conseils agricoles leur permettant d’améliorer leurs rendements de 10 à 15 % et de réduire leurs coûts de 2 à 5 %. Un fonds de 1,6 milliard de dollars a été créé au Brésil pour encourager les agriculteurs à adopter des pratiques durables afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Success storyAgriculture intelligente face au climat : Succès des communautés agricoles dans le monde CTA, 2013, 44 p. iSSN : 2212-6384 CTA n°1754 2 unités de crédit

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/kjywkbr

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D E S C O M M U N A U T É S A G R I C O L E S D A N S L E M O N D E

Agriculture intelligente face au climat

SUCCÈS

SUCCESS STORIES

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Assurer l’égalité homme-femme

la gouvernance foncière pour les femmes et les hommes Guide technique pour une gouvernance foncière responsable et équitable pour les femmes et les hommes FAO, 2014, 110 p. iSBN 978-92-5-207403-8

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/lf65otu

■ En 2012, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale a approuvé les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, pêches et forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale. Ce guide technique vise à accompagner la mise en œuvre de ces directives, avec un focus sur le principe d’égalité entre les hommes et les femmes, un des dix principes fondamentaux d’application des directives. La gouvernance foncière équitable est abordée à travers cinq modules : l’élaboration des politiques, les aspects juridiques, les institutions, les questions techniques et la transmission du message. Chaque module est conçu comme un ensemble autonome. Il est bâti sur la documentation existante (avec de nombreuses ressources et références bibliographiques) mais aussi sur des approches et des expériences de terrain. Le guide démontre qu’ “une gouvernance foncière équitable permet de s’assurer que les femmes et les hommes sont associés de la même façon aux décisions et que cette participation se traduit de façon formelle dans les institutions ou informelle par des arrangements portant sur l’administration et la gestion des terres”.

Regards sur la coopération au développement

A l’occasion de ses 50 ans, SOS-Faim-Belgique fait le bilan de la coopération au développement sur ces dernières décennies en donnant la parole à six témoins, professionnels et militants du développement. Six regards différents qui soulignent les grandes tendances passées et les principaux enjeux actuels comme l’éclatement et la multiplicité des acteurs qui fournissent de l’aide ou la multiplication et la diversification des défis auxquelles la coopération internationale doit faire face.

SOS Faim, numéro 117, février-mars 2014, 27 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/npk6o3t

GUIDE TECHNIQUE POUR LA GOUVERNANCE DES RÉGIMES FONCIERS 1

La gouvernance foncière pour les femmes et les hommes

Guide technique pour une gouvernance foncière responsable et équitable pour les femmes et les hommes

■ Le monde change radicalement et rapidement. La population s’accroît, vieillit, s’urbanise, les classes moyennes explosent, la terre se réchauffe… Dans un tel contexte, comment nourrir la population mondiale et quel sera le système alimentaire de demain ? Ce sont les questions que se pose Pierre Feillet. Du champ à notre assiette, le livre nous invite à un fabuleux voyage dans le futur.

La Terre restera-t-elle la seule à pourvoir à notre alimentation ? Se dirige-t-on vers des usines nourricières ? Si le soleil et les plantes resteront longtemps encore les seules sources (ou presque) de notre alimentation, de nouveaux nutriments pourraient être produits. Toutefois, le contenu de nos assiettes ne devrait guère changer dans les années à venir. En revanche, son contenu technologique – de la semence jusqu’à notre cuisine – devrait évoluer.

Pour répondre au défi de nourrir la planète, Pierre Feillet nous invite à mettre en place “des agricultures durablement productives”. Des agricultures qui ne seront ni intensives en raison de leur impact environnemental, ni biologiques car leurs rendements seront insuffisants. Il faudra aussi réduire les pertes post-récoltes et laisser une place aux biotechnologies, en particulier aux OGM. Et surtout innover. De nouveaux domaines s’ouvrent avec, notamment, la métagénomique.

Le pari de l’innovation

Quel futur pour notre alimentation Pierre Feillet Editions Quae, avril 2014, 170 p. iSBN : 978-2-7592-2143-0 16 € Editions Quae RD 10 78026 versailles Cedex, France Tél. : +33 (0) 1 30 83 35 48 Fax : +33 (0) 1 30 83 34 49 Email : [email protected] http : //www.quae.com

Réguler le pastoralismeL’insécurité croissante et la prolifération des armes légères, le changement climatique poussant les pasteurs plus au Sud, l’éclatement des couloirs traditionnels de transhumance, l’extension des cultures et l’augmentation des cheptels sont autant de facteurs qui engendrent des conflits souvent violents liées à la progression du pastoralisme vers le Sud. Des conflits, qui éclatent au Tchad, en RCA et en RDC, et sont souvent peu visibles et négligés par les gouvernements.

Afrique centrale : les défis sécuritaires du pastoralisme international Crisis Group, avril 2014, 33 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/nj4u5vc

Quelles perspectives pour l’aquaculture ?

Aujourd’hui, l’aquaculture fait jeu égal avec les captures de pêche pour satisfaire la consommation mondiale de produits aquatiques. Un impressionnant développement qui devra se poursuivre pour répondre aux besoins en protéines d’une population humaine en forte croissance. Dans cette perspective, ce numéro met notamment l’accent sur le nécessaire effort de recherche scientifique et technique à réaliser pour répondre aux attentes mais aussi rendre la production aquacole plus écologique et durable.

Cahiers Agricultures, volume 23, “Quelles piscicultures demain ?”, janvier-février 2014.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/ncxc922

PuBlICATIOnSPuBlICATIOnS

Juin-Juillet 2014 | Spore 170 | 23

Page 24: Le magazine du développement agricole et rural des pays ACP · acheter des terres dans les pays en développement pour les mettre en culture. Pourtant, bien que des terres sans eau

les opportunités des agricultures africaines

Comprendre les singularités des agricultures africaines, leurs diversités et leurs dynamiques pour mieux en mesurer toutes les opportunités, telle est l’ambition de ce dossier spécial. Les auteurs se penchent notamment sur la souveraineté alimentaire, les politiques foncières, les marchés céréaliers et rizicoles, les filières oléagineuses. Autant de thématiques qui mettent en exergue cette Afrique en transformation.

le Déméter 2014, Dossier Agricultures Africaines, 92 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/psh9kjc

POuR OBteNiR leS PuBliCAtiONSLes titres précédés du signe sont téléchargeables sur http://publications.cta.int.

Les titres précédés du logopeuvent être obtenuscomme suit :

Vous êtes déjà abonné(e) aux publications du CtA :N’utilisez qu’un seul canal !

• Vous avez un compte sur http://publications.cta.int ? Connectez-vous et choisissez vos titres à concurrence de vos unités de crédit en cliquant sur “Ajouter au panier” et “Passer la commande”. • Pas d’accès à Internet ? Continuez à utiliser le bon de commande fourni par le CTA.

Vous êtes une organisation ACP active dans l’agriculture mais n’êtes pas abonnée aux publications du CtA :

Demandez un abonnement via le site http://publications.cta.int, par courriel à [email protected] ou par la poste à CTA – PDS, PO Box 173, 6700 AD wageningen, Pays-Bas.

En 2014, les organisations qui s’abonnent recevront 200 unités de crédit. Celles déjà abonnées recevront 200 unités de crédit plus la moitié du nombre d’unités de crédit dépensées en 2013, soit un maximum de 400 unités de crédit.

Vous n’êtes pas dans un des cas mentionnés ci-dessus :vous pouvez, soit acheter les ouvrages auprès des éditeurs ou en librairie, soit les télécharger sur http://publications.cta.int si elles sont en accès libre. Plus de la moitié de nos titres sont téléchargeables gratuitement !

Les titres précédés du symbole sont disponibles à l’achat chez les éditeurs mentionnés ou en librairie.

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les maisons familiales rurales dans le monde : une contribution originale à la formation et à l’insertion des jeunes Par J. Erceau et A. Le Bissonnais Editions L’Harmattan, avril 2014, 192 p. iSBN : 978-2-343-02324-3 19 € Éditions L’Harmattan 5-7, rue de l’Ecole Polytechnique, 75 005 Paris, France Tél. : +33 (0) 1 40 46 79 20 Fax : + 33 (0) 1 43 25 82 03 http://www.harmattan.fr/

Former la jeunesse

■ Le mouvement des Maisons familiales rurales (MFR) est né en 1937 dans le Sud-Ouest de la France. Ce sont des centres de formation qui proposent aux jeunes un enseignement professionnel associé à une formation générale, humaine et citoyenne. Vingt ans après, le mouvement commence à se développer hors de France, en Tunisie, en Algérie, puis en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. À partir des années 90, le mouvement se dote d’outils pour développer des partenariats internationaux avec la

création d’un pôle Accompagnement des MFR et d’une Fondation des MFR dans le monde. Aujourd’hui, les MFR travaillent dans 20 pays et sont prêtes à étendre leur champ d’action géographique en poursuivant toujours cet objectif simple : “être aux côtés des familles paysannes et rurales pour les aider à mettre en place des formations au profit de leurs filles ou de leurs fils et au service d’un développement des territoires”. Les histoires et les évolutions des différentes MRF dans le monde sont, bien entendu, singulières mais elles partagent des valeurs communes. Au moment où l’emploi et l’insertion des jeunes, notamment dans les zones rurales, sont un enjeu majeur, le livre d’Anne Le Bissonnais et de Julie Ereceau, élaboré à partir d’enquêtes de terrain au Brésil, au Burkina Faso, au Cameroun et à Madagascar, nous permet de mieux comprendre le fonctionnement et le rôle des MFR dans la formation des jeunes mais aussi de percevoir les aspirations des jeunes et leur représentation de l’agriculture.

Maputo, 10 années aprèsEn 2003, les pays africains signaient la Déclaration de Maputo et s’engageaient à affecter au moins 10% de leurs budgets à l’agriculture. Dix ans après, quel est le montant des dépenses publiques agricoles ? Difficile de répondre précisément. C’est pourquoi, Inter-réseaux publie une bibliographie sélective donnant les principaux résultats des analyses effectuées mais aussi les enjeux méthodologiques et les politiques en la matière. Des éléments qui portent principalement sur l’Afrique de l’Ouest.

inter-réseaux, bulletin thématique Spécial Maputo+10 : suivi des dépenses publiques agricoles, avril 2014, 15 p.

Téléchargeable sur : http://tinyurl.com/pggy68q

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24 | Spore 170 | Juin-Juillet 2014

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Le CTA a 30 ans!

Le CTA célèbre son 30ème anniversaire. Trente années au service des communautés rurales ACP ! Trente années à agir en faveur du développement agricole, de la sécurité alimentaire et du bien-être des petits producteurs.

C réé il y a trente ans par la Convention de Lomé, signée entre le groupe des États ACP et l’Union européenne, le CTA a d’abord fait de la diffusion

d’informations son activité principale. Bien que cet aspect continue de représenter une part importante de ses activités, le Centre a, par la suite, développé des programmes visant à favoriser le dialogue politique, le développement des chaînes de valeur agricoles et l’adoption des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Financé par l’Union européenne, le CTA a toujours cherché à obtenir des résultats concrets et mesurables sur le terrain, notamment, en matière de sécurité alimentaire, de réduction de la pauvreté et d’amélioration des conditions de vie des petits producteurs. Pour y parvenir, il a offert son soutien à de nombreuses organisations paysannes, noué des partenariats avec les principaux acteurs du développement et, avec constance, appuyé les institutions politiques et universitaires des pays de la zone ACP. Aujourd’hui encore, le CTA ne cesse de renforcer ses liens avec les organisations agricoles, les agences gouvernementales, les réseaux de recherche, les groupes de jeunes et de femmes, et de nombreuses entreprises du secteur privé. L’objectif est de créer de la valeur et de parvenir à une transformation durable du secteur agricole.

Au CTA, nous sommes donc très ambitieux ! Et nous sommes convaincus que, malgré la taille modeste de notre organisation, nous pouvons faire la différence ! Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nous avons été précurseurs dans de nombreux domaines. C’est à l’initiative du CTA qu’a été lancé, par exemple, dès 1985, le service Questions-Réponses. Ce service permettait aux planificateurs, chercheurs, formateurs et vulgarisateurs des pays ACP de recevoir l’avis d’experts sur les différents problèmes auxquels ils étaient confrontés. Notre projet de diffusion

sélective de l’information, lancé en 1988, nous a permis de fournir gratuitement à de nombreux bénéficiaires une information bibliographique d’actualité, extraite des bases de données agricoles les plus appropriées. Les documents listés dans les bibliographies (articles de périodiques, rapports, comptes rendus de réunions, etc.) pouvaient être commandés dans le cadre de ce projet.

Le CTA s’est ensuite engagé fortement en faveur de l’adoption et du bon usage des technologies de l’information. En 2008, nous avons lancé un programme de familiarisation et de formation au Web 2.0. Le succès de cette activité, qui concerne également les médias sociaux, n’a jamais faibli, et aujourd’hui même, l’intérêt et l’enthousiasme des participants est tel que, financée au départ complètement par le Centre, la plus grande partie des frais est maintenant couverte par les participants eux-mêmes ou par les partenaires.

La renommée de Spore, des Briefings de Bruxelles sur le Développement, de notre catalogue de publications, de nos conférences internationales et de nombreux autres programmes d’appui (cartographie participative, plates-formes de gestion des connaissances…) ont fait du CTA un acteur incontournable et un partenaire de choix pour toute institution engagée dans le développement agricole et rural.

C’est donc avec plaisir que nous vous invitons à suivre, tout au long de l’année, notre campagne “Savoir, c’est...” qui célèbre le pouvoir de la connaissance pour un développement responsable et durable. Grâce à elle, vous pourrez découvrir plus en détail nos actions et notre philosophie. Et, pourquoi pas, devenir l’un de nos partenaires !

Pour plus d’informations, rendez-vous sur : http://www.cta.int/fr/actualites/30ieme-anniversaire.html

AGIR AVEC LE CTAwww.cta.int

Le Directeur du CTA, Michael Hailu, coupe le gâteau qui marque le lancement du 30ème anniversaire du CTA.

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AgIR AvEC lE CTA

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Reproduire Spore• Pour un usage non commercial, les articles de Spore peuvent être librement reproduits à condition de mentionner la source. Merci d’envoyer une copie à la rédaction. • Pour toute reproduction à des fins commerciales, demandez l’autorisation préalable.

A l’occasion du 30ème anniversaire du CTA, un briefing de très haut niveau s’est tenu, à Bruxelles, le 4 avril dernier. La Commissaire de l’Union

africaine pour l’économie rurale et l’agriculture et le Ministre tanzanien de l’Industrie et du Commerce se sont joints au Directeur du CTA, Michael Hailu, et à un panel d’experts, de décideurs politiques et d’investisseurs pour discuter du rôle de l’agriculture dans la transformation économique de l’Afrique.

Le Ministre tanzanien de l’Industrie et du Commerce, S.E. Abdallah Kigoda, qui représentait le Président Kikwete, a déclaré au panel de haut niveau que la transformation de l’agriculture africaine était une question cruciale.

Le Ministre a donné pour exemple son propre pays, en soulignant que l’agriculture représentait 25 % du PIB tanzanien et 34 % de ses revenus d’exportation. “Par conséquent, la croissance économique et la bonne santé du pays dépendent toutes deux de l’agriculture.”

“La transformation de l’agriculture est une entreprise réalisable”, a-t-il ajouté. “Il apparaît que la communauté internationale est de plus en plus disposée à soutenir l’Afrique dans la transformation de son agriculture.”

La Commissaire de l’Union africaine pour l’économie rurale et l’agriculture, S.E. Rhoda Peace Tumusiime, quant à elle, a rappelé l’importance du rôle de l’agriculture pour la mise en œuvre de la Vision 2063 de l’Union africaine, qui a pour objectif un “continent transformé”.

“Investir dans l’agriculture est l’un des moyens les plus efficaces de parvenir à la sécurité alimentaire et de connaître une croissance inclusive”, a-t-elle précisé. “Le

secteur agricole emploie 65 à 70 % de la main-d’œuvre africaine. En outre, il représente près d’un tiers du PIB du continent. L’essor fulgurant du marché alimentaire régional est encouragé par la croissance de la population et l’urbanisation rapide. L’agriculture est riche de promesses pour une croissance économique générale et la création d’emplois.”

Le Directeur du CTA, Michael Hailu, a, pour sa part, souligné combien le contexte était

favorable à la réalisation de telles promesses : “Le continent africain a d’autant plus de raisons d’être optimiste qu’il abrite la majorité des économies connaissant la croissance la plus rapide au monde, enregistre une hausse des investissements étrangers et n’a jamais connu aussi peu de conflits et autant de démocraties.”

Michael Hailu a tenu, cependant, à nuancer son propos : “Nous restons confrontés, a-t-il dit, à des défis de taille. Citons

notamment le fait que l’agriculture demeure peu attrayante pour de nombreux jeunes des régions rurales.”

Pour marquer cet anniversaire, le CTA a également lancé lors du Briefing un ouvrage réunissant de nombreuses d’histoires relatant l’impact de ses activités sur l’agriculture et la vie rurale des pays ACP au cours de la dernière décennie : Le CTA en action - Transformer la vie des communautés rurales.

N’hésitez pas à commander votre exemplaire sur le site des publications du CTA (http://publications.cta.int/fr/publications/publication/1776) d’où l’ouvrage peut également être téléchargé gratuitement. Nous sommes sûrs que ces histoires vous permettront de mieux comprendre l’aventure du CTA.

Pour en savoir plus sur les Briefings de Bruxelles : http://bruxellesbriefings.net.

Depuis 2007, le CTA organise régulièrement, à Bruxelles, des « briefings » consacrés aux grandes questions d’actualité du développement agricole et rural. Le dernier en date fut aussi l’occasion de fêter le trentième anniversaire du CTA. Au programme ? La transformation économique de l’Afrique.

Deux événements importants marquent le 30ème anniversaire du CTA

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Le nouvel ouvrage du CTA “Le CTA en action“ est maintenant disponible.

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Conférence internationale

Révolutionner le financement des chaînes de valeur agricoles

14–18 juillet 2014 | Nairobi, Kenya

production transformation commercialisation distribution consommationstockage

Serez-vous acteur de cette révolution ?pour plus d’informations : www.fin4ag.org | #Fin4Ag14

2014

organisé par :

partenaires :

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Découvrez comment le CTA a changé la vie de nombreuses communautés rurales

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