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LE MARAÎCHAGE EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE : QUELQUES PRINCIPES DE BASE LE MARAÎCHAGE EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE : QUELQUES PRINCIPES DE BASE Par Catherine Mazollier (GRAB) N° 50 • novembre/décembre 2001 • Alter Agri 13 La fiche technique “le maraîchage en agriculture biologique : quelques principes de base” a été un tel succès qu’elle est maintenant épuisée, alors qu’elle est encore demandée. Afin que l’information ne se perde pas, nous la proposons ici intégralement à nos lecteurs, sous forme d’un article. Fiche techniqu Fiche technique Les principales règles de l’agriculture biologique L’agriculture biologique est un mode de production alternatif basé sur l’exploita- tion respectueuse de la nature. C’est une démarche globale fondée sur un ensemble de principes : - préserver la fertilité du sol : nourrir le sol pour nourrir la plante ; - éviter la pollution de l’environnement et le gaspillage des ressources ; - préserver la flore et la faune du sol et de l’atmosphère ; - assurer une croissance équilibrée de la plante en choisissant des conditions de culture adaptées ; - produire des aliments de qualité. L’agriculture biologique impose notam- ment une réflexion accrue sur les choix des productions ainsi que des observations régulières des plantes et de leur environ- nement. Le sol Assurer l’enracinement des plantes sur un volume maximal de sol actif et sain. La nature du sol Lors d’un projet de conversion d’une exploitation en maraîchage biologique, la nature du sol est un critère déterminant dans le choix de la parcelle. La connais- sance des caractéristiques physiques du sol est décisive pour préciser les condi- tions de disponibilité et de migration des éléments nutritifs : la réalisation de pro- fils et d’analyses est donc indispensable. Il convient d’assurer des conditions idéales d’enracinement afin d’exploiter au maximum le potentiel du sol. Contraire- ment au conventionnel, les engrais solubles ne pourront pas être utilisés pour corriger d’éventuelles carences induites par certaines conditions défavo- rables de sol : obstacles mécaniques, asphyxie, tassements… Il est donc conseillé d’éviter les sols trop difficiles, ou d’orienter le choix des produc- tions selon le type de sol : - sols trop lourds : souvent froids, risque d’asphyxie et de mauvaise prospection racinaire ; - sols trop légers : réserves minérales faibles et risque de lessivage, mais sols favorables aux carottes, mâches. - sols caillouteux : souvent chauds, mais à éviter pour les légumes-racines ; - sols contaminés (nématodes, Scléroti- nia) : problèmes difficiles à résoudre en agriculture biologique. Le travail du sol • En maraîchage biologique, l’emploi plus systématique des amendements orga- niques et des engrais verts devra per- mettre une amélioration notable de la structure du sol. Mais ces efforts doivent être complétés par un travail du sol adap- té aux caractéristiques du sol et visant à favoriser la prospection racinaire. • Quelques principes Les façons culturales préconisées sont celles qui confèrent au sol une structure physique adaptée tout en préservant l’ac- tivité microbienne du sol : - ameublir et aérer le sol en évitant d’en- fouir en profondeur la couche superfi- cielle du sol ainsi que les amendements organiques ; - éviter la formation d’une semelle de labour (choisir des outils à dents, à griffes, à disques...) ; - limiter le nombre de passages avec du matériel lourd afin d’éviter le tassement qui a un impact négatif sur la structure du sol et sur son activité biologique ; - travailler au moment propice (terre pas trop humide, ni trop sèche). La fertilité du sol Le diagnostic de la fertilité repose sur une étude globale : type et profondeur du sol, état hydrique, nature de la matière orga- nique (stabiIité, activité, biomasse...), disponi- bilités en minéraux ... Différentes méthodes sont à la disposition de l’agriculteur (analyse de sol classique, méthode Hérody...). La fertilisation Le raisonnement de la fertilisation en agriculture biologique requiert une très bonne information sur les produits. La fertilisation repose sur l’utilisation de fumier composté. En complément ou en remplacement de celui-ci, on utilise éga- lement des amendements et engrais organique “du commerce” auxquels s’ajoutent des engrais minéraux d’origine naturelle (voir encadré page suivante). Enfin, les cultures d’engrais verts vien- nent compléter ces différentes méthodes. La fertilisation en cours de cuIture est en général peu compatible avec la culture biologique : les engrais solubles habituellement utilisés en conventionnel ne sont pas autorisés. De plus, l’apport des engrais organiques ou

Le maraichage en agriculture biologique : principes de base · minéraux en poudre sur le rang de cultu-re est malaisée (notamment en cas d’emploi d’un paillage). Il faut donc

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LE MARAÎCHAGE ENAGRICULTURE BIOLOGIQUE : QUELQUES PRINCIPES DE BASE

LE MARAÎCHAGE ENAGRICULTURE BIOLOGIQUE : QUELQUES PRINCIPES DE BASEPar Catherine Mazollier (GRAB)

N° 50 • novembre/décembre 2001 • Alter Agri 13

La fiche technique “le maraîchage en agriculture biologique : quelques principes de base” a été untel succès qu’elle est maintenant épuisée, alors qu’elle est encore demandée. Afin que l’informationne se perde pas, nous la proposons ici intégralement à nos lecteurs, sous forme d’un article.

Fiche techniquFiche technique

Les principales règlesde l’agriculturebiologique

L’agriculture biologique est un mode deproduction alternatif basé sur l’exploita-tion respectueuse de la nature.C’est une démarche globale fondée sur unensemble de principes :- préserver la fertilité du sol : nourrir le sol

pour nourrir la plante ;- éviter la pollution de l’environnement et

le gaspillage des ressources ;- préserver la flore et la faune du sol et de

l’atmosphère ;- assurer une croissance équilibrée de la

plante en choisissant des conditions deculture adaptées ;

- produire des aliments de qualité.

L’agriculture biologique impose notam-ment une réflexion accrue sur les choix desproductions ainsi que des observationsrégulières des plantes et de leur environ-nement.

Le sol

Assurer l’enracinement des plantes surun volume maximal de sol actif et sain.

La nature du sol Lors d’un projet de conversion d’uneexploitation en maraîchage biologique, lanature du sol est un critère déterminantdans le choix de la parcelle. La connais-sance des caractéristiques physiques dusol est décisive pour préciser les condi-tions de disponibilité et de migration deséléments nutritifs : la réalisation de pro-fils et d’analyses est donc indispensable.

Il convient d’assurer des conditionsidéales d’enracinement afin d’exploiter aumaximum le potentiel du sol. Contraire-ment au conventionnel, les engraissolubles ne pourront pas être utiliséspour corriger d’éventuelles carencesinduites par certaines conditions défavo-rables de sol : obstacles mécaniques,asphyxie, tassements…

Il est donc conseillé d’éviter les sols tropdifficiles, ou d’orienter le choix des produc-tions selon le type de sol :- sols trop lourds : souvent froids, risque

d’asphyxie et de mauvaise prospectionracinaire ;

- sols trop légers : réserves minéralesfaibles et risque de lessivage, mais solsfavorables aux carottes, mâches.

- sols caillouteux : souvent chauds, mais àéviter pour les légumes-racines ;

- sols contaminés (nématodes, Scléroti-nia) : problèmes difficiles à résoudre enagriculture biologique.

Le travail du sol• En maraîchage biologique, l’emploi plussystématique des amendements orga-niques et des engrais verts devra per-mettre une amélioration notable de lastructure du sol. Mais ces efforts doiventêtre complétés par un travail du sol adap-té aux caractéristiques du sol et visant àfavoriser la prospection racinaire.

• Quelques principes Les façons culturales préconisées sontcelles qui confèrent au sol une structurephysique adaptée tout en préservant l’ac-tivité microbienne du sol :- ameublir et aérer le sol en évitant d’en-

fouir en profondeur la couche superfi-

cielle du sol ainsi que les amendementsorganiques ;

- éviter la formation d’une semelle delabour (choisir des outils à dents, àgriffes, à disques...) ;

- limiter le nombre de passages avec dumatériel lourd afin d’éviter le tassementqui a un impact négatif sur la structuredu sol et sur son activité biologique ;

- travailler au moment propice (terre pastrop humide, ni trop sèche).

La fertilité du solLe diagnostic de la fertilité repose sur uneétude globale : type et profondeur du sol,état hydrique, nature de la matière orga-nique (stabiIité, activité, biomasse...), disponi-bilités en minéraux ...Différentes méthodes sont à la dispositionde l’agriculteur (analyse de sol classique,méthode Hérody...).

La fertilisationLe raisonnement de la fertilisation enagriculture biologique requiert une trèsbonne information sur les produits. Lafertilisation repose sur l’utilisation defumier composté. En complément ou enremplacement de celui-ci, on utilise éga-lement des amendements et engraisorganique “du commerce” auxquelss’ajoutent des engrais minéraux d’originenaturelle (voir encadré page suivante).Enfin, les cultures d’engrais verts vien-nent compléter ces différentesméthodes. La fertilisation en cours decuIture est en général peu compatibleavec la culture biologique : les engraissolubles habituellement utilisés enconventionnel ne sont pas autorisés. Deplus, l’apport des engrais organiques ou

minéraux en poudre sur le rang de cultu-re est malaisée (notamment en casd’emploi d’un paillage). Il faut doncconsidérer le sol comme l’unique “pour-voyeur” de minéraux, grâce à son humuset aux apports d’amendements et d’en-grais réalisés avant la culture. Cependant,la libération des minéraux dépend denombreux facteurs. C’est là que résidel’une des difficultés en maraîchage biolo-gique : l’adéquation de la disponibilité etdes besoins, notamment en azote.

Ainsi, en tomate et aubergine sous abris :- en début de culture, de trop fortes libé-

rations d’azote peuvent entraîner l’em-ballement des plantes : risques accrus deBotrytis et de coulures de fruit, accen-tués en conditions froides et en culturegreffée ;

- en période de récolte, des manquesd’azote pourront provoquer des pertesde rendement et de calibre (contrôleéventuel du niveau d’azote du sol aunitratest).

Les engrais verts Ils ont de nombreux effets bénéfiques :mobilisation et remise à disposition deséléments nutritifs, stimulation de la viemicrobienne, amélioration de la struc-ture du sol. Ils contribuent également àréduire les pertes d’azote par lessivageet donc le taux de nitrates des eauxsouterraines. Ils imposent cependantune disponibilité suffisamment longuedes parcelles et induisent parfois cer-taines contraintes, notamment pourl’enfouissement.Les engrais verts les plus courants :graminées (sorgho fourrager...), légu-mineuses (féverole, lupin...), crucifères(moutarde, colza, radis fourrager...).

Les principaux engrais etamendements autorisés

• Amendements et engrais organiquesfumiers et composts (végétaux et animaux) lisiers et fientes de volailles (sauf ceuxprovenant d’élevages hors sol) marc deraisin et vinassesguano et tourteaux farines deplumes/poils/os, algues

• engrais minéraux patentkali : sulfate de potasse et demagnésiekiesérite : sulfate de magnésiephosphate naturels tendrescarbonate de calcium (dolomie, craie…)oligo-éléments, poudre de roche.

La rotation descultures

• Elle consiste à alterner les familles bota-niques lors de la succession des cultures :Solanacées : aubergine, tomate, poivron,pomme de terre, Cucurbitacées : melon, concombre, corni-chon, courgette, Chénopodiacées : épinard, blette,Crucifères : chou, brocoli, radis,Ombellifères : carotte, céleri, fenouil,Composées : laitue, chicorée...

• Elle répond à différents objectifs :- limiter la concentration des parasites

et pathogènes sur la parcelle, souventresponsables de problèmes de fatiguedes sols ;

- prospecter le sol à différentes profon-deurs en alternant des plantes avant des

systèmes radiculaires différents ;- alterner des cultures avec des besoins

minéraux différents, correspondant engénéral à des développements végétatifsdifférents (légumes racines ou tuber-cules, légumes feuilles, légumes fruits etgraines) ;

- maintenir les terres propres grâce à l’al-ternance de cultures faisant appel à destechniques différentes de lutte contreles adventices (paillage, désherbage, sar-clage...) ;

- assurer la fertilisation de fond sur unetête de rotation, qui sera une culturegourmande et supportant des apports demasse en amendements organiques,éventuellement peu décomposés : Sola-nacées, Cucurbitacées, choux, Chénopo-diacées... ;

- placer en fin de rotation les cultures exi-geant la matière organique sous formed’un compost très évolué.

• La pratique des rotations a pour corol-laire la diversité des cultures, souvent pos-sible en maraîchage biologique en raisonde la dominance de la vente directe quiimpose une large gamme de produits.

• Elle a cependant ses limites et ses incon-vénients :- une grande diversité des cultures impose-

ra au maraîcher un savoir-faire très largesur Ies techniques de production, le choixdes variétés, les problèmes sanitaires(connaissances des ravageurs et de leursauxiliaires)... Le maraîcher est parfoisisolé et doit alors acquérir seul l’ensembledes connaissances nécessaires ;

- certains parasites ou pathogènes du solsont inféodés à de nombreuses espèceset la rotation n’est alors par une répon-se satisfaisante.

Ainsi les nématodes Méloïdogyne, fréquentsen sol sableux et secs, se conservent dans lesol jusqu’à 10 ans et attaquent de nom-breuses cultures : Solanacées (tomate,aubergine, poivron), Cucurbitacées (melon,concombre, courgette), Composées(salades).

La protection descultures

Les problèmes sanitaires constituentla cause principale de pertes derécoltes en maraîchage biologique :

Alter Agri • novembre/décembre 2001 • n°5014

Engrais vert sous abri : sorgho fourrager

Engrais vert : phacélie

Engrais vert : vesce avoine

N° 50 • novembre/décembre 2001 • Alter Agri 15

Certains ravageurs et maladies peuventlargement pénaliser le rendement :insectes du sol, pucerons, araignéesrouges, noctuelles, mildiou, pythium,virus... Or, en agriculture biologique, lesmoyens de lutte directe autorisés par lecahier des charges européen sont très limi-tés (voir liste). De plus, leur action est sur-tout préventive (Soufre et Cuivre) ou àspectre trop large (Pyrèthre et Roténoneégalement toxiques contre les auxiliaires).Le cuivre et le métaldéhyde sont suscep-tibles d’être interdits à partir de 2002.

La prévention, mode d’emploi

La prévention est le maître mot dumaraîchage biologique. C’est l’essencemême de la démarche suivie en agricultu-re biologique; elle impose une très bonnecompétence qui, on l’a évoqué, n’est pastoujours acquise en raison de la multipli-cité des cultures, donc des ravageurs et deleurs auxiliaires naturels. Elle exige aussidu temps pour l’observation régulière etminutieuse des cultures.

Techniques de cultureDes conditions de culture assurant unebonne croissance des plantes limiteront ledéveloppement des maladies :

•Désinfection du solLa solarisation est une techniquesimple et peu coûteuse. Surtout réali-sable dans la moitié Sud de la France, elle

est efficace sur de nombreux champi-gnons du sol et préserve la microfloreutile du sol. La désinfection vapeur, coûteuse etnon sélective, se justifie notammentdans des sols fortement contaminés(nématodes).

• Travail du solIl peut permettre de limiter certainsparasites du sol. Ainsi, en période estiva-le le travail du sol pourra remonter lestaupins en surface et assurer une des-truction partielle des populations pardessication. Par ailleurs, un travail de solfavorisant un bon enracinement permet-tra de limiter les problèmes sanitaires.

• Calendrier de cultureIl faut éviter des cultures de contre-sai-son afin de ne pas créer des situationsfavorables aux pathogènes Botrytis de latomate, sclérotinia, mildiou… Lemanque de lumière, les températurestrop basses et les hygrométries exces-sives seront toujours pénalisants pourles cultures : croissance lente, tissus fra-giles, risques d’asphyxie ou de gel.

•Densité de cultureLa réduction de densité est souventdéterminante dans la réduction desrisques sanitaires : pourritures du des-sous en salades, Mildiou en radis, Alter-naria en carotte... ).

•GreffageComme en conventionnel, le recours augreffage est une pratique assez fréquen-te en maraîchage biologique sous abris.Ainsi, en melon, tomate, aubergine, il

permet de conférer des résistances auxmaladies et parasites de sol (fusariose,nématodes…).

• Variétés résistantes ou tolérantesElles constituent un moyen préventif effi-cace contre différentes maladies, virus etinsectes : Oïdium (melon, concombre,courgette), Alternaria (carotte), mildiou(laitue, radis, épinard…), virus (courgette),pucerons (melon, salade)...

•Protection physiqueLa couverture des cultures par les voiles(bâches) permet de prévenir l’attaque parcertains insectes : pucerons (melon, cour-gette, salade…), mouche de la carotte,teigne du poireau... La pose des voiles enserres au niveau des ouvrants (pépinièresou cultures) permettra de limiter lesrisques de viroses transmises par puce-rons ou thrips.

• Contrôle et piégeages despopulationsIls permettent d’évaluer les populationsde ravageurs et d’auxiliaires, et dedéclencher les lâchers d’auxiliaires.

Conduite des cultures • Gestion du climat

Sous abris, la maîtrise du climat est unfacteur déterminant. L’aération desserres est déterminante pour limiter lesexcès d’hygrométrie, et restreindre ainsile développement de maladies fongiques,notamment en période froide et peulumineuse : Botrytis et Cladosporiose surtomate, mildiou sur laitue etconcombre… À l’inverse, en période chau-de et sèche, les bassinages favoriserontl’installation de certains auxiliaires et limi-teront l’activité des ravageurs correspon-dants : Orius contre thrips (poivron), Phy-toséilus contre araignées rouges…

• Gestion de l’irrigationUne conduite raisonnée des irrigationsest vitale : le manque d’eau favorisera lesaraignées (tomate, melon, courgette...),les excès d’eaux favoriseront les patho-gènes du sol (Pythium, Sclérotinia).

• Gestion de la fertilisationCertains excès ou carences ont parfoisdes incidences sur l’état sanitaire : l’ex-cès d’azote semble provoquer un déve-loppement accru des pucerons; il favori-se également le Botrytis et la moellenoire sur tomate, ainsi que le Botrytis, leRhizoctonia et les nécroses sur salades.

Protection des cultures en maraîchage biologique Les principaux produits autorisés

Contre maladies Cuivre sous forme d’hydroxyde, d’oxychlorure,d’oxyde ou de Sulfate de Cuivre. Soufre (mouillable ou pour poudrage)

Contre Insectes Roténone et Pyrèthre, savon noir. Bactéries (Bacillus thuringiensis)Virus (polyédrose) contre Noctuelles Auxiliaires

Contre limaces Anti-limace métaldéhyde (uniquement en pièges)

Acariens : dégâts sur melon Solarisation sous tunnel

Alter Agri • novembre/décembre 2001 • n°5016

Préservation et introductiondes auxiliaires Il faut privilégier les méthodes permet-tant d’instaurer un équilibre entre auxi-liaires et ravageurs. Il faut égalementconsacrer du temps à l’observation despopulations, fonction essentielle dumétier de maraîcher en agriculturebiologique.

• Préservation

- Maintien de la faune auxiliaire : haieset bordures floralesLes haies constituent non seulement desbrise-vents, mais aussi des refuges natu-rels pour les oiseaux et insectes utiles.Les fleurs sont essentielles commesources de nourriture pour de nombreuxauxiliaires des cultures car ils sont égale-ment consommateurs de nectar (Hymé-noptères sur Ombellifères notamment,larves de certains chrysopes sur Compo-sées) et de pollen (coccinelle).Les zones florales peuvent être établiesle long des chemins, autour des parcellesou entre les serres. La diversité desespèces permettra d’étaler la période defloraison et d’attirer une large gammed’insectes utiles : Ombellifères (carotte),Composées (achillée), Légumineuses(trèfle), Labiacées (menthe), phacélie…

- Traitements insecticides La roténone et les pyrèthres sont desinsecticides polyvalents donc toxiquespour la faune auxiliaire : il convientd’éviter les traitements généralisés etde privilégier les interventions localiséessur foyers, sauf en cas de risquesimportants (périodes de vols, fortepression dans l’environnement…). Enrevanche, le Bacillus thuringiensis estsélectif des chenilles ; il est donc sanseffet nocif pour les auxiliaires, ainsi quepour les poissons, abeilles et le gibier.

• Introduction d’auxiliairesSous abris, l’introduction des auxiliaires

est utile lorsque la faune autochtone estabsente, insuffisante ou en retard dansson installation par rapport au ravageurvisé. Ainsi, contre pucerons, on obtient debons résultats avec l’introduction d’Aphi-dius, par des lâchers ou par l’installationde plantes relais en début de culture.

La maîtrise desadventices

Le renoncement aux désherbants est lamesure la plus significative lors de lareconversion. La maîtrise des adven-tices devient en effet une préoccupa-tion importante et requiert notam-ment des besoins élevés en maind’œuvre.

La maîtrise des adventicesfait intervenir des moyenscomplémentaires

•Elle impose des stratégies différenciéesselon les groupes de cultures, notam-ment en fonction du mode d’installationde la culture. Les légumes semés (carot-te, oignon, épinard...) et certains

légumes plantés (oignon, poireau,chou...) imposent l’association de diffé-rentes opérations de désherbages ther-miques et mécaniques, avec des posi-tionnements ajustés des différentestechniques. Les légumes plantés impo-seront les mêmes associations, sauflorsque le paillage est utilisable (salades,melon, courgette, tomate, concombre...).

• Elle induit des coûts élevés :- en main d’œuvre (désherbage manuel)- en matériel : en particulier, les désher-

bages mécaniques et thermiques impo-seront à la fois un choix adapté dumatériel de semis ou plantation (semisen ligne en radis) et l’investissement dumatériel de désherbage.

Quelques conséquencesde la conversion àl’agriculture biologique

• Rendements souvent inférieurs auconventionnel (pertes parfoisnotables par des problèmes sani-taires ou d’enherbement).

• Coûts de production supérieurs :notamment la main d’œuvre et lematériel de désherbage, les fertili-sants, la protection phytosanitaireen cas d’achat d’auxiliaires...

• Temps de travail supérieur pour lecontrôle des cultures : davantage decultures, observations plus longuesde l’état sanitaire, de la présence desravageurs et auxiliaires.

• Peu de références technico-écono-miques et d’assistance technique.

• Travail revalorisé car plus intéressantet moins dangereux (pas de traite-ments phytosanitaires…)

• Marché encore porteur (prix souventsupérieurs au conventionnel maisavenir incertain sur cette tendance etmarché parfois aléatoire à certainespériodes.

• Contribution au respect de l’environ-nement. ■

Remerciements à:G. Rocques et Y. Tachoire (agriculteurs bio-logiques), Alain Arrufat (CIVAM bio LR),Jean-Pierre Thicoïpé et Dominique Berry(SERAIL), J. F Lizot et R. Desvaux (GRAB).Crédit photographique : GRAB

Mesures préventives Mesures curatives

Rotation des cultures et Désherbage thermique

Entretien des bordures Désherbage mécanique : sarcleuse,

Faux semis + désherbage thermique brosseuse, herse étrille

Paillage Désherbage manuel

Désinfection vapeur

Solarisation (moitié Sud de la France)

Lutte contre pucerons : plantes-relais