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Le mot du président Bonjour à toutes et à tous, Les vacances d’été approchent et du coup le stage à Kerguelen pointe son nez. Certains (es) parmi vous y participeront. C’est un bon moment pour se retrouver autour de notre pratique dans une ambiance sym- pathique et détendue. Un bon moment pour approfondir la forme et les bons gestes. De plus la proximité de la mer et le bon air qu’elle nous apporte vivifient les sensations. Pour ceux (celles) qui n’auront pas la chance de nous rejoindre, je leur souhaite de bonnes vacances et, qui sait, peut-être, pour les plus coura- geux ou disponibles, nous reverrons-nous au cours de l’été durant les pratiques du mardi soir au parc André Citroën. À vous tous (toutes) je souhaite en mon nom et au nom des membres du conseil d’administration de bonnes vacances et nous espérons tous bien vous revoir en septembre lors de la rentrée. Amicalement Michel Les explications du professeur : les exercices provenant de la boxe de la Grue Blanche Sept exercices pour relâcher le corps sōng shēn qī fǎ : relâcher corps sept méthodes Ces exercices provenant de la boxe de la Grue Blanche (Bai He Quan) ont été intégrés au Taichi Chuan par Huang Hsin Hsien (Huang Xin Xian) Maître de Taichi Chuan et contemporain de Maître Wang Yen Nien. À l’instar de ce dernier, Huang Hsin Hsian s’est exilé à Taiwan lors de la prise de pouvoir des communistes en Chine, il a émigré, ensuite, d’abord à Singapour, puis en Malaisie où il a formé un grand nombre de prati- quants. Grand expert de la boxe de la Grue Blanche, c’est à Taiwan qu’il a suivi l’enseignement de Maître Zheng Man Qing, que Wang Yen Nian désignait comme son « grand frère de pratique » (Shixiong) parce qu’ils avaient eu le même Maître : Zhang Qin Lin, à ceci près que ce dernier n’a enseigné que le tuishou à Zheng Man Qing. Huang Hsin Hsian était réputé pour la puissance de son « fajin » (expression d’énergie dans le combat), puissance qui contrastait étonnamment avec la douceur de ses mains au contact de son partenaire. Par analogie, qui peut imaginer que l’eau est capable de générer une force susceptible de transpercer un r o- cher ? C’est pourtant ce que fait le « coupe jet d’eau » (water jet cutter) utilisé par les chinois pour décou- per le marbre à Taiwan. Quels sont les moyens de développer la douceur et la puissance, qualités indissociables, et qui fondent l’essence même d’un art martial « interne » ? Comment développer en soi le doux (róu, doux, souple), et le dur (gāng, dur, ferme), 2 notions insépa- rables récurrentes dans les textes classiques du taiji quan ? « De l’extrême douceur naît la plus grande fermeté » 然後 jí róu ruǎn rán hòu jí jiān gāng : extrême douceur (souplesse) ensuite extrême dure- té (fermeté) Numéro 9 - juin 2017 1

Le mot du président 1 7 · 2019. 6. 19. · Le mot du président Bonjour à toutes et à tous, Les vacances d’été approchent et du coup le stage à Kerguelen pointe son nez

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  • Le mot du président

    Bonjour à toutes et à tous,

    Les vacances d’été approchent et du coup le stage à Kerguelen pointe son nez. Certains (es) parmi vous y participeront. C’est un bon moment pour se retrouver autour de notre pratique dans une ambiance sym-pathique et détendue. Un bon moment pour approfondir la forme et les bons gestes. De plus la proximité de la mer et le bon air qu’elle nous apporte vivifient les sensations. Pour ceux (celles) qui n’auront pas la chance de nous rejoindre, je leur souhaite de bonnes vacances et, qui sait, peut-être, pour les plus coura-geux ou disponibles, nous reverrons-nous au cours de l’été durant les pratiques du mardi soir au parc André Citroën.

    À vous tous (toutes) je souhaite en mon nom et au nom des membres du conseil d’administration de bonnes vacances et nous espérons tous bien vous revoir en septembre lors de la rentrée. Amicalement

    Michel

    Les explications du professeur : les exercices provenant de la boxe de la Grue Blanche

    Sept exercices pour relâcher le corps

    鬆 身 七 法 sōng shēn qī fǎ : relâcher corps sept méthodes

    Ces exercices provenant de la boxe de la Grue Blanche (Bai He Quan) ont été intégrés au Taichi Chuan par Huang Hsin Hsien (Huang Xin Xian) Maître de Taichi Chuan et contemporain de Maître Wang Yen Nien. À l’instar de ce dernier, Huang Hsin Hsian s’est exilé à Taiwan lors de la prise de pouvoir des communistes en Chine, il a émigré, ensuite, d’abord à Singapour, puis en Malaisie où il a formé un grand nombre de prati-quants. Grand expert de la boxe de la Grue Blanche, c’est à Taiwan qu’il a suivi l’enseignement de Maître Zheng Man Qing, que Wang Yen Nian désignait comme son « grand frère de pratique » (Shixiong) parce qu’ils avaient eu le même Maître : Zhang Qin Lin, à ceci près que ce dernier n’a enseigné que le tuishou à Zheng Man Qing.

    Huang Hsin Hsian était réputé pour la puissance de son « fajin » (expression d’énergie dans le combat), puissance qui contrastait étonnamment avec la douceur de ses mains au contact de son partenaire. Par analogie, qui peut imaginer que l’eau est capable de générer une force susceptible de transpercer un ro-cher ? C’est pourtant ce que fait le « coupe jet d’eau » (water jet cutter) utilisé par les chinois pour décou-per le marbre à Taiwan.

    Quels sont les moyens de développer la douceur et la puissance, qualités indissociables, et qui fondent l’essence même d’un art martial « interne » ?

    Comment développer en soi le doux (柔róu, doux, souple), et le dur (剛gāng, dur, ferme), 2 notions insépa-

    rables récurrentes dans les textes classiques du taiji quan ?

    « De l’extrême douceur naît la plus grande fermeté »

    極 柔 軟 然後 極 堅 剛 jí róu ruǎn rán hòu jí jiān gāng : extrême douceur (souplesse) ensuite extrême dure-té (fermeté)

    Num

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  • « Les 7 exercices pour relâcher le corps » répondent en partie à cette exigence, en contribuant à unir et coor-donner toutes les parties du corps, à développer la force interne dans un corps souple et doux. Ils permettent également aux élèves d’acquérir la technique de l’essorage, pratiquée dans les cours de tuishou. Les jambes, les bras, la colonne vont progressivement former un arc, et de cet arc va émerger sa corde : l’énergie interne culti-vée dans le corps et émise lors d’une poussée.

    Je vous livre, ici, une partie de ma traduction française du manuel de pratique chinois écrit par Zheng Hsian Qi et qui concerne les bienfaits de chaque exercice :

    1er exercice : Tourner la taille, relâcher les hanches

    轉 腰 鬆 骻 zhuǎn yāo sōng kuà : tourner taille relâcher hanches

    C’est le mouvement qui permet le plus de relâcher les épaules, les hanches, les genoux. La décontraction de

    tout le corps facilite, dans un deuxième temps, l’assouplissement des articulations. La sensation d’une meil-

    leure circulation dans le corps apparaît rapidement. De plus, cet exercice stimule et conduit le Qi dans les

    bras jusque dans les mains et rééquilibre le fonctionnement des organes.

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  • 2ème exercice : rassembler le qi, relâcher le corps

    合 氣 鬆 身 hé qì sōng shēn : réunir qi relâcher corps

    La force cinétique engendrée par les mouvements des bras et du tronc synchronisés avec la montée et la descente

    des jambes contribue au relâchement des genoux. L'exercice, fait en cadence, relâche tout le corps, concentre et

    développe l'énergie dans le jiaji (passe de la « pince spinale » entre la 6ème et 7ème vertèbre sur le Dumai).

    3ème exercice : Lancer les bras, relâcher les épaules

    擺 臂 鬆 肩 bǎi bèi sōng jiān : agiter bras relâcher épaules

    L’exercice dissipe les tensions dans les cuisses et les épaules. Cet exercice simple et ludique, et pratiqué

    dans la bonne humeur, favorise le relâchement des épaules, des hanches et des genoux.

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  • 4ème exercice : Fléchir en avant, détendre les tendons

    彎 腰 鬆 筋 wān yāo sōng jīn : courber taille relâcher tendon On peut décomposer cet exercice en plusieurs parties : 1 – Relâcher la région lombaire : cette partie est rythmée par deux mouvements pouvant se décrire ainsi : « attraper, lancer », « extension vers l'avant, extension vers soi ». Elle met l'accent sur le relâchement de la région lombaire, développe la puissance des tendons, des muscles et des os au niveau de la colonne lom-baire et du sacrum, prévient des tours de reins, étire en douceur les muscles des cuisses et des mollets, active le méridien de la vessie, et stimule le métabolisme et le système immunitaire. 2 – Mouvements rotatoires : en tournant les bras, avec le buste fléchi, les épaules se détendent et la circu-lation sanguine est activée de la première à la septième dorsale. En détendant les épaules, on régule le sys-tème respiratoire et on rééquilibre la tension artérielle. 3– Petites secousses : Elles sont déclenchées grâce au qi de la région abdominale, la circulation sanguine est activée et la puissance du qi renforcée. 4 – Rotations de la taille : cet exercice développe la force des hanches qui tournent sur l'axe des jambes, ré-duit le risque d'usure des articulations coxo-fémorales et stimule le mouvement péristaltique des intestins.

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  • 5ème exercice : S’asseoir dans les jambes, relâcher les genoux

    坐 腿 鬆 膝 zuò tuǐ sōng xī : s’asseoir jambe relâcher genou

    Le frottement du pied sur le sol développe l'écoute du pied ! Ainsi, les genoux se détendent naturellement.

    Cet exercice protège de l'usure des genoux ou de leur dégénérescence due à l'arthrite, problèmes qui vien-

    nent, le plus souvent, d'une mauvaise utilisation des genoux dans la marche. Cela apprend à bien transférer

    le poids du corps dans le respect du fonctionnement mécanique des genoux.

    6ème exercice : Tourner le corps, relâcher les hanches

    轉 身 鬆 骻 zhuǎn shēn sōng kuà : tourner corps relâcher hanches

    L'exercice consiste à tourner le corps à partir de la taille et des hanches et développe la capacité de trans-

    formation, le corps devient, alors, plus agile. Il permet, également, de rééduquer les mouvements de la

    taille pratiqués dans la vie quotidienne. Les hanches et la taille se détendent de sorte que le centre de gravi-

    té descend jusqu'au niveau où l'enracinement « coule » (沉 chén) dans le sol à travers le point Yong quan (la source jaillissante). (Photos page suivante)

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  • 7ème exercice : Lever les bras relâcher la taille

    提 臂 鬆 腰 tí bèi sōng yāo

    Cet exercice développe la mobilité et l'agilité des hanches et de la taille, il renforce la puissance de la région lombaire, et stimule la circulation du qi dans les reins, le qi peut ainsi pénétrer la moelle osseuse. Quand on le pratique régulièrement, les jambes ne souffrent plus. (Photos page suivante)

    Sabine

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  • Paroles de pratiquants : Voyage en terre de Chine

    Début avril, encadré par Sabine et ses comparses, nous sommes partis faire un stage de tuishou-touriste à Taïwan. Rien que du bonheur! Les amis qui nous recevaient étaient disponibles et charmants. Ils nous ont fait partager leurs expériences avec gentillesse et bonne humeur ; nous montrant et nous remontrant le bon geste. De plus les excur-sions qui nous ont été proposées par nos Gentils Organisateurs étaient des plus intéressantes. Mais le coût et la durée du voyage sont pour beaucoup d’entre nous un obstacle difficilement surmontable.

    C’est pourquoi, voulant me rappeler ces doux moments, fin mai je suis allé au ‘’jardin de Yili’’ à Saint Rémy l’Honoré (Yvelines). Pour 5 €, c’est le dépaysement à 30 minutes de Paris. Vous y trouverez des pièces d’eau dans de beaux jardins pleins de fleurs, des petits endroits où s’arrêter et se reposer, méditer ou … pour une bonne après-midi de flânerie au grand air, voilà un lieu à connaître. Les amateurs de bonsaïs aussi seront servis, en effet, le maitre des lieux cultive les bonsaïs depuis de nombreuses années. Pour vous mettre l’eau à la bouche : http://jardinyili.com/ Et aussi pour 3 €, encore moins loin : le jardin Albert Khan

    Michel

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    http://jardinyili.com/https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_d%C3%A9partemental_Albert-Kahn

  • Yin Yang culturel Bric-à-brac culturel

    Jusqu’au 26 août, il est possible de voir sur le site d’Arte un documentaire consacré au chorégraphe Ohad Naharin dont je vous disais quelques mots dans le bulletin précédent. C’est en quelque sorte une autre version du film, plus courte, et avec quelques différences. La séquence de la chute ouvre le documentaire.

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    Danse et Arte encore : le 18 juin 2006, Arte diffusait Cursive II, du Cloud Gate Dance Theatre, le présentant ainsi :

    « Créé par Lin Hwai-min, Cursive II fait partie d'une trilogie qui célèbre la calligraphie chinoise. Le chorégraphe taïwanais s'appuie sur les signes que les maîtres de calligraphies ont tracé il y a plusieurs milliers d'années sur le papier de riz en fai-sant danser leur pinceau. Il transmet cette énergie aux corps de ses danseurs, formés au Taichi chuan et au kung-fu. En onze tableaux, il leur donne un cadre pour improviser sur les mouvements très anciens, avec une musique de John Cage. »

    Je ne l’ai pas regardé à l’époque, mais, pour une raison qui m’échappe un peu aujourd’hui, j’ai imprimé la page d’Arte et l’ai mise de côté. Je l’ai relue environ huit ans plus tard… et je ne l’ai pas regretté.

    Peu de spectacles du Cloud Gate Dance Theatre sont disponibles en DVD ou sur Internet. Dans une qualité pas trop mauvaise, on trouve sur Internet Bamboo Dream, que pour ma part je trouve très beau. Il y a quelque temps, j’ai com-mandé le DVD de Cursive II (le premier et le dernier volets de la trilogie sont introuvables), qui m’a beaucoup plu éga-lement. Et il y a quelques semaines, Sabine m’a très gentiment rapporté de Taïwan Moon Water, qui est vraiment très bien aussi. C’est dans ce dernier que j’ai trouvé, par moment, le plus de résonnances avec le Taichi chuan.

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    Au cours de l’été 2016, le psychiatre Christophe André a tenu une émission sur France culture, Trois minutes à méditer. Les quarante épisodes sont devenus les quarante chapitres d’un livre. Chacun d’entre eux s’ouvre très souvent par une citation ; celui de la méditation de la montagne commence par un poème du poète chinois Li Po (701-762) qui me plaît beaucoup et que j’ai eu envie de partager avec vous.

    « Les oiseaux ont disparu dans le ciel, Le dernier nuage s’est évanoui. Nous sommes assis ensemble, La montagne et moi, Jusqu’à ce que, seule, La montagne demeure. »

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    Poésie encore, avec la parution en début de cette année d’un recueil de François Cheng, académicien, écrivain, es-sayiste, poète (et qui fut le professeur de poésie de Sabine à l’INALCO) : La vraie gloire est ici. Parmi les quelque 150 poèmes de ce recueil, j’en ai très arbitrairement choisi trois. Rémi

    À la source du long fleuve

    Austères glaciers, Tendre filet d’eau…

    Voici que le fleuve retourne à sa source, Que nous terminons notre grand périple.

    Tant de jours à longer le fleuve millénaire, Toujours à contre-courant, à contretemps.

    À sillonner l’aride haut plateau, Creusé de ravins, menacé de vautours,

    À traquer chairs crues et fruits sauvages, À dormir à même les herbes virginales,

    À traverser le lac aux étoiles, poussant plus loin Nos corps tatoués de gelures, de brûlures,

    Minuscule caravane à bout d’endurance, En ce point de l’ultime rendez-vous,

    Austères glaciers, tendres filets d’eau, Où toute fin est commencement.

    Au royaume de l’intervalle, où Circule le souffle du vide médian, Celui qui naît d’un double élan de vie Voit son âme germer et croître. Au royaume de l’intervalle, où Se libérant de la chaîne des monts, Une source se transmue en nuage-pluie, Entre ciel et terre – cercle infini.

    Bleus de la profondeur, Nous n’en finirons pas

    d’interroger votre mystère. L’illimité n’étant Point à notre portée,

    il nous reste à creuser, ô bleus

    Du ciel et de la mer, Votre mystère qui n’est autre

    que nos propres bleus à l’âme.

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    http://www.arte.tv/fr/videos/052804-000-A/mr-gagahttps://www.youtube.com/watch?v=_6JzOjJAWhwhttps://www.franceculture.fr/emissions/trois-minutes-mediter