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DE L'INSTITUT BIBLIQUE DE NOGENT Histoire méconnue d’une « institution » évangélique très connue : le mouvement des Écoles du Dimanche au XIX e siècle Janvier 2011 - N° 150 Cahier IBN n°150_2011 14/01/11 10:40 Page1

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DE L'INSTITUT BIBLIQUE DE NOGENT

Histoire méconnue d’une « institution »évangélique très connue :

le mouvement des Écoles du Dimanche au XIXe siècle

Janvier 2011 - N° 150

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Institut Biblique de Nogent

Bonne année 2011 !

Avec les bons vœux de la direction de l’Institut,

de toute l’équipe et de l’ensemble des étudiants.

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Une enquête, à partirdes dossiers d’ins-cription des étu-

diants formés à l’IBN, mon-trerait combien nombreuxsont celles et ceux qui, avantde venir étudier à l’ombre dugrand cèdre, ont reçu leurs

premiers enseignementsb ib l iques à l ’Éco le duDimanche (ÉdD), et par làcombien les enseignants sontredevables à cette «!armée demoniteurs et monitrices! »qui, hors vacances scolaires,font vivre ces écoles.

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L’Institut a le privilège de compter un doctorat d’universi-té de plus au palmarès de ses professeurs ! Le jour mêmede la rentrée, le 22 septembre, Anne Ruolt soutenait sathèse devant un jury convoqué par le département dessciences de l’éducation de l’Université de Rouen. Sarecherche (« La petite école des deux cités, genèse etcontribution du mouvement des Écoles du Dimanche audéveloppement de l’éducation populaire en France de1814 à 1902 : un modèle d’éducation “pan-anthro-pique” ») porte sur une question centrale, mais jusqu’icinégligée par les chercheurs, de la vie et de l’histoire duprotestantisme évangélique. Nous sommes reconnais-sants à Anne de permettre aux lecteurs des Cahiers, parl’article qui suit, de comprendre tout l’intérêt d’uneréflexion sur le mouvement des Écoles du Dimanche.

Histoire méconnue d’une « institution » évangélique très connue :

le mouvement des Écoles du Dimancheau XIXe siècle

Publication de l'Institut Biblique de Nogent39, Grande Rue 94130 Nogent-sur-Marne

Directeur de la publication : Jacques-Émile BlocherRédaction : Marie-José Maré Conseillers à la rédaction : Y. Blocher, A. Pownall

Revue trimestrielleAbonnement : 15 !/an Prix au numéro : 3,75 !CCP : Institut Biblique de Nogent - Paris 370 64 T

Impression : Imprimerie HenryMontreuil-sur-MerMaquette : Jacques Maré 77186 Noisiel

Dépôt légal : janvier 2011 ISSN 1156-3826

Sommaire

Le mouvement des Écolesdu Dimanche au XIXe siècle . . .3

Sur le « bloc-notes » de la Direction . . . . . . . . . . . . . . .14

Cette année à l’IBN . . . . . . . . . . .16

Supplément bibliographique . . .19

Infos IBN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20

La lettre de famille . . . . . . . . . . .21

Concerts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23

Journée Portes Ouvertes . . . . . . .24

En couverture : AlbertAnker (1831-1910), « sortiechampêtre d'une Éd D »

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Mais qui a «! inventé! » ces écoles! ?Dans quelles circonstances!? Et du reste,pourquoi parler d’écoles, «! les enfantsn’en ont-ils pas assez de l’école toute lasemaine pour encore devoir la ‘subir’ ledimanche!»!?

L’histoire des origines du mouvementnon seulement en explique le sens oublié,mais peut encore encourager les acteurscontemporains à tirer instruction du passé,en étant, comme leurs prédécesseurs, àl’écoute des besoins éducatifs, toujours pré-sents. C’est là le but de cet article de syn-thèse.

Les origines britanniques(1780)

Bien que des précurseurs seraient àsignaler, l’histoire retient que le mouvementdes ÉdD est né à Gloucester, d’un «!coupde cœur!», au sens littéral de l’expression.C’est avant le 11 juillet 17801, alors qu’il tra-

versait le populaire quartier du «! Pré-sainte-Catherine! », cherchant à embau-cher un jardinier que, saisi par la misère dehordes d’enfants livrés à eux-mêmes dansles rues, il vint à la pensée de RobertRaikes (1736-1811) de créer une «!école ledimanche! ». Celle-ci était destinée auxenfants-ouvriers livrés à eux-mêmes dès lasortie de la manufacture. Ceux-ci n’étaientlibres que le dimanche pour un minimumde scolarisation!!... (WASTON, 1853, p.!18).En homme prudent, Raikes sut attendre

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1. Mme Meredith aurait ouvert la première École duDimanche pilote dans sa maison située en face de laprison, rue Sooty, à Gloucester, le 11 juillet 1780,selon le Ministère de l’Éducation Nationalefrançais (MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE,V.!6, 1889, note n°!1, p.!466). Booth (1980, p.!79, note19) fait mention d’une dédicace datée de juillet 1780,signée par Robert Raikes, dans une bible offerte à MmeJames King, rue Sainte Catherine, en remerciement deson travail parmi les enfants. On peut avec certitudeconclure à une fondation avant cette date, contre Power(1863, p.!34) qui fixe l’épisode en 1781 ou début 1782.

Robert DOWLING (1827-1886), Origine d es Éco les du Dimanche , Quartier Hare LANE,Gloucester 1780, National Gallery of Australia, 1880

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trois ans, le temps d’évaluer la pertinencede ses ÉdD, avant d’en parler publiquement.La première tribune utilisée, le 3 novembre1783, ne fut autre que le Gloucester Journal,dont il était le rédacteur et l’imprimeur.Raikes y faisait un état des résultats obte-nus. Cet article fit tache d’huile, republiéen 1784 par le colonel Townley dans le trèspopulaire Gentlemans’s Magazine, large-ment diffusé dans l’Angleterre d’alors2.Raikes fréquentait l’Église Anglicane oùGeorge Whitefield (1714-1770), figure duGrand Réveil, prêcha son premier ser-mon. Avec l’appui du pasteur-pédagogueThomas Stock (1750-1803), puis du philan-thrope-organisateur William Fox (1736-1826), le mouvement se structura, articu-lant l’enseignement de la lecture, del’écriture et du calcul, les «!3!R’s!» (reading,’riting (writing), et ’rithmetic (arithmetic),c’est-à-dire!: Lire, Écrire et Compter), à l’en-seignement de l’histoire sainte. Le dispo-sitif interdénominationnel était distinct del’enseignement du catéchisme. C’est aprèsl’ÉdD, que Raikes conduisait les jeunes aucatéchisme.

Comme en témoignait Ruben Saillens(1855-1942), ces premières Écoles revê-taient même une fonction prophylactiquecontre la délinquance juvénile!:

Angleterre. – En 1870, dit un de nosconfrères, la statistique judiciaireavait compté 10!314 criminels n’ayantpas atteint leur majorité. En 1891, lenombre des jeunes criminels esttombé à 3! 855. On attribue cetteénorme et heureuse diminution audéveloppement considérable de l’ins-truction primaire. Comment se fait-il qu’en France, où l’instruction a faitdes progrès encore plus considé-rables, la criminalité juvénile, loin dedécroître, soit en voie d’augmenta-

t ion ? Réponse ! : C’est qu’enAngleterre, en même temps quel’école primaire, l’École du Dimanches’est largement développée (SAILLENS,L’Ami de la Maison, n°!8, Août 1893,p.!32).

Presque 100 ans après l’ouverture de lapremière École, le fondateur de l’IBNdonne encore un témoignage saisissant dece qu’il avait lui-même vécu en Angleterreoù il était entré en contact avec les enfantsdes rues de la capitale londonienne par letravail du Dr Barnardo (1845-1900), alorsintendant de l’Institut de Henry GrattanGuinness (1835-1910). Il témoigne de lasorte!:

Le Dr Barnardo m’a donné dernière-ment une place de moniteur dans sesÉcoles du Dimanche. Je croyais nosgamins bien mauvais et nos écolesbien mal organisées [à Lyon], mais cen’est rien en comparaison de l’EastEnd Juvenile Mission. Le docteurracontait l’autre jour qu’à ses débuts,les élèves l’avaient jeté par la fenêtre.Dimanche dernier, il s’en est fallu depeu que les gamins ne nous en fis-sent autant (WARGENAU-SAILLENS,1947, p.!60).

Les premières initiativesfrançaises (1814)

Si la première ÉdD connue, de languefrançaise, est ouverte à Genève en 1813 parles jeunes Émile Guers (1794-1882) et

2. Le Gentleman’s Magazine, 1784, Vol!54, p.!410. Ils’agit du premier magazine généraliste édité enJanvier 1731 à Londres par Edward Cave. Les archivesde 1731 à 1750 sont accessibles en ligne :http://www.bodley.ox.ac.uk/ilej/ [site consulté le 22juillet 2007].

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Henri Louis Empeytaz (1780-1885), reve-nant d’Angleterre et si le mouvement estorganisé dès 1817 par César Malan (1787-1864) (LOMBARD, 1907, p.!52-53)3, ce dispo-sitif éducatif, «!fruit excellent du Réveil!»comme le désigne Matthieu Lelièvre (1840-1930), ténor du méthodisme, et AliceWemyss, arrive aussi en France d’outreManche (LELIÈVRE, JÉdD, 1890, p.!364-367!;405-409!; Wemyss, 1977, p. 113). C’est aupasteur Laurent Cadoret (1770-1861) querevient le mérite d’avoir le premier vouluimporter ce mouvement avec la volonté dele développer en France à partir de l’écolemodèle qu’il fondait le 7 août 1814 à l’É-glise Réformée dont il était le pasteur, àLuneray, en Normandie (CADORET, MssLe ttre à Tracy, Dieppe 9 août 1814).Précurseur du Réveil, Cadoret dut démis-sionner, un petit groupe de membres libé-raux de l’Église s’opposant aux idées«!réveillées!» de leur pasteur, agent offi-cieux de la Mission de Londres en France.Sans liens avérés, dès son arrivée en

France, le méthodiste Charles Cook (1787-1858) ouvrait une ÉdD en 1818 à Beuville,en Normandie aussi (J.! P. COOK, 1862,p.!46, note n°!1).

En parallèle, dès 1815, des Écoles nais-saient dans le Midi de la France!: à Bordeaux,le pasteur François Martin père (1857-1838)fut un des fers de lance du mouvement, fon-dant en 1815 une première ÉdD sur lademande de l’Union des écoles de Londres,assortie d’une subvention de 250!francs (J.!P.COOK, MagÉdD, 1851, p.!258, J.!MONOD, 1852,p.!66). Le pasteur David César Chabrand(1780-1863), co-fondateur de la Société desLivres Religieux (SLR) de Toulouse(CARLUER, Théologie Évangélique , 2007,p.!205), publia en 1817 la première brochurepratique en français sur les ÉdD «!Des écolesdu dimanche, de leur importance et de lamanière de les diriger!».

Les premiers efforts decoordination des ÉdDLe Comité d’Encouragementdes ÉdD (1826-1828)

Le rôle primordial joué par les publica-tions pour l’expansion du mouvement sevérifie aussi en France. La brochure deChabrand est publiée en 1818, à Paris, parla rédaction des Archives du Christianismeau d ix-neuvième siècle4.

Ce sont les lettres des lecteurs à cepériodique protestant-orthodoxe qui pro-voquèrent la création, en 1826, du premierComité d’Encouragement des ÉdD. Cecomité était dirigé par des notables protes-

3. En 1813, Guers et Empeytaz fondent la premièreÉcole du Dimanche de Suisse romande à Genève.En 1817, César Malan organise les Écoles duDimanche.En 1827, Gaussen, pasteur à Satigny, fait évoluer lecatéchisme.En 1835, Gaussen tient une École du Dimanche àl’Oratoire où des groupes sont établis.En 1884, est fondée l’Union des Écoles du Dimancheet Catéchismes Évangéliques du canton de Genève.En 1907, on comptait!: 66 écoles!; 7!316 élèves (3!378garçons et 3! 938 filles) avec 644 moniteurs (184hommes et 460 femmes).«!Gaussen, pasteur à Satigny, avait déjà commencé,en 1827, à substituer une Instruction religieusebiblique au catéchisme officiel, trop anti-évangé-lique. Il y posait des questions spontanées. Mais il fitplus encore, il ouvrit une École du Dimanche à côtéde son catéchisme public… Dès 1835, Gaussen tenaitune école du dimanche à l’Oratoire… L’assistance secomposait de cent à deux cents enfants!». (LOMBARD,1907, p.!52-53).

4. CHABRAND, D.C. (1817/1818). «! Des écoles dudimanche, de leur importance et de la manière de lesdiriger!», in Archives du Christianisme au d ix-neu-vième siècle , Paris!: Julien Chassard, 1818, p.!360.

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tants!: présidé par le baron Auguste de Staël(1790-1827), fils de Mme de Staël, puis, suiteà son décès en 1827, par Philippe AlbertStapfer (1766-1840), ancien pasteur puisministre de l’instructiond e l a R é p u b l i q u eHelvétique. Le secrétariatétait assuré par l’ardentouvrier du Réveil parisien,Henri Lutteroth (1802-1889), fils d’un riche ban-quier établi à Leipzig avantde s’installer à Paris. Cesdeux derniers furent despiliers des œuvres protestantes qui, au XIXe

siècle, sont le fruit d’un Évangile vécu.Malgré sa courte vie, ce Comité publia unebrochure!: Conseils pour l’établissement etl’organisation des Écoles du Dimanche ,Paris! : Smith, Comité des Écoles duDimanche (SHPF, 2 590 / 10) et un alpha-bet.

Meurtris par les effets de la clandesti-nité post-Révocation de l’Édit de Nantes,

les protestants n’avaientplus pu éduquer leursenfants dans leur tradi-t ion re l ig ieuse . Les«!écoles buissonnières!»5,rejeton clandestin des«! petites écoles protes-tantes! », n’avaient paspu maintenir un tauxd’alphabétisation élevé.Touchées aussi par lesefforts de déchristianisa-tion post-révolutionnaire,les premières ÉdD pal-lient à la fois l’absence descolarisation et d’ensei-gnement biblique dansles familles.

Le logo du Comité témoigne de ladouble vocation de ces écoles!: sur la pagede gauche figure la référence à Exode!51.16!:«! Les Israélites observeront le jour du

shabbat en le célébrantde génération en généra-tion, c’est une allianceéternelle! ». Sur celle dedroite, celle de Proverbes22.6!: «!Apprends à l’en-fant le chemin qu’il doitsuivre, même quand ilsera vieux, il n’en dévierapas!». L’enseignement re-

ligieux concernant l’Alliance scellée par leCréateur avec ses Créatures produit unevie «!droite!» qui «!ne dévie pas!» dès lorsqu’elle est spécifiquement enseignée auxenfants dès le bas âge.

Si la religion était à considérer comme«!l’ame [sic] de toutes [...] instructions!»,

5. Écoles «!dans les buissons!», cachées, car interdites(Bulletin de la SHP, Paris, 1859, p.!272-273).

CÉdD, Alphabet, 1827 © Anne Ruolt

Logo du Comité des ÉdD (Alphabet des ÉdD,!1827) © Anne Ruolt

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contrairement au catéchisme mémorisé,c’est le primat du compréhensif de l’ap-prentissage qui était privilégié!: «!Appli-quez-vous à cultiver l’intelligence plutôtqu’à charger la mémoire!» conclut la bro-chure (CÉdD, 1827, p.!18).

Ces écoles ont l’avantage de ne pas per-turber la vie sociale. Tous s’y retrouvaient!:les enfants pouvant continuer de travailler,les familles n’étaient pas privées de res-sources. En ville, les entrepreneurs voyaientarriver des enfants plus instruits dansleur usine. Tout cela gratuitement. Les loissur l’entrée dans le monde du travail puissur l’École (celle de Guizot date de 1833),contribuèrent à forger les mentalités pourimposer progressivement l’idée devenueaujourd’hui «!naturelle!» d’un minimumd’instruction en semaine pour tous ettoutes.

La Société d’Encouragement pourl’Instruction Primaire parmi lesProtestants de France (1829)

Alors que le Comité des ÉdD cessait sesactivités en 1828, naissait la Sociétéd’Encouragement pour l’InstructionPrimaire parmi les Protestants de France(SEIPPF), reconnue d’utilité publique le 15juillet 1829. Cet organe de l’Église réfor-mée concordataire était présidé par lemarquis de Jaucourt (1757-1852), unproche du Ministre de l’Instructionpublique d’alors! : le comte AntoineFrançois Henri Lefebvre de Vatimesnil(1789-1860)!; François Guizot acceptait lavice-présidence de la Société le 24 avril18316, avant de la présider lui-même,entre 1852 et 1872. L.F.F. Gauthey devintle directeur de l’École Normale deCourbevoie, école fondée par la SEIPPFpour former des instituteurs protestants

d’un niveau supérieur aux autres ÉcolesModèles ou Normales qui existaient déjà.

La Société des Écoles du Dimanche (1852)

Contrairement à la SEIPPF fondée selonles termes de Cabanel par les «!plus grandsnoms de l’establishment protestant fran-çais!» (CABANEL, 2006, p.!55)7, ce sont despasteurs qui fondèrent la Société des ÉdDen 1852. Cook aurait souhaité que ceMouvement se développe sous l’égide del’Alliance Évangélique (LELIÈVRE, JED, 1893,p.!470). Discuté au cours des réunions du18 décembre 1851 et du 8 janvier 1852, lerèglement fut adopté après quelques modi-fications. Malgré la demande du pasteurLouis Burnier (de l’Église indépendante dela rue Saint-Maur, alors annexe de laChapelle Taitbout), l’article III fut retiré, cequi aurait pu garantir l’orientation évan-gélique de l’œuvre. Mais la composition duComité fut jugée suffisante pour mainte-nir la SÉdD dans la juste ligne théologique.«!L’Union se compose de tous les membresdes églises évangéliques…!» devient!: «!Lasociété se compose de toutes les personnesqui prennent une part active aux Écoles duDimanche!». Cela s’explique, selon nous,par la volonté du premier président, le pas-teur Montandon, de rester ouvert aux libé-

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6. Lettre de GUIZOT au marquis de JAUCOURT accep-tant le 24 avril 1831 la vice-présidence de la SEIPPF(Mss, SEIPFF).7. Prospectus de la SEIPPF, 27 juillet 1829, Comitéd’Administration de la SEIPPF. On relève parmi eux!:1 professeur (Valdez parle de! : 2 universitaires)! ;1 industriel!; 2 négociants!; 2 futurs ministres (FrançoisGUIZOT et Élie GAUTHIER)!; 3 pasteurs!; 3 banquiers!;3 pairs de France et 1 futur pair de France!; 11 dépu-tés!; 1 ancien et 2 futurs députés!; 17 membres ou futursmembres de la Société Biblique, et 1 membre de laSociété des Missions (VALEZ, la SEIPPF, 1830, p.!3).

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raux modérés, courant auquel il apparte-nait!! L’article V exprime alors le désir quele C.A. soit représentatif des différentes com-posantes du protestantisme, sans en pré-ciser la proportion. Le premier Comitéétait composé de trois réformés!:A.L. Montandon, présid ent ;H. Paumier, secrétaire ; L. Vernes,p a s te u r ; d’un luthérien ! :Mettetal, p asteur ; d’un nonluthéro-réformé!: J.!P. Cook, tré-sorier, méthodiste, lequel vu sonengagement, était un membrefondateur «!incontournable!», etd’un instituteur, Favez, quidevait probablement apparte-nir à une Église luthéro-réformée.

Jean-Paul Cook (1828-1886), lefils du fondateur du métho-disme en France, fut «!l’homme des ÉdD,l’ami et le prédicateur de nos enfants! »(LELIÈVRE, JÉdD, 1893, p.!472). Infatigablecheville ouvrière de la Société, il lança à sesfrais, en 1851, le premier périodique «!LeMagasin des enfants! », puis grâce auxdons du philanthrope américain AlbertWoodruff (1807-1891)8, devint en 1857 sonpremier «! agent missionnaire! », le seulacteur rétribué d’un mouvement fondésur le principe du bénévolat. En effet,comme le préconisait déjà Chabrand puisle premier Comité d’Encouragement, suiteaux expériences douloureuses duMouvement anglais à ses débuts9, le béné-volat était la règle au sein de la Société(CÉdD, 1827, p.!13). À partir de 1894, desagents régionaux bénévoles s’engagèrentà représenter la SÉdD dans leur région (AGde la SÉdD, 30 avril 1894, p.!27-28).

Cependant, chaque ÉdD était auto-nome. Chacune avait son règlement propre,distinct de l’Église locale, même si souvent

le pasteur, ou l’instituteur, en était le direc-teur. Qui mieux qu’eux était à même de«! surveiller!» l’école! ?... Dans la grandeFrance rurale, le pasteur était souvent leseul universitaire (il fallait l’équivalent

d’une licence actuelle pour êtrenommé à ce poste)!; sans gradeuniversitaire, l’instituteur restaitun des mieux formés dans l’É-glise.

Les Écoles du Jeudi(1881)

Lorsque la substance des loisFerry fut discutée, en vue deséparer l’Église de l’École (1882)rendue gratuite (1881) puis obli-gatoire (1882), le législateur

8. Albert Woodruff était un homme d’affaires duMassachusetts qui fonda en 1862 la Foreign SundayScho o l Asso ciatio n (Association des Écoles duDimanche Étrangères). Sous son impulsion sontcréées à Paris des réunions de prières mensuelles pourmoniteurs, ainsi que la première rencontre de toutesles ÉdD de Paris. Une intense correspondance se déve-loppa entre les Écoles du Dimanche de France etd’Amérique. C’est grâce à son apport financier quecommença la Bibliothèque des Écoles du Dimancheet que Paul Cook fut engagé comme agent de laSociété pour développer l’œuvre. Deux petites bro-chures pratiques, signées de son nom, nous sont par-venues en français!; L’École du Dimanche !; institu-tion fondée sur la Sainte Écriture (1857)! ; et De lameilleure o rganisation d es Éco les d u Dimancheco m m e a uxilia ire d u m inis tè re é v a ng é liq ue(WOODRUFF, 1864, 32!p.). 9. Avec l’expansion du Mouvement, de 1786 à 1800,l’Union anglaise avait vu son budget exploser. Ainsi,«!Mise en difficulté financière, l’œuvre déclina fautede pouvoir payer les maîtres. À Gloucester même, tren-te ans après le début de l’œuvre, les écoles fermèrenten nombre important. Il devenait impérieux de chan-ger d’organisation et d’employer des enseignantsbénévoles! » (GREGORY, 1881, p.! 97-98). Six jeunesamorcèrent non sans résistance ce mouvement d’en-gagement bénévole à Gloucester!(MASSÉ, 1880, p.!24).

Jean-Paul COOK

(1828-1886) (PAUMIER,1889, p.!351 et J!ÉdD,

1893, p.!468)

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envisagea de libérer les écoliers!le jeudi,afin de permettre aux familles de déciderde l’instruction religieuse de leursenfants.!Les acteurs de la SEIPPF et ceuxde la SédD, bien qu’opposés, à la suite deGuizot, à ces principes de l’École laïque,gratuite et obligatoire, créèrent en 1881 lesÉdJ, prenant de facto acte du courant quiconduisait inéluctablement le gouverne-ment à progressivement faire adopter ceslois (Guizot, AG SEIPPF! : 1er mai 1852,p.!12, du 9 avril 1864, p.!12-17, du 20 avril1872).

Alors que le CÉdD avait privilégié l’al-phabétisation des jeunes protestant(e)snon scolarisé(e)s, si la SEIPPF s’était spé-cialisée dans l’enseignement primaire desemaine et la formation des instituteurs,la SédD, elle, se consacrait à l’enseigne-ment biblique et à la formation des moni-teurs. Ce sera très naturellement queconjointement, en 1881, la SEIPPF et laSÉdD fondèrent les Écoles du Jeudi. Leurbut était d’offrir un cadre pour l’instruc-tion religieuse qui n’était plus au curricu-lum 10 des écoles primaires selon la loiFerry11 (LAROCHE, 1928, p.!17!; SEIPPF, AGdu 7 Mai 1881, 112!p.). Les ÉdD relevèrentdésormais plus du culte pour enfants, enmettant l’accent sur l’enseignement desrécits du Nouveau Testament, alors quel’École du Jeudi s’orientait davantage surl’enseignement des récits de l’AncienTestament et l’histoire de l’Église (LELIÈVRE,JÉdD, 1889, p.!122).

Un cas de jurisprudence justifie l’auda-ce évangélique, pour peu qu’elle soitconforme à la loi. Lelièvre rapporte que le15 juin 1888, la Cour de Cassation a casséla condamnation prononcée par la courd’Agen contre un protestant français quiréunissait dans son château une classed’une trentaine de petites filles de 6 à 12

ans, à qui il expliquait l’Histoire Sainte lejeudi. Ce cas de jurisprudence révèle l’exis-tence d’au moins une tentative d’intimi-dation pour obliger une ÉdJ à fermer, celasur la base du diplôme. L’inspecteur pri-maire avait accusé cet homme de s’être dis-pensé des obligations légales imposées àquiconque voulait ouvrir une école. Si leParquet donna raison à l’inspecteur, laCour de Cassation renversa le jugement!:l’instruction religieuse étant autre quel’instruction primaire, les lois présidant àl’ouverture d’une école primaire ne s’ap-pliquant pas aux Écoles du Jeudi et duDimanche (LELIÈVRE, JÉdD, 1888, p.!77).

L’ÉdD, une école pourrépondre aux besoinsd’aujourd’hui

Un article plus long nous aurait permisd’évoquer les écoles déguenillées (RaggedSchools), ou les écoles missionnaires, quinaissent après la révolution de 1830 etdeviennent les ÉdD populaires après 1870grâce, par exemple, à l’action de la MissionMac All, ouvertes largement à tous lesenfants, hors protestantisme aussi. L’actionde l’Union Chrétienne de Jeunes Gens etde Jeunes Filles auprès de ces Écolespopulaires comme auprès des ÉdD méri-terait aussi d’être rapportée. Les lois sur

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10. Le Curriculum désigne l’organisation du dispo-sitif pédagogique, en l’occurrence de l’ÉdD ici dansson ensemble, sans se limiter aux «!programmes!».Pour les différentes approches du terme voir ChristianDepover, Le curriculum et ses logiques, une approchecontextualisée pour analyser les réformes et les poli-tiques éducatives, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 11-24.11. Une «!exception!» de droit local, et non la loi deséparation entre l’Église et l’État (1905), s’applique enAlsace-Lorraine, en Guyane, à Mayotte, à laMartinique, en Guadeloupe, ou encore sur l’île de laRéunion.

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la durée du travail et les vacances scolairessont l’occasion de créer, fin XIXe siècle débutXXe siècle, des écoles de garde, le soir, aprèsl’école, et les écoles de vacances, en par-ticulier durant l’été. M. et Mme dePressensé, de la Chapelle Taitbout, fleurondu Réveil parisien, n’étaient-ils aussi lespionniers des «!colonies de vacances!»12 !Au fil des besoins, les dispositifs se diver-sifiaient, l’esprit créatif des protestants-orthodoxes-réveillés restant aux aguets.

Une première interpellation concrètepourrait être tirée de l’allocution du pro-fesseur Lichtenberger. À l’occasion del’AG de la SÉdD de 1882, évoquant l’éta-blissement de l’école républicaine commela solution «!du moindre mal!», celui-ci mili-tait vigoureusement pour ce à quoi la loiautorisait toujours les protestants!: à savoiruser du jeudi pour éduquer la jeunesse.«!Emparons-nous du jeudi. Veillons à cequ’il nous appartienne bien réellement.Réclamons avec énergie, avec obstination,contre les envahissements d’un zèle indis-cret et illégal. Déjouons, par nos justes etincessantes revendications, les entreprisesdu fanatisme irréligieux. Et surtout créonssans retard l’école du jeudi et multiplions-la sur la surface du pays!» (LICHTENBERGER,AG SÉdD 30 avril 1882, p.!25-29).

Le mercredi remplace aujourd’hui lejeudi, mais quelles familles, voire mêmequels conseils d’Église, se souviennent dece qui a prévalu pour ce jour «!de congés!»au milieu de la semaine!? La laïcité fran-çaise, selon Ferry, si elle excluait l’instruc-tion religieuse apportée avant par l’insti-tuteur du curriculum des écoles, donnaitaux parents et aux Églises le temps de lacommuniquer aux enfants, le jeudi enétant l’occasion. En paraphrasant l’appeldu professeur Lichtenberger aux pasteurs

et aux parents, nous pourrions à notre tourlancer cet appel!: «!Et surtout, créons sansretard l’école du mercredi ou du samedi,et multiplions-la sur la surface dupays!»!!!Cela, non en s’efforçant de repro-duire et de maintenir une «!institution!»,mais en développant des dispositifs adap-tés aux besoins contemporains où l’ensei-gnement biblique, l’aide scolaire maisaussi les repères identitaires auprèsd’adultes stables, sont criants autant chezles jeunes que chez certains parents!!

Nous gardons cependant le plus inéditpour la fin... Dans une lettre du 12 juillet1787, adressée par Raikes à William Fox(1736-1826), nous apprenons que des gent-lemen français avaient visité Raikes ets’étaient montrés vivement intéressés parson dispositif.

Quelques g e ntle m e n français,membres de l’Académie royale,étaient avec moi la semaine der-nière. Ils ont été si fortement impres-sionnés par les conséquences socialesprometteuses du dispositif qu’ils

12. Th. Lorriaux fonda l’œuvre des Trois-Semaines en1881, une des toutes premières colonies de vacances.«!Les premières années, les enfants (72 filles en 1882)étaient répartis dans des familles campagnardes, puispeu à peu dans des maisons acquises par l’œuvre, dontcelle de Montjavoult, charmant village du Vexin, quireste encore à ce jour, le siège des activités del’Association, sous le nom de «!La Clé des Champs!».En 1888, Monsieur et Madame Lorriaux décidentd’envoyer aussi les mères de famille en vacances avecleurs enfants et, en 1889, c’est la première colonie aubord de la mer, à Bernière-sur-Mer, pour les enfantsauxquels le médecin recommande l’air marin!».www.les3semaines.org/spip.php?article8 [site consul-té le 14 novembre 2009]. C’est cependant au pasteurHermann Walter Bion, de Zurich, que sont attribuéesles premières initiatives des colonies de vacances, en1876. Pour les écoles de garde, Voir PEYSTER, 1912,36 p.! ; VALEZ, 1922, 12!p. ; JEAN-PIERRE, 1913, 31!p.! ;EVRARD, 1924, 20!p.

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m’ont pris toutes les brochures impri-mées à ce sujet, afin de proposer lafondation de telles écoles dans cer-taines de leurs paroisses de pro-vince. Mais ils connurent beaucoupde difficultés dans leur tentative(PRAY, 1847, p.!178, traduction propo-sée par nos soins).

Qui étaient ces visiteurs, rencontrantRaikes quatre mois avant l’Édit deTolérance (ou de Versailles 7-29 novembre1787)!? Le carnet de voyage de la missionenvoyée par la France en Angleterre poury visiter les hôpitaux afin de réformer ceuxde France, les cite!: il s’agit de l’académi-cien Tenon (chirurgien français 1724-1816),accompagné du Marquis Charles JosephFortuné d’Herbouville (1756-1829) et d’unautre académicien, le physicien CharlesAugustin Coulomb (1736-1806) servantd’interprète. Ils visitèrent Raikes àGloucester, le 5 juillet 1787! (URBAN, TheGentleman’s magazine du 20 juillet 1787,p.!592, GREENBAUM, 1971, p.!334). À cetteépoque, Condorcet était le secrétaire del’Académie des Sciences et eut doncconnaissance des documents rapportéspar Tenon13. Dans quelle mesure l’expé-rience de Raikes a-t-elle inspiré la place quetiennent les ÉdD dans le discours de cemême Condorcet en 1792!? Mais que sontdevenues ces idées!?

Fondées en Angleterre dès 1892 parMme Gray, et en 1894 par Anderson surle modèle antérieur de Raikes, que sontdevenues les ÉdD socialistes évoquéespar Cook comme par Wilfred Monod!? Cedernier commentait aussi!: «!Sauf erreur,j’ai lu quelque part que les catholiques nousenviaient nos écoles du dimanche. Lessocialistes font mieux que nous envier, ilsnous les ont empruntées.!» (W.!MONOD,

1902, p.!6!; J.-P. COOK, MagÉdD, 1857, p.!64).

Pourquoi ces ÉdD non confessionnellesn’existent-elles plus aujourd’hui ?

Pour quelles raisons la SÉdD interdéno-minationnelle, fondée en 1852, qui étaitdevenue une Société d’édition, organedes Églises luthéro-Réformées en 1989, a-t-elle été dissoute en 2002!?

L’analyse des manuels que proposeJean-François Zorn montre au-delà desquestions financières comment, dès 1998,prédomine le choix de la Religionpädago-gik, avec non plus au centre le texte bibliquelu et expliqué de façon suivie, mais laréponse aux besoins des «! catéchètes! »conviant les enfants à un «! parcours! »biblique et non plus à des «!leçons!» d’É-cole du Dimanche (ZORN, ETR, T. 84, 2009).

Quel est donc a contrario le secret de lavitalité des ÉdD qui demeurent aujourd’huiencore! ? «! Rebaptisées! » par certainesÉglises luthériennes et réformées «!Écolesbibliques!», comme les ÉdD des ÉglisesÉvangéliques, elles continuent leur minis-tère d’enseignement auprès de la jeu-nesse. Ne serait-ce pas tout «! simple-ment! » la Bible et l’étude suivie etcompréhensive des récits qui se découvreau fil des livres qui la composent dans uncadre relevant d’une atmosphère «!fami-liale pieuse!»!? Émile Doumergue (1844-1937), professeur dès 1880, puis doyen dela Faculté de théologie protestante deMontauban de 1906 à 1919, insistait! :savoir lire et comprendre par soi-même esttypique du protestantisme en ce que, s’il

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13. Un document de la BNF (N.a.f. 22744, fol. 125)atteste que J. Tenon a déposé à l’Académie desSciences des documents et des ouvrages rapportés deson voyage en Angleterre, cependant ceux-ci n’ysont plus conservés ni à la Bibliothèque de l’Institut!»(GREFFE conservateur des Archives de l’Académie desSciences, Paris, mel. 7 septembre 2010).

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n’est pas nécessaire de savoir lire pour êtrecatholique ou libre-penseur, en revanche,savoir lire est indispensable à tout «!vrai!»protestant, pour lire la Bible lui-même etapprendre «!directement!» de Dieu par saParole, pour sa vie quotidienne (DOU-MERGUE, Archives, 1879 cité par Encrevé,2001, p.! 257-258). Le fondement de lavigoureuse action sociale auprès des plus

faibles plongeait ses racines dans l’ensei-gnement biblique.

Protestants, héritiers des Réveils, sou-venons-nous des ÉdD, fers de lance duRéveil protestant au début du XIXe siècle,lorsque l’école ne répondait pas de façonsatisfaisante aux besoins des enfants et àl’attente des parents... et agissons!!

Anne Ruolt

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Petite bibliographie sélective, plusieurs titres sont accessiblesgratuitement sur le site booksgoogle

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