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Sa devise est "travailler moins pour vivre plus". Découvrez dans ce dossier un Moyen Age, loin des idées reçues, joyeux, festif et ripailleur. Une époque durant laquelle, toutes classes sociales confondues, la moindre occasion est prétexte à réjouissances.
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JUILLET 2012 - N° 787
3:HIKPKG=\UZZU[:?k@r@i@h@a;M 05067 - 787 - F: 5,50 ENOS RENDEZ-VOUS INÉDITS : PRÉHISTOIRE, ARCHÉOLOGIE,
LES ROUTES DE L’HISTOIRE, L’ORIGINE D’UNE EXPRESSION…
LES DESSOUS DE… La disparition de Zola
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DÉCOUVERTEQuand l’Algérie était romaine
UN MONDE DE LOISIRS
Du paysan au chevalier, on savait s’amuser !
DE LOISIRS
LE MOYEN ÂGE EN FÊTES
4 historia juillet 2012
contributeurs
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Fabian MüllersHistorien, directeur des éditions La Muse, où sont parus : Les Jeux au Moyen Âge, Trésors de la table médiévale (sous le nom Kilij el Tabakh), Sous la tente de Nasredine.
Nelly labèreMaître de conférences à l’université de Bordeaux, elle a publié, en 2010 : Les 100 mots du Moyen Âge (Que sais-je ?) et Nouvelles du Moyen Âge (Gallimard Folio).
jean-Michel MehlProfesseur émérite d’histoire médiévale à l’université de Strasbourg. On lui doit plusieurs livres, dont Des jeux et des hommes dans la société médiévale (Champion, 2010).
jean VerdonProfesseur honoraire des universités, il est l’auteur de nombreux ouvrages. Vient de paraître, en juin : Intrigues, complots et trahisons au Moyen Âge (Perrin).
6 actualitéLes JO, otages de la politique
10 à la préhistoireLes premiers chasseurs
13 archéologieLa riche demeured’un notable du XIVe siècle
15 le Musée iNsoliteLe musée de la Contrefaçon
16 l’art de l’histoireEugène Atget, le reporter du Vieux Paris
18 les routes de l’histoireLa route de la fée Mélusine
20 l’iNédit du MoisEt pourtant, elle tourne !
21 uN illustre iNcoNNuSteinway
22 uN Mot, uNe expressioNEn grande pompe
23 l’air du teMpsDans les prisons de Nantes
26 ce jour-là18 juillet 1674, une fête à Versailles
31 dossierLe Moyen Âge en fêtesLe sport, les plaisirs de la table, les tournois, les jeux
d’échecs ou de trictrac, la danse, les Français de l’époque
– nobles ou non – savent passer le temps.
62 les dessous de…La mort d’Émile ZolaOfficiellement, l’écrivain est mort, en décembre 1902,
empoisonné au monoxyde de carbone. Officieusement ?
68 arrêt sur iMagesL’Algérie romaineDans l’Antiquité, c’était un véritable « grenier à blé ». Il
en reste de beaux vestiges. Visite guidée, en photos.
78 à l’aFFicheExpositions, cinéma, vidéo et CD-rom.
84 liVres
91 Mots croisés
92 portraitAdolphe de Madre,entrepreneur charitableDans le 10e arrondissement de Paris, ce notaire crée
vers 1850 une cité ouvrière. Encore habitée…
98 l’idée reçueVictor Hugo a toujours étéun farouche républicain
sommaire Juillet 2012
JUILLET 2012 HISTORIA 5
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Arrêt sur images : L’Algérie romaine, p. 68
Dossier : Le Moyen Âge en fêtes, p. 31
Marion LafondJournaliste indépendante, titulaire d’une maîtrise d’histoire, elle est l’auteur de L’Association Droit au Logement (Centre d’histoire sociale du XXe siècle, 2006).
Denis LefebvreHistorien, dernier titre : Les Secrets de l’expédition de Suez (Perrin, 2010). Il prépare une Histoire de la Martinique pendant la Seconde Guerre mondiale (Vendémiaire).
Joëlle ChevéSpécialiste de l’Ancien Régime, elle a fait paraître, en 2008, Marie-Thérèse d’Autriche, épouse de Louis XIV (Pygmalion, coll. Histoire des reines de France).
Laurent VissièreMembre du comité éditorial d’Historia, cet enseignant à l’université de Paris-Sorbonne prépare un livre sur le grand siège de Rhodes par les Ottomans en 1480.
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Si l’on en croit la légende, la belle passait ses nuits à bâtir bourgs et châteaux forts. On en retrouve les vestiges dans cette partie du Poitou. Suivez sa trace…
LES ROUTES DE L’HISTOIRE Par Éric Mension-Rigau
La fée bâtisseuse est la grande protectrice du Poitou. Elle accroît sa puissance et son rayonnement en construi-sant bourgs et châteaux
forts. La route qui part de Lu-signan permet d’admirer une partie de ses forteresses, en rui-nes, ravagées par les guerres de Religion, entre les départements de la Vienne, de la Vendée et des Deux-Sèvres. Les Lusignan, bran-che cadette des comtes de Poitiers, la revendiquent comme ancêtre. En 1308, cette illustre famille, qui régna à Jérusalem et à Chypre, s’éteint. À la fin du XIVe siècle, le duc Jean de Berry, qui en a reçu les biens, demande à Jean d’Arras d’écrire un long poème exaltant leur lignée. C’est la principale
La fée bâtisseuse est la grande protectrice du Poitou. Elle accroît sa puissance et son rayonnement en construi-sant bourgs et châteaux
forts. La route qui part de Lu-signan permet d’admirer une partie de ses forteresses, en rui-nes, ravagées par les guerres de Religion, entre les départements de la Vienne, de la Vendée et des Deux-Sèvres. Les Lusignan, bran-che cadette des comtes de Poitiers, la revendiquent comme ancêtre. En 1308, cette illustre famille, qui régna à Jérusalem et à Chypre, s’éteint. À la fin du XIVeXIVeXIV siècle, le duc Jean de Berry, qui en a reçu les biens, demande à Jean d’Arras d’écrire un long poème exaltant leur lignée. C’est la principale
La fée bâtisseuse est la grande protectrice du Poitou. Elle accroît sa puissance et son rayonnement en construi-sant bourgs et châteaux
forts. La route qui part de Lu-signan permet d’admirer une partie de ses forteresses, en rui-nes, ravagées par les guerres de Religion, entre les départements de la Vienne, de la Vendée et des Deux-Sèvres. Les Lusignan, bran-che cadette des comtes de Poitiers, la revendiquent comme ancêtre. En 1308, cette illustre famille, qui régna à Jérusalem et à Chypre, s’éteint. À la fin du XIVe siècle, le duc Jean de Berry, qui en a reçu les biens, demande à Jean d’Arras d’écrire un long poème exaltant leur lignée. C’est la principale
La route de la fée Mélusine
L’ancienne capitale du Bas-Poitou est un foyer de la Renaissance, dont François Ier dira qu’elle est « une fontaine de beaux esprits ». Le château de Terre-Neuve, construit à la fin du XVIe siècle pour le poète humaniste Nicolas Rapin, présente de spectaculaires cheminées, dont les décors évoquent l’alchimie, ainsi que des plafonds à caissons. Ouvert de mai à septembre.
Fondée par les ducs d’Aquitaine, l’abbaye Saint-
Pierre a été une citadelle, une cathédrale et l’un
des grands foyers intellectuels de l’Ouest. Les
vestiges des bâtiments des convers, de l’église
et du cloître, surplombant les canaux creusés par
les moines, sont remarquablement entretenus
et offrent un parcours romantique très instructif.
Ouvert du 1er février au 30 septembre.
L’ancienne bastille bâtie au XIe siècle par Mélu-
sine, sur une motte dominant l’ancien port, a été
renforcé par Richard Cœur de Lion avant d’être
démantelé sur ordre de Richelieu. Du haut du
donjon, une très belle vue sur la mer. À l’entrée de
la cité, un extraordinaire musée automobile ras-
semble deux cents véhicules fabriqués à partir
de 1885. Animations de Pâques à la Toussaint.
D 949
source de l’histoire de la fée. Elle est reprise au XVIe siècle par Brantôme et surtout par Rabe-lais qui fait d’un de ses fils l’aïeul de Pantagruel. Que raconte la légende ? Au cours d’une chasse près de Lusignan, Raimondin tue accidentellement son oncle bien-aimé, le comte de Poitiers. Désespéré, il erre dans la forêt, lorsque, près d’une source, la Font de Sé (de la Soif), il aperçoit une femme très belle qui lui promet richesse et prospérité s’il l’épouse. C’est Mélusine. Elle a un pouvoir magique : elle peut faire surgir des forteresses sans le secours d’aucun ouvrier. Raimondin, à qui elle donne dix fils, devient alors un très puissant seigneur. Elle fonde la forteresse de Lusignan, le plus grand château fort de France, réputé imprenable. Il servira de prison à Jacques Cœur et au futur Louis XII, avant d’être déman-telé au XVIe siècle ; il conserve aujourd’hui quelques bases de tours arasées. Elle construit aussi
les bâtisses de Pouzauges, Tiffau-ges, Talmont, Mervent, Vouvant et Parthenay ainsi que les murailles de La Rochelle. Mais la belle cache un secret. Ayant autrefois assassi-né son père, maudite par sa mère, elle est condamnée à prendre, tous les samedis, l’apparence d’une femme-poisson. Nul ne doit la voir ainsi. Pas même Raimondin. Mais il la surprend dans son bain, pei-gnant ses longs cheveux d’or. Mé-lusine s’échappe par une fenêtre et disparaît à jamais dans les airs sous la forme d’un monstre ailé. De Lusignan, à une vingtaine de kilomètres au sud de Poitiers, l’iti-néraire passe par Parthenay, puis fait halte à Vouvant. Perché sur un promontoire autour duquel une rivière, la Mère, décrit un beau méandre, la ville garde des vesti-ges du vaste château féodal des Lu-signan : une grande partie de l’en-ceinte ainsi que le donjon, appelé « Tour Mélusine ». Un petit musée
y est installé pour aider à percer le mystère de la fée. Dans la très belle forêt avoisinante de Mervent-Vou-vant, de magnifiques futaies de chênes et de résineux invitent à la promenade ; de nombreux sentiers pédestres y ont été aménagés.En reprenant la route vers le sud, on arrive à Fontenay-le-Comte, le centre géographique du pays mélusien, puis à Maillezais, la capitale du Marais poitevin. Ce fut le siège d’un grand évêché, célèbre pour avoir accueilli Rabelais et Agrippa d’Aubigné. Fondée à la fin du Xe siècle par Guillaume Fier-à-Bras, comte du Poitou, sur une île calcaire, l’abbaye Saint-Pierre est confiée aux bénédictins. Elle suscite la jalousie des seigneurs de Vouvant. C’est ce qui décide, en 1223, Geoffroy de Lusignan, sixième fils de Mélusine, à piller l’abbaye, alors qu’un de ses frères y est moine. Surnommé Geoffroy la Grand-Dent en raison d’une dé-fense de sanglier qui lui sort de la bouche, il est l’ancêtre du vorace Pantagruel. Saisi d’un immense repentir après le pillage, il se rend à Rome où il implore le pardon du pape et la levée de son excommu-nication en échange de son aide à la reconstruction de l’abbaye, où il fait placer son tombeau. À voir absolument.
source de l’histoire de la fée. Elle est reprise au XVIe siècle par Brantôme et surtout par Rabe-lais qui fait d’un de ses fils l’aïeul de Pantagruel. Que raconte la légende ? Au cours d’une chasse près de Lusignan, Raimondin tue accidentellement son oncle bien-aimé, le comte de Poitiers. Désespéré, il erre dans la forêt, lorsque, près d’une source, la Font de Sé (de la Soif), il aperçoit une femme très belle qui lui promet richesse et prospérité s’il l’épouse. C’est Mélusine. Elle a un pouvoir magique : elle peut faire surgir des forteresses sans le secours d’aucun ouvrier. Raimondin, à qui elle donne dix fils, devient alors un très puissant seigneur. Elle fonde la forteresse de Lusignan, le plus grand château fort de France, réputé imprenable. Il servira de prison à Jacques Cœur et au futur Louis XII, avant d’être déman-telé au XVIe siècle ; il conserve aujourd’hui quelques bases de tours arasées. Elle construit aussi
source de l’histoire de la fée. Elle est reprise au XVIe siècle par Brantôme et surtout par Rabe-lais qui fait d’un de ses fils l’aïeul de Pantagruel. Que raconte la légende ? Au cours d’une chasse près de Lusignan, Raimondin tue accidentellement son oncle bien-aimé, le comte de Poitiers. Désespéré, il erre dans la forêt, lorsque, près d’une source, la Font de Sé (de la Soif), il aperçoit une femme très belle qui lui promet richesse et prospérité s’il l’épouse. C’est Mélusine. Elle a un pouvoir magique : elle peut faire surgir des forteresses sans le secours d’aucun ouvrier. Raimondin, à qui elle donne dix fils, devient alors un très puissant seigneur. Elle fonde la forteresse de Lusignan, le plus grand château fort de France, réputé imprenable. Il servira de prison à Jacques Cœur et au futur Louis XII, avant d’être déman-telé au XVIe siècle ; il conserve aujourd’hui quelques bases de tours arasées. Elle construit aussi
les bâtisses de Pouzauges, Tiffau-ges, Talmont, Mervent, Vouvant et Parthenay ainsi que les murailles de La Rochelle. Mais la belle cache un secret. Ayant autrefois assassi-né son père, maudite par sa mère, elle est condamnée à prendre, tous les samedis, l’apparence d’une femme-poisson. Nul ne doit la voir ainsi. Pas même Raimondin. Mais il la surprend dans son bain, pei-gnant ses longs cheveux d’or. Mé-lusine s’échappe par une fenêtre et disparaît à jamais dans les airs sous la forme d’un monstre ailé. De Lusignan, à une vingtaine de kilomètres au sud de Poitiers, l’iti-néraire passe par Parthenay, puis fait halte à Vouvant. Perché sur un promontoire autour duquel une rivière, la Mère, décrit un beau méandre, la ville garde des vesti-ges du vaste château féodal des Lu-signan : une grande partie de l’en-ceinte ainsi que le donjon, appelé « Tour Mélusine ». Un petit musée
les bâtisses de Pouzauges, Tiffau-ges, Talmont, Mervent, Vouvant et Parthenay ainsi que les murailles de La Rochelle. Mais la belle cache un secret. Ayant autrefois assassi-né son père, maudite par sa mère, elle est condamnée à prendre, tous les samedis, l’apparence d’une femme-poisson. Nul ne doit la voir ainsi. Pas même Raimondin. Mais il la surprend dans son bain, pei-gnant ses longs cheveux d’or. Mé-lusine s’échappe par une fenêtre et disparaît à jamais dans les airs sous la forme d’un monstre ailé. De Lusignan, à une vingtaine de kilomètres au sud de Poitiers, l’iti-néraire passe par Parthenay, puis fait halte à Vouvant. Perché sur un promontoire autour duquel une rivière, la Mère, décrit un beau méandre, la ville garde des vesti-ges du vaste château féodal des Lu-signan : une grande partie de l’en-ceinte ainsi que le donjon, appelé « Tour Mélusine ». Un petit musée
y est installé pour aider à percer le mystère de la fée. Dans la très belle forêt avoisinante de Mervent-Vou-vant, de magnifiques futaies de chênes et de résineux invitent à la promenade ; de nombreux sentiers pédestres y ont été aménagés.En reprenant la route vers le sud, on arrive à Fontenay-le-Comte, le centre géographique du pays mélusien, puis à Maillezais, la capitale du Marais poitevin. Ce fut le siège d’un grand évêché, célèbre pour avoir accueilli Rabelais et Agrippa d’Aubigné. Fondée à la fin du Xe siècle par Guillaume Fier-à-Bras, comte du Poitou, sur une île calcaire, l’abbaye Saint-Pierre est confiée aux bénédictins. Elle suscite la jalousie des seigneurs de Vouvant. C’est ce qui décide, en 1223, Geoffroy de Lusignan, sixième fils de Mélusine, à piller l’abbaye, alors qu’un de ses frères y est moine. Surnommé Geoffroy la Grand-Dent en raison d’une dé-fense de sanglier qui lui sort de la bouche, il est l’ancêtre du vorace Pantagruel. Saisi d’un immense repentir après le pillage, il se rend à Rome où il implore le pardon du pape et la levée de son excommu-nication en échange de son aide à la reconstruction de l’abbaye, où il fait placer son tombeau. À voir absolument.
y est installé pour aider à percer le mystère de la fée. Dans la très belle forêt avoisinante de Mervent-Vou-vant, de magnifiques futaies de chênes et de résineux invitent à la promenade ; de nombreux sentiers pédestres y ont été aménagés.En reprenant la route vers le sud, on arrive à Fontenay-le-Comte, le centre géographique du pays mélusien, puis à Maillezais, la capitale du Marais poitevin. Ce fut le siège d’un grand évêché, célèbre pour avoir accueilli Rabelais et Agrippa d’Aubigné. Fondée à la fin du Xe siècle par Guillaume Fier-à-Bras, comte du Poitou, sur une île calcaire, l’abbaye Saint-Pierre est confiée aux bénédictins. Elle suscite la jalousie des seigneurs de Vouvant. C’est ce qui décide, en 1223, Geoffroy de Lusignan, sixième fils de Mélusine, à piller l’abbaye, alors qu’un de ses frères y est moine. Surnommé Geoffroy la Grand-Dent en raison d’une dé-fense de sanglier qui lui sort de la bouche, il est l’ancêtre du vorace Pantagruel. Saisi d’un immense repentir après le pillage, il se rend à Rome où il implore le pardon du pape et la levée de son excommu-nication en échange de son aide à la reconstruction de l’abbaye, où il fait placer son tombeau. À voir absolument.
Dominant la Vonne, subsistent quelques vesti-ges de la forteresse : les salles souterraines et les bases de tours d’enceinte. Au XVIIIe siècle, a été aménagée, une promenade : une allée de tilleuls, entourée de jardins, conduit à une terrasse avec une très belle vue sur la vallée. L’église, bâtie au XIe siècle par les Lusignan, est un beau spécimen de l’art roman poitevin. Ouvert toute l’année.
Au XIe siècle, l’infatigable Mélusine construit sa
première citadelle sur un promontoire, au cœur
de la Gâtine. Un kilomètre de remparts, trente
tours encerclent la cité, étape importante sur
la route de Saint-Jacques-de-Compostelle. En
témoignent tours, portes, vieux ponts, ruines du
château et maisons à pans de bois et à encorbel-
lements. Ouvert toute l’année.
L’un des plus beaux villages perchés de France, édifié au début du XIe siècle. Du vieux château des Lusignan reste le donjon, appelé « Tour Mélusine », construite, dit la légende, en une nuit par l’inévitable fée. L’église Notre-Dame, alliant dans une parfaite harmonie le roman et le gothique, est dotée d’un portail magnifiquement sculpté. On visite la tour d’avril à septembre. Un peu plus de 200 km
pour cet itinéraire.
Prévoir un très long
week-end, compte-tenu
des promenades dans
les parcs, forêts et marais.
26 historia juillet 2012
Gré
gory
Pro
ch
Ce jour-lÀ
18 juillet 1674 une fête À versailles
Dossier32Les débuts de la civilisa tion des loisirsOù sont passées les 15 semaines de temps libre du XVe siècle ?Par Jean Verdon
39L’art de mouiller la chemiseLe jeu de paume est incontestablement le sport en vogue. Surtout quand les rois donnent l’exemple.Par Jean-Michel Mehl
44Banquets, bombances et bons motsLa France médiévale fait honneur à la bonne chère. La preuve.Par Nelly Labère
50Athlétiques et violents !Alors que les chevaliers se divertissent les armes à la main, les manants se livrent à des parties de soule, tout aussi dangereuses, voire meurtrières.Par Fabian Müllers
55Quand tout le royaume fait la fêteLa moindre occasion est prétexte à la danse, au rire, au déguisement… C’est le 14 Juillet à la puissance 100 !Par Laurent Vissière
De cette période, on garde l’image de temps durs, obscurs, où les nobles guerroient et où le peuple affronte la misère. Mais c’est aussi
une époque où l’on profite de la moindre fête religieuse ou villageoise pour se divertir. À la cour, on se livre à la chasse, aux joutes, aux échecs, on découvre les plaisirs de la table… Dans les villes, les
tavernes font le plein avec les joueurs de dés… Dans les campagnes, les jeunes inventent un sport connu aujourd’hui sous le nom de rugby…
s’amuse
Le Moyen Âge
EN UN CLIN D’ŒIL LA LANGUE FRANÇAISE INVESTIE PAR LES EXPRESSIONS DU JEU DE PAUME
ACE : service gagnant au tennis. L’adversaire fait une faute directe ou ne touche pas la balle.
AIS : petite planche en bois à la base du mur opposé au bailleur.
BAILLEUR : le joueur au service.
BISQUE, BISQUE, RAGE : la bisque est un point gagnant, un joker qui peut déterminer le gain du jeu, mais que le joueur ne peut utiliser qu’une fois, d’où la rage du perdant. S’utilise pour narguer quelqu’un et le faire enrager.
BRICOLE : désigne le grand mur, sans galerie, à mettre en rapport avec la catapulte. Un coup de bricole est le retour de la balle lorsqu’elle a frappé ce mur. D’où est tiré le sens de « moyen détourné, habile ».
ENFANTS DE LA BALLE : enfants d’un maître de jeu de paume (ou d’un fabricant de balles), situation qui fait d’eux des experts en matière de paume. Désigne toute personne exerçant le même métier que ses parents.
ÉPATER LA GALERIE : les galeries sont les espaces couverts sur deux ou trois côtés de la salle. Celui qui « épate la galerie » est le joueur qui joue tellement bien qu’il « coupe » les jambes aux spectateurs.
PELOTER : jouer à la paume, sans que ce soit une partie réglée ; on se contente d’échanger quelques balles. La balle ne fait souvent que « caresser » le mur.
PRENDRE LA BALLE AU BOND : le receveur doit soit renvoyer la balle à la volée, soit la reprendre après son premier rebond.
QUI VA À LA CHASSE PERD SA PLACE : lorsque le receveur de la balle ne parvient pas à la renvoyer avant le second rebond, il y a « chasse », mais le point ne sera définitif que lorsque le bailleur aura réussi à défendre sa chasse. Pour ce faire, il va changer sa place avec le receveur.
TENNIS : terme dérivé du français « tenez », utilisé par le bailleur au moment du service.
TOMBER À PIC : lorsque la balle arrive au pied du mur du fond, côté dedans, elle tombe à pic et permet de marquer le bon point.
TRIPOT : du latin tripudium, la danse. Les pas et sauts effectués par les joueurs évoquent une danse. Le mot est devenu synonyme de maison de jeux malfamée.
Jean-Michel Mehl
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Gros plan sur la salle et ses spécificités
JUILLET 2012 HISTORIA 41
EN UN CLIN D’ŒIL LA LANGUE FRANÇAISE INVESTIE PAR LES EXPRESSIONS DU JEU DE PAUME
Gros plan sur la salle et ses spécificités
92 HISTORIA JUILLET 2012
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ADOLPHE DE MADRE ENTREPRENEUR CHARITABLE
Né à Cambrai en 1813, il décède à Paris en 1876.