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Dossier de candidature au Label Pays d’art et d’histoire « Le Pays du Mont-Blanc : berceau mondial du tourisme de montagne » – PAYSALP 1 Avec le soutien financier : Dossier de candidature LE PAYS DU MONT-BLANC : BERCEAU MONDIAL DU TOURISME DE MONTAGNE DOSSIER DE CANDIDATURE AU L ABEL NATIONAL « V ILLES ET PAYS D ART ET D HISTOIRE » Septembre 2018

LE PAYS DU MONT- LAN ER EAU MONDIAL DU TOURISME DE MONTAGNE

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Dossier de candidature au Label Pays d’art et d’histoire « Le Pays du Mont-Blanc : berceau mondial du tourisme de montagne » – PAYSALP

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Avec le soutien financier :

Dossier de candidature

LE PAYS DU MONT-BLANC :

BERCEAU MONDIAL DU TOURISME DE MONTAGNE

DOSSIER DE CANDIDATURE AU LABEL NATIONAL « VILLES ET PAYS D’ART ET D’HISTOIRE »

Septembre 2018

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Vivre et écrire le berceau mondial du tourisme de montagne : un projet

au service d’une ambition

Regroupant deux communautés de communes : Pays du Mont Blanc et Vallée de Chamonix, les 14 communes constitutives composent le Pays du Mont Blanc ‘historique’, un territoire essentiellement connu aujourd’hui comme une destination de sports d'hiver de notoriété internationale. Néanmoins ce territoire possède une histoire particulièrement riche et unique. En effet, ce territoire fait partie des espaces alpins où s’est joué l’invention du phénomène touristique au siècle des Lumières (XVIIIème) ; une nouvelle façon d’aborder ce territoire montagnard lié à la soif de découverte d’alors. Cette découverte estivale de la haute-montagne a d'abord été réservée à quelques initiés, savants et aristocrates. Cette pratique s'est lentement démocratisée en même temps que la saison s'inversait. La création des clubs alpins britannique et français (XIXème) seront des exemples suivis dans le monde entier. À partir des premiers Jeux olympiques d'hiver en 1924 à Chamonix, le massif du mont Blanc est fréquenté par des touristes venus s'adonner aux joies nouvelles du ski, de la luge ou du patinage. Les sports d'hiver sont encore, à cette époque, réservés aux élites économiques et intellectuelles et le Pays du Mont Blanc devient un lieu de villégiature de nombreuses personnalités et artistes. Par exemple, la baronne de Rothschild, qui élit domicile à Megève, contribuera largement à la renommée de la station et attirera à elle de nombreux artistes et intellectuels. Après la Seconde Guerre mondiale, d'autres stations voient le jour autour des sites historiques de Chamonix, Megève et Saint-Gervais- les-Bains. Elles sont destinées à répondre à la demande du tourisme de masse, favorisé par les congés payés et le contexte économique des Trente Glorieuses. Ainsi, le Pays du Mont Blanc peut être considéré comme un lieu d'origine et d'expérimentation d'une nouvelle activité humaine, le tourisme de montagne et de sports d'hiver, appelée au succès que l'on sait. S'il a connu de profondes transformations au cours de ces deux siècles et demi d'évolutions, ce territoire s'est aussi enrichi d'un patrimoine exceptionnel : architecture et urbanisme de montagne, patrimoine immatériel notamment. Aujourd'hui, cette richesse culturelle est un peu occultée par l'image sportive de ce massif. Un label Pays d'art et d'histoire permettrait sans doute un rééquilibrage de ces deux dimensions. Il constituerait aussi, une reconnaissance de la qualité patrimoniale de ce territoire. Il offrirait enfin de nouvelles ressources, tant aux touristes qu'à la population locale. Autant de facteurs propices à renouveler une offre encore largement tournée vers les activités sportives.

Depuis 2015, les communautés de communes du Pays du Mont Blanc et de la Vallée de Chamonix Mont-blanc

ont entrepris une démarche de valorisation de leurs patrimoines naturel et culturel avec une perspective :

renforcer l’identité locale (pour un patrimoine vivant) et offrir un autre regard sur un territoire partagé où les

visiteurs qu’ils soient habitants, résidents secondaires ou touristes vivent une expérience hors du commun.

Dans cette perspective, une mission d'accompagnement pour l'identification et la création de produits de

valorisation du patrimoine culturel a été conduite (diagnostic et orientations qui ont abouti à un plan d'actions

comprenant 7 axes et 15 actions).

Afin de poursuivre sur cette dynamique, en 2016, une étude d'opportunité a été menée en vue de l’obtention

d’un label Pays d’art et d’histoire (PAH) pour le territoire avec un fil conducteur identifié : « Le Pays du Mont

Blanc, berceau mondial du tourisme de montagne ».

Aujourd’hui, l’objectif est de doter ce territoire des outils de connaissance pour aborder son environnement

architectural, patrimonial, paysager et plus largement son cadre de vie afin de le sensibiliser aux enjeux à

venir. C’est tout le sens de la démarche de concertation qui a débuté en juillet 2017 pour amener à élaborer,

avec une vision collective, un projet culturel qui s’inscrit dans sa mouvance, sa reconnaissance, un projet qui

l’exprime et le transforme : une Montagne de défis à relever depuis le XVIIIème siècle !

C’est ce qui amène dorénavant les deux collectivités à faire acte de candidature au Label national « Villes et

Pays d’art et d’histoire » pour raconter l’émergence du phénomène touristique à travers la capacité locale

(humaine, métiers) à s’ouvrir à l’altérité, l’ailleurs tout en préservant son identité grâce au développement de

stratégies d’adaptation. L’ambition : exprimer l’art de vivre au Pays du Mont Blanc en s’appuyant sur ses atouts

naturels et patrimoniaux parfois méconnus.

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Table des matières

Vivre et écrire le berceau mondial du tourisme de montagne : un projet au service d’une ambition ............... 2

1. La démarche de candidature, un projet fédérateur ........................................................................................ 9

1.1. Un territoire pertinent .............................................................................................................................. 9

1.1.1. Critères de cohérence géographique ................................................................................................ 9

1.1.2. Critères de cohérence historique ...................................................................................................... 9

1.2. Une construction collective .................................................................................................................... 10

1.3. Une vision partagée du territoire par ses acteurs .................................................................................. 14

1.3.1. Démarche de concertation .............................................................................................................. 14

1.3.1.1. Une volonté : la valorisation du patrimoine naturel et culturel............................................... 14

1.3.1.2. Méthodologie mise en œuvre .................................................................................................. 15

1.3.2. Processus d’émergence du projet culturel ...................................................................................... 17

1.3.2.1. Identification des éléments patrimoniaux structurants ........................................................... 17

1.3.2.2. Priorisation des éléments patrimoniaux .................................................................................. 19

1.3.2.3. Définir des axes porteurs .......................................................................................................... 20

1.3.2.4. Emergence des axes transversaux ............................................................................................ 20

1.3.3. Développement d’actions ............................................................................................................... 21

1.3.4. Enjeux territoriaux et mode de gouvernance ................................................................................. 22

1.4. Sensibilisation des habitants .................................................................................................................. 24

1.4.1. Carnet de rendez-vous 2018 « Accueillir au Pays du Mont-Blanc » ................................................ 24

1.4.2. Thématique du carnet de rendez-vous 2019 .................................................................................. 24

1.5. Des initiatives connexes : le dispositif « Espace Valléen 2014-2020 » ................................................... 25

1.5.1. Communauté de communes de la vallée de Chamonix Mont-Blanc .............................................. 25

1.5.2. Communauté de communes du Pays du Mont-Blanc ..................................................................... 26

2. Un projet culturel territorialisé ................................................................................................................. 27

2.1. Accueillir ................................................................................................................................................. 28

2.1.1. Hôtellerie ......................................................................................................................................... 28

2.1.1.1. Entre cabarets et Prieuré .......................................................................................................... 28

2.1.1.1. De la pension de famille, auberge, à l’hôtel ............................................................................. 28

1770 - L’auberge de madame COUTTERAND – Hôtel d’Angleterre .................................................. 28

1780 - Ville ou hôtel de Londres ........................................................................................................ 29

1785-1790 - Les auberges Paccard et Simond ................................................................................... 29

Début XIXème - Le besoin d’élargir la capacité d’accueil .................................................................. 29

1816 - Hôtel de l’Union...................................................................................................................... 29

1830 - 1840 - Des hôtels en belvédère .............................................................................................. 29

Seconde moitié du XIXème siècle ........................................................................................................ 29

2.1.1.2. Entre 1880 et 1930 : l’édification d’hôtels et palaces et l’organisation de l’offre touristique 30

2.1.2. Refuges : lieux de conquête, de repos, de passage, de science… ................................................... 31

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2.1.2.1. Des monastères aux temples de la nature… ............................................................................ 31

2.1.2.2. … A la conquête du massif du mont Blanc ............................................................................... 32

1853 - Le premier refuge des Grands Mulets, 3050m ....................................................................... 32

1858 – De la cabane au refuge de l'aiguille du Goûter, 3817m à 3835m ......................................... 32

1863 - La cabane du col du Midi 3555m puis des cosmiques 3613m ............................................... 32

L’intervention du Club Alpin Français ................................................................................................ 33

1890 - Le refuge-observatoire Vallot, 4358m.................................................................................... 33

1897 - Le refuge des Grands Mulets, 3051m .................................................................................... 34

1899 - Le refuge Durier, 3349m......................................................................................................... 34

1904 - Le refuge de la Charpoua, 2841m .......................................................................................... 34

1904 - Le premier refuge du Couvercle, 2687m ................................................................................ 34

1906 - Le refuge du Jardin d’Argentière, 2822m ............................................................................... 34

1911 - Des instructions techniques ................................................................................................... 35

1926 - Le refuge du Requin, 2516m .................................................................................................. 36

1928 - Le refuge-bivouac Paul CHEVALIER, 3450m ........................................................................... 36

1930 - Le refuge Albert 1er, 2706m .................................................................................................... 36

1930 - Le refuge de Leschaux, 2431m ............................................................................................... 36

1930 – La cabane de la Tour Rouge, 2822m ...................................................................................... 36

1931 - Le refuge-bivouac de l’Envers de Blaitière ............................................................................. 36

1934 - Le refuge de Tête Rousse, 3167m .......................................................................................... 36

1938 - L’opposition aux refuges-bivouacs ......................................................................................... 37

1942 - Le refuge de Plan Glacier, 2538m ........................................................................................... 37

1945 - Le refuge de l’Envers des Aiguilles, 2520m ............................................................................ 37

1968 - Le refuge des Conscrits, 2730m ............................................................................................. 37

2.1.2.3. Des chalets et des gîtes ............................................................................................................ 37

2.1.3. Climatisme & Thermalisme ............................................................................................................. 38

2.1.3.1. Les sanatoriums du plateau d’Assy .......................................................................................... 38

Praz coutant ....................................................................................................................................... 38

Guébriant ........................................................................................................................................... 38

Geoffroy Martel de Janville ............................................................................................................... 39

Le Mont-Blanc.................................................................................................................................... 39

Sancellemoz ....................................................................................................................................... 40

Roc des Fiz ......................................................................................................................................... 40

Plaine-Joux ......................................................................................................................................... 40

2.1.3.2. Le thermalisme à Saint-Gervais ................................................................................................ 40

La naissance des thermes .................................................................................................................. 41

Les nouveaux thermes ....................................................................................................................... 41

Un nouveau départ ............................................................................................................................ 42

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2.1.4. Centres de loisirs et de vacances ..................................................................................................... 42

2.1.4.1. La montagne : espace de lien social et de découverte ............................................................. 42

L’Œuvre des Villages d’Enfants à Megève ......................................................................................... 42

Le centre Georges GUYNEMER de Chamonix .................................................................................... 42

2.1.4.2. Une Histoire spécifique : l’invention des classes de neige ....................................................... 43

2.1.5. Villégiature....................................................................................................................................... 44

2.1.5.1. Maisons, villas, chalets, résidences secondaires ...................................................................... 44

L’architecture de pastiche du XIXème siècle : du néo classicisme à l’éclectisme ................................ 44

Le chalet de villégiature et l’influence de LE MEME ......................................................................... 46

L’influence de LE MEME .................................................................................................................... 48

2.1.5.2. Camping, gîtes, chambres d'hôte, plateforme communautaire .............................................. 49

Le camping ......................................................................................................................................... 49

Les Gîtes de France ............................................................................................................................ 50

Les chambres d’hôtes ........................................................................................................................ 51

Plateforme communautaire .............................................................................................................. 51

2.1.6. Divertir ............................................................................................................................................. 51

2.1.6.1. Infrastructures .......................................................................................................................... 51

Jeux olympiques d’hiver à Chamonix en 1924 .................................................................................. 52

Chamonix une station de sports d’hiver de classe internationale .................................................... 52

L’avènement du tourisme aux Contamines-Montjoie ...................................................................... 53

L’apprentissage du ski à Combloux ................................................................................................... 54

Passy, Plaine-Joux, la naissance d’une station .................................................................................. 54

1983 : Téléski pour les tous petits le long du parking, au pied de la station. ....................................... 55

2.1.6.2. Développement des loisirs ....................................................................................................... 56

1884 - La pratique hivernale de la montagne ................................................................................... 56

1890 - Création du Touring Club de France ....................................................................................... 56

1923 – Le développement du tourisme ............................................................................................ 56

L’essor du ski ..................................................................................................................................... 56

COUTTET-Champion et le développement du ski à Chamonix et en France..................................... 56

Emile ALLAIS et le développement du ski à Megève et dans le monde ............................................ 57

La création d’une école nationale d’enseignement du ski alpin ....................................................... 58

L’aménagement de stations .............................................................................................................. 58

2.2. (S’) Installer ............................................................................................................................................. 60

2.2.1. Installations « primitives » .............................................................................................................. 60

2.2.1.1. Prieurés et installations religieuses .......................................................................................... 60

2.2.1.2. Réseau des maisons fortes ....................................................................................................... 60

2.2.2. Installations agro-pastorales ........................................................................................................... 61

2.2.2.1. Adaptation des pratiques au milieu naturel ............................................................................. 61

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2.2.2.2. Alpagisme ................................................................................................................................. 61

2.2.3. Essor économique ........................................................................................................................... 62

2.2.3.1. Se développer en village-station .............................................................................................. 62

2.2.3.2. Equipements structurants ........................................................................................................ 63

L’Ecole nationale du ski et de l’alpinisme (ENSA) .............................................................................. 63

Le Palais des Sports et des Congrès à Megève .................................................................................. 66

2.3. Se déplacer ............................................................................................................................................. 67

2.3.1. Remonter la pente ........................................................................................................................... 67

2.3.1.1. Jouer avec la pente ................................................................................................................... 67

2.3.1.2. Montagne aménagée pour les loisirs ....................................................................................... 67

2.3.2. Accéder au sublime ......................................................................................................................... 68

2.3.2.1. Découvertes et expéditions ...................................................................................................... 68

La Compagnie des guides de Chamonix ............................................................................................ 68

La Compagnie des guides de Saint-Gervais ....................................................................................... 69

2.3.2.2. Grandes infrastructures d’accès vers les sommets .................................................................. 70

1904 - Le tramway du Mont Blanc à Saint-Gervais-Les-Bains ........................................................... 70

1909 - Le train du Montenvers .......................................................................................................... 71

1909 - Les téléphériques de l’aiguille du Midi ................................................................................... 71

1930 - Le téléphérique de Planpraz-Brévent ..................................................................................... 72

1933 – Le téléphérique de Rochebrune à Megève ........................................................................... 72

1937 - Le téléphérique de Bellevue aux Houches ............................................................................. 72

1958 - Le télécabine de la vallée Blanche .......................................................................................... 73

1962-1972 – Le mont Blanc épargné ................................................................................................. 73

2.3.3. Traverser .......................................................................................................................................... 74

2.3.3.1. Ouvrages d’art pour passer dessus, passer dessous, à l'intérieur............................................ 74

Les Houches ....................................................................................................................................... 74

Les ponts à Saint-Gervais ................................................................................................................... 74

Le tunnel du mont Blanc .................................................................................................................... 75

2.3.4. Parcourir la montagne ..................................................................................................................... 76

2.3.4.1. Chemins, sentiers : des usages multiples ................................................................................. 76

Evolution sociohistorique .................................................................................................................. 76

1875 à 1914 – Les plus importants chemins et sentiers muletiers ................................................... 77

1920 - La signalisation des sentiers ................................................................................................... 77

Une mutation progressive des usages vers une activité touristique prépondérante durant le XXème

siècle .................................................................................................................................................. 77

2.3.4.2. Cols et voies .............................................................................................................................. 77

Les services automobiles ................................................................................................................... 77

L’approche des montagnes par le chemin de fer .............................................................................. 78

2.4. Créer ....................................................................................................................................................... 79

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2.4.1. Architecture vernaculaire ................................................................................................................ 79

2.4.1.1. Des spécificités architecturales endogènes ............................................................................. 79

Une histoire plurielle ......................................................................................................................... 79

L’installation des villages ................................................................................................................... 79

Habiter ............................................................................................................................................... 79

Les matériaux de construction .......................................................................................................... 80

Les greniers et raccards ..................................................................................................................... 80

2.4.1.2. L’exploitation du granit à Combloux ........................................................................................ 80

Un savoir-faire importé ..................................................................................................................... 80

L’utilisation locale .............................................................................................................................. 81

Faire perdurer le savoir-faire ............................................................................................................. 81

2.4.2. Architecture régionaliste ................................................................................................................. 82

2.4.2.1. Régionalisme initial versus néo-régionalisme .......................................................................... 82

Henry-Jacques LE MEME ou la systématisation du « chalet de skieur » ........................................... 82

La mise en scène de la villégiature de montagne ou le chalet pastiche ? ......................................... 85

2.4.3. Modernité ........................................................................................................................................ 86

2.4.4. Hygiénisme ...................................................................................................................................... 87

2.4.6. Imagerie et cinéma .......................................................................................................................... 87

La photographie................................................................................................................................. 88

Le cinéma ........................................................................................................................................... 89

2.4.7. Art .................................................................................................................................................... 89

2.4.7.1. La représentation de la montagne ........................................................................................... 89

Gabriel LOPPE .................................................................................................................................... 89

Edgard BOUILETTE ............................................................................................................................. 89

2.4.7.2. Contemporain ........................................................................................................................... 90

Un circuit de sculptures monumentales............................................................................................ 90

L’église Notre-Dame de Toute-Grâce ................................................................................................ 90

Le mont Blanc inspirant ..................................................................................................................... 90

2.4.7.3. Littérature ................................................................................................................................. 90

SAMIVEL ............................................................................................................................................. 90

Roger FRISON-ROCHE ........................................................................................................................ 92

Autres auteurs ................................................................................................................................... 93

2.5. Explorer .................................................................................................................................................. 94

2.5.1. Science fondamentale ..................................................................................................................... 94

Les premières découvertes ............................................................................................................... 94

L’Observatoire Vallot ......................................................................................................................... 94

L’Observatoire Vallot aujourd’hui ..................................................................................................... 95

Observatoire Janssen......................................................................................................................... 96

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2.5.2. Mise en valeur des savoir-faire locaux ............................................................................................ 96

2.5.3.1. L'histoire de Simond ................................................................................................................. 96

Une aventure familiale à l’écoute de l’évolution des pratiques de la montagne ............................. 96

Les innovations Simond ..................................................................................................................... 98

Charles VIARD et le câble .................................................................................................................. 98

« La luge de Megève » ....................................................................................................................... 99

Invention du traîneau de secours sur piste ....................................................................................... 99

Le fuseau de ski Allard ..................................................................................................................... 100

2.5.4. L’innovation liée à l’imaginaire du mont Blanc ............................................................................. 101

2.5.4.1. Les skis Dynastar ..................................................................................................................... 101

2.5.4.2. Le Centre international de création de Quechua ................................................................... 101

3. Une gestion concertée ............................................................................................................................ 103

3.1. Schéma de gouvernance ...................................................................................................................... 103

3.2. Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP) ...................................................... 104

3.2.1. Objectif du CIAP ............................................................................................................................. 104

3.2.2. Positionnement du CIAP ................................................................................................................ 104

3.2.3. Contenu des CIAPs ......................................................................................................................... 105

3.2.4. Finalité des CIAPs ........................................................................................................................... 105

3.3. Label Pays d’Art et d’Histoire : organisation opérationnelle ............................................................... 105

3.3.1. Organisation administrative du Pays d’Art et d’Histoire ............................................................... 105

3.3.2. Les missions de l’animateur de l’architecture et du patrimoine ................................................... 106

3.3.3. Budget prévisionnel ....................................................................................................................... 106

Bibliographie .................................................................................................................................................... 108

Sitographie....................................................................................................................................................... 108

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1. La démarche de candidature, un projet fédérateur

1.1. Un territoire pertinent

1.1.1. Critères de cohérence géographique

Les 14 communes qui constituent le Pays du Mont-Blanc - Combloux, Les Contamines-Montjoie, Cordon, Demi-Quartier, Domancy, Megève, Passy, Praz-sur-Arly, Saint-Gervais Mont-Blanc, Sallanches et Chamonix, Les Houches, Servoz, Vallorcine, rattachées aux Communautés de communes du Pays du Mont-Blanc (CCPMB) et de la Vallée de Chamonix Mont-Blanc (CCVCMB) ont toutes un point commun : appartenir à un territoire centré autour d’un patrimoine naturel singulier sur le plan géographique : le massif du Mont-Blanc. Le Pays du Mont-Blanc est constitué en réseau où chaque commune apporte au territoire ses atouts, la douceur du relief côté Arly, au côté très acéré dans les hautes vallées ou à la rencontre des deux sur le versant Est des Aravis. Chaque commune du territoire joue son rôle et entretient des liens forts entre fond de vallée et montagnes qui représentent toutes les strates paysagères de l’alpe conditionnées par l’altitude et l’exposition des versants puisque son étagement altitudinal court de 515 à 4 810 mètres ! Cet étagement témoigne d’ailleurs du développement de pratiques humaines idoines qui ont façonné les paysages du Pays du Mont-Blanc et participé, au fil des siècles, à l’émergence d’un territoire à considérer dans toute son épaisseur socio-historique, un vécu intrinsèque fait d’échanges, de brassages de populations, d’expériences et d’expérimentations du fait de sa position aux points de passage auxquels s’ajoute son caractère transfrontalier. Enfin le Pays du Mont-Blanc reste avant tout un territoire où la pente, qui a longtemps été perçue comme une contrainte, a pu devenir un atout économique indéniable grâce à l’esprit de curiosité des Hommes et à leur créativité. C’est donc pour l’apprivoiser que les pratiques agricoles se sont adaptées. La pente et les phénomènes qui s’y déployaient ont su stimuler le besoin de mieux les connaître. C’est encore la pente qui a permis de développer des instruments de transport particuliers, de développer des techniques nouvelles dans l’outillage d’abord, qui ont pu se transformer pour la rendre accessible ; la naissance de la technique alpine en est l’archétype. Enfin, c’est grâce à elle encore, lié à la présence de la neige plusieurs mois durant, qu’elle est devenue propice au développement des sports d’hiver et a favorisé l’éclosion de diverses formes industrielles liées à la saisonnalité spécifique au climat montagnard (horlogerie, décolletage), à la torrentialité des cours d’eau (hydroélectricité) et singulière autour de la glisse (fabrication des skis) ou des sports outdoor aujourd’hui. C’est cet ensemble qui donne corps et fait la cohérence de ce territoire qui a su devenir, au fil du temps, un terrain d’aventure et d’exploration, après avoir été longtemps considéré comme affreux et maudit dans l’imaginaire collectif. En outre, c’est dans ce cadre géographique du bassin versant de l’Arve enjoint à celui de l’Arly que se sont constitués une identité, des patrimoines… une territorialité qui a favorisé, entre autres, l’émergence du phénomène touristique dès le XVIIIème siècle. Et c’est pour cette raison qu’il peut aujourd’hui, objectivement, se présenter comme le berceau mondial du tourisme de montagne.

1.1.2. Critères de cohérence historique

Depuis longtemps maintenant, l’espace géographique que représente le massif du Mont-Blanc et les vallées et massifs connexes se sont imprégnés d’une épaisseur préhistorique d’abord et historique ensuite. Si nous remontons à l’Antiquité, Passy était une bourgade romaine qui fait l’objet de recherche archéologique depuis près de 30 ans. Le Pays du Mont-blanc a aussi été le théâtre d’une exploitation minière conséquente qui a perduré jusqu’à l’époque moderne (quelques exploitations datant du XIXe siècle). Le Pays du Mont-Blanc abrite également un patrimoine castral conséquent similaire, dans sa forme, à celui du Valais et du Val d’Aoste frontaliers. Toujours à cette époque médiévale, au XVIème siècle plus précisément, le Pays du Mont-blanc entre de plein pied dans sa période baroque ce qui se traduira dans l’architecture des édifices religieux qui viendra presque supplanter le décor. Les constructions ou reconstructions s’étaleront sur un siècle (de Saint Martin sur Arve en 1688 à Cordon en 1787 en passant par Passy et Notre-Dame de la Gorge en 1701 – Servoz

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et Saint-Gervais en 1702 – Combloux en 1704 - Argentière en 1722 – Domancy en 1727 – Saint-Nicolas de Véroce et les Houches en 1766 - Les Contamines-Montjoie en 1776). Enfin le bâti rural et d’alpage témoignent de la présence d’une activité pastorale continue au Pays du Mont-blanc qui remonte à environ 6000 ans. En effet des traces archéologiques remarquables datant du Néolithique ont été découvertes sur le secteur du Lac d’Anterne à Passy et des structures ont été identifiées au Plan Jovet, aux Contamines-Montjoie, également. Ce contexte préhistorique et historique a pris une nouvelle dimension avec les prémisses du phénomène touristique dès le XVIIIème siècle. Cela a d’abord été l’affaire d’experts, scientifiques bien souvent, ou d’hommes curieux tout simplement qui se sont mêlés à une population autochtone habituée à pratiquer ces espaces montagnards quotidiennement pour subvenir à leurs besoins (agriculture, chasse, cueillette) mais aussi pour répondre au besoin profond de découvrir qui caractérise la nature humaine : les cristalliers par exemple. Ces découvreurs locaux, souvent anonymes, vont savoir mobiliser leur connaissance des lieux pour accompagner les premiers visiteurs dans leur découverte, leur besoin d’explorer. Ce sont toujours ces populations autochtones qui vont être amenées à les accueillir lors de leur séjour et faire évoluer leur vision de l’espace montagnard pour s’adapter au phénomène touristique naissant. De ces rencontres, échanges, du fait que les sociétés de montagne ont toujours été habituées à migrer saisonnièrement (le colportage) pour passer les hivers longs, le retour au pays s’accompagnait souvent d’un nouveau regard qui a pu favoriser les innovations. Ces apports mutuels, fruit de l’ouverture des populations locales aux voyageurs et inversement sont constitutifs du territoire du Pays du Mont-blanc et ont permis de construire un rapport à l’altérité qui se traduit dans le phénomène touristique. Ce phénomène s’ancre peu à peu dans l’espace et le temps au Pays du Mont-Blanc. Et c’est ce que se propose d’explorer et mettre en avant comme un patrimoine culturel intrinsèque qui s’est exprimé de façon différente en fonction des communes mais qui reste, sans nul doute, une pierre angulaire de son identité territoriale.

1.2. Une construction collective

Afin de faire émerger le projet global de territoire, cette construction collective s’est appuyée sur des comités de pilotage, technique, scientifique et grâce à la mobilisation de l’ensemble des acteurs du territoire qui œuvre à la valorisation patrimoniale et culturelle au quotidien. Les comités de pilotage et technique ont suivi l’ensemble de la démarche de concertation aux côtés des acteurs associatifs.

Source : Journée de concertation Passy – 03/07/2018 – PAYSALP.

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Un comité de pilotage : BARBIER Luc, Conseiller municipal Les Houches, VP Culture CCVCMB ; JACCAZ Yann, Maire de Praz-sur-Arly, VP Culture, Patrimoine, Éducation CCPMB ; BEN SADOUN David puis IZOARD Daniel, Directeur Général des Services CCPMB ; DUPUIS Christophe, Directeur OT Cordon ; AMBLARD Élisabeth, Responsable service communication CCPMB puis FORT Nathalie, Animatrice Espace Valléen CCPMB ; LEDRU Arnaud, DAC Mairie de Chamonix MB ; LEZIN Christophe, Directeur PAYSALP (prestataire). Un comité technique : BARBIER Luc, Conseiller municipal Les Houches, VP Culture CCVCMB ; JACCAZ Yann, Maire de Praz-sur-Arly, VP Culture, Patrimoine, Éducation CCPMB ; BEN SADOUN David puis IZOARD Daniel, Directeur Général des Services CCPMB ; DUPUIS Christophe, Directeur OT Cordon ; AMBLARD Élisabeth, Responsable service communication Espace Valléen CCPMB puis FORT Nathalie, Animatrice Espace Valléen CCPMB ; LEDRU Arnaud, DAC Mairie de Chamonix MB et CCVCMB ; BETEND Fabienne, Responsable du musée municipal et de l'Espace Hermitage Megève ; MILLET-BAUDEY Sylviane, Conseillère municipale Demi-Quartier ; REVIL Sandra, Service culturel Mairie de Passy ; BORDON Annette, Conseillère municipale Passy ; BOTTOLIER CURTET Karine, Directrice OT Sallanches ; LEGRAND Emma, Service culture Saint-Gervais Mont-Blanc ; LEZIN Christophe, Directeur PAYSALP. Un comité scientifique : BERGATTO Lionel, Conseiller musées (DRAC) ; CHAULIAC Marina, Conseillère pour l'ethnologie (DRAC) ; DELOMIER-ROLLIN Florence, Conseillère pour l'architecture (DRAC) ; DEGEORGES Stéphan, Responsable du pôle Architecture, Villes et Territoires au CAUE de Haute-Savoie ;

DUTHEIL Arnaud, Directeur du CAUE de la Haute-Savoie ;

GANION Philippe / Hélène BLIN, Responsable de l'UDAP des deux Savoie / Architecte des Bâtiments de France Vallée de l'Arve ; MAISTRE Lucie, Responsable Service collections patrimoniales et de mémoire, Pôle culture et Patrimoine – Département de la Haute-Savoie ;

OLLIVIER Laurence, Archéologue (DRAC) ;

OMERE Sophie, Conservatrice des monuments historiques (DRAC) ;

PEYRACHE-GADEAU Véronique, Directrice adjointe du laboratoire, Enseignant-chercheur « Ressources et patrimoines », Laboratoire EDYTEM - UMR 5204 du CNRS - Université de Savoie Mont-Blanc ;

RAVANEL Ludovic, Chargé de recherche – CNRS - Équipe « Dynamiques des milieux de montagne : Eaux, Roches, Versants », Laboratoire EDYTEM - UMR 5204 du CNRS - Université de Savoie Mont-Blanc ; GUFFOND Christophe, Responsable de l’Unité archéologie et patrimoine bâti, Service SCPB, Pôle Culture Patrimoine du Département de la Haute-Savoie.

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Source : Journée de concertation Passy – 03/07/2018 – Service communication CCPMB.

Les acteurs du territoire associés :

ABRAHAM Yves, Association Club philatélique et cartophile du Mont-Blanc, Président ; AFANASIEFF Lorène, Édition Guérin-Paulsen ;

AMELOT François, Directeur Adjoint Centre de la nature montagnarde – Géologue ;

ANCEY Dominique, Association Vallorsna à Vallorcine ; ARNOD-PRIN Alain (BLANC Claudie SOCQUET-CLERC Jacques), Association « Megève Vie et Mémoire » (MVM) ;

BARRAT Romain, Stagiaire Plan Climat – CCPMB ; BAYOU Michèle, OT CCVCMB, Directrice adjointe ;

BISSON Marc, Délégué régional – Fondation du Patrimoine ;

BLANCHIN Sophie, Guide du Patrimoine des Pays de Savoie, Megève ; BLONDET Roselyne, GPPS – Cordon Tourisme ; BOCHATAY Bernadette, Association Dans l'Temps Les Houches ; BONINO Jean-Marc, Directeur Développement Durable du territoire CCVCMB ; BORJA de MOZOTA Christine, Présidente Festival Baroque du PMB ; BORREL Yves, Association Dans l’Temps Les Houches BOTTOLIER Jean-Noël, Association « Cordon Patrimoine d’hier pour demain » ; BUISSON Pierre-Edouard, Directeur OT Passy ; BURNIER Christine, GPPS Combloux ; CANTELE Nadine, Maire adjoint au Tourisme et aux Ressources Humaines, Conseiller communautaire CCPMB ; CARA Michel, Président de l'Association du Glacier des Bois ;

CHABAUD Louis, Association Praz les Arts ;

CHABAUD Paulette, Association Praz les Arts ; CHABOUD Julie, Responsable Espace Naturel CCVCMB ; CLEVY Véronique, Elue de St Gervais ; CRAPLET Juliette, Association La petite Université Chamonix ; DEGEORGES Stéphan, Responsable du pôle Architecture, Villes et Territoires au CAUE de Haute-Savoie ;

DELUERMOZ Aurélie, Educatrice à l’environnement – CCPMB – Asters ; DJELLOUL Catherine, Commission Culture mairie de Megève ; DUPRAZ Pierre, CHePP ; DUPUIS Catherine, Megève ; DURIEUX Stéphanie, Référente patrimoine de l’office de tourisme de Praz-sur-Arly ;

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DUTHEIL Arnaud, Directeur du CAUE de la Haute-Savoie ;

DUVILLARD Suzy, Artiste peintre locale et restauratrice ;

FRIANG Anne, Association Gabriel Loppé ;

GRANDJACQUES Claire, Conseillère municipale St-Gervais GUITTENY Marion, Conservatrice des réserves naturelles des Aiguilles Rouges, Carlaveyron et Vallon de Bérard ;

HODEAU Julie, Chargée de projet - Mairie de Combloux ;

IGOR Michel, Édition ESOPE ;

JASAK Pascale, Membre commission Culture Passy ; JOURDAN Michel, Association Servoz Histoire et Tradition ; LASCOSTE Fanny & Emmanuel, CREMERIE – salle d’art - Plateau d’Assy ;

LASSERRE-BOYMOND Christine, Amis du Vieux Chamonix, Guide conférencière du Patrimoine ; LE REVEREND Jean-François, Foyer de Ski de fond, Megève ; LEGRAND Cécile, Responsable programmation Service Culture mairie de Sallanches ; LOUX Françoise, Asso Dans l'Temps ; MAISTRE Lucie, Responsable Service collections patrimoniales et de mémoire, Pôle culture et Patrimoine – Département de Hautes-Savoie ;

MAZUER Stéphanie, Musée Alpin Chamonix, Assistante conservation ;

MERMOUD Gilberte, Association Histoire, Mémoire et Patrimoine des Contamines-Montjoie ;

MICHAUX Gabrielle, Directrice Réseau des Musées, CCVCMB ; MICHEL Vincent, Édition ESOPE ;

MUSSARD Alain, Conseiller municipal Les Contamines-Montjoie ;

NAUMOVIC Véronique, Guide du patrimoine des Pays de Savoie – Passy ;

ODIN Pierre-Yves, Directeur adjoint de la Fondation Facim ;

PACCALET Joëlle, Association des Alpages VCMB ; PACHOUD Marie, Educatrice à l’environnement – CCPMB – Asters ; PARIS Céline, Membre de la commission culture de la CCPMB – élue DOMANCY ; PELLOUX Jean-Jacques, Membre de la commission culture de la CCPMB – élu de Combloux ; PERRILLAT Lucinda, Médiatrice Maison de la Mémoire et Patrimoine Chamonix ; PIERRE Céline, Archiviste Chamonix ; POULLOT Monique, Membre commission Culture Passy ;

RECH Myriam, Conseillère municipale Passy ;

ROSSINI David, Service Archives, ville de Megève ; ROUDIER Jean-Paul, Retraité, géographe, ancien journaliste du DL ; SADET José, Président association sauvegarde patrimoine baroque PMB ; SERAUDIE Sylviane, Membre de la commission culture de la CCPMB – élue de Combloux ; SIMOND Françoise, Amis du Vieux Chamonix, Présidente ; THIERRIAZ Albanne, Adjointe à la culture Passy ; TOBE Anne, Association CREHA, Guide GPPS Passy ; TOPS Patricia, Association « Les Mailles et Béguines » (groupe folklorique) ; TRONCHET Claire, GPPS Cordon ; TSUDA Bernadette, GPPS, OT CCVCMB ; TUDELA Monique, Association "Montagne en Pages" ; VALLERIE Jean-Baptiste, Mairie de Passy - Directeur Urbanisme Passy ;

VERJUS Catherine, Membre de la commission culture de la CCPMB – élue de St Gervais ;

VIDAL Joëlle, Association "Montagne en Pages" ; WEBER R., Fondation du patrimoine, délégation Haute-Savoie nord ; ZAMPIN Jean-Paul, Conseiller pédagogique IEN circonscription Saint-Gervais / Pays du Mont-Blanc. Du 03 juillet 2017 au 16 juillet 2018, c’est donc l’ensemble de ces acteurs qui ont participés à la démarche de concertation.

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1.3. Une vision partagée du territoire par ses acteurs

1.3.1. Démarche de concertation

1.3.1.1. Une volonté : la valorisation du patrimoine naturel et culturel

Depuis le lancement des journées de concertation le 03 juillet 2017, les acteurs du territoire suscités se sont investis dans l’élaboration d’un projet de territoire qui prépare à la candidature au label Pays d'Art et d'Histoire : " le Pays du Mont-Blanc, berceau mondial du tourisme de montagne".

Après avoir listé les patrimoines envisageables, les acteurs du territoire ont défini des priorités et des axes porteurs du patrimoine culturel et naturel à mettre en avant. Ils les ont ensuite mis en perspective avec une vision transversale. L’ensemble a permis d’aboutir à la structure d’un projet culturel et à un carnet de rendez-vous sur la thématique de l’accueil en 2018. Ce programme d’actions de valorisation vise à faire découvrir ou redécouvrir des patrimoines cachés du territoire. Enfin, cela a permis de dessiner un mode de gouvernance opérationnel.

A travers ce label, l’objectif c’est (cf. D1) :

- d’obtenir une labellisation d'excellence en matière culturelle, patrimoniale et architecturale en complément des labels touristiques et environnementaux existants du territoire

- de disposer d’un outil: - de structuration de l’offre culturelle, la rendre plus lisible pour les touristes et la population locale; - fédérateur entre les collectivités et les nombreuses associations du patrimoine présentes sur le

territoire, pour valoriser la spécificité d'une identité montagnarde locale ; - de diversification touristique - ambitieux, de prospectives et d'expertises sur l'aménagement du territoire, créant de la transversalité

entre services (culture, tourisme, urbanisme, architecture, éducation...) ; - de définir une étape utile, de reconnaissance nationale, dans le projet d'inscription du Mont-Blanc au

patrimoine mondial de l'UNESCO et de l'Alpinisme de style alpin au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.

L’obtention de cette Labellisation tient à divers facteurs (cf. D2) :

- Réunir les acteurs culturel et patrimoniaux du territoire ; - Renforcer son identité territoriale ; - Elaborer une offre touristique fédérée ; - Travailler à la singularité du territoire et à la mise en cohérence des divers projets à travers le projet

culturel et la gouvernance qui l’accompagnera en s’appuyant sur la qualité patrimoniale du territoire.

Autour des objectifs suivants : - Poursuivre la dynamique engagée auprès des acteurs tourisme / culture / patrimoine du PMB lors de

l'étude de diagnostic, du plan d'action et de l’étude d’opportunité.

D.1 D.2

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- Préciser les orientations d'un futur Pays d'art et d'histoire dans le Pays du Mont Blanc, dans ses différents volets.

- Préparer la candidature au label, notamment en montrant l'engagement des collectivités dans des projets culturels, patrimoniaux, et ce dans une dimension transversale et participative associant les différents acteurs du territoire.

- Elaborer un dossier de candidature au label Pays d’art et d’histoire au pays du Mont-Blanc. La Finalité étant de donner du sens au territoire en s’assurant que ce processus de patrimonialisation se fasse par appropriation des divers acteurs. L’étude d’opportunité menée en 2016 a fait ressortir 9 thématiques (cf. D5). C’est en se basant sur ce point de départ qu’un processus de concertation a été lancé par les deux Communautés de communes du Pays du Mont-Blanc et de la Vallée de Chamonix Mont-Blanc le 03 juillet 2017.

Depuis cette date, les acteurs du Pays du Mont-Blanc (tissu associatif local, collectivités, CAUE, DRAC, universitaires) ont été invités à s’en saisir pour écrire collectivement un projet de territoire qui prépare à la candidature au label Pays d'Art et d'Histoire (PAH) : " le Pays du Mont-Blanc, berceau mondial du tourisme de montagne" dans le cadre du périmètre du futur PAH et le pas de temps dans lequel il s’inscrira (cf. D4).

1.3.1.2. Méthodologie mise en œuvre

Sur le plan méthodologique, il a s’agit, d’abord, de regrouper les 9 thématiques choisies en 3 Ateliers transversaux (cf. D5) : 1. Patrimoine bâti qui recoupe les thématiques : Architecture et urbanisme ; 2. Patrimoine naturel et paysager donnant une vision croisée du climatisme et du naturalisme ;

3. Invention de la Montagne qui regroupe : l’alpinisme, les sports d’hiver, les grands personnages, Arts et littérature.

L’ensemble de ces 3 ateliers font l’histoire du tourisme de montagne.

D.3 D.6 D.4

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Après avoir listé les patrimoines envisageables, les acteurs du Pays du Mont-Blanc ont défini des priorités et des axes porteurs du patrimoine culturel et naturel à mettre en avant. Ils les ont ensuite mis en perspective avec une vision transversale. L’ensemble a permis d’aboutir à la structure du projet culturel (cf. D6). Parallèlement au processus de création collectif, a été demandé aux acteurs de contribuer (cf. D7) :

- Soit dans la partie recherche et constitution du dossier de candidature ; - Soit dans la partie actions de valorisation des patrimoines retenus (visites, animations pédagogiques,

événementiels…) ; - Ou les deux.

Afin d’encadrer cette contribution, PAYSALP a proposé des fiches de recensement des patrimoines matériel et immatériel sur le modèle de celui de l’inventaire général du patrimoine du ministère de la culture (cf. D8). Ces outils ont été mis à la disposition des participants pour recenser les patrimoines communaux en rapport avec la thématique du berceau mondial du tourisme de montagne sur la période du XVIIIème au XXIème siècle. Pour le recensement des patrimoines bâti, il a été demandé aux acteurs de localiser et identifier chaque élément. Il s’agit d’un recensement (non-exhaustif) en 2 parties :

1. Informative (localisation -> Protection) ; 2. Descriptive (Histoire -> Iconographie).

Il s’agit d’un travail de reconnaissance/préparatoire afin d’avoir le plus de connaissance possible avant un approfondissement en fonction des choix opérés lorsque le PAH sera opérationnel. Pour le recensement des patrimoines immatériels, il a été demandé d’identifier et cibler ce qui pourrait être mis en avant dans le cadre de la thématique (cf. D9) comme l’illustre les exemples proposés par Megève et Combloux (cf. D10).

D.5 D.6

D.7 D.8

D.9 D.10

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Pour ce qui est du patrimoine bâti, ce recensement a permis d’identifier sur le territoire 355 champs qui ont été mis en forme sous Excel (cf. D11). Ce recensement a ensuite été incrémenté sous Access (logiciel de gestion de données). L’objectif recherché est de permettre, ultérieurement, de les rendre traitable sur divers supports : site internet, au format Pdf ou bien pour les exploiter dans un système d’information géographique en lien avec les services techniques de l’urbanisme pour le patrimoine bâti, par exemple. Cet outil de gestion de données patrimoniales sera évolutif et exploitable dans le futur PAH par les collectivités (cf. D12).

1.3.2. Processus d’émergence du projet culturel

1.3.2.1. Identification des éléments patrimoniaux structurants

En juillet, il a s’agit de faire émerger des éléments patrimoniaux structurants (cf. D6). Schématiquement, pour l’atelier « patrimoine bâti », le territoire a fait ressortir les divers patrimoines (religieux et rural) en les reliant aux diverses phases aménagements de la montagne (organisation spatiale et urbanisme) et en fonction des évolutions architecturales depuis la fin du XVIIIème. Le patrimoine immatériel a été envisagé transversalement. Dans cette perspective, le patrimoine bâti pourrait devenir le support de parcours culturels qui évoquent l’histoire de ce bâti ; ce qui serait pionnier (cf. D13).

D.11 D.12

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Pour l’atelier « patrimoine naturel et paysager » (cf. D14), ce qui ressort c’est que le paysage est un enjeu patrimonial d’avenir qui peut permettre de se projeter dans le futur à travers l’histoire de la découverte scientifique qui s’est joué et se joue toujours autour du massif du Mont-Blanc. Une nouvelle fois, le PCI peut devenir le liant pour lire le paysage différemment à travers les pratiques économiques les aménagements qui se sont développés et se poursuivent autour des ressources naturelles.

Enfin, pour l’atelier « invention de la montagne » (cf. D15), les deux constats précédents en amènent un troisième : l’évolution du territoire par le « tourisme ». Une évolution historique dont il est ressorti deux grandes périodes : celle du XVIIIème et du XIXème marqué par un été prédominant à laquelle s’opposerait un XXème siècle axé sur les sports d’hiver. Le XXIème marquerait une nouvelle évolution vers un équilibre été/hiver avec une offre qui s’oriente vers les loisirs hors glisse, la culture ou le sport. Ces évolutions sont en lien avec celle des sciences et des technologies qui permettent de se réapproprier le territoire et de créer de nouvelles opportunités touristiques. Les grands noms, paradoxalement, ont été peu évoqués et, là encore, il était davantage question du lien entre habitants des lieux et visiteurs extérieurs au territoire.

D.13

D.15 D.16

D.14

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1.3.2.2. Priorisation des éléments patrimoniaux

Les éléments patrimoniaux structurants ayant émergé, il a fallu prioriser pour définir des axes porteurs lors de l’atelier de septembre (cf. D6). Les priorités retenues pour l’atelier 1 (cf. D16), une structuration en axes porteurs a été opérée (cf. D17) :

- Des patrimoines antérieurs au phénomène touristique, le patrimoine rural et religieux qui sont constitutifs du patrimoine bâti depuis des siècles en tant que fondateurs du paysage bien avant l’arrivée des premiers touristes.

- Un patrimoine qui évolue avec le développement du tourisme, c’est l’évolution architecturale depuis le 18ème siècle avec les aménagements de la montagne en lien avec les nouvelles technologies.

- Il a également été souligné que l’architecture traditionnelle (rurale et religieuse) a été impactée par le développement touristique mais que le tourisme et les évolutions architecturales qui en ont découlé ont également été influencés par le patrimoine bâti local.

Les priorités retenues pour l’atelier 2 (cf. D18), une structuration en deux grands axes porteurs a été opérée (cf. D19) :

- Axe 1 – Valoriser ce dont on dispose, un patrimoine naturel d’exception (apporter une lecture des caractéristiques de ce patrimoine naturel, des points d’intérêt et de désintérêt, dans l’objectif de conscientiser les publics) ;

- Axe 2 – Valoriser la manière d’en disposer, un patrimoine culturel innovant et en évolution (aménagement, architecture, économie, patrimoine immatériel, technique, scientifique : « la montagne habitée »).

D.17 D.18

D.19 D.20

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1.3.2.3. Définir des axes porteurs

Les priorités retenues pour l’atelier 3 (cf. D20), une structuration en trois grands axes porteurs a été opérée (cf. D21) :

- Axe 1 – « Personnages célèbres – Figures locales », pour regrouper des personnes ou des archétypes qui ont participé de l’invention du berceau du tourisme de montagne, de l’illustre jusqu’à l’inconnu.

- Axe 2 – « Echange – Rencontre – Accueil – Partage – Confrontation – Brassage » sur le lien qui uni habitants du territoire et visiteurs depuis presque 250 ans, pouvant être perçu comme une tradition.

- Axe 3 – « Création – Innovation – Art – Industrie », comment le tourisme a engendré des changements dans les vallées et entraîné une modification des paysages, des activités et des représentations de ces dernières.

Il en a découlé des axes transversaux potentiels qui ont commencés à émerger (cf. D22).

1.3.2.4. Emergence des axes transversaux

Les priorités arrêtées, les axes porteurs définis, en novembre, il a s’agit de faire émerger des axes transversaux à ces axes porteurs qui ont permis de dessiner la structure du projet culturel (cf. D6). Nous sommes repartis des axes transversaux identifiés durant la journée de concertation du mois de novembre où chaque atelier a fait ressortir des axes similaires pour raconter l’émergence du phénomène touristique. En quelques mots, la proposition est de concevoir le berceau mondial du tourisme de montagne au Pays du Mont-Blanc comme une montagne de défis à relever sur le territoire dans la période allant du XVIIIème au XXIème siècle et en lien avec les évolutions sociétales, l’historicité propre à ce pas de temps. Dans ce contexte, le Pays du Mont-Blanc va être caractérisé par sa capacité à s’ouvrir à l’altérité, l’ailleurs tout en préservant son identité grâce au développement de stratégies d’adaptation en termes de (cf. D.23) :

1. Accueil, 2. Installation, 3. Déplacement, 4. Créativité, 5. Exploration.

D.21 D.22

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1.3.3. Développement d’actions

La structure du projet culturel actée, l’objectif était également de traduire dans l’action cette démarche PAH en train de se constituer. C’est « ACCUEILLIR » qui a été choisi pour développer des actions dès 2018 car elle touche tout le territoire avec une histoire différente en fonction des lieux (cf. D24). C’est dans cet état d’esprit qu’est né le Carnet de rendez-vous 2018 dans le but de développer des actions de valorisation et/ou sensibilisation de patrimoines cachés du PMB à découvrir ou redécouvrir en itinérances. Et puisqu’il s’agit de patrimoines cachés, ont été recherchées des actions ayant un caractère expérimental, innovant de la découverte pour souligner le caractère exclusif ; ce que nous sommes en droit d’attendre d’un PAH.

Pour accompagner la démarche d’actions et communiquer sur cette dernière, un logotype a été conçu (cf. D25). Ce choix a été opéré car il exprime bien l’idée : - De cheminement (doigt qui donne la direction) ;

D.25 D.24

D.23

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- De la rencontre entre le guide local qui partage sa connaissance du territoire et son client (touriste) [rapport à l’altérité] et qui s’enrichit de l’expérience du touriste [rapport entre l’ici et l’ailleurs] ; - Du statuaire qui donne la dimension artistique du projet ; - Qu’il s’agit d’une vision partagée (deux hommes ensembles). Cela peut aussi symboliser le portage du projet par les deux communautés de communes. De plus il reprend les couleurs du label PAH comme l’illustre le dépliant 2018 (cf. D26).

1.3.4. Enjeux territoriaux et mode de gouvernance

Pour rendre opérationnel le futur PAH, au-delà des actions de sensibilisation qui vont se déployer à travers le carnet de rendez-vous, les acteurs ont été amenés à réfléchir sur la gouvernance envisageable à partir des enjeux territoriaux (cf. D27). Est-ce qu’il s’agit de :

- Créer des ressources surtout vers la population et les acteurs locaux ? - Créer des liens entre les territoires, autour d’une identité commune ? - Accompagner des mutations et réorienter une image ? - Développer la fréquentation, favoriser la diversification touristique ? - Rééquilibrer une activité économique prépondérante ? - Accompagner des politiques urbaines, de l’habitat, de l’extension de et la rénovation urbaine ? - Créer des outils de prospective dans le domaine du paysage, du patrimoine bâti, etc. pour anticiper

les grandes évolutions de l’aménagement urbain et des territoires ? - Concevoir le PAH comme un outil d’aide à la gestion/valorisation des patrimoine, de l’urbanisme, des

politiques de logement, du paysage ? - Répondre d’abord à un besoin de sensibilisation et d’appropriation des jeunes publics ? - Répondre au besoin de valoriser une filière économique ?

C’est sur l’ensemble de ces questions que les acteurs ont été amenés à se positionner.

D.26

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Elle se résume en une question : comment faire pour assurer le fonctionnement du PAH ? Et un but à atteindre : proposer un schéma d’organisation du fonctionnement du futur PAH avec les questions sous-tendues en fonction des enjeux visés (cf. D28) :

• Quel est le rôle des divers acteurs (associations, GPSMB, guides conférenciers, services des collectivités, acteurs du tourisme, professionnels de la culture) ?

• Où se positionnent-ils dans le schéma organisationnel ? • Quelles sont les attentes des acteurs vis-à-vis de l’animateur du patrimoine ? Coordonner, mobiliser

le réseau d’acteurs déjà existants ? Autres ? • Où se situe le futur CIAP ? itinérant, éclaté, structures déjà existantes ? • Structure porteuse (au sens administratif) dans chaque commune, communauté de communes, une

structure unique pour l’ensemble du territoire ? Le schéma de gouvernance a été proposé avec un portage institutionnel et financier de l’entente. Ce dernier encadre l’organisation d’un comité de pilotage auquel seront associés des comités techniques et scientifiques autour d’une cheville ouvrière : l’animateur de l’architecture et du patrimoine qui coordonne, administre, met en œuvre le CIAP éclaté. Il se situe à l’interface des divers acteurs opérationnels et des publics (cf. D29).

D.27 D.28

D.29

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1.4. Sensibilisation des habitants

1.4.1. Carnet de rendez-vous 2018 « Accueillir au Pays du Mont-Blanc »

Le programme d’animations 2018 « En route vers un Pays d’Art et d’Histoire ! » se compose de 18 animations (cf. D30 à 33).

Un page facebook "Culture au Pays du Mont-Blanc" a également été créé pour annoncer les événements culturels relatifs aux animations PAH.

1.4.2. Thématique du carnet de rendez-vous 2019

C’est la notion de CREER qui a été retenue pour 2019 (cf.D35). Le chapeau de cette deuxième édition du carnet de rendez-vous restera le « patrimoine caché à découvrir ou à redécouvrir » avec l’idée d’intégrer des actions

D.30 D.31

D.32 D.33

D.34

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à destination du public scolaire et de la population touristique hivernale. La période courra de février à décembre.

1.5. Des initiatives connexes : le dispositif « Espace Valléen 2014-2020 »

La programmation européenne 2014-2020 consiste à définir la stratégie de diversification touristique à 6 ans et un plan d'actions coordonnées à 3 ans (2017-2020). Dans ce cadre, les deux communautés de communes se sont chacune lancées dans le dispositif « Espace Valléen » (financements FEDER-POIA (Programme Opérationnel Interrégional du massif des Alpes). Ce dernier inclus le développement du tourisme estival et hors-saison basé sur les patrimoines naturel et culturel afin de mettre en évidence la richesse patrimoniale du territoire et de favoriser des activités tout au long de l'année.

1.5.1. Communauté de communes de la vallée de Chamonix Mont-Blanc

La Vallée de Chamonix est forte de plusieurs lieux de valorisation du patrimoine naturel ou culturel. Les projets

initiés dans la cadre du projet Vallée Eco-Touristique Exemplaire (programmation européenne 2007-2013)

doivent se poursuivre et se développer, afin, notamment, de mettre en cohérence l'ensemble de lieux

d'éducation et de sensibilisation à l'environnement, de croiser les activités liant patrimoines naturel et

culturel. Dans cette perspective, le projet de territoire vise à développer les partenariats entre les villages dans

un esprit d’équilibre territorial favorisant et mettant en valeur la diversité culturelle de chacun : Servoz «

l’authentique », les Houches « la familiale », Chamonix « la mythique », Argentière « la légendaire » et

Vallorcine « la naturelle ».

Dans ce cadre, la stratégie touristique (Espace Valléen) a donc défini 4 axes dont l'axe 3 « Faire de la Vallée de

Chamonix un territoire exemplaire et innovant en matière de préservation de son patrimoine naturel et

culturel, de sa biodiversité et de l'adaptation au changement climatique » (Innover, Préserver, Progresser).

Le plan d'actions « Espace Valléen » constitue une brique dans l'ensemble des démarches du territoire : Volet tourisme de la Convention territoriale CPER Espace Mont Blanc :

- Plan Tourisme du CD 74, - Projet Intégré Territorial PITER « Itinérance Touristique », « Schéma d'interprétation du patrimoine

naturel », « PITEM Outdoor villes olympiques ». Espace Valléen s'inscrit aussi dans un territoire plus large et la CCVCMB apporte son soutien à des projets :

- Grande traversée des Alpes, - Cinémathèque de Montagne à Gap.

Plusieurs projets ont donc été lancés ou sont en cours de réflexion pour valoriser le patrimoine de la Vallée :

D35

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- Rénovation du Musée Alpin de Chamonix, comme tête de Réseau des Musées et centres d'interprétation de la Vallée ; lieu de référence international (2017-2020).

- I-alp, musées alpins interactifs, centre de ressources numériques en partenariat avec le Musée national de la Montagne de Turin (2017-2020).

- Création d'un réseau international des musées alpins : International Mountain Museum Alliance (IMMA) fondé avec le soutien de la FAO en 2015 : Musée Alpin à Chamonix (Fr), Tatra Museum à Zakopane (Pol),Museo Nazionale della Montagna à Turin (It), Musée Général d'informations de la Montagne à Sabadell (Es), Whyte Museum of the Canadian Rockies à Banff (Ca).

- Création d'un musée de minéralogie internationale à Chamonix. - Rénovation du musée de Barberine - Label « Pays d'Art et d'Histoire » : le Pays du Mont-Blanc, berceau mondial du tourisme de montagne. - UNESCO : classement du Mont-Blanc au patrimoine mondial de l'UNESCO. - UNESCO : classement de « l'alpinisme de style alpin » au patrimoine culturel immatériel. - Espace Valléen : réalisation de panneaux sur les bâtiments historiques et lieux spécifiques de l'histoire

de l'alpinisme de la Vallée. - PITEM Outdoor : réalisation de circuits de valorisation des sites olympiques. - La Grande Récolte (Les Houches) : collecte d'Archives sur l'essor du Tourisme aux Houches. - Photothèque historique à la Maison de la Mémoire et du Patrimoine : pôle images d'archives de la

Vallée. - Fondation du Patrimoine : convention de partenariat avec Chamonix pour bénéficier de défiscalisation

sur la rénovation de patrimoine bâti et de subventions (2016). - Loi relative à la Liberté de Création, à l’Architecture et au Patrimoine (LCAP 7/07/2016) : création d'un

groupe de travail à Chamonix.

1.5.2. Communauté de communes du Pays du Mont-Blanc

De son côté, l’Espace Valléen Pays du Mont-Blanc porté par la communauté de communes du même nom privilégie également le développement d’une offre culturelle intercommunale qui vise à :

- Conforter l’offre de découverte de l’art baroque et du patrimoine religieux à Combloux, Passy et Megève.

- Participer au projet « Escapades du baroque dans les Alpes » à l’échelle Savoie / Haute-Savoie / Alpes Maritimes piloté par la fondation Facim, gestionnaire du Pays d’Art et d’Histoire des hautes vallées de Savoie et de ses chemins. Ce projet consiste à mettre en réseau des outils de valorisation des sites culturels baroques du Pays du Mont-Blanc avec l'ambition d’en porter l’extension jusqu’aux Alpes-Maritimes (route du baroque) afin de « rendre visible » l’offre baroque des Alpes française en Europe et à l’International.

- Envisager la candidature au label Pays d’Art et d’Histoire pour le Pays du Mont-Blanc comme cela a été précisé en préambule de ce dossier.

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2. Un projet culturel territorialisé

L’idée développée dans ce projet culturel, c’est de fonder l’action du PAH dans une dynamique de réhabilitation citoyenne qui passe par une véritable co-construction de l’architecture et du patrimoine entre habitants, collectivités territoriales et professionnels de la culture. En quelques mots, sortir de l’âge du patrimoine pour s’ouvrir sur un âge de l’héritage à transmettre qui se tourne vers le futur à l’heure où l’inquiétude de la perte concerne moins le passé que l’à-venir (évolutions climatiques ; préoccupations environnementales ; recherche de sens). Dans cette perspective, ce projet culturel élabore un cadre de pensée pour une conception renouvelée de la culture et du patrimoine qui soit à la hauteur des enjeux du 21ème siècle. Pour ce faire, il mise sur une expérimentation vécue par les habitants et les visiteurs du territoire qui ouvre aux enjeux sociétaux dans leur temps. Comme cela a été précédemment souligné, le projet culturel raconte l’émergence du phénomène touristique du XVIIIème avec les premières grandes conquêtes alpines dans des espaces jusque-là méconnus, voire ostracisés comme cela a très bien été décrit dans la littérature où le mont Blanc est conçu telle une montagne maudite où le diable hante les pentes et les fées attirent les voyageurs imprudents… Toutefois, dès la fin du XVIIIème siècle, l’esprit des Lumières s’intéresse à ces sommets et les savants y voient un champ d’expériences. Le plus connu est Horace-Bénédict de SAUSSURE, (1740-1799). Ce savant né à Conches (Suisse) fait sa première excursion à Chamonix en 1760, et décide en 1786 d’accorder une prime au premier homme qui atteindra le sommet du mont Blanc, ce qui sera réalisé le 8 août 1786 par le cristallier Jacques BALMAT, le premier guide et le docteur chamoniard Michel PACCARD. Il réalise le même exploit l’année suivante, mesurant la hauteur du sommet à 2450 toises, c'est-à-dire 4775 mètres ! La première femme à atteindre le sommet est Marie PARADIS en 1808. Dès lors, la vallée va devenir un lieu visité par de nombreux voyageurs, comme William TURNER, Alexandre DUMAS, Victor HUGO et de nombreux romantiques français ou britanniques. C’est d’ailleurs le colonel ANDERSON qui fut la première victime d’un nouveau sport, l’alpinisme en 1820. Le XIXème siècle a donc (re)découvert une montagne qui a été souvent considérée comme un espace sauvage, dangereux auparavant. Si les visiteurs de l’époque se contentent des auberges existantes, voire logent chez l’habitant, le territoire va voir se construire des hôtels plus conformes aux aspirations de cette clientèle fortunée et aristocratique. Le XXème, quant à lui, s’inscrira dans une vision prométhéenne de la montagne où aucune conquête n’est impossible corrélativement aux avancées scientifiques et techniques. Cela se traduira avec un aménagement de la montagne sans précédent où se déploiera l’ingéniosité humaine et l’ouvrira au tourisme de masse en la rendant accessible à tout un chacun ; phénomène qui ira croissant par la suite jusqu’au XXIème siècle. Le berceau mondial du tourisme de montagne s’est donc élaboré progressivement avec autant de défis à relever sur le territoire. Le Pays du Mont-Blanc a dû s’ouvrir à l’altérité, l’ailleurs tout en préservant son identité grâce au développement de stratégies d’adaptation.

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2.1. Accueillir

2.1.1. Hôtellerie

2.1.1.1. Entre cabarets et Prieuré

L’histoire retient que le Pays du Mont Blanc, en particulier dans la vallée de Chamonix, fut découvert par

l’aristocratie au XVIIIème siècle. C’est sans compter sur le premier « visiteur » recensé en la personne de René

du PLESSIS VILLENEUVE, administrateur des gabelles du Dauphiné. A l’époque, il n’est fait mention nulle part

d’une quelconque hôtellerie. Cependant, les relations administratives et économiques de la vallée avec

l’extérieur impliquent tout de même la présence de lieux d’accueil et de gîtes pour l’étranger qui datait de

1623. Ces auberges de confort médiocre sont délaissées par les gens de distinction qui préférèrent trouver

asile au Prieuré. De la même façon, la caravane WINDHAM et POCOCKE, après une nuit de campement en

1741, préfèreront l’hospitalité du Prieur que d’aller chez le cabaretier. C’est ce dernier événement qui marqua

le début de l’aventure touristique car ils feront connaître le village à leur retour en Angleterre via leur récit de

voyage « Relation d’un voyage aux glacières ». C’est ce qui fera très rapidement de Chamonix un lieu

d’excursion sur la route des « glacières » et les prémices d’une nouvelle profession : hôtelier. Le phénomène

démarrera lentement car selon de SAUSSURE qui viendra pour la première fois en 1760 puis cinq ans plus tard,

qu’il n’y avait pas encore d’auberge logeable mais seulement un ou deux « misérables cabarets ».

Source : Vue du Prieuré et de la vallée de Chamonix du côté du glacier des Bois, 1777, François Jalabert (1740-1798), commune de

Chamonix.

2.1.1.1. De la pension de famille, auberge, à l’hôtel

C’est à Chamonix, alors simple Prieuré, qui se construisit peu à peu en bourg à l’aune du développement hôtelier que le phénomène touristique pris son essor au Pays du Mont Blanc avant de drainer l’ensemble du territoire.

1770 - L’auberge de madame COUTTERAND – Hôtel d’Angleterre

L’esprit de découverte qui caractérisa le siècle des Lumières va stimuler le besoin de découvrir et d’accueillir

ces visiteurs curieux baignés dans le romantisme des écrivains et peintres qui firent évoluer les représentations

de la montagne. C’est dans ce contexte que madame COUTTERAND, en 1770, transforma sa modeste auberge

en petit hôtel baptisé l’hôtel d’Angleterre qui accueillit HB de SAUSSURE, MT BOURRIT ou JWv GOETHE (1779).

Cela marqua le début de l’hôtellerie au Pays du Mont Blanc. Chamonix a reçu 1500 personnes en 1783 après

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que le chemin d’accès à la vallée pour piétons et mulets fut aménagé ; ce qui facilita l’arrivée des voyageurs,

des marchandises et des matériaux de construction par la suite.

1780 - Ville ou hôtel de Londres

A la fin du XVIIIème siècle, les frères TAIRRAZ construisirent l’hôtel de Londres qui vint concurrencer l’hôtel

d’Angleterre. Ils se disputèrent la cuisinière : la femme de Jacques BALMAT qui travaillait ordinairement à

l’hôtel d’Angleterre. Cet établissement eu la préférence des grands seigneurs de toutes les nations, tels

Joséphine de Beauharnais qui y a séjourné en 1810. L’hôtel d’Angleterre lui garda la préférence des guides qui

y conduisaient leurs clients en échange d’une commission.

1785-1790 - Les auberges Paccard et Simond

La conquête du mont Blanc entretint dans la vallée une activité qui permit la création d’une troisième auberge

entre 1785 et 1790 tenue par PACCARD. De moindre envergure que les deux premières, elle généra tout de

même une concurrence supplémentaire. Jean-Pierre SIMOND souhaita également créer une auberge à l’écart

du bourg à la même période, une délibération des syndics de Chamonix lui autorisa le 09 janvier 1785 pour

pouvoir répondre au besoin de loger les étrangers qui venaient en été.

Début XIXème - Le besoin d’élargir la capacité d’accueil

Mais très vite le nombre de lits pour accueillir les excursionnistes des glacières devinrent insuffisant. Le Conseil

de Chamonix demanda donc à l’Intendant la possibilité de répondre aux besoins « touristiques ». Le nombre

d’établissements fut alors fixé à trois hôtels et cinq cabarets dont un situé à Argentière. Le phénomène ne fit

que s’amplifier par la suite.

1816 - Hôtel de l’Union

En 1816, les frères CHARLET entreprirent la construction de l’hôtel de l’Union. Ce fut le début de la mutation

de l’architecture montagnarde. Son confort moderne allié aux eaux sulfureuses du Bouchet fit très vite sa

renommée. Le guide du voyageur RICHARD en fit la publicité en 1824 ; guide qui mentionnait l’itinéraire du

voyage à Chamonix. Les établissements historiques disparurent tel l’hôtel d’Angleterre. Le successeur, un

certain SIMOND, fit agrandir le bâtiment et il le renomma l’hôtel du Nord, aujourd’hui annexe de l’hôtel des

Alpes.

1830 - 1840 - Des hôtels en belvédère

La famille TAIRRAZ poursuivit son développement hôtelier. C’est le fils, Joseph, qui fit construire à son tour,

en 1832, l’hôtel de la Couronne. Il deviendra ensuite le Relais des diligences. Puis vint la création de l’hôtel du

Tour où descendit Henriette d’ANGEVILLE qui fut la deuxième femme à conquérir le mont Blanc en 1838,

trente ans après Marie PARADIS. Leur particularité, c’est qu’ils proposaient une exposition en belvédère sur le

massif du mont Blanc.

Seconde moitié du XIXème siècle

De 1500 visiteurs dans la vallée de Chamonix en 1783, on serait passé à environ 5000 visiteurs en 1850 et à plus de 12 000 en 1867 (dont 4000 anglais et 3000 américains) juste après l’Annexion des Savoie à la France (1860). En 1860, Chamonix ne comptait alors que sept hôtels au moment de la visite de l’Empereur Napoléon III. Il descendit à l’hôtel Royal. Le mouvement d’accueil des touristes continua de s’accélérer ensuite. Une ébauche de ce qui se nommera plus tard la taxe de séjour fut établi. Il s’agissait d’une cotisation dont devait s’acquitter les aubergistes à la commune de Chamonix afin de réaliser les embellissements publics. La vie

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hôtelière commença à se régler (horaires pour les repas). Sur l’autre versant du mont-Blanc, à Saint-Gervais-les-Bains, s’organisa également l’accueil qui a très tôt compté de nombreuses habitations destinées à accueillir des hôtes temporaires.

2.1.1.2. Entre 1880 et 1930 : l’édification d’hôtels et palaces et l’organisation

de l’offre touristique

Depuis les dernières années du XIXème siècle jusqu’aux années 1930, l’accueil hôtelier s’est développé sous

diverses impulsions. L’événement majeur fut, à l’échelle du Pays du Mont Blanc l’arrivée du chemin de fer

jusqu’au Fayet. La société PLM (Paris-Lyon-Marseille) construisit depuis là une voie à faible écartement

fonctionnant à l’électricité qui permit de déverser toujours plus de visiteurs à Chamonix puisque ce fut le site

touristique majeur à découvrir au Pays du Mont Blanc durant longtemps. Le Club Alpin Français milita dans ce

sens et fut suivi dans son action par Touring Club de France puis par l’action de syndicats d’initiative locaux

durant le XXème siècle qui structurèrent peu à peu l’offre touristique. C’est dans cette perspective qu’en 1904,

le Congrès de l’industrie hôtelière recommanda la création de petits hôtels de montagne et que les acteurs

économiques favorisèrent, appuyèrent et provoquèrent la fondation de nouveaux hôtels dans les contrées où

les sites étaient particulièrement remarquables du point de vue du tourisme. Il accompagna cette activité en

développement sur le modèle des syndicats d’initiative de Savoie et Haute-Savoie. C’est ainsi que Sallanches,

bourg de passage où séjournait certains visiteurs sur la route des glacières de Chamonix au XVIIIème siècle fut

décrétée station de tourisme en 1921.

A Saint-Gervais-les-Bains, ville thermale, l’accueil de ces curistes a vu le jour sous la forme d’hôtels et de

palaces : le Mont Joly Palace, porte d’entrée de Saint-Gervais ; Hôtel le Genève ; le Grand Hôtel (La résidence) ;

le Splendid et le Royal Hôtel ; l’Hôtel du commerce ; l’Hôtel de la Bérangère ; l’Hôtel le Beau Rivage ; l’Hôtel

de Savoie. A Chamonix, la construction des palaces : le Majestic (1902) et le Savoy (1905), puis le Chamonix

Palace (Musée alpin) inauguré en 1914. Parallèlement fut construit le Carlton. Ces lieux d’accueil qui visait

essentiellement une clientèle aisée de la Belle Epoque s’inscrivit dans la continuité du développement hôtelier

du siècle précédent. A la mode des eaux vint se substituer un nouvel élan, celui des sports d’hiver.

L’hôtel Mont-Blanc à Combloux en est une illustration. La Compagnie Paris-Lyon-Marseille (PLM) confie les travaux à l’architecte annécien Fleury RAILLON au début du XXème siècle. Au cours des années 1923 et 1924, il réalisa au sud-est de l’ancien bâtiment des agrandissements dans un style art nouveau. Le béton armé, l’emploi dominant du bois, les balcons couverts, les fortes saillies des toitures se marièrent parfaitement au granit, à la chaux et au fer forgé de l’ancienne partie. L’hôtel prit alors des allures colossales tout en conservant sa grâce architecturale première. L’hôtel, désormais d’une superficie totale de 3000 m2, quadrupla ses capacités d’accueil et offrit aux nombreux touristes tous les conforts. Il passa de quatre à cinq étages et de cinquante à deux cents chambres avec eau courante, chaude et froide et soixante salles de bains. Un escalier à double volée ainsi qu’un ascenseur permirent d’accéder aux étages. La Compagnie privilégia également l’agrément des salons, des halls et des salles à manger, ouvertes à grand renfort de baies et de vitrages sur le panorama du mont Blanc. Elle prolonga et agrandit les terrasses de l’ancienne partie et créa en rez-de-jardin, exposées sud-est, des salles de réception et une cafétéria qui invitaient la clientèle à la flânerie dans le parc. Ce dernier fut d’ailleurs aménagé de petits sentiers et abondement arboré.

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Source : L’hôtel Mont-Blanc à Combloux (aujourd’hui), commune de Combloux

L’accueil au Pays du Mont Blanc continua ensuite à évoluer mais plutôt sous la forme de la villégiature. Ce

nouveau type de séjour vint compléter l’offre touristique hôtelière existante et marquer une rupture dans le

mode d’accueil (cf. 2.1.5.).

2.1.2. Refuges : lieux de conquête, de repos, de passage, de science…

2.1.2.1. Des monastères aux temples de la nature…

Pendant des siècles, et en dehors des vallées, la montagne n’était ni parcourue, ni habitée en permanence. Seulement quelques audacieux bergers en quête d'alpages d'été, chasseurs de chamois, chercheurs de cristaux et autres contrebandiers se risqueront dans ces zones inconnues au-dessus des forêts en se protégeant sous des reliefs naturels ou de rudimentaires cabanes de pierres sèches. Seuls les grands axes de communication, permettant de traverser les Alpes et les Pyrénées, verront pour la sécurité des voyageurs et dès l’antiquité, l’aménagement en altitude d’abris de secours, puis les voies romaines franchiront les grands cols, avec des refuges aux passages cruciaux, remplacés par des hospices au Moyen Âge. Ce n’est qu’à partir de la Renaissance, on verra l’édification d’hôtelleries, d’hospices et de monastères au niveau des grands cols : Mont Cenis, Grand et Petit Saint-Bernard, Simplon et autres... Dès le milieu du XVIIIème siècle, c'est dans le massif du mont Blanc que se produisit l'élan décisif qui aboutira en deux siècles à un véritable équipement de la montagne.

Comme cela vient d’être souligné, en juin 1741, une caravane de huit maîtres et cinq domestiques atteignit le Prieuré de Chamonix en trois jours depuis Genève. C’étaient les Anglais Richard POCOCK et William WINDHAM accompagnés de quelques amis. La caravane effectuait une excursion jusqu’au Montenvers pour admirer les « glacières ». Ils n’étaient pas les premiers à visiter la vallée, mais ce qu’ils firent les premiers, ce fut d’en parler ! Ce fut le début d’une formidable convergence vers les hauts sommets et les domaines de l’alpinisme. De nombreux visiteurs suivront et, pour accompagner cette affluence, des auberges s’installeront aux passages obligés des touristes, venus admirer les « sublimes horreurs » : au col de Balme, à la Pierre Pointue, au col de Voza. C’est au Montenvers, à 1913 mètres d’altitude et dominant le « glacier des Bois » qui devint la « Mer de glace », que le premier refuge en pierres sèches fut édifié pour donner suite à un don de Charles BLAIR en 1779.

En 1794, à l’instigation de Marc-Théodore BOURRIT (né à Genève le 6 août 1739 et mort à Lancy le 7 octobre 1819, alpiniste et à la fois chantre, compositeur, artiste peintre, graveur, voyageur, écrivain et historiographe), une bâtisse en dur fut édifiée au même endroit, « une habitation qui offrit aux savants, aux naturalistes, aux peintres, aux voyageurs de toutes les classes, de toutes les nations, un asile assuré ». Ce refuge sera appelé communément « Temple de la nature » en référence à sa forme octogonale et à la dédicace inscrit sur son fronton « À la nature ». La visite du site touristique du Montenvers était une excursion prisée dès le début du XIXème siècle. En 1880, c’est un hôtel qui fut élevé où les touristes furent conduits à dos de mulets et en chaises à porteurs.

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2.1.2.2. … A la conquête du massif du mont Blanc

C’est le mont Blanc, le plus haut sommet des Alpes, qui capta toutes les attentions. Les diverses tentatives d’ascension firent apparaître le besoin de disposer sur ses voies d'accès, longues et exposées, d’abris intermédiaires. C'est ainsi que Horace-Bénédict de SAUSSURE fit dresser des cabanes rudimentaires au pied de l'aiguille du Goûter dès 1785, puis au pied des îlots rocheux des Grands Mulets en 1786. La cabane Saussure de 1786, puis un autre abri construit de 1813, ne furent que des gîtes précaires sur le seul itinéraire connu à l’époque vers le plus haut sommet des Alpes.

1853 - Le premier refuge des Grands Mulets, 3050m

En 1853, ce fut l’inauguration du premier refuge des Grands Mulets, 3050m sur la voie d’ascension du mont Blanc par la Compagnie des Guides de Chamonix. L’hébergement de 1853 devint vite trop petit et deux nouvelles constructions furent érigées, en 1866, par la Compagnie des Guides et en 1881, par la municipalité de Chamonix. Il fallut attendre 1897 pour trouver une étape plus confortable pour l’ascension du plus haut sommet des Alpes qui se banalisa ensuite.

1858 – De la cabane au refuge de l'aiguille du Goûter, 3817m à 3835m

D’abord en 1854, une hutte fut érigée. En 1858 fut aménagé le premier refuge de l'aiguille du Goûter à 3817m. Il s’agissait de quatre couchages sur la route du mont Blanc depuis Saint-Gervais qui ne fut trouvée qu’en 1861. Cette initiative montra bien l’impérieuse nécessité pour les guides de Saint-Gervais de trouver un accès pour accéder au mont Blanc depuis Saint-Gervais. La cabane devra être restaurée en 1882 et un nouvel abri créé en 1906. Composée de dix couchages, elle fut gérée par la Section de Saint-Gervais du Club Alpin Français. Mieux bâtie et mieux établie, elle remplaça l’abri de 1882 souvent rempli de glace. Elle facilita l’ascension du mont Blanc depuis Saint-Gervais. En 1936, l’implantation du refuge Orset à 3817m au niveau de l’Aiguille du Goûter fut construit tout proche des cabanes voisines élevées en 1858, 1882 et 1906. Il fut également géré par la Section de Saint-Gervais du Club Alpin Français. Composé de trente couchages, il fut racheté par le Club Alpin Français en 1942. Il fut remplacé en 1962 (76 couchages, 20 hors gardiennage dans l'annexe). Le refuge présenta rapidement des difficultés d’entretien et il fallut contrer une poussée glaciaire imprévue liée à l’environnement de la nouvelle installation. En 1991, une nouvelle annexe du refuge de l’aiguille du Goûter porta les places d’accueil à 120 couchages pour les candidats à l’ascension du mont Blanc. Le refuge de l’aiguille du Goûter fut ensuite refondé en 2012 à 3835m car il s’agit d’une étape essentielle sur la route du mont Blanc depuis Saint-Gervais, une des deux voies classiques d’ascension du côté français depuis 1861. Il reste encore aujourd’hui l’un des refuges les plus haut d’Europe. Il est évoqué notamment dans Premier de cordée, le grand roman de l’alpinisme de Roger FRISON-ROCHE (Cf. 2.4.7.). Il est un exemple de l’évolution du tourisme de montagne.

Chronologie :

1858-59 : première cabane des guides de Saint-Gervais

1880-1890 : reprise de ce refuge par les guides de Saint-Gervais

1906 : reconstruction du refuge par Payot et Perroud Joseph-François

1936 : construction du refuge de Georges Orset

1961 : nouveau refuge du CAF

1991 : construction d’une annexe au refuge du CAF

2012 : nouveau refuge du Goûter. Prototype pour de futurs refuges, il bénéficie de nombreuses innovations

environnementale et architecturale et se caractérise par sa forme ovoïde et son revêtement en acier

inoxydable.

1863 - La cabane du col du Midi 3555m puis des cosmiques 3613m

Disposer d’une étape sur l’itinéraire dit des « trois monts blancs » a d’abord été une préoccupation des guides

de Courmayeur. Ils étaient à la recherche d’un accès vers le mont Blanc. A dessein, dès 1863, ils installèrent

une cabane en bois de dix couchages au col du Midi vers 3555m. Cette cabane a servi d’étape pour atteindre

le sommet des Alpes depuis Courmayeur par le col du Géant en passant par le mont Blanc du Tacul et le mont

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Maudit. Cet itinéraire très détourné perdra de son intérêt après 1890 avec la découverte d’un accès plus

commode par le glacier du Dôme et l’arête des Bosses. Le petit refuge sera alors délaissé par les italiens.

Restauré en 1895 par Joseph VALLOT et Paul HELBRONNER, il est cédé au Club Alpin Français en 1896. Encore

entretenu en 1923, mais souvent inutilisable car rempli de glace, il disparaîtra durant l’hiver 1929-1930

emporté par une avalanche. Le nécessaire point d’appui sur la route des « trois monts blancs » sera remplacé

en 1942 par le local technique du téléphérique du col du Midi vers 3593m encore appelé cabane Simon. Elle

offrira un abri occasionnel aux alpinistes. Elle fut laissée à l’abandon dans les années 1950. Le 31 août 1946,

fut inauguré le laboratoire d’Étude des Rayons Cosmiques à proximité du col du Midi. Cette implantation a pu

bénéficier de la benne de service du troisième tronçon du téléphérique du col du Midi désormais

définitivement abandonné. Il s’agissait d’une étroite plateforme qui pouvait emporter six personnes depuis la

station des Glaciers au départ du village des Pèlerins. Le laboratoire comprenait, en plus du dispositif

scientifique permettant l’étude des rayons cosmiques, une cuisine et un dortoir. Le refuge des Cosmiques,

après 1946, accorda ensuite l’hospitalité aux alpinistes dans la limite des couchages disponibles. Il fut détruit

accidentellement après une explosion suivie d’un incendie le 24 décembre 1984. Une nouvelle installation

moderne fut érigée par la commune de Chamonix, la Compagnie des Guides et le CNRS. Le nouveau refuge

des Cosmiques à 3613m inauguré en 1991 compte désormais 130 couchages sur le site du refuge-laboratoire

de 1946 détruit en 1984. C’est une nouvelle étape importante pour un des accès au sommet des Alpes.

L’intervention du Club Alpin Français

Plus tard, après les initiatives locales, va intervenir l'action plus large et plus collective des Sociétés sportives d'alpinistes, c'est-à-dire essentiellement le Club Alpin Français et la Société des Touristes du Dauphiné. À sa création en 1874, le Club Alpin Français est une association qui a pour objet social non pas un sport, mais un domaine - la montagne - ce qui rendra ce club, encore aujourd’hui, très différent des associations sportives classiques. C’est à ce moment-là une société d’un caractère nouveau, sans exemple dans le passé. Son but général inscrit dans ses statuts est « d'encourager et favoriser la connaissance de la montagne et sa fréquentation individuelle ou collective en toutes saisons ». Parmi les moyens d'action que l’association se donne, c’est « la construction, l'amélioration et l'entretien de refuges, chalets, abris et sentiers ». Pour le Club Alpin Français, l'existence de tels équipements, à peu près inexistants dans les massifs français, conditionne la possibilité de les parcourir en vue de randonnées ou d'ascensions. Sans ces bases de départ, de repos et de sécurité, il aurait été vain de vouloir développer des disciplines sportives liées aux hautes montagnes. C’est dans cette perspective qu’entre 1875 et 1914, quelques quarante refuges et chalets sont créés par le Club Alpin Français sur l’ensemble du massif alpin et plus particulièrement dans le massif du mont Blanc.

1890 - Le refuge-observatoire Vallot, 4358m

L’installation du premier Observatoire Vallot du mont Blanc au niveau des Rochers Foudroyés à 4358m (1890)

est une initiative de Joseph VALLOT sur ses fonds propres. Cette plateforme scientifique servit aussi de refuge

au profit des guides de Chamonix, à la demande de la municipalité, car il était situé sur la voie d’accès au mont

Blanc. Il représentait donc un abri de sécurité particulièrement précieux. Il est à lui seul un raccourci de

l’histoire des refuges. En effet, d’abord refuge-observatoire, Joseph VALLOT, en 1893, édifia un refuge (4362m)

pour les touristes à proximité de son observatoire afin de séparer l’observatoire du refuge pour la tranquillité

des scientifiques. Ce refuge accueilla guides et ascensionnistes jusqu'en 1937. L'observatoire, quant à lui

devint une dépendance de l'Observatoire de Paris en 1937. En 1925, le refuge fut rétrocédé par la municipalité

de Chamonix au Club Alpin et en 1938 un nouveau refuge en alliage d’aluminium verra le jour.

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Source : Le refuge Vallot, 4362m et en bas à gauche l’observatoire Vallot, 4347m,

http://centrefederaldedocumentation.ffcam.fr/lesrefuges.html

1897 - Le refuge des Grands Mulets, 3051m

Une grande et confortable bâtisse vint remplacer les refuges de 1853, 1866 et 1881 implantés sur différents emplacements pour l’accès au plus haut sommet de l’arc alpin. Géré par la commune et les guides de Chamonix, ce refuge put accueillir une cinquantaine de personnes avec quatre chambres, salle à manger et cuisine au rez-de-chaussée et quatre chambres et un dortoir pour les guides à l’étage. Il fut reconstruit à l’initiative des services de l’État sur l’emplacement du refuge de 1897. Inauguré le 8 août 1960, il accueille désormais 70 personnes. Il est géré par la Section de Paris du Club Alpin Français.

1899 - Le refuge Durier, 3349m

Le refuge Durier à 3349m est en bois. Il est érigé au col du Miage et se composa de huit couchages. Il facilita, entre autres ascensions, la traversée vers le mont Blanc par l’arête de Bionnassay. Géré par la section de Saint-Gervais du Club Alpin Français, il fut réaménagé en 1961, puis en 1974. En 1989, fut édifié un second refuge de quinze couchages par les bénévoles de la Section de Saint-Gervais du Club Alpin Français.

1904 - Le refuge de la Charpoua, 2841m

Le refuge de la Charpoua, appelé aussi refuge Charlet-Straton, était un ouvrage en bois avec douze couchages. Il fut installé par la Société des sports alpins de Chamonix sur l’accès classique vers les Drus. Il fut confié à la gestion du Club Alpin Français en 1960. Après 1985, il fut administré par la Compagnie des Guides de Chamonix.

1904 - Le premier refuge du Couvercle, 2687m

En 1904, le premier refuge du Couvercle remplaça un bivouac fréquenté sous le monolithe de la Pierre du Couvercle. C’est une première cabane de bois sous ce pittoresque auvent qui fut construite par le Club Alpin Français. Il proposait douze couchages. Un agrandissement fut réalisé en 1911 avec un gardiennage et 24 couchages. En 1932, à l’initiative de la Section de Chamonix du Club Alpin Français, un nouveau refuge en pierre comptant 108 couchages fut inauguré. Il remplaça le refuge de 1904 agrandi en 1911. Il fut réaménagé en 1952 pour compter 137 couchages répartis en 7 dortoirs. Le refuge de 1904 remis en état servit d’annexe et resta accessible hors gardiennage avec 30 couchages.

1906 - Le refuge du Jardin d’Argentière, 2822m

Le premier refuge dans le cirque d’Argentière date de 1906. Il s’agit du refuge du Jardin d’Argentière. C’est une initiative de la Section de Chamonix du Club Alpin Français. Il a d’abord été établi sur la moraine bordant

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le glacier des Améthystes sous l’arête sud de l’Aiguille d’Argentière mais des malfaçons obligeront une reconstruction quelques mètres en dessous vers 2822m. Il a été conçu pour douze personnes. L’inauguration se fit à skis pendant l’hiver 1906-1907. Le refuge fut déplacé à 2750m en 1922. Il porta un moment le nom de refuge GALLOIS en hommage au donateur qui a permis cette reconstruction et passa à quatorze couchages. Il fut ensuite remplacé en 1933 pour atteindre 80 couchages à l’initiative de la Section de Paris du Club Alpin Français grâce à un don et à un legs d’adhérents. Il fut conçu par les porteurs d’Argentière.

Source : Le refuge du Jardin d’Argentière de 1906, http://centrefederaldedocumentation.ffcam.fr/lesrefuges.html.

Le nouveau refuge d’Argentière à 2771m est inauguré le 7 septembre 1974 dans le cadre des manifestations marquant le centenaire du Club Alpin Français. Il compte 140 couchages (ultérieurement 91 couchages supplémentaires, 16 hors gardiennage) et sa gestion confiée à la Section de Paris-Chamonix du Club Alpin Français. Il venait remplacer le petit refuge du Jardin d’Argentière situé à 2822m datant de 1906 et 1933 grâce au soutien de l’État, de l’Alpine Club, du Conseil général de Haute-Savoie et de la ville de Chamonix.

Source : Le refuge d’Argentière de 1974, http://centrefederaldedocumentation.ffcam.fr/lesrefuges.html.

1911 - Des instructions techniques

Dans l’intention de rationaliser la construction des refuges, Henri VALLOT publia le livret « Instructions techniques concernant la préparation des projets de refuges et de travaux en montagne ».

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1926 - Le refuge du Requin, 2516m

Le refuge du Requin à 2516m au pied des séracs du glacier du Géant fut construit en pierre et inauguré le 11 juillet 1926. Dominant la Mer de Glace, il permit d’abord 54 couchages. La toiture fut arrachée durant l’hiver 1928-1929 et remise en état. Il fut agrandi en 1935 pour être porté à 118 couchages (réaménagement ultérieur avec 60 couchages) auquel il fallait ajouter le gardiennage. Il fut d’abord géré par la Section de Paris du Club Alpin Français jusqu’en 1994. Il fut ensuite administré, après 1995, conjointement par la Compagnie des Guides de Chamonix et la Section de Chamonix du Club Alpin Français. Pour donner suite à l’expiration du bail de la parcelle du terrain concédée pour l’emprise du refuge, la commune de Chamonix voulut récupérer le terrain communal et le refuge que le Club Alpin Français avait érigé et entretenu. Devant cette réclamation et les indemnisations qui pouvaient en résulter, un arrangement fut trouvé par une administration conjointe.

1928 - Le refuge-bivouac Paul CHEVALIER, 3450m

Le refuge-bivouac Paul CHEVALIER à 3450m fut implanté proche de la brèche Puiseux sur l’arête des Périades. Composé de trois à quatre couchages, il fut à l’initiative du Groupe de Haute Montagne avec un financement de Paul CHEVALIER. Il fut inauguré le 10 juillet 1928 par CHEVALIER et Marcel SAUVAGE en route pour l’arête nord de la Calotte de Rochefort.

1930 - Le refuge Albert 1er, 2706m

Le refuge Albert 1er fut édifié au-dessus du glacier du Tour par la Section de Paris du Club Alpin Français grâce à un don du Club Alpin Belge. Il était alors composé de 40 couchages. Pour son inauguration le 28 août 1930, il a reçu comme premier hôte le roi des Belges et alpiniste Albert 1er. Structure en bois et fibrociment, il fut agrandi en 1935 à 48 couchages. L’installation du nouveau refuge Albert 1er situé à 2702m compte 130 places (20 hors gardiennage). Il est proche de la cabane de 1930 qui sert d’annexe. Il est géré par la Section Paris-Chamonix du Club Alpin Français. Il est inauguré le 12 juillet 1959. Pour la première fois, l’hélicoptère sera utilisé pour le transport des matériaux de construction comme pour la rénovation des Grands Mulets. Il devient en été un centre-école d’enseignement et de perfectionnement pour l’alpinisme.

1930 - Le refuge de Leschaux, 2431m

La Section de Paris du Club Alpin Français avait pu inaugurer le 27 août 1930 un premier refuge de Leschaux à 2431m grâce à un legs. Il offrait 24 couchages. Il fut agrandi à 30 couchages en 1934 à la suite d’un autre legs. Il fut détruit par une avalanche en 1954. A la suite de cet événement, le Club Alpin Belge offrit au Club Alpin Français un nouveau refuge moderne préfabriqué initialement destiné à remplacer le refuge Solvay de l’arête du Hornli au Cervin. Il fut installé à 2450m. Géré par la Section de Paris-Chamonix du Club Alpin Français avec 12 couchages (ouvert hors gardiennage), il fut inauguré le 21 septembre 1968.

1930 – La cabane de la Tour Rouge, 2822m

C’est une cabane de huit couchages donnant accès au versant est de l’Aiguille du Grépon qui est érigée en 1930 par le Club des sports de Chamonix. Trop délabrée, elle fut abandonnée dans les années 1960.

1931 - Le refuge-bivouac de l’Envers de Blaitière

Implanté au pied de l’arête sud du sommet de Blaitière par le groupe des alpinistes de Fontainebleau, il prit le nom de refuge-bivouac Bobi Arsandaux. Inauguré le 15 août 1931, il donna accès aux ascensions du versant de l’envers des Aiguilles de Chamonix. Il disparut ultérieurement.

1934 - Le refuge de Tête Rousse, 3167m

Proche de l’ancien chalet-hôtel d’avant 1907, vétuste et abandonné, le refuge de Tête Rousse à 3167m fut bâti grâce à un legs de la Section de Paris du Club Alpin Français. Composé de 60 couchages, il fut inauguré le 2 septembre 1934. Sur la voie d’accès au mont Blanc par l’Aiguille du Goûter, il fut agrandi à 75 couchages en 2005. Il est géré par le Club Alpin Français Section de Saint-Gervais.

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1938 - L’opposition aux refuges-bivouacs

En 1938, lorsque les refuges-bivouacs placés sur l'arête de Peuterey et sur l'arête de l'lnnominata allaient être implantés sur le versant italien du mont Blanc, Lucien DEVIES (un des principaux dirigeants des associations de montagne de la période 1945-1970 en France) se manifesta par courriers argumentés auprès des responsables italiens contre les refuges-bivouacs placés sur les itinéraires de montagne qui réduisaient la part d’aventure selon lui : les Dames Anglaises sur l’arête de Peuterey ; les Eccles sur l'arête de l'lnnominata.

1942 - Le refuge de Plan Glacier, 2538m

Le refuge de Plan Glacier à 2538m fut établi par la Section de Saint-Gervais du Club Alpin Français. Il est situé sur la moraine droite du glacier de Miage. Avec 15 couchages, il est inauguré le 30 août 1942. Il est balayé par une avalanche l’hiver suivant et relevé. Plus tard, il fut transmis à une gestion privée.

1945 - Le refuge de l’Envers des Aiguilles, 2520m

En 1945 la construction du refuge de l’Envers des Aiguilles à 2520m fut entreprise par le Service de l’équipement de la montagne et l’administration des Ponts et Chaussées. Après bien des retards et des difficultés, le refuge, avec ses 50 couchages (12 hors gardiennage), fut inauguré en 1957 et confié à la Section Paris-Chamonix du Club Alpin Français pour sa gestion.

1968 - Le refuge des Conscrits, 2730m

A l’origine, c’est une cabane de chantier située sur la rive droite du glacier de Tré-la-Tête à 2730m au pied du rocher des Conscrits qui est dressée en 1942 pour l’édification d’un hypothétique hôtel qui ne verra jamais le jour. La cabane fut ensuite laissée à l’abandon puis réaménagée en refuge inauguré le 21 juillet 1968. Il est géré par la Section de Lyon Saint-Gervais du Club Alpin Français avec 14 couchages. Le refuge sera agrandi à 40 couchages (14 hors gardiennage) en 1973. Ce dernier fut démonté en 1996 puis remplacé plus bas, à 2580m, par un refuge moderne en 1997. Ses 82 couchages (12 hors gardiennage) sont gérés par le Club Alpin Français Section de Saint-Gervais.

2.1.2.3. Des chalets et des gîtes

Avant la Première Guerre Mondiale et durant l’entre-deux-guerres, en complément des refuges d’altitude qui sont les fleurons de son patrimoine, le Club Alpin Français, pour accompagner les activités sportives et touristiques d’été et d’hiver va construire, louer, aménager, valoriser et entretenir certains chalets d’alpage, refuge de moyenne altitude et gîte de villages. Beaucoup de ces gîtes auront une vie plus ou moins éphémère, notamment certains chalets-skieurs. Pour la plupart d’entre eux, ils ne survivront pas à la Seconde Guerre Mondiale, au développement du ski de piste et aux remontées mécaniques. Cependant entre 1954 et 1958, les chalets-skieurs furent tout de même relancés par le Club Alpin Français pour répondre à l’engouement de l’époque pour le ski et au manque d’hébergements adaptés. Ce fut par exemple le cas au Mont d’Arbois à Megève puis aux Contamines-Montjoie en 1967. Certains de ces hébergements furent ultérieurement transmis à la gestion privée. Dans la vallée de Chamonix, le chalet de montagne du Tour fut inauguré le 14 janvier 1978. Géré par la Section de Paris du Club Alpin Français, il offrait 76 couchages. Les tractations pour l’acquisition du terrain et le financement du projet ont pris plusieurs années. Lieu d’hébergement et de séjour, il s'inscrivait dans un programme national de centres alpins destinés aux stages et aux formations. A partir de 2006, il devient une base d’activités qui permet l’organisation des stages fédéraux et des activités des Clubs Alpins locaux. Il est également accessible aux séjours individuels ou en groupe, libres ou avec activités.

Note :

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Les refuges deviennent alors un équipement indispensable et un attrait économique indéniable pour les trois communes du mont Blanc et leurs guides : Chamonix, Courmayeur et Saint-Gervais. De nombreux autres refuges se construiront durant le XXème siècle pour accueillir cette pratique alpine en expansion. Ces lieux anciens et centraux dans l’histoire du tourisme de montagne ont pourtant été peu pris en compte dans le recensement effectué par les acteurs du Pays du Mont Blanc. Pourtant, les premières actions de valorisation dans le Carnet de rendez-vous 2018 sur l’accueil les considèrent : visite du refuge de Doran à Sallanches ; conférences sur les premiers refuges et les premiers guides aux Contamines-Montjoie… Poursuivre leur documentation et leur valorisation au sein du PAH semble être une perspective intéressante.

2.1.3. Climatisme & Thermalisme

2.1.3.1. Les sanatoriums du plateau d’Assy

Sur les hauteurs de Passy, à partir des années 1920, ont été construit des sanatoriums qui ont écrit une partie de l’histoire du climatisme au Pays du Mont-Blanc. C’est un microclimat propice, qui, ajouté à la physionomie d’un site en plateau avec vue sur le massif du Mont-Blanc, en ont fait un des hauts lieux européens de l’activité sanatoriale après la première guerre mondiale.

Praz coutant

Cette histoire a débuté avec la construction de Praz coutant qui a été inauguré en septembre 1926. Composé de 170 lits répartis dans deux bâtiments centraux et des pavillons, ou “cottages” d’altitude : 11 chalets pouvant accueillir de 6 à 11 malades chacun, construit dans un style inspiré de l’architecture montagnarde telle qu’on l’imaginait à cette époque. L’ensemble est situé à 1225 mètres. Il a été créé par les architectes : Aristide Daniel et Lucien Bechmann accompagnés d’un architecte-paysagiste : Edouard André. Un incendie détruisit un des deux bâtiments centraux. Il fut alors reconstruit par Henry Jacques LE MEME et Pol Abraham. Après avoir choisi le site, les docteurs Davy et Bruno créèrent l’Association des Villages Sanatorium de Haute Altitude (AVSHA). La présence d’une chapelle accentue le caractère villageois du lieu. Chaque malade disposait d’une chambre individuelle et d’une galerie de cure personnelle, orientées plein sud. Ce type de sanatorium dit “pavillonnaire”, fréquent aux Etats Unis, est peu présent en France. Il présente l’avantage d’isoler les malades tout en leur offrant une ambiance de villégiature, marquant bien que la vie ne s’arrêtât pas aux soins et aux longues heures de cure.

Des loisirs s’organisaient, comme par exemples des promenades. Cette architecture est d’ailleurs une des premières à prendre en compte les rapports entre les personnes, les bâtiments et le paysage qui les entoure. C’est l’œuvre du paysagiste qui a participé au chantier. Les chalets sont donc disposés selon un plan d’ensemble, au milieu d’une nature recréée par l’aménagement de pelouses, la plantation d’arbres, conformément à l’image qu’on avait alors du jardin alpin.

Cette disposition est toutefois vite abandonnée, car elle présentait trop d’inconvénients. Les pavillons étaient difficiles et coûteux à chauffer, les malades devaient sortir pour aller prendre les repas, ce qui posait un problème pendant les mois d’hiver, et l’infirmerie était trop éloignée des chambres. La disposition en “cottage” se révélant peu fonctionnelle fut donc abandonnée dans les constructions ultérieures.

Guébriant

A Guébriant, inauguré en février 1933, nous retrouvons 192 lits répartis dans cinq bâtiments dessinés par Henry Jacques Le Même et Pol Abraham. Ils sont reliés entre eux par des galeries couvertes pour des femmes. Situé à 1320 mètres d’altitude, il est devenu aujourd’hui un centre familial de vacances. L’ensemble est composé d’un bâtiment central et de quatre “pavillons” reliés entre eux par des galeries fermées et chauffées. C’est donc dans son organisation globale et son fonctionnement intégré qu’il faut considérer ce sanatorium. Les grandes malades étaient reçues dans le bâtiment principal, à proximité des services médicaux. Les malades moins atteintes étaient logées dans les pavillons annexes. Toutes disposaient d’une chambre et d’un balcon de cure individuels et bénéficiaient du calme, de l’ensoleillement et de l’air frais

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indispensables à leur guérison. Les parties communes étaient au rez-de-chaussée, les logements du personnel, les services médicaux et administratifs au nord. Le développement de ces services explique la présence d’une aile à l’arrière du bâtiment central. Elle est à considérer comme l’amorce du plan en forme de T, qui deviendra une caractéristique des sanatoriums de grande taille construits au cours de cette décennie. L’architecture évolue, illustrant le travail réalisé par les architectes pour s’adapter à la fonction du sanatorium : capter la lumière naturelle, faire circuler l’air frais pour fortifier les malades. Le style régionaliste de Praz Coutant est abandonné, au profit d’une architecture nouvelle qui privilégie la fonction du lieu. Toute décoration est bannie, seules des lignes droites et des effets d’ombre et de lumière animent les façades, le plus remarquable étant le choix d’une architecture “en gradins”, où rien n’arrête la pénétration de la lumière, ni les garde-corps des balcons, ni l’avancée des étages supérieurs ou du toit. Techniquement, cette construction en gradins et terrasses n’a été réalisable qu’en raison des progrès du béton armé. Ce matériau, très bien utilisé ici, est au service d’une fonction spécifique qu’aucune pierre taillée n’aurait pu remplir avec autant d’esthétisme ni d’efficacité.

Geoffroy Martel de Janville

Geoffroy Martel de Janville, inauguré en septembre 1937, a également été réalisé par Henry Jacques LE MEME et Pol Abraham pour accueillir des officiers et sous-officiers de l’armée française qui étaient répartis en fonction de leur grade dans chacune des ailes du bâtiment. Conçu en 1934, il est composé de 170 lits à 1140 mètres d’altitude. Ce sanatorium s’apparente au groupe architectural dit “compacts”. Tous les services généraux, médicaux, les

chambres et galeries de cure, les logements du personnel, les boutiques, et même la chapelle, sont intégrés

dans un seul et imposant bâtiment, dont les différentes ailes se répartissent autour d’un axe central

matérialisé par une haute cheminée. Le résultat est plutôt massif, mais très rationnel. L’aile nord est réservée

comme il se doit aux soins et à l’administration. Elle est ici fortement développée. La chapelle, à l’architecture

exceptionnelle avec ses arcs en forme d’équerre, a été habilement intégrée au dernier étage de celle-ci. Une

telle disposition dans un bâtiment unique n’a été possible que par la mise en place d’une circulation étudiée,

faite de couloirs, de monte-charges, d’ascenseurs et d’escaliers internes. Mais tous les éléments

indispensables à l’état des malades sont présents. Les matériaux utilisés sont compatibles avec une bonne

hygiène, donc faciles à nettoyer, le mobilier lui-même privilégie le métal, lavable et esthétiquement plus

moderne.

La façade sud, longue de 120 m, est asymétrique avec ses deux ailes d’inégale hauteur. Les gradins sont ici

absents au profit de balcons saillants. Fidèle à la nouvelle esthétique, toute ornementation a été supprimée.

L’animation résulte des jeux de lignes tantôt courbes, tantôt droites, opposant les grandes fenêtres circulaires

de la salle du restaurant aux formes anguleuses des ouvertures des chambres adoucies par les garde-corps

des balcons de cure. Les accès côté jardin sont signalés par des auvents en porte-à-faux, réalisés grâce à

l’utilisation du béton armé, maintenant bien maîtrisée. Le sanatorium Martel de Janville est le dernier grand

chantier du Plateau d’Assy avant la 2ème guerre mondiale. Il est l’aboutissement de recherches architecturales

spécifiques à ces bâtiments. Comme les autres sanatoriums construits à Passy, il illustre combien l’architecture

de cette époque ; une architecture qui a su s’intéresser aux nouveaux matériaux, innover techniquement,

affirmer des formes nouvelles, et répondre parfaitement aux préoccupations de son époque ainsi qu’aux défis

qui lui étaient posés.

Le Mont-Blanc

Le Mont-Blanc inauguré en 1929, composé de 287 lits, il a été conçu pour des hommes à une altitude de 1050 mètres. Son architecte est M. Dupuis. Il appartient également au groupe des sanatoriums dits “compacts”, où toutes les fonctions sont regroupées à l’intérieur d’un seul bâtiment. Son style architectural se rattache au courant régionaliste déjà exprimé à Praz Coutant, en particulier par l’emploi de grands toits complexes par leurs formes et leurs volumes, et de garde-corps en bois le long des galeries de cure. Bien que ces dernières soient majoritairement regroupées au sud, elles ne présentent pas encore les recherches développées à la

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même date sur le projet de Plaine-Joux dans le but de faire rentrer un maximum d’ensoleillement à l’intérieur des chambres.

Sancellemoz

Sancellemoz a été conçu par Paul Louis Dubuisson à destination d’hommes et de femmes. Il a été inauguré en août 1931. Ce sanatorium est composé de 197 lits situés à 1050 mètres d’altitude. Il appartient aussi au groupe des sanatoriums dits “compacts”. Moderne par ses lignes générales et par son toit terrasse, novateur par l’utilisation du béton armé, il ne se fait pas encore l’écho des recherches entreprises pour capter au maximum les rayons du soleil. La façade sud équilibre l’horizontalité des galeries de cure par des décrochements verticaux qui malheureusement provoquent des zones d’ombre malvenues dans un tel bâtiment. Esthétiquement, on peut regretter sa rigidité qu’aucune ligne courbe ne vient adoucir. Cette anomalie est liée au fait que Sancellemoz devait, pour assurer la séparation hommes-femmes, se composer d’un corps central abritant les services communs parvenant de deux ailes séparées.

Roc des Fiz

Le Roc des Fiz a été créé par Henry Jacques LE MEME et Pol Abraham. Il a été conçu pour accueillir des enfants. Il regroupe 189 lits situés à 1250 mètres d’altitude. Il a été inauguré en mars 1932. Il a été rasé à la suite de la coulée de boue en 1970. Remarquable par son architecture, il est le premier du Plateau d’Assy à tenter d’éviter la circulation extérieure des malades en reliant plusieurs bâtiments annexes au bâtiment central par des galeries couvertes et chauffées, comme il est possible de le voir aujourd’hui au sanatorium de Guébriant. Un des effets de ce choix architectural est d’éviter le côté massif d’un sanatorium “compact”, au profit d’un ensemble plus étalé et moins haut, sans doute plus en harmonie avec le Roc des Fiz qui lui tient lieu de cadre naturel. Ses galeries de cure étaient collectives afin d’assurer facilement la surveillance des enfants.

Plaine-Joux

Enfin un autre projet de sanatorium qui devait prendre place à Plaine-Joux avait été conçu entre 1926 et 1928 par Henry Jacques LE MEME et Pol Abraham. Mais il n’a pas été construit. Il s’agissait d’un projet où les recherches sur le bâtiment avaient réalisé pour capter la lumière. Ce fut sans doute un des projets les plus abouties parmi toutes ceux mis en œuvre au Plateau d’Assy. Sa silhouette en gradins aux extrémités est et ouest, ses balcons de cure dessinés par des arcs de cercle, l’orientation particulière de ses chambres, les lignes très travaillées de la façade sud, sont à l’origine d’une esthétique qui aurait fait de ce sanatorium un chef d’œuvre de l’architecture des années vingt. Ce projet illustre parfaitement l’image que l’on donnait des cures sanatoriales comparées à de “longues croisières immobiles”.

Au-delà de la fonction sanitaire affublée à ces sanatoriums qui vient d’être brièvement résumée, c’est aussi toute une histoire de l’architecture qui s’est jouée dans la première partie du XXème siècle pour répondre à un objectif : rendre ces bâtiments fonctionnels à leur usage en employant de nouvelles techniques de construction. C’est pourquoi, le Pays d’Art et d’Histoire pourra également approfondir les aspects suivants qui sont toujours d’une grande actualité avec l’évolution sans cesse renouvelée des règles d’urbanisme :

• Les contraintes légales ;

• Les contraintes altitudinales du chantier ;

• Les éléments indispensables de l’architecture des sanatoriums ;

• Les contraintes thermiques ;

• Le recours à l’architecture moderne dans l’alpe.

2.1.3.2. Le thermalisme à Saint-Gervais

Les gens de la région connaissaient l’existence d’une source d’eau chaude au goût si particulier qui jaillissait au fond du vallon du Bonnant. Mais c’est le notaire GONTARD qui le premier saura tirer parti de ce bienfait de la nature.

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La naissance des thermes

En 1807, les résultats d’analyses effectuées par des savants genevois comparent les eaux de Saint-Gervais aux meilleures eaux thermales européennes. Excellent promoteur du thermalisme, bâtisseur infatigable, l'établissement de Gontard connaît très vite le succès et l’entreprise prospère jusqu’en 1838. En ce début de XIXème siècle, les eaux thermales de Saint-Gervais font encore figure d’eaux miraculeuses... L'empirisme et l'intuition dictent les traitements proposés aux curistes. En 1815, le docteur MATTEY est le premier à constater la grande efficacité des eaux de Saint-Gervais pour soigner dartres, eczémas et ulcères : Les Bains de Saint-Gervais ont trouvé leur spécificité. Le succès est au rendez-vous, en 1829 l’établissement accueille déjà 300 baigneurs pendant la saison. De 1838 à 1870, De MEY successeur de GONTARD, donne ses lettres de noblesse aux Bains de Saint-Gervais. En faisant édifier plusieurs corps de bâtiment il permet à 300 curistes de pouvoir fréquenter l'établissement. Dès le milieu du XIXème, les eaux de Saint-Gervais sont connues bien au-delà des frontières françaises et leur efficacité en dermatologie draine une large clientèle. Les recherches, les observations se multiplient et l'utilisation des eaux thermales locales se diversifie : soins des troubles digestifs, premières cures destinées aux enfants sont fréquentes. La Compagnie Générale d’Eaux Minérales et de Bains de Mer prend les rênes de l’établissement thermal de Saint- Gervais en 1883. Le savoir-faire de cette société accélère la modernisation des installations en développant l’hydrothérapie. Ainsi bains, douches adaptées aux différentes affections, pulvérisations sont de plus en plus proposées aux curistes par des médecins novateurs et un véritable changement de mentalité s'amorce. Les docteurs sensibilisés à l'hygiénisme persuadent leurs patients que la réussite du traitement est fortement liée au mode de vie adopté pendant la cure. Dans la nuit du 11 au 12 juillet 1892, l’établissement thermal de Saint Gervais est anéanti par une catastrophe naturelle aussi imprévisible qu’exceptionnelle. Une poche d'eau jusque-là prisonnière d'un petit glacier est brusquement libérée et sème la désolation sur son passage. Au sortir de la gorge du Bonnant, le flot d’eau et de boue dévaste l’établissement thermal causant la mort d’une centaine de curistes. On pouvait alors craindre pour le devenir de l’activité thermale de Saint-Gervais mais par chance on retrouve les sources thermales enfouies sous le limon. Nullement abattus par le coup du sort qui vient de les frapper, les propriétaires des Bains se décident à rebâtir un nouvel établissement à l’entrée du vallon.

Les nouveaux thermes

En 1894, deux années seulement après la terrible catastrophe, on inaugure de nouveaux thermes dont la

conception tranche radicalement avec celle de l'ancien établissement. D'architecture moderne, le bâtiment

très lumineux est doté d’installations à la pointe du progrès technique. Les concepteurs ont décidé d’implanter

la nouvelle structure très en aval du site marqué par la catastrophe de 1892. Les eaux thermales ne sont plus

exploitées sur leur lieu d'émergence, une conduite longue de 800 mètres les amène jusqu'au nouvel

établissement. D'emblée les curistes sont séduits par cette réalisation prestigieuse et reprennent le chemin

des Bains de Saint-Gervais.

Mais dès 1920, le thermalisme local traverse une crise majeure : le climat économique morose, les séquelles de la grande guerre ne sont pas seuls en cause. On paie alors la précipitation et le manque de rigueur ayant caractérisé la reconstruction de l’établissement thermal après 1892. En effet, fragiles et capricieuses les eaux minérales méritent une attention extrême si on veut bénéficier de leurs bienfaits. Dans l'euphorie de la réhabilitation des thermes on a oublié ce postulat et le captages peu soignés, l’acheminement des eaux thermales hasardeux ou encore la nécessité de réchauffement pour leur emploi sont fatales et la sanction ne tarde pas. Victime d’une désaffection de la clientèle, en 1930 l’établissement est au bord du gouffre. Revenant aux fondamentaux, l’établissement construit à l’entrée du vallon est abandonné et les soins sont à nouveau dispensés dans un bâtiment reconstruit là où jaillissent les sources. Des captages sécurisés, des eaux analysées et protégées apportent un maximum de garanties à l'exploitant. Associés à la gestion des nouveaux thermes, les docteurs PAILLET et DESAUX font la promotion d’un thermalisme moderne et dynamique. La seconde guerre mondiale brisera le bel élan qui semblait vouloir permettre au thermalisme local de sortir de l’ornière.

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Un nouveau départ

1959 fut une date clé dans l’histoire du thermalisme local. Sous l'impulsion du docteur LEPINAY, l’activité thermale reprend son essor. Fort de dix années passées au service des patients en cure au pied du Mont-Blanc, le docteur LEPINAY a pu constater l'effet cicatrisant des eaux de Saint-Gervais sur les eczémateux lourds. Cette observation l'amène à utiliser l'eau thermale pour soigner les grands brûlés. De nouveaux horizons sont ainsi ouverts. Toutefois, il faudra près de vingt années d’un labeur acharné pour qu’un établissement trop longtemps mésestimé redevienne un des fleurons du thermalisme savoyard. Désormais, depuis 20 ans, l’établissement thermal a bénéficié d'une série d’importants travaux. Forages et nouveaux captages ont considérablement accru les ressources en eau des thermes et un établissement pouvant accueillir 10 000 curistes a ouvert ses portes en 1992. Cet outil performant, récompensé par l’attribution de la norme Iso 9001, permet d’accompagner un thermalisme engagé dans une profonde mutation. Aujourd’hui, si l’efficacité des eaux thermales en dermatologie ou dans le traitement des pathologies infantiles est indéniable, la remise en forme et la détente constituent un autre atout de l'activité thermale locale. Depuis 1997, le groupe RIVADIS s’emploie à sécuriser et à moderniser un outil de travail permettant de tirer le meilleur parti possible d’eaux thermales synonymes de réconfort et de bien-être depuis déjà deux siècles. Les thermes font aujourd’hui peau neuve grâce à leur réhabilitation et à la nouvelle concessions cédée jusqu’en 2031 au groupe L’Oréal. NB : les thermes sont de propriété communale concédée à l’exploitant.

Note :

A l’heure actuelle, ce patrimoine semble peu valorisé malgré l’importance que les thermes ont eu dans le développement du Pays du Mont Blanc non seulement sur le plan touristique mais également sur les plans économique et scientifique des zones de montagnes. Le PAH pourra donc approfondir cet aspect.

2.1.4. Centres de loisirs et de vacances

2.1.4.1. La montagne : espace de lien social et de découverte

L’Œuvre des Villages d’Enfants à Megève

À la Libération de Lyon, en septembre 1944, Yves FARGE, commissaire de la République, se préoccupe des mauvaises conditions de vie des enfants de l’agglomération lyonnaise. Le chauffage manque et les rations alimentaires sont insuffisantes. Il interdit alors le tourisme dans le village de Megève entre 1944 et 1946 et réquisitionne 41 hôtels pour y placer des enfants défavorisés ; choix symbolique visant à mettre fin au « scandale de Megève » où « pendant trois ans des miliciens, des officiers allemands » ont vécu une vie fastueuse. C’est ainsi qu’est née l’Œuvre des Villages d’Enfants (OVE), une expérience unique et originale dont le modèle a été suivi hors du territoire rhodanien et cité à l’étranger par la suite. Cette expérience stimula ensuite la création d’autres structures sociales dans les années 1945-1950.

Le centre Georges GUYNEMER de Chamonix

Fondé par la vicomtesse de VILLIERS de la NOUE, sœur du célèbre pilote GUYNEMER, sous le patronage du Maréchal PETAIN, ces centres d’accueil travaillaient en collaboration avec la Croix-Rouge. Ils avaient pour but d'aider les enfants de moins de 14 ans dont les familles étaient reconnues réfugiées, c'est-à-dire qu'elles étaient dans l'impossibilité de regagner leurs communes d'origine à cause des bombardements et des combats de la Seconde Guerre Mondiale. Les centres Guynemer dépendaient de la Direction des Réfugiés. Les familles n'avaient rien à débourser ; tout est pris en charge : un aller/retour en train en 3ème classe, les vêtements (hiver et été), la nourriture et un suivi scolaire. En juillet 1943, le centre Georges GUYNEMER de Chamonix est devenu un centre scolaire de repliement. Les enfants venaient du Nord, de Seine-et-Oise, du Var, des Bouches-du-

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Rhône, du Calvados. Plusieurs hôtels ont été réquisitionnés pour les accueillir : le Beau-Rivage, l'Astoria, le Beaulieu, le Roma ou encore l'hôtel d'Angleterre. D'après des documents comptables, entre 1944-1945, les effectifs sont passés de 5512 à 9316 en passant par un pic en septembre 1944 à 21 302 personnes. Le centre ferma ses portes en 1946.

2.1.4.2. Une Histoire spécifique : l’invention des classes de neige

Du 9 au 30 mars 1950, l’école Victor Hugo à Paris délocalise ses cours à Praz-sur-Arly, c’est la première classe de neige qui vit le jour. Elle fut accueillie au chalet « les Bambinos » qui se nomme aujourd’hui Val Soleil ; lieu qui accueille toujours des groupes. Lancée à l’initiative de madame et monsieur LORPHELIN, directeurs du cours Victor Hugo, sur une idée de mademoiselle MULLER de SCHONGOR, institutrice dans ce cours. La formule était révolutionnaire pour l’époque. Toute la classe avait été transférée pour quelques temps dans le centre de vacances. Si les enfants bénéficient aujourd’hui de cours de ski et d’une multitude de loisirs, les élèves de l’époque avaient cours toute la journée, excepté les descentes de luge autour du chalet. Depuis, de nombreuses variantes ont été développées : classes vertes, découvertes, de mer. D’ailleurs quatre résidences pour collectivités existent toujours aujourd’hui pour accueillir les enfants qui viennent apprendre les joies des sports d’hiver à Praz-sur-Arly A la suite de cette initiative pionnière, les classes de neige ont connu leur âge d’or dans les années 1970 (21 jours en moyenne contre 7 jours en 1995). Depuis lors, cette forme de tourisme subit une baisse progressive d’accueil de groupes d’enfants en particulier au Pays du Mont Blanc et à l’échelle de la Haute-Savoie, premier département en France pour cette forme d’accueil. Entre 1994 et 1999, 150 établissements ont dû fermer leurs portes, établissant le nombre de structures d’accueil à 515 aujourd’hui.

Source : Mlle MULLER de SCHONGOR pose pour deux photos souvenir avec ses élèves, OT Praz-sur-Arly.

Dans la même veine, en 1950, Roger AMOUDRY, directeur de l’école des Contamines, institua la première

classe de neige du département dans un mi-temps pédagogique et sportif. Le ski avait lieu tous les après-midis

de la semaine avec des moniteurs de de ski de l’Ecole du Ski Français. Ainsi, de futurs champions de ski se

révélèrent dès l’école primaire. Le ski-club des Contamines accompagna ce mouvement en adoptant aussi une

politique dynamique et audacieuse dans ce sens.

Note :

En 2020, ce seront les 70 ans de l’invention des classes de neige au Pays du Mont Blanc. Le PAH pourra donc mettre en valeur cet aspect en tant que berceau mondial du tourisme de montagne et plus largement évoquer le rôle de la montagne comme espace d’insertion social.

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2.1.5. Villégiature

Le phénomène de la villégiature né au XVIIIème siècle dans la grande bourgeoisie dont la maison de campagne, souvent un pavillon de plaisance qui suit le tracé des chemins de fer, est une extension de patrimoine, reprenant le modèle rousseauiste de la société de cour, les aristocrates vivant dans un hôtel particulier lors de la saison des visites appelée saison sociale et retournent dans leur domaine en campagne fastueux en été puis utilisent les chemins de fer pour résider dans les stations balnéaires et thermales. Après le dernier grand mouvement d'exode rural qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, le phénomène se développe avec le néoruralisme.

2.1.5.1. Maisons, villas, chalets, résidences secondaires

Le chalet semble être l’image la plus typique des Alpes dans l’inconscient collectif. Il semble toutefois intéressant de voir comment les touristes-résidents ont fait évoluer la notion de villégiature depuis environ 150 ans dans les Alpes avec des exemples nichés au Pays du Mont-Blanc. L’objectif était de créer une architecture nouvelle, adaptée aux besoins de confort des vacanciers urbains, fort éloignés de ceux des autochtones pour qui l’habitat traditionnel, la ferme, répondait à une double fonction : se loger et travailler. C’est dans cette perspective que des résidences individuelles se sont construites durant le XIXème siècle.

L’architecture de pastiche du XIXème siècle : du néo classicisme à l’éclectisme

L’un des meilleurs exemples de cette architecture est la Villa Rosemont à Chamonix. Elle sert de résidence au colonel commandant l’école militaire de haute montagne. Elle évoque le style néo palladien très en vogue au début du XIXème siècle. Ce style d’inspiration néoclassique est très en vogue après la Révolution et le Premier Empire où la Savoie est rattachée à la France. En 1815, le retour des ducs de Savoie, rois de Piémont Sardaigne, voit l’édification de nombreux bâtiments dans ce style, églises (Bourg Saint-Maurice, Taninges,…), monuments public de Chambéry (Théâtre par exemple), mais aussi des villas comme celle-ci. Construite sur l’adret, dans le hameau des Pècles, sa façade à deux niveaux est ornée de pilastres d’ordre corinthien au-dessus desquels se déroule une frise. La partie centrale est surmontée d’un fronton triangulaire décoré d’une fleur. Le porche comporte deux colonnes composites et il est surmonté d’un balcon décoré d’une balustrade de pierre. Les avant-corps des fenêtres sont en fer forgé soudé. Cette maison sur plan barlong avec son toit à faible pente semble unique dans la vallée.

Source : Villa Rosemont, inconnu.

La Savoie est rattachée à la France en 1860 par Napoléon III les 22 et 23 avril 1860. L’empereur est reçu à Chamonix les 2 et 3 septembre 1860. Il est hébergé à l’hôtel Royal, actuel casino de Chamonix. Cela entraîne une fréquentation accrue de la ville qui accueille près de 12000 touristes en 1865 grâce en particulier à une nouvelle route dont la construction est ordonnée par Napoléon III. Le mouvement sera amplifié en 1901 avec l’achèvement de la ligne ferroviaire de Saint-Gervais à Chamonix.

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A la fin du XIXème siècle et au début du XXème, les riches bourgeois lyonnais, parisiens ou genevois vont construire beaucoup d’autres résidences secondaires, parfois de dimensions exceptionnelles. Ils s’attachent fort peu aux constructions traditionnelles de la région, préférant pasticher les styles les plus divers.

Ce sont des résidences d’été. En hiver, les riches propriétaires migrent vers les cieux plus cléments de la Méditerranée, voire de l’Atlantique (Pays basque), de la Bretagne et de la Normandie. L’architecture de montagne va voir s’affirmer, sur le modèle des vastes villas que la bourgeoisie se faisait édifier sur les sites balnéaires, des bâtisses comme en Normandie. La ville de Chamonix en porte des exemples (cf. ci-dessous).

Source : Villa Spencer, inconnu.

Cette propriété a été construite pour Mme SPENCER vers 1925 puis rachetée par un industriel de Bourg en

Bresse. Son architecte est Fleury RAILLON, annécien, s’est inspiré des villas anglo-normandes avec des formes

complexes. On remarque au premier niveau les vastes baies thermales surbaissées. A l’ouest, une bow window

de forme arrondie permet de profiter au maximum de la lumière. Le toit débordant est couvert de tôle et les

combles sont aménagés, sans doute pour les domestiques. L’escalier permettant d’accéder au premier niveau

a été supprimée et l’accès se fait maintenant par ce qui était le sous-sol, marqué par des pierres apparentes,

alors que les façades sont crépies à l’exception des encadrements des ouvertures. Fleury RAILLON a aussi

construit la villa Farman dans LE MEME style pour le célèbre avionneur, d’origine britannique. On retrouve

l’influence normande, mais aussi la complexité du plan et l’asymétrie des volumes, les fenêtres thermales

surbaissées et même de faux colombages fort éloignés des constructions traditionnelles. Le toit débordant est

mis en valeur par le jeu des consoles et des aisseliers qui portent les avant toits

Source : Villa Farman, inconnu.

Fleury RAILLON a été architecte de nombreuses réalisations en Haute-Savoie. Il va marquer profondément

Combloux où il édifie des chalets, mais aussi le grand hôtel du Revard (cf. 2.1.1.1.).

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Source : Grand Hôtel du Revard (état actuel), inconnu.

La villa de la Tournette est inclassable. Elle a été construite en 1905 par un architecte lyonnais. Son propriétaire le plus célèbre a été Maurice Herzog, maire de Chamonix, mais aussi vainqueur de l’Annapurna. Sous un vaste toit pointu portant plusieurs niveaux de lucarnes se déroule un péristyle sur de fines colonnettes d’esprit néoclassique. Cette villa illustre bien l’éclectisme du début du XXème siècle. Cette villa historique est aujourd’hui dédiée à la culture et la création musicale à l’initiative d’André Manoukian dont l’objectif est de faire vivre la musique dans la vallée de Chamonix au pied du Mont-Blanc.

Source : Villa de la Tournette, inconnu.

De façon similaire les Villas Beau site, Joffre et de Morneau à Saint-Gervais relève de la même typologie.

Le chalet de villégiature et l’influence de LE MEME

Eugène VIOLLET LE DUC est surtout connu pour ses travaux sur l’architecture médiévale et ses restaurations

de cathédrales et de châteaux où souvent il a recréé un Moyen Age idéal, bien dans l’esprit romantique de la

période où il a vécu. Contemporain de Walter SCOTT et Victor HUGO, des peintres du style troubadour, et du

style néo médiéviste anglais (Parlement de Londres), il va restaurer la cathédrale de Lausanne et s’intéresser

au style vernaculaire régional du pays de Vaud. Ses préoccupations rejoignent le nationalisme qui domine

l’époque. On ne peut dire qu’il invente le chalet, car de nombreux exemples de ces maisons sont proposés,

parfois sur catalogue, par des constructeurs qui souvent les exportent dans les jardins ou les propriétés des

citadins, comme le souligne Michel VERNES dans la revue d’histoire du XIXème siècle. Dès 1809, la fabrique

Krafft offre des chalets à construire dans les jardins. En 1825, Benjamin DELLESSERT fait démonter un chalet

en Suisse pour le reconstruire à Passy, en région parisienne. En 1867, plusieurs sociétés comme KAEFFER ou

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POMBLA, Féret et Cie proposent des chalets sur catalogue. VIOLLET LE DUC va pour sa part réintroduire, en

quelque sorte, le chalet dans son territoire. Il construit le Chalet de la Côte, entre le glacier des Bossons et

celui de Taconnaz, à Chamonix, combinant style régional, largement idéalisé, et affectation nouvelle à des

vacanciers.

Source : Chalet de la Côte à Chamonix, inconnu.

Cette gravure du chalet de la Côte à Chamonix (détruit en 1970) montre bien que VIOLLET LE DUC fait une

recréation d’un modèle idéal, sans lien avec l’architecture locale. Il transpose dans le Faucigny un modèle

typiquement suisse, adapté aux besoins du touriste, comme le montre l’utilisation des combles (Fenil

traditionnel) comme pièces d’habitation, ouvrant le toit de lucarnes inconnues dans l’architecture de

montagne traditionnelle. Néanmoins, les volumes généraux et la structure de pierre pour le soubassement et

de bois pour les autres niveaux sont respectés, avec une construction en blockbau.

Source : Etat du chalet, devenu préventorium, avant sa destruction, inconnu.

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Source : Chalet de villégiature à Megève, S. Weber, 1926, inconnu.

L’influence de LE MEME

Entre les deux guerres mondiales, le séjour à la montagne subit de profondes mutations. Le séjour

principalement estival des riches touristes va faire place à une nouvelle activité, les sports d’hiver. En 1924,

les premiers Jeux Olympiques d’hiver ont lieu à Chamonix, avec des épreuves de glace, mais aussi de ski

nordique : le ski alpin n’est pas encore d’actualité, en l’absence de remontées mécaniques.

En fait, l’existence du ski est attestée dès la préhistoire dans les pays nordiques, mais il faut attendre la fin du

XIXème siècle pour que Duhamel en importe les premiers exemples en France, depuis la Norvège. Les premiers

intéressés sont les militaires des troupes alpines qui organisent les premières compétitions. A l’issue de la

première guerre mondiale, ce nouveau moyen de déplacement va se généraliser dans les zones de montagne

avec la démobilisation des troupes. Puis il va intéresser une clientèle urbaine qui y voit un nouveau sport en

vogue avec l’apparition des remontées mécaniques comme le téléphérique de Rochebrune à Megève.

En France, la première station de sports d’hiver est en effet Megève où s’installe, après la Grande Guerre, la

baronne Noémie de Rothschild qui ne veut pas croiser les allemands qui fréquentent les stations suisses

comme Davos ou Saint-Moritz. Elle y crée l’hôtel de Mont d’Arbois, établissement de luxe. Elle fait appel à un

jeune architecte nantais de 28 ans, Henry-Jacques LE MEME qui va s’établir sur place. Le jeune architecte qui

a travaillé en particulier chez le décorateur Ruhlmann va se trouver en synergie avec les nouveaux touristes,

jeunes et sportifs, qui succèdent à la clientèle aristocratique de la période précédente.

La vallée de Chamonix est aussi marquée par ce régionalisme, notamment dans les quartiers périphériques.

C’est le cas du quartier des Mouilles où ont été construits plusieurs chalets après la deuxième guerre mondiale.

Le plus original est celui du peintre Marcel WIBAULT.

Source : Chalet Wibault à Chamonix, inconnu.

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Dans les années 1950 va se développer un autre modèle, qui reste toutefois proche du chalet traditionnel,

mais s’en distingue par son toit à une seule pente. Cette pente, généralement faible, est orientée vers l’arrière

du bâtiment et se justifie par des raisons de sécurité, évitant les chutes de neige sur les occupants dans les

espaces d’accueil. Il s’agit donc d’une première transgression du schéma traditionnel.

Le chalet ci-dessous correspond à ce schéma. On voit toutefois que l’ordonnance des matériaux reste la même

que dans l’exemple précédent.

Source : Chalet à Chamonix, Bouvier et Chevallier architectes, exemple de chalet à toit monopente, années 1950-60, inconnu.

2.1.5.2. Camping, gîtes, chambres d'hôte, plateforme communautaire

Le camping

Le camping est souvent présenté comme venant de l'anglais (les premiers campeurs et voyageurs français se référant au modèle britannique en parlant de « camping site ») mais il vient du latin campus, champ et d'une expression qui apparaît au XIXème siècle, « faire campos », désignant l'arrêt de la scolarité pour que les enfants aillent à la campagne accomplir les travaux agricoles (moissons en été). Il ne s’agit pas d’un élément singulier au Pays du Mont-Blanc mais procède d’un phénomène de société plus large qui a pris son essor en France en lien avec la massification de la pratique de la montagne à partir des années 1950 (randonnée).

Mais avant cette période, en France, le premier écrit sur le camping date de 1898 : un célèbre campeur et voyageur français, Lucien Baudry de Saunier, fait paraître dans la revue du Touring club de France un article racontant son voyage en Angleterre où il rencontre des aristocrates anglais utilisant des roulottes (avec une baignoire dans le sol) tractées par des chevaux ou utilisant les premières voitures pour parcourir leurs immenses propriétés. Le mot camping apparaît en 1903 dans le quotidien sportif L’Auto qui mentionne les campements sportifs des Anglais qui se regroupent dans la première association de camping de l’histoire, l’Association of Cycle Campers fondée à Londres en 1875.

Avant la Première Guerre mondiale, ce sont surtout des hommes seuls partant à pied dans la campagne, la forêt ou la montagne avec un simple drap ou une ancienne tente militaire. Les campeurs sont très souvent des randonneurs (pédestres, cyclotouristes ou canoéistes) appartenant à des catégories socioprofessionnelles élevées : la pratique du camping apparaît ainsi dans les sociétés industrielles où les personnes cherchent à quitter l'air pollué des villes (notion d'hygiénisme moral luttant contre l’atmosphère vicié, l’alcoolisme, la tuberculose ou la syphilis) pour retrouver un lien avec la nature et un « esprit sain dans un corps sain » (notion romantique). Le mouvement protestant des Young Men's Christian Association fondé en 1844 donne naissance en France à la Coopérative d'excursion dont les membres expérimentent avec leur propre matériel la vie sous tente à partir de 1903, coopérative à l'origine du premier Club français de camping né en 1910 tandis que le Touring club de France plus bourgeois crée en 1912 une association les campeurs de France, les premiers campings étant le plus souvent gérés par des anciens de la Coloniale (garde-champêtre, garde-chasse).

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Après la Première Guerre Mondiale, le camping se structure à travers deux systèmes : • des grandes organisations, comme le Touring Club de France ou le Groupement des Campeurs

Universitaires (association laïque créée par des militants de la Mutuelle assurance automobile des instituteurs de France, fonctionnant sur le mode de l'autogestion), publient des livres recensant les lieux de séjour pour les campeurs, puis achètent et réalisent des aires de repos.

• le scoutisme dont l'esprit paramilitaire s'estompe.

Avec l'apparition des congés d'été (premiers congés payés en 1936 en France), se développe le camping en famille. En 1938, une dizaine d'associations françaises se fédère en créant l'Union française des associations de camping. À la suite d'une plainte d'hôteliers du Var (contexte de concurrence entre hôtellerie et campings) contre des campeurs en 1937, un « Code du camping » est écrit en 1939 mais ne sera formalisé que dans les années 1950 (licence de camping, police d'assurance contre incendie, etc.).

Le camping entre dans une « pratique de masse » à partir des Trente Glorieuses (1950 à 1980) : les campeurs désormais motorisés partent en famille et utilisent de plus en plus de grandes tentes quasi-intransportables (souvent d'anciennes tentes coloniales puis toiles de tente en tissu transpirant à partir des expéditions en Himalaya dans les années 1930, enfin toiles carrées avec poteaux en duralium à la fin des années 1950) par train ou par vélo. La destination est liée soit à un retour en famille, soit plus largement vers les plages françaises. Dans les années 1960, les terrains de camping existants se trouvent impuissants pour absorber cette masse de campeurs. De nombreux arrêtés préfectoraux sont édictés pour des questions de salubrité et de sécurité publique afin de limiter la création de campings privés avec des concessions renouvelables. Le premier décret sur le camping paraît en France le 7 février 1959. Il permet de limiter le camping sauvage, notamment sur les côtes. La plupart des campeurs se rendent alors dans les terrains de camping se multipliant ou achètent une parcelle privée. C'est à ce moment précis que se crée la pratique du camping-caravaning sur parcelles privées. C’est en 1961 que la première édition du Guide Fédéral des Terrains voit le jour : la brochure « Règlementation, aménagement et exploitation des terrains de camping » fait dès lors l'objet d'actualisations régulières, condition indispensable pour les nouveaux gestionnaires.

Les années 1970, 1980 et 1990 voient le développement des terrains de camping dans lesquels le gérant édicte son propre règlement, ce qui permet de faire « tomber » les barrières sociales. Elles voient aussi le déclin de la caravane au profit du camping-car et du mobile home, puis des habitats sédentarisés, chalets et bungalows, à partir des années 2000. Cette progression continue du camping va de pair avec une segmentation de plus en plus fine des terrains de camping selon :

• leur mode de gestion : gestion communale (la municipalité souvent entre les années 1930 et 1960 un terrain de camping pour développer son offre touristique), gérance (employé engagé par la collectivité ou la chaîne hôtelière), gestionnaire-propriétaire.

• leur « concept » : terrain avec caravanes de collections, yourtes, « castels », cabanes perchées, camping écolo-chic ou glamping, un type de camping qui propose des hébergements insolites comme dans des bulles à Combloux, « Écocamps », etc.

• type des installations : autocaravane, caravanage sur parcelles privées, chaînes de camping pour entreprises, parc résidentiel de loisirs, camping village à Sallanches ou Passy.

• les services : ils font l'objet de classifications.

Les Gîtes de France

Au sortir de la seconde guerre mondiale, les campagnes (les montagnes) se vident, l'habitat est délaissé voire en ruine. Pour faire face à ce phénomène d’exode des campagnes, Emile Aubert, sénateur des Alpes de Hautes-Provence (Basses-Alpes à l’époque), a l’idée de modéliser et d’institutionnaliser l’accueil des familles de citadins par les ruraux. En parallèle, les citadins ont envie de revenir les weekends à la campagne. La logique est donc d'utiliser les demeures abandonnées pour accueillir les citadins à la campagne. Dans ce contexte, le premier hébergement Gîtes de France voit le jour en 1951. En 1952, la formule est officialisée lorsque quelques départements développent ce concept. Avec cet engouement nouveau, une fédération nationale est créée en 1955. Ce mouvement se poursuivra avec la création des chambres d’hôtes (cf. ci-dessous) souvent assimilées à un gîte mais qui se différencie par la durée du séjour ; le gîte étant loué à la semaine (au weekend, ou au

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mois en basse-saison) et une chambre d'hôtes à la nuit, chez l’habitant avec un petit déjeuner inclus. En 1973, c’est la création des gîtes d’enfants.

Les chambres d’hôtes

Le terme « chambre d’hôtes » trouve son origine lointaine dans la vocation hospitalière des institutions religieuses. Dès 817, à l’occasion du Concile d'Aix-la-Chapelle consacré à la discipline monastique, Louis Ier demande que les monastères comportent dans leurs dépendances au moins une « chambre d’hôtes » affectée à l’accueil des pauvres. Les chambres d'hôtes sont apparues en Europe centrale au XIXème siècle et se sont développées, comme les gîtes ruraux, dans la seconde moitié du XXème siècle (1969). Les chambres d'hôtes qui proposaient initialement une forme de tourisme rural en complément d'une activité agricole. Dans son usage moderne, l’apparition du terme et son développement sont étroitement liés à la montée en puissance du tourisme rural, les pays d’Europe centrale étant précurseurs dans ce développement. L’accueil en chambre d’hôtes dans sa vocation touristique est apparu en Allemagne au tout début du XIXème siècle : par imitation des familles fortunées de la ville de Brême qui disposaient de villégiatures à la campagne, la bourgeoisie moyenne de cette ville prit l’habitude de séjourner pendant l’été, moyennant rémunération, chez des agriculteurs qui leur proposaient l’hébergement et l’accès, pour leur personnel de service, à la cuisine de leur maison. Ce mode d’hébergement « chez l’habitant » est devenu populaire dans la région autrichienne du Tyrol à la fin du XIXème siècle mais s’est surtout développé en Europe dans la seconde moitié du XXème siècle et en particulier à partir des années 1960 lorsque l’offre d’hébergement en milieu rural a été complétée par une proposition d’activités de loisirs.

En France, le terme est consacré pour la première fois en 1948 par la Commission de modernisation du Tourisme français au Commissariat général du Plan qui recommande la promotion de cette forme d’hébergement touristique ainsi que celle des gites ruraux ensuite. Il ne sera pourtant reconnu que beaucoup plus tard par la législation, qui continuera à assimiler les chambres d’hôtes aux meublés de tourisme jusqu’au début du XXIème siècle bien qu’il n'y ait pas de classement officiel pour ce type d'établissement. Néanmoins, des labels sont distribués par des réseaux privés comme Accueil paysan, Clévacances, Fleurs de soleil, Gîtes de France, ou encore Bienvenue à la ferme.

Plateforme communautaire

Ces concepts d’accueil continueront à se développer ensuite et, comme pour le camping, traverseront le Pays

du Mont-Blanc pour offrir de nouvelles formes d’accueil des populations touristiques dans ses stations. La

digitalisation de l’économie au début des années 2000 ne fera qu’accélérer le mouvement des nouvelles

formes d’accueil avec la création de la plateforme communautaire payante de location et de réservation de

logements de particuliers Airbnb fondée en 2007. Ce phénomène mondial métamorphose totalement la façon

d’accueillir dorénavant.

2.1.6. Divertir

2.1.6.1. Infrastructures

Si le ski est, de longue date, un moyen traditionnel de se déplacer dans les pays nordiques, il fait lentement son apparition dans les montagnes françaises à la fin du XIXème siècle. L’alpiniste Henri DUHAMEL en fait ainsi la découverte à l’Exposition universelle de 1878 à Paris. La pratique est encore dans les toutes premières années du XXème siècle celle d’un ski d’explorateur ou de militaires. La montagne demeure, pour les habitants des villes et des vallées, un territoire riche en mythes et provoquant la fascination.

La véritable épopée du ski démarrera qu’après la Première Guerre mondiale, notamment par l’organisation des premiers jeux olympiques d’hiver à Chamonix en 1924 car la montagne reste avant tout un territoire rural en marge. Si le thermalisme est implanté depuis la fin du XVIIIème siècle dans les vallées des Alpes ou des

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Pyrénées, c’est l’alpinisme qui, certes réservé à une élite, ouvre la voie de la transformation de la moyenne et haute montagne en terrain d’excursions sportives et récréatives comme cela a précédemment été souligné (cf.2.1.).

Jeux olympiques d’hiver à Chamonix en 1924

Du 27 janvier au 5 février 1924, Chamonix, devenue Chamonix-Mont-Blanc par décret en 1921 a vécu au rythme des 16 nations et des 300 concurrents des premiers Jeux Olympiques d'Hiver dont le secrétariat du comité d'organisation fut assuré par Roger FRISON-ROCHE. Ce choix fut justifié par divers critères :

- Son avance en matière d'équipements : nombreux hôtels, infrastructures de transport, le téléphérique de l'aiguille du Midi dont le premier tronçon fut terminé juste à temps (le 2 juin 1910, les travaux du premier téléphérique de l'aiguille du Midi démarrèrent avant d'être suspendus pendant la Première Guerre Mondiale) pour desservir la piste de bobsleigh ;

- Son savoir-faire en matière d'organisation de grands concours ; - Sa reconnaissance déjà affirmée autour de la pratique de l'alpinisme.

Cet événement mondial vint consacrer ce haut lieu du tourisme en station de sports d’hiver.

Dès 1904, une section sports d’hiver au sein du club des sports a été créée à l’initiative de Jules et Joseph

COUTTET, deux hôteliers, qui ont aménagé une patinoire naturelle au bord de l’Arve. C’est en 1908, que

Chamonix devint une station hivernale et non plus seulement estivale. En effet en janvier 1908, la ville organisa

sous l’égide du Club Alpin Français le deuxième concours international de ski. Ce ne sont pas moins de 3000

hivernants qui assistèrent à cette compétition regroupant principalement des militaires sauf pour l’épreuve

féminine où s’illustra l’aviatrice Marie MARVINGT et quelques chamoniardes. Après cette compétition, la

commune vota un crédit pour « contribuer à l’extension des sports d’hiver dans la vallée » pour donner suite

à la demande du club des sports alpins. Dorénavant, les hivernants prirent l’habitude de séjourner à Chamonix.

Dès 1919, un projet de patinoire publique voit le jour (la plus grande d’Europe tel que l’indique les affiches

officielles des jeux de 1924). Ce projet est déclaré d’utilité publique en 1921. La municipalité investit

également pour la création de tremplins de saut en 1922. Un comité des sports d’hiver est créé pour mettre

en place des activités et des animations pour les hivernants. Un projet de création d’une piste de Bobsleigh

fut proposé par le comité des sports d’hiver dont le président était Jules COUTTET.

Ce terreau favorable permit donc à Chamonix de faire acte de candidature pour l’accueil d’une semaine de

sports d’hiver à l’occasion des Jeux Olympiques d’été de Paris. C’est seulement a posteriori que l’évènement

fut reconnu comme étant les premiers jeux d’hiver. Pour ces tous premiers jeux, six sports furent au

programme olympique : le hockey sur glace, le patinage de vitesse, le patinage artistique, le curling, le

bobsleigh et bien sûr le ski où seules les disciplines nordiques masculines étaient proposées. Une solide équipe

de skieurs à forte coloration chamoniarde eu l'honneur de défendre les couleurs tricolores dans les 5 épreuves

de l'époque : le grand fond (50 km), le fond (18 km), le saut, la course combinée (saut + fond) et la course

militaire par équipe de quatre (30 km). Cette dernière discipline olympique fut en quelque sorte l'ancêtre de

l'actuelle épreuve de Biathlon.

Chamonix une station de sports d’hiver de classe internationale

Entre 1941 et 1947, un projet d’aménagement et de développement des infrastructures pour faire de Chamonix « une station de sports d’hiver de classe internationale » fut engagé par la commune. Ce plan s’inscrivit dans les grands projets de valorisation des forces de la France mis en œuvre dans le cadre de la Révolution Nationale sous le gouvernement de Vichy du Maréchal PETAIN. Ce plan visait à soutenir financièrement des projets phares et novateurs de développement des communes françaises pour restaurer l’image de la France en tant que grande puissance. L’idée du Maréchal PETAIN à travers ces projets était de redonner un rôle à la France sur le plan international après la guerre car, pour lui, l’armistice n’était qu’un passage et il fallait donc préparer l’avenir. La commune de Chamonix a alors posé sa candidature pour mettre en œuvre un projet de réflexion autour de son équipement hivernal. C’est Jean-Paul SABATOU, architecte et urbaniste, qui réfléchit à l’aménagement de la vallée (des Houches à Argentière) pour en faire une station de sports d’hiver de classe internationale. Le projet d’aménagement prévoyait des parcs relais à l’entrée de la

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vallée pour éviter la circulation des voitures sur le territoire. L’existence des autres stations tels Megève et Saint-Gervais était signalé et il montrait (déjà) les possibilités de raccordement avec ces dernières via les routes ou les pistes. Ce projet d’équipement très complet présenta une cartographie avec des propositions de pistes de ski et de remontées mécaniques ; y préfiguraient l’aménagement des Grands Montets, du plateau de Carlaveyron, etc. Certaines de ces propositions seront ensuite reprises dans l’aménagement de la vallée mais ce plan ne fut pas mis en œuvre après-guerre car la priorité de l’Etat était alors à la reconstruction du pays.

L’avènement du tourisme aux Contamines-Montjoie

C’est à partir de 1850 que les prémisses de l’activité touristique se structure aux Contamines-Montjoie avec la création de la compagnie des guides autour de quatorze chasseurs de chamois qui connaissaient très bien la montagne. Ils organisent leur activité autour de deux hôtels. Début 1900, les touristes viennent passer l’été pour venir découvrir le glacier de Tré la Tête et ses sommets environnants. En 1906, ce fut la création d’un troisième hôtel et la construction du premier chalet d’estivants qui a donné l’idée à de futurs résidents secondaires, forme de résidence qui se développa en grand nombre à partir des années 1960. A partir 1910, le ski n’était plus seulement utilisé comme moyen de déplacement mais il commença à devenir une source de plaisir. Au début des années 1900, des menuisiers des Contamines se mirent à en fabriquer en frêne. En 1911, Le premier ski-club des Contamines est créé. Samivel en fait d’ailleurs état en précisant qu’en 1926, le village des Contamines organisait chaque hiver, au mois de février, un concours de saut à ski , une course de ski de fond à laquelle prenaient part une quarantaine de jeunes gens. En 1924, Le Touring Club de France, en vue de propager l’emploi populaire du ski procure quatre paires de ski pour des élèves de 12 à16 ans. Le premier tremplin de saut vit le jour à Tresse et fut vite transféré au Nivorin où il est toujours en place à ce jour. En 1937, s’en suivi la création du premier remonte-pente, aux Loyers (au centre des Contamines), par Gaston et Jeanne Chevallier. Il existe toujours. Il est utilisé par les débutants. La même année, ce fut la création de la première école de ski nommée « Le Slalom » puis une deuxième en parallèle « L’école du ski Français » ; chacune travaillant avec des hôtels différents. Après-guerre, ces deux écoles fusionnèrent et devinrent l’Ecole de Ski Français avec l’instauration de la formation nationale des moniteurs de ski français (cf.2.1.6.2.). De 1940 à 1944, l’installation aux Contamines de « Jeunesse et montagne » (JM), organisation créée en août 1940 par l'Armée de l'air française après la défaite contre les Allemands afin de donner une formation à la jeunesse (notamment aux jeunes qui auraient voulu devenir aviateurs) alors que les Forces armées françaises étaient quasiment dissoutes par les autorités allemandes. Jeunesse et Montagne est donc une organisation sœur des Chantiers de la jeunesse française. Le mouvement JM fut à l’origine de la création de la première Union Nationale des Centres de Montagne (UNCM) en 1945. L’UNCM devint ensuite l’Union des Centres de Plein Air (UCPA) toujours très actif aujourd’hui. Ces organisations, chacune à leur tour, donnèrent la possibilité aux jeunes de découvrir les sports de la montagne dont les plus célèbres furent Charles Gaston Rouillon, futur directeur adjoint et responsable scientifique des Expéditions polaires françaises (1949-1980) ; Louis Lachenal, grand alpiniste, vainqueur de l'Annapurna en 1950 ; Lionel Terray, grand alpiniste, membre de l'expédition à l'Annapurna en 1950 ; Gaston Rébuffat, grand alpiniste et écrivain montagnard, également membre de l'expédition à l'Annapurna en 1950.

1945 vu la création de l’office du tourisme qui rassemblait en un seul bureau toutes les organisations

touristiques : guides, école de ski, traineaux, transports, billetterie de train, les hébergements. En 1946, la

Société d’Equipement des Contamines-Montjoie (SECMH) vit le jour. Elle fut créée par Placide MOLLARD né

en 1914, fils du boulanger, guide et moniteur de ski, passionné de montagne, il estimait que le développement

de la vallée devait passer par un aménagement raisonné qui ne détruirait pas le site. Il fut donc le grand

précurseur de l’actuel domaine skiable conçu à partir du remonte-pente du Nivorin (pistes raides de 300m de

dénivellation). Au fil du temps, il s’en suivit l’installation méthodique d’un réseau de remontées mécaniques

sur le secteur de Montjoie jusqu’à l’Aiguille Croche puis sur le versant de Hauteluce en Savoie. La SECMH a

fêté ses 70 ans en 2016. Cette Société est toujours restée dans les mains de la famille MOLLARD : les fils

Bernard puis récemment Gilles sont devenus les PDG successifs. Enfin, en 1955, le syndicat des hôteliers-

cafetiers-restaurateurs comptait 35 membres.

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L’apprentissage du ski à Combloux

Dans les années 1930-31, Combloux structure l’apprentissage du ski en créant une école de ski débutant, un ski-club « Les Loups » en 1932, l’un des plus anciens de Haute-Savoie. Les moniteurs s’appelaient alors « guides skieurs ». Ils enseignaient le ski de fond, la randonnée et le saut mais n’avaient aucun diplôme. En 1935 à l’ouverture du premier téléski installé à proximité du Grand Hôtel Mont-Blanc appartenant à la société PLM, ils sont une dizaine à s’organiser pour donner des leçons. Les skis étaient en bois plein (frêne puis hickory), sans carres, les fixations avec des étriers et des lanières en peau de phoques. Chacun enseignait un peu à sa façon la méthode autrichienne de l’Arlberg. C’est en 1937 que l’enseignement du ski fut unifié autour de la méthode du mégevan Emile Allais (cf.2.1.6.2.), directeur technique de la nouvelle Ecole Française de Ski qui devint l’Ecole du Ski Français ensuite.

Source : course de ski au-dessus de l’église, MC Ansanay (G), skieuse au téléski du Bouchet, commune de Combloux (D).

La guerre ayant interrompu l’activité, Marcel MORAND la relancera à Noël 1948, seule la 1ère année puis avec Gérard EMONET. Le premier remonte-pente est remis en fonction en 1950 et sera le seul jusqu’en 1956. En 1955, la commune décide de financer ses remontées mécaniques (une première en France) puis s’agrandit en 1962 avec l’extension de son domaine vers le Jaillet puis La Giettaz en 2003. A partir des années soixante l’école de ski connaîtra une croissance régulière en harmonie avec la station, passant de deux moniteurs en 1949 à cinq en 1958 puis à treize en 1963, trente en 1973, cinquante-cinq en 1983 pour atteindre quatre-vingt-dix aujourd’hui. En 1955, Gérard EMONET donne les premiers cours aux débutants en tant que moniteur. C’est l’année ou apparaissent les premières classes de neige à Combloux (cf. 2.1.4.).

Passy, Plaine-Joux, la naissance d’une station

Source : Station de Plaine-Joux actuellement, commune de Passy.

Plaine-Joux est un plateau d’environ 200 hectares, situé à 1400m d’altitude. Jusqu’en 1924, avant l’achat d’une grande partie de terrains par les sociétés du docteur BRUNO pour y édifier un village sanatorium, Plaine-Joux était un alpage de basse altitude et surtout une étape de remuée (2ème habitation d’altitude) pour les paysans du haut de la commune. La commune de Passy se rendra acquéreur des terrains BRUNO en 1982.

1935-38 : Les élèves de l’école de Chedde sont les premiers à aller skier à Plaine-Joux. Ils utilisent un

téléphérique installé à Chedde pour monter directement à Plaine-Joux. Il a été installé sur Chedde deux

téléphériques au début du XXème siècle. Ces deux équipements n’ont pas été installés pour la pratique du ski

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mais pour le transport des matériaux de construction du sanatorium de Praz-Coutant (1924 à 1926) et celui

des malades du sanatorium de Plaine-Joux dont la construction cessa à la suite du krach boursier de Wall

Street (24 octobre 1929). Il fut démoli en 1980.

1964-65 : Un fil-neige a été fabriqué par des habitants du Plateau d’Assy pour les enfants de la commune. Il

fonctionnait grâce à un moteur de 2CV prêté par le Père FALETTI (Père officiant au Plateau d’Assy à l’époque).

Grâce à l’aide financière de la municipalité, le ski-club a pu louer et exploiter un téléski, en remplacement du

fil-neige, l’année suivante. C’est la naissance de la station de ski de Plaine-Joux.

A partir de 1969-70, ce fut une gestion communale des équipements de la station de ski de Plaine-Joux :

installation de plusieurs téléskis, « le Barmus », le « Beudeix » (pour les enfants) et l’aménagement de pistes

skiables. A partir de 1973 s’installent des magasins d’équipements de ski et des restaurants à Plaine-Joux.

Source : La station au début des années 1970, commune de Passy.

De 1980 à 1990, la station de Plaine-Joux devient Stade de Neige ce qui entraîne une restructuration de la

station de ski : concentration des commerces au pied de la station, autour du bâtiment d’accueil, constructions

de nouveaux téléskis (Tour, Barmus) et de deux pistes de luges en 1987.

De 1990 à 2000, Plaine-Joux devient le « Royaume des Enfants » grâce à l’aménagement d’un jardin d’enfants

avec un fil neige. Le développement touristique de la station est élaboré autour de la mise en place de

différentes animations menées pars l’Office de Tourisme avec l’association « l’Art au pays du mont-Blanc » qui

lance Les Glaciales (création artistique de sculptures de glace). L’Office de Tourisme et les commerçants de

Plaine-Joux organisent également la journée des petits lutins (animations, déguisements, goûters, remontées

gratuites).

Chronologie de l’installation des téléskis sur la station de Plaine-Joux :

1969 : Téléski du « Barmus » et Téléski du « Beudeix » ;

1971 : Téléski des « Larses » remplacé en 1982 par le « Blaireau » ;

1973 : Téléski du « Beudeix II » ;

1976 : Téléski « Arc-en-Ciel » et Téléski « Le Tour » ;

1983 : Téléski pour les tous petits le long du parking, au pied de la station.

Note :

Sur ce modèle, c’est l’ensemble des stations du Pays du Mont blanc qui pourraient présenter leur histoire dans le cadre du

PAH. Cela permettrait à la fois de faire ressortir les singularités de chacune et leurs points communs.

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2.1.6.2. Développement des loisirs

1884 - La pratique hivernale de la montagne

Dès 1884, au sein du Club Alpin Français et en parallèle avec les militaires des troupes de montagne, les alpinistes découvraient la montagne hivernale avec l’utilisation des raquettes à neige puis, après 1890, avec la pratique du ski. Le ski devint une activité de loisirs d’hiver et connu un développement considérable. Ce fut le début de l’aménagement de la montagne d’hiver pour le ski et les sports de neige. En 1893, la première paire de skis arriva au Pays du Mont Blanc dans la vallée de Chamonix. Le Docteur Michel PAYOT, originaire de Chamonix et praticien dans la vallée, découvrit alors combien ce matériel pouvait lui être utile pour visiter ses malades durant la période hivernale. Il en fut un des premiers ambassadeurs avec Alfred COUTTET.

1890 - Création du Touring Club de France

Le Club Alpin Français se livra à une importante propagande pour un développement touristique des zones de montagne. Une orientation venant en complément des pratiques culturelle et sportive. C’est ainsi qu’il contribua à la création du « Touring Club de France » dont l’objet était de promouvoir un tourisme naissant et peu répandu en France... Dès ce moment, le Club Alpin Français fut l’aménageur de la haute montagne pour accueillir les alpinistes et les montagnards et le Touring Club fut celui de la moyenne montagne, des vallées et des sites remarquables pour recevoir les touristes jusqu’aux relais des initiatives locales plus tard. Seuls les centres touristiques de Chamonix et de Gavarnie étaient déjà actifs et organisés, avec chacun leur site emblématique, le mont Blanc et le cirque de Gavarnie dans les Pyrénées. En 1896, ce fut la création du Ski club français puis, en 1904, celle de l’École militaire de ski de Briançon.

1923 – Le développement du tourisme

L’essor touristique des zones de montagne fut en grande partie l’œuvre du Club Alpin Français dans le cadre du développement de sa politique pour stimuler les activités de montagne tournée vers des pratiques sportive et culturelle. Le Club Alpin Français, avec ses refuges et ses sentiers qui quadrillaient l’espace alpin et avec sa promotion pour le ski, continua, bien au-delà du Pays du Mont Blanc, de proposer des solutions pérennes de développement touristique des plus hautes vallées. D’autres organismes vinrent peu à peu contribuer de façon prépondérante telle l'« Union Nationale des Associations de Tourisme » (UNAT) qui fut chargée de coordonner les efforts des grandes organisations : Club Alpins Français, Touring Club de France et Automobile Club, face aux représentants de l'État de l'« Office national du tourisme » [organisme d'État chargé de contrôler les activités touristiques et d’encourager leurs développements créé en 1910] ; telle l'« Union des fédérations des syndicats d'initiative » devenu un acteur important dans le développement du tourisme de montagne avec les différents Syndicats hôteliers de montagne.

L’essor du ski

En 1921, le développement de la pratique du ski comme sport et loisir fut fulgurant. Beaucoup de Sociétés qui

eurent pour objet la compétition cherchèrent à s’émanciper du Club Alpin Français, organisation de tutelle

jusqu’alors pour les disciplines relatives à la montagne. Pour les précurseurs du Club Alpin Français, avant

d'être un sport, le ski était un moyen d'accès à la montagne en hiver. En 1924, sous la pression des Sociétés

affiliées, le Club Alpin Français dut se résoudre à passer la main à la Fédération Française de Ski qui fut créée

le 15 octobre 1924. Il en résulta, toujours la même année, la transformation de la « Commission du Ski et des

Sports d’hiver » du Club Alpin Français en « Commission du Ski et de l’Alpinisme hivernal » pour qui la pratique

du ski devait rester un moyen de déplacement et d’accès à la montagne et non une discipline de compétition.

COUTTET-Champion et le développement du ski à Chamonix et en France

Alfred COUTTET est né le 8 mai 1889 dans une famille de guide. Il alla très tôt s’essayer à différentes pratiques de la montagne et notamment le ski qu’il fabriqua lui-même. Sa passion pour la glisse l’amena a participé aux concours locaux organisés à Chamonix. Ainsi en 1905, âgé de seize, il fait ses débuts en compétitions. En 1909, il est sacré Champion de France et se classe 11ème dans une compétition de saut organisée en Norvège. Ce premier sacre national lui vaudra son surnom de COUTTET-Champion. Conscient des enjeux que représentent les sports d'hiver et l'alpinisme pour le développement du tourisme dans la vallée de Chamonix et les Alpes

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en général, il créa l'Ecole de Ski gratuite pour les enfants des écoles. C'est ainsi que chaque jeudi, les petits chamoniards étaient emmenés sur les pentes de ski de la vallée pour y apprendre le Télémark, les mouvements amples du fondeur et le saut sur tremplin afin qu'ils puissent, un jour, eux aussi, les enseigner à leur tour aux futurs touristes. En 1920, COUTTET-Champion a neuf élèves. En 1936, son école compte 96 élèves. Parmi ses élèves, certains sont devenus de grands champions tels Régis CHARLET ou James COUTTET. D'autres sont devenus moniteurs de ski tel Roger FRISON-ROCHE. Alfred COUTTET créa aussi une école d’escalade avec Roger FRISON-ROCHE au rocher des Gaillands à Chamonix. Mais sa vocation de pédagogue ne s'arrêta pas là. En 1932, il rédigea et édita à compte d'auteur l'un des tous premiers manuels pédagogiques sur le ski. Et si la technique du ski à largement évoluée, des pans entiers de son "Petit Manuel Pratique de Ski" sont encore d'actualité puisqu'il y explique les bases techniques du sport qui lui valut sa renommée et son surnom de champion.

De plus, à l’aube des Jeux Olympiques d’hiver de 1924, il fallait à la France un entraîneur pour ses skieurs. C'est

Alfred COUTTET qui fut nommé capitaine de l'équipe de France de ski. On le sollicita également en lui

demandant de mettre son expérience au profit de l'organisation des Jeux. C'est ainsi qu'il prit part à la

conception du premier tremplin olympique construit au Mont en dessinant la courbe de la piste d'élan.

Alfred COUTTET eut donc en charge l'entraînement de ces sauteurs et fondeurs de la première heure.

Soucieux de favoriser le développement du ski et de le rendre accessible au plus grand nombre, COUTTET-

Champion inventa avec son frère Jules une fixation de ski de fond. La fixation COUTTET, métallique, fut de loin

la plus simple que l'on ait jamais conçue pour le ski nordique. Robuste et légère, elle équipa tous les bataillons

de chasseurs alpins pendant de nombreuses années. D'ailleurs, il eut lui-même tout le loisir de l'expérimenter

durant les longues patrouilles qu'il fit dans les Vosges pendant la grande tourmente de 1914-18.

Ses visions futuristes le conduiront, à vouloir faire de la vallée de Roselend dans le massif du Beaufortain une

super station de ski française pour le ski de printemps. Il en étudia toutes les données : enneigement moyen,

températures, accessibilité, domaine skiable. Il y construisit un hôtel grand confort avec l’électricité, l’eau

courante froide et chaude, le chauffage central et commença à faire vivre la station naissante. Il accueillit des

personnalités reconnues dans son établissement tel Jean-Frédéric JOLIOT et Irène JOLIOT-CURIE, Jean MONET,

Jacques PREVERT. Mais quelques années plus tard, les ingénieurs d'EDF y construisirent un barrage

hydroélectrique contenant un lac artificiel qui noya la vallée. Exproprié, Alfred COUTTET dut renoncer à son

rêve.

Emile ALLAIS et le développement du ski à Megève et dans le monde

Source : Emile ALLAIS (1912-2012), Mairie de Megève.

Il naît le 25 février 1912 à Megève. En 1918, son oncle, Hilaire MORAND, revient du front avec une paire de

ski ramenée du front russe. Il est alors l’un des seuls Mègevans à savoir s’en servir. Vers 1920, il en fait

fabriquer une paire à un menuisier pour son filleul. L’oncle Hilaire sert de guide et apprend à skier aux

vacanciers de la haute société. Émile ALLAIS, qui a quitté l’école à 12 ans, l’accompagne au cours de son

adolescence dans ces longues randonnées à ski. Il porte les sacs de la baronne de ROTSCHILD ou des fortunés

clients de l’Hôtel du Mont d’Arbois.

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L’adolescent apprend le ski de descente et se distingue dans différents sports : ski, hockey sur glace, cyclisme,

gymnastique, saut à la perche, avant d’opter pour celui qui lui apportera gloire sportive et reconnaissance

sociale.

En février 1933, ALLAIS termine deuxième en ski alpin de la première édition de la coupe du Bon Skieur

organisée à Megève par le Club des Sports et le Ski Club de Paris. Il s’ouvre ainsi les portes de l’équipe de

France en pleine construction.

Sa carrière sportive décolle véritablement en 1934 avec une première grande victoire à Kitzbühel, en Autriche.

L’année suivante, il décroche une médaille d’argent en descente et combiné aux jeux Mondiaux disputés à

Mürren, en Suisse. En 1936, il se classe deuxième de la célèbre descente du Lauberhorn, à Wengen, également

en Suisse, gagne la non moins fameuse Arlberg-Kandahar à Sankt Anton, en Autriche, et surtout s’adjuge la

médaille de bronze de combiné, alors seule discipline olympique de ski alpin aux IVème Jeux Olympiques d’hiver,

organisés à Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne. Avec trois médailles d’or en descente, slalom et combiné,

ALLAIS est le grand vainqueur des jeux Mondiaux suivant de 1937 à Chamonix.

La création d’une école nationale d’enseignement du ski alpin

En 1937, Paul GIGNOUX et Emile ALLAIS créent une école nationale d’enseignement pour former tous les

moniteurs selon leur nouvelle technique de virage à ski. Ils la présentent dans un ouvrage intitulé « Ski

français ». Elle est inspirée de la technique personnelle adoptée par Anton SEELOS.

En 1938, Emile ALLAIS prend logiquement la direction technique de la nouvelle École française de ski installée

à Val d’Isère en Savoie. La fracture d’une cheville lors d’un entraînement puis la Seconde Guerre Mondiale

mettent un terme définitif à sa carrière de sportif.

En 1946, Allais saisit l’opportunité qui lui est offerte de partir au Chili, pour former les coureurs nationaux à

Portillo, dont il développera le domaine skiable jusqu’en 1954 et au Canada pour enseigner sa méthode dans

la toute nouvelle station québécoise de Val Cartier. On lui propose d’entraîner l’équipe olympique canadienne

pour les jeux de 1948 à Saint Moritz. En 1949, le « great French skier » fait la couverture de Life Magazine et

devient moniteur à Sun Valley, station à la mode de l’Idaho aux Etats-Unis, fréquentée par des vedettes

d’Hollywood. C’est en observant attentivement le fonctionnement de cette station de Sun Valley

excellemment organisée et à la pointe de la technologie qu’ALLAIS va acquérir les connaissances nécessaires

pour bientôt entamer une troisième carrière, celle d’aménageur de stations.

L’aménagement de stations

Il accepte la proposition de créer une nouvelle station à Squaw Valley, en Californie, station qui ouvrira dès la

fin 1951. Il y détournera de sa fonction initiale une autoneige à chenilles, suivant l’exemple d’un expatrié

autrichien, pour mettre au point une dameuse mécanique. On lui propose de participer à la conception d’un

domaine skiable en Californie, plus au sud, à proximité de Los Angeles. Les installations du Mount Baldy sortent

de terre en cette même année 1952. Il y restera deux saisons, à la tête d’une école de ski et d’un magasin

d’article de sport.

Un contrat alléchant va convaincre Emile ALLAIS de rentrer au pays en 1954. On lui propose le poste de

directeur de la nouvelle station savoyarde de Courchevel. Première en France à être ainsi créée ex nihilo, par

Maurice MICHAUD et Laurent CHAPPIS, Courchevel constitue l’exemple emblématique de la station de sports

d’hiver de deuxième génération car elle a été édifiée au niveau des alpages sur un site vierge de constructions.

Il démissionnera de ce poste pour assurer, à partir de 1964, la reconnaissance et le tracé des domaines skiables

à équiper en vue de la création des nouvelles stations « intégrées » de troisième génération : La Plagne, Flaine,

Les Arcs, Vars, Chaillol ou encore Les Menuires qui portent toutes sa griffe.

Dans les années 80, Allais retourne vivre dans son village natal à Megève. En 1950 une piste Émile ALLAIS est

inaugurée sur le massif de Rochebrune. Elle est suivie en 1951 de la Coupe Émile ALLAIS, le Grand Prix

international de descente de Megève. Honoré Chevalier du Mérite chilien, Officier de la Légion d’honneur,

Commandeur du Mérite sportif, U.S. National Ski and Snowboard Hall of Fame, entouré des siens et toujours

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avide de connaissances, les sens en éveil, il se montrera ouvert sur l’avenir jusqu’au bout de son existence, ne

cessant jamais de faire du sport - il skiera jusqu’à l’âge de 98 ans - et de réfléchir sur le futur de ce qui aura

constitué la grande passion de sa vie. Émile ALLAIS décède le 17 octobre 2012. Ses obsèques le 23 octobre

réunissent à Megève près de 1400 personnes dont nombre d’anciens champions de ski : Jean VUARNET, Jean-

Claude KILLY, Perrine PELEN, Franck PICARD, Antoine DENERIAZ.

Note :

Les cas d’Alfred COUTTET et d’Emile Allais permettent de réfléchir au rôle des habitants du Pays du Mont Blanc dans le

développement de la pratique du ski et du tourisme de montagne au-delà de ses limites géographiques. Inclus dans les

mécanismes du développement touristique, ces derniers sont marqués par leur développement et y participent en dehors

du territoire. Le patrimoine du tourisme de montagne Pays du Mont Blanc ne concerne donc pas uniquement le territoire

stricto-sensu. Le PAH pourra également aborder le rôle des habitants du Pays du Mont-Blanc « développeurs touristiques »

dans le développement touristique montagnard mondial.

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2.2. (S’) Installer

2.2.1. Installations « primitives »

2.2.1.1. Prieurés et installations religieuses

Les vallées de l’Arly et de Chamonix ont été marquées par le mouvement monastique. Ainsi les villes de Chamonix comme celle de Megève trouve à leurs origines la fondation d’un prieuré.

Les prieurés étaient de petits monastères construits sur des territoires éloignés de l’abbaye où résidaient quelques moines chargés de la gestion des terres. Ces prieurés ont lancé les mouvements de colonisation des territoires de montagnes à partir du XIème siècle. Ils seraient à l’origine de la mise en place du système agro-pastorale dans les Alpes grâce à la mise en valeur de terres impropres à la culture céréalière.

Les monastères, dont font partie les prieurés, sont importants dans la tradition d’accueil des régions de montagne qui permettra l’accueil des premiers touristes au XVIIIème siècle. L’exemple le plus connu en est le Grand Saint-Bernard qui entraînera tout une mythologie touristique, notamment autour de ses chiens.

A Megève, la fondation présumée du prieuré est datée de la fin du XIème siècle. Les fortifications du prieuré datent du XIVème ou XVème siècle puis une extension est réalisée en 1705. Une restauration fut entreprise en 1964.

Fondé par des moines bénédictins de l’abbaye piémontaise de Saint-Michel-de-la-Cluse, le prieuré est vraisemblablement à l’origine du bourg de Megève. Il est cédé aux Jésuites en 1571. La galerie couverte du cloître disparaît lors de l’incendie de 1754. Le mur d’enceinte et l’immeuble du Petit Prieuré (édifié sous le Second Empire) sont rasés en 1937.

Note :

Dans le PAH, des initiatives pour les valoriser et les inclure pourraient être conduit en termes de points de fixation des

populations et d’accueil des voyageurs.

2.2.1.2. Réseau des maisons fortes

Selon Bernard DEMOTZ, « une très forte densité de constructions castrales a caractérisé et caractérise encore l’actuel département de la Haute-Savoie. Celui-ci englobe, en effet trois entités bien déterminées depuis le Moyen Age. […] La seconde entité est le Faucigny, formé par les vallées de l’Arve et du Giffre et organisé par les sires qui ont donné leur nom au pays à partir du vaste et très ancien château de Faucigny. […] Derrière les grands et célèbres châteaux, apparaît le dense semis des maisons fortes. […] On sait en effet que les maisons fortes savoyardes, apparues originellement, dans la conception romane castrale, comme un simple renforcement des enceintes de châteaux, ont proliféré du XIVème au XVIème siècle en évoluant tantôt vers la petite forteresse, tantôt vers la pure résidence, bien que certains sites aient toujours concilié les deux fonctions. » Le recensement effectué sur le territoire a permis de relever les maisons fortes suivantes :

• Cordon, construit avant 1355 par les Seigneurs de Faucigny. Elle est privée depuis 1769.

• Sallanches, datant du XVème siècle, non visitables sauf par le Centre de la Nature Montagnarde.

• Saint-Gervais, d’abord la maison de la comtesse, datant du XVème siècle et restaurée vers 1576, mais aussi la maison forte de Haute cour (aujourd’hui un musée).

• Servoz, ferme fortifiée avec des restes probables du château de la tour (disparu) datant de 1658. Le blason de la famille Botollier « d'azur à trois bouteilles accolées de gueules", résidant à Servoz au début du XIIIème siècle se trouve sur un bas-relief du linteau.

• Contamine-Montjoie, vestige du château de Montjoie (1277), château de Béatrice de Faucigny. Seule une tour subsistera et sera la base du clocher de l’église construite en 1758.

• Les Houches, ruines du château Saint-Michel datant de 1289. Le fort est construit à la demande de Béatrice de Faucigny pour assurer la protection de la vallée de Chamonix.

Note :

Le recensement laisse entrevoir un sujet à valoriser dans le PAH, la vallée se spécifiant par ses constructions à plus de

1000m d’altitude.

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2.2.2. Installations agro-pastorales

2.2.2.1. Adaptation des pratiques au milieu naturel

La Haute-Savoie, encore aujourd’hui, reste marqué par l’agriculture et notamment par le système agro-pastoral du XIXème siècle. Les hautes vallées de l’Arve et la vallée de Chamonix ont également été marqué par le phénomène, encore observable dans les constructions perçues comme traditionnelles. Le recensement établi montre la présence d’un bâti régional typique sur l’ensemble du territoire, avec diverses particularités qui seront abordées dans la partie concernant les architectures vernaculaires. Ces maisons sont marquées par les activités agro-pastorales de moyenne montagne et se constitue généralement d’un pèle (pièce à vivre chauffée l’hiver), d’une écurie où se logeait les bovins et parfois les ovins, d’une grange située au-dessus pour le foin avec des bâtis séparés comme les greniers pour stocker les récoltes et les semences à l’extérieur et éloigné du bâti principal en cas d’incendie. La ferme à Isidore à Combloux (Monument Historique) en est un exemple de l’architecture rurale de montagne. Construite en 1832, la ferme Martinelli nommée Ferme à Isidore, du nom de son dernier habitant, abrite aujourd'hui un musée "Le Musée de la Pente". Elle n’a fait l’objet d’aucune transformation majeure depuis sa construction. Elle représente un témoignage architectural et patrimonial sans équivalent sur la société montagnarde des siècles passés. Cette bâtisse est une des rares fermes, tant d’un point de vue local que régional, à nous être parvenue pratiquement dans son état d’origine. Elle a su conserver, jusqu’à la fin du 20ème siècle, ses fonctions d’habitation et de bâtiment agricole. Sa construction et sa conception sont caractéristiques d’un territoire restreint et témoignent de l’adaptation des sociétés montagnardes aux conditions rigoureuses du milieu.

Source : La Ferme à Isidore, commune de Combloux

Note :

Le Pays d’Art et d’Histoire pourrait valoriser ce patrimoine au regard des représentations portées sur le Pays du Mont

Blanc dans cet échange entre l’habitant du territoire et le voyageur (par exemple le chalet perçu comme typique de la

Haute-Savoie est le type dit Faucignerand, car c’est celui qu’apercevait les voyageurs dans la vallée de l’Arve lorsqu’il

allaient à Chamonix). Il est important également pour comprendre l’architecture néo-régionalisme, puis moderniste

(l’œuvre de Le Même).

2.2.2.2. Alpagisme

Le bâti rural et d’alpage témoignent de la présence d’une activité pastorale continue au Pays du Mont blanc qui remonte à environ 6000 ans. En effet des traces archéologiques remarquables datant du Néolithique ont été découvertes sur le secteur du Lac d’Anterne à Passy. Des structures similaires ont également été identifiées au Plan Jovet, aux Contamines-Montjoie. Dès le Moyen Age, communément, les alpages appartenaient aux seigneuries et/ou aux prieurés, qui, à partir du XIVème siècle, les ont cédés à des communautés qui correspondaient souvent à des regroupements familiaux. La fin des seigneuries au XVIIIème siècle précipita ce mouvement de cession communautaire. Jusqu’au XXème siècle, l’alpage communautaire était donc central dans l’organisation agropastorale qui vu la création de fruitières destinées à la transformation du lait en fromage sur place. A partir des années 1970, il y eu un abandon progressif des alpages qui marqua la fin de l’âge d’or

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de ce mode d’organisation en fruitière. Dans les années 1980, un retour progressif à l’alpage fut noté corrélativement au développement de l’activité touristique et de loisir estival (cf. 2.3.4.).

Note :

Dans le même état d’esprit que le ferme à Isidore, la question du paysage agraire pourrait être abordé dans le PAH bien qu’il ne soit pas spécifique au Pays du Mont Blanc. Néanmoins, il pourrait faire l’objet du regard porté sur le Pays du Mont Blanc dans cet échange entre l’habitant du territoire et le voyageur, entre l’ici et l’ailleurs et qui participe de l’attractivité touristique du territoire.

2.2.3. Essor économique

2.2.3.1. Se développer en village-station

La singularité du Pays du Mont Blanc réside dans le fait que ce territoire a été pionnier dans le développement

des sports-d’hiver autour des villages préexistants au phénomène touristique sur lesquels il est venu se greffer.

Il s’agit donc de la première génération de station dénommée « village-station » selon la typologie

communément mobilisée pour parler de l’évolution de l’urbanisme et de l’architecture en montagne au

prisme du développement touristique et de l’essor économique liés aux sports d’hiver. Ces stations de la

première génération, et souvent développées à partir d’anciens villages La deuxième génération correspond,

elle, à celle de l’invention de la station en site vierge ; la troisième à celle de l’élaboration du concept de station

intégrée, puis, une quatrième génération qui semble marquer un retour à des aspects plus traditionnels sur le

modèle de la station-village « nostalgique » du village-station pionnier.

Ces villages-stations dits de la première génération sont implantés en fond de vallée ou sur un col, au centre

d’un domaine skiable la plupart du temps morcelé, d’où partent les remontées mécaniques et où aboutissent

les pistes. L’exemple le plus connu et révélateur est celui de Megève (ci-dessous) souvent considérée comme

la première station de sports d’hiver française, les modèles étant les stations suisses antérieures comme Saint-

Moritz.

Elles se développent sans réflexion urbanistique et se caractérisent par une absence de stratégie précise de

développement. De ce fait, le paysage qui en découle est hétérogène car il donne la priorité à l’équipement

des pistes (téléphériques et télésièges) et à l’équipement hôtelier. L’initiative est privée, corollaire de la

pratique du ski qui est réservée à une élite fortunée et le plus souvent étrangère à la région.

Source : Le site de Megève (Haute-Savoie) au début des années 1920, cliché anonyme.

Repro. Delorme, Franck. © Franck Delorme.

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Ces touristes d’un nouveau type (par rapport à la fréquentation estivale antérieure) sont attentifs au mariage

de leur mode de vie, moderne et sportif avec l’environnement naturel et traditionnel. C’est ainsi qu’un

architecte comme Henry Jacques LE MEME va tenter l’invention d’une nouvelle architecture à partir de la

réinterprétation des formes traditionnelles, des techniques nouvelles et du goût de sa clientèle (cf. 2.1.

Accueillir et 2.4. Créer).

Source : Chalet pour M. Picquart, Megève, Henry-Jacques Le Même, architecte, 1941. Archives départementales de la Haute-Savoie,

fonds Le Même, 142 J 1268. © Archives départementales de la Haute-Savoie.

Le phénomène le plus marquant est celui de l’invention d’un nouveau type architectural (cf. ci-dessus). Après la Première guerre mondiale, c’est le chalet du skieur qui s’est imposé comme nouveau programme comme l’ont été en leur temps les villas balnéaires. Comme ces dernières, le chalet était à la recherche d’un caractère propre et particulier qui cherche à répondre au nouvel engouement lié à la pratique du ski dans la seconde moitié du XIXème siècle. Les touristes recherchent alors un rapport à l’altérité qui s’exprime dans une quête de dépaysement et de nouvelles formes de pratiques sportives qu’apporte le Pays du Mont Blanc. Le chalet du skieur est donc un essai de transposition d’un mode d’habiter urbain et bourgeois à un environnement rural et montagnard, comme la villa balnéaire l’était dans un contexte rural et littoral courant XIXème. Se démarquer socialement est le corollaire du développement des sports d’hiver, ce qui demande à l’architecture de s’adapter et inventer en conséquence.

2.2.3.2. Equipements structurants

L’Ecole nationale du ski et de l’alpinisme (ENSA)

Concomitamment au développement de la montagne des loisirs, un besoin nouveau de structurer l’encadrement de ces nouvelles pratiques liées aux espaces de montagne s’est fait sentir. C’est dans cette perspective qu’est née l’Ecole nationale du ski et de l’alpinisme (ENSA) en 1943. Elle a reçu à l'origine la double mission d'assurer :

• La formation des professionnels des sports de montagne ; • L’élaboration des méthodes d'enseignement en matière de ski et d'alpinisme.

Aujourd'hui, de nouvelles exigences en termes de qualité et de sécurité pratiques sportives, l'intégration européenne, l'internationalisation du tourisme en montagne ont accru le rôle de l'Etablissement dans le champ de l'économie sportive montagnarde. Outre ses missions originelles, celle-ci s'est vu confier par les pouvoirs publics un rôle central dans des champs spécifiques, qui s'articulent autour de quatre points :

1. La formation des éducateurs sportifs ayant une action dans le cadre de la pratique du ski et de la montagne (moniteur de ski, guide de haute montagne) ainsi que des professionnels en charge de la sécurité (pisteur-secouriste 2ème degré et 3ème degré) en liaison avec la Sécurité Civile.

2. L'entraînement des athlètes et le perfectionnement des cadres techniques relevant de la Fédération Française de Ski, de la Fédération Française de la Montagne et de l'Escalade et de la Fédération des

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Clubs Alpins Français ainsi que de la Fédération Française de Vol Libre (convention de collaboration, centres de haut niveau pour le vol libre et l'alpinisme). En outre, la fonction de centre d'entraînement et d'oxygénation se concrétise autour de diverses disciplines.

3. La recherche, l'expertise et la diffusion des connaissances dans le champ des pratiques sportives de la montagne et de leur sécurité, tant au point de vue des analyses techniques, que de la recherche médicale ou de la didactique dans le cadre d'un réseau rassemblant les partenaires institutionnels, les partenaires économiques et les fédérations sportives.

4. Les relations internationales visant à développer des échanges qui permettent la promotion des méthodes d'enseignement et du savoir-faire français en liaison avec les organismes concernés, dans le cadre des protocoles bi-gouvernementaux.

L'ENSA en quelques dates : 1823 - Création de la première compagnie des guides à Chamonix ; 1930 - La FFS - Fédération Française de ski - assure la formation des moniteurs de ski ; 1933 - Première organisation des cours de moniteurs par la FFS - Fédération française de ski - sous la direction du Docteur ALLBERG ; 1936/1937 - Création par la FFS de l'ENSF - l’Ecole nationale du ski français - comprenant en son sein l’Ecole supérieure de formation de moniteurs sous la direction d’Edouard FRENDO et la Présidence de Paul GUIGNOUX au col de Voza, à Val d’Isère et à Chamonix. Ce fut la principale structure de régulation du niveau et du nombre des moniteurs de ski français. C’est dans ce cadre qu’est créé la méthode de l’enseignement français qui se démarque désormais de la dominance autrichienne avec l'aide d’instructeurs français dont Emile ALLAIS, champion du monde (cf. ci-avant). Est organisé le premier stage de préparation des futurs guides à Chamonix à l’instigation de Roger FRISON-ROCHE et d’Armand CHARLET. 1938 - Nouvelle nomination : ESS - Ecole supérieure de ski et d’alpinisme, financée par la FFS et la FFM - Fédération Française de la montagne dont le siège sera à Val d’Isère l’hiver et à Chamonix l’été. 1940/1945 - Contre coup de la guerre mais le mouvement Jeunesse et Montagne né de l’aviation qui avait accueilli en zone libre une grande partie des cadres de l’armée de l’air multiplie dans ses centres les stages d’apprentissage alpin formant des instructeurs qui occuperont les postes à responsabilité d’après-guerre. La Contribution du CNAS - Collège National d’Alpinisme (collège des Praz) initié par le Commissariat général à la jeunesse et aux sports initialement au Fayet puis aux Praz (hôtel Splendid) va enrichir les expériences de l’ENSA, l’Ecole de montagne chargée du perfectionnement des professeurs des écoles d’éducation physique sous la direction de Jean FRANCO. 1942 - Renaissance de l’ESS - l’Ecole supérieure de ski de la Fédération qui s’installe à Chamonix dans l’hôtel des Allobroges sous la direction d’Edouard FRENDO en présence de Raymond BERTHET en qualité de moniteur-chef. 1943 - Acquisition du titre ENSA - Ecole nationale de ski et d’alpinisme - Filiale de l’Institut national des sports par le Commissariat aux sports de Vichy. Emigration de l’Ecole à l’Alpe d’Huez l’hiver et à la Grave l’été sous la direction d'un militaire. R. BERTHET, moniteur-chef et Edouard FRENDO, conférencier, assurent la continuité. Tentative d’un stage de guides-skieurs qui ne sera pas poursuivie puis organisation de stages de chefs de cordée. La guerre stoppera les actions. 1946 - Glissement d’une dépendance totale de l’ENSA au CGEGS - Commissariat général à l’Education générale et sportive à une dépendance partielle au sous-secrétariat à la jeunesse et aux sports auprès du ministre de l’éducation nationale et à une soumission au régime de l’autonomie financière d’où une relative indépendance de fonctionnement vis-à-vis de la FFS.

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1948/1949 - Fusion avec le CNAS et installation dans l’immeuble des Praz de Chamonix. La loi du 18 février 1948 sur l’enseignement du ski et la formation des guides (la France est le premier pays à avoir une organisation unifiée et un brevet d’Etat pour chaque profession) lui donnent une assise plus ferme. Le poste de Professeur Maître est désormais occupé par René RONDIA avec la présence d’Armand CHARLET. Etroite collaboration établie entre la Direction générale de la jeunesse et des sports du ministère de l'éducation nationale, la FFS, la FFM ainsi que le syndicat des moniteurs de ski et le syndicat des guides.

Source : ENSA, 1953, ENSA.

1954 - Transfert de l’Ecole à l’Hôtel des Allobroges à Chamonix (cf. ci-dessus).

1957 - Jean FRANCO prend la tête de l’établissement. Affirmation de l’indépendance et de l’autorité de l’ENSA

et intégration au milieu international du ski alpin. Présence dans le courant de l’alpinisme universel. Période

de grands drames de la montagne et intervention de l'ENSA dans les secours en montagne.

1964/1977 - Nouvelle ampleur de l'ENSA avec les plans neige successifs qui aboutissent à la construction de

150 000 lits. Installation de l'ENSA dans le nouveau pôle sportif et culturel route du Bouchet (cf.ci-dessous).

Source : ENSA, 1975, ENSA.

2000 - L’ENSA face aux défis européens eus égard à la libre circulation des travailleurs dans les Etats

membres édictées par les directives européennes qu’il a fallu transposer dans la loi française et ses

règlements d’application.

2010 - L'établissement public Ecole nationale des sports de montagne, établissement unique comprend deux sites distincts, dont les identités sont préservées, celui de Chamonix-Mont-Blanc en Haute-Savoie pour l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme et celui de Prémanon dans le Jura pour le Centre national de ski nordique et de moyenne montagne.

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Le Palais des Sports et des Congrès à Megève

A la fin de la guerre, le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) nomme des architectes en chef dans les départements français et Maurice NOVARINA est un de ces acteurs de cette aventure de la reconstruction en France. Nommé architecte en chef des Bâtiments Civils et Palais Nationaux, dans les années 1960, alors que les équipements culturels et sportifs se développent, il conçut de nombreux bâtiments publics dont le Palais des Sports et des Congrès construit à Megève entre 1965 et 1969 qui devait répondre à la volonté locale de se doter d’un espace de divertissement qui répondait aux nouveaux besoins touristiques de la clientèle venant aux sports d’hiver à Megève.

Source : Construction du Palais des Sports et des Congrès (1965-1969), ©Tops Socquet.

Note : D’autres exemples d’équipements structurants pour répondre aux nouveaux besoins en lien avec l’activité touristique

pourront être évoqués dans le PAH.

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2.3. Se déplacer

2.3.1. Remonter la pente

2.3.1.1. Jouer avec la pente

Si le ski existe depuis des temps immémoriaux, sa découverte au début du XXème siècle va entraîner la création d’un archétype qui permettra son développement dans le monde entier : le ski alpin. Là encore le territoire concerné occupe une place importante dans sa création. Mais pour se pratiquer, il faut pouvoir remonter des pentes avant de les descendre, tâche fatigante pour des personnes peu habituées, d’où la création de remontées mécaniques. A Megève, le Téléphérique du Mont d’Arbois (Lieu-dit le Théveley) est construit en 1934 pour la Société du

Téléphérique de Megève – Mont d'Arbois par les établissements Bleichert de Leipzig (Allemagne). En 1957,

l’appareil est modernisé par la Société Neyret-Beylier, de Grenoble, avant d’être remplacé en 1985, par une

télécabine débrayable construite par les Etablissements Pomagalski de Fontaine (Isère). Après la Seconde

Guerre mondiale, en décembre 1952, le domaine skiable se verra encore étendu à un troisième massif avec la

mise en service d’une télécabine sur le versant du Jaillet qui relance la station. Celle-ci est aujourd’hui partie

intégrante du vaste domaine des Portes du Mont-Blanc qui comprend aussi les massifs de Combloux, La

Giettaz et Cordon.

En 1936, c’est la création du premier téléphérique à Saint-Gervais. Au départ du village à 900m, la nouvelle benne est capable de monter 24 skieurs (144 personnes à l'heure) jusqu’au Bettex à 1350m, soit un dénivelé de 450m sur une longueur de 2400m. En 1937, Charles VIARD termine le gros équipement de Saint-Gervais, avec l’ajout d’un 2ème tronçon « Le Bettex - Mont d'Arbois », premier téléphérique Viard à être équipé par du matériel français (la société Applevage de Paris). Dès 1937, au départ du Bettex, vingt-quatre personnes peuvent ainsi monter à la vitesse de 5,5 mètres par seconde à la pointe du Freddy située à 1830 mètres d'altitude sur une longueur de 2,6 km avec un dénivelé de 479m. De là commence la course aux innovations pour faire évoluer les équipements de remontées : 1938 : Premier téléski au Mont-Joux. Ce "monte-pente" à enrouleur se termine par des cadres de bois biplace : les archets ; 1962 : première dameuse de type bombardier achetée au Canada ; 1963 : téléski du Bettex ; 1965 : téléski de la Venaz ; 1971 : doublement du téléphérique Bettex - Mont d’Arbois par un télécabine permettant de monter 980 personnes par heure contre 180 pour le seul téléphérique de 1937. Dans les années soixante-dix, les remonte-pentes à archets (ou pioches) sont supprimés sur tout le territoire de Saint-Gervais et remplacés par des téléskis de type Pomagalski à perches individuelles (pendant longtemps, seul le petit téléski des Bosses était doté de cet équipement). Cette mutation commencée en 1970 est menée de front avec la construction de la télécabine en 1971. Elle sera achevée dès 1972. Cette opération de rénovation des téléskis est à peine terminée que la clientèle demande plus de confort, de rapidité et de repos entre les rotations de ski de plus en plus nombreuses ! Le télésiège supplante alors le téléski dans les nouveaux équipements comme Mont-Joux III en 1976, Mont-Rosset en 1981 puis Pierre Plate en 1985.

2.3.1.2. Montagne aménagée pour les loisirs

La technologie évolue très vite. Aux nouveaux skieurs avides de fluidité et de rapidité, elle offre la génération des débrayables. A Saint-Gervais, le vieux téléphérique de 1936 doit laisser la place en 1984 au DMC capable de monter 2300 personnes par heure avec ses 33 bennes de 24 places chacune contre les 360 personnes par heure de la vieille benne rouge. Cinq ans plus tard, en 1989, une nouvelle génération, le TC12, remplace à la fois le téléphérique et la télécabine pour atteindre les crêtes d’Arbois avec une capacité provisoire de 2100 personne par heure (pouvant monter

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jusqu’à 3000 personnes par heure). La technologie révolutionne aussi les télésièges, en commençant par le Mont-Joux, en 1984, puis le télésiège de La Croix en 2003. La dernière génération de télésièges débrayables 6 places remplace les vieux télésièges de La Croix du Christ (2007) et dernièrement Les Monts Rosset (2011). Les années 1990 ont vu arriver le développement de l'enneigement artificiel sur les domaines de Saint-Gervais et Saint-Nicolas. L'ensemble de ces équipements permet d'assurer un bon enneigement des domaines pour les saisons d'hiver, quelques soient les contraintes météorologiques. En 2018 a eu lieu l’inauguration du dernier débrayable sur le domaine de Saint-Nicolas au Mont-Joly. Malgré ces aménagements ultramodernes, à Saint-Nicolas, au départ du village, le télésiège d’origine, non ski aux pieds, est toujours en place et est un élément important au centre du village. Note : Les remontées mécaniques sont-elles un patrimoine ? Soumises aux évolutions technologique, pensées et construites pour

le loisir, elles sont pourtant un élément important de l’économie, du paysage et de l’histoire du Pays du Mont B lanc. Il

pourrait s’agir d’un axe novateur de valorisation car si les équipements n’ont pas 30 ans, ils sont pourtant là depuis 100

ans. A l’image de l’histoire de la naissance du domaine skiable à Megève et Saint-Gervais, chaque station pourra décliner

son évolution dans le PAH.

2.3.2. Accéder au sublime

2.3.2.1. Découvertes et expéditions

Au XVIIIème siècle, le besoin de découvrir des espaces jusque-là inaccessibles ou à explorer a poussé les hommes à développer de nouvelles techniques pour y accéder. C’est la naissance de l’alpinisme dans le massif du mont Blanc. Il s’agissait alors de paysans-guides qui amenaient les « touristes » sur les sommets depuis leur vallée. La première ascension du mont Blanc en 1786 en est l’acte fondateur de l’alpinisme. Cette première fut impulsée par le savant genevois Horace Bénédicte de Saussure et sera réalisée par deux jeunes Chamoniards. Par l’écho qui sera alors donné à cette performance, le massif du mont Blanc attirera bon nombre de visiteurs et de curieux. Les populations locales se chargeront des aménagements (chemins, hébergements, services, etc.) nécessaires à l’accueil des premiers touristes. Parmi les œuvres qui ont contribué à populariser le mont Blanc et l’alpinisme, notamment au sein des élites anglaises, on peut citer à titre d’exemple Albert Smith, qui, à son retour de Chamonix, mettra en scène l’ascension du mont Blanc (2000 représentations à Londres et 800000 spectateurs de 1852 à 1868). L’alpinisme acquiert ainsi ses premières lettres de noblesse et une grande visibilité dans l’Europe de son temps. Le mouvement est lancé, les sociétés locales s’organisent pour l’accompagner.

La Compagnie des guides de Chamonix

C’est dans cette perspective que la première compagnie de guides va s’organiser à Chamonix, le 24 juillet 1821, avec l’approbation des premiers statuts de la Compagnie des guides de Chamonix avec un double objectif : établir un tour de rôle pour la distribution du travail et organiser la caisse de secours pour l’aide aux victimes de leur métier. La nécessité de porter un insigne distinctif a aussi fait partie de ces statuts. Ainsi naît la première médaille de guide. Trente-quatre guides ont été nommés sur cette première liste, avec en tête de liste Jacques BALMAT, premier vainqueur du mont Blanc. Au XIXème siècle, la majorité des guides de Chamonix font traverser la mer de glace aux voyageurs montés au Montenvers à dos de mules. Seuls quelques guides font des courses en haute montagne. Les principaux sommets pratiqués sont : le mont Blanc, l’aiguille du Midi par l’itinéraire de la vallée blanche, le Buet. A la fin de ce siècle et au début du XXème siècle, l’exploration du massif bat son plein (cf. ci-dessous), les premières ascensions audacieuses se multiplient, de nouveaux itinéraires sont ouverts, aujourd’hui devenus pour certains d’entre eux de grandes classiques.

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Source : L’exploration du massif par la compagnie des guides de Chamonix, http://www.chamonix-guides.com/87-histoire-guides-

compagnie.htm.

Depuis son origine, les guides de la Compagnie de Chamonix ont réussi nombre de grandes réalisations comme la première ascension des Grandes Jorasses et du Cervin par Michel CROZ (1865), des Drus par Jean CHARLET-STRATON (1879) et participeront à écrire l’histoire de l’himalayisme en gravissant l’Annapurna, premier 8000 m gravi par Louis LACHENAL (1950), du Makalu, cinquième sommet de la planète (8463 m) par Lionel TERRAY (1955), du Jannu (7710 m) par René DEMAISON (1962), la première ascension française à l’Everest par Jean AFFANASIEF (1978). Ils réaliseront des trilogies estivale (1985) et hivernale (1987) des faces nord des Grandes Jorasses, Eiger et Cervin par Christophe PROFIT, ainsi que de nombreuses premières majeures sur les montagnes du monde entier par la jeune génération.

La Compagnie des guides de Saint-Gervais

Tout comme à Chamonix, à Saint-Gervais les guides ont fondé une Compagnie en 1864 faisant d’elle la deuxième compagnie des guides en France après celle de Chamonix. Dès 1784, on retrouve les premières mentions de guides de Saint-Gervais en les personnes de Joseph et Jean-Baptiste Jacquet, Guillaume Jacquet qui accompagnent le docteur Paccard lors d’une de ses tentatives d’ascension du mont Blanc. Les guides feront une nouvelle tentative pour atteindre le sommet en 1819. Après la victoire sur le mont Blanc en 1786, l’engouement pour l’alpinisme devient important à Saint-Gervais. En 1855, les anglais C. HUDSON et S. KENNEDY ouvrent la seconde voie d’accès au mont Blanc dénommée « la voie royale ». Saint-Gervais comptait déjà un petit nombre de guides organisé autour d’un guide-chef Joseph-Auguste Octenier en 1853 qui réalise plusieurs fois l’ascension du mont Blanc avec des clients anglais. Tous les guides de la vallée doivent aller passer leur examen devant un jury de Chamonix. En 1857, le guide-chef OCTENIER demande d’adjoindre des personnes de Saint-Gervais au jury d’examen. La première association des guides de la vallée est fondée en 1864 à Saint-Gervais. En 1892, l’association devient la Société des guides de Saint-Gervais. Le port obligatoire de la médaille est alors mis en place. En 1937, la compagnie compte 16 guides aux Contamines et 42 à Saint-Gervais.

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Source : Des guides de la compagnie des guides de Saint-Gervais, http://www.guides-mont-blanc.com/histoire-compagnie-des-

guides-saint-gervais/.

Tout comme à Chamonix, les guides de Saint-Gervais ouvrent de nombreux itinéraires dans le massif du mont Blanc. En 1858, Frédéric Mollard escalade avec Coleman l’arête NE de l’Aiguille de la Bérangère. Alphonse Estivin réussit la face NW du sommet des Dômes de Miage (1895). André Chapelland et Léon Orset réalise la première hivernale du mont Blanc par Saint-Gervais (1932). Les premier guide « étranger » à être accepté à la compagnie de Saint-Gervais sont Clément BLANC en 1943, Gilbert BLANC de la vallée d’Abondance en est le second (1946). La Compagnie des guides de Saint-Gervais prévit ensuite dans ses statuts d’inclure les communes limitrophes. Dès 1965, elle pris le nom de Compagnie des guides Saint-Gervais Val-Monjoie en regroupant les bureaux de Saint-Gervais, des Contamines, de Megève et de Sallanches. Dans les années 1980, le niveau professionnel est élevé avec la présence de guide comme Yannick SEIGNEUR, Michel BERRUEX, Bertrand DUBOIS, Olivier BESSON, et Pierre GOURDIN qui organisèrent de nombreuses expéditions. Aujourd’hui la Compagnie des guides de Saint-Gervais-Val-Montjoie comporte 100 membres et regroupe les deux antennes de Saint-Gervais et des Contamines-Montjoie. Au fil du temps, l’alpinisme, né d’un besoin de découvrir est donc devenu une discipline à caractère sportif en terrain rocheux ou glaciaire avec des techniques adaptées qui se caractérise par des valeurs partagées ayant pour but de réaliser des ascensions en haute montagne, de parcourir des itinéraires aux niveaux de difficulté variables. Le lien entre les expéditions des pionniers et l’alpinisme d’aujourd’hui, c’est qu’il est toujours porté par à un imaginaire collectif de la montagne, un rapport à l’environnement particulier scellé par une communauté de valeurs qui pousse à se dépasser pour atteindre les sommets envisagés.

2.3.2.2. Grandes infrastructures d’accès vers les sommets

Stimuler par l’esprit de découvrir, de toutes parts, des projets d’équipements de la montagne voient le jour durant le XXème siècle.

1904 - Le tramway du Mont Blanc à Saint-Gervais-Les-Bains

Le Tramway du Mont Blanc (TMB), dont la réalisation remonte au début du XXème siècle, constituait à l’époque un véritable défi technique. A dessein une concession est accordée pour la construction d’un chemin de fer conduisant vers le mont Blanc depuis le Fayet à Saint-Gervais. Ce projet d’une ligne de tramway destinée à relier Le Fayet / Saint-Gervais à l’Aiguille du Goûter a été présenté par l’ingénieur Henri DUPORTAL en 1902. Les travaux ont commencé en 1904 et la première section de la ligne, jusqu’au col de Voza, a été inaugurée en 1907. Les Travaux seront interrompus par la Première Guerre mondiale en août 1914 alors que la ligne atteignait le Nid d'Aigle à 2372m en bordure du glacier de Bionnassay en 1912. Ce projet n’a jamais été repris par la suite, les travaux au-delà du terminus actuel auraient été excessivement difficiles, voire impossibles à

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réaliser. La ligne s’arrêtera donc au Nid d’Aigle alors que le projet initial, lui, prévoyait d’accéder au Dôme du Goûter et au sommet du mont Blanc. L’idée de poursuivre avec ces deux derniers tronçons seront abandonnés. En 1956, les motrices à vapeur ont été remplacées par des motrices électriques. Elles portent le nom d’Anne, Marie et Jeanne (les trois filles du directeur du TMB de l’époque Pierre NOURY) et sont toujours en service aujourd’hui. C’est le train à crémaillère le plus haut de France.

1909 - Le train du Montenvers

La visite du site touristique du Montenvers à 1913m domine le glacier des Bois et permet d’accéder à la Mer de Glace, une excursion prisée dès le début du XIXème siècle. Dès 1880, les touristes étaient conduits à dos de mulets et à chaises à porteurs au Grand Hôtel du Montenvers. Un projet de voie ferrée pour atteindre le site remarquable est proposé en 1892 mais il rencontre l’opposition violente de la petite industrie constituée autour de la visite du site et de la population locale. Il faudra la protection des Gendarmes pour permettre les travaux qui s’étaleront de 1906 à 1908. En 1909, un train à vapeur sur une ligne à crémaillère conduit les touristes en 55 minutes depuis Chamonix jusqu’à l’hôtel. Son électrification sera réalisée en 1954.

Source : "Chemin de fer du Montenvers et aiguille du Dru" 3 Fi Service Mémoires de la Ville, commune de Chamonix.

1909 - Les téléphériques de l’aiguille du Midi

En 1909, un premier projet de téléphérique voulant relier Chamonix au col du Midi d’abord, puis à l’Aiguille du Midi ensuite, voit un début de réalisation. Il part du village des Pèlerins pour amener au premier tronçon vers la station de la Para à 1685m en 1924. Le second tronçon ira jusqu'à la station des Glaciers à 2414m à partir de 1927. Il prendra le nom de « téléphérique des Glaciers ». Cette facilité nouvelle sur la voie d'ascension du mont Blanc fera abandonner le sentier classique de la montagne de la Côte. Le projet d’atteindre le col puis l’Aiguille du Midi sera ensuite relancé par un organisme d’État. Finalement, le col du Midi, vers 3593m, fut atteint que par un câble de service en 1940. Le projet fut ensuite abandonné en 1947 car trop compliqué à mettre en œuvre. Construire le téléphérique le plus haut du monde à la fin des années 1940, relevait d’un véritable défi. C’est le projet direct vers l’aiguille du midi qui fut privilégié grâce au soutien d’une colonnade de 47 pylônes. A la suite de cette installation, une série d’études se succèderont pour moderniser la ligne. A partir de 1949, l’ingénieur italien Vittorio ZIGNOLI dressa un plan de rénovation qui suggérait la suppression d’un pylône sur deux. Avec la ferraille récupérée (450 tonnes), sera construite la passerelle de l’aiguille du Midi en 1954. C’est l’entrepreneur italien Dino Lora TOTINO créateur de la station de Cervinia à partir de 1932 et du téléphérique du col du Géant qu’il acheva en 1947 qui fut chargé d’ériger le plus long téléphérique jamais construit avec une portée de 2869 m sans pylône, la plus grosse cabine entre 50 et 70 places, le plus rapide avec ses 40km/h sur le deuxième tronçon et le plus puissant avec 4 moteurs cumulant 670 cv. Dans cette perspective, dès 1945, les architectes BOUVIER et CHEVALLIER sont consultés pour le nouveau projet de téléphérique Chamonix centre – Plan de l’aiguille – les Glaciers qui devait remplacer le funiculaire

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aérien devenu obsolète. La gare inférieure, d’une architecture empreinte des « chalets » alors très à la mode fut achevée en 1952. Les travaux de la gare intermédiaire du Plan de l’aiguille débutèrent en 1952 et s’achevèrent en 1953 et fut inaugurée le 25 juillet 1954. Le téléphérique fut à nouveau rénové en 1991 : remplacement des pylônes d’origine, remaniement de la gare du Plan de l’aiguille. Après l’achèvement de la gare intermédiaire, fut entrepris le percement de 200 mètres de tunnel à la main, au pistolet, au sommet de l’aiguille du Midi à 3770 m. Trois ans de travaux auront été nécessaires pour que la terrasse puisse être accessible à partir du 24 juin 1955 par un escalier sculpté dans le rocher. Fut ensuite ajouté un deuxième escalier extérieur, en bois, accolé aux coursives et au-dessus du vide qui donnera sa forme à la gare supérieure. Ces traces disparaîtront avec la rénovation opérée en 1985. Le téléphérique fut ouvert au public mais le sommet de l’aiguille à 3842 m, lui, restait inaccessible. C’est seulement en 1964 que les travaux d’équipement du sommet seront entamés avec le creusement d’un puit de 73 mètres qui accueille l’ascenseur qui permet d’accéder à la terrasse panoramique sommitale. Les travaux s’achevèrent le 09 septembre 1966 et permettra, outre l’aspect touristique, d’accueillir l’antenne de télédiffusion de 40 tonnes et 25 mètres de haut.

1930 - Le téléphérique de Planpraz-Brévent

A partir du 30 juillet 1928 jusqu’à son inauguration le 07 septembre 1930, le téléphérique de Planpraz-Brévent

fut lancé à l’initiative d’Alfred CACHAT le créateur de l’hôtel Majestic, conçu par l’ingénieur André REBUFFEL

et réalisé par l’entreprise PELLERIN. Ce projet reposa sur une nouvelle logique touristique précurseur du

développement des années 1930. Pour la première fois en France, un funiculaire aérien devient accessible et

populaire. L’utilisation du bêton armé pour ce type d’infrastructure sera une innovation car cela permis de

réduire le nombre de pylônes tout en augmentant les portées entre chacun d’entre eux et de faciliter

l’entretien par rapport à des pylônes en charpente métallique. Le bêton fut également le matériau pour

réaliser les deux gares ; matériau qui prendra alors une portée universelle. Equipé de cabines légères en

duralumin, il permettra également de décupler le débit de voyageurs à l’heure. Fort de ces innovations

techniques et dans la conception, le Brévent devint fondateur de nombreux autres téléphériques de belvédère

construit en France dans l’entre-deux guerres par la suite. De plus cette construction permettait de battre le

record d’altitude atteint par le téléphérique des Glaciers sur le versant d’en face puisqu’il atteignait 2525 m.

En 1979, il fut remplacé par une télécabine qui prit appui sur l’ancienne terrasse de la gare d’arrivée à Planpraz.

1933 – Le téléphérique de Rochebrune à Megève

Après deux hivers consécutifs presque sans neige, l’entrepreneur et exploitant forestier sallanchard Charles VIARD, adepte du transport par câble pour la descente des grumes de résineux, décide de construire un téléphérique spécialement conçu pour les skieurs. L’appareil fourni par la société allemande Ernest HECKEL est mis en service en décembre 1933. Deux cabines de 20 places, avec une nacelle extérieure pour les skis, assurent la montée en 10 minutes au lieu des deux à trois heures à peaux de phoque (ski de randonnée). La saison 1933-34 marque la naissance de la première station française moderne de ski alpin. Par centaines, des skieurs se mettent à dévaler sans interruption les mêmes pentes. Les gares sont dessinées par l’architecte sallanchard Stéphane WEBER. La construction de la gare de départ entraîne dans son pourtour celle de chalets de villégiature, d’hôtels dont La Résidence en 1937 et d’une vaste patinoire transformable l’été en piscine. Elle est associée à la réalisation du Sporting Club. Rochebrune devient alors le nouveau quartier « chic » de Megève.

1937 - Le téléphérique de Bellevue aux Houches

Le téléphérique de Bellevue relie les Houches à Bellevue à partir de 1937. Les stations de départ et d’arrivée sont identiques à celles d’origine et sont toujours en exploitation été comme hiver. Les câbles et cabines ont été modernisés 2 fois depuis sa création.

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1958 - Le télécabine de la vallée Blanche

Le corollaire du développement touristique a très tôt intégré les préoccupations environnementales qui n’ont pas attendu le XXème siècle pour émerger. Dès les premiers aménagements de remontées mécaniques, cent ans plus tôt, la question de la démocratisation de la montagne associée au développement touristique est venue se télescoper aux défenseurs de la préservation des sites naturels. Mais c’est à l’occasion de la construction de la télécabine de la vallée Blanche qu’elle sera poussée à son paroxysme. Un comité de défense du mont Blanc fut créé en 1956 et un bras de fer s’engagea entre Dino Lora TOTINO et le maire de Chamonix Paul PAYOT qui déclara : « nous avions à choisir entre 300 alpinistes privilégiés qui prétendaient faire de la haute montagne leur chasse gardée et 30 000 touristes impatients d’approcher la haute montagne et de l’admirer. Nous avons choisi les 30 000 touristes. ». C’est donc dans la plus grande « discrétion » que cette installation sera conçue : petites cabines et nombre réduit de câbles légers pour s’affranchir d’une traversée de 5 km avec seulement deux appuis. Le plus grand carrousel du monde reliant Chamonix à Entrèves (Italie) par les airs en surplombant le glacier du Géant.

1962-1972 – Le mont Blanc épargné

Un téléphérique au mont Blanc du Tacul

Le dernier projet de mécanisation au sein du massif du mont Blanc fut de rendre accessible son sommet. Le

1er septembre 1962, la CTVB présente à la ville de Chamonix un projet de téléphérique entre l’aiguille du Midi

et le mont Blanc du Tacul à 4248 mètres. Les difficultés techniques liées à l’altitude et les conditions

météorologique inhérentes liées à une réaffirmation des préoccupations environnementales qui avaient été

mises en échec lors de la réalisation de la télécabine de la vallée Blanche eurent raison de ce projet.

Dino Lora TOTINO se rabattit alors sur l’idée d’une galerie horizontale sous glaciaire entre le col du Midi et le

couloir Gervasutti couplé à un ascenseur souterrain de 1000 mètres de haut. L’épaisseur de la glace estimée

à 170 mètres eu raison de ce nouveau projet mais en appela encore un autre toujours plus démesuré : aiguille

du Midi versus aiguille du Goûter.

Aiguille du Midi versus aiguille du Goûter

La rivalité entre les communes de Saint-Gervais et Chamonix pour affirmer leur emprise sur le toit de l’Europe

a été le moteur de ce dernier projet. La première ayant pris de l’avance dès 1905 avec le tramway du mont

Blanc (TMB), la seconde avait alors répondu par l’installation de câble vers l’aiguille du Midi. Au début des

années 1960, le téléphérique de l’aiguille du Midi achevé et le TMB en difficulté poussa l’autorité concédante,

le Conseil général de Haute-Savoie de ne pas tenir à l’écart Saint-Gervais de l’intérêt touristique que

représente la possibilité d’accéder au mont Blanc par moyen mécanique. Fut alors demandé à Dino Lora

TOTINO d’étudier la possibilité de prolonger la ligne du TMB jusqu’à l’aiguille du Goûter. C’est dans ce contexte

qu’il proposa, plutôt que de prolonger la crémaillère, de construire un téléphérique entre le Nid d’Aigle et

l’aiguille du Goûter le 11 décembre 1962.

Ce projet sera ensuite mis à mal par le groupe ROTSCHILD qui avait racheté le téléphérique du Brévent à la

famille PELLERIN en acquérant un terrain à Taconnaz en envisageant d’atteindre le sommet de l’aiguille du

Goûter par téléphérique en une seule portée. Pour garder l’avantage, la CTVB racheta le TMB le 22 décembre

1964 et s’appropria ainsi la concession jusqu’au sommet du mont Blanc pour le transport de voyageurs et de

marchandises. Elle devient à l’occasion la compagnie touristique du mont Blanc (CTMB). Pendant quatre ans,

les protagonistes s’affronteront par études interposées pour créer un tunnel vers le sommet depuis l’aiguille

du Goûter, l’aiguille du Midi ou depuis le Nid d’Aigle. En juin 1968, il finit par opter pour un tunnel au départ

du col du Midi, projet auquel la mairie de Chamonix s’opposa.

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Le « projet 4807 »

À la suite de ce refus de Chamonix, la CTMB se tourna une nouvelle fois vers Saint-Gervais avec le « projet

4807 ». Il s’agissait d’un tunnel de 3.8 km qui reprenait l’initiative étudiée 70 ans plus tôt par Saturnin FABRE

et Joseph VALLOT qui souhaitait relier l’aiguille du Goûter à une grotte bâtie à 4700 m pour accueillir 1000

personnes. La CTMB proposait de transporter les voyageurs du mont Blanc à bord de trains à propulsion

électromagnétique, technique très innovante pour l’époque. Ce projet capitulera car le premier ministre de

l’environnement français, Robert POUJADE, s’y opposera. Dino Lora TOTINO décidera alors de revendre sa

société (CTVB) au groupe ROTSCHILD qui se porta acquéreur en 1972 et créa la Société Touristique du mont

Blanc (STMB). François BURNIER, alors maire de Saint-Gervais, pris la direction générale de cette nouvelle

société qui dirigeait le téléphérique du Brévent qui racheta le téléphérique de l’aiguille du Midi qui avait

racheté le TMB en 1964. De ces 50 ans d’histoire, c’est le sommet du mont Blanc qui en sorti vainqueur

puisqu’il resta intact de toute forme d’accès mécanisé.

Note : L’histoire du développement des remontées mécaniques au Pays du Mont Blanc, en lien avec l’avènement du phénomène touristique, pourrait permettre de parler de la naissance, en parallèle, de l’histoire des mouvements citoyens autour de la question environnementale. En effet souvent perçue comme contemporaine au regard de ce qui est vécu actuellement, il pourrait aussi être explorée dans le PAH au regard de la naissance du phénomène touristique en tant que précurseur de la découverte environnementale d’un milieu singulier : la haute montagne (cf. 2.5.).

2.3.3. Traverser

2.3.3.1. Ouvrages d’art pour passer dessus, passer dessous, à l'intérieur

Mué par le besoin de rendre accessible des vallées parfois difficilement atteignables, le Pays du Mont Blanc va voir émerger des infrastructures pour faciliter les mobilités dont voici les principales réalisations.

Les Houches

Le viaduc ferroviaire Sainte-Marie qui passe 50 m au-dessus de l’Arve a été réalisé entre 1899-1901 en

maçonnerie et pierres de taille.

Les ponts à Saint-Gervais

Site de passage, de frontière, le val montjoie est coupé en deux par la gorge d’un torrent qui partage la vallée avec d’un côté les alpages du Prarion et de l’autre ceux d’Hermance. La problématique de comment relier les deux côtés de l’eau s’est donc très vite posé.

Le pont du Fayet d’abord a été la porte d’entrée du val montjoie à l’endroit de la confluence avec l’Arve. Structure en bois, couverte, il a été immortalisé au XVIIIème siècle (1790) dans une gravure de BACLER D’ALBE (général, cartographe et peintre français, un des plus anciens compagnons de Napoléon 1er). Ce pont couvert est le seul connu du Pays du Mont Blanc. Détruit par les Sardes en 1793, il fut reconstruit à la fin de la révolution. Ce passage était vital pour accéder aux bains construit par Gontard en 1806 mais sa structure en bois le rendit fragile. Dès 1822, on envisagea de le reconstruire en pierre. Les sardes le feront en 1840 pour fournir un nouvel accès à Chamonix sans passer par Servoz.

Au niveau du bourg, 3 autres ponts ont franchi cette gorge au cours de l’histoire. Le premier dit « pont du

diable » se situe sous l’église, à l’endroit où la gorge se fait la plus étroite. Pont de type romain, datant du

XIVème siècle, il fonctionnait comme un péage ; les habitants devant s’acquitter d’une taxe pour le franchir.

Pendant longtemps, il fut le seul pont de pierres de toute la vallée du Montjoie, le site ne pouvant se satisfaire

d’une seule construction en bois. Il impressionna ses contemporains à cause de son arche culminant à plus

de 40 m au-dessus du torrent. On l’appelle alors le Surhomme ou L’Entremoi. Ce pont commande l’entrée

ouest du bourg, l’ancienne route de Megève passant sous l’église où elle enjambait le Bonnant. Il fut emporté

par la catastrophe de 1892. Pour beaucoup, ce pont n’est ni romain ni médiéval mais l’œuvre du Lucifer ! De

nombreuses légendes racontent qu’on pactisait alors avec le diable pour construire des ponts que l’homme

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ne pouvait construire seul, d’où son nom, le Pont du Diable. Cette légende attitrée au premier pont et à sa

disparition, se déporta sur le nouveau pont construit en 1876.

Le deuxième pont du Diable correspondait à la nouvelle route de Megève prévue par le Second Empire (1852-

1870 – Louis-Napoléon Bonaparte, Président de la seconde république devint Napoléon III, empereur des

français), franchit le Bonnant à sa confluence avec le nant du Panloup. Les techniciens projetèrent de jeter sur

la gorge une grande arche voutée d’une portée de 60 m dès 1874. Les communes concernées furent

réquisitionnées pour fournir le bois nécessaire pour le cintrage de la voute. Réalisé en granit, il a une hauteur

de 62 m et une voute en plein cintre qui offre une ouverture de 37m.

Dès 1936, l’idée d’un troisième pont du Diable fit son chemin. Le maire de l’époque, Alfred Conseil, imagina un projet de pont suspendu. Une société fut même chargée de faire un devis. Faute de financements, le projet tomba dans l’oubli. En1990, le projet de déviation longue par Domancy, délaissant le bourg, tenta de se substituer à celui du nouveau pont. Il fallut attendre 2002 pour que le projet de construction de ce nouveau pont émerge à nouveau en réaction à la route du coteau. La déviation courte, par un ouvrage audacieux enjambant la gorge du Bonnant, à proximité du centre, fut un élément de restructuration de Saint-Gervais avec une forte volonté de créer un centre-ville vivant et agréable. Le concours de maîtrise d’œuvre fut organisé par le Conseil général. La proposition retenue fut celle du groupement Egis Jmi (ingénieriste) et Strates (architecte). Elle présentait les avantages suivants : respect du caractère urbain de la nouvelle voie, faible impact sur le paysage en raison de l’absence de superstructures (pylône, câble ou arc), aménagement d’un carrefour intermédiaire facilitant l’accès à la télécabine du Bettex. La première pierre fut posée le 10 avril 2010. La topographie très tourmentée de la gorge du Bonnant fut pour les ingénieurs un véritable défi à relever car la brèche sous le pont, profonde et difficilement accessible, est occupée par un torrent et des blocs de pierre. Le versant rive droite présente une pente à 45 % et rive gauche : une haute falaise de 40 m. Cette différence entre les deux rives a entrainé des fouilles profondes pour trouver du rocher sain dans lequel encastrer les structures porteuses du pont.

Le tunnel du mont Blanc

Après la Seconde Guerre Mondiale, la compétition pour les percements routiers et le franchissement des Alpes, après celles des forages ferroviaires des années 1857 à 1910, faisait rage à l’échelle européenne. C’est dans ce contexte que le tunnel du mont Blanc fut envisagé par un ingénieur turinois Lora TOTINO à partir de 1946. Il fit réaliser un forage expérimental sur le versant italien. Il faisait suite à une première étude qui avait failli aboutir en 1907-08. A cette initiative italienne fut associé les volontés locales pour développer la « route blanche ». Elle se coupla à la création d’un syndicat genevois animé par les dirigeants de la Ville et de l’Etat de Genève en 1948. Les premières discussions techniques aboutirent alors à la décision de créer une commission intergouvernementale franco-italienne pour effectuer le percement du tunnel du mont Blanc le 11 mai 1949. Malgré les oppositions au projet, en 1951, les volontés gouvernementales franco-italiennes se réaffirmèrent pour sa réalisation. En 1952, le tunnel fut alors inscrit au premier programme 1952-56 des grands travaux financés par le Fonds routier français. Les 10-14 mars 1953, la conférence intergouvernementale signa la convention franco-italienne portant réalisation du percement entre le 05 décembre 1958 et le 14 août 1962. A la fin des travaux de perforation, l’ouvrage était loin d’être achevé. Avant d’envisager une mise en service, il a fallu évacuer les centaines de milliers de mètre cube de déblais avant de revêtir la galerie de bêton, de relever les défis techniques liés à la ventilation, le traitement de l’écoulement des eaux et l’éclairage à opérer étant donné sa longueur de 11,611 km. Il sera finalement ouvert à la circulation touristique le 19 juillet 1965 et aux poids lourds le 20 octobre de la même année.

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Source : Le général de Gaulle, président de la République française,

et Giuseppe Saragat, président de la République italienne, inaugurent le tunnel du Mont-Blanc à Courmayeur, le 19 juillet 1965.

© Rue des Archives/AGIP, https://francearchives.fr/commemo/recueil-2015/39209.

Ce tunnel fut la première galerie routière européenne d’une telle ampleur. Les prévisions de circulation d’alors ont sans cesse été revues à la hausse puisqu’une telle infrastructure n’avait encore jamais été expérimentée. Les structures hôtelières de Chamonix et Courmayeur et les conditions de circulation automobile engendrées dans les vallées de la Doire Balte et de l’Arve auront été totalement bouleversées puisque l’accès à cet ouvrage comptait de nombreux goulots d’étranglement sur le trajet allant de Genève à Chamonix ; d’autant plus que l’ouverture de la première section de l’autoroute blanche fut effective seulement en 1973.

2.3.4. Parcourir la montagne

2.3.4.1. Chemins, sentiers : des usages multiples

Evolution sociohistorique

L’origine du réseau de cheminement au Pays du Mont blanc est séculaire, voire millénaire comme au col d’Anterne en direction de Sixt en transitant par le col de Salenton qui proviendraient d’anciennes voies romaines. Cette une situation similaire vers le col du Bonhomme depuis les Contamines. Dès 1091, des sources d’archive atteste de cheminements liés à une activité pastorale dans les Aiguilles Rouges, Carlaveyron et le Vallon de Bérard. Elle a continué à se développer au Moyen Age avec, au XIIIème siècle, une organisation sous forme de regroupements en communes rurales pour l’exploitation des alpages comme à Moëde. A cet usage est venu se superposer les activités minières (fer) et de carrière : les mines d’argentière du temps des Romains, puis du XVIIème siècle au XIXème siècle pour les mines de Montvauthier et des bornes au sein des gorges de la Diosaz où la torrentialité faisait mouvoir les machines. Concomitamment, les cheminements seront destinés à l’exploitation forestière dans la limite altitudinale de la forêt (environ 1800 m). Enfin les activités de chasse, cueillette, pêche, activités nomades, se sont aussi organisées autour des mêmes chemins et sentiers mais qui a pu toutefois se dissocier des précédents puisqu’elles relevaient plus de l’itinéraire plus que du cheminement qui ne se sont pas toujours laissé d’inscription spatiale.

C’est dans ce contexte primaire que les réseaux de sentiers destinés à l’activité touristique se sont déployés. Ce fut le cas à Chamonix d’abord, dès le XIXème siècle, où la commune a initié l’usage des sentiers pour la promenade avec des itinéraires vers des points de vue ou de balcon (1855) après avoir constaté que le domaine foncier qu’elle dispose en haute montagne constitue une ressource économique indéniable jusque-là sous exploitée. Dans cette perspective, les municipalités successives mirent en place des cahiers des charges pour l’entretien des pavillons : le Brévent en 1866 ; Bellachat en 1880) et des sentiers d’accès, voire la réalisation de sentiers entiers pour densifier le réseau existant.

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1875 à 1914 – Les plus importants chemins et sentiers muletiers

Les plus importants chemins muletiers et sentiers vont être aménagés, soit par le Club Alpin Français, soit avec sa participation, comme l’important axe conduisant de Chamonix au Montenvers et rejoignant le Plan de l’Aiguille. En 1906, le Club Alpin Français pose des panneaux indicateurs destinés à renseigner les touristes non accompagnés de guides.

En 1908, Henri Vallot publie une étude traitant la question de la pente la plus favorable à adopter pour le tracé des chemins de montagne.

En 1909, le sentier de la montagne de la Côte depuis Chamonix, pour l’ascension du mont Blanc, est financé. Il reprend l’approche adoptée par Saussure, abandonnée depuis 1819.

Le Club Alpin Français sera - jusqu’au milieu du XXème siècle - le principal aménageur et créateur des sentiers et chemins muletiers dans les montagnes de France pour l’accès aux refuges, aux principaux cols, et pour atteindre certains belvédères remarquables.

1920 - La signalisation des sentiers

En 1920 une commission des travaux en montagne du Club Alpin Français recommande la signalisation des sentiers par des marques de peinture car les poteaux directionnels sont trop souvent vandalisés ou récupérés. Est reprise la technique de balisage initiée en France par Claude François DENECOURT en forêt de Fontainebleau dès le début du XIXème siècle et déjà utilisée dans les pays voisins pour permettre à tous de se diriger sur les chemins et les sentiers en pleine nature. La signalisation des sentiers a été un élément essentiel au développement d’un excursionnisme plus populaire sans l’obligation d’avoir recours à un guide local. Les interventions seront lors limitées pour faciliter la circulation jusqu’au milieu des années 1960 où la notion de tourisme sera clairement établie pour qualifier les aménagements comme à Chamonix. Ils deviennent dès lors une ressource touristique à part entière.

Une mutation progressive des usages vers une activité touristique prépondérante durant le XXème siècle

A partir des années 1980, les mises en valeur des réseaux de cheminement pour les activités agropastorales et forestières vont décliner au profit essentiellement d’une mise en valeur touristique. D’ailleurs, à partir de cette période, des projets d’aménagement se dessineront clairement pour la valorisation des sentiers tel des produits touristiques. Ils passent du statut de support pour accéder au sublime à un potentiel touristique en tant que tel à partir des années 1990. C’est à partir de là que le Pays du Mont Blanc va voir se démultiplier les projets de valorisation de sentier en tant que produit touristique d’été à diverses échelles tel le sentier dénommé « Sur les traces du grand-père nature » à Passy dans le cadre d’un projet plus large du développement de sentiers à thème autour du mont Blanc en lien avec le plan départemental des itinéraires de randonnée pédestre porté par le Département de la Haute-Savoie et des divers acteurs qui gravitent autour de cette pratique. A partir des années 2000, les sentiers continueront à aller vers un processus de patrimonialisation qui conduiront à le considérer tel un support non plus seulement pour cheminer vers des paysages mais en tant que produit culturel en tant que tel comme le sentier du baroque à l’échelle du Pays du Mont Blanc.

2.3.4.2. Cols et voies

De manières ancestrales, les cols ont toujours été parcourus par les hommes par les sentiers et chemins

d’accès aux estives afin de faire paître les troupeaux, pour accéder aux zones de chasse et de cueillette. C’est

avec l’arrivée du phénomène touristique que l’usage de ces cheminements vont évoluer parallèlement aux

révolutions ferroviaire et automobile.

Les services automobiles

En 1835, il fallait encore sept heures de voyage pour parvenir à Chamonix depuis Sallanches, à dos de mulet ou en char à bancs, par un mauvais chemin. Le premier acte fondateur d’une volonté de désenclaver le Pays du Mont Blanc est lié à la première visite de sa nouvelle province par l'empereur Napoléon III à la suite de

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l’Annexion de la Savoie à la France en 1860. Il fit réaliser la route dans la falaise des Egratz entre le Fayet et Les Houches. En 1867, la route nationale fut accessible aux diligences. Dans les premières années du XXème siècle fut achevée la substitution progressive des services automobiles à la traction à chevaux sur les routes de montagne. Des liaisons automobiles par autocars et voitures desservent peu à peu les vallées alpines depuis les gares des chemins de fer. Depuis la gare du Fayet, on va par un service d’été à Évian, Albertville, aux Contamines, à Thônes par le col des Aravis, correspondance pour Annecy. En 1913, un service automobile permet d’atteindre le Grand-Bornand et la Clusaz depuis Thônes toute l’année. Le Pays du Mont-Blanc via la gare du Fayet devient la porte d’entrée des Alpes du Nord qui va irriguer le territoire haut-savoyard.

L’approche des montagnes par le chemin de fer

C’est le développement du chemin de fer qui va conduire les touristes et les alpinistes de la plaine vers les montagnes. Les Compagnies de chemins de fer développent leurs réseaux. En 1858, Genève est reliée à Paris par la voie ferrée. Ceci va rendre accessible les Alpes du nord :

- Le 15 juin 1890, le chemin de fer PLM arrive à Cluses. - En 1898, le tronçon Cluses-le Fayet est ouvert. - Le 12 juillet 1901, la ligne à voie métrique et électrifiée de la Compagnie PLM mènent à Chamonix

depuis le Fayet est inaugurée. - Le train desservira Chamonix en hiver dès 1907. - Le 1er juillet 1908, la communication avec la vallée du Rhône, Martigny et le Simplon (Suisse) par le

Fayet via le Chatelard devint possible. Ceci offrit un développement exceptionnel pour la vallée de l'Arve.

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2.4. Créer

2.4.1. Architecture vernaculaire

2.4.1.1. Des spécificités architecturales endogènes

Une histoire plurielle

Selon les historiens de la Savoie, depuis le Vème siècle, il y a divers peuplements qui ont habité le Pays du Mont Blanc : Ligures, Celtes, Romains, Burgondes, Walser (colons alémaniques originaires du Haut-Valais qui se sont sans doute établis à Vallorcine à partir du XIème siècle à Vallorcine). Il est donc difficile d’établir une endogénéité de l’architecture puisque les plus anciennes datent du XVIIIème siècle. D’autant plus que le bâti qui est arrivé jusqu’à nous aujourd’hui est celui qui a pu résister aux divers aléas : avalanches, inondations, incendies. Cette architecture rurale traditionnelle a donc subi de nombreuses évolutions en fonction des époques, des échanges et des influences des pays frontaliers et de l’émigration locale dans des contrés plus lointaine, en Allemagne, en Autriche. Ce qui est donc à retenir, c’est qu’il est difficile de donner une signification singulière mais il faut plutôt parler de formes architecturales qui se sont adaptées à des besoins précis et pour répondre à des conditions climatiques difficiles plus qu’à une recherche esthétique à priori ; ce qui sera l’apanage du développement touristique.

L’installation des villages

Les villages sont installés afin d’optimiser les terres cultivables et les alpages mais surtout à l’abris des aléas naturels issus de siècles d’expérimentations. Les communautés montagnardes s’organisaient afin de subvenir à la vie en autarcie. Dans les villages, les maisons sont proches pour limiter les circulations et le déneigement l’hiver et de façon à couper les effets du vent (contiguïté, regroupement). Ils sont souvent relayés par des hameaux où se situaient abreuvoirs (bachal, bassin), four à pain, moulin, chapelle et autres dépendances type grenier. Ces villages, hameaux étaient eux-mêmes connectés aux granges liées aux zones de pâturage. La végétation constitutive du paysage qui les environnait avait une fonctionnalité bien précise : les arbres à proximité des maisons pour protéger les toitures du vent et procurer de l’ombre en été ; des arbres étaient plantés pour signifier les limites de propriété. Les aulnes, érables ou saules bordaient les cours d’eau afin de les canaliser.

Source : Ferme vernaculaire avant rénovation récente, Inconnu.

Habiter

De façon identique, le rez-de-chaussée des maisons, fermes regroupaient l’habitation et l’étable séparé par une paroi ; la chaleur des bêtes permettant de chauffer la pièce de vie au plafond bas avec une chambre enterrée pour bénéficier de l’inertie thermique du sol. Cette assise était souvent réalisée en pierre sèche pour mieux résister à la neige et à l’humidité avec peu d’ouvertures qui étaient positionnées, elles sur les façades ensoleillées. C’est le cas de la c(k)ortna (de courtine) qui est un espace clos à l’entrée de la maison où débouchent les autres pièces de l’habitation, transition entre le dedans et le dehors, elle est fort apprécié l’hiver pour profiter du soleil tout en étant à l’abris du vent.

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L’étage souvent construit en bois accueillait le fenil. Il était ajouré afin de ventiler au maximum cet espace et ainsi éviter les incendies. Le foin jouait également un rôle isolant tout en était à proximité de l’étable (écurie) positionnée en-dessous afin d’éviter de sortir en hiver. Les toits débordaient sur chaque façade afin de protéger les parois des intempéries et procurer de l’ombre avec un faîtage dans le sens de la pente pour faciliter les écoulements ; toit sur lesquels étaient souvent positionnés des perches transversales ou des pierres qui permettaient de fixer la neige pour éviter un glissement intempestif et tout en procurant une couche d’isolation supplémentaire.

Les matériaux de construction

Les matériaux de construction sont souvent ceux prélevés dans les bois et les torrents à proximité. Les ancelles (petites planchettes de bois) qui recouvrent les toitures sont taillées par chacun leur de temps perdu en hiver. A partir de la fin du XVIIIème, la chaux vient lier les pierres. Elle est produite sur place dans des « raffours » (fours à chaux extraite du calcaire local) et utilisée selon les moyens (financiers) des montagnards. La maçonnerie de pierre remplaça peu à peu le bois concomitamment à la raréfaction ce celui-ci utilisé pour la construction et la chauffe et parce que cela pouvait également limiter le risque d’incendie. A partir du XXème

siècle, en lien avec l’arrivée du chemin de fer, les toitures en tôles ondulées se généraliseront.

Les greniers et raccards

Si le bâti rural est plutôt homogène dans son organisation (pièce chauffée, étable, grange, grenier), certains villages, voire certains hameaux, possèdent quelques particularités remarquables. La fonction des greniers, indépendants de l’habitation principale, servent à mettre à l’écart des flammes les biens précieux de la famille (argent, vêtement, papiers, semences, récoltes et autres). Ces coffres-forts ont pris une dénomination toute spécifique à Vallorcine : les raccards (regat) dit grange à blé. Il est lui aussi construit à l’écart de la maison. Le regat est d’origine valaisanne en lien avec la présence Walser à partir du Moyen Age.

2.4.1.2. L’exploitation du granit à Combloux

Un savoir-faire importé

Jusqu’au milieu du XIXème siècle, le granite fut utilisé uniquement dans les murs de fondation des maisons, au

même titre que les autres pierres. Les paysans n’avaient ni l’outillage, ni la technique pour transformer ces

blocs de plusieurs tonnes en bassins ou meules. Cependant ils maîtrisaient le travail du bois. Après l’incendie

de Sallanches en 1840, et celui de Cluses vers 1844, Charles ALBERT roi de Sardaigne, Prince de Piémont, Duc

de Savoie, favorisa la venue des piémontais. Après la reconstruction de ces deux villes, certains piémontais

achetèrent dans un premier temps des blocs de granite aux paysans. Ces maîtres carriers firent venir à leur

tour d’autres ouvriers italiens. Les conditions de travail étaient très difficiles. Le matériel utilisé était archaïque.

Les tailleurs de pierre travaillaient 6 à 6,5 jours par semaine avec une moyenne de 10 heures par jour selon la

météo. Avant la première guerre leur hébergement était précaire, l’hiver les graniteurs qui ne retournaient

pas chez eux, logeaient chez les paysans où ils bénéficiaient des repas quotidiens et recevaient le tabac. En

contrepartie le Combloran (l’hébergeur) lui faisait travailler une grosse pierre située à proximité de sa maison.

Et c’est à partir de cette période que le bassin en granite a remplacé le « bachal » (bassin en bois), l’auge à

cochon, le linteau de porte ou de fenêtre en bois.

Entre les deux guerres, il était très difficile de faire venir de la main d’œuvre étrangère. Les exploitants de

granite avaient l’obligation de demander l’autorisation au ministère du travail, au Service de la main d’œuvre

étrangère, voire même au sénateur à Paris. Après la Seconde Guerre Mondiale, les nouveaux matériaux

arrivaient, facilitant la construction. Petit à petit, les graniteurs se sont reconvertis vers des métiers moins

pénibles. Aujourd’hui, une fois extraits de carrière, la taille ne se déroule plus autant à la main comme cela

pouvait être le cas autrefois mais de plus en plus sur des machines à commandes numériques. Cette matière,

incroyablement résistante aux intempéries, était principalement utilisée pour la structure des maisons.

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Maintenant, elle est de plus en plus appréciée à l'intérieur pour apporter un fragment de l'emblématique

granit du mont Blanc pour devenir une pièce unique ou le regard se porte en premier.

L’utilisation locale

Quelques exemples d’utilisation du granit :

• Combloux : bassin, encadrement de fenêtre dans les fermes (Ferme à Isidore par exemple), linteaux de porte ; la mairie en 1905, le portail de l’église en 1925, le monument aux morts, la croix du cimetière, différentes croix de hameaux, le palace du début du siècle en 1912.

• Saint-Gervais : les thermes

• Passy : les colonnes de l’église Notre Dame de Toute Grâce au Plateau d’Assy.

• Sallanches : la Grenette et les trottoirs.

• En France : une meule pour la Banque de France à Paris, les trottoirs de Lyon, différentes pierres de réception dans les barrages de Genissiat et Pizancon.

• A l’étranger : Le Pont du Mont-Blanc à Genève ; des meules exportées en Tunisie et en Algérie pour broyer les olives ; des meules à papier pour la Belgique.

• Chamonix et Cordon : présence de blocs erratiques avec des sentiers thématiques pour les découvrir ; Présence du granit dans la construction d’hôtels dans toute la vallée de Chamonix.

• Château de Domancy : château réalisé complètement en granit, de style néo-médiéval, avec un parc très important. A ce jour, l’extérieur est en bon état, mais l’intérieur nécessite des rénovations.

Faire perdurer le savoir-faire

Depuis quatre générations la famille LAURENZIO taille la pierre à Combloux mais c'est seulement en 1967 que Pierre LAURENZIO décide de se mettre à son compte pour créer l'entreprise Laurenzio. De nombreux ouvrages sont réalisés et font partie du décor du village (bassin, trottoir, encadrement de portes et fenêtres…).

Source : La taille du granit qui se perpétue aujourd’hui, commune de Combloux.

Afin de promouvoir l’histoire des graniteurs, un sentier a été balisé. Il réutilise les chemins et rampes d’accès créés au début du XIXème siècle. Des visites guidées sont également organisées pour découvrir la vie et le travail des graniteurs au XIXème – XXème siècle mais aussi pour découvrir l’exploitation actuelle grâce à l’entreprise Laurenzio qui perpétue ce savoir-faire.

Source : Le sentier des graniteurs, commune de Combloux.

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2.4.2. Architecture régionaliste

2.4.2.1. Régionalisme initial versus néo-régionalisme

Henry-Jacques LE MEME ou la systématisation du « chalet de skieur »

Comme cela a été précédemment abordé (cf. 2.1.5.1) Henry-Jacques LE MEME a construit son premier

« chalet » pour Noémie de ROTHSCHILD sur les pentes du Mont d’Arbois. Cette « ferme savoyarde »

correspond bien aux formes générales dont il peut voir des exemples à proximité. Il l’a d’ailleurs étudiée mais

l’organisation intérieure correspond à un tout autre programme : répondre aux besoins d’une famille très

fortunée avec des activités sportives et une nombreuse domesticité à laquelle LE MEME réserve le rez-de-

chaussée qui était occupé par les caves des demeures traditionnelles. Au second niveau se trouve un vaste

espace de réception qui donne sur un balcon-loggia encadré par des chambres en avant-corps. D’autres

chambres se trouvent sous le toit qui respecte la pente des fermes traditionnelles, avec son pignon bardé de

bois au soleil. Bien sûr, tout le confort moderne et les commodités sont de rigueur, et l’architecte dessine

également les meubles. L’ensemble constitue un véritable hôtel particulier, avec une surface au sol de 220m2,

très marqué par le modern style en vogue à l’époque.

Source : chalet Noémie de ROTHSCHILD à Megève, Inconnu.

A partir de ce premier bâtiment, LE MEME va construire plus d’une centaine de chalets résidentiels dans la

zone de Megève. Si LE MEME, au moins dans ses premières œuvres, respecte l’architecture locale dans sa

volumétrie, il s’en éloigne par les matériaux utilisés. Il n’hésite pas à utiliser, outre le bois, le béton, dont il a

appris les utilisations à l’école d’architecture de Paris où il côtoie Perret, mais aussi les matériaux de décoration

modernes comme le linoléum. De plus contrairement à l’habitat traditionnel, il va insister sur les ouvertures,

souvent en bandeau, rappelant là les conceptions de Le Corbusier. On voit ainsi une autre perception de

l’espace, avec une appropriation du paysage en tant qu’élément esthétique, très éloignée de la conception

utilitariste du monde paysan. Ainsi, peu à peu, le visage de la montagne se modifie pour se conformer aux

besoins de la nouvelle clientèle de Paris, Lyon ou Genève qui y implantent leur art de vivre. A l’habitat dispersé

lié à l’inalpage, succède un habitat groupé situé sur les axes de communication et dans le centre et les pentes

de l’adret.

Une autre influence majeure pour LE MEME est celle du mouvement du mouvement « de Stijl » crée en 1917

à Amsterdam avec des artistes comme MONDRIAN et VAN DOESBURG. Ces influences vont le marquer

profondément et en faire un protagoniste de l’Art Nouveau qu’il utilise aussi bien pour le décor extérieur que

des aménagements intérieurs. On aura ainsi souvent une opposition entre le style régionaliste des volumes

extérieurs et les intérieurs résolument modernes avec des pièces traversantes et de hauts plafonds bien que

cela évoque plus un hôtel particulier parisien qu’un logis de montagne. C’est ce que l’on peut observer à la

« ferme de la Louve » construite en 1941 pour Mme Labourdette, une parisienne. LE MEME va donc utiliser la

ferme préexistante en surélevant la toiture et en créant des espaces nouveaux dans les combles.

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Le chalet de la baronne de ROTHSCHILD a été construit en 1926. Il illustre bien l’écart entre une façade

empreinte de régionalisme et un intérieur très parisien : il comporte une grande salle à manger-salon

traversante, sept chambres principales et quatre chambres de service, sur 227 m2 au sol.

Source : Coin cheminée du living, chalet Noémie de ROTHSCHILD à Megève, inconnu.

Le chalet de la princesse de Bourbon est de la même veine, mais il est plus radical dans son modernisme, tant

à l’extérieur avec ses vastes baies que surtout à l’intérieur, avec ses vastes volumes et son décor Art Nouveau

Source : chalet Bourbon et son intérieur, le grand hall, inconnu.

Par la suite, le style de LE MEME va évoluer et s’éloigner de l’archétype de la ferme locale, pour s’adapter à

l’évolution de la demande. Ainsi la pente des toits va former un angle aigu, qui évoque plus le bassin rhénan

que le Faucigny, comme on le voit par exemple au chalet « l’igloo » construit vers 1932 et acheté par le

lyonnais Jacques VISSEAUX, fabricant d’ampoules qui y fait adjoindre un nouvel élément de confort, le garage.

Ainsi, les combles peuvent être utilisés comme dortoir, l’espace étant suffisamment haut. Le vestibule est

adapté à la pratique sportive avec des emplacements pour le matériel de ski au premier niveau, qui renferme

les locaux techniques. Au second niveau, comme toujours on trouve un vaste living, mais lié à la cuisine et

l’office. Les trois chambres avec bains ou salle de toilette sont au second niveau et donnent sur un balcon en

loggia. Ici les deux premiers niveaux sont en maçonnerie, avec le soubassement en grès et le bel étage crépi

de blanc. Les niveaux supérieurs bénéficient d’un bardage de bois. Le toit débordant est scandé par de grosses

poutres peintes en rouge. Ce modèle sera décliné dans de nombreux édifices de Megève.

A partir des années 1940, LE MEME va construire des bâtiments dont le premier niveau est en pierre de taille

ou même en galets, comme au chalet de l’inconnu, construit pour le docteur WALTER de Paris. L’originalité de

cette résidence tient à la galerie voûtée du premier niveau, décoré parle peintre Albert DECARIS dans un style

néo baroque. Ce chalet se caractérise aussi par le bardage horizontal du niveau supérieur qui évoque les

fermes de Cordon toutes proches, avec leur assemblage à clins.

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LE MEME va donc, non pas inventer, mais systématiser le « chalet de skieur » à Megève et dans toute la région.

Ce chalet, maintes fois imité, présente des caractères bien marqué :

-une élévation sur trois niveaux utilisant la pierre taillée pour le soubassement, le béton armé, permettant de larges ouvertures pour le second niveau qui regroupe les pièces à vivre, le bois, au moins en décor, pour le niveau supérieur. - Les chambres sont souvent petites, ce qui permet de densifier l’occupation. Ainsi le chalet Rothschild permet d’héberger 17 personnes. - Le toit à deux pans, plus ou moins pentu. Ce chalet, dont on va retrouver des exemples construits des années 1920 à la fin du siècle, va figurer à

l’exposition de 1937 à Paris, montrant qu’il s’agit d’une vision urbaine et idéale de la montagne envisagée

comme un espace de loisirs.

Source : Le modèle du chalet sur l’affiche de l’exposition universelle de 1937 à Paris, inconnu.

Source : Chalets du skieur à Megève (1938-1943), ©Droits réservés

Ce type de chalet va se retrouver dans des cités ouvrières, comme à la cité-jardin de Cheddes à Passy. Ces

maisons doubles adoptent elles aussi ce style régionaliste. Cette architecture Régionaliste va se retrouver dans

toute la Savoie et être imitée par de nombreux architectes.

Source : Chalet mitoyen de la cité-jardin de Cheddes à Passy, inconnu.

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Ce régionalisme va se perpétuer dans les années 1950, avec l’arrivée d’une nouvelle clientèle issue des « 30 Glorieuses », qui vont construire des chalets de dimensions plus modestes, adaptés aux cares qui découvrent les sports d’hiver, et reprennent le style régionaliste revu par l’imaginaire urbain.

La mise en scène de la villégiature de montagne ou le chalet pastiche ?

Depuis les années 1980, la construction de chalets suit deux tendances : 1. La reconstruction de chalets à partir d’éléments anciens, 2. Les chalets de promoteurs standardisés.

Le concept de reconstruction de chalets à partir d’éléments anciens pris ton son sens à l’initiative de la famille SIBUET. Jean-Louis SIBUET, fils de petits hôteliers de Megève et Jocelyne SIBUET, dont les parents tiennent une pension d’enfants à Praz-sur-Arly reprennent en 1981 l’hôtel « Au Coin du Feu », situé route de Rochebrune à Megève. Ils le transforment en adresse de charme en y cultivant l’art de vivre à la montagne. En 1987, le jeune couple acquiert un terrain vierge de deux hectares à la sortie du village de Megève, à côté du cimetière. Leur idée est de racheter de vieilles fermes d’alpage et de les remonter sous la forme d’un hameau : ils parcourent les alpages de Savoie, de Haute-Savoie et de Suisse et remontent pièce par pièce les chalets sur le terrain que Jocelyne SIBUET décorera en chinant dans les brocantes du pays. Loin des standards de l’époque, elle y ajoute un spa et le premier espace de bien-être en montagne, avec sa propre marque de cosmétiques. Ainsi, les « Fermes de Marie » ouvrent en 1989 avec 72 chambres réparties dans 9 chalets. Ce domaine relance Megève. Les SIBUET l’agrandiront avec le Chalet des Fermes en 2008, un chalet supplémentaire et rénovent une ferme en alpage transformée en table d’hôte.

Source : Le hameau des « Fermes de Marie » construit par les Sibuet à Megève, commune de Megève.

©Droits réservés

Fleury RAILLON est également un architecte qui a œuvré à la construction au Pays du Mont Blanc plus

particulièrement à Combloux où on retrouve l’inspiration du chalet telle à la mairie de Combloux. Mais

l’exemple le plus caractéristique a été la création de l’ensemble de commerces nés de l'exploitation du grand

hôtel (coiffeurs, salon de thé, fourreur) construit à la fin des années 1920. Il répondait à une commande de

John LACHENAL qui a aussi été à l’initiative du Clos Lachenal « Edelweiss » : construction de cinq chalets

jouxtant l’hôtel et la galerie commerciale composées de toits pentus, de mansardes, de croupes et auvents,

de saillies arrondies abondamment vitrées.

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Source : Grand hôtel à Combloux (aujourd’hui), commune de Combloux.

Note :

Le PAH pourrait aborder la question de la déconstruction du local pour se conformer à une représentation touristique idéalisée et qui pourrait amener à « déraciner » un bâtiment de son territoire pour le transplanter en un autre lieu parfois éloigné et dont les traditions architecturales ne font pas toujours sens.

2.4.3. Modernité

Eloigné des exigences de sa clientèle, l’architecte montra une autre face de son talent en venant interroger la

modernité dans son architecture avec la construction des immeubles comme les sanatoriums de Passy sur le

plateau d’Assy ou le collège « Le Hameau » et son domicile à Megève. Ce dernier destiné pour son propre

usage est une maison qui tranche avec le style régionaliste. Ici c’est l’influence corbuséenne qui prédomine,

dans un style qui évoque à la fois les maisons Citro-Han et le style paquebot. L’architecte, dans cette maison

au toit plat, formant terrasse, aux fenêtres en bandeau, ne renonce pas à ses conceptions de l’espace intérieur

avec les vastes séjours traversants, les sols en carrelage de grès formant une mosaïque en opus sectile.

Source : Maison-atelier de LE MEME, rue du Calvaire, Megève, 1929 (aujourd’hui), ©Mairie de Megève.

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Source : Collège « Le Hameau », Megève 1934 (CCAS aujourd’hui), inconnu.

2.4.4. Hygiénisme

En 1912, Chamonix est désignée comme station climatique. Ce terme regroupe les stations situées en altitude ou en bord de mer dotées d’établissements favorisant le traitement de plusieurs infections comme la tuberculose, l’asthme, etc. Déjà au XIXème siècle, certains touristes venaient à Chamonix pour raison de santé. En effet, outre l’air spécifique à la montagne, Chamonix avait des bains situés à proximité de l’Arve et de l’hôtel de l’Union (cf. 2.1.1.). Ces bains étaient alimentés par une source sulfureuse qui prenait naissance au village des bois. Pendant les deux guerres, Chamonix a accueilli les blessés de guerre pour leur rémission. Après la Première Guerre, ce sont des soldats américains qui venaient reprendre des forces dans les hôtels chamoniards. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’hôtel du Majestic accueillait les allemands blessés sur le front de l’ouest et après le conflit, de nombreux préventoriums accueillirent les enfants souffrant notamment d’affections respiratoires. Parmi eux les hôtels ou établissements Couttet, Miremont où ils étaient soignés notamment par le docteur OLLANIER. En 1921, le plateau d’Assy est choisi pour fonder une station sanatoriale. En effet le site regroupe toutes les conditions requises pour ce projet : elle est éloignée des agglomérations et voies de communication donc cela limitait les risques de contamination tout en bénéficiant quand même d’une proximité avec les infrastructures ferroviaires permettant l’acheminement des malades. Située entre 1000m et 1300m d’altitude, le plateau est exposé plein sud et donc idéal pour l’héliothérapie : traitement utilisé contre la tuberculose. La beauté du paysage (face au massif du mont Blanc) qui s’offrait au regard du patient pouvait également participer à sa guérison. Les docteurs DAVY et BRUNO participèrent à la fondation de l’Association philanthropique des Villages Sanatoriums de Haute Altitude (AVSHA). Composée de médecins et de personnalités philanthropes, l’AVSHA fut officiellement constituée le 22 juin 1922 et reconnue d’utilité publique en 1923. Cette œuvre privée fut à l’origine du développement du plateau d’Assy. Elle fit notamment ériger les quatre grands sanatoriums : Praz-Coutant, Le Roc des Fiz, Guébriant et Martel de Janville (cf. 2.1.3.).

2.4.6. Imagerie et cinéma

Le Pays du Mont Blanc a très tôt été représenté dans l’imagerie, notamment la peinture, les estampes, la photographie et le cinéma. « La pêche miraculeuse » de Konrad WITZ (1400-1444), huile sur bois, conservée au musée d’art et d’histoire de Genève est l’une des premières représentations connues du mont Blanc. Après la parution de la Nouvelle Héloïse de Jean Jacques ROUSSEAU de nombreux artistes vont venir au Pays du Mont Blanc et en faire des représentations. Après les estampes, c’est la photographie qui immortalisa ces lieux.

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La photographie

A Chamonix, dès 1860, trois photographes officiaient, immortalisant les paysages et les sommets, Joseph TAIRRAZ (premier d’une dynastie de quatre photographes), Joseph-Eugène SAVIOZ et les frères BISSON. Les frères BISSON étaient les photographes officiels mandatés par l’Empereur Napoléon III pour restituer le voyage impérial lors du rattachement de la Savoie à la France. Ils ont ensuite tenté de faire des photographies au sommet du mont Blanc ce qu’ils réussirent en 1861 avec une caravane comprenant pas moins de vingt guides et porteurs muni d’un matériel photographique pesant plus de 250 kg. Joseph TAIRRAZ, guide et photographe, pris lui aussi une photographie du sommet du mont Blanc. Les archives ne nous disent pas qui était le premier. Eugène SAVIOZ, lui, n’eut pas de descendance mais il travaillât ensuite avec son beau-frère Auguste COUTTET (première d’une dynastie de quatre) et ensemble ils ouvrirent un magasin à Chamonix. L’histoire de la photographie à Chamonix fût donc marquée par les deux grandes familles que sont les TAIRRAZ et les COUTTET (qui devint après 1920 les GAY-COUTTET). Les photographies prises par ces grands noms furent commercialisées dans le monde entier et servirent de support pour de nombreuses affiches de communication. Le fonds GAY-COUTTET (environ 12 000 photos) est aujourd’hui conservé au sein de la photothèque historique des archives de Chamonix et sont un témoignage complet de l’évolution de la vallée et des paysages sur plus d’un siècle. La première photographie montrant Megève – plus précisément son Calvaire – aurait été prise le 26 avril 1857 par Joseph-Eugène SAVIOZ. Dans les années 1880, Ernest BOVIER, photographe et alpiniste, y réalisa à son tour quelques prises de vue. Après le premier conflit mondial, à partir de 1919, Édouard et Armand SOCQUET-JUGLARD, à l’origine d’une dynastie de photographes mégevans, proposèrent à leur tour des clichés de la station. Les archives municipales de Megève conservent ainsi plusieurs milliers de cartes postales et photographies couvrant la majeure partie du XXème siècle dont Louis Jean-Baptiste MORAND est très présent. Louis Jean-Baptiste MORAND est né et décédé à Megève (1885-1959). Photographe et éditeur, il témoigne des débuts des sports d’hiver à Megève au travers de ses clichés. Avant la Première Guerre Mondiale, lors du premier élan touristique à Megève, Louis MORAND est un acteur local dynamique de la mise en place des structures touristiques à Megève, comme les installations de chauffage, aidant ainsi le village à s’équiper en infrastructure pour accueillir les villégiateurs. Visionnaire et précurseur, il est le fondateur et le président du syndicat d’initiative de Megève, créé en février 1914. Devenu photographe, il installe son studio photographique sur la place de l’église, à côté de la boutique d’Armand ALLARD, en place et lieu de l’« épicerie en tout genre » que tenait sa mère la Veuve MORAND et vend des souvenirs aux touristes. Plus tard, celle-ci emménagera au départ de la route du Mont d’Arbois, lieu de passage propice au commerce. Également éditeur de cartes postales, Louis MORAND témoigne, au travers de ses nombreux clichés, de la transformation de Megève dès les prémices du tourisme mais également de toute la région du mont Blanc où il immortalise notamment les glaciers de Chamonix et réalise des panoramiques et tours d’horizons de la région. Chef de fanfare de Megève, il est une figure locale. En 1958, il fut nommé chevalier du mérite touristique par le ministre des travaux publics, des transports et du tourisme.

Chamonix comme Megève ont eu l’occasion d’accueillir un grand nom de la photographie à savoir Robert DOISNEAU. Il prit peu de photographie à Chamonix sauf quelques-unes avec son ami Maurice BAQUET acteur et violoncelliste et sportif. En revanche, Megève fût l’un de ses lieux favoris. Il y fit de nombreuses prises de vues relatives aux sports d’hiver. Willy RONIS aussi pris de nombreux clichés au Pays du Mont Blanc principalement aussi sur le thème des sports d’hiver naissant dans cette période d’entre-deux guerres et donc très à la mode. D’autres artistes photographes de renoms comme Jacques-Henri LARTIGUE, Raymond DEPARDON ont posé leur objectif à Chamonix et Megève, mais aussi d’autres moins connus comme Karl MACHATCHEK, Raoul DOUCET, etc. Concernant les photographies en couleurs, les toutes premières du Pays du Mont Blanc ont été réalisées par les frères Lumières. Il s’agit d’autochrome (premier procédé couleur sur plaque de verre) qui datent du début du XXème siècle. Ce procédé étant très couteux à produire, il ne rencontra pas de succès commercial. Aussi les vues réalisées sont rares.

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Le cinéma

Le massif du mont Blanc ne fut pas oublié des caméras. En 1909, Joseph VALLOT réalisa un film d’une de ses ascensions au mont Blanc. Les frères LUMIERES aussi immortalisèrent l’arrivée des diligences et autres scènes avec leur caméra. Chamonix ouvra son premier cinéma dès 1906. Il diffusa principalement des films réalisés localement mais pas seulement. Dès 1910 des tournages furent réalisés au pied du mont Blanc notamment avec l’acteur Monty BANKS. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Louis DAQUIN tourne Premiers de Cordée, une adaptation du roman éponyme. L’auteur du livre, Roger FRISON-ROCHE, est même conseiller technique sur le tournage. Georges TAIRRAZ (petit-fils de Joseph le photographe) réalisa de nombreux films de montagne. Marcel ICHAC fut le pionnier du genre, le cinéma de montagne à la française, avec son film A l’assaut des Aiguilles du Diable en 1942. Le film de montagne à la française contrairement au genre allemand place la montagne et les alpinistes au cœur de l’intrigue. En 1958, ICHAC réussit l’exploit de faire un film grand public avec un film dont la montagne est le sujet principal avec Les Etoiles de Midi. Le Pays du Mont Blanc est donc, depuis le début du XXème siècle, une terre de tournage et c’est encore le cas aujourd’hui avec entre autres la réalisation de Malabar Princess avec Jacques VILLERET.

2.4.7. Art

De nombreuses personnalités contribuèrent à la notoriété du Pays du Mont Blanc en particulier dans la

vallée de Chamonix comme les écrivains et poètes Ruskin, George Sand, Victor Hugo, Goethe, Théophile

Gautier, les peintres Loppé, Linck ou Bouillette.

2.4.7.1. La représentation de la montagne

Gabriel LOPPE

Gabriel LOPPE est né le 2 juillet 1825 à Montpellier et décéda à Paris le 19 mai 1913. Peintre, alpiniste et photographe, il était surtout connu pour ses peintures de montagne monumentales dont certaines font jusqu’à cinq mètres par 3 mètres. L’artiste peignait sur le motif. Il racontait dans ses mémoires que trop occupé à peindre un coucher de soleil au sommet du mont Blanc, il faillit rester coincé, son pantalon étant glacé et collé au glacier sommital. Marcheur infatigable, LOPPE effectuait à pied la route entre Chamonix et Zermatt. Il avait dans chacune de ces deux localités créé un petit musée où il exposait ses œuvres qui attirait le regard des anglais en villégiature. Ces œuvres permirent de découvrir grandeur nature les crevasses des glaciers, les sommets mythiques du massif du mont Blanc et des Alpes. Alpiniste chevronné, Il était membre de l’Alpine Club (Angleterre), du Club Alpin Suisse et du Club Alpin Français à la section de Chamonix. Il réalisa deux premières avec son ami Leslie STEPHEN : le mont Mallet le 4 septembre 1871 et la traversée du col des Hirondelles le 14 juillet 1873. Il tentera une hivernale du mont Blanc avec James ECCLES. Ils réussiront leur ascension le 3 mars 1876. Gabriel LOPPE pratiqua aussi la photographie. Il fit de nombreuses photos de famille et de montagne. Son style peut être apparenté au courant pictorialiste. Il appartenait à la London’s photography. Aujourd’hui des œuvres picturales de Gabriel LOPPE sont conservées dans des collections publiques (musée Alpin) et privées (Association des Amis du Vieux Chamonix) et ses photographies (au musée Château d’Annecy). Il laisse une œuvre dense et importante sur le plan pictural comme photographique très en vogue en Angleterre c’est un artiste qui a toujours eu une valeur commerciale importante.

Edgard BOUILETTE

Alphonse Henri Edgard BOUILLETTE est né à Paris le 15 février 1872 et mourut à Chamonix le 5 septembre

1960. Il est surtout connu pour sa peinture de montagne. Il a fait ses études de droit et passe également un

doctorat ès-sciences et un doctorat ès-lettres. Il commence une carrière juridique comme avocat stagiaire à

la Cour d'appel de Paris mais va rapidement abandonner celle-ci pour une carrière artistique qu'il va mener

parallèlement à une intense activité d'alpiniste. Il séjourne longuement à Chamonix où il se fait construire un

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chalet d'où il part souvent en courses avec le guide Joseph RAVANEL dit « le Rouge ». Il fréquente également

les massifs de l'Oisans et des Pyrénées. Edgard BOUILLETTE a consacré sa carrière artistique à la représentation

de la montagne, en particulier les sommets de la vallée de Chamonix (le mont Blanc, Les Drus, le glacier des

Bossons, etc.). Il a également peint les sports d'hiver et réalisé des portraits, dont celui de Ravanel le Rouge. Il

est très connu pour ses eaux fortes mais a aussi réalisé des peintures à l'huile et des aquarelles. Quelques-

unes de ses œuvres sont visibles au musée Alpin de Chamonix, au musée Montagnard des Houches et au

musée Château d'Annecy.

2.4.7.2. Contemporain

Un circuit de sculptures monumentales

Au début des années 1970, dans le but d’accompagner la reconversion du plateau d’Assy et de sortir des

musées l’art pour le conduire sur la place publique, vingt-cinq des meilleurs sculpteurs contemporains

conduits par le poète JP. LEMESLE et JP BOUVIER bâtirent un circuit d’une quarantaine de sculptures

monumentales sur les hauts de Passy (1973). Elles évoquent le temps qui passe, les chaos de l’histoire, la

guerre, la paix et les droits de l’homme mais aussi la matière, la technologie, l’ère industrielle et le monde

ouvrier.

L’église Notre-Dame de Toute-Grâce

L’église Notre-Dame de Toute-Grâce à Passy a été bâtie par Maurice NOVARINA à partir de 1938. Elle fut

l’œuvre du chanoine Jean DEVEMY, aumônier du sanatorium de Sancellemoz et offerte à la population

nouvellement installée sur le site. Le fondateur l’a voulu à l’image des maisons traditionnelles, solidement

ancrés au sol et l’architecte en accord parfait avec la tectonique du paysage. Le Chanoine invita, pour illustrer

les thèmes bibliques, les plus grands artistes modernes : ROUAULT et BAZAINE pour les vitraux, BONNARD,

LURÇAT, MATISSE, BRAQUE et LEGER pour les décors muraux ; RICHIER, LIPCHITZ et SIGNORI pour les œuvres

sculptées. Les jeunes malades ou leurs proches, KIJNO, MARY et STRAWINSKY participèrent également à cette

aventure de l’art sacré. Elle est en cela une référence du renouveau de l’art sacré au XXème siècle mais n’est

protégée complétement que depuis 2004.

Le mont Blanc inspirant

De nombreux artistes modernes vont s’inspirer du mont Blanc pour les œuvres. Ils séjournent à Chamonix notamment chez le couple SEMBAT. Marcel SEMBAT est un député parisien qui fut aussi ministre des transports. Il possédait un chalet à Chamonix. Il épousa Georgette AGUTTE, artiste peintre. Tous deux étaient féru d’art. Peintre de paysage et de nu, Georgette AGUTTE laissa huit œuvres au musée Alpin de Chamonix. Avec son mari, ils achetaient régulièrement des œuvres à leurs amis comme MATISSE, SIGNAC, DERAIN. Leur collection privée fut donnée à leur mort au musée de Grenoble comme le voulait leur testament. Paul SIGNAC, vint donc en séjour chez le couple SEMBAT et c’est à cette occasion qu’il peignit notamment une vue du mont Blanc conservée aujourd’hui au musée Alpin (1920). L’artiste est un représentant du mouvement néo-impressionniste.

2.4.7.3. Littérature

SAMIVEL

Paul GAYET-TANCREDE alias SAMIVEL, né le 11 juillet 1907 à Paris, mort le 18 février 1992 à Grenoble, fut un écrivain, poète, graphiste, aquarelliste, cinéaste, photographe, explorateur et conférencier. Il a emprunté son pseudonyme à une lecture de son enfance, les Aventures de Mr Pickwick de DICKENS. Parisien de naissance, il était savoyard d'adoption car sa mère fit construire un chalet l’« Armancette » aux Contamines-Montjoie où il se rendait fréquemment et où il habita un certain temps plus tard. Cette bâtisse devint un véritable camp de base pour ses aventures alpines et artistiques pendant de nombreuses années. Il s'est d'abord fait connaître par ses dessins, aquarelles et illustrations de revues, de livres et d'albums consacrés à la montagne car

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SAMIVEL a été, très jeune, un fervent des sports alpins. Auteur de plusieurs premières dans le massif du mont Blanc, en particulier aux Contamines sur les sommets bordant le glacier de Tré-la-Tête, ses ascensions se comptent par centaines.

Sa carrière d'imagier débuta en 1928 par une collaboration à des revues d'alpinisme, dont La Vie alpine. Cette même année, il adhéra à la Société des peintres de montagne. Nait ensuite les ouvrages de graphisme Sur les planches puis Sous l'œil des choucas où se retrouvent la montagne et l'humour. Plus tard, c'est L'Opéra de pics d'un ton plus philosophique que préfaça Jean GIONO, Moins dix degrés et Neiges. SAMIVEL illustra également de grands auteurs : François VILLON, RABELAIS, Jean de La FONTAINE, SWIFT, C.F. RAMUZ, etc. Il écrivit et illustra des albums pour enfants : Brun l'Ours, Les malheurs d'Ysengrin, Goupil, François de France, Trag le Chamois, etc. Vers la même époque paraît Parade des diplodocus, Canard et Les blagueurs de Bagdad. Il réalisa ensuite la série des Dumollet, une féerie théâtrale, La grande Nuit de Merlin et le Bonshomme de neige, « dessin inanimé » et petit roman humoristique.

L'écrivain commença à pointer sous les images. Son premier récit L’Amateur d'abîmes paru en 1940 et fut régulièrement réédité jusqu'à nos jours. Après la Seconde Guerre Mondiale, il collabora aux Nouvelles Littéraires. Il y écrivit des articles et des nouvelles. Il en illustra la première page avec des dessins très humoristiques sur les arts et les lettres. Il accompagna Paul-Émile VICTOR dans la première expédition française au Groënland en 1948 et réalisa trois films documentaires sur cette expédition (Les hommes du phoque, Printemps arctique et le film de l'expédition). Il réalisa également des aquarelles. Il écrira et illustrera un Conte « eskimo » Ayorpok et Ayounghila. Ensuite, ce fut sa période des voyages dont il rapporta à la fois des films et des livres. Ses sujets d'élection furent la Nature et l'Histoire. Ce fut d'abord le monde de l'Arctique. Puis il réalisa un film sur la beauté de la nature alpestre Cimes et merveilles (1er prix International du film de montagne au Festival de Trente (Italie) en 1952). Il fut également un précurseur très engagé, comme ses amis Théodore MONOD ou Gilbert ANDRE (maire de Bonneval-sur-Arc et l'un des initiateurs de la création du parc national de la Vanoise) pour la protection de la nature et de la vie sous toutes ses formes, en particulier avec l'association Mountain Wilderness. Toute son existence, il mit ses multiples talents au service des espaces naturels menacés et des espèces en péril.

Plus tard, SAMIVEL créa un nouveau style d'évocation du passé où l'Aventure d'une civilisation est suggérée à travers les hommes, les grands décors naturels et les œuvres d'art. Ainsi en 1954, il voyaga en Égypte et en rapportera son fameux film Trésors de l'Égypte (1er prix International du film d'exploration dans le Temps). Puis il réalisa Le Soleil se lève en Grèce, Univers géant ou les nouveaux voyages de Gulliver (conte philosophique dans lequel le héros de SWIFT se trouva projeté dans la jungle de l'herbe et le monde des insectes), L'Or de l'Islande, Cimes et merveilles II. Cependant, SAMIVEL graphiste n'a jamais cessé d'être fasciné par le monde de l'altitude. Ses aquarelles de neige et de haute montagne, proches de la vision des peintres extrême-orientaux, sont exposées dans différents musées et galeries. Son œuvre est célèbre et fort recherchée. L'écrivain marquera une prédilection particulière pour les nouvelles : Contes à pic, Contes des brillantes montagnes avant la nuit et Il y aura de l'eau pour les cygnes. Un roman, toujours d'actualité en 2013, Le Fou d'Edenberg lui vaut d'être nommé pour le prix Goncourt.

D'autres ouvrages de SAMIVEL furent également consacrés à la montagne, tels que Les grands cols des Alpes, La grande ronde autour du Mont-Blanc, Monastères de montagnes et Montagne paradis ou le rêve romantique. Hommes, cimes et dieux est, quant à lui, consacré aux grandes mythologies de l'altitude et à la légende dorée des montagnes à travers le monde et fut récompensé par le prix Louis-Barthou de l'Académie française, tout comme Le grand Oisans sauvage. Il fut élu à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie en 1983. Il fut également l'auteur de pièces de théâtre et d'un minuscule fascicule de chansons : Chansons de montagne.

Alpiniste et artiste éclectique, il marqua profondément le monde de la montagne. Dans ses œuvres littéraire ou dessinée, SAMIVEL dénonça la « disneylandisation » de la montagne et l’affluence touristique. Très attaché aux Contamines-Montjoie, il a demandé, qu'après sa mort, ses cendres soient dispersées sur les dômes de Miage. Un jardin public porte son nom aux Contamines où des affiches originales de SAMIVEL permettant de découvrir l’homme et son œuvre y sont exposées. L’association des Amis du Vieux Chamonix et le Musée Montagnard des Houches conservent aussi quelques-unes de ses créations. Un fonds spécifique de son œuvre est également conservé au musée d’ethnographie de Genève.

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Roger FRISON-ROCHE

Roger FRISON-ROCHE est né à paris en 1906. Issu d'une famille savoyarde originaire de Beaufort-sur-Doron, elle s'est installée à Paris pour tenir une brasserie. A la fin du XIXème siècle, elle possédait plusieurs bistrots et brasseries dans la capitale. Entre 1916 et 1920, il étudia au lycée Chaptal à Paris, puis quitta l'école en troisième et travailla comme coursier dans l'agence de voyage Thomas Cook dès l'âge de quatorze ans. Durant la première guerre, il effectua plusieurs séjours à Beaufort qui éveillèrent en lui l'amour de la montagne. À 15 ans, il entreprit sa première ascension du mont Blanc avec son père. En 1923, âgé de 17 ans, il s'installa à Chamonix et fut, dès 1924, le secrétaire des premiers Jeux olympiques d'hiver. Dès son arrivée, il fut très vite connu des Chamoniards qui le surnommaient « Grand Sifflet » ou « Frison ». Il commença également à écrire dans le journal Le Savoyard de Paris.

Dès son arrivée, il effectua ses premières courses avec Daniel SOUVERAIN, connaissance parisienne de son quartier, qui tenait un des premiers magasins de sport de montagne dès 1920 à Paris. C'est pendant cette période qu'il effectua plusieurs ascensions comme l'aiguille du Grépon ou l'aiguille du Moine et pratiqua intensément tous les sports d'hiver : ski, saut, bobsleigh, luge, Ski joëring. Le 1er septembre 1925 Joseph RAVANEL, dit « le Rouge » le choisit comme porteur pour l'ascension du mont Blanc. Entre 1927 et 1930, il dirigea le Syndicat d'initiatives et du Comité des Sports d'hiver de Chamonix. Très vite il se fit adopter par les chamoniards et les guides. En 1928, il effectua la première hivernale de l'aiguille de Bionnassay avec Armand CHARLET et créa l'école d'escalade des Gaillands avec Alfred COUTTET. En 1930, il réalisa enfin son rêve en étant admis à la Compagnie des guides de Chamonix. Il fut notamment le premier non Chamoniard à y être admis malgré quelques difficultés à être intronisé dans ce milieu très fermé des guides chamoniards. En 1932, il acheta à Chamonix la brasserie de la Poste mais, étant pris par ses explorations en tant que reporter, elle fut tenue par sa femme qu’il rencontra en 1928 : la skieuse Marguerite LANDOT (1908-1994) avec qui il eut trois enfants. Il fut reporter pour la première émission radiophonique depuis le sommet du mont Blanc. En 1933 il devint moniteur de ski (no 1 de la première promotion de moniteurs diplômés de la Fédération Française de Ski). Un an plus tard, il fut correspondant local pour Le Petit Dauphinois. Dans la cadre de cette fonction, il couvrit l’ensemble des événements sportifs de la vallée. En 1935, il réalisa sa première expédition dans le Sahara avec le capitaine Raymond COCHE dont il était le guide de l'expédition alpine française au Hoggar. Cette dernière lui inspira son premier livre paru en 1936 L'Appel du Hoggar. Il fit d'autres expéditions dans la Sahara en 1937, 1950 et 1955. En 1938, il s'installa à Alger, et entra au journal La Dépêche. Entre janvier et février 1941 paru Premier de cordée sous forme de feuilleton dans La Dépêche algérienne. Son amitié très profonde avec certains guides chamoniards comme Armand Charlet ou Alfred Couttet et son amour pour la vallée de Chamonix lui inspirèrent ce récit. Il envoya le manuscrit à l'éditeur grenoblois Arthaud en septembre 1941. C’est avec Roger FRISON-ROCHE qu’un nouveau genre dans la littérature alpine vit donc le jour : le roman de montagne dont fut tiré le film Premier de cordée réalisé en 1943. En 1942, il fut correspondant de guerre aux côtés des Alliés sur le front de Tunisie. Fait prisonnier, il s'enfuît et de rejoignit Chamonix en 1943, année où les troupes allemandes arrivèrent dans la vallée. FRISON-ROCHE entra alors dans la clandestinité dans le Beaufortain puis dans la résistance. En 1944, il fut officier de liaison auprès des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) puis à l'Etat-major de la 5ème demi-brigade de Chasseurs alpins. Ce passage de sa vie lui inspira notamment Les Montagnards de la nuit (1968). A la fin de la guerre, il retourna en Algérie et commença une carrière de conférencier. En 1948, il publia le second de ses deux romans les plus populaires : La Grande Crevasse puis Retour à la montagne (1957) qui vint compléter la trilogie avec Premier de cordée. En 1955, il rentra en France, à Nice, où il travailla pour Nice-Matin. En 1956, il fit son premier voyage vers le Grand Nord, en Laponie, avec Jacques ARTHAUD pour le tournage du film Ces hommes de 30 000 ans. Il fit ensuite plusieurs autres expéditions dans le Grand Nord canadien ainsi qu'en Amérique du Nord entre 1966 et 1969. Il fut élu en 1974 à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, avec pour titre académique « Titulaire ». En 1992, il fut nommé commandeur de la légion d'honneur. Roger FRISON-ROCHE décéda le 17 décembre 1999 à Chamonix où il est enterré. De cette vie riche, ce ne sont pas moins de 40 récits d’expéditions et romans qu’il publia. Sa famille a d’ailleurs fait don de l’ensemble des manuscrits, tapuscrits, photographies, etc. aux archives municipales de Chamonix.

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Autres auteurs

Bien avant SAMIVEL, Alphonse DAUDET, dénonça aussi l’affluence touristique. Il séjourna en vallée de Chamonix et s’inspira de l’hôtelier et des quelques guides qu’il rencontra pour son ouvrage Tartarin sur les Alpes en 1885. De nombreux auteurs célèbres se sont inspirés du Pays du Mont Blanc pour leur livres comme Mary SHELLEY qui s’inspira de sa randonnée au Montenvers comme décors pour FRANKENSTEIN. D’autres relatèrent leur visite tel Victor HUGO, Alexandre DUMAS. Après les récits de voyages, il y eu aussi les guides de voyages tel les guides JOANNE ou les guides VALLOT (à la fois itinéraires de visite et itinéraires de randonnée et de courses alpines). Au XIXème siècle la mode est aux récits d’ascensions grâce au développement de l’alpinisme et à l’essor des Clubs Alpins. Parmi les récits célèbres, on trouve ceux de John AULDJO, Leslie STEPHEN, Edward WHYMPER. Ces récits sont toujours très présents dans la littérature alpine du XXème et du XXIème siècle mais ils couvrent désormais d’autres sommets et plus seulement le massif du mont Blanc.

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2.5. Explorer

2.5.1. Science fondamentale

Les premières découvertes

Avec le siècle des Lumières, la curiosité des « savants » du XVIIIème et du XIXème siècles ouvre une ère nouvelle pour les montagnes du Pays du Mont Blanc. En 1760, le naturaliste genevois Horace-Benedict de SAUSSURE se rendit à Chamonix pour voir de près ce mont-Blanc visible depuis chez lui à Genève. En tant que scientifique, il fut désireux de réaliser des observations scientifiques sur sa cime. A dessein, il promit une récompense au premier qui saurait lui indiquer le « chemin » pour y parvenir afin de mener à bien ses expériences de physique. Après plusieurs tentatives infructueuses à cause de la longueur de la course, de l’étonnement, du dépaysement des hautes neiges, le glacier des Bossons, la Mer de Glace, l’arête du Goûter sont successivement explorés, sans succès. Le 8 août 1786, Jacques Balmat, chasseur de chamois, cristallier et grand coureur de glaciers qui conduisait des voyageurs, mais n’était pas guide en titre accompagné du docteur Michel-Gabriel Paccard, docteur de Chamonix, neveu du doyen des guides de la vallée, homme instruit, qui avait déjà fait trois tentatives au mont Blanc, foulèrent pour la première fois son sommet. Ce sera le début de la grande aventure de l'alpinisme. L'année suivante, en 1787, SAUSSURE réussit l'ascension du mont Blanc en compagnie de Jacques Balmat et d'une importante caravane. Il put enfin réaliser ses premières expériences en haute altitude. Cette ascension constitua l'acte de naissance de l'alpinisme et de la recherche fondamentale en montagne. Dans la foulée, en 1788, il fit un long séjour au col du Géant, multipliant les observations scientifiques.

Source : La sculpture qui symbolise la conquête du mont Blanc à des fins scientifiques à Chamonix, inconnu.

A la suite de cet acte fondateur, le massif du mont Blanc devint un haut lieu de la recherche scientifique. Médecins, astronomes, géophysiciens, botanistes, météorologues, écologues, glaciologues ou encore climatologues l’explorent sans relâche pour y mener des expériences, y tester de nouvelles théories et de nouveaux instruments depuis le XVIIIème siècle. Nous pouvons retrouver nombre d’archives sur ces explorations primitives au musée des sciences de Genève, entre autres.

L’Observatoire Vallot

A la fin du XIXème siècle, la révolution scientifique atteint les Alpes. L’un des acteurs principaux à cette époque fut Joseph VALLOT (1854-1925), l’un des pères fondateurs de la science au mont Blanc, qui construisit un observatoire en 1890 sur le Rocher des Bosses, à 4358 m d’altitude (cf. 2.1.2.2.). Agrandi en 1891 et 1892, l’observatoire fut finalement déplacé en 1898 à sa position actuelle. Pendant près de 30 ans, Joseph Vallot, des membres de sa famille, des scientifiques invités firent des observations dans de nombreux domaines : géologie, glaciologie, astronomie, cartographie, botanique et également médecine, physiologie. Bien que n’étant pas biologiste de formation, l’effet de l’altitude sur l’organisme humain fut l’une de ses premières préoccupations lorsqu’il réalisa une expédition de trois jours au sommet du mont Blanc avant même que l’Observatoire ne soit érigé. Les travaux scientifiques réalisés sur le mont Blanc ont été publiés dans les sept volumes des "Annales de l’Observatoire du Mont-Blanc" de 1893 à 1917, ainsi que dans les "Comptes-rendus de l’Académie des Sciences" et les Annuaires du Club Alpin Français.

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Le 3 septembre 1891, à l’occasion de l’une des ascensions nécessaires à l’édification de l’observatoire Janssen au sommet du mont Blanc, le Docteur JACOTTET meurt à l’Observatoire Vallot d’une défaillance respiratoire aiguë dont on connaît maintenant la teneur : un œdème pulmonaire de haute altitude. Le corps du malheureux est autopsié à Chamonix par le Docteur WIZARD qui constate une "double inflammation des poumons et inflammation du cerveau". Les Docteurs EGLI-SINCLAIR et GUGLIELMINETTI, collègues de JACOTTET décrivent, pour la première fois clairement, cet accident comme étant une manifestation grave du Mal Aigu des Montagnes (MAM). Joseph VALLOT eu une activité très riche dans de nombreux domaines ; il a fondé la Gaumont avec quelques autres actionnaires. Il a relancé un projet de construction d’un chemin de fer jusqu’au sommet du mont Blanc. Il a publié sur la flore qui pousse entre les pavés de Paris, etc.

De nombreuses études sont menées par Joseph VALLOT lui-même, associé à des médecins et des volontaires guides chamoniards, sur la physiologie de la respiration et du cœur, sur la température corporelle en altitude. En 1896 et 1897 au sommet du mont Blanc, de 1898 à 1900 à l’Observatoire Vallot, des mesures démontrent pour la première fois l’augmentation de la ventilation avec le temps en altitude ("acclimatation ventilatoire"). Il vérifie en 1903 et 1904, avec le Docteur KUSS et l’aide des physiologistes CHAUVEAU et TISSOT, les théories de Paul BERT sur le rôle de l’oxygène dans la survenue du Mal Aigu des Montagnes. Il constate que l’inhalation d’oxygène atténue les signes pathologiques. Avec Raoul BAYEUX, en 1913, des expériences sont faites au sommet sur des écureuils. La performance physique de ces animaux, évaluée par le nombre de tours de cylindre effectués dans leur cage dans une journée, diminue considérablement en altitude.

A partir de 1920, date de la 36ème et dernière ascension de Joseph VALLOT au mont Blanc, la fréquentation de l’Observatoire diminue. En 1936, des expériences de psychométrie sont faites sur les membres de l’expédition française au Hidden Peak, avant leur départ pour le Karakoram (thèse du docteur Jean CARLE). En 1960, une expédition scientifique anglaise utilise l’Observatoire Vallot pour une étude sur la fonction rénale. Ils montrent pour la première fois la baisse d’une des hormones principales qui contrôlent cette fonction : l’aldostérone.

L’Observatoire Vallot aujourd’hui

Mis à part quelques études ponctuelles, il ne se passe plus grand chose à l’Observatoire jusqu’en 1984, date à laquelle l’Association pour la Recherche en Physiologie de l’Environnement (ARPE) décide, en accord avec le CNRS de restaurer l’Observatoire et de lui donner des moyens pour assurer sa fonction d’origine : la recherche scientifique. Ces travaux sont réalisés par des artisans-guides de Chamonix sous la conduite de Roland RIBOLA. Les objets décoratifs qui se trouvaient encore à l’époque dans l’Observatoire sont alors descendus à Chamonix et conservés au Musée Alpin. Depuis 1984, chaque année, l’Observatoire est utilisé par les scientifiques de l’ARPE avec le soutien de l’École Nationale de Ski et d’Alpinisme (ENSA) mené par le Docteur Jean-Pierre HERRY. Le Laboratoire de Glaciologie de Grenoble, ainsi que des groupes d’astronomes, continuent régulièrement d’utiliser l’Observatoire, mais essentiellement comme refuge puisque leurs mesures s’effectuent à l’extérieur.

Les recherches menées dans le domaine de la physiologie et la médecine ont conduit depuis 1984 à de nombreuses publications portant sur les facteurs limitants de la performance en altitude et sur les causes du Mal Aigu des Montagnes. Des essais thérapeutiques ont également été réalisés ainsi que la mise au point du caisson de recompression portable utilisé maintenant couramment dans les expéditions en haute altitude. Récemment, l’agrément du Ministère de la Santé a été obtenu pour poursuivre des recherches biomédicales " sans bénéfice individuel direct " sur des volontaires sains. Le développement de toutes ces études s’est fait avec des collaborations internationales (Suisse, Angleterre, Danemark, Hollande, etc...) dans le même esprit d’ouverture et de multidisciplinarité qu’était celui de Joseph Vallot il y a un siècle.

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Source : Observatoire Vallot, lieu de recherche privilégié (aujourd’hui), http://www.arpealtitude.org/objectifs/recherche/vallot/vallot.html.

Observatoire Janssen

En 1891, Jules JANSSEN, académicien des sciences, envisage la construction d'un observatoire au sommet du mont Blanc pour y effectuer des mesures sur le spectre solaire. Son handicap ne lui permettant pas de gravir par lui-même le sommet, il fera appel à de nombreux guides pour lui permettre de réaliser cette ascension et montra par là-même que la montagne pouvait être accessible à tous. Gustave Eiffel accepta de procéder à l'exécution du projet, à condition de pouvoir construire sur une fondation rocheuse et que celle-ci soit au plus à 12 mètres de profondeur. Des explorations préliminaires pour trouver un point d'ancrage se firent sous la direction de l'ingénieur suisse IMFELD. Il fora deux tunnels horizontaux de 23 mètres de long à 12 mètres de profondeur sous la calotte sommitale. Il ne rencontra aucun élément rocheux ce qui entraîna l'abandon du projet d'Eiffel. L'observatoire fut malgré tout construit en 1893. Il reposait sur des vérins destinés à compenser les éventuels mouvements de la glace. Le tout fonctionna jusqu'en 1906 lorsque le bâtiment commença à pencher. Dans un premier temps, la manœuvre des vérins permit de compenser l'assiette. Mais, trois ans plus tard, deux ans après la mort de JANSSEN, une crevasse s'ouvrit sous l'observatoire. Il fut alors abandonné. Il disparut dans les glaces et seule la tourelle fut sauvée.

2.5.2. Mise en valeur des savoir-faire locaux

2.5.3.1. L'histoire de Simond

Une aventure familiale à l’écoute de l’évolution des pratiques de la montagne

L'histoire de Simond est étroitement liée à celle de l'Alpinisme. Au début des années 1820 à Chamonix, la famille SIMOND était composée de plusieurs frères, tous forgerons et cristalliers. Ils savaient travailler le fer et le bois, possédaient une forge au bord de l'Arve et fabriquaient de l'outillage agricole, des cloches ainsi que des outils dédiés à leur activité de cristallier. Les premiers aventuriers s’adressèrent à eux pour faire fabriquer les outils dont ils avaient besoin pour explorer le massif du mont Blanc.

Source : Deux des frères SIMOND, https://www.simond.fr/lhistoire-de-simond-bp_1519.

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En 1860, la fréquentation de la vallée augmentant, les frères se répartirent les activités de forge et c'est

François SIMOND qui dédia son savoir-faire dans la manipulation du fer et du bois à la conception et la

fabrication de matériel de montagne : piolets, crampons, luges, skis qu’il réalisait dans sa petite forge au pied

du glacier des Bossons munie d'une centrale électrique pour répondre aux besoins des pratiquants souhaitant

explorer le massif de mont Blanc.

Source : Piolet et crampons Simond, https://www.simond.fr/lhistoire-de-simond-bp_1519.

Son fils, Claudius SIMOND, y travailla dès 1925 pour continuer à améliorer le matériel de montagne fabriqué.

Simond devint la référence mondiale de matériel de haute montagne en accompagnant les grimpeurs sur les

premières des plus hauts sommets du monde et dans les grandes premières alpines. En alliant toujours le

meilleur de la technologie aux exigences des grimpeurs, Simond sut s'adapter aux nouvelles exigences pour

fournir le meilleur matériel possible afin de réaliser les voies les plus difficiles. Claudius SIMOND mit sur le

marché, dès 1948, le premier mousqueton léger de l'histoire qui donna aux grimpeurs de nouvelles

perspectives.

Source : Claudius SIMOND et Edmund HILLARY, https://www.simond.fr/lhistoire-de-simond-bp_1519.

En 1960, son petit-fils Ludger SIMOND poursuivit l’aventure familiale à une époque où l'alpinisme et l'escalade connaissait un essor sans précédent. Les évolutions technologiques suivirent l’évolution des pratiques en développement du matériel conçu par et pour les plus grands grimpeurs tel Edmund HILLARY. Ce fut l'époque des pointes avant sur les crampons, de l'escalade libre et du style toujours plus léger des ascensions. Ludger SIMOND s’adapta aux attentes des grimpeurs en leur donnant le matériel adéquat et c'est sans doute pour cela que Simond se fit la place de leader mondial, notamment en termes d'innovation en concevant le premier mousqueton ergonomique (le Cliff), la première lame de piolet banane (Chacal), les premiers crampons rigides (Makalu), le premier piolet à manche déporté (Scud)... En 1988, Ludger SIMOND construisit juste au pied du mont Blanc, aux Houches, des locaux plus spacieux et modernes afin de dimensionner l'entreprise au succès toujours croissant de la marque.

En 2004, Ludger SIMOND vendit son entreprise à Wichard, forgeron français, leader mondial de l'accastillage. Après quatre années de collaboration, Wichard souhaita se recentrer sur l'accastillage. En 2008, Simond rejoignit le groupe Decathlon qui devint l'unique actionnaire des établissements Simond. Ce rapprochement a permis à Decathlon d'enrichir son offre avec des piolets, crampons, mousquetons très techniques. Pour Simond, la relation privilégiée avec les entreprises du groupe Decathlon lui a permis de développer d'autres

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catégories de produits tels les cordes, les harnais et chaussons d’escalade, l’habillement technique pour la pratique de la montagne.

Les innovations Simond

1948 - Premier mousqueton tubulaire. 1970 - Premier piolet entièrement métallique - le Metallic 720. 1972 - Premier Crampon rigide 100% asymétrique - le Makalu. 1975 - Premier marteau-piolet avec lame banane - le Chacal. 1977 - Premier mousqueton à doigt monobloc - le 3000. 1984 - Premier crampon réglable sans outils - Le Jorasses. 1986 - Premier mousqueton Zicral ergonomique - le Cliff. 1988 - Premier cuissard à dos ventilé avec mousse thermoformée. 1996 - Premier piolet sans tête - Naja. 1998 - Premier mousqueton à verrouillage dynamique (système monobloc breveté) - Spider. 1999 - Premier casque de montagne à visière – Bumper. 2001 - Premier piolet à manche déporté - Scud. 2003 - Premier manche galbé ceintré Carving- Anaconda cup. 2005 - Premier assureur avec déblocage du second sous tension intégré - Toucan. 2007 - Premier piolet avec tête en Titane - Metallic 820. 2008 - Mousqueton avec système directionnel - BLC.

Charles VIARD et le câble

Avant la Première Guerre Mondiale, les aventuriers des transports équipent les vallées de voies ferrées. Entre-

deux-guerres le chemin de fer est supplanté par un nouveau moyen de transport : le câble. Le pionnier du fil

d’acier est le Sallanchard Charles VIARD. Après une formation technique en mécanique et électricité à l’école

Le Technicum de Genève, il devient marchand de bois à Sallanches. Il se consacre à l’exploitation forestière

dans les forêts de Rochebrune où sa famille possède des alpages. Mettant en application ses connaissances

techniques, il facilite la descente des bois et améliore les rendements de l’exploitation familiale en

généralisant la descente par câble. Durant les hivers des années 1930, il croise les nombreux touristes, skis au

pied, sur le versant de Rochebrune. A force de les voir peiner des heures à monter en peaux de phoque, pour

une descente si rapide, alors que son câble monte à vide, il lui vient l’idée d’adapter son installation pour

transporter des hommes. Après un voyage en Autriche et en Italie, il concrétisa son projet.

Source : Le téléphérique de Megève – Rochebrune, inconnu.

Dès 1932, Charles VIARD obteint de la mairie de Megève la concession du téléphérique, le premier du genre en France pour le transport des touristes-skieurs. La construction, entamée à la belle saison de l’année 1933, sera très rapide. Une benne de service permet de monter les matériaux nécessaires, exercice facile pour Charles VIARD rompu au transport des lourds billons de bois. Les entreprises locales réalisent le béton des pylônes. La firme allemande Heickel édifie la construction métallique et toute la mécanique correspondante. Le téléphérique de Rochebrune est prêt pour l’ouverture de la saison hivernale en décembre 1933. Il peut

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monter 22 touristes par bennes en 6 minutes, soit jusqu’à 130 personnes à l’heure, en avalant un dénivelé de 602 mètres, jusqu’au point d’arrivée situé à 1750 mètres d’altitude. Six pistes de descente exposées plein nord, à l’abri du vent, font le bonheur des skieurs.

« La luge de Megève »

« La luge de Megève », marque déposée, a été conçue par un dessinateur suisse du nom de ZÜRCHER, alors collaborateur de l’architecte Henry Jacques LE MEME, installé depuis 1925 à Megève. En bois de frêne, dotée de lugeons, semblables à des skis, la « Luge de Megève » était déclinée en trois tailles, selon le nombre de places assises. Son premier fabricant était monsieur JOSEPH, dont l’atelier se trouvait à « Pirracroste », un bâtiment situé au lieu-dit Le Coin appartenant à René MORAND. Sa fabrication sera reprise au milieu des années 1930 par la famille GRANGE-EVRARD, qui tenait auparavant une quincaillerie à Megève, avec le concours d’un artisan menuisier de Combloux. L’exploitation de la marque déposée sera peu après cédée à un autre membre de cette famille, Hilaire EVRARD, parti s’installer à Bonneville pour y monter un atelier de mécanique et d’électricité. Sa petite entreprise se développant bien, il y ajoutera une menuiserie, produisant deux modèles de luge : la « Véritable Megève » (en 90 cm, 120 cm et 140 cm de long) et la « Sport » (en 90 cm, 100 cm et 110 cm). Il se lancera aussi ensuite dans la fabrication de skis en bois, commercialisés sous la marque « Le Brévent ». Après le décès d’Hilaire Evrard en décembre 1945, sans descendance, Roger SYLVAND prendra sa succession. On y produira alors également des traîneaux de secours sous la marque « Sylvand ». La fabrication artisanale de ces luges en bois se poursuivra jusqu’à ce que la concurrence des luges en plastique en vienne à bout.

Source : La luge de Megève, ©Mairie de Megève (G), ©Nicolas Joly (D).

Invention du traîneau de secours sur piste

Le premier traîneau de secours spécialement conçu pour évacuer les skieurs blessés nait en 1947 à Praz-sur-Arly. Son inventeur, Roger Sylvand le conçu à la demande des organisateurs de compétitions de ski, notamment d'Emile Allais, pour remplacer la luge à fumier qui faisait office de luge d'évacuation jusque-là. Il fut testé sur les pistes de Praz-sur-Arly et commercialisé dans la foulée. La première station à en acquérir ne fut autre que Megève, qui en acheta dix. Rapidement, d’autres stations prirent commande, notamment celles qui organisaient des compétitions de ski. Le métier de pisteurs secouristes n’existaient pas encore (leur métier sera officiellement créé en 1978). Ce sont alors les sapeurs-pompiers qui assuraient le plus souvent les interventions à l’aide du traîneau Sylvand. Ce traîneau fut si bien pensé que, 70 ans plus tard, ils sont toujours fabriqués sur les mêmes principes. L'entreprise familiale a perduré à Bonneville jusqu'en 2008.

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Source : Le traîneau de secours Sylvand, 1947, commune de Praz-sur-Arly.

Le fuseau de ski Allard

Dans son atelier de la place de l’Eglise ouvert en 1926, le jeune tailleur mègevan Armand ALLARD (22 ans) aurait créé le « pantalon sauteur » en drap de Bonneval en 1930, à la demande d’Hilaire MORAND et de son neveu Emile ALLAIS, alors âgé de 17 ans. Il fait alors entrer le vêtement de ski dans les temps modernes en lançant commercialement un pantalon révolutionnaire, le fuseau. D’une ligne aérodynamique, jambes et fesses gainées, élastique sous le pied… c’est la naissance d’un concept vestimentaire techniquement innovant destiné à favoriser la pratique du ski de loisir ou de compétition. Ce fuseau va progressivement supplanter le pantalon norvégien, large et bouffant, qui offrait plus de prise au vent. Grâce à l’élastique placé sous le pied, les skieurs n’ont plus les chaussures mouillées, contrairement au pantalon norvégien serré à mi-jambe. En 1937, Emile Allais devient triple champion du monde de ski à Chamonix vêtu d’un fuseau Allard et se fait l’ambassadeur du pantalon sauteur sur la scène internationale. Après-guerre, le fuseau est incontournable et devient une icône des sports d’hiver jusqu’à l’avènement des combinaisons à la fin des années 1960 et l’arrivée des chaussures de ski à coques. Délaissé sur les pistes, il a définitivement trouvé sa place dans la mode, ne cessant d’être revisité par les stylistes jusqu’à aujourd’hui.

Source : Affiche publicitaire du pantalon sauteur (G), Emile Allais en fuseau Allard dispensant une leçon de ski sur le toit du Printemps

à Paris en 1935 (D), ©Karen Allais.

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2.5.4. L’innovation liée à l’imaginaire du mont Blanc

2.5.4.1. Les skis Dynastar

C’est en 1963 que la marque à la « cime » naît à Sallanches grâce à l’union de deux industriels : les skis Starflex fabriqués par les Plastiques Synthétiques avec Dynamic. De cette union naquirent des nouveaux skis performants appelés Compound et une marque – Dynastar – contraction de Dynamic et Starflex. Les Championnats du Monde de Portillo en 1966 furent le porte étendard de la marque nouvellement créée grâce aux trois premiers titres de champion du Monde et aux trois premières médailles d’argent de Marielle GOITSCHEL et Guy PERILLAT. Ces premiers succès de l’histoire de la marque seront couronnés, en 1968, par la médaille d’or de Marielle GOITSCHEL aux Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble. En 1974 la production de skis dépassait les 100 000 paires sur le site de Sallanches. Pour poursuivre la réussite de ses débuts, Dynastar développa son matériel en collaboration avec les athlètes auxquelles elle associait son savoir-faire. Elle vanta son appartenance au Pays du Mont Blanc en ajoutant au logotype de sa marque l’accroche « Born in Chamonix Valley ». En 1992, lors des Jeux Olympiques d’Albertville, elle fut la marque la plus médaillée avec trois médailles d’or, trois d’argent et deux de bronze. Plus de 50 ans après sa création, Dynastar fait toujours partie des leaders mondiaux du ski et se place comme l’une des marques les plus médaillées de l’histoire, dans toutes les disciplines : de Marielle GOITSCHEL à Edgar GROSPIRON, de Marc GIRARDELLI à Deborah COMPAGNONI, de Kjetil-André AAMODT à Massimiliano BLARDONE, de Lasse KJUS à Jean-Pierre VIDAL, de Tommy MOE à Julien LIZEROUX en passant par Guerlain CHICHERIT, Candide THOVEX, Arno ADAM et Aurélien DUCROZ, tous ces athlètes ont contribué à faire rayonner la marque au niveau mondial. Pour fêter ses 50 ans d’existence et symboliser son appartenance au Pays du Mont Blanc, Dynastar du lien qu’elle cultive autour du massif du mont Blanc, l’entreprise a réuni une centaine de personnes : des athlètes, des membres des différents Club des Sports de la région, des guides de Chamonix, des clients et des employés de chez Dynastar. Cette photo représente l’emblème historique de Dynastar – la cime – en face du mont Blanc. En s’associant à ce symbole géographique, l’entreprise de Sallanches souhaite matérialiser l’excellence de ces produits à l’histoire des pratiques qui s’y sont exprimés concomitamment au développement touristique.

Source : 50 ans de l’entreprise avec l’ensemble des personnes qui composent la Famille Dynastar, 2013,

http://50ans.dynastar.com/fra/pages/display/histoire

2.5.4.2. Le Centre international de création de Quechua

La marque Quechua est née en 1997 au pied du mont Blanc à Sallanches. Une équipe de neuf personnes travaillait dans un appartement de 55m² reconverti en bureau pour concevoir, dessiner et choisir les couleurs des produits. Au printemps 1998, la marque de montagne du groupe Decathlon proposa tous ses produits (de randonnée, d'escalade, d'alpinisme, de ski et de snowboard) dans tous les magasins du groupe Décathlon. Cinq ans après sa création, en 2002, Quechua devint une marque référente dans le milieu de l'outdoor. La marque fit alors appel à des sportifs reconnus qui mirent leur expertise au service du développement de produits innovants. En 2005, Jean François Ratel et son équipe lança la tente 2 Seconds.

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Depuis lors, Quechua n'a cessé d'innover avec les technologies Easy (repliage facile), Illumin (éclairage intérieur) et plus récemment la Fresh & Black (diminue la chaleur et garde l'obscurité), permettant de dormir plus longtemps le matin et au frais dans sa tente. Quechua se sépara ensuite de son activité ski et snowboard pour créer la marque Wed'ze. De son côté, Quechua recentra son activité sur la randonnée. En parallèle, elle se hissa au 5ème rang mondial des plus grands fabricants de matériel outdoor (en termes de chiffre d'affaires). En novembre 2014, Quechua et Wed’ze intègrèrent leur nouveau centre mondial de création basé à Passy où travaillent plus de 300 personnes pour créer des produits toujours plus innovants et coller au plus près des utilisateurs les plus exigeants qui s’expriment dans le massif du mont Blanc.

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3. Une gestion concertée

3.1. Schéma de gouvernance

Le périmètre du futur PAH est constitué de 14 communes : Combloux, Les Contamines-Montjoie, Cordon, Demi-Quartier, Domancy, Megève, Passy, Praz-sur-Arly, Saint-Gervais Mont-Blanc, Sallanches et Chamonix, Les Houches, Servoz, Vallorcine, rattachées aux Communautés de communes du Pays du Mont-Blanc (CCPMB) et de la Vallée de Chamonix Mont-Blanc (CCVCMB). Sur des sujets communs tel le portage de la candidature au label, les deux intercommunalités s’appuient sur La conférence de l’Entente :

- 2016-2018, un portage CCPMB pour mener à bien l’étude d’opportunité d’un label PAH (2016) et le montage du dossier de candidature au label PAH (2017 et 2018) ; - 2019-2020, un portage CCVCMB afin de poursuivre la démarche de candidature au PAH qui reste à définir avec les élus.

Pour assurer le portage du label, au sein de la Conférence de l’Entente, l’une des deux collectivités sera signataire de la future convention avec l’Etat. La communauté de communes retenue signera également une convention avec la seconde communauté de communes non signataire de la première. Cette convention entre les communautés de communes sera annexée à la convention signée avec l’Etat. La communauté de communes choisie portera administrativement et financièrement le dispositif qui s’appuie sur un :

- Comité de pilotage composé de deux élus, techniciens administratifs, professionnels de la culture et représentants associatifs auxquels sont associés des référents de la DRAC, de l’IEN et du CAUE.

- Comité scientifique qui regroupe des référents de la DRAC, du CAUE, de l’UDAP et d’universitaires. - Comité technique qui sera décliné en fonction en groupes de travail en fonction des thématiques

choisies. L’ensemble de ces comités seront épaulés par l’animateur de l’architecture et du patrimoine qui assurera la :

- Collaboration avec les services des collectivités qu’ils soient communaux ou intercommunaux tels les services techniques de l’urbanisme et espaces verts, de la culture, de l’éducation, du tourisme.

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- Insertion et interrelation dans/avec l’écosystème des associations culturelles et patrimoniales, des musées ou assimilés, des acteurs du tourisme et des professionnels de la culture et du patrimoine tels les guides conférenciers et/ou du patrimoine (public ou privé).

- Collaboration avec l’inspection de l’éducation nationale pour développer des outils pédagogiques adaptés.

- Relation avec les publics variés puisque le PAH doit aussi bien toucher les scolaires, les habitants ou les touristes.

3.2. Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP)

3.2.1. Objectif du CIAP

L’objectif du PAH au Pays du Mont-Blanc sera de privilégier la transversalité pour valoriser et protéger le patrimoine architectural et paysager en axant sa mission sur les problématiques d’aménagement du territoire ou sur d’autres formes de patrimoines. Cela se manifestera par des actions de sensibilisation, d’information et de formation auprès des publics avec pour perspective de :

1. Fluidifier l’accès à l’offre culturelle, patrimoniale et architecturale ; 2. Renforcer les liens entre toutes les initiatives culturelles et patrimoniales ; 3. Répondre à un besoin territorial d’une offre touristique complémentaire qui créé un lien innovant

entre culture et sport ; 4. Organiser son accessibilité dans une logique de réseau.

A dessein le CIAP sera créé à l’articulation des autres équipements culturels sur lesquels il s’adossera puisque la volonté des acteurs est de le concevoir « éclaté », en « étoile ». Ainsi il complètera le maillage culturel du territoire. D’ailleurs, dès les premières réflexions sur le futur CIAP, la prise en compte de l’existant a été identifié comme un facteur essentiel de la construction du projet. En effet le territoire peut se prévaloir d’un réseau dense et complémentaire de structures municipales, intercommunales, associatives ou privées consacrées à l’interprétation de certains aspects du patrimoine local.

3.2.2. Positionnement du CIAP

Le CIAP trouvera son ancrage en jouant un rôle fédérateur qui sera attribué au service du PAH dès l’obtention du label. La collaboration accrue entre les acteurs du territoire qui sont déjà fortement mobilisés, le développement de projets communs et la mise en place d’un fonctionnement en réseau entre les structures existantes trouveront leur aboutissement dans la réalisation d’un CIAP de pôles. Le CIAP se présentera donc en étoile sur le territoire. Il s’intègrera dans les musées ou assimilés existants qui seront retenus. Il fonctionnera en points relais dans ces structures existantes : musées, médiathèques, offices du tourisme CCPMB, office du tourisme intercommunal pour la CCVCMB. Seront également développés des kits mobiles avec une application commune sur un site internet et mobile afin de le rendre virtuellement accessible. Ils rempliront tous les missions d’information, d’exposition, de formation et de documentation ; fonction qui incombe à tout CIAP. Ces CIAPs orienteront les visiteurs vers les autres pôles thématiques existants répartis sur le territoire en fonction de leurs souhaits de découverte. Ce positionnement stratégique vise à atteindre plusieurs objectifs :

- Offrir au label PAH une vitrine auprès des visiteurs.

- Eviter toute forme de concurrence entre les CIAPs et les pôles thématiques eux-mêmes constitutif des CIAPs.

- Structurer les équipements existants en un réseau complémentaire, solidaire et dynamique.

- Favoriser la fréquentation des sites existants et pérenniser les emplois.

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3.2.3. Contenu des CIAPs

Les pôles retenus pour devenir CIAPs se doteront de :

Un espace d’exposition temporaire Il leur permettra d’accueillir des expositions en intérieur et/ou en extérieur en fonction des thématiques.

Un espace d’exposition permanente Il présentera les différents items retenus dans le projet culturel (présentés précédemment) qui sont essentiels à la compréhension du territoire par le visiteur. Ils privilégieront des outils multimédias interactifs et des maquettes qui favoriseront l’accès des personnes à mobilité réduite aux contenus. Les thématiques des expositions permanentes permettront de fournir les clés de compréhension du territoire.

Un espace pédagogique Une salle permettra d’accueillir au minimum une classe entière dans de bonnes conditions pour la réalisation d’ateliers pédagogiques.

Une salle de conférence Cet espace accueillera des conférences ouvertes au public. Il sera également un lieu de rencontre entre les élus et les habitants du territoire pour la présentation des projets d’urbanisme de chaque commune. Un espace de documentation Un espace de consultation d’ouvrages et des postes informatiques seront à la disposition du public pour effectuer des recherches.

3.2.4. Finalité des CIAPs

A travers les expositions permanentes et temporaires, les CIAPs croiseront et confronteront des thématiques

patrimoniales avec des sujets contemporains (spectacle vivant, art contemporain) dans un dialogue

permanent et constructif entre patrimoine et création. Une réflexion pourra être menée sur la mutualisation

et/ou la juxtaposition des CIAPs avec d’autres espaces relevant des compétences des deux communautés de

communes (médiathèque, office du tourisme, espace de rencontre et de manifestations pour la population,

etc.) avec pour objectif de faire du CIAP un véritable lieu de vie, de partage et de convivialité pour les visiteurs

et les habitants du territoire.

Les CIAPs auront par ailleurs la vocation de diriger les visiteurs vers les sites d’interprétation existants, spécialistes dans leurs domaines respectifs. Pour les aider dans cette mission de vulgarisation et afin de répondre aux exigences du label, ils seront épaulés par l’animateur de l’architecture et du patrimoine qui mobilisera des guides-conférenciers, des guides Savoie Mont-Blanc pour assurer les visites guidées, les ateliers et animations diverses.

3.3. Label Pays d’Art et d’Histoire : organisation opérationnelle

3.3.1. Organisation administrative du Pays d’Art et d’Histoire

Comme cela a été souligné en préambule de ce dossier, depuis 2015, les communautés de communes du Pays

du Mont-Blanc et de la Vallée de Chamonix Mont-blanc ont entrepris une démarche de valorisation de leurs

patrimoines naturel et culturel ; ce qui a conduit, en 2017, les divers acteurs du territoire à se lancer dans une

démarche de candidature dont ce dossier est la résultante.

Les actions de concertation menées dans le cadre de la candidature, comme les opérations de valorisation déjà mises en œuvre par les acteurs (Carnet de rendez-vous 2018 et 2019) s’imposent comme les prémices d’une politique patrimoniale intercommunale. La nécessité de conserver les missions liées à la mise en valeur du patrimoine et du cadre de vie au sein du Pays du Mont-Blanc devient une évidence pour les élus.

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Le label Pays d’art et d’histoire sera donc porté et géré par un service d’une des deux communautés de communes comme l’a décrit précédemment le schéma de gouvernance. Celui-ci disposera d’un budget propre qui lui permettra de mettre en œuvre les actions déterminées dans la convention Pays d’Art et d’Histoire. La collectivité choisie embauchera un animateur de l’architecture et du patrimoine. Il sera recruté sur concours le plus rapidement possible dès l’obtention du label. Celui-ci sera placé sous l’autorité de la communauté de communes qui portera l’emploi.

3.3.2. Les missions de l’animateur de l’architecture et du patrimoine

Pour mettre en œuvre le futur Pays d’Art et d’Histoire, l’animateur de l’architecture et du patrimoine aura pour mission de :

- Poursuivre la politique d’étude et de connaissance des patrimoines retenus dans la projet culturel (en lien avec les acteurs du territoire, des chercheurs et des étudiants) ;

- Développer une politique de valorisation des patrimoines complémentaire à la mise en œuvre d’une politique des publics (en lien avec l’IEN) ; Organiser la communication autour des actions du label ;

- Organiser et coordonner des manifestations culturelles ;

- Gérer les demandes de subventions liées au patrimoine ;

- Gérer l’enveloppe financière allouée pour l’animation du PAH ;

- Développer un projet scientifique et culturel pour les CIAPs ;

- Animer le réseau local des structures patrimoniales ;

- Développer des partenariats avec des organismes divers ; Représenter le Pays d’Art et d’Histoire auprès des instances régionales et nationales.

Dans le futur, il pourrait lui être associé un responsable du service éducatif qui serait placé sous l’autorité de l’animateur de l’architecture et du patrimoine. Il serait titulaire du diplôme de guide-conférencier et se chargerait de la politique éducative et pédagogique développée dans le cadre du label. Ces missions consisteraient à :

- Former, gérer et encadrer les guides-conférenciers ;

- Elaborer un programme annuel de visites et de conférences grand public ;

- Mettre en œuvre et animer des actions de sensibilisation des jeunes publics (classe patrimoine, atelier hors temps scolaire…) ; Organiser et gérer les programmes de sensibilisation et de formation des professionnels ;

- Elaborer des outils de médiation et de valorisation (mallettes pédagogiques).

3.3.3. Budget prévisionnel

Pour mettre en œuvre le futur PAH, il est proposé le budget prévisionnel pour une durée de 3 ans (cf. page suivante).

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