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Céline Guillemin CPD arts plastiques DSDEN 52 Le paysage au cycle 2 Claude Monet, Impression, soleil levant, 1872 1. Définir ce qu’est un paysage On commencera avec les élèves à définir la notion de « paysage ». La diversité des approches induit une variété de définitions partielles, complémentaires. Dans la convention européenne du paysage, « paysage » désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations. De plus, dans la langue française, le terme paysage, fortement polysémique, qualifie à la fois l’objet - avec un regardeur pour qui cet objet est un événement fugitif, subjectif, une « impression » - et la représentation de l’objet. Sur le plan artistique, chaque civilisation a représenté le paysage avec des codes spécifiques, reflet de la vision d’une société. 1.1. Questionner le monde : faire émerger la notion de paysage Aborder un thème en géographie, c’est d’abord se demander de quoi on parle en utilisant ce que l’on sait déjà, fruit des expériences vécues. Pour commencer, on interrogera les élèves sur la notion de paysage : « Pour toi, un paysage, c’est quoi ? ». Après un recueil des représentations de chacun, en proposant une série de paysages, on amènera les élèves à lister puis à catégoriser ce qu’ils voient : - des constructions : maisons, ponts, château, usines, des églises, des ports… etc. - de la végétation : des champs, des fleurs, des arbres, des forêts… etc. - du relief : des plaines, des collines, des montagnes… etc. - de l’eau : des étangs, des lacs, la mer… etc. - des voies de circulation : des chemins, des routes, des autoroutes… etc.

Le paysage au cycle 2...romantiques, réalistes, impressionnistes, fauves sont identifiables. - Un autre tri peut être effectué en fonction des principales techniques visibles :

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Page 1: Le paysage au cycle 2...romantiques, réalistes, impressionnistes, fauves sont identifiables. - Un autre tri peut être effectué en fonction des principales techniques visibles :

Céline Guillemin CPD arts plastiques DSDEN 52

Le paysage au cycle 2

Claude Monet, Impression, soleil levant, 1872

1. Définir ce qu’est un paysage On commencera avec les élèves à définir la notion de « paysage ». La diversité des approches induit une variété de définitions partielles, complémentaires. Dans la convention européenne du paysage, « paysage » désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations. De plus, dans la langue française, le terme paysage, fortement polysémique, qualifie à la fois l’objet - avec un regardeur pour qui cet objet est un événement fugitif, subjectif, une « impression » - et la représentation de l’objet. Sur le plan artistique, chaque civilisation a représenté le paysage avec des codes spécifiques, reflet de la vision d’une société.

1.1. Questionner le monde : faire émerger la notion de paysage

Aborder un thème en géographie, c’est d’abord se demander de quoi on parle en utilisant ce que l’on sait déjà, fruit des expériences vécues. Pour commencer, on interrogera les élèves sur la notion de paysage : « Pour toi, un paysage, c’est quoi ? ». Après un recueil des représentations de chacun, en proposant une série de paysages, on amènera les élèves à lister puis à catégoriser ce qu’ils voient : - des constructions : maisons, ponts, château, usines, des églises, des ports… etc. - de la végétation : des champs, des fleurs, des arbres, des forêts… etc. - du relief : des plaines, des collines, des montagnes… etc. - de l’eau : des étangs, des lacs, la mer… etc. - des voies de circulation : des chemins, des routes, des autoroutes… etc.

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Voir dossier images « Qu’est-ce qu’un paysage ? ».

1.2. Arts plastiques : le paysage, un genre pictural

À partir d’une collection de reproductions d’œuvres d’art sur papier ou en images numériques, les élèves regroupent les œuvres selon les principaux éléments visibles, définissent des catégories (genres reconnus dans l’histoire des arts). On peut se limiter dans un premier temps à 3 catégories : paysage, portrait et nature morte.

paysage portrait nature morte

Pour aller plus loin : - Après l’étude des principaux mouvements artistiques, les représentations de paysages romantiques, réalistes, impressionnistes, fauves sont identifiables. - Un autre tri peut être effectué en fonction des principales techniques visibles : en CP/CE1, on peut se limiter à la différence entre dessin, peinture, bas-relief et photographie. Voir dossier images « Paysage en art ».

2. Lire un paysage La lecture de paysage est une activité qui vise à identifier les éléments constitutifs d’un espace donné afin de comprendre, comment les hommes aménagent leurs territoires. Il s’agit de construire une grille de lecture qui aide à trier les perceptions et à les hiérarchiser en tant qu’informations que le paysage recèle en un grand nombre d’indices. C'est par ces activités que l'élève du cycle 2 met en relation les éléments de l'espace et du temps étudiés.

2.1. Le choix des supports

L’enseignant veillera à varier les supports de travail : comprendre les informations de l'observation, les mettre en relation nécessitent de mettre à la disposition des élèves des documents complémentaires : - photos : point de vue frontal, plans plus ou moins larges, vues aériennes… etc. - plans : de plus en plus détaillés, - cartes : différentes échelles, cartes satellites… etc. Voir Google Earth.

2.2. Le choix des outils méthodologiques

Plusieurs méthodes sont possibles, voici quelques propositions :

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Le jeu des positions Matériel : une photo But : Identifier les éléments d’un paysage les situer les uns par rapport aux autres en fonction de leur distance (premier plan, second plan… etc.).

Premier plan : la rue, le trottoir. Second plan : les maisons.

Le jeu des fonctions Matériel : une photo, un tableau à renseigner

Objets repérés dans le paysage A quoi ça sert ? Qui l’a fait ?

But : Dégager les fonctions des objets repérés sur la photo et dire qui en est responsable. Légender un paysage Matériel : une photo, un calque But : Entourer les éléments importants sur la photo et les nommer. Écrire une phrase pour décrire ce paysage.

2.3. Créer un imagier

Ces premières expériences permettent la constitution d’un imagier.

une montagne

une vallée

une usine un désert un port

une forêt

une cascade

une voie ferrée un verger

un sentier

un étang un nuage

une colline une autoroute

un chemin

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3. Observer et questionner son environnement proche L’observation de paysages proches permet aux élèves de comprendre l’organisation de son quartier, de son village de sa ville.

3.1. Avant la sortie

On peut partir des représentations initiales des élèves : « Selon toi, qu’est-ce qu’un quartier ? ». Il s’agit de prendre en compte les connaissances préalables sans donner de réponses mais d’inciter les enfants à justifier, argumenter. Pour les plus jeunes, on peut également leur proposer de représenter ce qu’est un quartier. Ces premières représentations seront comparées à celles réalisées lors de la sortie.

3.2. Décrire un paysage

Nommer, décrire : on liste tout ce qu’on voit.

L’observation doit être guidée par un questionnement apporté par l’enseignant : Qui ? Quoi ? Où ? Comment ? Quand ? Pourquoi là et pas ailleurs ? Voir le document d’accompagnement des programmes : « questionner l’espace pour apprendre à le maitriser ».

C’est quoi ? Pour quoi faire ? Vocabulaire précis

Immeuble Habiter Habitation

Abribus Attendre le bus Mobilier urbain

Parking Se garer Stationnement

Boulangerie Acheter Commerce

Arbres Se détendre Espace vert

Rue Circuler Voie de circulation

Banque Déposer ou prendre de l’argent Service

Ecole Apprendre Service

Pavillon Habiter Habitation

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Pourquoi là et pas ailleurs ? Pour permettre aux gens du quartier d’avoir tout sous la main : se loger, attendre le bus à l’abri, garer sa voiture, acheter ce dont ils ont besoin tous les jours, se rencontrer, arriver et partir, déposer les enfants à l’école. Ce travail participe à l’acquisition d’un vocabulaire précis.

3.3. Représenter un paysage

Lors de la visite du quartier, du village, les élèves doivent disposer d’un carnet où ils peuvent dessiner ce qui leur semble intéressant. Les observations sont complétées par des prises de vue photographiques. Lors de la sortie, on peut se poser pour se concentrer sur la réalisation d’un croquis de paysage préalablement sélectionné par l’enseignant : le vocabulaire utilisé lors des précédentes lectures de paysages sera rappelé (1er plan, second plan… etc.).

3.4. Représenter le parcours réalisé

De retour en classe, on demande aux élèves de représenter librement le parcours réalisé. Les activités proposées ensuite viseront l’amélioration de ces premiers croquis. Sur une carte, on situe le point de départ et le point d’arrivée de la sortie.

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Les éléments remarquables qui ont été dessinés ou photographiés lors de la sortie sont situés sur le plan à leur tour. Le trajet réalisé est alors mis en valeur :

Les plus jeunes peuvent reconstituer le parcours réalisé en remettant les photographies dans l’ordre chronologique de la sortie, en y associant une légende.

On peut aussi travailler à partir de pictogrammes.

Lorsque les élèves sont davantage familiarisés avec les plans, ils peuvent repérer, en amont d’une sortie, le trajet qu’ils vont réaliser.

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3.5. Alimenter l’imagier de la classe

Les photographies réalisées lors des sorties permettent de poursuivre l’imagier de la classe.

un immeuble

une épicerie une mairie un jardin public un pavillon

un banc un lotissement

un abribus un square

un parking

Progressivement, on amène les élèves à catégoriser les éléments présents dans l’imagier : mobilier urbain, services, commerces, espaces verts, habitations… etc.

3.6. Ecrire

Les sorties réalisées sont également d’excellents points de départ pour des projets d’écriture de textes narratifs ou descriptifs (individuellement ou collectivement, en autonomie ou en dictée à l’adulte) : raconter sa sortie.

3.7. Comparer des paysages, des modes de vie

On compare son environnement proche à d’autres environnement (les habitations, les activités, le relief, la végétation, les voies de communication). Comparer espaces urbains/espaces ruraux

Comparer espaces proches/espaces lointains (son école/une école africaine, ses trajets/les trajets d’autres enfants…)

Visionner avec les enfants le film : « Sur le chemin de l’école ».

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4. Un prolongement possible : une approche sensible du paysage

4.1. Un album comme point de départ

Les cartes de ma vie de Sara Fanelli Cet album découpe met la vie en cartes : après le trésor, suivent la chambre, la famille, la journée, le ventre, les couleurs, le quartier, le cœur, le chien, la rue, le visage et le bord de mer. Les illustrations et le texte prennent donc la forme de cartes, c’est-à-dire d’une liste à chaque fois dispersée sur la double page en offrant au lecteur à chaque fois un coin de la carte pour intervenir. Un album en lien avec la géographie du sensible.

4.2. En arts plastiques : une carte sensible de mon quartier

On peut proposer de créer une carte sensible d’un lieu familier afin de l’observer et de le montrer autrement. L’espace choisi est localisé sur un plan : chaque enfant a une photocopie sur laquelle il colorie l’itinéraire et l’endroit qu’il souhaite explorer (chacun déterminera le lieu sur lequel il va travailler). Chacun reçoit un carnet de feuilles blanches.

Sur le parcours

Le regard peut être guidé par un ou plusieurs thèmes qui facilitent l’exploration en dirigeant le regard des élèves. Chacun choisira le thème en fonction de sa sensibilité et créera ainsi son cheminement en images :

Travail photographique : recherche de symboles signalétiques au sol, de formes (tout ce qui est rond, pointu…), recherche de détails insolites (l’écorce d’un arbre, une poignée de porte, le détail d’une façade, d’un trottoir…), recherche d’une couleur ou d’un éventail de couleurs, sur les lignes (verticales ou horizontales), etc. :

Symboles signalétiques au sol

Recherche de détails, de formes, de lignes

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Recherche de matières avec collecte, pour créer un parcours tactile.

Sur place

Là encore, chacun explorera le lieu en fonction de ses envies :

Le frottage : les élèves appliquent une feuille de leur carnet sur un élément et frottent avec un crayon de cire ou une craie grasse afin d’en prélever le relief. Ils notent l’origine du prélèvement.

Le croquis : les élèves dessinent au crayon de papier les éléments qui les entourent et qu’ils aiment particulièrement.

La photographie : les élèves choisissent un sujet. A eux d’expérimenter des cadrages différents (on peut les aider en leur proposant déjà de regarder le lieu à travers un rouleau ou un rectangle en carton). Afin que le stock d’images reste gérable et si on veut que les élèves fassent un choix pertinent, on peut limiter le nombre de prises de vue à trois par élève. Chacun note dans son carnet le sujet de ses photos, le lieu et des remarques éventuelles (des odeurs, des sons, des impressions…).

L’écrit : les élèves notent ce qu’ils voient, ce qu’ils sentent, ce qu’ils entendent, ce qu’ils ressentent au toucher. L’écrit complète ainsi l’image en y associant leur ressenti. Ils peuvent aussi écrire sur les raisons pour lesquelles ils ont choisi ce lieu (ce qu’il a d’important dans leur vie).

De retour en classe

Les élèves mettent en forme leur carte sensible :

Les frottages : Ils peuvent être collés sur une feuille et être légendés, transformés par ajout (une empreinte devient un immeuble par ajout de fenêtre), mis en valeur par des encres en jouant sur les couleurs.

Les croquis : ils peuvent être complétés et mis en couleur avec des encres, prolongés, recadrer pour ne garder qu’une partie intéressante (pour la mettre en réseau avec un frottage ou une photo). Certains croquis peuvent être photocopiés pour permettre plusieurs déclinaisons avec différentes techniques.

Les photographies : elles seront visionnées puis triées pour ne garder que les plus réussies, puis imprimées en noir et blanc. Quelques unes peuvent être imprimées en couleurs. Les parcours en images seront reconstitués (collage sur une même feuille ou photos numérotées). Les photos du lieu, elles, seront transformées :

- en intervenant directement dessus avec des encres, des gouaches, des feutres… - en ajoutant des éléments par collage (éléments collectés sur place par exemple), - en prolongeant une partie de l’image, - en découpant plusieurs images pour reconstituer une image nouvelle, - si possible, chaque élève reçoit une photo en couleurs. Elle est collée et légendée. Elle peut être aussi coupée en plusieurs morceaux pour proposer des fragments de regards.

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Photo coupée en 5 morceaux

puis complétée au feutre et à l’encre

Eléments de croquis découpés, collés, colorés.

L’écrit : Les notes sont recopiées et éventuellement complétées pour ajouter à l’image ce qu’elle ne dit pas. Artistes à mettre en réseau : carnets de voyage d’Eugène Delacroix, d’Henri Matisse ; photographies de Lisa Rienermann.

Eugène Delacroix, Maroc

Lisa Rienermann, Type the sky

D’autres idées d’activités en arts plastiques : Voir l’ouvrage « Arts visuels & paysages » :