2
Le Passe-Plat LE PETIT JOURNAL DU SPECTATEUR I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I DI 1ER MARS | 17H Cinéma Apollo de Michel Deutsch et Matthias Langhoff © Samuel Rubio Durée: 2h50 (avec entracte) avec François Chattot Evelyne Didi Christophe Kehrli Nicole Mersey Philippe Puglierini Pascal Tokatlian Joël Neuenschwander (figurant) équipe de création mise en scène Caspar et Matthias Langhoff musique Arthur Besson assistanat à la mise en scène Emily Barbelin décor et costumes Catherine Rankl assistanat décor et costumes Julie Camus, Rosi Morilla vidéos Stéphane Janvier, Jérôme Vernez, Matthias Langhoff lumières Mattias Bovard, Caspar Langhoff son Denis Hartmann, Frédéric Morier, Samaël Steiner accessoires Mathieu Dorsaz maquillages et coiffures Viviane Chollet stagiaire assistanat à la mise en scène Karine Pfenniger construction du décor et réalisation des costumes Ateliers Théâtre Vidy-Lausanne équipe de tournée régie générale Christophe Kehrli régie plateau Philippe Puglierini régie lumière Mattias Bovard lumière Mathieu Wilmart régie vidéo Stéphane Janvier régie son Denis Hartmann chargée de production Elizabeth Gay production Théâtre Vidy-Lausanne coproduction Comédie de Genève Théâtre du Loup St-Gervais Genève Le Théâtre Compagnie Rumpelpumpel Compagnie Service Public Espace Jean Legendre, Compiègne – Scène nationale de l’Oise en préfiguration soutiens Ministère de la culture et de la communication (F) Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture collaboration Little Big Horn asbl participation artistique Jeune Théâtre National La distribution du film se trouve sur le site web du Théâtre du Passage. J ’ai découvert, fasciné, l’univers si singulier et puissant de Matthias Langhoff grâce au Roi Lear en 1986; ce fut pour moi un choc énorme, comme le fut en 1988 un spectacle devenu mythique, Mademoiselle Julie (deux spectacles dans lesquels jouait déjà François Chattot). Pour cet artiste majeur, «le théâtre est avant tout politique: lieu où il est pos- sible de réfléchir sur l’humain et son environnement, scène sur laquelle le scandale du monde peut être trituré, examiné.» S’il semble se méfier de l’émotion, il est paradoxalement capable de bouleverser le public par sa façon aussi tendre qu’impitoyable de peindre l’humanité. Joueur, provocateur, il n’a jamais voulu suivre les modes, creusant un sillon étonnant dans lequel beaucoup ont tenté de s’engouffrer sans parvenir jamais à l’imiter. C’est une grande joie pour moi de pouvoir l’accueillir au Passage! Robert Bouvier | directeur Recette maison Mise en bouche B rassant le mythe d’Ulysse avec les échos qu’en a donnés Alberto Moravia dans Le mépris et, après lui, Jean-Luc Godard, cette production sort victorieuse de sa jonglerie mythologique. A travers la rencontre bien rythmée de deux êtres un peu perdus, hantés à des degrés divers par le(ur) passé, Cinéma Apollo aborde – si ce n’est réunit – des thèmes très divers. Les amours perdues et les fantômes qu’elles génèrent. L’héroïsme et sa contrepartie, la lâcheté, qui appelle le mépris. La durée, l’impermanence et donc une certaine nostalgie... La ruse «ulyssienne» mène aussi tout droit aux artifices de la représentation, véhicule du mythe. A ce jeu, le théâtre rivalise avec le cinéma, désormais plutôt malheureux quand il s’agit de tenir dignement sa place. On peut quitter la salle, mais la seule issue n’a rien d’un secours. Elle est mortelle. Et très belle puisqu’elle veut «vous apprendre à danser». Boris Senff, 24 Heures, 19.01.2015

LE PETIT JOURNAL DU SPECTATEUR ... · a donnés Alberto Moravia dans Le mépris et, après lui, Jean-Luc Godard, cette production sort victorieuse de sa jonglerie mythologique. A

  • Upload
    ngominh

  • View
    213

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Le Passe-PlatLE PETIT JOURNAL DU SPECTATEUR I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I DI 1ER MARS | 17H

Cinéma Apollode Michel Deutsch et Matthias Langhoff

© S

amue

l Rub

io

Durée: 2h50 (avec entracte)

avecFrançois ChattotEvelyne Didi Christophe KehrliNicole MerseyPhilippe PuglieriniPascal TokatlianJoël Neuenschwander (figurant)

équipe de créationmise en scène Caspar et Matthias Langhoff musique Arthur Bessonassistanat à la mise en scèneEmily Barbelin décor et costumes Catherine Rankl assistanat décor et costumesJulie Camus, Rosi Morillavidéos Stéphane Janvier, Jérôme Vernez, Matthias Langhofflumières Mattias Bovard, Caspar Langhoff son Denis Hartmann, Frédéric Morier, Samaël Steiner accessoires Mathieu Dorsazmaquillages et coiffures Viviane Cholletstagiaire assistanat à la mise en scène Karine Pfennigerconstruction du décor et réalisation des costumesAteliers Théâtre Vidy-Lausanne

équipe de tournéerégie générale Christophe Kehrli régie plateau Philippe Puglierini régie lumière Mattias Bovard lumière Mathieu Wilmart régie vidéo Stéphane Janvier régie son Denis Hartmann chargée de production Elizabeth Gay

productionThéâtre Vidy-Lausanne

coproductionComédie de GenèveThéâtre du LoupSt-Gervais Genève Le ThéâtreCompagnie RumpelpumpelCompagnie Service PublicEspace Jean Legendre, Compiègne – Scène nationale de l’Oise en préfiguration

soutiensMinistère de la culture et de la communication (F) Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture

collaborationLittle Big Horn asbl

participation artistiqueJeune Théâtre National La distribution du film se trouve sur le site web du Théâtre du Passage.

J ’ai découvert, fasciné, l’univers si singulier et puissant de Matthias Langhoff grâce au Roi Lear en 1986; ce fut pour moi un choc énorme,

comme le fut en 1988 un spectacle devenu mythique, Mademoiselle Julie (deux spectacles dans lesquels jouait déjà François Chattot). Pour cet artiste majeur, «le théâtre est avant tout politique: lieu où il est pos-sible de réfléchir sur l’humain et son environnement, scène sur laquelle le scandale du monde peut être trituré, examiné.» S’il semble se méfier de l’émotion, il est paradoxalement capable de bouleverser le public par sa façon aussi tendre qu’impitoyable de peindre l’humanité. Joueur, provocateur, il n’a jamais voulu suivre les modes, creusant un sillon étonnant dans lequel beaucoup ont tenté de s’engouffrer sans parvenir jamais à l’imiter. C’est une grande joie pour moi de pouvoir l’accueillir au Passage!

Robert Bouvier | directeur

Recette maison Mise en bouche

B rassant le mythe d’Ulysse avec les échos qu’en a donnés Alberto Moravia dans Le mépris et, après lui, Jean-Luc Godard, cette production

sort victorieuse de sa jonglerie mythologique. A travers la rencontre bien rythmée de deux êtres un peu perdus, hantés à des degrés divers par le(ur) passé, Cinéma Apollo aborde – si ce n’est réunit – des thèmes très divers. Les amours perdues et les fantômes qu’elles génèrent. L’héroïsme et sa contrepartie, la lâcheté, qui appelle le mépris. La durée, l’impermanence et donc une certaine nostalgie... La ruse «ulyssienne» mène aussi tout droit aux artifices de la représentation, véhicule du mythe. A ce jeu, le théâtre rivalise avec le cinéma, désormais plutôt malheureux quand il s’agit de tenir dignement sa place. On peut quitter la salle, mais la seule issue n’a rien d’un secours. Elle est mortelle. Et très belle puisqu’elle veut «vous apprendre à danser».

Boris Senff, 24 Heures, 19.01.2015

Entrée r é s u m é

Environ 500 kilomètres au nord de Rimini. Peu avant le deuxième

millénaire. Dans une salle d’un cinéma se joue le vieux film de Hans Reinghold Le retour d’Ulysse. Dans le foyer de ce cinéma, une femme qui vend du popcorn est assise derrière son comptoir. C’est la dernière séance, elle attend la fin du film et commence à ranger. Un homme, qui semble désorienté, peut-être ivre, quitte la salle après le générique et s’installe dans le hall. Il attend la 47e minute du

film pour revoir la scène où Ulysse prend congé de sa maîtresse. Il commence à parler avec la femme, elle dit qu’elle peut l’écouter jusqu’à la fin du film. L’homme est un intellectuel qui vient de Rome, il est le scénariste du Retour d’Ulysse. La femme, après avoir laissé tomber ses désirs d’études et exercé différents petits métiers, a trouvé cette place de vendeuse de popcorn au bar du cinéma. Elle est née dans cette ville. Deux planètes qui se croisent.

Plat principal b i o g r a p h i e

Matthias Langhoff naît le 9 mai 1941 vers minuit à Zürich, où ses parents

se sont exilés. D’une mère juive d’origine italienne et d’un père communiste sorti d’un internement dans les camps de concentration de Börgermoer et de Lichtenburg, il retourne en Allemagne à la fin de la guerre, sa famille s’installant dans la zone d’occupation britannique, puis peu après dans la zone soviétique, qui devient par la suite la RDA. Il fréquente le système scolaire staliniste et se lie d’amitié avec Winfried Paprzycki. A travers

cette amitié, et d’autres, il apprend «le mépris à l’égard des politiciens, quelles que soient les couleurs». En 1959, il fait un apprentissage de maçon, seule profession pour laquelle il obtient un diplôme. Il quitte la RDA en 1978 pour des raisons politiques, mais avant tout par amour pour sa future femme. Il habite en RFA, en Suisse, et s’installe finalement à Paris avec sa femme et ses fils, Caspar et Anton. Après de longs et fastidieux efforts, il obtient la nationalité française en 1995.

Dessert p r e s s e

Matthias le furieux. Matthias le batailleur. Qui aime, ou plutôt

aimait, restituer dans ses spectacles chaotiques l’Europe défigurée par la Seconde Guerre mondiale, ce paysage en ruines dans lequel, citoyen de Berlin, il a grandi. Ce n’est pas ce Matthias Langhoff que les spectateurs retrouveront dans Cinéma Apollo. A 73 ans, le lion est fatigué, ou assagi, et cette création qui enchâsse intelligemment théâtre et cinéma ne fait pas trembler la

scène. Au contraire, la partie dialoguée entre Evelyne Didi et François Chattot ronronne telle une veillée entre deux aînés. Nostalgie, mélancolie, hommage au cinéma d’auteur, à cette poésie, godardienne notamment, qui sait embrasser le politique avec subtilité, Cinéma Apollo reste un objet sensible qu’on a furieusement envie d’aimer.

Marie-Pierre Genecand Le Temps, 20.01.2015

I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I I DI 1ER MARS | 17H

032 717 79 07 | www . theatredupassage . ch | application iPhone/Android

Retrouvez-nous sur

/theatrepassage /theatrepassage

© L

aure

nt S

chne

egan

s

Prochainement

t h é â t r e

Guitoude Fabrice Melquiot mise en scène Guy Pierre Couleau

Un enfant de dix ans surgit du passé dans notre présent! Une histoire fantastique et troublante qui semble lorgner de l’autre côté du miroir d’Alice et de Peter Pan.

27 · 28 mars | ve 20h, sa 18h

Passage de midi – concert

Trios. En collaboration avec la Haute école de musique.Trois musiciens (violon, violoncelle, piano) interprètent des œuvres de Beethoven et Piazzolla.

me 4 mars | 12h15 · 10.–/5.–

Exposition sur les deux galeries

Exposition autour du Poisson combattant. Installation photographique de l’artiste Cosimo Terlizzi, jusqu’au 15 avril 2015.

Pour d’autres plats,avant ou après les spectacles