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ADAAQ : Association de développement de l'apiculture en Aquitaine CNDA : Centre national du développement apicole OPIDA : Office pour l’information et la documentation en apiculture O.P.I.D.A Le piégeage constitue une des deux actions prioritaires en matière de lutte contre le frelon asiati- que. Au printemps, les fondatrices sortent d’hivernage avec un besoin énergétique important pour se déplacer et choisir le lieu d’implantation du nid. La ressource en sucres est, en cette saison, peu abondante. Une telle situation est donc favorable à l’action de piégeage. Son efficacité dépendra toutefois d’une bonne connaissance de l’écologie de cette espèce et de son comportement temporel et spatial. Le positionnement des pièges sera donc lui aussi décisif dans l’efficacité de la campagne. Le type d’appâts à utiliser doit prendre en compte l’attractivité vis-à-vis des fondatrices de frelon asiatique, mais aussi, celle exercée sur les autres espèces que l’on ne doit pas capturer. Photo - J. BLOT Bull. Tech. Apic., 34 (4), 2007, 201-204. F.T. 8.3.40 201 Une fondatrice en hivernage dans une galerie de Cossus Les conditions pour une lutte efcace Pas moins de six régions étant aujourd’hui concernées par cette invasion (cf. FT 8.3.30), seule une lutte coordonnée peut assurer une maîtrise de la population. C’est donc sur l’ensemble de l’aire d’infestation qu’il faut agir en même temps. Une action forte doit être menée notamment sur le front de progression, pour ralentir son expansion. La prise en charge de l’action de piégeage et de destruction doit être départementale, il suffirait qu’un seul département ne s'engage pas pour que l'action soit compromise. Quelle stratégie de piégeage ? La lutte exige la mise en place d’un réseau de piégeage dense. Pour cela, il est nécessaire qu’il soit supporté par trois ensembles de piégeurs : les FDGDON 1 ou les agents territoriaux ou de l'État, les syndicats et GDSA 2 apicoles et un ensemble de piégeurs citoyens encadrés par les deux réseaux précédents. Les dates de début de piégeage pourraient être fixées par un système d’alerte qui s’appuierait sur la surveillance d’une population de fondatrices hivernantes captives. Les pièges seraient activés au premier réveil de l’une de ces dernières. 1 FDGDON = fédérations départementales des groupements de défense contre les organismes nuisibles. 2 GDSA= groupements de défense sanitaire apicoles FICHE TECHNIQUE APICOLE Le frelon asiatique (Vespa velutina) Le piégeage des fondatrices Dr Jacques Blot - chargé d'études ADAAQ ADAAQ-CNDA

le piégeage des fondatrices

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Page 1: le piégeage des fondatrices

ADAAQ : Association de développement de l'apiculture en AquitaineCNDA : Centre national du développement apicoleOPIDA : Offi ce pour l’information et la documentation en apiculture

O . P . I . D . A

Le piégeage constitue une des deux actions prioritaires en matière de lutte contre le frelon asiati-que. Au printemps, les fondatrices sortent d’hivernage avec un besoin énergétique important pour se déplacer et choisir le lieu d’implantation du nid. La ressource en sucres est, en cette saison, peu abondante. Une telle situation est donc favorable à l’action de piégeage. Son effi cacité dépendra toutefois d’une bonne connaissance de l’écologie de cette espèce et de son comportement temporel et spatial. Le positionnement des pièges sera donc lui aussi décisif dans l’effi cacité de la campagne. Le type d’appâts à utiliser doit prendre en compte l’attractivité vis-à-vis des fondatrices de frelon asiatique, mais aussi, celle exercée sur les autres espèces que l’on ne doit pas capturer.

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Bull. Tech. Apic., 34 (4), 2007, 201-204. F.T. 8.3.40

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Une fondatrice en hivernage dans une galerie de Cossus

Les conditions pour une lutte effi cacePas moins de six régions étant aujourd’hui concernées par cette invasion (cf. FT 8.3.30), seule une lutte coordonnée peut assurer une maîtrise de la population. C’est donc sur l’ensemble de l’aire d’infestation qu’il faut agir en même temps.Une action forte doit être menée notamment sur le front de progression, pour ralentir son expansion. La prise en charge de l’action de piégeage et de destruction doit être départementale, il suffi rait qu’un seul département ne s'engage pas pour que l'action soit compromise.

Quelle stratégie de piégeage ?La lutte exige la mise en place d’un réseau de piégeage dense. Pour cela, il est nécessaire qu’il soit supporté par trois ensembles de piégeurs : les FDGDON1 ou les agents territoriaux ou de l'État, les syndicats et GDSA2 apicoles et un ensemble de piégeurs citoyens encadrés par les deux réseaux précédents.

Les dates de début de piégeage pourraient être fi xées par un système d’alerte qui s’appuierait sur la surveillance d’une population de fondatrices hivernantes captives. Les pièges seraient activés au premier réveil de l’une de ces dernières.

1 FDGDON = fédérations départementales des groupements de défense contre les organismes nuisibles.2GDSA= groupements de défense sanitaire apicoles

FICHE TECHNIQUE APICOLE

Le frelon asiatique (Vespa velutina)Le piégeage des fondatrices

Dr Jacques Blot - chargé d'études ADAAQ

ADAAQ-CNDA

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Quelle organisation ?Le schéma d'organisation proposé est le suivant. Sous la coordination des préfectures, les services de l'État, dé-partementaux ou régionaux, mettent en place le système d’alerte, les mairies collectent l’information sur l’activité des fondatrices et la localisation des nids. Un responsable de piégeage par commune ou communauté de communes est chargé d’informer les piégeurs des dates de début et de fi n de piégeage. Parallèlement, l’organisme chargé de l’amélioration des connaissances (ADAAQ ou autre selon les cas) assure la formation des responsables de secteurs et vulgarise les nouvelles informations utiles pour accroître l’effi cacité du piégeage et de la destruction.

Les résultats des piégeages sont transmis à cet organisme afi n de vérifi er leur incidence sur la dynamique des po-pulations du frelon asiatique. Le schéma-type, à adapter en fonction du contexte départemental ou régional est le suivant :

En Dordogne, l’absence de FDGDON a conduit à l’orga-nisation suivante :

La période de piégeageElle est défi nie par les premières sorties de fondatrices en hivernage. Selon les régions et le contexte climatique, cette période va de février à mai. La surveillance de fon-datrices en hivernage permet de fi xer la date de début de campagne. En 2008, les dates de piègeage seront calées sur les données théoriques.

Les pièges à utiliserLa mise en place d’un tel réseau de piégeage exige une sélectivité maximale des pièges afi n de ne pas avoir d’inci-

dence sur la dynamique des autres populations d’insectes pouvant être attirés par les appâts.

Nous proposons donc un piège nasse dont l’entrée est réduite à 7 mm afi n d’interdire l’accès aux espèces de taille supérieure à celle du frelon asiatique. La base de la chambre de capture est perforée sur son périmètre par des sorties à 5,5 mm de diamètre qui autorisent la sortie des espèces de taille inférieure. Les insectes n’ont pas accès à l’appât, il est donc possible au piégeur d’exercer une sélectivité sur les insectes capturés vivants.

Les appâtsLa fi n de l’hiver correspond à une période où la ressource en nourriture sucrée est la plus faible. À la sortie de l’hi-vernage, les fondatrices ont un besoin énergétique élevé. Nous privilégions donc les appâts sucrés pour les premières captures. L’appât retenu est un mélange de bière et de sucre. Des travaux complémentaires seront réalisés au cours de la saison 2008 pour affi ner sa composition.

Où piéger ?Il semble qu’à l’automne, les jeunes fondatrices fécondées aillent chercher un site d’hivernage à proximité du nid (500 m environ) ; elles passeront l’hiver dans cet abri, seules ou en petit groupe de deux ou trois. Un premier réseau de pièges peut donc être disposé à proximité des nids de la saison passée.

Au printemps, les fondatrices en sortie d’hivernage vont se disperser en utilisant les cours d’eau. L’implantation des nids se fera à proximité de ces derniers ou d’autres points d’eau permanents (réservoirs d’irrigation, mares, étangs,…). Le deuxième réseau de pièges sera donc disposé à proximité de ces points et le long du système hydrologique à raison d’un piège tous les 500 m au minimum.

Un troisième ensemble sera disposé autour des ruchers ou des emplacements estivaux afi n de prévenir d’éventuelles déconvenues lors des miellées.

Enfi n, les tas de bois, de pierres, de tuiles étant autant de lieux favorables à l’hivernage, des pièges complémentai-res pourront être installés à proximité.

L’installation des piègesLes pièges sont disposés dans des lieux protégés des vents et bénéfi ciant du soleil du matin. Plus tard en saison, après la mise à feuilles, le piège sera placé à un mètre de hauteur.

La conduite des piègesLes deux préoccupations du piégeur doivent être de cap-turer des fondatrices du frelon asiatique et d’assurer une sélectivité maximale de ses pièges afi n d’épargner toute autre espèce non visée.

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PRÉFECTURE(maître d'œuvre)

ALERTE(Services de l'État)

Coordination piégeage( FDGDON, DDSV,...)

MAIRIES

Responsable de secteur

PiégeursGDON

Apiculteurs Piégeursvolontaires

ADA ou autre organisme technique

Traitement des données,aquisition des connaissances

vulgarisation

Localisationnids

RésultatsPiégeage

Coordination(Préfecture)

Système d'alerte (1)(Service de l'État)

Suivi de terrain(DDSV)

Collecte de données(Mairies)

Piégeur référent par communauté de commune agent territorial, élu

Assistance technique, évaluation et amélioration des techniques

ADAAQ

Piégeurs

(1) pour 2008, les dates seront calées sur les dates de sorties théoriques

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La fréquence des visites sera donc déci-sive. La durée de vie des captures dans le piège peut être courte pour un bon nombre d’espèces. Des visites régulières, journalières, si possible, tout au plus heb-domadaires, sont donc indispensables.

La prise en compte des informations nouvelles sur la gestion des pièges est essentielle pour améliorer les techniques de piégeage, pour surveiller la nature des captures et gérer au mieux la pé-riode de piégeage. Au fur et à mesure du traitement des données de piégeage, des améliorations concernant le position-nement des pièges ou les appâts seront communiquées aux piégeurs.

L’action de vider le piège doit prendre en compte la présence éventuelle d’indi-vidus vivants d’autres espèces. Dans ce cas, il suffi t d'enlever l'entonnoir, de prendre une poche plastique transparente, de la placer autour et au dessus de la chambre de capture et d’envelopper la chambre dans un chiffon. Les insectes vont alors migrer vers la lumière dans la poche. Il suffi t alors de tuer les fondatrices du frelon asiatique, puis de libérer les autres.

Il est important de conserver les insectes morts (congélation ou alcool) ; ils feront l'objet d'une vérifi cation.

La surveillance de la campagne de piégeageUne surveillance scientifi que et technique de la campagne est indispensable durant toute sa durée. Elle est assurée par la structure chargée du suivi (ADAAQ en Dordogne) et relayée par l’organisme chargé de la collecte des in-formations (mairies, DDSV,…).

La surveillance des espèces piégées est également im-portante, si un nombre important d’individus d’espèces non visées est capturé, il est indispensable de le signaler au plus vite au responsable de secteur ou à tout autre personne capable d’évaluer la situation.

La suspension du piégeage peut être nécessaire, le piégeur peut suspendre son activité sur un ou plusieurs pièges, après validation par le responsable de secteur, le piège sera défi nitivement arrêté ou déplacé dans un contexte environnemental différent. Un arrêt général de la campagne de piégeage peut être décidé au vu des résultats de piégeage.

La transmission des résultatsAfi n de pouvoir évaluer l’effi cacité du piégeage et amélio-rer les techniques de piégeage, les piégeurs devront faire état de leurs captures à l’aide des fi ches prévues à cet

effet. Elles seront transmises au responsable de secteur, accompagnées des produits de captures congelés. Ces données sont remi-ses pour traitement à la structure chargée de la surveillance (ADA ou autre).

Le plan pour la confectiond’un piège sélectif

La liste des matériaux

Tous les matériaux utilisés sont accessibles dans tout magasin de bricolage.La bouteille : celle utilisée par nos soins est le contenant d’une boisson, de soda de 2 l son diamètre correspond parfaitement à celui du culot du piège.Le raccord PVC de diamètre de 100 mm : destiné à réaliser des sorties pour les espè-ces non cibles, se fi xe sur le bouchon.

Le bouchon PVC vissant : il sert de support de l’appât et permet un changement de l’appât sans perte des insectes.La grille métallique avec des mailles de 3 mm : elle isole l’appât de la chambre de capture afi n que les in-sectes non cibles ne s’abîment pas dans le liquide.Une planchette de bois résistant à la pluie de 20 cm x 20 cm.Du fi l de fer fi n : 60 cm.De la colle PVC.Du joint sanitaire.

Les outils

Une paire de ciseaux.Une perceuse avec forêts de 2, 5,5 et 7 mm.Un fraise ou du papier de verre pour ébarber les bords des trous de sortie (évitera aux insectes non cibles d'être mutilés lors de leur sortie).Une scie.Une cisaille à tôle.

Toit carré en bois de 200 x 200 mm Fil de fer de suspension

et de fixation entonnoir/chambre

7 mm

5,5 mm

Chambrede capture

Appât

La taille de l'orifice ne permetpas à V.crabro de pénétrer

dans le piège

Trou de sortie pour les autres espèces

Grille de protection

Bull. Tech. Apic., 34 (4), 2007, 201-204.

Photo - J. BLOT

Schéma du piège (conception J. Blot, ADAAQ)

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- ADAAQ : Association de développement de l’apiculture en Aquitaine Chambre d'agriculture des Landes - cité Galliane - 40005 MONT-DE-MARSAN

Tél. 05 58 85 45 48 - Mél. [email protected]

- CNDA : Centre national de développement apicole - 149, rue de Bercy - 75595 PARIS Cedex 12Tél. 01 40 04 50 41 - Fax 01 40 04 51 48 - Mél. [email protected]

- OPIDA : Offi ce pour l'information et la documentation en apiculture - Centre apicole - 61370 ÉCHAUFFOURMél. [email protected]

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La préparation des chambres

L’entrée sélective Elle est constituée par le col de la bouteille qui est inversé. Pour la réduction de l’en-trée : trois trous de 7 mm sont percés dans le centre du bouchon qui sera vissé et bloqué par une pointe de colle ou de mastic.

La chambre de captureElle est composée par le raccord PVC et le corps de la bouteille.- Découper dans la grille un cercle de 100 mm, à l’aide d’un gabarit, le placer dans le raccord contre les butées, le fi xer avec des points de mastic colle.

- À 5 mm au dessus de la grille, percer des trous de 5,5 mm de diamètre, tous les deux centimètres. Un sur deux sera double (soit un trou d’une largeur de 10 mm sur 5,5 mm).

- Ébarber le bord intérieur et extérieur des trous, à l’aide d’un papier de verre.

- Prendre la bouteille et sectionner la base à 35 mm du fond et l’entonnoir à 25 mm au dessus de l’étranglement.

- Rentrer le corps de la bouteille de 5 cm dans le raccord et le fi xer par un cordon de mastic colle.

La cage à appâtsElle est composée d’un récipient placé sous la grille. Pour cela, coller le support du bou-chon vissant PVC sur le fond du raccord, à l’opposé de la chambre de capture.

Le toit de protectionIl est constitué par une planchette de bois de 20 cm x 20 cm, placée à 15 cm au dessus de l’entrée du piège. - Percer deux trous en opposition à 5 cm du centre de la planchette.

- Passer le fi l de fer que l’on relie à la chambre de capture.

- Boucher les trous sur le toit à l’aide de la colle mastic.

Cette fi che a été réalisée à partir des données de « l'étude d'incidence du frelon asiatique sur les ruchers d'Aquitaine »

réalisée par l'ADAAQ et cofi nancée par la région Aquitaine et VINIFLHOR.

La publication de cette fi che est assurée par le CNDA et l'OPIDA

Bull. Tech. Apic., 34 (4), 2007, 201-204.

Photo - J. BLOT

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