Le Poeme de Gudrun

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Fcamp, Albert (1851-....). Le pome de Gudrun : ses origines, sa formation et son histoire. 1892.

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BIBLIOTHEQUEDE L'COLE

TUDES DES HAUTES SOUS LES PUBLIE AUSPICESDU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

SCIENCES PHILOLOGIQUESET HISTORIQUES

QUATRE-VINGT-DIXIEME

FASCICULE

LE t'AR

POME ALBERT

DE

GUDRUN FCAMP

PARISI:VILL1~I>QL1ILL(1\, EDITEUR DITEL'R BOUILLON,EMILE 67, RL'E RtCHEUU, 67

1893

tMPMMERtE

GNRALE

DE

CHATILLDN-SUR-SEINE.

PIOHA.T

"ET PEPIN.

LE

POME DE GUDRUN

LE

D POEME EGIIDRUNSES ORIGINES SA FORMATION ET SON HISTOIR'E

ALBERT FCAMPAXC[E\ LVE DE L'COLE PRATIQUE DES HAUTES TUDES, BIBLIOTHCAIRE CHARGE A LA FACULT DE COURS DES UNIVERSITAIRE, COMPLEMENTAIRE DE MONTPELLIER

LETTRES

PARIS MILE BOUILLON, DITEUR 67 67, RL'E RtCHELIEU,1892

LE

POME

DE

GUDRUN

INTRODUCTION= CHAPITRE ILE CYCLE DES LGENDES DE LA MER DU NORD.

Vers le temps o se formait le cycle de la grande lgende hroque allemande, cycle commun tous les peuples d'origine germanique, il s'en constituait un autre plus restreint, qui resta toujours renferm sur un terrain plus born et vcut d'une existence indpendante du premier. C'est le cycle des lgendes de la mer du Nord. Tandis que l'un embrasse dans son vaste ensemble et dans ses ramifications multiples les destines et les croyances de toutes les peuplades germaniques jusqu'aprs l'poque critique des invasions, tandis que la grandeur des vnements qu'il rsume en a fait le patrimoine commun de tous les Germains et en a favoris la diffusion dans tous les pays du Nord, l'autre cycle, retraant des croyances particulires certaines peuplades, des vnements dont le contre-coup fut insensible pour le reste de la race, demeura toujours confin sur les bords de cette mer du Nord, o il tait n, jusqu'au jour o, par une destine des deux lgendes, qui survcurent seules extraordinaire, sa disparition graduelle, l'une, le Beowulf, trouva en Angleterre un pote anglo-saxon pour la fixer, l'autre, la Gudrun, alla recevoir sa dernire forme au fond de la Styrie, l'autre extrmit du territoire germanique et presque au pied des Alpes. De bonne heure les natio.ns scandinaves, frisonnes, saxonnes furent en rapports tantt pacifiques, tantt hostiles les unes avec les autres de bonne heure elles se trouvrent portes, dans o leurs courses aventureuses, jusqu'aux Iles Britanniques 1 GM~)'Mn. FCA.MP, ~1'

2 une partie d'entre elles finirent par se fixer. La mer du Nord, ds les premiers temps de l'immigration des Germains sur ses~ ctes, devint comme un grand lac, dont les bords n'avaient plus de secrets pour aucun de leurs habitants. On connat assez la vie aventureuse de ces pirates normands ou Rois des mers (Saekongr, Vikingr), devenus la terreur des. populations de l'Europe occidentale au moyen ge. Essaim innombrable et sans cesse renaissant, ils passent sur les vagues la meilleure partie de leur existence. Prfrant aux jouissances. et aux bienfaits de la paix la piraterie, le pillage et les combats incessants, chasss au reste, pour la plupart, de leur pays, s'iL faut en croire la tradition, par une loi implacable, qui dshrite les puins (1), ou tout au moins exclus, en tant que rejetons d'unions illgitimes, de toute participation l'hritage paternel, contraints aussi, l'poque de la runion des petits tats, de cder la place un rival plus puissant qu'eux, il ne reste le plus souvent ces guerriers de profession, ces roitelets minuscules qu'un seul moyen de vivre se grouper autour d'un. chef renomm, monter avec lui sur un navire et aller, sous sa_ conduite, chercher fortune dans des contres plus riches, sous un ciel moins inhumain. Tout chef, qui se trouve l'troit sur son domaine ou qui en est expuls par quelque rival, se fait guerrier errant et ou pirate avec les A'a/Mjoe champions dvous sa personne; qui ne peut tre roi de terre se fait roi de mer, et, pouss par l'attrait 'des aventures, plus d'un roi de terre change volontairement sa royaut pour l'autre (2). Ds le iv sicle, sous la domination romaine, les alles et venues incessantes de ces pirates du Nord, dont une partie, sous le nom de Saxons, s'est cantonne sur les ctes de la Gaule, depuis l'embouchure du Rhin jusqu' celle de la Loire, forcent de i. L'existence cette loi a t nie l'aide d'argumentsd'un grand poids,entre autres par K. von Amira (DieAK/S~edes WormctHMMcAeH d a Rechts, ansS. Z., 39, 241-268), avoirtformellement dmisepar aprs J. Steenstrupdans son jKMHHtg'Normannertiden i (Copenhague, 1876, in-8).Hne nousappartientpointde prendreparti danscette discussion d'un ordretout juridique;mais, si la susditeloin'a pas exist formellement, la densitd'une population toujourscroissantedans un pays de ressources limitesa d forcment 'introduirede bonneheuredans trs l la pratique. 2. Cf. H. Martin,Ilistoirede France,2' d., 11,42S-426.

3 les Romains prendre des mesures de dfense et . les resserrer dans ce qu'on a appel le Litus Saxonicum (1). Des relations suivies existaient donc dj ce moment entre les peuplades tablies sur les diverses ctes de la mer du Nord: depuis combien de temps, c'est ce qu'il est difficile de dterminer toutefois, en remontant beaucoup plus haut et jusqu'aux premires annes de l're chrtienne, nous trouvons la mention d'une population batave, adonne au commerce, les Galedin , qui, chasse de son pays par une inondation, aurait migr en Angleterre et se serait fixe dans l'le de Wight (2). Strabon parle dj d'inondations, qui auraient contraint les Cimbres migrer, et des relations commerciales qui existaient entre l'Angleterre et le continent, entre autres, par les bouches du Rhin (3). A dater de ce moment, et l'impulsion une fois donne, l'Angleterre est devenue et restera pendant de longues annes le premier but des courses des pirates nordiques. Parties des bouches de l'Elbe et de l'Eider, des rives du JLland et de la Selande danoise, des troupes abordent de toutes parts surles ctes de la Grande-Bretagne~ s'tablissent dans les anses, remontent le cours des fleuves et peu peu prennent pied dans toute l'le. Venus au secours de Vordgern, le hros de la lgende bretonne, Hengist et Horsaa fondent en 449 le royaume de Kent; de 477 490, le saxon ~RHa s'empare du Sussex, Cerdic du Wessex et, en 495, ils conquirent Wight. En 560, les AngloSaxons fondent le royaume de Deira; en 547, ils avaient fond' celui de Bernicie (4). Une priode de calme semble alors se produire le Nord parat avoir rejet son trop plein et retrouv son quilibre. Ce ne devait point tre pour longtemps. Les Normands ne tardent pas succder aux Saxons. Au ixe sicle les incursions recommencent. En 805, Ragnar L Cf. A. Longnon, Gographie de la Gaule au me sicle, p. ~72) et la Notitia dignitatum (d. Bucking, JVo