53
LE POLYNESIEN ET LA MER .. . '.- .. - .

LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

LE POLYNESIEN ET LA MER

... '.-

.. - .

Page 2: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

LE POLYNESIEN ET LAMER

CATALOGUE D'UNE EXPOSITION

par A. LAVONDES

OBJETS DU MUSEE DE PAPEETE

photographiës par SYLVAI.N

SOCIETE DES ETUDES OCEANIENNES

OFFICE DE LA RECHÉRCHE SCIENTIFIOUE ET TECHNIOUE OUTRE -MER

Centre ORSTOM de PAPEETE .

PAPEETE- 1971

Page 3: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

Couverture. Une vU!; de l'ne de Huahine. Atlas d,= Cook.

2

Page 4: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

3

L'exposition "le Polynésien et la Mer" a étéréalisée par l'O.R.S. T.O.M" et la Société desEtudes Océaniennes.

Organisation générale et technique : A n neLAVONDES, ethnologue à l'O.R.S. T.O.M..

Mise en valeur et décoration : GérardGUYOT .

Photographie : Erwin CHRISTIAN, Cinéphot,Etudes et Travaux Sous-Marins de Polynésie,Bernard GORSKY, Axel POIGNANT, WilliamREED, _Service Mixte de Contrôle Biologique,SYLVAIN.

La Société des Etudes Océaniennes et leCentre ORSTOM de Papeete remerCient lesservices et les personnalités qui ont collaboréà l'organisation de cette exposition ~

- M. le Gouverneur. Pierre ANGELI, Chefdu Territoire, qui a accepté de la patronner etde la faire bénéficier de son bienveillant appui,

- Le British Museum de Londres, qui a au­torisé la reproduction d'objets et de documentsextraits de ses collections.

- L'office de Développement du Tourisme etson Directeur M. Alec ATA, pour' avoir mis àleur disposition sa salle d'exposition et avoirfinancé l 'acql.;lisition des vitrine s, .

Le Service de la Pêche, son Directeur M.STEIN et ses collaborateurs Mme DARIUS, MM..W. REED et J. TAPU, pour leur contribution àla, documentation écrite et photographique surla culture de l'huitre perlière "et de la chevretteet sur les poissons,

- Et parm~. les personnalités:

. M. Gilles ARTUR, Mme BONNEFOND, M.FOURNANOIR, M. et Mme Bertrand GERARD,Mme M. KELLUM OTTINO, M. LEGAND, MmeLEPELLEY, MM. LEQUERRE, J. MARTIN,le R. P. O'REILLY, MM. Tiho RUSSEL, TutahaSALMON, Dr Y.H. SINOTO, M. VERNAUDON,M. le Pasteur VERNIER, M. Rodo WILLIAMS,pour leur contribution à la documentation, auxdessins, aux traductions..

Leurs remerciements vont tout particuliè~

rement à M. B.A.L. CRANSTONE et à Mr. etMme POIGNANT, qui ont accepté avec beaucoupde gentillesse de choisir eux-mêmes des objetset des manuscrits conservés au British Museumet d'en réaliser les photographies.

Leur reconnaissance va également à M.Yves de SAINT-FRONT, artiste bien connuà Tahiti, qui a bien voulu par son talent·contribuer à la réussite de l'exposition..

Page 5: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

4

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

Page 6: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

INTRODUCTION

Il lallait à cette exposition un thème toujoursactuel qui souligne la continuité entre le passéet le présent. Or, le Polynésien et la mer sontdes compagnons de toujours. Si, depùis lesgrande s migrations. accomplie s aux temps recu­lés de leur histoire, les Polynésiens ont bienchangé, à l'égard de l'Océan, ils sont restésles mêmes, dépourvus de crainte, dans cette in­timité que donnent une longue habitude et unegrande expérience.

Quand debout sur une planche, ils glissentsur la vague, ou que dans leur 'pirogue étroiteils perdent leurs iles de vue, quand ils plon­gent, le fusil sous-marin à la main, à 1 affûtdu poisson qui passe, ils sont toujours les mê­mes par cette souplesse devant les éléments,toujours surprenante pour l'étranger, .deceuxqui ne cherchent pas à dom.tner la nature ou àl'oublier, mais à s'y intégrer.

Perdus en m,':)r comme cela arrive encorede nos jours, les Polynésiens peuvent survivretrès .longtemps en se noùrrissant des poissonsqu'ils pêchent,· parfois avec des moyens trèsprécaires, lorsqu'ils ont oublié de laisser enpermanence des hameçons dans un coin deleur embarcation. ils savent ne pas s'épuiseren lutte s inutiles mais s'il le. faut, ils peuventpagayer, écoper, pagayer, écoper pendant desheures ou même des jours alors que tout autrese laisserait .aller à l'angoisse et à ses con­séquences fatales.

il en était certainement ainsi lorsqu'ilsfaisaient aùtrefois de longs voyages sur leursbateaux qui n'étaient pas de haut bord, maisd'où l'on pouvait toucher la mer avec la main.

Tirant parti de leurs connaissances sur lesdifférents visages de la mer, les vents, la hou­le, les nuages, les courants, les oiseaux, la na­ture des fonds, les différences de températurede l'eau, les saisons, les jours, les nuits, lalune, lesastres, connaissances empirique s,maissouvent utiles, les Polynésiens ont vécu de ssiè de s en tirant de l'océan, une part importantede leursressources alimentaires, ornementalesou utilitaire s.

Sur . l~s atolls où de partout, on sent et onentend la mer, le Polynesien vivait d'elle ex- .clusivement. Et il n'y a pas silongtempsencore,

5

.il Y était plongé à sa naissance et y retournaitaprès sa mort. . .

On comprend alors que les relations del 'homme avec la mer aient eu une grande impor­tance dans la' rr1j'thologie et les rites anciens:chants et récits concernant la mer, invocationsavant la pêche, pirogues sacrées, images depierre en forme de poissons ou de tortues.Construite religieusement la pirogue transpor­tait les représentations des dieux et dans cer­taines circonstances, une pierre provenant. dumarae d'origine de ses occupants.

. Enraciné à la terre où il est né, le Polyné­sien est tout aussi attaché à la mer qui l'entou­re.Plus gu'aucun peuple du monde, il appartientà"la fois à l'une et à l'autre. .

Page 7: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

2

2. Les objets les plus anciens trouvés en Polyné­sie française. Ils proviennent du site dunairede -Hane, dans l'fie de Huahuka aux M.:nquises,fouillé par Y.H. Sinotû du Bishop Museum.

En haut : tête de harpon en os, à perfo:ra ­tion, dont l 'original e st conservé au BishopMuseum.

Au dessous, de gauche à droite: un tessonde poterie non décoré. La poterie a été trouvée

6

en très petite quantité dans le niveau le plusancien qui date d'avant 850 après J.C. Une têtede harpon en nacre. Un pendentif en dent de ca­chalot travaillé. Pointes en os et en nacre ethampe d 'ham.oçons à cuiller pour la pêche à labonite. Hamt~çons en nacre et hameçon circu­laire incomplet en os. Les ham=çons en os sontparticuliers aux niveaux anciens.

Page 8: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

LES MIGRATIONS

Qui sont les Polynésiens? D'où viennent­ils ? Depuis que l'Océanie est connue du mondeoccidental. ces questions ,n'ont cessé d'être po­sées da~s de multiples ouvrages et articles.Voyageurs, écrivains et savants leur ont donné.des réponses variées. dont beaucoup sont depure fantaisie. Certains,' ce~ndant. et pas tousparmi les plus modernes. ont proposé des hy-'pothèses sérieuses que viennent souvent con­firmer les recherches actuelles. Mais parce .que les connaissances scientifiques en matièred'anthropologie. de linguistique etd'archéologie

- étaient encore trop sommaires, aucune de cesthéories ne pouvait s'appuyer sur des quanti­tés suffisantes de faits absolument certains. Onse contentait souvent de comuarer des coutu­mes. des mots ou des objets4 isolés sans tropse soucier de la chronologie et des contexteshistor~ques et culturels dans lesquels ils. seplaçaient. Les coutumes. qui n'étaient pas étu­diées systématiquement. pouvaient donner lieuà diverses interprétations et on comparait sou­vent des éléments qui n'avaient rien de compa-

. ,rable. On avait tendance à oublier égalementque des peuples éloignés dans l'espace et sanscontacts entre eux. peuvent aboutir aux mêmesinventions et aux mêmes réalisations.

LES GRANDES THEORIES

Avec le recul dont nous disposons mainte­nant, il est devenu pos'sible de séparer ces au­teurs suivant leurs convictions sur l'origine desPolynésièns. ' ,

Evidemment. èette tentative de répartitiondevient plus compliquée, à mesure que l'on serapproche des auteurs actuels; car les problè­mes posés sont de. plus en plus complexes.

On n'envisagera ici. d'après le travail deAlan Howard sur ce sujet (1967) qu'une partieseulement de ceux qui ont écrit sur le peuple.:.ment de la Polynésie. '

On peut distinguer:

1) LES PARTISANS D'UNE ORIGINE AUTO­CHTONES DES POLYNESIENS'

J.A. Moer~~out. commt::rçant et écrivain.

1

1837, croyait à l'existence d'un grand continentocéanien disparu dont les fies seraient desves­tiges. .

Les Polynésiens ne seraient 'pas venus par. migrations. mais seraient autochtones. Cettethéor~e n'eut pas de succès par la suite, enraison des preuves géologiques qui.furent don­nées contre l'existence d'un tel continent perdu.

. Pierre Adolphe Lesson. médecin. naturalisteet philologue. 1880-1889. pensait que tous les Po­lynésiens étaient originaires de là Nouvelle-Zélande. •

2) LES PARTISANS DE L'ORIGINE AME-, RICAINE .

Plusieurs auteurs considèrent que les Poly­nésiens n'étaient pas d'assez bons navigateurspour être venus de l'Ouest face aux éourantset aux vents contraires. '

, Certains supposent; comme le missionnaireWilliam Ellis.' 1830, que les Polynésiens ont unelointaine odgine asiatique~ mais qu'ils sont ve­nus en Amérique'par le détroit de Behring etont peuplé le Pacifique depuis l'Amérique.

En 1947. Thor Heye'tdhal tenta de prouverau monde, parI 'expéd,ition spectaculaire duradeau Kon Tiki que le' 'peuplement de la Poly­nésie s'était fait depuis"1 'Amérique. Selon lui,une première migration aurait quitté la côteNord-Ouest de l'Amérique pour s'installer àHawaii et en Nouvelle"; Zélande. Une secondemigration aurait eu lieu depuis la côte péru­vienne : une population pré-inca:ique. d'aspectcaucasoide. ayant de grandes écinnalssancestechniques. aurait civilisé les Indiens. puis oc­cupé la Polynésie de l'Est et du Centre.

Les hypothèses d'Heyerdhal s'appùien~ es­sentiellement sur la nature des vents et descourants dans le Pacifique et bien qu'il ait uti­lisé également des arguments archéologiques.botaniques. ainsi que les techniques de naviga­tion. ses preuves restent très minces et toutesa' thèse est entachée d'un ethnocentrisme 9uila rend à priori suspecte. Sa désinvolture à 1 é­gard de toute chronologie est à l'origine égale­ment de nombreuses erreurs et lacunes.

, De nombreux anthropolo~ues et àrchéolo­gues, confirmés se sont éleves vigoureusementcontre la thèse d'Heyerdhal. Il reste cependantle problème de la patate douce. Malgré les tra­vaux des ethno-botanistes. en particulier O. Yen.il n'est pas encore résolu. Connue il y a 4.000ans sur la côte du pérou. la patate douce cons-'titue un des principaux argum_ents d'Heyerdhalen faveur du peuplement de la Polynésie depuisl'Amérique. Comment les Polynésiens ont-ilsobtenu la 'patate douce et pourquoi n'ont-ils pas

,adopté en même temps le maïs que les péru-' ,viens, cul!ivaient depuis longt~mps? Si le s pé-

Page 9: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

ruviens étaient venus jusqu'en Polynésie, ilsauraient certainement apporté le maïs aveceux. Si ce sont les Polynesiens qui ont abordésur la côte du Pérou, ils ont pu n'emprunterque la patate douce, pour des raisons culturel­les, puisqu'ils étaient traditionnellement ·desmangeurs de racines et ne cultivaient pas decéréales. On ne sait finalement rien des con­tacts qui ont pu se produire entre la Polynésieet l'Amérique avant les voyages des premiersEspagnols ( Mendana, Quiros, 1595).

3) CEUX QUI SITUENT L'ORIGINE DES PO­LYNESIENS A L'OUEST DU PACIFIQUE

Ce sont des plus nombreux et ils commen­cent avec Jaffio~s Cook, navigateur, 1784. HoratioHale, linguiste, 1846 : les Polynésiens sont dela même race que les Indiens orientaux. LaPolynésie de l'E st aurait été peuplée depuisTonga et Samüa. Armand de Quatrefages deBréau, naturaliste et anthropologue, 1866 : lesPolynésiens seraient des descendants des Ma­lais. Comme Hale, Quatrefages utilise les gé­néalogies pour dater l'époque des migrations.En se basant sur la durée moyenne du règned.es souverains europé,ens~ il compt~ env~ro~vmgt et un ans par generatlOn et parVIent amSIà des dates très proches de celles que l'on ad­met actuellement pour le peuplement de la Po­lynésie. Abraham Fornander, 1878, s'appuiesur les légendes et les cosmügonies.

A la fin du XIXe siècle, apparaissent lesthéories sur les m.igrations venues de l'Ouestpar vagues succes$ives, parfois par des routes

différentes.

Des érudits, en particulier des linguistes,tentent de préciser l'origine. des populationsqui ont participé à ces différentes migrations.

E.S. Craighill Handy, ethnologue, 1930, acontribué considérablement à accréditer lathéorie selon laquelle la Polynésie a été peupléepar deux vagues successives. li en donne pourpreuve les deux éléments différents qui exis­taient à Tahiti, les manahune ou serviteurs quireprésentaient la première vague et les ariiou chefs, population plusrécenteetplusévoluée.Mais plus que de migrations, il s'agissait devoyages accidentels s'étendant sur des millé­naires.

Cette théorie, appuyée sur des données ethno­logiques conjecturales, a été presque complète­m~nt abandonnée depuis.

Aux nom:, de Peter Buck, Kenneth P. Emoryet H.D. Skinner sont liées les premières étudessur les différences culturelles à l'intérieurmême de la Polynésie et sur les relations en­tre les groupes d'fies.

H.D. Skinner, archéologue et muséologue,

8

1933, distin&uedeux aires culturelles: La Po­lynésie de 1 Ouest comprenant Samoa et Tongaet la "Polynésie marginale" avec la Nouvelle­Zélande et les autres archipels. Il s'est employéà étayer ce t te distinction par des documentsethnographiques et archéologiques et pense queSamoa et Tahiti ont été peuplés à la même épo­que par des colons bien équipés partisd'Indoné­sie et des Philippines vers 700 ou 800 aprèsJ. C. Après avoir abandonné la poterie et le mé­tal, à la suit~ de leur trop grand éloignement,les Tahitiens se sont differenciés des Polyné­siens occidentaux par un art et un artisanat éla­borés.

Peter H. Buck, dont le nom polynésien étaitTe Rangi Hiroa, était maori par sa mère. E thno­logue, il fut longtemps directeur du Bernice P.'Bishop M'lseum de Honolulu. AngQissé de voirdisparaître rapidem.:mt 1e s traditions polyné­siennes, il passa son existence à accumlùer unénorme matériel ethnographique sur la Polyné­sie. Réfléchissant sur les origines de son peu­ple, il se servit de toute la documentation utili­sable à son époque pour bâtir sa théorie(l938).

Il pensait que les Polynésiens sont venus del'Inde en passant par l'Indonésie et qu'ils ontpoursuivi leur route à travers les atolls de laM.icronésie jusqu'aux Gilbert. De là, une pre­mIère vague aurait peuplé Samoa, Tonga, lesIles de la Société et Hawaii. Les manahune se­raient les descendants de ces premIers colons.Buis une autre vague partit de Micronésie pours'installer à Raiatea. Entre le 12e et le 14esiècle, des expéditions à effectifs réduits selancèrent dans l'inconnu depuiS les Iles de laSociété où la vie était devenue difficile parsuite de l'accroissement de la population etdes luttes intérieures.

Les Marquises furent peuplées, puis Man­gareva et l'Ile de Pâques. Les Iles Cook, Ha­waii et la Nouvelle-Zélande furent occupées àleur tour.

K. P. Effio:>ry, archéologue, 1959, annonce ladirection dans laquelle vont s'opérer les re­cherches au cours de ces dix dernières années.Il pense qu'il n'est pas nécessiare de recher­cher les Polynésiens très à l'Ouest et queceux-ci n'avaient pas obligatoirement le mêmeaspect physique, la même langue, et la mêmecivilisation qu'aujourd'hui. "Ce qui apparaîtmaintenant probable", écrit-il, 'c'est qu'unpeuple d'origines diverses s'est réuni dans unarchipel occidental de l'aire polynésienne auxenvirons de 1500 avant J. C., et dans un isole­ment relatif, leurs descendànts, leur langue,leur culture ont pris les traits que les Polyné­siens actuels possèdent en com::nun et qui leurdonnent leurs caractéristiques distinctives".

Robert C. Suggs, archéologue, 1957-1961,d'après les résultats d'une campagne de fouil­les à Nukuhiva, aux fies Marquises, faitrem::m­ter les migrations polynésiennes aux env;rons

Page 10: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

Comme on le verra, cette opinion n'est pasen contradiction avec les dernières données del'archéologie.

Les dates suivantes sont les plus anciennesdes dates certaines trouvées pour un site donné,m'lis elles n'indiquent pas àbligatoirement l'é­poque de première occupation humaine, qui danscertains cas peut être plus ancienne.

gues parlées dans les'différents archipelspoly­nésiens avait déjà été remarquée de Cook et deses compagnons. Les savants réalisèrent trèstôt également la parenté qu'il y avait entre leMalais et les langues polynésiennes. Ils en dé­duisirent l'existence d'une grande aire linguis­tique malayo-polyn'ésienne qui englobait égale­ment Madagascar.

Les travaux archéologiques de ces dernièresannées sont caractérisés surtout par des fouil­les stratigraphiques dont les principaux niveauxculturels peuvent être généraleffio~ntdatés par lécarbone radioactif ou carbone 14. Cette métho­de pratiquée dans des lieux très divers et à desprofondeurs :importS-ntes, offre la possibilité desituer dans le temps avec une assez grande pré­cision, les époques de première occupation hu­maine pour ces régions respectives. Un simpleexamen de quelques datations de niveaux an­ciens montre immédiatement que l'à théorie d'unpeuplemen! par l'Amérigue ne repose suraucunebase archeologique. En effet, plus on va vers

. l'est, plus ces dates sont récentes.

270 avant J.C.

500 avant J. C.

590 avant J. C.

510 avant J.C.850 avant J. C.510 avant J.C.

1527 avant J. Co

vers 500 avant J.,C.

Iles Mariannes, Saipan(Spoehr) .Iles Mariannes, Guam.(Reinman)Nouvelle-Bretagne, lie deWatom (Specht)Nouvelle s-Hébride s,Makura (Garanger)Nouvelle s-Hébride s,Tongoa (Garanger)Nouvelle Calédonie (Gifford)Fiji, Sigatoka <Birks)Tonga, Tongatapu(Poul sen) .

Actuellement, les linguistes travaillent àrecon~tituer la langue qui serait l'ancêtre deslangues polynésiennes actuelles. Ils comparentces langues entre elles, par des analysespoussées sur la phonétique, la sémantique etla grammaire, en recherchant les ressemblan­ces et les différences. Ces linguistes ont misen évidence la parenté des langues mélanésien­nes en particulier les langues de Rotuma, Fiji,Salomons du Sud-est, Nouvelles Hébrides cen­trales, avec le groupe polynésien. Uun d'entreeux, Bruce Biggs va jusqu'à écrire qu'au pointde vue linguistique, il n existe aucune preuvede migrations polynésiennes venues de régionssituées plus à l'ouest que l'aire mélanésienne.Pour lui, la Polynésie est une branche de laMélanésie.

L'ETAT ACTUEL DE LA QUESTION

L'ethnologie et en particulier l'étude deslégendes et des généalogies ayant maintenant

. démontré leur. impuissance à résoudre le pro­blème des migrations, c'est à l'anthropologie·physique, l'ethnobotaniqüe et surtout la linguis­tique et l'archéologie de prendre la relève.

Mais les chercheurs de ces disciplines, quin'ont plus le désir un peu ambigu de concilierles faits observés et la mythologie des grandesodyssées polynésiennes et qui ont rompu avecla tradition des grandes théories sur les migra­tions, peuvent paraître au non initié assez dé­courageants par leur prosaisme et leur modes­tie. Résolus à ne plus mettre la charrue avantles boeufs, ils ont renoncé aux grandes flèchestracées à travers tout le Pacifique. Procédantde proche en proche, ils ne comparent plus quece qui est immédiatement comparable, groupesde mots, dates, objets identiques, et s'ils re­trouvent traces de grandes migrations, ils n'enrévèlent que les courtes étapes.

En linguistique,' la similitude entre les lan-

de 2.200. avant J. C. Partis de la Chine du. Sud,des populations malayo-polynésiennes traver­sèrent les Philippines pour faire route progres­sivement vers la Mélanésie et la Papouasie..Les fies Tonga et Samoa auraient été peupléesdepuis les Fidji. Vers le second siècle avantJésus-Christ, les Marquises et Tahiti furentoccupées. Depuisles Marquises, les Polynésienspeuplèrent l'Ile de Pâques, Ma.ngareva et .1 esTuamotu de l'est. Partant de Tahiti, ilsrencon­trèrent les îles Hawaii vers 100 après J. C., laNouvelle-Zélande vers l'an. 1000, ainsi que lesfies Australes et les Tuamotu de 1 ouest.

Cette hypothèse, qui ·com::nt~les précédentes,.écarte définitivementla thèse de Buckd'unpeu­plement a travers la Micronésie, est la derniè­re grande théorie envisageant les déplacementsdes Polynésiens depuis leur origine présumée enAsie du Sud-Est jusqu'aux îles de la Polynésieorientale.

La question: "Les Polynésiens furent-ilsde grands navigateurs?" a presque autant quel'origine asiatique ou ,américaine suscité lacontroverse. En 1956, Andrew Sharp écrit queles Polynésiens n'avaient pas de connaissancessuffisantes en méitière de navigation pour en­treprendre de grands voyages maritimes. Lesîles Hawaii et la Nouvelle-Zélande n'ont puêtre peuplées que par des voyages accidentels.

.. Cette question fut débattue par la suite (1962:­1963) entre des spécialistes du, Pacifique, cher­cheurs et navigateurs;, Bien qu'ils aient démon­tré le caractère empirique et rudiffio~ntairedes

. connaissances en navigation des anciens Poly­nésiens, c~la n'exclut pas que d~ relativementlongues traversées aient éte entreprises déli­bérement. Ce qui ne peut, à nos yeux, que le,s

- renjre plus extraordinaires et fascinantes.

9

Page 11: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

3

4

3. Pirogues de voyage dans l'île de Tahaa. Aqua­relle de Sydney Parkinson. British Museum.23921 f. 17.

4. En haut: deux herminettes trouvées dans un si­te funéraire datant des environs de l'an 1 000après J.C. Les herminettes sont de sectionrec­tangulaire pour l'une, triangulaire pour l'autre.Fouilles effectuées à Maupiti, aux îles de la So­ciété par K. P. Emory et Y.H. Sinoto, pour leBishop Museum.

Au dessous, de gauche à droite:- Une plom1;)ée conique pour leurre à poulpe

Cette forme n'a été trouvée quedanslesniveauxles plus anciens, mais elle existe à Samoa com­me objet archéologique et ethnographique. .

- Une hermi.nette de section quadrangulaireet une herminette de section triangulaire. Cesobjets anciens viennent de Hane, aux Marquises.

10

Page 12: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

D'autres archéologues, sans y voir l'origine·de la culture polynésienne; considèrent cetterégion comme "l'une des principales étapesdespopulations polynésiennes au cours de leurslents et complexes déplacements jusqu'aux li­mites extrêmes du triangle polynésien" (J.Ga­ranger. 1966). Aussi; les archéologues sont-ilsriombreux à y travailler actuellement : J. Da­vidson, J. Garanger, J. Golson, R. Green, B.Pal­mer, J. Poulsen, R. et M.E. Shutler, J. Specht,etc ...

Les objets trouvés par les archéologues aucours des fouilles, poterie, herminettes, outilsen coquillage, hameçons, poids de pêche, orne­ments, pilons, etc ... ~arce qu'il s diffèrent etévoluent d'une période a l'autre, caractérisentégalement les différents niveaux culturels. Etparçe que de§ obje~s identiques se retrouventdans des sites.éloignés, il devient possible defaire des' çomparaisons, de défihirdes niv~auxde culture commune et de situer dans le tempsles contacts entre les archipels.

. Ainsi, la découverte d'un même type de pote­rie décorée en Mélanésie (lie de Watom enNouvelle~Bretagne,Nouvelles-Hébrides centra­les, Nouvelle-Calédonie, Fiji) et à Tonga, prendune importance très grande en archéologie. Ilsemble que plus on remonte dansle temps, moinsles cultures mélanésiennes et polynésiennessont différenciée s. Certains cherche ur s pensentqu'il faut rechercher l'origine de la culture po­lynésienne dans une culture océanienne ances­trale qui se situerait vers le milieu du premi~r

millénaire avant Jésus-Christ dans les lies me­lanésiennes actuelles et la Polynésie occidenta-le. .

Samoa, Upolu (Greenet Davidson)Niveau de découverte despremières poteries aux SamoaIles Marquises, Uahuka(Sinoto)Ile de Pâques (Mulloy)Iles de la Société, Maupiti(Emory et Sinoto)Iles de la Société, Moorea(Emory etSinoto) versHawaii, (Emory)Nouvelle-Zélande, WairauBar (Duft)

70 avant J. C.,a

70 après J. C.

850> après J.C.857 après J.C.Entre 860 et

1190 après J. C.

1000 aprè s J. C.957 après J. C.

1150 après J. C.

non décorée dans les niveaux inférieurs dugroupe nord des Marquises, fut une révélationcar' on avait toujours pensé que les Polynésiensavaient perdu l'usage de la poterie avant leur'installation en Polynésie orientale. Cette trou­vaille associée à d'autre s éléments comparatifs(herminettes, plom.bées de leurre à pieuvre deforme conique) révèle des relations étroitesentre Samoa et les Des Marquises. Il est deve­nu possIble d'affirmèr avec une assez grandecertitude que les Des Samoa sont à l'origine dupeuQlement des Marquises.

6'autres fouilles se sont également révéléestrès importantes pour la connaissance de lapréhistoire polynésienne. En 1963, K.P. EmlJryet Y. H. Sinoto d'il Bishop Museum opéraientla mi.se à jour dans un ilot de Maupiti aux Ilesde la Société, de quinze sépultures accompagnéesde matériel, tels que herminettes, hameçons,ornem..~nts, tous d'un type assez archaïque,trèsproche de ce qu'avait déjà trouvé R. Duff enNouvelle - Zélande. .

Les résultats de ces.travaux o~t' apporté.unéclairage nouveau sùr la manière dont s'~stréalisé le peuplement de la Polynésie orientaleet marginale. Y. Sinoto considère les Des Mar­quises comme le centre de dispersion principaldans cette région du Pacifique. Les Polynésiensétablis aux Marquises auraient rejoint les liesde la Société, puis Mangareva et l 'De de Pâques.Les lies Hawaii et la Nouvelle-Zélande auraientété peuplées à partir des Marquises et de Tahi­ti.

On peut dire'que les problèmes posés par lepeuplement de la Polynésie sont en bonne voied'être résolus. L'archéologie dans le Pacifiquen'en est qu'à ses débuts, de nouveaux tra-yauxviendront confirmer ou infirmer les hypothesesactuelles et surtout enrichir nos connaissancessur ce sujet passionnant.

Des recherches récentes ont montré que dansle passé, les lies Tonga eUes Sam::>a étaient plusdifférentes l'une de l'autre qu'elles ne le furentultérieurement, à la suite de nombreux contacts.On a trouvé, en particulier, dans le s niveaux pro-

, fonds des Samoa, des fragments d'une poterienon décorée qui diffère de lapoterie à décor de sTonga. Cette découverte interesse directement·nos connaissances sur le peuplement de la Poly­nésie de l'Est, depuis que R. Suggs en 1957et Y. Sinoto en 1964-1965, ont trouvé de la pote­rie aux Des Mar9uises, l'un à Nukuhiva, l'autreà Uahuka. La decouverte de .tessons de poter.ie

11

Page 13: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

5

6. No 112, modèle réduit de pirogue m,wquisien­ne, L55 cm.

5. Foumes de Maupiti, Des de la Société: hampeet pointe d 'hameçon à bonite. Pendentif en dentde cachalot. Les pendentifs sont anciens. On atrouvé des formes très semblables aux Marqui­ses, à Maupiti et à Wairau Bar en Nouvelle­Zélande, le site du chasseur de ffi<)a fouillé parOuff.

6

12

Page 14: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

LA NAVIGATION

LES PIROGUES.

Nous ignorons malheurèusement tout de lanature, de la forme, de la construction jes em·­barcations qui ont permis aux an.: len:> Polyné-'siens d'accomplir leurs grands voyages à tra­vers le Pacifique. On n'a jamais exhumé enPo­lynésie, des embarcations entières, vieilles decentaines d'années, comme on a pu le faire dansd'autres régions du globe, en Europe septentrio­nale, en particulier.

On peut seulement supposer que les anciensPolynésiens naviguaient, comme leurs descen­dants, sur des pirogues fabriquées à partir d'unou plusieurs troncs d'arbres et équilibrées parun balancier ou sur des pirogues doubles.

Par contre, nous connaissons assez bien lesembarcations qu'utilisaient les Polynésiens aumoment de l'arrivée des Européens dans le Pa­cifique. Les navigateurs occidentaux se sontpresgue immédiatement intéressés aux pirogueset c'etait un des traits de la culture polynésiennequ'ils pouv'aient le pluscommodémentobserver.A chacune de leurs escales, les navires étaiententourés de nom'Jreuses pirogues dont les des­sinateurs de Bougainville et de Cook nous ontlaissé des images plus ou moins fidèles. Nousles connaissons également par des modèlè.s ré­duits conservés dans les musées, mais bien peu.d'entre eux sont à l'échelle.

Les pirogues polynésie'nnes étaient de deuxsortes: grandes pirogues doubles et piroguesà balancier.

Aux Marquises, les pirogues doubles utili-. sées pour les voyages inter-insulaires sem­

blent ·avoir été très rares même au début de lapériode historique. En revanche, on sait queles pirogues de guerre et les pirogues de pêcheétaient à balancier. '.

Les pirogues de guerre, qui mesuraient en­tre 12 et 15. mètres de long, étaient forméesd'une coque prolongée à l'avant et à l'arrière.par des projections décoréesde sculptures;mo­tifs en tête de tiki et tiki entiers. La coque étaitsurélevée des deux côtés par des bordés qui luiétaient fixés par des ligatures en bourre de co­co trè·ssée. La Couture était reCouverte d'unelongue baguette de bois horizontale à laquelleétaient attachées des touffes de plumes. 'Si desmotifs sculptés non. figuratifs. apparaissaient

13

parfois sur les pirogues, ils étaient limités àla poupe, à la proue et à la face extérieure desbordés supérieurs. Ce ne sont que les modèlesréduits plus récents qui sont entièrement déco­rés.

La voile, probablement en pandanus tressé,était triangulaire et fixée entre deux mâts.

Les pirogues de pêche étaient pour les plusgrandes, larges et profondes, avec des bordésélevés. Les pirogues ordinaires pour la pêcheprès des côtes étaient faites d'une simple coquecreusée dans un seul tronc d'arbre.

Aux îles de la Société, les types d'embar­cations étaient nombreux et variaient proba­blement selon les îles.

Les pirogues doubles avaient des fonctionsdifférentes suivant leur forme : les grandespirogues de voyage étaient faites de plusieurscoques ajoutées bout à bout, car un seul troncd'arbre évidé aurait été trop court. Les deuxcoques accouplées étaient très relevées à l'ar­rière et surml)ntées chacune d'un poteau scul­pté de motifs décoratifs et terminé par un tiki.Les coques étaient surélevées par deux bordéssuperposés, touteS les pièces étant liés ensem­ble par des ligatures: ces liens en bourre decoco tressée passaient dans des trous percéstout le long du bord des planches. Les deux pi­rogues étaient réunies par des traverses etpar une plate-forme sur laquelle pouvait êtreédifié un abri en matériau:x; végétaux. Un mâtsitué à l'avant permettait de fixer une voile enfeuilles de pandanus tressées.

Les doubles pirogues de guerre étaient as­. sez semhlables, mais les deux extrémités é­taient très relevées et décorées. Ces piroguesétaient propulsées à la pagaie. .

Les pirogues pour la pêche au large, enpar­ticulier la pêche aux gros thons, étaient cons­truites suivant les mêmes principes, mais l'a­vant de chaque pirogue était prolongé par uneplate-forme sur laquelle pouvaient se tenir lespêcheurs. L'arrière, très caraCtéristique de cetype de pirogues, se terminait en tableau obli­que, d'où leur ·nomtahitien de va'a no'o. Cespirogues étaient munies d'un grand mât mobilefaisant office d 'antenne ~our soutenir la ligneet de deux gros avirons a l'avant pouvant fairefreins. Elles étaient manoeuvrées par des pa­gayeurs.

. Les pirogues à balancier allaient de la pe­tite embarcation manoeuvrée à la pagaie aux pi­rogues de plus grande taille pouva.nt supporterune voile et permettant. de naviguer d'une îleà l'autre ou d'aller' pêcher au loin. Ce derniertype, appelé va'a motu, n'a dis~aru des îles dela Société q~'au débu.t du XXe sieole.

La c051ue souyent relevée par des planchescousues etait courbée à l'arrière èt se termi-

Page 15: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

7

7. Le hangar à bateaux du Musée de Pap:=ete.En haut, No 750, pirogue à balancier de Ta­

takoto, Tuamc·tu, 4,34 m.A gauche, No 752, pirogue cousue de Ra'iva­

vae, Australes, 8,70 m.Au-dessous, No 751, pirogue tahitienne ayant

appartenue à la famille royale Pomare et nom­mée Pua'a-ta'a-'ino, 7,06 m.

Au centre, No 799, grande embarcation àvqile de Vaitahi, Tuamotu, 7,94 m.

14

Page 16: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

8

8. Avant de pirogue marquisienne. Atlas de Cook.

15

Page 17: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

9

//~'~>'"/. \ .:.."..,

/ ~~

/ ; "

I l , \ ..••\ . .'( \\ ;',

1 \/i

/1

)1

1

()

9. La première gravure d'une pirogue vaa-motudes îles de la Société. Voyage de Bougainville,1771.

16

Page 18: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

/la. No 450. Arrière de pirogue. Rapa. 91 cm.

ll.No 753. Avant de pirogue va'a motu. Huahine,Des de la Société. 2 m.

17

Il

Page 19: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

12

12.No 113. Modèle réduit de pirogue. Tuamotu.134 cm.

1313. Pirogues des Tuamotu.. Détail des coutures en

bourre de coco tressée.

14

14. Arrière d'une pirogue à balancier. Tatakoto,Tuamotu. Détail montrant comment la poupe,la quille et les bordés sont fixés les uns auxautres.

18

Page 20: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

15

16

15. Partie arrière d'une em'Jarcation à voile. Vahi­tahi, Tuam)tu. La barre transversale visiblesur la photo est traver sée au centre par un troudans lequel était fixé un espar vertical. Un avi­ron très lourd, qui servait de gouvernail, pivo­tait autour de cet axe.

16. Nos 640 et 138. Ecopes marQuisiennes. 25 et26 cm.

19

Page 21: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

nait par une planche verticale. La proue était .prolongée par une projection plane horizontale.Une des caractéristiques de cette pirogue étaitla plate-forme située transversalement au pieddu mât "permettant à l'équipage de faire con­trepoids si la pirogue donnait trop de gîte auvent" .

On trouvera danEt 'Pirogues anciennes de Ta- .hiti "par le corn ll,tndant P. Jourdain, cité ici,com'l1t3nt se faisait la manoeuvre des voiles surces pirogues, ainsi que des élém~nts plus com­plet s sur les différents types de pirogues utili­sées autrefois à Tahiti.

Pour les îles Australes, nous ne connaissonspas de gravures représentant des pirogues autemps de Cook. D'après les anciens voyageurs,celles-ci n'étaient pas très différentes des pi­rogues observées à Tahiti. La pirogue cousuede Ra'ivavae est une survivance qui s'est main­tenue jusqu'à nos jours ; le Musée de Papeetepossède un exemplaire, d'une pirogue à balan­cier longue de 8,70 m. La coque est faite de

deux troncs creusés mis bout à bout et surmon­tés d'ùn bordé cousu terminé en plat-bord. Laproue est pJ;olongée par une planche horizonta­le qui <;lépasse.!a coque de 80 cm, tandis que.1aprOjectIOn arnere est beaucoup plus redulte(12 cm). .

A Rapa, les pirogues étaient constrUItesà partir de nombreuses planches cousues en­semble, mais nous n'en connaissons que le sfragments qui ont été retrouvés dans des grot­tes ou dans les tarodières.

Aux Tuamotu, les variations local~s étaientnombreuses, mais comme les grands arbressont rares dans les atolls, toutes les piroguesétaient faites de petites. planches cousues lesunes aux autres. A la différence des piroguesconstruites dans les îles hautes, il n'y avaitpas de coque creusée, mais une quille, rele­vée à l'avant et à l'arrière, sur laquelle étaientfixées par ligature et les unes au bout des au­tres, les planches constituant la coque. Lesgrandes pirogues nécessitaient plusieurs hau­teurs de planches. Comme à Tahiti, les piro­gues étaient à balancier ou doubles. Ce n'estque sous l'influence européenne que l'on cons­truisit, toujours selon les mêmesprincipes,desembarcations plus larges, en forme de balei:­nières, qui n'avaient pas besoinde balancier. Lacarcasse était consolidée par une série de cou­ples. Ces embarcations naviguaient à la voile,d'une île à l'autre. Un aviron très lourd servaitde gouvernail. Un bateau de ce type est conservéau Musée de Papeeteo

A Mangareva, les pirogues étaient de diffé­rente s grandeur s. "Lesune s étaient simple savec un balancier, quelques autres étaient sim­ples encore et sans balancier, mais les plusbelles et les plus grandes étaient doubles...On conçoit que les pirogues étaient pour lesgrandes opérations. Dans le service ordinaire

20

on ne se servait que de radeaux... composés de.plusieurs. poutres, l'une à côté de l'autre, etliées ensemble .avec des traverses et des cor­des". C'est ainsi que le P. H:moré Laval dé­crit les em.'Jarcations de Mangareva. Mais lesMangareviens avaient déjà abandonné les piro­gues au moment de l'arrivée des Européens etil s ne se servaient que de radeaux. '

11 serait trop long ici de décrire toutes lespirogues polynésiennes. Contentons-nous de di­re que les plus somptueusement décorées é­taient les pirogues de Nouvelle-Zélande dontl~,proue et l.a pou.~ étaient form~es de gran,despleces de bOlS entlerem~nt sculptee s et ajourees.Comme les pirogues marquisiennes, les piro­gues de Nouvelle-Zélande étaient décorées avecdes touffes de plumes d'oiseaux marins. Lespi­rogues à balancier disparurent très tôt aprèsl'arrivée des Européens et au m:lieu du XIXesiècle, il n'existait plus de pirogues doubles enNouvelle-:Zélande.

LES PAGAIES

Elles étaient de formes diflérentes selonlesarchipels et suivant qu'il s'agissa'it de pagaiesordinaires ou d'avirons de queue utilisés commegouvernail.

Les pagaie.s étaient légères, de form~ ronde,ov~l~ ou pa;:-fo.ls en losan~e. ~es pagaies mar...:qUlslennes etaIent caracterisees par une sorted'éperon sculpté à la base que l'onOretrouve surles pagaies cérém:mielles de l'île de Pâques.Les pagaies marquisiennes anciennes n'étaientpas décorées.

Les pagaies dites "de cérémonie;' que l'onvoit dans tous les musées, sont remarquable­ment décorées par des incisions très fines.Elles proviennent des îles AUStrales, probable­ment de Ra'ivavae, mais n'ont jamais été uti­lisées pour pagayer. Il est vraisemblablequ'elles ont été fabriquées après l'arrivée des,Européens avec des outils en métal.

Les pagaies de Mangareva sont particuliè­res par la grande taille et le galbe de la pelle,qui se termine par une courte pointe.

LES ECOPES

L'écope polynésienne est en bois et bien ca­ractérisée par la poignée située dans l'axe del'objet. A Tahiti, l'extrémité de la poignée n'estpas libre, mais rejoint une bande transversale.Sauf en Nouvelle-Zélande, les écopes n'étaientpa s décorée s.

LES ANCRES

Elles étaient en p.ierre volcanique, gros ga-

Page 22: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

17

18

21

17. Pirogues de Nouvelle-Zélande. Atlas de Dum')ntd'Urville. 1841-1846.

18. No 1227. Ancre en pierre volcanique. Mangare­va. 60 cm.

Page 23: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

19

20

20. No 106. Pagaie m.nqmslenne. Détails de lapoignée et de la pelle. 158 cm.

19. Pagaie dite "de cérém:mie". Ra'ivavae, DesAustrales. Détails de la poignée, du manche etde la pelle. 113 cm.

22

Page 24: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

lets avec une protubérance au sommet pour lespirogues simples, très grosses pierres per­cées pour les pirogues de transport.

LA CO:--1STRUCTION DES PIROGUES

Voici commt~nt Wallis, le découvreur de Ta­hiti, décrit la construction des pirogues: "Ilsabattent d'abord l'arbre avec une herm~,nette

faite d'une espèce de pierre dure et verdâtre,à laquelle ils adaptent un manche fort adroite­ment. Us coupent ensuite le tronc suivant lalongueur dont ils veulent en tirer des planches.Voici comment ils s'y prennent pour cette opé­ration. Ils brûlent un des bouts jusqu'à ce qu'ilcommence à se gercer et ils le fendent ensuiteavec des coins de bois dur. Quelques unes deces planches ont deux pieds de largeuretquinzeà vingt de long; ils en applanissent les côtésavec de petites herminettes qui sont de matièreet de fabrication identique; six ou huit hommestravaillent quelquefois sur la même planche;co m me leur s instruments sont bientôt émous­sés, chaque ouvrier a prés de lui une noix decoco remplie d'eau et une pierre polie plate surlaquelle il aiguise sa hache presque à touteS lesmInutes. Ces planches ont ordinairement l'é­paisseur d'un pouce; ils en construisent un ba­teau avec toute l'exactitude que pourrait y met­tre un habile charpentier. Afin de joindre lesplanches, ils font des trous avec un os attachéà un bâton qui leur sert de vilbrequin. Dans lasuite, ils se servirent pour cela de 'nos clousavec beaucoup d 'avanta~e ; ils passent dans cestrous une corde tressee qui lie fortemi~nt lesplanches l'une à l'autre". La corde tresséeétait en bourre de coco (nape). C'est cette mêmematière qui servait à calfater les jointures etle s trous de s couture s. On utilisait égalementde la gomme de l'arbre à pain. Mais il va sansdire que l'étanchéité n'était jamais parfaite etqu'il fallait écoper sans cesse. En plus despa~ayeurs, des hommes étaient spécialementpreposés à cette tâche. Une question souventposée est le nombre de personnes que pouvaienttransporter les pirogues. A Tahiti, selon JamesMorrisson, les petites pirogues à balancier é­taient manoeuvrées par deux à cinq pagayeurs.Les pirogues qu'utilisaient les chefs et leursfam ille pour leur s déplacements par mer étaientpropulsées par 20 à 30 pagayeurs. Quant auxgrandes pirogues de guerre, elles pouvaientporter jusqu'à 300 hommes.

(Ce chapitre a été rédigé en partie d'aprèsThe Canoes of Polynesia, Fiji and Micronesiapar James Hornell, in' Canoes of Oceania,1936).

Page 25: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

21

21. Hameçons anciens des Des Marquises. Hane,Uahuka. Nacre. Fouilles Y.H. Sinoto.

24

Page 26: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

LA PÊCHE

LES DONNEES DE L'ARCHEOLOGIE

Les méthodes de pêche pratiquées par lespremiers occupants de la Polynésie n'étaientpas très différentes de cel!es que pur~nt09ser­ver les navigateurs europeens qyand Ils decou­vrirent le Pacifique. Les archeologues opt eneffet mIs à jour des habitatscôtier~occ~pespar

des pêcheurs et,ces sites sont parpcuhe.rementnombreux et interessantsen PoIynesle onentale.

Les plus importants qui aient été fouil,lésjusqu'à m9.intenant sont ceux de Hane, dansl fiede Uahuka, aux Marquises, (Fouilles Y. Sino~o­

Kèllum Bishop Museum), a Oahu et dans 1 fiede Hawaii, pour l'archipel des Hawaii (BishopMuseum) et à Afareaitu, dans l 'fie de Moorea,aux fiesde la Société <Bishop Museum -ORSTOM).

Au cours de ces fouilles beaucoup d 'hame­~ons ont é~é recueillis: les pl~s ~ombreu~,onteté façonnes dans la nacre de 1 huItre perl1ere,d'autres sont faits de coquillage ou d'os. Beau­coup d'entre eux sont à peine ébauchés ou .in~­chevés, ce qui perffio2t de reconstituer le s d lffe­rents stades de la fabrication des hameçons.Ils étaient généralement accompagnés des ou­tils nécessaires au façonnage: des scies en co­rail ou en pierre, des limt~s en corail ou en ra­dioles d'oursins à larges aiguillons, des I=?intesde perçoirs en coquillages (Müres) et tres ra­rement des volants de perçoirs à pompe.

les archéologues distinguent plusieurstypes d'hameçons:

- Les hameçons simples dont la hampe etla pointe sont d'une seule pièce. Il s peuvent êtreen forme d'O presque fermé, d'U oude V. Lapointe peut être plus courte ou aussi longue quela hampe. Elle est souvent dirigée ve!s la han:­pe en formant un croch,~t. Elle peut etre. mumed'un ou deux ardillons, comm,= sur certainS ha­m2çons hawaiiens. La form 2 circulaire qui tour­ne dans la bouche du poisson pour assurer laprise est une réalisation technique remarqua­ble particulière au Pacifique.

~ Les hami~çons com~s~s : l,a haf!:l.p~ et lapointe sont distinctes et flxees 1 une a 1 autrepar une ligature. Beaucoup d'hameçons en osdes îles Hawaii sont de ce type.

'- Les hamüçons à cuillers. Ils sont bienconnus car on les utilise encore aujourd 'huipour la pêche à la bonite.

25

Le leurre est découpé dans une nacre et per­cé au sommet pour la-fixat~onde.la, li~ne. Au­trefois, une pointe en nacre etaIt flxee a la basedu leurre. Les archéologuesdistinguentdeux ty­pe s de pointe s :

1) - Une pointe de type occidental que l'ontrouve à Samoa, ainsi que dans les sitesanciensdes Marquises, des îles de la Société, de Hawaiiet de Nouvelle Zélande. La base de cette pointeest importante et percée de deux trous. ,

2) - Une pointe de type oriental, plusrecen­te, qui apparaît dans le~ mêm'2s archi~ls" etdont la base est moins etendue et percee d unseul trou.

Sur les hameçons à bon!te ml)dern~s, lapointe en nacre est remplacee par une tlge dem8tal recourbée pour former la pJinte.

Pour touS les ham:-çons, en par!iculier l~s

hameçons simples~ la fo;rme de la t~te est ~res

importante, car c eSt d elle que depend dunepart la méthode de fixation de la ligne, maissurtout elle permet de définir des "types", deles comparer, de les classer, d'en définir lachronologie. Y.H. Sinoto a ainsi pu classer lesham2çons des M3Yquises et des îles de la So­ciété, en onze types principaux, d'après la for­me du point d'attache de la ligne.

Un de ces types est particulier aux niveauxculturels anciens des Marquises, alors qu'unautre ne s'est répanju dans l'archipel qu'àpartir du XIVe siècle.

A côté des haffio=çons et des outils nécessai­res à leur fabrication, on trouve au cours desfouilles, des pierres travaillées de façon assezrudimentaire et qui servaient aux anciens P.,?ly­nésiens à plomber les filets, les lignes de pecheou les leurres pour attraper les poulpes. Cespoids de pêche sont dé plusieurs types, mais leplus fréquent est une pierre de taille variable,généralement irrégulière, avec une excroissan­ce au sommet pour faciliter l'attache. Un typeplus élaboré, en form:- de "grain de café",. f~i~sait partie d'un dispositif particulier destlne ala pêche au poulpe.

Aux îles de la Société, on trouve des poidsà gorge ou en forme de disques troués qui Ont

probablement servi à plomber les lignes.

METHODES DE PECHE

Lignes et hameçons

"Chaque pêcheur", nous dit James Morrisondans son Journal écrit en 1792, "fabrique seshameçons, lignes, et tous sesinstrumer;t~d,~,pê­

che dont il se sert avec grande dexterlte . ATahiti, les lignes étaient faites avec l'écorce d~

roa (Pipturus argenteus Wedell), arbuste qUipoussait dans les vallées fraiches, et dont les

Page 27: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

22

22. Fabrication des hameçons en nacre, Des Mar­Guises. Fouilles Y.H. Sinoto.• En haut: lim(Os en corailetenradiole d'our­sin.

Au centre: ébauches d'hamecons simples àdifférents stades. >

En ba s ; hampe d'hameçon à cuiller pour lapêche à la bonite et pointe de type ancien.

23. No 384. Pagaie de Mangareva, 189 cm,

24.No 456. Hameçon à cuiller pour la pêche à labJnite. Pointe en nacre. 15,3 cm. Tahiti.

26

23

24

Page 28: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

25

26

27

25. No 457 et 458. Type moderne d 'hameçons à bo ­nite avec pointe métallique. 13,7 et Il, 5 cm Ta­hiti.

26. Plombées en roche volcanique vacuolaire.En haut : poids pour leurre à pieuvre.Au centre : poids de filet et plombée pour

appâter.En bas: pierres percées pour filets ou li­

gne s de pêche.

27. Fabrication des hameçons aux Des de la Socié­té : limps en coquillages et en corail. Ebauchesà différents stades montrant l'utilisationdu per­çoir pour le façonnage de la partie interne.

21

Page 29: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

28

29

28. Aux Tuamotu, le façonnage se faisait en décou­pant la pJ.rtie interne entre hampe et pointe. Enhaut, petite scie sur éclat de hasalte.

30

29. No 800. Perçoir à pompe m,~jerne utilisé pourla fabrication des leurres d'hameçons à bonite,les mèches métalli(luL'~ ayant tendance à fendrela nacre. Rangiroa, ·Tuamotu.

:10, Les hameçons en Turbo sont assez fréquentssurtout aux îles de la Société et en particulierà t'-/!o'orea. -

28

Page 30: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

31

33

31. No 452. Hamecon à requin en bois de Pemphisacidula. Tuamotu. 16,6 êm.

32. Nos 645 et 644. Hameçons en bois de Pemphisacidula pour la nêche du B.uvettus preciosus àgrande profondeu"r. Rurutu. îles Australes.

32

33. Hameçons à cuiller tahitiens

29

Page 31: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

1

--=----

<

301

35

34, Pirogue s pour la pêche a u thon avec le s mâtsmobiÏes tira. Gravure tirée des "PolynesianResearches" de William Fllis.

3,'). Hameçons en métal de fabrication locale et deforme- traditinnnelle. Iles de la Société.

F.n haut, à gauche. deux ham~çons pour lapêche au thon.r ,e bronze proienait des clous ou du doublagedeR anciens navires à voile.

30

Page 32: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

fibres sont beaucoup plus résistante s que le linou le chanvre. Ces fibres étaient tordues endeux ou trois brins et fournissaient des lignesd'une finesse telle qu'elle étonna les premiersvoyageurs européens. D'autres matières, dequalité inférieure, comm3 la fibre de purao(Hibisèus tiliaceus) pouvaient également êtretordues pour faire des lignes.

James Morrison, ce matelot anglais gui sé­journa <.Je 1788 à 1791 en Polynésie, decrit lamanière tahitienne de fabriquer les hameçons:

"Leurs hameçons sont faits de nacre, d'osét de bois, leur· forme variant suivant les pois­sons ; certains ayant la form3 d'un hameçonavec son appât; ils taillent leurs hameçons enles frottant sur une pierre avec de l'eau et du

. sable et avec un foret fait d'une dent de requin;ils y font un trou qu'ils agrandissent au moyend'une pointe de corail servant de lim'3, déga ­geant ainsi la partie interne; ces hameçonsn'ont pas de barbe, mais la pointe est incurvéevers l'intérieur jusqu'à pointer vers le bas etil est rare qu'ils perdent un poisson".

Les petits hameçons' faits de nacre ou decoquillage étaient réservés à la pêche dans lelagon ou les eaux peu profondes. Les lignes é­taient lestées de petites pierres à rainures oupercées d'un trou. De petits leurres en nacremunis d'une pointe, ressèm~lant au plus grosleurre pour la pêche à la bonite, servaient àprendre les 'i'ihi (Myripris sp.), ces rougetsqui se dissimulent dans les anfractuosités desmassifs coralliens.

On pêchait les requins avec des hameçonsen bois de grande taille, munisd'une pointe rap­portée. Un hameçon spécial sert encore danscertaines Des à prendredespoissonsdegrandesprofondeurs,le s 'u r a ven a (Ruvettus pre ­ciosus C), cr les mana (Prom\~thicthysprom3­theus Cl. L'hameçon qui est attaché à une lignelongue de 200 à -WO mètre est muni d'un appâtet d'une pierre attachée de telle façon que lors­que le dispositif touche le fond, la pierre peutêtre détachée d'une secousse: l'hameçonremon­te alors lentem\~nt.

Une de s pêche s le s pl us intére ssante s pra­iquée aux Des de la Société se passait en hau­te m.3r et avait pour but la prise de gros pois­sons, surtout les grands thons, en quantitéimportante.

Deux pirogues de type particulier, à tableauarrière oblique (va 'ano'o) étaient accouplées aum:>yen de deux baux : le bau avant était trèssolide car il servait aussi de poinrd'appuià unelongue perche (tira) d'une dizaine de mètres. Cemât ffio:>bile était fait en bois de purau (Hibiscustiliaceus) et formé de plusieurs élém~nts liésles uns aux autres. Sa base, desection carrée,était engagée entre le bau avant et un bau sup­plém(~ntaire (rio) en partie mobile. A sonextré­mité fourchue étaient fixées deux lignes et unbouquet de plumes destiné à attirer le poissonquand le mât était abaissé en position de pêche.

31

Entre les deux pirogues était attaché un grandpanier-vivier flottant (ha 'ape'ouma), dans le­quel se trouvaient des quantités de poissons'ouma (Mulloidichtys auriflamma F.) qui ser­vaient d'appâts vivants.

Le chef de pêche (tahua), qui observait lemouvement des oiseaux au-dessus des bancs depoissons, dirigeait la pirogue double en donnantdes ordre s aux rameurs. Quand le moment étaitvenu, il jetait de s poissons vivants comme amor­ce, puis fixait l'appât à l'ham~çon. Voici corn ­m·3nt James Morrison décrit cette pêche :"Lorsqu'ils voient du poisson, ils s'en appro­chent et une fois sur les lieux, pagayant de l'ar­rière, ils maintiennent l'arrière de la pirogueau vent. Un hom.:ne muni d'une écope jette con­tinuellem'3nt de l'eau en pluie et les ham(~çons

ayant été appâtés, la perche est abaissée de fa­çon à ce que les hameçons soient tout juste im­mergés. Celui qui a appâté les hamt~çons et quise tient à l'avant jette de temps à autre un petitpoisson vivant tandisque l'écope maintient unepluie là où se trouvent les hameçons. Les pois­sons ne tardent pas à mordre, la perche est re­levée et les prisesayantétédétachéesleshame­çons sont réappâtés et remi.s à l'eau. Certainsde ces poissons SOnt très gros et peuvent tirerla pirogue sous l'eau lorsqu'ils ne sont pas ra­pidement amenés à bord. Ceci est sans i.ncon­vénient, mais il arrive que la ligne ca sse etlorsqu'il s'agit d'unhamt~çonde fer, c'est poureux une perte comparable à la perte d'une an­cre pour nous". La perche était relevée pres­qu'à la verticale au moyen d'une corde tiréedepuis l'arrière et avec l'aide des hommes quise tenaient sur la plate-form3 avant des piro­gues. Pendant que le poisson glissait d'un côtéet était immédiatement assommé, l'hameçon del'autre ligne était aussitôt am:>rcé et jeté àl'eau. Ainsi les deux lignes travaillaient alter­nativem nt à un rythme très rapide.

Pour prendre des thons de plus petite taille,d'autres m-§thodes étaient utilisées : la pêcheà la ligne manuelle à bord d'une pirogue simpleet la pêche au leurre. Mais cette dernière pê­che était surtout destinée à prendre le s bonites.

La pêche à la bonite est de beaucoup la plus im­portante des pêches en haute mer et elle estpratiquée dans toute la Polynésie. Aux fiesde laSociété, on se sert d'une canne en bambou etd'une ligne courte à laquelle est accroché unleurre en na cre imitant la forme d'un petit pois­son. Le leurre est terminé par quelques soiesde' cochon et une pointe. La pêche se fait main­tenant en bateau à moteur, mais autrefois on seservait d'une pirogue légère qui pouvait être dé­placée rapidement par deux ou trois homm3s.Les vols d'oiseaux de m3T permettenrde locali­ser les bancs de poissons. Arrivé sur les lieuxde pêche, le bateau est maintenu à faible allure.Les deux pêcheurs assis à l'arrière du ba teau sesaisissent d'une grosse canne en bambou etchoisissent avec soin le leurre qu'ils vont utili-

Page 33: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

37. t'!o 796. Hameçon à cuiller. Uapou, Des Mar­quises. Pointe en os. 8 cm.

38

31l. No 382, 4:>0 ·3t 461. Hamcçonsen nacre des Tu=!­motu. 11,5 ; 5,6 et 3,8 cm.

36. No 1525. I-!am.=c;on à r-'!il1er avec une pointe en:lS. JO,3 cm. R.aroia, Tuamlltu.

37

32

Page 34: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

ser. Une très grande importance est donnée 8la qualité du leurre,. à son fini, son poli, sa cou­leur son brillant, aInSI qu au comportement dessoie~ de porc dans l'eau. Le leurre doit être m~­nipulé avec précaution et avec des mains trespropres. Le pêcheur jetteàl'eaul'ham2çoncon­venable et en imprim'lnt à la canne un m·)uvementde va-et-vient, il maintient le leurre presque h?­rizontal à la surface de l'eau, le déplaçant tre~rapidement en zig-zag. Le poisson eSt catapulteà bord d'un mouvem2ntdehanchequifaittournerla canne sans la lever entièrem'2nr. La bonitequi n'est accrochée par auc,une barbe gli~se fa­cilement dans le bateau. L hameçon est a nou­veau jeté à l'eau et la pêche continue toujourstrès rapide, tant qu'il y a du poisson.

La pêche à la bonite est p::atiquée dans tou~ela Polynésie et on retrouve 1 hameçon caracte­ristique jusqu'aux Des Ellice et mêm2 dan;s cer­taines Des mélanésiennes. EnNouvelle-Zelandeoù lès huitres perlières sont absentes, on, utllI­sait pour faire la hampe la nacr~ col~ree. d~sHaliotis. Mais trop mince, la coquIlle d halIotl­de devait être renforcée par un support en bOlSsur lequel elle était ligaturée.

Dans route la Polynésie, le term2 génériquepour l'h,aJTl'2$on à bonite e~t,pa: ~auf au: Des, dela Societe ou il est nomme aval peut -etre a lasuite d'un tapu l.inguistique que nous ignorons.

La pêche au m'lhimahi (Coryphaena) se pra­tiquait dans des pirogues à voile ;surtout entreTahiti et Tetiaroa. Les hameçons etaIent amor­cés avec des poissons volants.

Il y avait encore biend'autres méthodes pourprendre le poisson à la ligne: la pêche au fl?t­teur (poiro) consistait à jeter au-dessus d unbanc de m·Jlets,. des flotteurs en bois de puraum'Jnisd'une courte ligne et d'unhameçonamnr­cé avec de la pâte du fruit de l'arbre à pain.Une pêche a ssez voisine pratiquée ~n haute m,~ravec un grand flotteur et une plombee permet.taItde prendre de gros poissons et des reqUIns.

On peut encore observer aux Des sous-le­Vent une pêche à la canne en eau peu profonde.Le pêcheur, dans l'eau jusqu'à la taille, plongesa ligne dans les brisants.

LES FILE TS

Les filets, de formes diverses, étaient ré­p::mdus dans toute la Polynésie.

Aux Des de la Société, on utilisait de grandessennes de 10 à 120 mètres de long et de 2 à 24r,~0treS de profondeur. Les plus grandesavaientune poche au milieu, que l'on vidait de temps ~n

temps quand ell~ était ~~eine. Les poisson? e­taient transportes Jusqu a terre dans les PIrO­gues.

Les flotteurs étaient faits d'un court cylin-

33

dre en bois de purau bien sec, percé suiv·:3nlson axe. Ils étaient disposés sur la ralingue su­périeure du filet, touS les 30 centimètres envi­ro.:'!. Les filets étaient p\ombfs avec d2S p:erresenveloppées dan3 la g81nt~ fibreuse q,[i se trou-"~

à la base des feuilles de cocotier.

Les matériaux utilisés pour la fabricationdes filets étaient la fibre de l'écorce du roaet du purau. Pour faire lesmaillesdesfilets) onse servait d'aiguilles et de calib::es en bambou.

On prenait des poissons volants avec desfilets I(lus petits de 30 à 40 mètres de long etde 3 metres environ de profondeur; cette pêch·=se faisait de nuit avec des pirogues de deuxhom mes.

Les Tahitiens utilisaient aussi au temps dej'II11,-·" ,\lol'l'i,;un des éperviers ronds et carrés"qu'ils jettent avec beaucoup de dextérité",

Il existait égalem2nt plusieurs sortes de fi­lets emmanchés, haveneaux ou trubles, utiliséspour la pêche sur le récif, ou au moment despêches aux grands filets ou simplem'2nt pourpuiser le poisson dans les parcs-pièges et lesvivier s.

Il semble qu'une sorte de carrelet, plombéau milieu avec une pierre, soit attesté dansplusie ur s archipel s polynésiens. Aux Marqui ses,il servait à caprurer le tarue, un perroquet bleude grande taille selon une technique de pêche àl'appelant dont la disparition est récente puisquecertains Marquisiens se souviennent de l'avoirvu pratiquer. Le tarue est un broute ur de co­rail, toujours en m:)uvement et demoeurs solI­taires, qui attaque à belles dents rout individude son espèce qui s'aventure sur son "ter~ain".Aussi, lorsque les Ma.rquisiens de naguere a­vaient harponné un tarue vivant, ilsl'arrachaientau centre d'un carré de filet, rendu aux quarrecoins par deux arceaux de bois flexible disposé,sen croix selon les diagonales etfortem·2nt leste.Dès qu'on avait repéré un autre tatu2, on des­cenjait ce dispositif. Lorsque le tatue lIbre ve­nait de mordre l'intrus, on retirait la ligne fi­xée à la croisée des arceaux qui fléchissaient,emprisonnant la prise au fondd'une poche.Quel­ques individus vivants étaient conservés pour lapêche suivante dans l'un de ces vivier s naturelsqu'alimentent les embruns et qui abondent lelong des côtes rocheuses des M~rquises. La to­ponymie en conserve le souvemr a travers desnoms de lieudits 'oto tatue : "La vasque auxrarue". De nos jours, cette tactique a été adap­tée à la pêche sous-m;1rine : un nageur hâle untarue au bout d'une ligne que son compagnonsuit à purtée de fusil. Dès qu'un autre tarues'approche de l'appelant, il est tiré dansde bon­nes conditions, car il s'agit d'un poisson crain­tif, difficile à approcher.

Aux Australes et aux Des de la Société,dansles endroits peu profonds, on pêchait les 'ouma(Mulloidichtys auriflamma Forsk) destinés à

Page 35: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

40

39. No 508. Tête de harpon en os. Marquises

40. Hameçon à cuiller. Leurre er', os de baleine re­couvert d'une plaque de nacre et pointe à ardil­lon en écaille de tortue. 18 cm. Tonga.

34

Page 36: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

/servir d'appâts, au moyen de guirlandes defeuilles de cocotier attachées les unes aux au­tres (ra 'o'ere) comm~ pour former un filet. Lacélèbre "pêche aux cailloux" des îles sous-le­Vent n'est qu'une variante de cette pêche. Ellerassemhle une grande partie de la populationqui, depuis les pirogues, effraie le poisson enfrappant l'eau avec des pierres. Encerclé parles feuilles de cocotiers que de nombreux pê­cheurs soutiennent dans l'eau, le poisson est re­poussé peu à peu vers le rivage.

Une autre forme de "pêche au caillou" eSlpratiqué à Ua Pou, dans l'archipel des Marqui­ses. C'est une pêche collective, réunissant par­fois tous les hommes valides de plusieurs val-.lées, qui consiste à rabattre au rivage un bancde dauphins san s autre appareil qu'un grandnombre de pirogues et des pierres que l'on en­trechoque da'ns la mer. Lorsqu'un banc est si­gnalé à l'intérieur d'une baie, les pirogues sedisposent en demi-cercle, entre le large et lesdauphins. Tantôt pagayant, tantôt entrechoquantle s pierre s, le demi-cercle se rapproche pro­gressivement du rivage sur lequel les dauphins,complètement affolés, finissent par se précipi­ter et où ils sont massacrés en grand nombre.Cette pêche demande une grande coordinationentre les pirogues dont un maître de pêche(tuhuka) dirige les mouvem:~nts à l'aide designaux convenus.

PIEGES, PARCS, VIV lERS ET NASSES

Dans les endroits favorables, en particulieraux Tuamotu et aux îles de la Société, on voitencore ces constructions de pierre, de formeset de dimensions variées dans lesquelles 1espoissons étaient piégés. Les plus spectaculai­res sont celles de Maeva, à Huahine, qui occu­pent la partie du chenal situé devant le village.Ce chenal va du la: salé Fauna nui, à l'ouestde M.:l.eva, jusqu'à la mer, par la pa ss~ Tiare.Les parcs qui forment cinq ensembles sont o­rientés dans les deux sens, afin de pouvoir êtreutilisés p.:u mer montante ou dessendante. Lespassages laissés libres en dehorsdesconstruc­tions sont très étroits et le poisson ne peut quedifficilement s'échapper. De gros blocsde pier­re sont accumulés pour former des murs ver­ticaux. Six de s parcs sont de structure assezsimple : les murs disposés en V largement ou­vert se resserrent en un étroit couloir entouréd'un parc circulaire. Une fois réunis dans leparc fermé, les poissons sont entièrement pri­sonniers. Une des structures centrales estplus complexe: les ailes du piège sont en réali­té des couloirs qui mènent au parc ferm:~.

Aux Tuamotu, les· pièges en bon état sontencore utilisés. Les parcs servent aussi de vi­viers, on y prélève du poisson quand on en abesoin. Les pêcheurs polynésiens se servent é­galement de viviers mobiles: si le grand panieren tige de fougères indispensable pour l'anciennepêche au thon est maintenant tombé en désuétu-

3S

de, on rencontre partout à Tahiti le vivier fa­briqué à partir d'un bambou fendu dont on a é­carté les lattes.

Les nasses étaient utilisées à l'embouchuredes rivière s ou pour la capture des poissons deroche. Elles étaient généralementtresséesavecdes racines a·§riennes d'une variétéde pandanus,le 'ie'ie (Freycinetia demissa). Leur form:=var iait suiva nt les archipel s.

On utilise encore aux îles de la Société desnasses en 'ie'ie pour la pêche des langoustes etdes chevrettes d'eau douce.

LES HARPONS

On a trouvé aux Marq uise s, à tous le s niveauxdes fouilles archéologiques, des têtes de harponen nacre et en os. La .plupart d'entre elles a­vaient une perforation et plusieurs barbes. Despointes de form,:= voisine sont connues en Nou­velle-Zélande. Des têtes de harpons en os, da­tant du XV Ille siècle et provenant des îles Mar­quises, font partie de quelques rares collectionsethnographiques.

Le Journal de Jam~s Morrison donne quel­ques indications sur les ty~s de harpons uti­lisés aux îles de la Sociéte à date historique:"00. ils ont des harpons qu'ils jettent avec unegrande J,?récision ; il s ont de 4 ~ 5 m de long etportent a leur extrémité deux pointés de toa ;n'ayant pas de ligne attachée au harpon ils lerécupèrent à la nage lorsqu'il ~ a un poisson aubout. Ils ont d'autres harpons a plusieurs poin­tes qu'ils lancent au hasard dans des bancs depoissons, en harponnant souvent 2 ou 3 à la fois".

PECHE DSS TORTUES

Les tortues étaient pêchées au moyen de fi­lets plombés à la base avec des pierres; par­fois on les prenait avec des lignes etdes hame­çons.

Actuellem~nt, les tortues .sont pêchées auharpon ou avec des lignes milnies de forrs cro­chets.

PECHE DES POULPES

Les fouilles archéologiques ont révélé, auxMarquises et aux îles Hawaii, des pierres enforme de "grain de café" qui servaient deplomhées pour des leurres à poulpes. Le dis­positif complet comprenait des fragments decoquilles de porcelaine (Cypraea) percés, su­perposés et fixés sur une baguette de bois dur.La pierre qui servait de plom'Jée était attachéeau bâton, grâce à une rainure creusée le longde sa face dorsale. La base de l'enginétait mu­nie d'un crochet et de quelques frangesenfeuil­les de Cordyline. Les poulpes, arriréspar les co­quilles de porcelaine choisies avec soin po u r

Page 37: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

41. Leurre à poulpe. Samoa. Le leurre enactionestcensé imiter les mouvements d'un rat qui senoie.

41

42. No 658. Leurre à poulpe. Iles de la Société.

4342

43. Lunettes de plongée en cuivre Verres collés àla cire. Marqùises.

44. No 953. Poids de pêche. 20 cm UapJu, Marqui­ses.

36

Page 38: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

le ur brillant, étaient crochetés e t amenésra­pidement dans la pirogue. Cette méthode de pê­che est ancienne, car on trouve dans les fouillesarchéologiques de nombreuses coquillesdepor­celaine perforées accompagnant les poids enpierre. Les niveaux les plusanciensdesfouilleseffectuées dans l'fie de Uahuka, aux Marquises,ont révélé des plombées coniques semblables àcelles qui sont encore en usage aux Samoa pourune méthode de pêche similaire.

Aux fies de la Société, on utilise encore undispositif plus simple, sans plombée et sanspointe. Les fragments de porcelaine sontdispo­sés autour d'une baguette que l'on tient d'anemain en l'agitant devant le trou où se dissimulele poulpe. Lorsque celui-ci apparaît, le pêch~ur

le saisit de l'autre main ou bien il le crocheteavec une sorte de gaffe.

LA PECHE PAR ENGOURDISSEMENT DU POIS­SON.

Les Polynésiens savent endormir le poissonau moyen des fruits, des feuilles,oudesracinesbroyées de certaines plantes. Ils utilisent sur­tout l'amande verte de Barringtonia speciosa F.(Hutu en tahitien) et les racines de Tephrosiapiscatoria (hora en tahitien). Les râpures sontplacées dans les anfractuosités coralliennes ourocheuses. Les poissons engourdis sortent deleurs trous et se laissent prendre aisément auharpon. Le poison (saponine ou rotenone) ab­sorbé à dose très faible par le poisson n'est pasdangereux pour l'homme.

LE RAMASSAGE

A peu près tout ce qui, dans la mer, est vi­vant sans être empoisonné, est comestible. Aus­si, les anciens Polynésiens ne consommaient­ils pas seulement du poisson ou des tortues,mai s égalem~nt des crabes, langoustes, lan­goUSteS des sables (ti'ane'e), squilles (varo),crevette s, un petit crustacé Hippa sp. (popoti),plusieurs espèces d'oursins (vana, fetu'e, ava'eetc ... ). Le crabe de cocotier (kaveu) dont l'ab­domen est une poche remplie d'huile de coco,est très apprécié des habitants des Tuamotu.Parmi les coquillages, les plus pêchés sont en­core les bénitiers (Tridacna) qui pouvaiemdanscertains atolls déshérités des Tuamotu devenirune nourriture exclusive, les différentes varié~tés de Turbo que l'on trouve sur le récif, lespalourdes, les moules, les huîtres. A défautdes meilleurs, on l1fangeait aussi les patelles(mapihi) ainsi que des mollusquesde consom,m,a­tion plus inhabituelle comme les serpules(u a 0)qui construisent un tube de .calc~~:e semblable àde la porcelaine, les apysies ( nore), sorte delièvre s de mer etc...

Certaines al~ues comestible/s,~.nco;ecs>n­nues des Polynesiens actuels, etaIent recolteespour la consom;nation.

37

Il ne faut pas oublier non plus les oeufsd'oiseaux de mer qui sont encore ramasséssy stéma tiq uement sur certains ilots de s Tua ­m~tu et des fies volcaniques. Les jeunes oi­seaux de mer descendus et assomm-és à coupde bâton fournissent égalemt~nt un m:'ts trèsapprécié.

Alors que la pêche proprement dite étaitréservée aux homm<~s qui la considéraientd'ailleurs presqu'autant comme un Sport quecom m'3 une façon de se nourrir, le ramassageétait aussi affaire de femmes.

Mais les produits de la m-=r n'étaient pastous destinés à se transform8r en nourriture.Beaucoup d'entre eux étaient utilisés pour 1afabrication d'objets divers, car en dehors de lapierre et du bois, les matériaux terrestres é­taient rare s.

Le plus précieux des matériaux fournis parla mer était probablement la nacre des huîtresperlières, car c'est à partir d'elle qu'on fabri­quait les hameçons, les leurres à bonites, cer­taines pointes de harpons, t6us objets trèsimportants pour la survie du Polynésien.

Avec la nacre, onfaisaitaussidesornem,=ntsou des parties d'orn=m8nts, grands pendentifs,petits carrés de nacre pour le costum8 du deuil­leur heiva, boutons décoratifs, ainsi que desinstrumènts domestiques, grattoirs ou râpesà coco.

La nacre, très rare et très prisée aux fiesde la Société, était obtenue par échange auprèsdes habitants des Tuamotu qui, eux, manquaientde pierre volcanique pour façonner de s hermi­nette s.

B~aucoup de s outils fabriqués avant l'arrivéedu métal en Polynésie étaient en matériaux ma­rins, surtout dans les atolls.

Les couteaux et grattoirs étaient en nacre,en coquillage ou en dents de requins. Dans lesatolls éloignés des Tuamotu, on ne connaissaitque des herminettes et des ciseaux en Tridacneet de grandes nacres étaient utilisées commepelles.

Partout, le corail, les ,coquillages (MÎtreset Térèbres), et les grosses radioles d'oursinsservaient de lim=s pour la finitiondes hameçons.Les peaux de raies faisaient égalementd'excel­lentes râpes. Les pointes des perçoirs néces­saires à la fabrication des hameçons et des pi­rogues, étaient en coquillages ou en dents derequins.

Le corail lui-même n'était pas méprisépuisqu'on en faisait des râpes à coco ('ana auxfies de la Société), et qu'on en fait encore àRurutu, aux fies Australe s, de grands pilonspour la fabrication de la pâte fermentée poLCertaines images <ti'i) des fies de la Sociétésont en corail.

Les couteaux servant à peler lefruitdel'ar­bre à pain sont en porcelaines (Cypraea). Enco-

Page 39: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

45. No 206, 207. Pilons en corail. Ruruw. Austra­les. 18 cm

46. Couteaux en coquillage pour peler le fruit del'arbre à pain. Marquises.

46

47. No 313. Herminette en Tridacna. 15cm. Tuamo­tu.

38

47

Page 40: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

48

41

48. No 288. Collier ffiarquisien en demsde dauphinset en perles rouges et bleues.

49. Ciseaux en Tr.i.dacna. Tua meltlJ.

39

Page 41: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

5D

50. No 633. Pendentifs en co~uillages imitant ladent de cachalot. Uapou, Marquises.

40

Page 42: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

re en usage aux Marquises, ils sont abandonnésdepuis peu à Tahiti.

Avec les oiseaux dont on prélevait des plu­mes, les anim'l.ux marins fournissaient les plusheaux ornem=nts des Polynésiens: dents derequins des beaux plastrons tahitiens (taumi),L'uquillage et écaille de tortue sculptés des cou­ronnes marquisiennes, pendentifs et perles endents de cachalot ou en coquillage imitant ladent de cachalot. L'De de Uapou, aux Marquises,s'était spécialisée dans la production des dentsde dauphins pour la fabrication des colliers.

Bea ucoup de ce s objets SOnt d'un usage an­cien, car on les trouve dans lesfouillesarchéo­logiques, généralem=nt bien conservés.

41

Page 43: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

51

52

51. No 623. Couronne marquisienne en écailles detortue et en coquillage. Sur la bande tresséesont fixés des ronds en nacre recouverts d'unfin motif en écaille de tortue.

52. No 299. Ornement d 'oreille ~asculin en den: deCé1 c::halot. Marquise s.

42

Page 44: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

5.3

53. No 436. Image en corail, ti'i. Mo'orea, îles dela Société. 46 cm,

54

54. No 791 et 792. Pièces de pirogues trouvées dansune grotte funéraire, vallée de Hakahetau) Ua­pou, Marquises. 35 et 58 cm. Le No 791 est dé­coré de motifsen chevrons, encore visibles mal­gré la patine.

Page 45: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

55

56

55. No 118. Image de pierre en form~ de poisson.39 cm. Marquises.

56. No 506. Tortue gravée sur un galet. Marquises20 cm.

Page 46: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

COUTUMES

ET RITES ANCIENS

Les polynésiens étaient si proches de lamer à tous égards que cette familiarité ne pou­vait qu'avoir des implications innombrablesdans l a vie quotidienne, les habitudes, 1escroyances. La mer était la grande purificatri­ce : elle pouvait recevoir à la fois' ce qui étaittrop souillé ou ce qui était trop sacré, sansque cela entraînat jamais de conséquences né­fastes.

Elle était en même temps un prolongementde la terre ferme; elle avait comme elle &~s

lieux dits et ses espaces appropriés don t lestitre s de propriété se transmettaient de généra­tions en génerations de chefs.

La construction et le lancement d'une piro­gue ainsi que certaines pêches étaient accom­pagnés de chants particuliers et de cérémoniesavec ,offrandes de nourriture. Ces cérémonieset les fêtes qui les suivaient réunissaient de

,nombreux participants: elles étaient avec lespêches collectives, un important facteur de co­hésion sociale.

Les différentes activités liées à la construc­tion des pirogues et aux grandes pêches se fai­saient sous les ordres d'un tahu'a (tuhuka auxDes Marquises), spécialiste chargé de dirigerle s opéra tions.

La pêche à la tortue était particulièrementchargée de rites. Aux Tuam::>tu, les tortues é­taient consacrées au dieu par des chants et sa­crifiées au marae au cours de cérémonies sai­sonnières. Aux Marquises, seuls les chefs etle s prêtre s pouvaient en manger. Partout, elleétait interdite aux femmes qui n'avaient pas ledroit non plus d'embarquer sur une pirogue depêche. A Tahiti, elle s ne pouvaient pas con­sommer de requins ou certains poissons noblescomme lemahimahi (Coryphaena).

Les pêcheur s avaient leur marae particulier,où avaient lieu le s consécrations de s instrumentsde pêche, les prières avant le départ et les c~­rémonies de réjouissances au retour de la pe­che. Le premier poisson pêché était offert auxdivinités du marae.

45

Les divinités de la m8r, propres aux naviga­teurs et aux pêcheurs, semblent avoir été nom­breuses. Le s auteursanciens en citent plusieurs,mais sous de s noms différents: on ne sait rienen réalité de leur identité exacte et de leur im­portance respective. On ignore également si àTahiti elle s étaient matériellemi~ntreprésentéespar des images, ou si elles étaient seulementinvoquées dans les prières et dans les chants.

A Tahiti, on pratiquait le rahui qui était uneinterdiction temporaire de pêcher dans un ex­p'lce déterminé du lagon; cette mesure de pro­tection jes espèces avait lieu surtout au ml)­mc;nt des grandes fêtes qui rassem~laient aumêm3 endroit une population venue de plusieursDe s. Les panic ipants, qui sans ':::e~te précamion,auraient epuisé le lagon, étaient ravitaillés parles autres districts.

Un pêcheur pouvait égalem3nt s'approprierune réserve temporaire. On dit qu'aux Marqui­ses, autrefois, un pêcheur qui avait trouvé uneconque marine (putoka) trop petite, la laissaitgrandir en l'entourant d'un enclos de pierrequi devenait sa marque de propriété. Les con­ques étaient très prisées dans toutes les lies,car elles servaient de trompes e~ on en souf­flait dans de nombreuses circonstances.

Les spécialistes tahu'a savaient tenir comp­te des saisons et du temps pour observer 1esmouvements des poissons. Et il n'y a pas long­temps encore les vieux pêcl)eurs des lies de laSociété connaissaient des sortes de calendriersoù le mois lunaire était divisé en nuits favora­ble s ou non à la pêche de certains poissons, descrabes etc ...

Par exemple, la neuvième nuit est particu­lièrement favorable pour la pêche à la bonite.La dixième nuit, tous les poissons se cachentetc ... Certains signes observés sur terre, com­me la floraison d'une plante, indiquaient le dé­but ou la fin d'une saison de pêche.

M. Raoul Teissier a publié une synthèse dequelques uns de ces calendriers, en mettant enrelation pêche et cultures.

LES OBJETS

On sait qu'à Tahiti, de grandes pirogues sa­crée s, ornée s de sculpture s, étaient conservée sau marae. Elles étaient utilisées par les chefset les prêtres, et pour le transport des objetssacrés. Des mâts et des pagaies, dont le rôleest inconnu, se dressaient aussi sur le marae.

A l'époque historique, les images en boissculptées à la proue et à la poupe des piroguesétaient purement ornementales.

Les véritables images des dieux étaient dé­posées dans un endroit p,récis de la pirogue,mais il n'est pas exclu qu à une époque plus re-

Page 47: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

57. No 120 et 121. Im'3.ges doubles, en pierre, d~s

Des Marquises. 12 et 16 cm. Ces petites of­frandes votives étaient déposées sur les maraepour obtenir la réussite dans une entreprise.Probablemc'nt dérivées des poids de pêche àdouble tête de tiki, elles sont parfois considé­rées comme des poids de filet.

57

58. No 119. Image de pierre en formt~ de lézard.29 cm. Marquises.

58

59. No 345. Tortue en corail. Tuamotu. 30,5 cm.

59

46

Page 48: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

culée ces ti'i sculptés aient eu une fonction re­ligieuse.

Les dieux de la pêche, particulièrement a­bondants, étaient selon T. Henry, en pierre ouen bois. Le pêcheur les plaçait dans des nichessecrètes du marae des pêcheurs, ainsi qued'autres reliques sacrées, ornées de pl uml~ sd'oiseaux.

On ne connaît pas d'images tahitiennes deces dieux, mais des statuettes provenant deRarotonga aux îles Cook et rapportées par lesmissionnaire s anglais, sont connue s corn me de sreprésentations du dieu des pêcheurs.

A Tahiti, les premiers Européens ont obser­vé sur les marae des sculptures de poissons quipouvaient avoir une relation avec la pêche.

Aux îles de la Société, les poissons de pier­re étaient surtout de stiné s à favoriser la pêcheau thDn.

Aux Marquises, des pierres SCUlptées enforme de poisson étaient cachée s à l'intérieurdu marae. Pendant la pêche, un de ces tiki pois­sons était exposé sur la plate-forme du maae.S'il n'était pas efficace, on le remplaçait par unautre.

Le Musée de Papeete possède unde ces pois­sons de pierre, ainsi qu'un lézard de facture si­milaire, mais peut-être plus récente.

Un galet représentant une tortue est éEale.­ment conservé- à Papeete. Une des faces estsculptée en for me de tête de tortue ; sur l'àutreface, qui est plane, apparaît le contour de l'ani­mal gravé en creux. On ne sait si cette image,unique semble-t-il, devait avoir une bonne in­fluence sur la pêche à la tortue, car les tuhuka,les spécialistes qui se consacraient à cette pê­che ava·ient des tiki en pierre de forme humaine.

En revanche, des représentations de tortues,grossièrement façonnées dans un bloc de corail,sont attestées aux Tuamotuetreprésentéesdansplusieurs musées. Il s'agit de pierres sacréesqui étaient déposées au maràe et figuraient dansles cérémonies accompagnant la pêche des tor­tues.

le pêcheur qui avait attrapé la tortue l"of­frait au dieu et la consacrait par un chant :

Maintenant la marée monteElle s'étale à l 'e stElle s'étale à l'ouestElle s'étale vers la terreElle s'étale vers la merElle monte devll.ntElle monte à l'intérieurElle monte en arrièreo Tagaroa .Participe à ce repas en hautParticipe à ce repas en bas..•.

47

La littérature orale polynésienne, chants sa~crés, légendes, est remplie d'évocations de lamer et de tout ce qu'elle contient. Le s allusionsà la construction- des pirogues, aux voyages enmer, aux départs, aux retours, à la pêche, ysont nombreuse s et on peut y apprendre maintsdétails sur les connaissances des anciens Poly-néSiens. .

Tout ce savoir n'a heureusement pas dispa­ru avec les marae et les chants de création. Oncontinue à construire des pirogues en Polynésieet on y pêche encore le poisson avec beaucoupd'ingéniosité.

Page 49: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

48

Page 50: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

BIBLIOGRAPH lE

BEAGLEHOLE J. C.- The Endeavour Journal of Joseph Banks.

1768-1771. Vol. 1 et 2~ Sydney. 1963

CHABOUIS L. et F.- Petite Histoire Naturelle de la Polynésie

française. Tom::- 1. Botanique.' Pap~e~e- Petite Histoire Naturelle de la Polynesle

française. 'r orne II. Zoologie. Papeete.

DUFF. R..- The M09.-Hunter Period of Maori Culture.

Wellington. 1962. .- No Sort of Iron. Culture of Cook's Polyn2.­

sians.

ELLIS W.- Po1ynesian Researches. Vol. let II. London.

1829..

EMORY K.P.- Tuamotuan Religious Structures and Cere­

monies. Bernice P. Bishop Museu:n, B 191.1947.

EMORY K.P., BONK W., SINOTO Y.H.- Hawaiian Archeology, Fishhooks. Bernice

P. Bishop Muselim Special PublicationNo 47. 1959.

EMDRY K.P. et SINOTO Y.H.- Oahu Excavations. Hawaiian Archaeology.

Bernice P. Bishop Museum Special Publi­cation No 49. Bishop Museum Press. 1961.77 pages.

- Eastern polynesian B'jIials at Maupiti. TheJournal of the Polynesian Society. 73.2.June 1964. p. 143-160 et Pl. 1-7.

GARANGERJ. .Hameçons océaniens. Elément:s de typolo-.gie. Journal de la Société des Océanistes.Dec. 1965. No 21 a. Tome XXI p. 128 à136.

- Ham~çons découverts à Rangiroa. Journalde la So~iété desOcéanistes. 1965b. N021.p. 142 à 144.- .Recherche s archéologique saux Nouvelle s­Hébride s. L'homme. t. 6. No 1. PariS 1966.pp. 59-81.

- L'Archéologie océanienne en 1969. Journal

49

de la Société de s Océahiste s. No 27. T.XXVI, Juin 1970.

GOLSON J. (editor)- Polynesian Navigation. A symposium on

Andrew Sharp's Theory of AccidentaI Vo­yages: Supplement to the Journal of thePolynesian Society. Wellington. 1963.153 p. carte s.

GREEN R.C.-- West Polynesian Prehistory in Prehisto­

ric Culture in Oceania. A Symposium. Edi­té par 1. Yawata et Y.H. Sinoto. EleventhPacific Science Congress, Tokyo, Japan,1966. Bishop Museum Press. Honolulu.1966. p. 99-109.

GREEN R. C. et DAVIDSON J.M.-' Radiocarbon Dates for Western Samoa.

Journal of the Polynesian Society. Vol. 74.No 1. Mars 1965. p. 63~69.

GUIART J.- Océanie. Paris. 1963.

HANDY E.S.C.- The Native Culture in the Marquesas. Ber­

nice P. Bishop Museum B 9 1923.- Houses, Boats and Fishing. Bernice P. Bis­

hop Museum B 90 1932.

HENRY T.- Ta h i t i aux temps anciens. Trad. B. JAU­

NE Z Paris. 1952.

HORNELL J.- Canoes of Oceania. Vol. l : The canoes of

Polynesia, Fiji and M.icronesia. Bernice P.Bishop Museum Special Publication. 1936.

HOWARD A.- Polynesian Origins and Migrations: A re­

view of Two Centuries of Speculation andTheory in Polynesian Culture History. Es­says in Honour of Kenneth P. Emory. Edi­té par High land, Force, Howard, Kelly,Sinoto. Bishop Museum Special Publica­tion 56. Bishop Museum Press. Honolulu1967. pp. 45-103.

JACQUIER H.- Notes sur les Pirogues actuelles de l'ne

de Raivavae. Bulletin de la Société desEtudes O~éaniennes. No 113. déc. 1955.p. 494-496.

JOURDAIN P.- Pirogues anciennes de Tahiti. Société des

Océanistes. Dossier 4.

KOCH G.- Die Materielle Kultur der Ellice-Inseln.

Museum fur Volkerkunde Berlin 1961.199 page s. 118 fig. XX Pl.

Page 51: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

LAVAL H.- Mangareva. L'histoire ancienne d'un peu­

ple polynésien. Braine-le-Comte et Paris.1938

LAVONDES A.- Musée de Papeete: Catalogue des Collec­

tions ethnographiques et archéologiques.Publication provisoire ronéotée. CentreORSTOM de Papeete. 1966. 409 p.

LEGAND M.- Contribution à l'étude des méthodes de

pêche dans les Territoires fran9ais duPacifique Sud. Journal de la Societé desOcéanistes. No 6. déc. 1950. p. 141-172.

LEMAITRE Y.- Les relations inter-insulaires tradition­

nelles en Océanie : Tonga. Premièresdonnées sur l'application d'une méthodemathématique. Journal de la Société desOcéanistes. 27. T. XXVI. juin 1970.

M8RRISON J.- Journal de James Morrison, second maî­

. tre à bord de la "Bounty". Trad. B. JAU­NE Z, Paris, Papeete 1966.

NORDHOFF C.- Notes on the off-shore Fishing of the So­

ciety Islands. Journal of the PolynesianSociety. No 154, J. 1930 et No 155, Sept.1930.

O'REILLY P. et REITMAN E.- Bibliographie de Tahiti et de la Polynésie

Française. Publications de la Societé desOcéanistes. No 14. Paris 1967.

OTTINO P.- La pêche a u grand filet à Tahiti. ORSTOM.

Paris 1965 a.

PETARD P.- Les plantes ichtyotoxiques polynéSiennes.

Bulletin de la Société de sE tude s Océanien­nes, déc. 1964.

SINOTO Y.H.- A Tentative Prehistoric Cultural Sequence

in the Northern Marquesas Islands, FrenchPolynesia. Journalof the Polynesian So ­ciety. 75. (3).1966. pp. 287-303.Position of the Marquesas Islands in EastPolynesian Prehistory, in Prehistoric Cul­ture in Oceania. A. Sym,?Osium. Edité par1. Yawata et Y.H. Sinoto. Eleventh PacificScience Congre ss, Tokyo, Japan, 1966.Bishop Museum Press, Honolulu, 1968,p. III à 118.

SINOTO Y.H. et KE LLUM M.- Hameçons récoltés aux Tuamotu occiden­

tales. Journal de la Société des Océanis­tes. No 21. déc. 1965. p. 145-149.

50

TEISSIER R.- Calendrier des lunaisons utilisé par le fi

Polynésiens orientaux 1970.

WALLIS in J. HAWKESWORTH- An account of the Voyage untertaken for

making discoverie s in the Southern Hemis­phere. London. 1773.

Page 52: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor

Couverture. Hameçon à requin. Tuamotu.

Page 53: LE POLYNESIEN ET LA MERhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 11. 8. · On comprend alors que les relations de l'hommeavec la mer aienteuune grande impor