LE PORTRAIT

Du dimanche 22 septembre au dimanche 6 octobre 2019

3 rue Alexandre Bouthors80 600 Beauquesne

03 22 32 85 40

« Culture à la ferme » vous invite cette année à participer à une réflexion plastique et sémantique autour du statut du Portrait en ce début

de XXIème siècle.

La représentation sculptée ou peinte de la figure humaine est un genre profondément enraciné dans la culture occidentale,

présent dès la plus haute antiquité, à l’articulation entre le sacré et le profane, la société et l’individu.L’histoire lui fait revêtir de multiples statuts,

il peut être de substitution, funéraire, de mémoire, social, politique, d’investigation ou de répression...

De Pline l’Ancien à Bertillon les propositions foisonnent......................................................

Marcher est peut-être - mythologiquement - le geste le plus trivial, donc le plus humain.

Tout rêve, toute image idéale, toute promotion sociale suppriment d'abord les jambes, que ce

soit par le portrait ou par l’auto.

Réduites à un visage, à des épaules, à des cheveux, les actrices témoignent ainsi de leur vertueuse irréalité, de leur sexe - en quoi elles sont à la ville manifestement

des anges, après avoir été sur scène des amantes, des mères,

des garces et des soubrettes.

Roland Barthes Mythologies

Extrait de “L’acteur d’Harcourt”1957

Martine & Vincent Blary

Muriel Corrette

Daniel Grimaud

Patrick Hébrard

André Houllier

Magdalena Keresztes

Françoise Morel

Dominique Mercier

Sélim Osseirane

Jean-Claude Ortiz-Villa

Patrice Roger

Isabelle Vorle

Martine & Vincent Blary

InstallationDimensions variablesPhotos, dessin, images numériques

Octavie et les oubliés

Les albums photographiques parlent de leurs propriétaires à travers les images qu’ils y déposent. C’est le cas de cet objet sur lequel nous travaillons.Son contenu se compose d’une galerie de portraits pour la plupart inconnus (bien que cet album ait appartenu à une lointaine parente de Martine: Octavie Lesueur).Toutes ces photos ont été prises entre 1870 et la première décennie du XXème siècle.- Prises de vue d’atelier photographique. - Période où le photographe se faisait aussi appeler artiste peintre. - Période où l’image de soi se décroche des murs pour gagner les livres écrins que sont les albums de famille. - Période où peinture et photographie se “ tirent la bourre ”.....

Qu’est-ce qu’une gueule d’écrivain ?

Muriel Corrette

photo numérique

Prise de tête

J’ai conçu cette série comme un défi lancé à moi-même pour sortir de mes zones de confort. Je réalise habituellement des portraits serrés, de face, en noir et blanc en format vertical où je recherche par l’instantanéité, l’être de chacun par le regard et les expressions du visage.Ici, j’offre à voir un tout autre point de vue, je montre des chevelures colorées d’individus de tout âge et de tous les horizons. Mon intention est la même, à savoir dégager la personnalité et l’inciter par l’originalité des couleurs capillaires choisies. Je rencontre mes modèles dans la rue en leur expliquant mon projet et ma démarche tout en leur faisant signer l’autorisation d’utilisation de leur image malgré le fait que nous ne voyons pas leur visage. Car pour moi je rends compte, au même titre qu’un portrait “classique”, de leur

Prise de tête

identité et de leurs expressions. La séance dure à peine dix minutes et j’utilise le décor urbain à ma disposition sur le lieu de rencontre. Ces nombreuses rencontres sur le vif et au hasard de mes promenades m’interrogent encore plus sur les raisons profondes d’arborer de telles couleurs. Chacun y voit une façon de lutter contre la “grisaille” ambiante; je suis loin des revendications des punks des années 70-80 et le caractère transgressif est devenu une mode que les marques de coloration de cheveux ont su saisir ...

Daniel Grimaud

InstallationDimensions variablesPhotos, boîte à lettres, porte-clés

Qu’est-ce qu’une gueule d’écrivain ?

En référence au dernier livre de Yann Queffélec : “Naissance d’un Goncourt -Toi, chéri, tu as une gueule d’écrivain ! ” Calmann-Levy

Une corrélation intime est-elle concevable entre :le portrait de l’auteur, son nom et le titre de son livre ?En 2013, j’ai inventé 13 romans policiers (sans texte) ayant pour cadre Beauquesne. En 2018 j’ai anticipé la disparition de ces auteurs et même prévu leur pierre tombale.Mais ces écrivains imaginaires ont-ils un visage ?En 2019, j’ai reconstitué leurs 13 portraits à l’aide d’un logiciel d’intelligence artificielle générant des milliers de visages de personnes qui n’existent pas :https://thispersondoesnotexist.comQuel visage correspond à la

Qu’est-ce qu’une gueule d’écrivain ?

personnalité supposée de l’auteur ?

Le dispositif proposé permet à chacun de faire une hypothèse et ainsi de vérifier sa réponse intuitive. Il suffit pour cela de choisir un porte-clés sur lequel figurent, sur une face, la photo de l’écrivain et, sur l’autre, un indice lié à son roman. Puis, avec la clé, tenter d’ouvrir une boîte à lettres.Il se pourrait que le portrait du romancier se trouve au fond de la boîte !

Patrick Hébrard

Film

Black Book Project

À partir de ce constat, Patrick Hébrard a conçu un film qui est tout à la fois une exploration filmique de ses carnets et un portrait de son actrice fétiche. Le film s’appelle Black Book, en voici le synopsis :Une actrice se rend compte qu’elle ne doit son existence qu’aux films dans lesquels elle tourne et aux cahiers dans lesquels le réalisateur conçoit et dessine ses projets. La plupart du temps, elle n’est qu’un fantôme, un personnage de fiction, une pure création de l’esprit. Un jour, alors que le réalisateur doute de pouvoir faire un nouveau film, elle prend corps dans la réalité et vient le supplier de ne pas abandonner ses re-cherches et de continuer à la faire exister coûte que coûte.

Black Book Project

Black Book est un film créé à partir des carnets dont l’artiste-réalisateur Patrick Hébrard se sert pour préparer ses films. Ils contiennent des dessins, des notes, des esquisses de scénario, des collages, des photos, etc. Ces carnets sont une sorte de laboratoire ou d’atelier portatif qu’il emmène partout avec lui. Ils constituent une sorte de mémoire graphique de la gestation d’un projet. Ils témoignent aussi de pistes ou d’idées abandonnées : autant de germes pour des films à venir... ou qui ne verront jamais le jour. Ces dessins ont la particularité d’être faits avec des stylos à bille dont l’encre s’efface à la lumière. Force est de constater que beaucoup d’entre eux représentent une femme, toujours la même :l’actrice que l’on retrouve dans la plupart de ses films.

André Houllier

Récit figuréD’après 3 photographies d’Evgueni Khaldei

Le parlant & la muette

Ce livre est né d’une rencontre entre une image et son spectateur. Il arrive qu’une image émerge du flux incessant des images qui viennent à moi et s’immiscent dans ma vie privée sans que je les y ai invitées. Je suis tombé sur cette image un jour de 2008, pour être plus précis, c’est elle qui m’a fait trébucher.

Qui sont ces gens ? Un homme, une femme et deux adolescents semblent s’être réunis pour la dernière fois dans une pénible et sidérante léthargie. Quels sont les liens de cette fratrie avec ce lieu étrange ? Qui est ce photographe dont le nom ne me dit rien alors que l’une de ses photographies se trouve dans tous les livres d’histoire ?

Mais je parle, je parle et tu restes sans voix. Par quels détours, évocations, invocations, suppliques passer, pour faire qu’une image nous parle ?

Magdanela Keresztes

Peinture acrylique Ces portraits qui regardent en face les visiteurs autant qu’ils sont regardés, ce sont ceux du monde de Magdalena Keresztes. Ce peintre d’origine hongroise pose son regard sur les êtres et les choses. Son style très personnel est la synthèse entre l’art populaire d’Europe Centrale où elle est née et une forme “académique”( son maître est Bruno Lebel, professeur aux Beaux-Arts de Paris). Magdalena élimine les détails pour parvenir à une image à la fois moderne et intemporelle, véritable petit monde baigné de poésie personnelle. Les personnages très colorés, par l’acrylique souvent, parfois le pastel, apparaissent souvent passifs, mais parfaitement visibles, sans anecdote. Sa vigueur artistique réside dans la représentation des sujets par leur observation la plus intime.

La simplification des formes permet de saisir l’essence des êtres .“L’art ne donne pas une représentation du visible, mais il rend visible “ (Paul Klee).

Françoise Morel

Porcelaine

Dressing - 2019 - Movieshirts - 2019

L’envie de travailler la porcelaine comme du tissu est à l’origine du premier projet.A partir d’un vêtement emblématique du vestiaire masculin, la chemise blanche, l’idée est venue de suggérer textures, plis, assemblages, détails...

Ensuite sont arrivés les Movieshirts...

Formée au stylisme, je m’intéresse à la manière dont chacun s’empare (ou non) du vêtement et c’est souvent l’allure des gens, leur style, les détails de la tenue... qui me restent en tête.

J’ai voulu aller plus loin en réalisant une série de portraits à partir de chemises restées dans ma mémoire: le col 70’ de John Travolta dans Saturday night, puis

Purple rain ont ainsi constitué le point de départ.Finalement l’univers du cinéma s’est imposé avec quatre nouveaux personnages: Robert Mitchum, Alex Mc Doowell, Jaques Tati et Bruce Lee.

La présentation dans six boîtes de verre identiques enferme chaque pièce dans un “écrin” et suggère l’idée d’un cabinet de curiosités lié à la mémoire et à l’intime.

u’est-ce qu’une gueule d’écrivain ?

Dominique Mercier

Céramique - Raku Des hommes en terre, à peine ébauchés, sans visage, en groupes, serrés les uns contre les autres, ou bien seuls avec leurs peurs, leurs questionnements, leurs souvenirs, leurs ombres. Travail sur le portrait social hors cadre et dans le cadre.

Des hommes qui marchent le long des murs, de leurs murs, qu’ils affrontent parfois, qu’ils escaladent ou traversent comme support à l’instantané de la vie.

Des hommes en marche qui fuient. Grand puzzle de terre de l’humanité. Ils n’ont pas de regards ou si peu, et nous ne les voyons pas. Portrait de ces hommes qui avancent en une longue file qui semble n’avoir ni début ni fin. Un portrait de la société…Portrait d’hommes aussi, arrêtés dans leur élan par une intuition,

une joie, un rêve. Des hommes qui se cognent, se rencontrent, et qui reprennent le cours de leur vie.Parfois des animaux, des arbres, s’en mêlent et les accompagnent dans leur cheminement. Ils se mettent dans leurs pas et deviennent visibles.Petites saynètes emboitées les unes dans les autres où le réel et l’imaginaire se rencontrent et forment tout un monde. Le spectateur doit se plier, se pencher, aller par-delà les apparences pour comprendre ce que les hommes perchés sur des escaliers improbables, des falaises de terre, ces hommes qui passent « de l’autre côté du miroir » veulent nous dire.

Ces hommes de terre vont au-delà de la représentation. Ils rejoignent le « non dit »,

écrivain ?

Sélim Osseirane

Photo argentique

Portraits

Mon travail consiste principalement à déambuler de longues heures dans les rues du Nord de Paris que j’affectionne particulièrement pour les propositions qu’on peut y trouver dans ce coin de la ville. Un mélange de douceur et de violence qui me permet de capturer des moments de vies singuliers. Pour cette réflexion autour du portrait, j’ai choisi de mettre en avant des individus vus de dos. Par définition, les vues de dos ne sont généralement pas considérées comme des portraits, mais cette ambiguité permet d’intégrer les individus au centre de la composition, figés, comme pour en pallier l’absence, mais sans visage pour que le regard ne se concentre pas sur un point de fuite trop attirant. Que l’on puisse ainsi devenir soi-même le sujet et interpréter l’aspect contemplatif que ces individus

semblent avoir face à leur environnement, sans en être influencé par un regard ou une expression de visage. Ici, le portrait sera suggéré et non imposé.

u’est-ce qu’une gueule d’écrivain ?

Jean-Claude Ortiz Villa

Céramique et installation

Zoom sur le zoo

“Chaque artiste, chaque céramiste se souvient de l’origine de sa vocation: comment un mode d’expression plutôt qu’un autre s’est littéralement emparé de son être pour conduire ensuite sa vie entière.Pour Jean-Claude Ortiz-Villa, c’est à vingt-quatre ans un pas-sage aux Beaux Arts d’Amiens dirigé par Maurice Persyn et dans l’atelier de céramique de Berna-dette L’Hôte, la découverte tactile, sensible, sensuelle de la terre”.

Jean-Marie L’HôteLa revue de la céramique

Tous les céramistes, tous les amoureux de la terre se reconnaitront dans ce portrait, du moins pour l‘instant. Cette forme obtenue par pétrissage en spirale sert à raffermir et à chasser les bulles d’air contenues dans l’argile afin d’éviter les explosions lors de

la cuisson. Ce sont des gestes purement techniques effectués tout au long d’une vie de céramiste.

En 1995, j’en ai fait “Oeuvre” pour symboliser mon rapport charnel à la terre, instinct d’un passé très enfoui au plus profond de nous. Ce besoin organique et fondamental, il est pour moi, la première porte d’entrée dans la création. Le reste viendra avec l’émotion puis le rationnel. C’est le rapport par le biais de ce portrait que je veux présenter dans cette exposition.

Avec les algorithmes qui arrivent à grands pas, j’espère que l’on pourra encore, pendant quelques années, triturer la terre avec ses mains et peindre avec des pinceaux.

Jean-Claude Ortiz-VillaBeauval le 10 juillet 2019Cette forme obtenue par pé-

Patrice Roger

Estampe numérique

Autoportraits,parfois flous

Du portrait à l’autoportrait, Patrice Roger crée un jeu, non dénué d’humour, loin d’une simple inversion de l’image, qui opte pour un genre disparu. Il ne colle pas non plus à une époque qui se complait dans l’image de soi. Le flou invite à effectuer le pas de côté nécessaire pour regarder avec lucidité une histoire qui prend sa source chez Rembrandt et envoie le coup de poing salutaire (salvateur ?) de Courbet, qui permet de se regarder, d’être, de douter. Un dialogue permanent de l’artiste avec son temps que seule l’Histoire permet de comprendre. Une porte qui s’ouvre sur une complexité qui mêle photo et portrait et se déplace à la vitesse du trait si cher à Alechinsky. Représenter l’humain et d’une main lui donner sens dans son écologie. A l’instar des antiparticules qui ont des charges opposées, Patrice Roger, dans un

clin d’œil improbable, donc réel, à la physique des particules, pourrait faire sien le titre d’un ouvrage de Gabriel Chardin : L’antimatière, la matière qui remonte le temps. Pour mieux nous regarder.

Yves Doazanu’est-ce qu’une gueule d’écrivain ?

Isabelle Vorle

film expérimental, 2017, 9mn37Danse : Aimée DupréTexte et voix : Stéphanie Katz

Danse aux éclats

Parfois, des personnages traversent les films d’Isabelle Vorle, telles des apparitions furtives dans des paysages urbains et végétaux. Sa caméra explore pourtant de la même façon ces espaces, les objets et les visages dans les 4 portraits qu’elle a réalisés : Être chant (2009), Frédéric Guerin, artiste collectionneur (2018), Danse aux éclats (2017), et Vibes & Scribes (2019). Il s’agirait d’atteindre à l’intimité du portrait.Les fragments d’un univers dansé, entr’aperçus, convoquent une mémoire intime dans le portrait d’Aimée Dupré en danseuse flamenca. Ces éclats d’images scrutent et sculptent avec pudeur l’intimité du corps dansant, dans un éloge du vivant. Les fragments d’une musique venue du fond des âges s’aimantent à la scène dansée comme les tessons de

poterie dans l’élégance sombre etlumineuse d’une caverne. Un texte et une voix intérieure prennent place, accompagnant le souffle suspendu des images.

Ce catalogue a été conçu et réalisé par l’association

Culture à la Ferme

tirage 50 exemplairesphotocopie et

impression jet d’encre

Asociation Culture à la Ferme3 rue Alexandre Bouthors

80 600 Beauquesne

Septembre 2019