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Le Progressiste Mercredi 29 Avril 2009 - N° 2084 1 euro La chance de la Martinique c’est le travail des Martiniquais Hebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises sont les Martiniquais eux-mêmes » (Dr ALIKER) Portrait d’élu : J.C. Ecanvil, le Carbet avant tout… (p.5 à 7) D’autres hommages à A. Césaire (p.8 à 10) Logement social : situation grave (p.11 et 12) sommaire “HORS-SÉRIE” SPÉCIAL CESAIRE En vente 5 euros au siège, auprès des militants et en librairie. AN PWOGRAM DJOK POU AN BEL PRIMYÉ MÉ APPEL INTERSYNDICAL POUR LE 1ER MAI : Le Maire du Carbet Jean ECANVIL

Le progressiste n° 2084

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Le ProgressisteMercredi 29 Avril 2009 - N° 20841 euro

La chance de la Martiniquec’est le travail des Martiniquais Hebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire

Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises sont les Martiniquais eux-mêmes »(Dr ALIKER)

Portrait d’élu : J.C. Ecanvil, le Carbet avant tout… (p.5 à 7)D’autres hommages à A. Césaire (p.8 à 10)Logement social : situation grave (p.11 et 12)

sommaire

“HORS-SÉRIE” SPÉCIAL CESAIREEn vente 5 euros au siège,

auprès des militants et en librairie.

AN PWOGRAM DJOK POU AN BEL PRIMYÉ MÉ

APPEL INTERSYNDICAL POUR LE 1ER MAI :

Le Maire du Carbet Jean ECANVIL

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LES ETATS GENERAUX,

UNE REPONSE A CONTRESENS.

La crise dite du « 05 février »a révélé un profond malai-se dans la société

Martiniquaise. Ce malaise, leP.P.M. n’a eu de cesse de ledénoncer, d’alerter les décideurslocaux, le peuple Martiniquais,chaque fois que cela a été pos-sible. La réponse apportée parl’Etat au « mal » martiniquais, aelle aussi déjà été dénoncée,pour son inadaptation à la situa-tion, méconnaissance oblige.

La crise que nous traversonsreçoit une réponse pour le moinsoriginale et à contre sens dansson calendrier : vote de la Loi deFinances en décembre 2008 ;vote de la LODEOM, Loid’Orientation pour leDEveloppement Economique enavril 2009 ; Etats Généraux deMai à ?... ; puis décision et éven-tuellement vote d’une nouvelleloi.

En clair, on définit les outils finan-ciers d’abord, on vote la loi pourle développement et ensuite ondemande au peuple avec desétats généraux, son avis. Quandon sait en plus que la LODEOM aété « bouclée » avant les crisesmondiale et martiniquaise, on nepeut être que sceptique quant àson efficacité ; feriez-vousconfiance pour vous guérir, a unmédecin qui vous donne lesmédicaments avant la consulta-tion et vous dit pour la suite, onverra après les radios… ?Ce processus qui défie la logiquene vous rappelle rien ? Si, biensûr ! C’est le même mis en œuvreau Congrès des ElusMartiniquais : on décide du statut(73 – 74 uniquement !) puis descompétences. J’achète le faitoutet après je verrai ce que je doisfaire cuire ; « si y tro piti, sa pagrav ; si y tro gran, sa pa gravnon pli » !

Eh bien, ces affinités dans lesdémarches se retrouvent dansles états généraux de l’EtatFrançais, pilotés, mis en œuvrepar les IndépendantistesMartiniquais, dans l’organisationde quasiment tous les ateliers.Ne soyez pas surpris, on necesse de vous dire qu’il y a par-fait accord entre eux à Paris.Mais nos moratoiristes honteuxdevraient faire attention à bienentendre le message de février,je le répète, le peuple n’accepteplus qu’on décide pour luisans le consulter en amont.

Alors il faut faire attention à ceque les états généraux ne priventle peuple de la parole qu’on pré-tend lui donner, car celle-ci estconfisquée par des politiques,des spécialistes en tout genre…Bref, ne faisant de ce moment,qu’un moment où l’on reverra lesmêmes qui depuis 30 ans auscul-tent le malade, administrent tousle traitement.C’est au contraire le moment delibérer la parole, de faireentendre des voix nouvelles, desvoix populaires, pour faire émer-ger cette volonté martiniquaise.Dans le cas contraire, si certainspersistent à croire qu’ils ont déjàtout dessiné dans le schéma(SMDE) ; tout planifié le 18décembre au Congrès des Elus,qu’il ne reste plus qu’à voter lepassage à la « caloge magique »pour Emanciper la Martinique, leréveil risque d’être douloureux.De frustration de parole en diffi-culté de vie, en sentiment d’êtreignoré, le peuple finira par redes-cendre dans les rues, mais cettefois moins pacifiquement qu’enfévrier !

Didier LAGUERRESecrétaire Général

NDLR : Selon le site« Bondamanjak », MM. ClaudeLISE et Alfred MARIE-JEANNEseront reçus à l’Elysée le 6 maipour préparer le referendum dejuin 2009 !

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A L’ECOUTE DU PPM SUR Radio EKLA- 102 MHz : chaque mardi à 19h30.Et Serge LETCHIMY chaque dimanche de 11h à 13h.

EDITO…

Aimé Césaire et Didier Laguerre

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La situation économique et socialeen Martinique1 – Contexte

Février 2009 aura marqué l’histoire dela Martinique et particulièrementFort–de–France. La mobilisationautour des revendications syndicalesdurant plus de 35 jours a soulevé denombreuses questions sur l’ordre éco-nomique, social, culturel ainsi que surles rôles, fonctions et engagement desdifférents acteurs de notre société. Cetélargissement des problématiques estle signe distinctif d’une société com-plexe avec des perspectives peulisibles.Si les revendications ont trouvé desréponses sur l’essentiel des pointsforts, des questions restent en suspenset méritent de trouver une assise aussibien dans la réflexion que dans l’espoir

de perspectives nouvelles et pal-pables.

2 – La grève à Fort-de-France

Une fois de plus à Fort-de-France,dans ses fonctions de ville-capitale, aété le centre convergent des manifes-tations ainsi que des dommages colla-téraux du conflit.Plus de 35 jours de mobilisation5 000 à 20 à manifestants selon lesjoursUne suspension complète des activitéspour plus de 1 500 entreprises de laville basseDes dommages collatéraux lors desnuits des 25 et 26 février qui ont tou-ché une soixantaine d’entreprises (commerces et artisans ) à des degrésdivers pour 20 Millions d’Euros dedégâts et environ 800 Euros sur les

ouvrages publics.3 – Perspectives

En supplément des effets de la criseéconomique du 2e semestre 2008 , leconflit social de Février 2009 met enlumière une situation économique etsociale dégradée en Martinique et plusgénéralement dans les D.O.M.Au-delà des conséquences directessur l’activité et à plus long terme sur lefonctionnement de la société, unequestion majeure demeure :

« Quel est le modèle économique etsocial à formater pour accompagnerle développement et assurer lesvoies du progrès de nos popula-tions ? »

Un débat fructueux au Conseil municipal,le vendredi 27 mars 2009

Note introductive au débat du conseil municipal

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Rappel des Données pour la Martinique, l’Agglomération et Fort-de-France

Données géographiques socio-économiques MARTINIQUE …….. C A C E M Fort de France

Habitants ( RGP 1999 ) 381 427 166 139 44 % 94 049 25 %

Superficie – Km! 1 128 177 16 % 50 4 %

Nombre total de logements 155 733 68 676 40 655 26 %

Nombre de ménages 130 844 59 943 46 % 35 214 27 %

Entreprises 33 031 18 257 55 % 10 261 31 %

Emplois ( salariés et non salariés ) 116 009 dont

41 000 fonctionnaires

69 259 58 % 41 687 36 %

Demandeurs d’emploi au 31 décembre 2007 34 463 13 690 40 % 7 749 22 %

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Au lendemain du décèsd’Aimé Césaire, malgrécette douloureuse

épreuve que le PeupleMartiniquais tout entier avaitpartagé dans une communioninattendue, la ville de Fort-de-France et le Député-MaireSerge Letchimy avaient tout desuite mobilisé la communautéscolaire, qui de façon immédia-te et spontanée avait témoignéson émotion et son attache-ment.Dès le 29 mai 2008, leDéputé-Maire avait écritMadame Marie Rénier,Rectrice d’Académie, en cestermes :« … je veux vous exprimer icimes plus vifs remerciements,ainsi qu’à tout le personnel del’Education nationale qui s’estmobilisé en harmonie avecleurs élèves, pour rendre uninoubliable hommage à AiméCésaire.Ces marques de respect etd’affection, cet enthousiasme,cette soif de connaître, qu’amanifesté cette jeunesse, nousobligent à relever le défi decette mission partagée qu’estl’Education.Aimé Césaire, homme delettres et homme politique mar-tiniquais, chantre avec LéopoldSédar Senghor et LéonGontran Damas du mouve-ment de la Négritude, a œuvrétoute sa vie pourl’émancipation de son peuple,par l’accès au savoir.C’est pour perpétuer cetteœuvre émancipatrice que jepropose que l’ Ecole » etl’ensemble des acteurs éduca-

tifs se mobili-sent .»Et le maire pro-p o s el ’ o r gan i sa t i on« d’une journéep é d a g o g i q u ea c a d é m i q u eautour de l’œuvrede AiméCésaire »,chaque année,par arrêté rectoral …Comme les vacances dePâques englobaient la dateanniversaire du 17 avril, cettejournée académique fut fixéele 23 avril.Succès complet de cetteVolonté, bien relayée partout,dans chaque école, danschaque commune, danschaque quartier : laJeunesse martiniquaise arendu un hommage vibrantau plus grand desMartiniquais, et toutes leséquipes éducatives ontaccompagné cet hommage.Des initiatives surprenantes,des récits, des contes, desimages, des pièces de théâtre,des dits poétiques, avecchants, musiques, gospel,tam-tam, slams, danses tradi-tionnelles et contemporaines,tout a été mis en œuvre, aveccœur et force, pour dire mercià Césaire, pour célébrer lepoète, le penseur …Nous avons assisté àl’Hommage de la Cité scolaireFrantz Fanonde Trinité, une véritable jour-née culturelle qui fut exemplai-re, de création, d’imaginationet de ferveur.

En présence de JacquesCésaire, fils aîné du grandHomme, les élèves, dans unballet incessant, de trouvaillesscéniques et d’arrangementspoétiques, ont fait connaîtreCésaire et son immensetalent : le théâtre engagé, lapoésie vibrante, la pensée poli-tique, l’Humanisme en action,des images d’expos bienfaites, la pluralité des mes-sages délivrés par Césaire,tout a été revisité depuis 8 hdu matin, jusqu’au soir. Et cequi fut le plus remarquable,c’est l’extraordinaire partici-pation de la jeunesse , filleset garçons, qui, avec convic-tion, foi et enthousiasme,reprenait les écrits du poète etde l’homme politique, en insuf-flant un sens et un message,ce qui, sans conteste, eûtrendu Aimé Césaire fier et heu-reux …Merci à l’équipe éducative,merci à la jeunesse de s’êtreapproprié l’héritage Césairien,riche de promesses pourl’Avenir.

Jeannie DARSIERES

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Mission Césaire : Pari réussi …

La journée académique du 23 avril 2009

la Cité scolaire Frantz Fanon

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«J’incarne une nouvellegénération de Carbétiens.J’ai de la passion, del’ambition pour ma commu-ne ». Tout au long de sacampagne des électionsmunicipale et cantonale, il l’adit et répété. Mars 2008 :Jean-Claude ECANVILdevient Maire du Carbet etConseiller Général du can-ton Carbet-Morne-Vert. Lespitons Lacroix, l’Alma,Dumauzé, Boucher et lemorne Piquet avec lesCarbétiens ont saluébruyamment l’avènement dunouvel édile. « Réunir pourréussir le Carbet », tel a étéson slogan ; telle est désor-mais sa mission.

INSTAURER LE DIA-LOGUE SOCIAL ET LAPAIX CITOYENNE

Dès sa prise de fonction, JC

Ecanvil s’estattelé avanttoutes choses àcalmer les ran-coeurs, à conci-lier les diver-gences et lesdifférences, àapaiser les rap-ports conflic-tuels, à réconci-lier le Carbetavec son voisinet avec lui-même, à fairetaire les animo-

sités. Aujourd’hui, « il n’y aplus de clans au Carbet ettous nous travaillons etpoussons dans le mêmesens, dans la même direc-tion. L’on ne peut bâtir sur dusable et un climat deconfiance réciproque et desérénité retrouvée étaitindispensable pour construi-re. Avec mon équipe munici-pale, cela a été notre pre-mière victoire.Et puis il nous a fallu com-prendre le fonctionnementd’une munici-palité. De lanôtre surtout.Ne pas avoirla prétentionde maîtriserl’appareil dujour au lende-main. Nousavons procé-dé par étapes,

avec méthode, tact, rationali-té, respect de l’agent munici-pal ; humilité. Nous avonséchangé et dialogué avec lepersonnel pour faire émer-ger les compétences, lesdévelopper si besoin, lesconforter dans certains cas.Sans dialogue social, aucu-ne entreprise ne peuts’inscrire dans la performan-ce. Nous avons introduitchez le personnel la notionfondamentale de la forma-tion, seule capable d’assurerla promotion sociale etl’épanouissement del’homme au travail. La maî-trise de l’outil informatique aété privilégiée, dès lors quel’on a des exigences derésultat. Car, pour atteindrenos objectifs, nous devonsnous en donner les moyens !

Les 130 agents de la Villedu Carbet doivent être« managés » dans un climatde justice sociale et d’équité.Ils doivent travailler ets’impliquer pour leur ville

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PORTRAIT D’ELU

JEAN-CLAUDE ECANVIL :

LE CARBET AVANT TOUT.

Carbet - Saint-Pierre

…suite page 6

Jean-Claude ECANVIL

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dans les meilleures condi-tions. Et puis, notre politique,notre démarche, c’est d’allervers le Carbétien, d’être àson écoute, de prendre encompte ses problématiqueset y répondre et se rendredisponible pour lui. Je penseque là aussi voie car nouspartons d’une philosophie,d’un socle de pensée, d’unhumanisme qui sont ceux duCESAIRISME, qui placentl’homme au centre del’action. Nous cultivonsl’altérité. Cette nouvelle gou-vernance que les Carbétiensappellent de leurs vœux,maintenant nous pouvons lamettre en œuvre. Et nousaussi, les élus, noussommes engagés dans descycles de formation qui nousdonneront une appréhensionplus efficiente de l’outil muni-cipal ».

UNE MUNICIPALITEAU TRAVAIL

« Nous avons tenu à assurerla continuité du servicepublic de sorte que la popu-lation carbétienne ait la qua-

lité de service qu’elleest légitimement endroit d’attendre denous : pour désen-claver le quartierPITONS, nous avonsréalisé l’ouvrageimportant du pontCAMPBEILH quiapporte un plus entermes de fluidifica-tion de la circulationet permet aux agri-culteurs de travailler

dans de meilleures condi-tions et de valoriser l’offretouristique.

Le CARBET, communecôtière du bassin caraïbe,est profondément ancréedans la symbolique de l’eau.Nous avons remis l’eau,notamment sur les plages,en instaurant une gestionrationnelle et intelligente deson utilisation.Responsabiliser le Carbétienet l’accompagner dans ses

demandes et ses besoins,telles sont nos préoccupa-tions. Nous avons introduitles ordinateurs dans lesécoles primaires, assurél’éclairage public à Morneaux Bœufs et à FondCapot, mené des actionssanitaires pour combattrel’insalubrité en construisantdes abris poubelles ; promuune véritable politique parti-cipative par des réunions dequartier ; mis en place desmarchés pour permettre auxagriculteurs d’écouler leurproduction tout en favorisantle resserrement des lienssociaux ; éveillé leCarbétien, les jeunes sur-tout, à la culture par desséances cinématogra-phiques de proximité ».

Le MorneVert

l’Anse Turin

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LE CARBET DE DEMAIN

« Nous avons inscrit notreville dans un schéma dedéveloppement durableconcerté, harmonieux, quirépondra aux souhaits dela population. Nous avonsun projet de réalisation delogements sociaux dans lepérimètre de l’îlot de laMairie et du bourg et delogements intermédiairesau Coin, de logementsintermédiaires et sociaux àFond Capot, pourrépondre à de très fortesdemandes. Nous avonsdemandé le retour del’antenne des pompiers afind’assurer nos premierssecours ; projeté avec l’Etatles travaux de continuité dela RN2, l’aménagementconcerté et intégré de laplage pour favoriser uneoffre économique etludique aux commerçantstout en privilégiant unezone pour les pêcheurs ;créé, pour la promotion etla valorisation du Carbet,

un Office de Tourisme ;désenclavé par des voiesstructurantes les quartiersPitons et Bout Bois ;implanté un Centre local deprévention. Par conventionavec le RSMA, nous allonspromouvoir des chantiersd’insertion.Nous travaillons à donnerplus de moyens au Centred’Action Sociale pour satis-faire une demande trèsforte. La culture est omni-présente dans nos projets :nous voulons créer unespace multimédias (cybe-respace, bulle internet) quise voudra avant tout lieu derencontres. Nous avonscommencé à redynamisernos associations telles leRENOUVEAU dans uneapproche globale du sportau Carbet qui associeraitfootball, natation, athlétis-me, culture, expressionsartistiques et ludiques ».Le Maire du Carbet estaussi Conseiller Généraldu canton Carbet-MorneVert : « Suite au désenga-gement progressif des ins-titutionnels que sont laRégion et le Département,nous devons assurer letraitement des demandesde toutes sortes. Lespêcheurs du Carbet et lesagriculteurs du Carbet etdu Morne Vert savent pou-voir compter sur nous–dans la mesure de nosmoyens- et trouver auprèsdes élus écoute et conseils.Nous sommes déterminésà travailler avec eux mais

surtout pour eux.Nous mettons en placeun cycle de réunions pouraborder les problèmes del’eau pour les agriculteurs,l’implantation de points devente et d’écoulement deleurs produits maraîchers,la conservation de la pêchepour les marins-pêcheurs.Le principe d’acquisition demachines à glace est déjàretenu. Nous allons arrêterdans les prochains jours uncalendrier de rencontre surle lieu de travail.Néanmoins, pêcheurs etagriculteurs peuvent à toutmoment nous contacter enmairie au 05.96.78.00.40.Une écoute leur est assu-rée ».

Le Carbet, c’est avant toutcette nouvelle gouvernan-ce que le PPM prône et ini-tie : rendre l’homme marti-niquais acteur et non spec-tateur de son développe-ment dans une Martiniqueautonome, digne et fière,dans le respect des lois dela République française. LeCarbet : un bel exemple dedynamisme et de diversitésrépublicains.

Propos recueillispar Serge SOUFFLEUR

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COMMEMORATION DU PREMIER ANNIVERSAIREDE LA DISPARITION D’AIME CESAIRE

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Monsieur le Député Maire,Monsieur le Président du ¨P. P. M.,Chers amis adhérents et sympathi-sants du C. C. E. R.,Chers camarades,Mesdames et Messieurs,

17 avril 2008, 17 avril 2009, un an déjàqu’Aimé Césaire nous a quittés, partipour un voyage sans retour.Pourtant, paradoxalement, par l’œuvrequ’il nous a léguée, il reste parmi nous,bien présent, bien vivant et surtout agis-sant.Par sa pensée, la philosophie et les prin-cipes qui l’ont guidé toute sa vie, AiméCésaire a exercé une influence telle surson peuple, qu’il ne pouvait le considérerque comme un père, le Père de la Nationmartiniquaise, un référent, un modèle, unguide, une boussole, une sourced’inspiration, le premier de ses maîtres àpenser. De fait, nous sommes tous pétrisde la pensée césairienne. Mieux, faitspour ainsi dire, des mêmes élémentsgéologiques qui entrent dans la constitu-tion de sa chair. Nourris au terreau césai-rien, nous y avons puisé et puisons enco-re la sève nécessaire et indispensable àla croissance de notre peuple avec lequelil l’a dit lui-même dans le « Cahier d’unretour au pays natal. », il se confond.

L’ oeuvre d’Aimé Césaire est une sourceintarissable aux eaux pures et vivifiantes.Une mine de richesse inépuisable. Unpatrimoine précieux à conserver et àdéfendre. Un legs important qu’il convientde préserver jalousement.Il ne s’agit nullement ici d’en faire l’étudeou l’exégèse. Mais, par souci de per-mettre à chacun ou chacune de se faire

une idée précise du rapport qui existeentre l’homme et l’œuvre, à propos deCésaire, je voudrais dire avec force,quatre choses :La première, c’est qu’à la différence debon nombre de gens, que c’est unhomme qui se dépasse.La deuxième, c’est que de son vivant, ilest entré dans l’histoire et a donné lieu àun mythe : le mythe Césaire.La troisième, c’est que par son engage-ment, son action poétique et politique, ilfut un Nègre Fondamental et un LeaderFondamental ; non seulement un pen-seur, mais aussi un homme d’action ; nonseulement un homme d’enracinement,mais aussi d’ouverture.La quatrième enfin, c’est que toute sa vie,il resta fidèle à lui-même, à son peuple, àson engagement et à sa mission.

Or, se dépasser, entrer dans l’histoire nesont pas choses banales et fréquentes.Donner naissance à un mythe, n’est pasdonner à tous. C’est chose singulière,particulière, qui relève d’une osmose par-faite entre le peuple auquel on appartientet celui ou celle qui est destiné(e) à êtremythifié ( e), qui relève en somme del’exceptionnalité même. Or, l’on saitl’importance du mythe dans toute socié-té, son triple rôle : fondateur, d’activation,et fédérateur.Ce qui est vrai de l’homme qui se dépas-se et qui dans le rarissime cas deCésaire se confond encore une fois, avecson peuple mais aussi avec sa terre ; dela figure historique et mythique, l’estaussi en fait, d’un homme « tête deproue », homme de plume et du Verbecertes, mais aussi d’action, enraciné pro-fondément dans son terroir, mais ouvertaux autres et au monde, qui demeura parexcellence, constamment en parfaite har-monie avec sa pensée, ses principes, saphilosophie, sa démarche, ses actes.

Ces quatre choses rappelées, pour seréférer au parcours ou à l’itinéraired’Aimé Césaire, - de son expérience

surréaliste et parole démiurgique àson action politique, - qui connaît sonœuvre accomplie, sait que c’est uneœuvre titanesque, immense, multiformeet surtout sans conteste martiale. Mais,reste maintenant à savoir, que faire d’unetelle oeuvre? Il convient bien évidemmentde la protéger, de s’en inspirer, de laméditer, de l’approfondir au besoin, del’adopter et de l’adapter chaque fois quebesoin se fait sentir, de la mettre en pra-tique, de la faire fructifier, de la trans-mettre au mieux aux générations pré-sentes et futures.Qui le rend présent à tout jamais et sur-toutC’est justement en cela que réside lamission du C. C. E. R. que j’ai l’honneurde présider depuis 24 ans, qui n’a pasattendu la disparition de Césaire, pouragir, afin de faire connaître son œuvre aumieux, de la vulgariser même. Pour lapromouvoir. Pour encourager et faciliterla recherche à son égard. En somme,pour permettre de comprendre la poé-tique de Césaire, et partant, l’ herméneu-tique ou la clef nécessaire, pour y avoiraccès et l’interpréter valablement.Mais, pour martiale que soit la tâcheaccomplie par Césaire et immense quesoit cette œuvre, elle reste loin d’êtrefinie.Dans le « Cahier d’un retour au paysnatal », c’est ce qu’il exprime clairementet avec force conviction, quand il écrit :

« il n’est point vrai que l’œuvre del’homme est finieque nous n’avons rien à faire au mondeque nous parasitons le mondequ’il suffit que nous nous mettions au

pas du monde

mais l’œuvre de l’homme vient seule-ment de commenceret il reste à l’homme à conquérir toute

interdiction immobilisée aux coins de saferveur… »( Cahier…P.139 )

HOMMAGE

« Nous sommes tous pétris de la pensée césairienne »(Christian LAPOUSSINIERE)

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Nous avons donc du grain à moudre.Dans le sillage de Césaire, mettons-nousrésolument au travail ! Inspirons-nous deson œuvre ! Faisons fructifier sa pensée,d’autant plus que tournée vers le futur,c’est une pensée pour le XXI èmesiècle. Que sa force : « La force de

regarder demain ». Que contrairement àM’siri l’assassin de son héros PatriceLumumba dans « Une saison au Congo »qui symbolise le mal, mieux « l’inventiondu passé », Césaire est par excellence «l’inventeur du futur », et incarne « uneidée invulnérable. » ( p. 109 ) qui le rend

à tout jamais présent etsurtout agissant.

Ducos le 12 avril 2009Le Président du C. C. E. R

C. LAPOUSSINIERE.ÒBN : Ce discours a été prononcé le 17avril 2009 sur la tombe d’Aimé Césaire.

«Nous avons tous été mar-qués par la portée univer-selle de l’appel d’Aimé

CESAIRE pour la dignité humaine, lavigilance et la responsabili-té »… « Aimé CESAIRE fut le poète duconcept de Négritude. Il a dédié sa vieà la poésie et la politique. Dès lesannées 1930, il fut un infatigable oppo-sant au colonialisme et au racisme.L’UNESCO a perdu l’un de ses plusvaleureux amis ». C’est en ces termesque s’exprimait le japonais KoïchiroMATSUURA, Directeur-Général del’UNESCO, le 17 avril 2008, àl’occasion de la mort d’Aimé CESAIRE,au nom de la célèbre institution interna-tionale qui lui avait offert en 2004, leprestigieux Prix Toussaint Louverture.Quel meilleur témoignage peut-onavoir, de l’impact qu’eut au plan inter-national le grand poète et homme poli-tique Martiniquais?

Souvent les grandes figures internatio-nales ne sont reconnues qu’après leurmort. Pour Aimé CESAIRE, ce ne futpas le cas. « Il fut remarqué par lepublic international », nous dit le pro-fesseur H.O PHELPS, dans le discoursqu’il prononça en son honneur à lacérémonie de remise du Prix HonorisCausa de l’Université des West Indiesà Trinidad, -cérémonie à laquelle nousavons eu le bonheur de participer-

« dès les années trente, lorsqu’il était àParis, par ses contributions au journalradical « L’Etudiant Noir », journal dontil fut l’un des fondateurs, avec sescamarades étudiants SENGHOR etDAMAS. Il accéda à la reconnaissancemondiale au début des années quaran-te, lorsque l’on « découvrit » son pre-mier long poème, « Cahier d’un Retourau Pays Natal », publié en 1939, etconsidéré désormais comme l’une desplus grandes œuvres littéraires (enfrançais) de ce siècle ».

L’impact international précoce et puis-sant d’Aimé CESAIRE tient d’abord aucaractère universel de son message :la Négritude. La négritude a pris sasource dans le combat du peuple noir,et de tous les peuples opprimés, contrel’esclavage, l’humiliation et le racisme.Mais si ce combat a existé partout oùl’esclavage à existé, dès le premierjour, dans les Amériques, en Afrique eten Europe, c’est Aimé CESAIRE qui luidonna son nom, Négritude, et lui confé-ra sa force, par son souffle poétiqueincomparable, la constance de sonengagement, sa grande modestie et lamultiplicité de ses talents : poète, dra-maturge, historien, homme politique…

Le témoignage le plus impressionnantde la dimension internationale d’AiméCESAIRE, auquel j’ai eu personnelle-ment la chance de participer, est certai-nement la « Conférence Internationalesur la Négritude », qui s’est tenue àMiami en 1987. Cette conférence avaitréuni plus de 2000 personnes àl’Université Internationale de Floride.Etaient présents autour des pères fon-dateurs Aimé CESAIRE et Léopold

SEDAR SENGHOR de nombreux intel-lectuels noirs des Amériques, desEtats-Unis au Brésil, en passant par leCanada, le Costa-Rica, le Mexique et leChili. La presse Américaine et interna-tionale était présente, du New YorkTimes au Sinhua, l’Agenced’information chinoise.

Plus d’une trentaine d’interventions surla question noire et la négritude dans lemonde ont été prononcées1. C’était lapremière fois que des noirs d’Amériquedu Sud et du Centre, d’Amérique duNord et de la Caraïbe se retrouvaient.Les plus anciens, des personnalitéscomme Abdias do NACIMENTO duBrésil et Manuel ZAPATA OLIVELLA deColombie, John Henrik CLARKE desEtats-Unis, Jan CAREW du Guyanajouèrent le rôle d’initiateurs à l’égarddes plus jeunes. Depuis le Congrès surla Culture Noire de Rome en 1959,c’était sans doute la première fois queCESAIRE se retrouvait devant un ras-semblement international d’intellectuelsnoirs d’une telle importance. « Ce sontmes adieux » avait-il commencé, consi-dérant qu’il allait passer le flambeau àune nouvelle génération du 21e siècle.Dès l’ouverture, par son discours intitu-lé « Ce qu’est pour moi la Négritude »,il plaça la conférence à un haut niveau.Son discours fut suivi d’ une série deprésentations plus intéressantes lesunes que les autres. Richard LONGl’américain brossa sa biographie :« Aimé CESAIRE, interface du Passéet du Présent »; Edward GREEN, leGuyanien examina « l’EconomiePolitique de la Négritude » ; QuinciDUNCAN parla de la Question de la

Le Progressiste - Page 9 - Mercredi 29 Avril 2009

Jean CRUSOL, Professeur des universités

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LA DIMENSION INTERNATIONALE D’AIME CESAIREJean Crusol

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Discours d 'Hamidou SALLà la Cérémonie officielle de présentation du Timbre Aimé Césaire

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Race au Costa Rica ;Justo ARROYO développa le

thème des Relations Raciales auPanama ; parmi les présentations

les plus marquantes on peut citercelle de Maya ANGELOU qu’elle intitu-la « Ensemble » prononcée dans sonstyle inimitable et celle de ZAPATAOLI-VELLA sur « le Rôle des IntellectuelsNoirs dans la Construction de l’Unitédes Noirs »…Toutes ces interventions,de même que la nôtre sur « l’Entreprisenoire dans les Antilles Françaises » ontété publiées en anglais dans le volume« African Presence in the Americas »,par la prestigieuse Word Africa Pressen 1995.

De ce grand et haut rassemblement,nous retiendrons deux citations. La pre-mière est du Premier Ministre de laBarbade, Errol BARROW : « AiméCESAIRE fut la force à l’origine duréveil de la conscience des Noirs auvingtième siècle ». La seconde est cellede François MITTERRAND, Présidentde la République Française qui adres-sa un message à la conférence.

On pouvait y lire notamment : « De laNégritude des années 30 aux cultures« Afro » des années 80, de Paris àMiami, aussi bien dans l’espace quedans le temps, une longue route a étéparcourue, une route qui traversel’Afrique émancipée de Dakar à

Abidjan, de Lagos à Kinshasa…Hier laNégritude était la bannière del’intelligentsia Africaine »…« Aujourd’hui elle réapparaît, plus perti-nente que jamais, comme un fermentde pensée humaniste, au moment oùnous devons affronter les grands défisde la fin du vingtième siècle ». Cesdeux citations, par la qualité de leursauteurs et par leur profondeur ; don-nent la dimension internationale dugrand homme.

1 Elles ont été publiées par le CubainCarlos MOORE, l’organisateur de laconférence, sous le titre : « AfricanPresence in the Americas »ed. AfricanWorld Press Inc. 1995.

Hamidou SALL (Secrétaire Généralde la Francophonie) à la Joyau

Merci de m’accueillir de nouveau surcette chère terre martiniquaise, terremienne parce que terre de mes ancêtresculbutés de la grande houle.Merci de m’accueillir sur cet île non clô-ture, sur ce petit rien ellipsoïdal qui aoffert au monde l’un des poètes les plusconsidérables de l’histoire de la littératu-re universelle.Et mon cœur de nouveau à Fort-de-France, en communion avec les miens,autour de la haute figure de l’illustreabsent-présent car Aimé Césaire, parceque de la race de ceux qui ne meurentjamais, ne sera jamais absent. Leshommes ne meurent pas, ils se prolon-gent dans ceux qui leur sont fidèles.

Or donc, c’est à une fidélité, à un témoi-gnage de la fidélité du cœur et de l’espritque vous nous avez conviés ce soir, iciau Grand Carbet, dans ce Parc qui portele nom du plus illustre des Martiniquais.On pourrait s’étonner que les penséesles plus profondes se trouvent dans lesécrits des poètes plutôt que des philo-sophes. La raison en est que les poètesécrivent par les moyens del’enthousiasme et de la force del’imagination : il y a en nous dessemences de sciences, comme dans lesilex, que les philosophes extraient parles moyens de la raison tandis que lespoètes, par les moyens de l’imagination,les font jaillir et davantage étinceler.Ainsi parlait, non pas le Zarathoustra deNietzsche mais le Descartes duDiscours de la Méthode ; et pourtant, iln’avait pas lu l’immense Cahier d’unretour au pays natal.

Souvenons-nous !

Vingt avril 2008. Il pleut sur Fort-de-France comme il pleure dans nos cœursbruissant de générosités emphatiques.Partir !

Un peuple éploré s’en allait à la Joyaupour y accompagner celui qui fut l’amantinsatiable d’une race bafouée et insul-

tée.Sous les manguiers d’avril, Césairel’Aimé s’en allait dormir. Soir de pleinelune, soir de la réconciliation exaltée del’étoile et de l’antilope.A la Joyau, il ne repose pas. Il se reposeseulement. Et sa parole resurgira dansl’éclat de gemme de sa poésie et dans lelyrisme éclaté de son théâtre pour nousouvrir la voie et nous donner la force deregarder demain.Correspondances d’Arthur RimbaudCorrespondances de GuillaumeApollinaire, Poèmes à Lou, Lettre à unjeune poète de Rainer Maria Rilke, LesLettres d’Isidore Ducasse, Comte deLautréamont, merveilleux auteur despuissants Chants de Maldoror.Lettre à un ami de Léopold SédarSenghor, dédié à Aimé Césaire.Le timbre est œuvre d’art. Il est un espa-ce de liberté et de création.Qu’est ce que la poésie ? Elle est créa-tion selon son étymologie grecque. Letimbre est un lien. Il relie les hommes. Ilfait ce que Césaire a fait de sa vie et deson œuvre. Vie et œuvre mêlées,Césaire est un pont, un pont entre his-toire et mémoire, entre peuples et cul-tures.

Abdoul Hamidou SallFort-de-France, 16 avril 2009

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LOGEMENT SOCIAL :LA SITUATION EST GRAVE !

Serge Letchimy

S’il y a un dossier impor-tant, voire innovant,dans votre texte, c’est

celui du logement et del’habitat. J’ai d’ailleurs accepté,à votre demande, d’apporter macontribution à la question de larésorption de l’habitat insalubredans les départements d’outre-mer. Mais la situation est grave.Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 65 000 demandes nonsatisfaites pour 7 700 logementsfinancés par l’État en 2007 dontseulement 2 500 HLM. Pour cequi est de la Martinique, il faudraittrente-neuf ans pour rattraper lesretards accumulés. Dans cesconditions, toute solution et initia-tive allant dans le sens del’amélioration de la situation est àsaluer. Je me félicite donc del’alignement du forfait charges,du dispositif de lutte contre lavacance et l’indivision, de la miseen place des conventionsd’action foncière, les CAFO, dulissage de la fin de la défiscalisa-tion dans le logement libre etintermédiaire, du maintien de ladéfiscalisation pour les primo-accédants, de la revalorisationdes prix plafond, qui approchent

les 2 200 euros, de l’éligibilité dela réhabilitation à la défiscalisa-tion et de l’application du disposi-tif Scellier.

Pour répondre à ces besoinsextrêmement importants, mon-sieur le secrétaire d’État, vousnous proposez une solution quim’apparaît comme particulière-ment dangereuse, délicate etincertaine. Je rappelle que 80 %des 65 000 demandes de loge-ment relèvent du social ou du trèssocial. Or aucune simulation,sauf en Nouvelle-Calédonie,comme l’a relevé Huguette Bello,ne démontre la capacité de cemontage d’atteindre le montantdu loyer correspondant à un loge-ment locatif social – 5,60 euros lemètre carré – et encore moinscelui d’un logement locatif trèssocial.

L’investissement par la défiscali-sation est une initiative privée.Dépendant de la volonté des unset des autres de participer au dis-positif, elle est aléatoire.

Je rappelle que le droit au loge-ment est un droit inaliénable etimprescriptible reconnu par la loirelative au droit au logement, quidonne à l’État une responsabilitéd’intérêt public majeure. Or nousrisquons d’aller progressivementvers une privatisation du finance-ment du logement social, commeplusieurs de mes collègues l’ontrappelé. Votre engagement, mon-sieur le secrétaire d’État,d’assurer la constance del’augmentation sur trois ansdépend de la longévité politiquedu gouvernement qui prend cettedécision. Elle est donc suscep-tible d’être remise en cause. La

tentation de ponctionner sur laLBU pour équilibrer le finance-ment de la politique du logementrisque de remettre en cause leprincipe que vous avez énoncé.C’est la raison pour laquelle il fautsacraliser cette LBU, en la consa-crant au financement de la poli-tique du logement social, car ladéfiscalisation aboutira certaine-ment à des loyers supérieurs à5,60 euros par mètre carré.

Cela est d’autant plus vrai que lamise à l’index de ceux qui, grâceà la défiscalisation, se substituentà l’État pour les investissementspublics, que le durcissement devotre texte sur toute une série deparamètres comme la modifica-tion des seuils d’agrément – de4,6 millions à 1 million puis à2 millions d’euros –, le plafonne-ment global des niches, quiintègre désormais le logementsocial, le caractère très avanta-geux du dispositif Scellier appli-cable en outre-mer ainsi que decelui applicable à l’hexagone, ris-quent de vous empêcher de dis-poser des 200 millions d’eurosque vous souhaitez obtenir par ladéfiscalisation.

Monsieur le secrétaire d’État,permettez-moi de vous rendresensible au risque d’une déstabi-lisation potentielle des politiquesdu logement social. Celui-ci tientd’abord à nos propres carenceslocales en matière de politiquefoncière : il est de notre respon-sabilité de créer des établisse-ments publics fonciers dans lesdifférents départements, car lespolitiques de construction sontdevenues complexes. On ne peutplus sacrifier une dizaine

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Extrait final de l’intervention du député-maire à l’Assemblée (voir « Le Progressiste » N° 2082)

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d’hectares de champs de bananeou de champs de canne pourmener à bien de vastes pro-grammes de construction de loge-ments. Nous sommes désormaisobligés de rentrer dans la com-plexité du foncier et d’apporter desréponses techniques appropriées.Ce risque provient ensuite de ladébudgétisation progressive dufinancement du logement public,au profit – je n’hésite pas àemployer ce mot – d’une privatisa-tion potentielle, une évolution quine dépend pas directement de lavolonté du Gouvernement actuelmais qui a partie liée avec la philo-sophie qui est déclinée aujour-d’hui.

Monsieur le secrétaire d’État, ilexiste un vieil adage, sans douteissu d’une vieille conception de lacolonisation, selon lequel « ce quine rapporte pas coûte ». Celanous renvoie à toute la campagnede dénigrement menée contre« l’outre-mer qui nous coûtecher ».

J’ai déjà évoqué tout ce que nospays apportent à l’image de laFrance et à son rayonnement.Toutefois, je refuse le troc, je pré-fère vous proposer aujourd’hui oudemain de donner une âme auxambitions de cette loi : une philo-sophie politique.

Chers collègues, les nationsorgueilleuses ont, durant des mil-lénaires, fondé leur développe-ment sur une perception centrali-sée et verticale de leur unité. Maisà mesure que le monde est deve-nu monde, ces nations ont dûrenoncer à cette verticalité pourmieux vivre la richesse des solida-rités latérales et des interdépen-dances complexes. L’idée del’Europe se réalise ainsi dans lasolidarité et dansl’interdépendance des nations quila constituent, dans la solidarité etdans l’interdépendance nées de ladiversité des cultures, deslangues, de visions du monde quifondent non seulement sa riches-se mais le principe même de savitalité et de son apport indispen-sable au monde. L’idée del’Europe n’est qu’une étape versl’union globale de toutes lesunions possibles. Elle n’est qu’uneétape vers ce moment où laconscience-monde sera riche detoutes les nations et cultures queles hommes ont pu produire etqu’ils veulent vivre de manièretransversale.

Le métabolisme planétaire n’estpas seulement constitué degrandes dynamiques naturelles, il

se fonde aussi surcette diversité étonnantequi fait l’unité humaine etsans laquelle l’espèce humainene saurait affronter les grandsdéfis auxquels elle doit faire facepour sa survie même – et c’est dela survie de ces départements qu’ilest question aujourd’hui. Et ce quiest vrai à l’échelle de la planète etdes unions de peuples l’est àl’échelle de chacune des nations.

Reconnaître les diversités inté-rieures, mobiliser les diffé-rences, libérer les imaginaireset les créativités, faire chanterles langues et les cultures, res-pecter les dieux et lescroyances, ne tolérer aucuneombre dans les histoires com-munes et insuffler le sens desresponsabilités contre toutesles anesthésies et les apathies,voilà les fondements des nou-velles alliances et du nouveaupacte républicain dont nousavons besoin ! Voilà les valeurssur la base desquelles la Francedevrait aujourd’hui repenserses liens et ses rapports avecles pays que l’on dit d’outre-mer !

COMITÉ DE RÉDACTION :

Daniel COMPEREJeannie DARSIERESDidier LAGUERRELaurence LEBEAU

Daniel RENAYSerge SOUFFLEURVictor TISSERAND

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Appel du « Progressiste » aux Militants, aux sympathisants, à tous les Démocratesqui lui ont toujours fait confiance.

« Le Progressiste », organe du Parti Progressiste Martiniquais, a besoin de l’aide matérielle,intellectuelle de tous les militants, démocrates et sympathisants.

Nous les remercions d’envoyer leurs dons (à l’ordre du PPM), leurs articles et leurs suggestionsau siège du PPM : Ancien Réservoir de Trénelle

Fort-de-France.

Directeur de la Publication : Daniel COMPERE18, Allée des Perruches - Rte de l’Union - 97200 Fort-de-France

Téléléphone du siège du PPM : 0596 71 88 01 - Site Internet : www.ppm-martinique.netEmail : [email protected]

N° de CPPAP : 0511 P 11495

Le logement social peut être agréable

Pas assez de constructions…