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1 euro Le Progressiste Hebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire Le Progressiste “La chance de la Martinique c’est le travail des Martiniquais” - Aimé CESAIRE mercredi 21 juillet 2010 - N° 2140 AU SOMMAIRE - AMENAGEMENT:LE CONVOI MUNICIPAL (PP.6-7) - CARTON ROUGE: SÉ KOD YANM MARÉ YANM (PP.8-9) « LES MEILLEURS SPÉCIALISTES DES AFFAIRES MARTINIQUAISES SONT LES MARTINIQUAIS EUX-MÊMES » (DR ALIKER) L’HÔPITAL EN MAUVAISE SANTÉ ! (PP.3-4) LE SERMAC, UNE INSTITUTION IRREMPLAÇABLE (P11) BON ANNIVERSAIRE, MADIBA ! (NELSON MANDELA A FÊTÉ DES 92 ANS LE 18 JUILLET)

Le progressiste n° 2140

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1 euro

Le ProgressisteHebdomadaire du PPM - Fondateur : Aimé Césaire

Le Progressiste“La chance de la Martiniquec’est le travail des Martiniquais”

- Aimé CESAIRE

mercredi 21 juillet 2010 - N° 2140

AU SOMMAIRE- AMENAGEMENT:LE CONVOI MUNICIPAL (PP.6-7)- CARTON ROUGE: SÉ KOD YANM MARÉ YANM (PP.8-9)

« LES MEILLEURS SPÉCIALISTES DES AFFAIRES MARTINIQUAISES SONT LESMARTINIQUAIS EUX-MÊMES » (DR ALIKER)

L’HÔPITAL EN MAUVAISE SANTÉ ! (PP.3-4)

LE SERMAC, UNE INSTITUTION IRREMPLAÇABLE

(P11)

BON ANNIVERSAIRE, MADIBA !(NELSON MANDELA A FÊTÉ DES 92 ANS LE 18 JUILLET)

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EDITORIAL

Le Progressiste - Page 2 - mercredi 21 juillet 2010

DE LA DÉSINFORMATION

Existe-t-il une note de servicesignée de Serge Letchimy oude son directeur de Cabinet,

touchant le traitement du courrieradressé nominativement auxconseillers régionaux ? NON.

Existe-il une note du Di-recteur Général des services régio-naux en date de Janvier 2006, 4ans avant lʼélection de Letchimy auConseil Régional, touchant le trai-tement de tout courrier parvenantau Conseil Régional ? OUI !

Tout le reste est ridicule. Ily a des problèmes autrement im-portants à résoudre que les dys-fonctionnements, tout à faitsecondaires en lʼespèce, de la Ré-gion. Serge Letchimy nʼa pas at-tendu les leçons des aboyeurs delʼancienne Région pour sʼen aper-cevoir. Il lʼa signalé dès sa confé-rence de presse du 24 juin

Ce nʼest ni lui ni un de sesconseillers qui a soulevé le pro-blème du courrier. Cʼest DanielMarie-Sainte et ses nouveaux por-teurs dʼeau, parmi lesquels je suisdéçu de trouver Francis Carole.

Quant aux violations de ladémocratie par Alfred Marie-Jeanne, Carole sait bien que nʼim-porte quel observateur un peuattentif de la vie politique martini-quaise, au cours de ces 39 der-nières années, pourrait en citer desdizaines dʼexemples sans que celane comporte, bien entendu, ni haineni mépris à lʼégard de lʼhommemais la simple constatation dʼunedivergence de fond sur notreconception de la démocratie.

Je ne répondrai plus à cetype de propos. Je me permets ce-pendant de renvoyer le lecteur sou-cieux de se faire une idée de lapratique démocratique du PPM engénéral et de Serge Letchimy enparticulier à ce passage de mondernier livre « Sur la question ditedu statut de la Martinique » quinʼa certes pas bénéficié dans labien pensance nationaliste delʼénorme publicité qui accueilledans ce milieu la moindre attaquecontre le PPM.

À PROPOS DU RESPECTDE LA DÉMOCRATIE

UNE COMPARAISONÉDIFIANTE

« ... Je veux signaler, en pas-sant, un détail qui permettra unecomparaison édifiante avec lʼatti-tude ignoble du Président duCongrès le 18 décembre dernier*[2008]. Un comportement de petitcommandeur dʼhabitation sʼadres-sant aux élus de la Martiniquecomme à un petit atelier de « petitebande ». Une attitude encouragée,semble-t-il, par Claude Lise.

Le Président du Congrès,malgré lʼavis de deux autres parle-mentaires présents dans la salle,MM. Serge Larcher, sénateur, etLouis-Joseph Manscour, député, aobstinément et systématique-ment refusé de mettre aux voixune motion présentée par le dé-puté-maire de Fort de France,Serge Letchimy, au nom dugroupe PPM et Démocrates duCongrès.

En mars 1997, le Conseillergénéral de Rivière Pilote quinʼétait ni député, ni président duConseil Régional, avait obtenu,sans aucune difficulté, du Prési-dent, alors PPM, du Conseil Gé-néral, le sénateur Claude Lise,avec lʼappui, entre autres, deSerge Letchimy, conseiller géné-ral PPM de Fort-de-France, la miseau voix dʼune motion quʼil jugeaitdʼune exceptionnelle importance.

Cette motion a recueilli UNEvoix : la sienne1. Cʼest dire lʼintérêtquʼelle revêtait aux yeux de lʼas-semblée départementale. Le Prési-dent, PPM, de cette assemblée, endémocrate conséquent, qui avait, àlʼépoque, une certaine idée du fonc-tionnement dʼune institution démo-cratique, avait très naturellementaccédé à la demande de lʼélu deRivière Pilote.

Lʼincroyable est quʼau-jourdʼhui le Président dʼun Congrèsréunissant les principaux élus dupays (à lʼexception des maires quinʼy sont pas représentés en tantque tels), puisse se comporter avec

une telle goujaterie sans quʼaucunsifflet, ni claquement de pupitres, niclaquement de portes, ne sanc-tionne ce comportement qui lui vautau contraire les félicitations dʼunepresse domestiquée qui nʼest pasloin de voir dans cette muflerie unepreuve de fermeté et de détermina-tion.

Jʼajoute enfin que, sous laprésidence de Camille Darsières, lepremier vice-président Louis Cru-sol, chargé de la rédaction du Rè-glement intérieur de lʼAssemblée,après une large consultation detous les groupes, avait fait adopter,en séance plénière, un règlementfixant dans le détail la procédure deprésentation et de vote des motionsnon prévues à lʼordre du jour. Pourrespecter pleinement les droits delʼopposition, il avait été convenuque les motions seraient présen-tées en plénière, en commençantpar celle qui serait la plus éloignéedes questions inscrites à lʼordre dujour. Il nʼest évidemment pas im-possible que ce règlement intérieurait été modifié. Mais comment pour-rait-on considérer comme un pro-grès le droit que sʼarroge unPrésident de choisir entre les mo-tions qui mériteraient de retenir lʼat-tention de lʼassemblée et celles quine le mériteraient pas ?

Edouard DELEPINE

* Un extrait du livre dʼEdouard deLépine, Sur la question dite du statut de

la Martinique, Désormeaux, 2009, p 32-33

1 Procès-verbal de la séance plénière

du Conseil Général du 19 Mars 1997

Voir aussi Carton rouge p.8

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LUTTES SOCIALES

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L’HOPITAL VA MAL !

Cʼest pratiquement devenu un lieu commun

que de dire que « la santé », dont lʼhôpital est

la partie visible de lʼiceberg, est en…mauvaise

santé ! Il nʼy a quʼà voir les manifestations de

ceux qui ont en responsabilité cette « santé »

pour sʼen convaincre.Le 10 juillet, les organisations syndicales du sec-teur, des médecins de lʼhôpital public, des asso-ciations dʼusagers –suite à lʼinitiative dʼuneintersyndicale constituée de la CGTM, la CDMT etla CSTM sous le slogan « Tous ensemble, sau-vons lʼhôpital public », en cortège, ont défilé à tra-vers la capitale. Des entreprises travaillant avec leCHU, des praticiens, des politiques, M. tout lemonde, ont pris part à la marche : MM. LISE (sé-nateur et président du Conseil Général), ST-LOUIS-AUGUSTIN (maire), OCCOLIER (Pdt delʼAssociation des maires), LAVENAIRE, MAR-TINE, MALSA (maires respectifs de Marigot, StPierre et Ste Anne), les conseillers régionaux Ca-mille CHAUVET(PPM), Daniel MARIE-SAINTE,Marlène LANOIX, Marie-Hélène LEOTIN, FrancisCAROLE, MM. Gilbert PAGO (GRS) et PhilippePIERRE-CHARLES (GRS- Pdt du K5F)… Notonsla présence du Secrétaire général du PPM Didier

LAGUERRE (conseiller municipal et régional).Après quelques prises de parole, Ghislaine JOA-CHIM-ARNAUD, Secrétaire générale de la CGTM,remettait officiellement au directeur de cabinet duPréfet un courrier lors de la réception dʼune délé-gation. Alain ALFRED, conseiller municipal PPMde FFce, indiquait : « La ville de Fort-de-France etle Parti Progressiste Martiniquais soutiennent cetteaction pour la santé au profit de la population mar-

tiniquaise tout entière ». Dʼores et déjà, la date du7 septembre est retenue pour une manifestationdʼune plus grande ampleur.

Le 12 juillet, une table ronde sʼest tenue à lʼinitia-tive du président de Région. Pompier dont la mis-sion semble être de circonscrire et dʼéteindre lesincendies socioéconomiques tout en impulsant lanécessaire dynamique propre à relancer une éco-nomie « enkayée », le président Serge LETCHIMY

sʼimplique sur tous les fronts dès que lʼintérêt su-périeur de la nation martiniquaise le requiert. Ilsʼétait engagé à recevoir le comité de grève duCHU et les syndicats hospitaliers, la communautéhospitalière et lʼARS (Agence Régionale deSanté).

Rencontre tendue sʼil en fut, tant les problèmessont importants et complexes. Avec un déficit de36 millions dʼeuros, le Centre Hospitalier Univer-sitaire est dans une situation catastrophique ; PourM. RIAM, son directeur général, « le monde de lasanté traverse une grave crise. Durant de nom-breuses années, le CHU a vécu au-dessus de sesmoyens ; il est urgent de remettre à flot la trésore-rie des établissements hospitaliers, de leur impul-ser de nouvelles dynamiques en rationalisantlʼoffre des soins. Il nous faut nous mobiliser pourmettre en place un plan de santé et faire en sorteque les dispositions du plan Santé Outre Mersoient étendues à la Martinique ».

Pour M. BOSQUI, membre du comité de grève : «Nous ne sommes pas comptables des erreurssuccessives des équipes de direction du CHU ; lepersonnel ne doit pas en faire les frais. Nous de-mandons le respect des engagements fermes prispar lʼEtat…Aujourdʼhui, nous nʼavons aucune ré-ponse à nos problèmes. On nous demande beau-coup, mais pour les choses simples on ne faitrien ! La santé des Martiniquais nʼest pas un busi-ness ! »

Pour cette autre représentante du comité degrève : « Nous sommes très sceptiques quant auxmesures qui sont préconisées. Depuis 2007, avecun déficit de 6 millions cumulés, le plan de redres-sement ainsi que les mesures prises nʼont faitquʼamplifier ce déficit. Aujourdʼhui, la prise en

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TETE

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POLITIQUE

charge des malades nʼest pas satisfaisante. De-puis la mise en place de la T2A (Tarification A lʼAc-tivité, qui préconise que les dépenses ne peuventêtre engagées que si les recettes sont équiva-lentes), les hôpitaux plongent ! LʼEtat ne veut pasjouer son rôle, investir dans les hôpitaux. Ce sontles gabegies et les gaspillages qui créent cette si-tuation. Il faut que lʼEtat sʼimplique ! »

Pour M. ELISABETH, autre membre gréviste  :« En matière de relance de lʼéconomie, le CHU esten train [dʼasphyxier] ce pays  : les 17 millions

dʼeuros de salaires payés chaque mois ne sontpas aujourdʼhui assurés pour le mois dʼaoût ».

Même cri dʼalerte des représentants du corps mé-dical  : « Si la situation financière ne sʼaméliorepas, nous allons droit dans le mur ». Précisonsque la crise touche également les autres hôpitauxde la Martinique, dont le Lamentin et Trinité.Le président de Région a décidé de prendre sapart de responsabilités. Pour lʼheure, il ne sʼagitpas de « tirer sur lʼambulance » ; la Région Marti-nique apportera sa quote part de 16,9 millions

dʼeuros et est disposée à étudier le bouclage fi-nancier pour assurer les 24 ME de prêt. Souhaitdu président, le ravalement des façades de La

Meynard doit être en-trepris très rapide-ment. S. LETCHIMYen appelle à une mo-bilisation générale eny associant la popu-lation, aux côtés dela communauté hos-pitalière. Pour  : exi-ger de lʼEtat lerespect de ses enga-gements, le maintiende la dotation spéci-fique dʼaccompagne-ment de 10,5 millionsdʼeuros, le respectde la compensationdes créances irré-couvrables (de 285

millions dʼeuros

pour le seul CHU)

prévue sur 12 ans, lamise en œuvre effec-tive dʼun Plan Santé

Outremer. Est par ailleurs réclamée la révision ducoefficient géographique (prise en compte des sur-coûts liés à lʼéloignement et lʼinsularité) et des me-sures immédiates pour la mise en place dʼun plandestiné à doter lʼHôpital dʼune trésorerie saine luipermettant dʼassurer sa mission de soins et lepaiement des salariés et des fournisseurs.

La Collectivité Régionale apportera son concoursà la reconstruction du plateau technique du CHUaux normes parasismiques et à lʼamélioration desécoles paramédicales dont elle a la responsabilité.Le Ministère de la Santé recevra le 9 septembreplusieurs responsables du CHU  ; le directeurpourra y défendre son plan de redressement.Néanmoins une délégation (élargie) pour effectuerune démarche commune est vivement souhaitéeavant cette date. Par ailleurs, le président de-mande de mettre en place une stratégie de com-munication afin dʼinformer et de sensibiliser lapopulation martiniquaise, première concernée parces enjeux de santé publique !

Serge SOUFFLEUR

L’HOPITAL VA MAL ! …

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HISTOIRE POLITIQUE

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Le troisième apport du cé-sairisme a été la réconciliationdes mots socialisme et démo-cratie. En un temps où la notionde social-démocratie était com-plètement discréditée : à lʼouest,par la collaboration ouverte despartis socialistes avec le capital etavec le colonialisme, à lʼEst, parle comportement de ceux qui seprésentaient comme leurs adver-saires les plus résolus, les gar-diens de la puretémarxiste-léniniste, et soumet-taient les pays du « socialismeréel » à des dictatures parmi lesplus sinistres de lʼépoquecontemporaine. Trente ans aprèsle Rapport secret de Khroucht-chev qui a révélé au monde unetoute petite partie des crimes deStaline, Gorbatchev [est] en trainde confirmer ce que Césaire affir-mait, en octobre 1956, quand ildémissionnait du PCF.

Mais, en démissionnant duPCF, Césaire nʼentendait passeulement condamner les crimesdu stalinisme. Il dénonçait aussiles dérives droitières du socia-lisme de la vieille SFIO de GuyMollet, celle de la répressionsauvage des patriotes Algériensdans la casbah dʼAlger, dans lesdjebels des Aurès ou de la Kaby-lie. Cʼétait une quinzaine dʼan-nées avant que la gauchesocialiste autour de Savarydʼabord, de François Mitterrandensuite, nʼentreprenne de re-construire un socialisme fidèle àses origines, cʼest-à-dire à Jaurèset à Blum.

Ce nʼest pas au PC, où

jʼavais appris à lesdétester en lesayant lus très dis-traitement - quandje les avais lus -cʼest au PPM quejʼai vraiment com-mencé à lire et àétudier Jaurès etBlum. Vers le mi-lieu des années1970, un vieux so-cialiste, Jules Bar-dol, mʼavaitpourtant passédeux textes qui nemʼont plus quitté.

Un discours de Jaurès à la Jeu-nesse, un exemplaire usager duDiscours de Léon Blum auCongrès de Tours.

Le premier mʼavait ébloui.Mais mes professeurs commu-nistes, Jean Bruhat, mon profes-seur dʼhistoire au Lycée Lakanal,Jean Dresch et Pierre Georges àlʼInstitut de Géographie, le socia-liste Charles-André Julien à laSorbonne, plus tard GeorgesGratiant, et les communistesmartiniquais en général, avaienttoujours eu un faible pour Jaurèset me lʼavaient sans doute com-muniqué.

Le texte de Blum mʼavaitsurpris sans me convaincre. Cenʼétait pas du tout ce que je mʼat-tendais à y trouver. Cette décou-verte mʼintriguait sans mʼébranler.Jʼai sans doute continué à ap-prendre à certains dʼentre vous àridiculiser le réformisme de la so-cial démocratie dans les écolesde formation du GRS que noustenions ici même, au Four àChaux.

Cʼest au PPM, et en reli-sant Césaire, que je me suismis à vraiment étudier Blum etdʼautres grands penseurs dusocialisme. Autant dire que lePPM mʼa sauvé et nous a sau-vés dʼun des plus graves dé-fauts qui guette tout jeunehomme qui entre en politique :la tentation de réciter des for-mules, de reproduire des sché-mas, dʼessayer de faire entrerla réalité dans les textes au lieudʼadapter les textes aux réali-

tés auxquelles ils sont confron-

tés.

Nʼallez cependant pas

vous décourager. Jʼai mis finale-

ment beaucoup moins de temps

à mʼen sortir que je nʼen avais mis

à mʼy enfoncer. Je ne suis pas sûr

de mʼen être définitivement tiré.

Mais je crois que je suis sur la

bonne voie grâce, entre autres, à

une fréquentation plus attentive

des textes de Césaire. Ces textes

mʼont, entre autres, guéri de ce

que Lénine appelle la gale du

mouvement révolutionnaire, la

maladie infantile du commu-

nisme, « le gauchisme », et de

son corollaire : le sectarisme.

Edouard DELEPINE

(Suite et fin au prochain

N°)

(Le § en gras est souligné

par la rédaction)

DE QUELQUES ACQUIS FONDAMENTAUX DU CÉSAIRISME (suite)IV/ LE CHOIX DU SOCIALISME DÉMOCRATIQUE

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AMENAGEMENT

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Ce vendredi 16 juillet, de 8 h30 à 13 h 30, de nombreuxélus municipaux, accompa-

gnés du premier dʼentre eux, R.Saint Louis Augustin, ont pu voirdans le détail une partie des réali-sations municipales dans la Ville-Capitale. Regroupés dans un car,où la convivialité se disputait avecle sérieux des explications pré-cises, précieuses que nous dispen-saient les responsables de lamairie, Mme Dominique BOUR-ROUET, M. DIB, M. ManuelDRIEUX, … toujours ponctués parles commentaires avertis et nom-breux du Maire, les conseillers mu-nicipaux avaient là, sous les yeux,ces travaux, ces efforts concrets,quʼils avaient votés en Conseil mu-nicipal. Rien nʼest plus probant, rienne peut mieux fouetter la fiertédʼune équipe que de se rendrecompte comment et pourquoi estbâtie la Ville quʼils doivent gérer.Certains des chantiers de la villefaute de temps nʼont pu être visités,en particulier les travaux à Volga età Dillon, et la réalisation dʼune voiede liaison entre la rue E. Jeanne etlʼavenue Victor Lamon et lʼaccès àEDF, au quartier Pointe des Car-rières …

Le marché aux viandes

Le premier chantier visité fut celuidu marché aux viandes, sis au Cen-tre-ville. Ce marché, que tousconnaissaient dans le cœur de ville,entouré de nombreux commerces

que fréquentaientassidument nosparents, était de-venu presquʼuneruine, au pointque les bouchersde la ville avaientdû être hébergésproviso i rementailleurs.Situé entre lesrues Antoine Sigeret Lamartine,avec une façade

donnant sur le Grand Marché, cebâtiment est en train dʼêtre complè-tement réhabilité : sa structure mé-tallique sera remise en état et envaleur, en tenant compte de sesspécificités architecturales, lesabords seront réparés, afin de met-tre à la disposition des bouchersdes espaces fonctionnels répon-dant aux nouvelles normes dʼhy-giène et de sécurité  ; 9 boxesdʼenviron 14 m² vont accueillirchambres froides, vitrines de réfri-gération, éviers, tables de découpe.Tout est refait, en respectant la qua-lité architecturale du bâtiment, quifait partie de notre Patrimoine. Lemarché aux viandes, financé parlʼANRU, la CACEM et la Ville(596 000 euros) sera certainementterminé en décembre 2010.

Le terrain SANDOT

Quoique le car, par ses dimensionset son gabarit, nʼait pu nous dépo-ser dans le site, nous avons eutoutes les explications concernantle désenclavement de ce terrain, aulieu dit Fond Berny, au quartier Di-dier. Il abrite à peu près 20constructions dont les accès sontdifficilement carrossables, avec unréseau dʼeaux usées inexistant etun réseau dʼeau potable précaire.Alors, il fallait améliorer la qualité devie du quartier pour les habitantsdes 25 maisons individuelles, dés-ormais désenclavées, avec unaccès voirie nettement amélioré etune protection des talus de déblaiscontre lʼérosion …

Un mur de soutènement à MorneVenté

Au 29 rue des Remparts, la Ville apermis la construction dʼun mur desoutènement dans cette voie com-munale. En effet, les fortes pluiesde 2009 avaient provoqué lʼécrou-lement de la partie haute de ce muret le talus avait glissé et obstrué lecaniveau de la voie. Coût des travaux : 57 891 euros,qui seront terminés au bout de 13semaines.

LE CONVOI MUNICIPAL, À LA CONQUETE DE L’ESPACE FOYALAIS…

Les conseillers municipaux sur le terrain

Mur de soutcnement a la rue des Remparts de Morne Vente

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Plus de 35 m² de mur de soutè-nement, mise en œuvre de rem-blais, une clôture en grillagegantois, sont ainsi construits par lasociété Caraïbe Moter …

A Balata, travaux sur la voie cadas-trée L 214

Là, un glissement important de ter-rain a eu lieu, lors de la période plu-vieuse du 18 mai 2009  ,encombrant la voie qui dessert unedizaine de maisons et le quartiertout entier est sujet à ces glisse-ments.Aussi, un traitement de talus et deseaux pluviales est nécessaire pouréviter dʼautres glissements pouvantmettre en péril et la voie de circula-tion et les maisons en amont.Par conséquent, après avoir lancéune étude géotechnique pour met-tre en œuvre les solutions appro-priées, la Ville a permis laréalisation dʼune paroi clouée, tech-nique originale à lʼefficacité prou-vée, un élargissement de lachaussée en béton et le drainagede lʼensemble de la zone par descunettes.

Glissement de terrain à Rodate etPost-Colon

Ce glissement de terrain majeur aemporté une bonne partie de lachaussée, et il était urgent de frei-ner cet effondrement, qui endom-mageait toute la voie. Les travaux

consistent en des terrassementspour lʼabaissement du profil en lon-gueur de la voirie, le traitement destalus par végétalisation, la canali-sation des eaux pluviales jusquʼauxravines, la création de trottoirs. Le coût des travaux est de 387 670euros.

Le Centre Culturel et Social à Cha-teauboeuf

Cʼest sans conteste la plus belleréalisation (avec le marché auxviandes) visitée ce jour.Nous reprenons, ici, les élémentsdu dossier présentés par les ser-vices de la ville, tant ils nous sem-blent complets.«  Dans le cadre de la politique derevitalisation des quartiers, la Villeva offrir à sa population des es-paces de jeux et de convivialité ; lesecteur de la ZAC de Chateau-boeuf, marqué par un habitat detype collectif, donc fortement peu-plé et fréquenté par une populationjeune, était sous-équipé en es-paces publics de loisirs. Au-jourdʼhui, cʼest chose faite. Aprèslʼespace Parc Urbain, déjà réalisé,le Centre Culturel et Social voit lejour », et est promis fin 2010 (avec230 000 euros pour la CAF, 63 501euros pour la CACEM et 853 011euros pour la Ville).Cet équipement remarquable (rez-de-chaussée et étage) est situé àlʼangle de lʼavenue des Paradisierset de la rue des Amours ; il est des-

tiné à lʼorganisation dʼactivités à ca-ractère socio-éducatif et culturel ; etce qui est plus original, cʼest lacréation dʼun studio dʼenregistre-ment et de création dédié à la mu-sique et aux cultures urbaines,permettant aux jeunes dʼexprimerleur art.

*****************

Ces retrouvailles ont été complé-

tées par un déjeuner agréable au

Centre International de Séjour, à

lʼétang Zʼabricot, structure origi-

nale qui offre toutes les garanties

dʼun bon accueil. Et, nous avons,

là, eu la surprise agréable de re-

cevoir notre Président de Ré-

gion, Serge LETCHIMY,

accompagné de notre camarade

E. DELEPINE …

Valeur didactique de cette visite

de chantier  : chacun sait que

lʼélu est un citoyen, peu averti

des questions techniques  ; et

voir les travaux est un acte de

participation à haute teneur édu-

cative pour mesurer lʼenvergure

de lʼaction de la Ville, dans ses

aspects les plus détaillés. Ainsi,

il est fortement demandeur de

ces visites de chantiers de la

Ville-Capitale, pour mieux infor-

mer et mieux participer.

Dossier préparé par Jeannie DARSIERES

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AMENAGEMENT

Gros travaux de soutenement

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CARTON ROUGE

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SE KOD YAN’M KI MAWÉ YAN’MOU KRACHÉ EN LÈ I TONBÉ EN DJÔLE OU

« ILS SONT COMME CES IMBÉCILES QUI SOULÈVENT UNE PIERRE TROPLOURDE ET QUI SE LA LAISSENT RETOMBER SUR LE PIED » MAO TSÉ TOUNG

(ce texte, déjà publié sur internet, nous semble important à conserver, tant par les questions qu’il pose quepar les réponses POLITIQUES qu’il apporte)- NDLR

Àlʼoccasion de son premiercompte rendu de mandat surses trois mois à la tête du

Conseil Régional, le Président Let-chimy a rendu publique, entre au-tres documents, une note delʼancien directeur général des ser-vices de la Région, touchant le trai-tement de tout courrier parvenant àla Région sous Alfred Marie-Jeanne. Un directeur général, M.Guy-Raphaël Henry, dont chacunsait que le seul titre à assumer cettefonction était son inconditionnelle fi-délité à son patron pendant près detrois décennies à la Mairie de Ri-vière Pilote.

Cette note de lʼancien DG,cʼétait la réponse de Serge Let-chimy à lʼétrange et médiocrecampagne de calomnies dont il estlʼobjet, sur les procédures de traite-ment du courrier parvenant à la Ré-gion. Les 3 principales dispositionsde cette note méritent dʼêtre rappe-lées :

« 1° Tout courrier parvenu àla Région doit être adressé au Pré-sident du Conseil Régional de la

Martinique.2° Aucun courrier administra-

tif ne doit être nominatif.3°Tout courrier parvenu à la

Région par quelque moyen que cesoit (Poste, porteur ou autre) doitobligatoirement être acheminé etenregistré au service du courrier »

Cette réponse se suffit large-ment à elle-même. Les responsa-bles du service du courrier nʼont faitquʼappliquer les consignes de leurancien patron. Il nʼy aurait rien à yajouter si le comportement des nos-talgiques de la gestion marie-jean-niste- qui aurait suscité de grandséclats de rire dans nʼimporte quelpays démocratique où il y auraitdes journalistes assez curieux, descaricaturistes assez talentueux etdes chansonniers assez caustiquespour amuser le public des pitreriesde ses adversaires- ne trouvaitdʼinattendus soutiens dans lapresse écrite ou parlée. Cʼest toutjuste si Marie-Sainte et Carole nepassent pas pour de malheureusesvictimes des services dʼespionnagede Serge Letchimy appliquant à lalettre les instructions de leur ancienpatron. Imaginez Les guignols delʼinfo avec une perle de cette qua-lité !

À qui fera-t-on croire que Da-niel Marie-Sainte qui fut pendantdouze ans, comme premier vice-président du Conseil Régional, leplus proche sinon le plus sincèredes compagnons dʼAlfred Marie-Jeanne, ignorait les instructions deson patron à son Directeur Général

pour le contrôle rigoureux de toutcourrier parvenant à la Région ?

Ou il les ignorait. Ce seraitgrave pour un élu appelé à assurerrégulièrement lʼintérim de son pré-sident. Il devrait remercier le Prési-dent Letchimy de lui avoir permisde mesurer le mépris dans lequel letenait celui dont il assurait lʼintérimplusieurs fois par an. Ou il savait.De propos délibéré, il en a menti àses complices, dont un prof dʼhis-toire (hélas !) et une avocate (2 foishélas !) et à des juges complaisantsqui ont feint de croire que «  lescourriers de certains conseillers ré-gionaux », sous entendu de lʼoppo-sition, auraient pu faire lʼobjet dʼunesurveillance particulière du cabinetdu président Letchimy. On ne peutpas se contenter dʼen rire.

On sait que la nouvelle Ré-gion par peur dʼêtre accusée depratiquer la chasse aux sorcièresen adoptant le spoil system (sys-tème des dépouilles) de la démo-cratie américaine- qui consiste àvirer tous les grands serviteursdʼun candidat sortant battu auxélections présidentielles et à lesremplacer par des hommes et defemmes de confiance- observe aucontraire à lʼégard des fidèles delʼancien régime une mansuétude ja-mais prise en défaut, au risque dese faire chasser par les sorcières.Les principaux collaborateurs dela nouvelle région sont souventles anciens fidèles de MarieJeanne et du MIM. Il leur aura suffide se présenter en créatures abu-

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Le Progressiste - Page 9 - mercredi 21 juillet 2010

CARTON ROUGE

Joyandet, ça vous dit quelquechose ? Un Ministre de Sarkozyaccusé de frais de fonctionne-

ment exorbitants et récemmentremercié par son Président.Mais des Joyandet, il en existeencore, et même sous noscieux par temps de crise. Le Président du Conseil Généralde la Martinique continue dʼaffi-cher une certaine opulence  :Une dizaine de collaborateurspour accompagner le Prince endéplacement au Batelière à lʼin-vitation du Président du Sénat :communication, photographe,

cabinet, DGA au plus haut descieux….Quand on connaît le taux horairedes salaires de ces éminencesgrises, bonjour le déplacement !Même sans lʼavion privé, ça friseles mêmes pratiques ! La RGPPne passera pas par lʼAvenue desCaraïbes, je vous le dis !!!

KOUTT ZEPONET SI LA MARTINIQUE AVAIT SON JOYANDET ?

sées et repenties voire en martyrsde la gestion de M. Marie-Jeanne… dont ils préparaient fébri-lement lʼinvestiture entre les deuxtours du scrutin des régionales demars dernier.

Les adversaires de SergeLetchimy ne sont malheureuse-ment pas que de sinistres GuignolsCe sont des juristes pointilleux et,bien entendu, des anticolonialistesconséquents, eux. Ils nʼhésitentpas à sʼadresser à la justice « colo-nialiss » pour obtenir réparation desprétendues misères que leur fontceux quʼils désignent comme descomplices ou des alliés du colonia-lisme. Curieuse mentalité. Allezcomprendre.

Si je ne craignais de passerpour un accroc de la kréyolade, jedirais que « sé kod yanʼm ki maré(mawé ?) yanʼm » ou que « kraché(kwaché ?) an lè, i tonbé en djôleou ». Je préfère le mot célèbre duPetit Livre rouge du Président Maoqui fut pendant si longtemps le bré-viaire de ces inconsolables

maoïstes en déshérence (ex-lea-ders de SIMAO, du GAP, duCNCP) : « ils sont comme ces im-béciles qui soulèvent une pierretrop lourde et qui se la laissent re-tomber sur le pied ».

Ils ont fait condamner par dé-faut leur ancien président qui avaitordonné à son directeur de contrô-ler tout courrier parvenant à la Ré-gion sous quelque forme que cesoit. Ils en sont apparemmentassez fiers. Au lieu dʼen remercierSerge Letchimy, ils lʼagonisent dʼin-jures.

On aurait tort de prendre à lalégère le comportement de ces gui-gnols. Deux choses mʼinquiètentdans cette affaire. Quel journalistemartiniquais, informé depuis plusde huit jours de la note de M. Ra-phaël Henry, pourrait faire croirequʼil a jamais tenu ce DG pourassez autonome par rapport auPrésident pour rédiger cette notepas seulement sans lʼautorisationmais sans lʼordre dʼAlfred Marie-Jeanne ?

Que signifie dans ces condi-tions la reprise pure et simple du ju-gement condamnant Letchimy,sans aucune référence aux instruc-tions données par son prédéces-seur à son Directeur Général ?

Comment dʼautre part la jus-tice peut-elle se comporter avec au-tant de désinvolture à lʼégard duPrésident du Conseil Régional aupoint de lʼinformer par fax (un faxdʼune soixantaine de pages) moinsde 24h avant le procès qui lui étaitintenté ? Comment surtout le tribu-nal peut-il prescrire au président,

comme si celui-ci en avait été lʼau-

teur, «  de donner à ses services

toutes instructions pour quʼil soit

mis fin aux agissements » dénon-

cés par les plaignants, sans aucune

référence à la source de ces agis-

sements ?

Est-ce que les uns et les au-

tres miseraient sur la tolérance de

la nouvelle Région à lʼégard des

serviteurs les plus zélés de lʼan-

cienne pour dégoûter ceux qui lʼont

mise en place non pour conserver

mais pour changer les pratiques

jadis en usage dans cette caverne

dʼAliboron  et préparer, sous une

autre forme mais avec le même

contenu, la restauration de lʼancien

régime ?

Edouard de Lépine

La voix de son maître

Page 10: Le progressiste n° 2140

RECHERCHE HISTORIQUE

Le Progressiste - Page 10 - mercredi 21 juillet 2010

Les commémorations du 22 maicette année ont été lʼoccasiondʼévoquer laproblématique des ≪ voix dʼes-claves ≫ notamment dans le dis-cours du Président du PPMSur la place du 22 mai à Trénelle.Je me réjouis de cet intérêt pour lesnouvelles directions de la re-cherche que les historiens ont ini-tiées depuis une quinzainedʼannées aux Etats‐Unis, en Italie,au Brésil et en Inde, en particulierNatalie Zemon Davis ou encoreCarlo Ginzburg.Ces préoccupations soulignent lʼim-portance de ne pas oublier les ano-nymes de lʼhistoire de lʼabolition delʼesclavage ce qui est fort juste et àpropos.

Aime Césaire avait déjà exprimébien avant nous tous et de manièrevisionnaire la nécessité dʼêtre lavoix des sans voix : ≪ Ma bouchesera la bouche des malheurs quinʼont point de bouche, ma voix, laliberté de celles qui sʼaffaissent aucachot du désespoir ≫(Cahier dʼun retour au pays natal,1939).Depuis donc quelques années, denombreux historiens et anthropo-logues ont exploré ces probléma-tiques des voix des silencieux, de

ceux qui nʼont pas laissé de tracesécrites ou directement produitespar eux, les paysans, les femmes,les ouvriers, les esclaves.

Ces travaux remettent en cause uncertain nombre de poncifs, ceux‐làmême qui sont aujourdʼhui bannispar la communauté internationaledes historiens de la Caraïbe, duBrésil, du Mexique, des Etats‐Uniset des Subaltern Studies indiennes.Des publications commencentmaintenant a diffuser les résultatsde ces travaux et des cours sontdonnés dans les universités. Dansnotre champ géographique, les tra-vaux de recherche et les enseigne-ments de Myriam Cottias1, deDominique Rogers2, dʼAlexandreAlaric3 et dʼune jeune doctoranteStephanie Belrose4, pour ne citerque ceux‐la, en sont bien la preuvedʼun dynamisme réel.

En effet, si lʼon ne peut nier le rôledes grands leaders de la lutte desmarrons, si lʼon ne peut occulterlʼaction des hommes qui se sont en-gagés dans un combat juridique etmoral contre lʼesclavage, rien nʼau-rait abouti si les esclaves eux-mêmes nʼavaient pas mené la lutteau quotidien et mené de grandesrévoltes que nous connaissons

dans toutes lesAmériques.

Les formes de larésistance desesclaves, tradi-t i o n n e l l e m e n tévoquées par lesvulgarisateurs,sont bienconnues : ralen-tissement au tra-vail, fuite,e m p o i s o n n e -ment, marron-n a g e ,avortements, in-fanticide, sui-c i d e s ,d é t o u r n e m e n tdes outils, incen-

dies, etc.Souvent ces faits sont cités sansprécaution, reprenant des sources≪ colonialistes ≫, sans aucunedistanciation critique quant a la me-sure réelle des phénomènes, leurinterprétation étant souvent la re-prise des arguments de planteursou de gouverneurs ou de jugesdans des périodes de réaction poli-tique et de répression de grandeenvergure.

Parallèlement, un discours de plusen plus médiatisé laisserait accroireque les historiens seraient incapa-bles de faire émerger la voix desesclaves car ils ne travailleraientque sur des documents et dessources produits par les autoritéscoloniales ou par les dominants.Lʼargument selon lequel lʼexploita-tion des sources écrites dont nousdisposons nepermettraient pas dʼaccéder a lʼau-thenticité des pensées intimes, a lavéritableconnaissance de la volonté, de lapensée, et de lʼimaginaire des es-claves est un leurreopportuniste qui méconnaît toutesles nouvelles approches de lascience historique.De telles assertions méconnaissenta lʼévidence les avancées de la pro-duction historiqueet révèlent une représentation ob-solète de la recherche en sciencessociales.

Elisabeth LANDI1 Centre de recherche sur les esclavages, Ecole desHautes Etudes en Sciences Sociales-CNRS2 Centre de recherche sur les esclavages, MDC en his-toire à lʼUAG3 MDC en Sciences du langage à lʼUAG, Cours de Mas-ter sur le discours de résistance4 Doctorante, Paris IV-Ecole des Hautes Etudes enSciences Sociales2

(A suivre)

≪ VOIX D’ESCLAVES ≫D’ELISABETH LANDI (1ÈRE PARTIE)

Musée des Esclaves a Goree-Senegal

Esclaves -ac.versailles

Marche aux esclaves (madinin'art.net)

Page 11: Le progressiste n° 2140

CULTURE

Le Progressiste - Page 11 - mercredi 21 juillet 2010

AIME CESAIRE, à lui tout seul, est un Monument sy-nonyme de culture, de CULTURE avec un grand C, quien rien ne peut se confondre avec le Savoir, lʼInstruc-tion ou la Connaissance.

Cʼest tout le but de sa Politique Martiniquaise, car,selon lui, la Culture est une arme puissante contre leColonialisme, lʼAliénation, et le fait dʼêtre étrangers ànous-mêmes, par nous-mêmes…

Quel déclic sʼest déclenché en Lui, maire de Fort-de-France, député, Leader charismatique, auteur du« Cahier » et du « Discours sur le Colonialisme », pourquʼil crée un Service Culturel qui soit au service desMasses Populaires, laissées de côté par la Bourgeoi-sie et le Pouvoir en place, et considérées commeinaptes à une Culture élitiste et àun bagage artificiel de connais-sances policées ?Lʼayant créé, il y a 40 ans et plus,le SERMAC a aligné ses ba-taillons dʼateliers riches de com-pétences, ses idées, toutesprometteuses de formation, sonsavoir-faire issu des traditions po-pulaires, jusquʼalors méprisées etdévalorisées.

Et le Parc Floral et culturel(maintenant Parc Aimé CE-SAIRE), acheté fort cher desmains de lʼArmée, fourmilla bientôt de jeunes, de moinsjeunes, dʼhommes, de femmes, descendus des fau-bourgs, et même parfois des communes, assoiffés deconnaître, de faire, dʼinventer, de créer. Quelle ruchebourdonnante qui étonnait, au sens propre du terme,les visiteurs et les chefs dʼétat de passage ! On nʼavaitjamais vu cela !

On ne dira jamais assez combien cette structure cul-turelle, le Sermac, a procuré de ferveur et de goût duSavoir, à ceux qui le fréquentaient- Et, on ne remer-ciera jamais assez lʼEdilité foyalaise et son LeaderAimé Césaire ( Et ce beau travail a été poursuivi avecle plus grand respect par Serge Letchimy, et au-jourdʼhui par Raymond St-Louis-Augustin), dʼavoir livréune telle richesse au Peuple Martiniquais ; Irremplaça-ble et admirable, au point que dans toutes les com-munes, du nord au sud, le Sermac a fait des émules,avec dʼautres formes, mais toujours dans le même es-prit dʼéducation du Peuple, pour nous « reconstruire »et restaurer en nous les fondamentaux de notre« Moi », de notre Identité enfouie dans les décombresde lʼAliénation, et les tentations de copier « LʼAutre »,

pernicieusement revêtu de vêtements dʼemprunt auxcouleurs attirantes. Ce « moi », travesti et affadi, avait les aspects de laModernité et faisait semblant de nous entraîner dansla ronde fallacieuse de lʼUniversel, sans nous permet-tre de prendre conscience avant tout du « qui suis-je ?,dʼoù je viens ?, où je vais ? ».

Merci au Sermac dʼavoir été lʼoutil de ce « ménage »profond en nous-mêmes, pour mieux nous préparer àdemain, et ce remue-ménage intérieur nʼest point ter-miné…

Ainsi réconciliés avec nous-mêmes, en harmonieavec notre Identité retrouvée, nous pouvons profiter,de façon magnifique, par exemple en ce 39ème Festi-

val, des rythmes de Puerto-Rico,des danses syncopées de Etats-Unis, du Ballet cubain, du Théâ-tre de lʼabsurde de IONESCO,de celui plus moderne de FredVargas ou P. Chamoiseauetc..etc.  …, sans compter nospropres créations, sorties destripes de notre Peuple…Une fois de plus, le Festival deFF a joué ce rôle dʼInitiation, etnous a amenés à être heureuxde participer à la grande Fête dela Culture. Et ce ne sont pas les

mesquineries de lʼancienne Région et du Conseil Gé-néral, qui ont tenté, avec une mauvaise foi désarmante,de rétrécir lʼaide financière à ce Festival de la Ville Ca-pitale (rappelons-le, qui draine la santé culturelle deplus du tiers de la Martinique !), qui ont pu freiner laportée et la Beauté du 39ème Festival. Un grand bravoà toute lʼéquipe du Sermac, à Lydie Bétis et DanièleMarceline…Redisons aussi combien le CENACLE, ce lieu privilé-gié de connaissances et dʼéchanges, frappe par le suc-cès grandissant quʼil rencontre auprès des citoyensmartiniquais. Sans nous gonfler dʼorgueil, la Ville et leSermac réussissent chaque année leur pari de « ces-ser dʼêtre le jouet sombre au carnaval des autres » ;oui, bien sûr, le Festival devient chaque année un peuplus «  la houle torrentielle des terres, à la charrue sa-lubre de lʼorage »…

Jeannie Darsières

UNE INSTITUTION IRREMPLACABLE,UN OUTIL D’EXCELLENCE POUR LE PEUPLE :

LE SERMAC…

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Le Progressiste - Page 12 - mercredi 21 juillet 2010

EVENEMENT CULTUREL

COMITÉ DE RÉDACTION :Daniel COMPERE

Jeannie DARSIERESDidier LAGUERRELaurence LEBEAU

Serge SOUFFLEURVictor TISSERAND

Appel du « Progressiste » aux Militants, aux sympathisants, à tous les Démocrates qui lui ont toujoursfait confiance.« Le Progressiste », organe du Parti Progressiste Martiniquais, a besoin de l’aide matérielle, intellectuelle de tous les militants, démocrates et sympathisants. Nous les remercions d’envoyer leursdons (à l’ordre du PPM), leurs articles et leurs suggestions au siège du PPM : - Ancien Réservoir de Trénelle - Fort-de-France.Directeur de la Publication : Daniel [email protected]éléphone du siège du PPM : 0596 71 88 01Site Internet : www.ppm-martinique.frN° de CPPAP : 0511 P 11495

Vous souhaitez adhérer au Parti Progressiste Martiniquais ?1. Téléchargez le bulletin d’adhésion :http://www.ppm-martinique.fr/wp-content/uploads/2009/09/Bulletin-dadhésion-2006.pdf2. Complétez-le3. Renvoyez-le à : PPM – Ancien réservoir de Trénelle – 97200 Fort-de-Franceou par Mail à [email protected] le site du PPM :http://www.ppm-martinique.fr

LE 39E FESTIVAL SE TERMINE EN BEAUTE !

Sous la stature emblématique dʼun des Pères de la hauteconscience martiniquaise, de mille feux scintillants la Ville alancé ses brindilles incandescentes vers tous les horizons de

lʼart et de la culture ; messagers bienheureux de lʼinstant, les artistesassurent leur mission pour le plus grand bonheur de tous.La Cantatrice Chauve.« Une parodie de théâtre de boulevard, une parodie de théâtre toutcourt, une critique des clichés de langage et du comportement auto-matique des gens, une expression dʼun sentiment de lʼinsolite dans lequotidien, un insolite qui se révèle à lʼintérieur même de la banalité laplus usée. On a dit aussi que cʼétait du théâtre abstrait, puisquʼil nʼy apas dʼaction dans cette pièce ». Cʼest ainsi que définit cette antipièceson auteur, Eugène IONESCO.Quoi quʼil en soit, plus de 70 ans après sa création, plus de 20.000 re-présentations plus tard, cette pièce qui vieillit bien suscite autant dʼen-gouement. Pour preuve, ce jeudi 15 juillet, le Théâtre Aimé Césaire afait salle comble. Mise en scène par Nicolas BATAILLE, lʼœuvre pré-sente des personnages issus pour la plupart de la bourgeoisie an-glaise. Satire dʼune société, théâtre de lʼabsurde, «  La Cantatricechauve » -titre qui nʼa aucun rapport avec la pièce !- est un pur mo-ment de théâtre spontané. A lire et à… voir. Tiens, on sonne !El Gran Combo.Les 13 et 14 juillet, le Grand Carbet sʼest révélé trop petit pour conte-nir la ferveur des nombreux aficionados venus revisiter le répertoiredu groupe mythique et légendaire portoricain de « salsa ». Sous la di-rection de son maestro Rafael ITHIER, la musique du groupe nʼa paspris une ride. Une heure trente dʼun spectacle chatoyant, coloré, vi-vant et tellement caliente. On en redemande.Le Ballet cubain Liszt AlfonsoLes 16 et 17 juillet, place à la danse flamenca revue et corrigée par lesrythmes cubains. Sur le plateau du Grand Carbet, pas moins de 16danseuses (et 1 danseur vedette), par groupes de 2, 4, 8… et plus.Un petit orchestre de musiciens (piano, chanteurs, violoncelle, guitare,trompette, percussions) manifestement issus des meilleurs conserva-toires cubains. Souplesse, taconeo (claquements de talons propres auflamenco espagnol), acrobaties et enchaînements sans arrêts ont en-thousiasmé une salle bien pleine.

Serge SOUFFLEUR et Daniel COMPERE

El Gran Combo (salsaweb)

Ballet Lizt Alfonso de Cuba