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MALFORMATIONS CONGENITALES": Ces Préjuges Qui "Diabolisent" Les Enfants ENFANTS SORCIERS: Ce sont des préjugés qui ne reposent sur rien JOURNEE MONDIALE DES MALADES : « Nous sommes malades, mais, d’abord des Citoyens » POUR EN SAVOIR PLUS Le retard mental/Déficience mental Ces Enfants Oubliés et Abandonnés Qu’est-ce qu’ils deviennent ?

le proximus N 018-0314

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Pour promouvoir la santé mentale à travers la presse écrite.

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MALFORMATIONS CONGENITALES":

Ces Préjuges Qui "Diabolisent" Les Enfants

ENFANTS SORCIERS:

Ce sont des préjugés qui ne reposent sur rien

JOURNEE MONDIALE DES MALADES :

« Nous sommes malades, mais, d’abord des Citoyens »

POUR EN SAVOIR PLUS

Le retard mental/Déficience mental

Ces Enfants Oubliés et Abandonnés

Qu’est-ce qu’ils deviennent ?

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Equipe de rédaction

Rédacteur en chef/Secrétaire

Mr. Jean Clément ISHIMWE

Assistant-Rédacteur en chef/Publicité

Fr. Stanislas Maximilien NDIGUISSI

Rédacteur/Chef Technique

Mr. Gérard YEO NANGA

Réviseur/Conseiller

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Rédacteur

Fr Donatien De Joie MAWAYA

Rédacteur

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Magazine « le proximus »

BP 2473

Yamoussoukro

COTE D’IVOIRE

Téléphone :

+ (225) 04 53 44 21

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Site Internet: www.hpsvp.org

Le magazine « le proximus » est édité par une équipe indépendante, composée de personnes de bonne volonté qui s’engagent à promouvoir la santé mentale à travers la presse écrite.

L’objectif principal du magazine « le proximus » est d’informer le public sur la santé et la maladie mentale en vue de la meilleure prise en charge de ceux/celles qui souffrent des troubles mentaux. Nous croyons que la santé n’existe pas sans la santé mentale. Pour ce, c’est crucial que tout le monde, quelque soit son âge, son éducation, son métier, ou toute autre mérite que ce soit, soit avisé sur les réalités de la maladie mentale afin de pouvoir prévenir et prendre les précautions contre ces troubles. Notre devoir est de vous informer sur la santé mentale car la meilleure société est celle qui favorise au maximum le maintien de la santé mentale

« Le proximus » sert aussi à informer le public de diverses activités qui se déroulent dans les Hôpitaux et Centres de prise en charge pour mieux découvrir les efforts fournis par leur personnel dans l’engagement de prendre en charge les personnes souffrantes des troubles mentaux.

Les textes publiés sont revus et édités par une équipe de rédaction compétente qui s’engage volontairement à mettre leurs talents au service du public. C’est notre souhait que ce que vous lisez vous sera utile, vous et vos proches. Merci.

TOUS CE QUI COMPTE C’EST le proximus !

Tous droits de reproduction de photos ou de textes sont réservés à l’équipe de rédaction.

Les propos publiés n’engagent que leurs auteurs.

MISSION DU SECTEUR SOINS DE SANTE MENTALE DES FRERES DE LA CHARITE

« Mû par la charité pour le patient psychiatrique, nous tous, actifs dans le secteur « soins

de santé mentale » des Frères de la Charité, voulons donner l’aide de façon optimale,

compétente et inspirée, dans l’esprit de notre Fondateur Pierre Joseph Triest. Nous nous

œuvrons aux patients souffrant de maladies aiguës et chroniques, quels que soient leur

origine, leur sexe et leur conviction. De plus, nous cherchons des solutions réalisables pour

ceux qui, à cause de l’insuffisance des dispositifs actuels, font appel à notre service de

soins. Nous voulons prodiguer les meilleurs soins à tous les patients, orientés vers leur être

total. Nous nous efforçons pour les rendre financièrement possible pour tous. Avec le

patient et son entourage, nous aspirons à améliorer sa santé mentale. Nous voulons le

réintégrer dans la forme de vie en société la plus adaptée pour lui. »

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Pour plus d’information visitez-nous sur

www.hpsvp.org

Editorial : Quand la société lâche ses enfants…

Pg 4

Enfants sorciers : Ce sont des préjugés qui ne

reposent sur rien.

Pg 5-6

Le retard mental ou déficience mentale

Pg 7-9

Nous ne sommes pas malades, mais, d’abord

des citoyens

Pg 9-10

Ces enfants oubliés et rejetés

Pg 11-12

Malformation congénitales : Ces préjugés qui diabolisent les enfants

Pg 13-17

L’éruption dentaire

Pg 18

Pour un code de l’enfant

Pg 19

Campagne de carême

Pg 18

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Editorial

Quand la société lâche ses enfants…

C’était un soir après midi qu’une ambulance des Groupements des Sapeurs Pompiers

Militaire (GSPM) arrivât à l’Hôpital Psychiatrique apportant une jeune fille, couchée sur

le lit, presque inconsciente, amaigri, avec les plaies partout sur son visage. Les GSPM

sollicitaient au personnel de l’Hôpital d’interner la jeune fille, parce que, dans les ordres

qu’ils avaient reçus, la jeune fille était « une aliéné qui nécessitait une prise en charge

psychiatrique ». Comment cela a pu être identifié ? D’après l’histoire racontée par les

GSPM qui ont accompagné la jeune fille, cette dernière était bien connue par le public

dans la ville comme une « épileptique errante ». Ce jour-là, elle a été retrouvée couchée sur la voie principale de la

ville, presque inconsciente, avec les plaies traumatiques sur son visage. Et comme elle gênait la circulation public, les

ordres de la part de la Gendarmerie ont été donné d’évacuer la jeune fille à l’Hôpital psychiatrique, « parce que tel

comportement ne peut pas survenir de quelqu’un jugé de normal ». Voilà comment notre jeune fille DH est devenue

une résidente d’un Hôpital Psychiatrique.

DH fait partie d’un grand nombre des enfants qui, aujourd’hui, errent dans les rues, parce que, compte tenu de leur

santé et anomalies physique ou mentale, ils ont été abandonnés, chassés, et refusés par leurs propres parents et

leurs propres communautés. Certains membres de la société les considèrent comme des envoûtés. D’autres les

considèrent comme des incapables. Par conséquents, ils deviennent des intouchables de la société humaine.

Dans pages qui vont suivre, nous allons vous proposer les articles qui explorent les réalités que ces enfants vivent

quotidiennement. « Ils ne sont pas des sorciers, mais ce sont les préjugés », nous dira Mr Kouadio suite à ses

explorations dans ce domaine. Les enfants tels que « le petit K. » que nous allons vous présenter ont des aptitudes

qu’il faut découvrir et reconnaitre petit à petit. Malheureusement, aujourd’hui ils se sont retrouvés dans la rue où ils

passent leurs jours et leurs nuits, victimes de tout danger, sans abri, sans garantie de soins, sécurité et

d’alimentation. La société d’aujourd’hui ignore que le handicap mental et physique que ces enfants vivent avec ne

les rendent pas « anormal ». Ils sont d’abord des personnes qui doivent être aimées et acceptées. La loi civile

ivoirienne nous dicte que « Quiconque expose ou fait exposer, délaisse ou fait délaisser, en un lieu solitaire, un enfant

ou une personne incapable de se protéger elle-même en raison de son état physique ou mental, est pour ce seul fait,

puni d’un emprisonnement d’un à trois ans et d’une amende de 10.000 à 100.000 francs… ». Allons-nous continuer à

fermer les yeux et les oreilles face à ces cas ? Que doit-on faire aux parents qui abandonnent leurs enfants sous

prétexte qu’ils sont nés avec des handicaps mentaux ou physiques ?

Où se limitent nos responsabilités envers ses enfants abandonnés ?

Le Code Pénal Ivoirienne continue à nous dicter que « Est puni d'un emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende de 30.000 à 300.000 francs quiconque s'abstient volontairement de porter à une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ni pour les tiers, il pouvait lui prêter, soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours. Ces peines sont portées au double si le coupable avait l'obligation professionnelle ou contractuelle de porter assistance ou secours à la victime ». Prenons notre conscience. Nous avons TOUS les responsabilités envers ses enfants abandonnés. Faisons notre DEVOIR comme bons citoyens, parce que ces personnes ont besoin de notre attention et notre amour.

Jean Clément ISHIMWE

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’Enfants sorciers’’: Ce sont des préjugés qui ne reposent sur rien, affirme le Pr. Amani N'goran, psychiatre

Par Théodore Kouadio

Professeur titulaire de médecine, option Psychiatrie, M.Amani N’Goran est médecin chef-adjoint de l’Hôpital psychiatrique de Bingerville. Dans cet entretien, il explique les stigmates sur le développement des enfants et démontre que ceux-ci ne sont en aucun cas des sorciers.

Comment l’enfant qui vit au quotidien les stigmates d’enfant ‘’mal-né’’ et de sorcier

réagit-il dans la société ?

Il a trois types de réactions. L’enfant va être en retrait par rapport au milieu qui ne l’accepte pas et qui ne l’aime pas. C’est un enfant renfermé sur lui-même. Il ne participe pas à la vie de groupe. Il est tout le temps dans la chambre. Si vous n’êtes pas un habitué de la famille, vous ne saurez pas que cet enfant existe. Il y en a qui sont toujours partis. Ils passent la plus grande partie de leur temps dehors. Il va se constituer un autre milieu où, il est accepté. Il peut se rebeller. Il peut être agressif. Et, réagit brutalement. Ce sont toujours les bagarres à la maison avec ses frères, parents et autres. Ou alors, il va déprimer. Il ne comprendra pas le fait que sa propre famille le rejette ainsi. Alors qu’il n’en a pas d’autres ailleurs. La dépression, ce sont les périodes de tristesse et de cafard. Il va chercher à noyer cela soit dans l’alcool, soit dans la drogue. D’autres réactions sont aussi possibles. S’il est toujours traité de sorcier, il va accepter ce fauteuil que son entourage lui réserve. L’on observe dans certains villages, qu’il y a des personnes qui sont très portées sur les fétiches et autres. Les enfants taxés d’être des sorciers en font partie. Ils sont nés

dans un milieu hostile.

Ces déprimes peuvent-elles aller jusqu’à des

cas de troubles mentaux ?

Oui, ces différentes réactions peuvent conduire à des troubles mentaux. C’est une situation difficile. Prenons l’exemple de quelqu’un qui arrive à son lieu de travail et tout le personnel, pour une raison ou une autre le rejette. Il va finir par déprimer. La dépression, c’est déjà un type de trouble mental. Mais, lorsqu’il se met à délirer, à raconter n’importe quoi, on dira qu’il est atteint de troubles mentaux et qu’il faut le soigner. Il y a toujours des facteurs

déclenchant des troubles mentaux. En général, ceux qui souffrent de troubles mentaux sont des personnes qui sont mal acceptées dans leur milieu. Il faut noter que généralement les troubles mentaux que nous traitons sont provoqués par des problèmes relationnels. Quand nous faisons le point des consultations et traitements à l’Hôpital psychiatrique de Bingerville, nous observons que 80 % des maladies sont d’ordre relationnel, 15 % sont liées à la fièvre typhoïde et les méningites. Les 5 % sont dus à l’hérédité.

Est-il possible de traiter aisément ces patients et faciliter leur réintégration dans leur milieu

social ?

C’est ce que nous faisons ici à l’hôpital psychiatrique de Bingerville. Lorsqu’il y a des facteurs culturels qui interviennent, le traitement est difficile. Peut-on se battre contre la culture ? Prenons le cas des Baoulé, qui sont environ 4 millions en Côte d’Ivoire. Quand vous avez comme patient un enfant de ce peuple et qui est traité de sorcier par la tradition, ce que vous allez faire n’est qu’une goûte d’eau. Certains aspects de la culture ont la peau dure et ce n’est pas facile. J’ai reçu récemment un jeune Gouro. Il est né après le remariage de sa mère suite à la mort de son premier mari. Il est donc né dans le nouveau foyer de sa mère. Selon la coutume Gouro, le premier garçon né d’un tel couple est assimilé à l’ex-défunt qui est revenu se venger du nouveau mari. Pour donc éviter le mauvais sort, le papa est interdit de s’occuper de son propre fils. La coutume dit aussi qu’il va mourir, s’il s’en occupe. L’enfant a été confié à une autre famille. Lorsque l’enfant a su l’histoire plus tard et qu’il s’est rendu compte qu’il ne pourra jamais intégrer sa famille naturelle, il a commencé à déprimer. Par contre, il y a des cas qu’on peut traiter assez facilement. C’est le cas des

enfants désobéissants et autres. (Suite page 6)

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Il faut jouer sur le milieu de la famille pour que cela s’arrange. Mais quand cela prend une connotation culturelle, ça devient très difficile. Ceci peut être

des causes de nos échecs.

Croyez-vous que ces enfants sont vraiment des

sorciers ?

Sans faire de purification, ailleurs les enfants naissent. Pourquoi ne sont–ils pas traités de sorciers ? Et pourtant, ils sont Africains. Il en est de même du dixième enfant. Il n’est pas interdit chez le Baoulé, mais est interdit chez les Agni et N’zema et pourtant ils sont tous du même groupe Akan. Ce sont des préjugés culturels qu’il faut bannir. De même, les différentes acquisitions motrices de l’enfant sont programmées. Quand l’enfant marche tôt, les parents sont contents. Mais pourquoi ne se plaindraient-ils pas ? En fait, c’est le retard que les gens ne supportent pas. Quand il y a eu des problèmes à l’accouchement, les infections etc. peuvent retarder l’évolution de l’enfant. La culture sert de prétexte à une sélection des enfants. Ces préjugés ne reposent sur rien de scientifique. Tout ce qui sort de la norme est objet de préoccupation et de stigmatisation. Le sorcier, c’est par exemple celui qui ne partage pas l’avis de tout le monde. Celui qui, au village, se met en retrait du groupe. L’Afrique n’accepte pas celui qui vit seul. La société africaine encourage la vie de groupe. Si vous ne partagez pas cette vision, cela pose un problème. Pourquoi vous vous retirez du groupe ? Vous n’avez pas de bonnes intentions, donc vous êtes un sorcier.

Ces pratiques culturelles continuent-elles

aujourd’hui ?

Dans les grandes villes, ces pratiques culturelles n’ont presque plus cours. Mais dans les villages, elles sont toujours légion. Même quand ils grandissent, ces enfants sont interdits de rejoindre la famille génitrice. Selon la tradition, il y a trois destins qui leur sont réservés. Ils sont éliminés physiquement à la naissance. Ce n’est plus fréquent, mais elle existe dans des villages reculés. Deuxièmement, ce qui a cours, c’est de donner l’enfant à une personne qui est en dehors de la coutume. Pour certains, on leur attribue un nom d’enfant trouble-fête.

Comment peut-on lutter efficacement contre ces pratiques culturelles néfastes?

Plus la science nous ouvre les yeux, plus l’on se rend compte que l’éducation est une spécialité. Elle est complexe. Quand l’enfant naît, c’est un micro ouvert. Il enregistre tout. C’est dire qu’il faut faire attention à lui. Il y a aussi la culture elle-même. Lorsqu’on ne sait pas quelque chose, on l’attribue à la sorcellerie. Les dents des enfants peuvent pousser en retard, comme elles peuvent être précoces. C’est une campagne qu’il faut mener pour expliquer. Afin que ces enfants ne subissent plus de traumatisme. C’est la science qui va plus vulgariser à travers ces campagnes de sensibilisations. Elle doit aller au contact du peuple pour expliquer les choses, ne serait-ce qu’à l’endroit des nouvelles générations. C’est la seule manière de venir à bout de ces pratiques

culturelles. Propos recueillis par Théodore Kouadio ([email protected]) jeudi, 05 décembre 2013

Si vous souhaitez contribuer à l’enrichissement de

notre magazine, n’hésitez pas à nous contacter ou

nous envoyer vos articles, idées, ou suggestions a

travers les contacts suivants :

Jean-Clément Ishimwe

[email protected]

+ 225 04 53 44 21

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LE RETARD MENTAL OU DEFICIENCE MENTALE

(Par Jean-Clément ISHIMWE)

Le retard mental peut être défini comme un arrêt du développement ou un

développement incomplet caractérisé par une insuffisance des facultés qui déterminent

le niveau global d’intelligence. Selon le DSM IV (Manuel de Diagnostiques et Statistiques

des Troubles Mentaux), les critères diagnostiques du retard mental sont:

- le fonctionnement intellectuel significativement inférieur à la moyenne mesuré par un

test du QI (Quotient d’Intelligence) passé de façon individuelle,

- le déficit concomitant ou altération du fonctionnement adaptatif actuel

- le début avant l’âge de 18 ans

L’altération du fonctionnement adaptatif est évaluée dans les secteurs d’aptitudes tels

que la communication, la responsabilité individuelle, le loisir, la santé, l’apprentissage

scolaire, la vie sociale, le travail, l’autonomie, et la sécurité.

Classification

La classification traditionnelle repose sur la détermination du QI. Ainsi on distingue :

Retard mental profond: QI < ou = à 20 ou 25

Retard mental grave : 20 < QI < ou = à 34

Retard mental moyen: 35 < QI < ou = à 49

Retard mental léger: 50 < QI < ou = à 70

Bien que les enfants dans la catégorie de retard mental moyen aient des potentiels

académiques limités, ils peuvent apprendre les bases de l’hygiène et du danger et

participer à de simples activités. A l’âge adulte, ils peuvent rester chez leurs parents,

dans une résidence protégée ou vivre semi-indépendamment.

Les individus atteints d’un retard mental léger peuvent apprendre à lire et à résoudre

certains problèmes de mathématiques. Ils peuvent apprendre à se soigner et à prendre

soins d’eux. A l’âge adulte, ils peuvent vivre indépendamment et peuvent garder un

emploi.

Etiologies

Les facteurs étiologiques peuvent être biologiques et/ou psycho sociologiques. Les

principaux facteurs étiologiques sont :

Altérations précoces du développement embryonnaire (aux environs de 35% de

cas). Elles sont liées à une aberration chromosomique (Trisomie 21, Trisomie 13, Trisomie 18) ou à des erreurs innées du métabolisme (phénylcétonurie) et les

dégâts causés par la présence des toxiques dans le corps tels que la

consommation d’alcool pendant la grossesse ou les infections. (Suite page 8)

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Problèmes au cours de la grossesse et problèmes périnataux ou embryo-

fœtopathies (aux environs de 10%) : les agressions infectieuses ou toxiques

auxquelles l’embryon est particulièrement vulnérable. On peut citer l’infection à la rubéole, la toxoplasmose, Syphilis, Malnutrition fœtal, Alcoolisme maternel,

Prématurité, Hypoxie,

Maladies somatiques générales contractées pendant la période de nourrisson ou

d’enfance (aux environs de 5%) : Saturnisme, Méningites, Encéphalites, Cancer

Troubles mentaux et facteurs environnementaux (aux environs de 15% à 20%) :

Carence de maternage, absence de stimulation sociale, sensorielle ou linguistique

Quelques signes associés au retard mental

1. Examen neurologique anormal (et en l’absence d’un syndrome génétique évident) 2. Macrocéphalie ou microcéphalie

3. Epilepsie

4. Régression 5. Taches cutanées : phacomatoses

6. Pathologie vasculaire ou infectieuse.

Conseils pour la prise en charge familiale

Les enfants atteints du retard mental peuvent apprendre à se lever, à ramper, à marcher

ou à parler plus tard que les autres enfants. Ils peuvent exposer certaines

caractéristiques telles que le retard dans le développement de la communication, les

déficits de la mémoire, difficulté d’apprentissage du constructivisme social, difficulté à

résoudre les problèmes, et manque d’inhibition sociale.

L’apprentissage peut durer plus longtemps. Il requiert des gestes répétitifs, et

l’adaptation doit être apprise selon leur degré d’apprentissage. Néanmoins, virtuellement

les enfants sont capables d’apprendre, de se développer et de devenir membres d’une

communauté.

Dans la plupart des cas, le déficit intellectuel ne s’améliorera pas mais le milieu

d’adaptation peut être plus influencé par un environnement favorable et stimulant

Le dialogue avec les parents est nécessaire. Il faudrait aider les parents à faire accepter

l’enfant et non le handicap. Il faut susciter chez la famille le désir de comprendre l’enfant

et de l’aider à s’épanouir. Associer les parents de façon stable à un travail thérapeutique

au long cours et leur ménager un espace de parole. On aura une action très positive sur

l’enfant si on agit tôt et en collaboration avec la famille.

Conseils pour la prévention

Il faut en premier lieu éviter l’apparition du retard mental. Ceci peut se faire en

respectant certaines règles de vie telles que :

- Soigner son alimentation et encourager l’alimentation qui favorise le

développement sain du cerveau (par exemple, encourager les aliments riches en

acide folique et l’iode pendant la grossesse), (suite page 9)

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- Eviter la consommation d’alcool durant la grossesse,

- Encourager le dépistage des conditions telles que la rubéole, et - Se faire vacciner comme indiqué.

Il faut ensuite chercher à améliorer le fonctionnement ainsi que la qualité de vie de

personnes présentant une déficience intellectuelle pour empêcher l’aggravation de la

déficience ou le développement d’autres problématiques.

Bibliographies

1. American Psychiatric Association, Diagnostic and Statistical Manual of Mental

Disorders, 4th Edition (DSM-IV)

2. Henri E., Bernard P., et Brisset CH., Manuel de Psychiatrie, 6ème Edition 3. Encyclopédie Wikipédia, Handicap mental

Nous sommes malades, mais, d’abord des citoyens

Journée Mondiale des Malades 2014

La MSP a tenu à sa tradition de célébrer la Journée Mondiale des Malades dimanche, le 16 février 2014.

Comme c’était indiqué dans le programme du jour, les activités qui étaient prévues pour cette cause étaient :

La récitation du chapelet

La visite guidée de l’hôpital

La conférence sur les épilepsies

La célébration eucharistique

Remise des dons aux malades.

Les activités ont débuté vers 9h00 avec la récitation du chapelet dirigée par le groupe des ami(e)s des

malades en présence des pensionnaires et le personnel de la MSP. Les participants ont prié pour la guérison

des malades du monde entier et ils ont invoqué l’Esprit Saint pour aider et guider ceux et celles qui les

soignent.

Après la récitation du chapelet, le Directeur de la MSP, Fr Félicien NGENDAHIMANA, a offert aux

participants une visite guidée de l’Hôpital. Il faut rappeler que l’hôpital accueille les personnes qui souffrent

des troubles psychiques, aigues et chronique. Elle a la capacité d’accueil de 44 lits dont 32 réservés pour les

malades en hospitalisation et 12 lits pour les malades en transition, c’est-à-dire les malades stabilisés dont

l’hôpital n’a pas encore identifié leurs parents (la majorité de ces malades a été récupéré dans la rue). Les

malades dans cette dernière catégorie suivent un programme de réhabilitation en vue de les préparer à la vie

active une fois arrivé dans leurs familles respectives. L’hôpital offre aussi les soins pour les malades en

ambulatoire.

La visite guidée a été suivie par une conférence sur les épilepsies. La conférence était animée par Mme

Koua Marie Claire, infirmière spécialisée en psychiatrie, assisté par Mme Koidjo Eugénie, sage-femme

spécialisée en psychiatrie. Le thème du jour était bien choisi pour rompre le silence sur cette maladie mal

connue et beaucoup ignorée. Il faut bien signaler que la MSP prend en charge des personnes souffrantes de

cette maladie. L’hôpital dispose aussi d’un service qui fait l’électro-encéphalographie (EEG), un examen du

cerveau qui aide dans le diagnostic des épilepsies.

La conférence qui a duré de plus d’une heure a été suivie par une célébration eucharistique célébrée par le

père Joseph EKANZA, aumônier de la pastorale des malades à Yamoussoukro. (suite page 10)

Page 10: le proximus N 018-0314

10

Il était accompagné par les pères de la Congrégation de St Camille, les pères responsables de l’hôpital St

Joseph Moscatti. La Messe était animée par l’une des Chorales de la Paroisse St Monique de Sopim-

Kokrenou. Avant la fin de la Messe, il a été lu aux participants le message du Pape François pour l’occasion

de la Journée Mondiale des Malades 2014.

Après la Messe, les dons ont été présentés aux malades et les activités ont été clôturées dans une atmosphère

fraternelle vers 12h30.

Jean-Clément Ishimwe

Samedi 29 mars 2014 :

Marathon autour de la Basilique organisé au bénéfice des malades

du centre psychiatrique St Vincent de Paul - Yamoussoukro

Voir détails à la page 20 de ce numéro.

Récitation du chapelet Conférence

Célébration Eucharistique Visite guidée

Page 11: le proximus N 018-0314

11

Ces enfants oubliés et rejetés

Ils sont nés comme tout le monde. Ils n’ont pas décidé de leur naissance si ce n’était de leurs parents. Le

malheur a fait qu’ils se sont retrouvés dans la rue parce que leurs familles les ont rejetés. Aujourd’hui ils

sont dans les rues, sans aide, sans secours, avec le risque de passer toute leur vie dans ces conditions. La

majorité de ces enfants sont nés avec des handicaps mentaux. Ils ne sont pas « débiles » comme on est

habitué de le dire dans le langage courant ; ils sont des personnes avec des habilités « limités » et qui

peuvent mener une vie saine s’ils sont aidés et aimés. Ce sont des personnes avec des déficiences

intellectuelles ou physiques. Dans le présent document, je vais vous présenter le cas d’un certain « enfant

K. », un enfant joyeux, qui, aujourd’hui s’est retrouvé dans la rue parce qu’il a été rejeté par sa famille et sa

société.

Enfant K. a été admis à l’Hôpital Psychiatrique de Yamoussoukro (MSP)

en compagnie de deux individus qui ont voulue mener un acte de

charité envers cette créature qu’ils jugeaient encore récupérable.

L’enfant K. se promenait dans les rues de Yamoussoukro depuis un

temps. Il était victime de tout le monde qu’il croisait. C’est un enfant

qui ne s’exprimait pas à travers le langage commun. Il communiquait à

travers les signes accompagnés par des sons qu’on ne pouvait pas

identifier. La MSP, sachant que c’est une institution qui n’est pas

habileté à prendre en charge les cas de ce genre, a accepté d’interner l’enfant qui n’avait pas où aller à ce

moment là.

Depuis ce jour, l’enfant K. est devenu résident de l’hôpital où il suivait

un traitement. Ainsi que les jours avançaient, l’enfant K. s’est présenté

comme un enfant joyeux, qui aimait taquiner tout le monde, mais aussi

turbulent et distrait. Il ignorait presque tout de son environnement.

Vivre aujourd’hui était sa seule joie.

Malgré tout ces dérangements, enfant K. était prêt à apprendre et à

s’adapter. D’après le responsable de l’équipe d’ergothérapie et de

réhabilitation de l’Hôpital, la suggestion était que l’enfant soit « orienté

vers les centres spécialisés pour sa rééducation [...] » afin de bénéficier une formation qui l’aidera à se

prendre en charge lui-même. L’évaluation avait identifié un problème de concentration. Il participait dans

les activités aussi longtemps que celles-ci ne dureraient pas plus de 10 minutes.

L’enfant K. montrait un progrès dans sa réadaptation malgré le fait

qu’il était interné dans un Hôpital Psychiatrique. Par ailleurs, il fallait

lui trouver un milieu d’accueil en dehors de l’hôpital pour lui

permettre de vivre une vie familiale et normale comme tous les

enfants de son âge. C’est pour cette raison qu’il a été accompagné

dans sa famille afin que celle-ci puisse continuer son programme de

réadaptation et réintégration. Par surprise, quelques jours après sa

sortie de l’hôpital, l’enfant K. s’est retrouvé encore une fois dans la

rue où il traine jusqu’à ce jour. (Suite page 12)

Page 12: le proximus N 018-0314

12

On ne saura, peut-être, jamais les raisons de ce nouveau rejet au niveau de sa famille et sa société. Etant

donné que le milieu hospitalier n’était pas un environnement conforme pour son développement normal,

la direction de la MSP a jugé bon de ne plus accueil l’enfant K. pour l’internement. Ainsi l’on se demande,

quel sera son futur ?

C’est une question de conscience que nous tous devrons nous poser. Chacun de nous a une responsabilité,

comme citoyen, d’apporter de l’aide à son prochain qui est en difficulté. Le Code Pénal de la Loi Ivoirienne

nous rappelle cela. Mais, la plus grande responsabilité revient aux parents de ces enfants, qui,

consciemment, ont décidé de mettre cette créature à ce monde. Comme c’est bien dit, « il faut se garder

de figer l’enfant dans un statut de débile qui risque de nuire à son évolution, fixant le trouble. En ce sens

les réactions du milieu font partie de l’infirmité ».

Jean-Clément ISHIMWE

« Abandonner systématiquement la politique de prise en charge dans des hôpitaux

psychiatriques de long séjour au profit des structures de soins non spécialisées et étendre la

couverture des interventions fondées sur des bases factuelles (y compris en appliquant les

principes des soins paliers, le cas échéant) pour les affections prioritaires, assurées par un

réseau de services de santé mentale à assise communautaire, à savoir hospitalisation de courte

durée et soins ambulatoires dispensés dans des hôpitaux généraux, soins de santé primaires,

centres de santé mentale assurant une prise en charge complète, centres de jour, soutien aux

personnes souffrant de troubles mentaux qui vivent au sein de leur famille, et aides au

logement »

Organisation Mondiale de la Santé, Plan d’Action pour la Santé Mentale 2013 – 2020, pg 29.

Page 13: le proximus N 018-0314

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"Malformations congénitales": CES PREJUGES QUI "DIABOLISENT" LES ENFANTS

(Par Théodore Kouadio)

Certaines communautés ivoiriennes continuent à ce jour d’exclure les enfants qui naissent avec des anomalies. Il s’agit de l’interdiction de voir un nourrisson marcher avant l’éruption dentaire, l’acceptation

d’un bébé qui naît avec des malformations etc. Ce qui apparaît aux yeux de cette tradition ivoirienne comme un dysfonctionnement dans le processus de développement du nouveau-né, est-il scientifiquement

fondé ?

Les images de ‘’sorcier’’, ‘’anormaux’’ qu’on leur colle peuvent – elles induire des troubles de comportements chez ces enfants dans l’avenir ? En d’autres termes, la difficile intégration de certains jeunes de cette catégorie dans la société est-elle le fait de ces pratiques culturelles ?

Eric est un nourrisson de 10 mois. Depuis quelques jours, il essaie de se tenir debout tout seul. Le bambin s’accroche à tout support à sa portée, pour se hisser du haut de ses moins de 75 cm (un bébé mesure 50 cm à la naissance, 75 cm à 1 an). Il tente même de faire quelques pas. Mais, voilà que cette situation qui, normalement devait faire plaisir à toute maman, inquiète plutôt la mère de l’enfant, dame Yao Agnès. C’est que, son bébé, apparemment en très bonne santé, n’a pas encore de dents dans la bouche à cet âge ; alors que celui-ci marchera très bientôt.

Dans sa communauté, cette situation est inadmissible. «C’est même un sacrilège. Chez nous, un enfant qui marche sans avoir ses premières dents est taxé de sorcier», relève, anxieuse, cette jeune dame, pourtant institutrice (une intellectuelle donc) dans un village de la sous-préfecture de Dimbokro.

Anne, elle, a 6 ans. Elle vit aujourd’hui avec sa mère à Abidjan. À sa naissance, sa mère était encore étudiante. La jeune nourrice a donc dû confier sa fillette de 6 mois à sa mère au village. Le temps pour elle de terminer ses études. Et, voilà qu’à 9 mois la fillette a commencé à faire ses premiers pas. Craignant les regards inquisiteurs de la communauté villageoise et le rejet de sa petite-fille, la grand-mère décide alors de faire apparaître les premières dents de sa petite-fille en usant de procédés contre-nature. Ainsi, elle prend attache avec une de ses sœurs, "spécialisée" en la matière. La quinquagénaire fait asseoir la fillette sur les jambes de sa grand-mère. La gamine est maintenue, de force, dans cette position par deux autres dames approximativement du même âge que la quinquagénaire.

Ahoutou Bertin, l’oncle raconte que la première a la charge d’immobiliser les membres de la gamine. Tandis que la deuxième, elle, maintient la bouche de la petite grandement ouverte. De sorte à faciliter la tâche à la ‘’spécialiste’’ chargée de frotter la gencive de la gamine. Munie d’une feuille à surface râpeuse cueillie la veille, cette dernière se met à frotter, avec force précision, la gencive dégarnie de l’infortunée enfant. Sans se laisser émouvoir, ni par les pleurs, ni par les lamentations, ni même par la vue du sang qui s’écoule, doucement, de la bouche de la fillette. De fait, l’"odontostomatologiste" traditionnel a frotté la gencive du bébé jusqu’à ce que le bout de la dent apparaisse. «La fillette a eu la bouche littéralement en feu. Elle a mis plus d’une semaine avant d’accepter de prendre correctement ses repas quotidiens. Elle pleurait et bavait tout le temps. La gamine a fait, par la suite, une forte fièvre les trois premiers jours et a perdu du poids», révèle l’oncle. Qui, visiblement, n’a pas approuvé l’acte posé par ses tantes.

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Cependant, il avoue n’avoir pas osé défier ces dernières, au risque de se mettre toute la communauté villageoise à dos. L’acte posé par ces femmes, au lieu de soulever un sentiment d’indignation dans le reste de la famille a plutôt été salué. Car selon le chef de famille, ces quinquagénaires venaient ainsi d’écarter le malheur de la famille. Ahoutou Bertin rapporte que la fillette a été tellement traumatisée par ce supplice, que jusqu’à ce jour, elle court chercher refuge lorsqu’elle aperçoit, ces tortionnaires de grand-mères.

M. Michel N’cho, cadre dans une entreprise de la place, lui, se souvient toujours du calvaire qu’il a enduré au cours de son enfance à son adolescence à Bouaké. Il explique qu’il est né avec…deux dents dans la bouche. Une particularité, une anomalie (?) qui lui a valu d’être recueilli à l’âge de 3 mois par une tante éloignée. Tout simplement parce que personne ne voulait de lui au village. Ni sa génitrice, ni les autres membres de la famille proche. «J’étais non seulement marginalisé par mes parents, mais aussi par les jeunes qui avaient le même âge que moi. Personne ne voulait m’approcher. Ceux qui osaient étaient rappelés à l’ordre par leurs parents, sous prétexte que j’étais un sorcier et que j’allais attirer sur eux tous des malheurs».

Ces différents cas de figure posent en fait le problème des enfants considérés comme ‘’mal-nés’’ dans plusieurs sociétés traditionnelles ivoiriennes.

Sauts d’obstacles

En effet, dans la plupart des cultures traditionnelles ivoiriennes, la naissance d’un bébé requiert, pour la mère, de satisfaire à toute une série d’épreuves. Ainsi en pays Akan, une jeune fille n’a pas le droit de donner naissance à un enfant tant qu’elle n’a pas sacrifié au rituel de passage de l’adolescence à la femme en âge de procréer. En plus de cela, dans certains sous groupe du peuple Akan, comme chez les Agni Sanwi

du sud-est, et chez les N’zema de Grand Bassam et d’Assinie dans le Sud lagunaire, les dixièmes enfants ne sont pas admis dans le cercle familial. Même quand l’enfant est né dans des conditions que la coutume qualifie de ‘’bonne’’. Mais qui, pour elle, présente des particularités. Comme, par exemple, naître avec une dent dans la bouche, marcher avant d’avoir des dents, venir avec des malformations etc. Dans ces différents cas, l’enfant est considéré comme ‘’mal né’’. Anne-Marie, une sage femme qui a servi dans

un village de la sous-préfecture de Bondoukou, dans le nord-est de la Côte d’Ivoire, raconte qu’elle a accouché une femme Abron dont le bébé est venu au monde avec une dent.

Anne-Marie raconte que la nouvelle s’est très vite répandue, comme une traînée de poudre, dans le village. La jeune mère, qui n’était pas, pour autant, à son premier accouchement, et son bébé ont été ignorés, tout simplement.

En tout cas, si l’on en croit la sage-femme, personne n’est venu, comme de coutume, adresser ses félicitations à la nouvelle accouchée et son nouveau-né. Et ce, malgré des explications données par l’agent de santé pour tenter de faire comprendre à tout le village que cette naissance n’avait rien d’anormal.

Anne-Marie n’avait, visiblement, convaincu aucun villageois. Puisque la jeune mère a continué d’être mise en quarantaine.

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Selon les anciens, le danger que représente un enfant ‘’mal né’’ pour la société est tel qu’il n’est pas admissible de le laisser grandir au sein de la famille. «Par le seul fait d’exister, il menace la survie du lignage dont il est issu, et par-là même, la survie de toute la communauté. Il peut tuer ses parents », soutient le vieux Kouakou Fri de Gouméré.

Son ami, un autre octogénaire, Kouassi Abenan, insiste, lui, sur le fait qu’un tel enfant incarne le malheur. Ainsi, il incombe aux anciens de trouver des solutions afin d’écarter la menace qui pèse sur ses parents et la société au sein de laquelle il a vu le jour. « Dans les temps anciens il était purement et simplement ‘’accompagné’ vers…l’au-delà. C’est-à-dire, de l’endroit d’où il est venu et d’où il n’aurait jamais dû sortir. En clair, il était purement et simplement éliminé », relève le vieux Kouassi Abenan. Avant d’insister sur le fait que « de nos jours, ces enfants sont donnés à d’autres peuples qui, eux, ne partagent pas la même culture que nous. Mais, nos enfants qui sont en ville font aujourd’hui fi de ces coutumes » déclare avec amertume le vieux Kouassi Abenan. Pour lui, nombre de nos malheurs actuels, sont liés au non respect de ces pratiques culturelles. Qui, naguère, ont été le socle de l’équilibre communautaire. «C’est pour cela aussi que, de nos jours, les foyers ne tiennent plus assez longtemps, c’est pour cela que les gens meurent jeunes etc. », soutient-il.

La marque d’une anormalité

Une étude de l’anthropologue française, Catherine Le Grand-Sébille sur les pratiques rituelles de certaines communautés de l’Afrique de l’ouest, sous le titre ‘’L’Esprit du Temps. Études sur la mort 2001/1 - N° 119’’, aborde aussi cette problématique qui a toujours cours dans certaines familles, même en zone urbaine.

Selon les travaux de Catherine Le Grand-Sébille, certains critères constituaient la marque d’une anormalité rédhibitoire pour l’acceptation de celui-ci parmi les membres du groupe. C’est là que l’on dit que l’enfant est «mal né». Selon toujours Le Grand-Sébille, ces signes sont assez nombreux. Ainsi, sont considérés comme «mal nés», les enfants qui naissent porteurs d’une anormalité physique telle que la trisomie ou mongolisme (maladie congénitale se manifestant par un physique typique et une arriération mentale), déformation ou malposition des membres, bec-de-lièvre, etc.

D’autres anomalies comme la naissance prématurée ou avec des dents ou en occipito-sacré --visage tourné vers le ciel-- ou en tombant la poitrine contre terre sont entre autres, selon la tradition, également la marque des enfants "mal nés".

‘’ Tous ces signes prouvaient que l’être qui vient d’arriver n’est pas celui qu’on attendait: au lieu d’être un ancêtre connu, il est un esprit maléfique qui s’est servi de l’enveloppe charnelle du nouveau-né pour venir nuire à sa famille, et il représente un danger pour toute la communauté’’, indique le document.

Ainsi, l’élimination d’un tel enfant, n’est donc pas considérée par eux comme un meurtre. Il s’agit simplement de «réparer» une erreur. Car cet être qui n’a d’humain que l’apparence. «Ceci permettait également à l’enfant de revenir sous de meilleurs auspices lors d’une prochaine grossesse de sa mère ou d’une autre femme de la famille», souligne l’ethnologue, en référence aux croyances des peuples étudiés. Et de poursuivre en disant que nouveau-né étant l’incarnation d’un être de l’au-delà, il hérite des principes spirituels d’un défunt, ancêtre du lignage, et sa naissance, plutôt qu’une nouveauté, concrétise le passage de cet ancêtre du monde des esprits vers celui des vivants.

L’élimination en elle-même se déroulait sans témoins, par noyade, par étouffement ou empoisonnement. Parfois, l’enfant est simplement abandonné en brousse, rapporte l’ethnologue. Une naissance aussi "honteuse" que celle d’un enfant "mal né" ne se clame pas sur la place publique, dans ces sociétés où les proverbes affirment que: «la mort est préférable à la honte». Tout était donc fait pour que l’enfant reparte aussi vite qu’il est venu, et aussi discrètement que possible. (Suite page 16)

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Bannis par leurs familles, ils se rebellent contre la société

Avec l’évolution et la modernisation qui pénètrent de plus en plus le monde rural, l’élimination physique et presque systématique des enfants considérés comme ‘’mal-nés ‘’ tend à disparaître.

Néanmoins, il reste que ces pratiques d’un autre âge continuent d’avoir des effets pervers sur le développement harmonieux des enfants qui ont échappé à cette sentence de la tradition. Ainsi, les préjugés qui en découlent ne continuent pas moins de nuire à l’équilibre familial et même de la communauté villageoise.

Au niveau des enfants, outre les violences physiques, les "poussées dentaires forcées", les bastonnades régulières etc. qu’ils subissent, ils doivent faire face à des traumatismes psychologiques ; qui parfois les accompagnent toute leur vie. En tout cas, l’enfant est mis, très tôt, au ban de sa communauté parce que né différemment des autres membres de sa famille. Il doit, de ce fait, soit souffrir de l’intolérance de tout son entourage, soit se résoudre à aller vivre là où il n’est pas mis à l’index, tout le temps. Il lui arrive même, tout simplement, de se rebeller contre la société et de poser des actes répréhensibles.

«Moi, je ne me sentais pas du tout à l’aise dans ma propre famille. Parce que mes parents me taxaient d’être un sorcier. Lorsqu’il y avait un problème, c’était toujours vers moi qu’on pointait un doigt accusateur. J’ai donc dû, malgré moi, abandonner ma famille, pour vivre dans la rue où je me sens plus protégé», relève Laurent, 17 ans.

Ceux qui ne sont pas suffisamment armés psychologiquement pour fuir la communauté ou l’affronter sombrent dans la déprime. Ou alors, se réfugient dans les stupéfiantes et autres formes de drogue.

Le Pr. Amani N’Goran, médecin-chef adjoint à l’Hôpital psychiatrique de Bingerville explique que les accusations de sorciers et autres pressions subies par ces enfants « mal-nés » peuvent aller jusqu’à provoquer des troubles mentaux. Le praticien indique qu’il lui est arrivé de traiter plusieurs cas de personnes qui ont déprimé, parce qu’elles n’arrivaient pas à comprendre qu’elles ne soient pas acceptées par leur propre famille et la société, rien qu’à cause de ces pratiques culturelles surannées. Le Pr. Amani N’Goran en veut pour preuve le cas de cette femme, 10e enfant, d’une famille N’Zema. L’enfant "mal-né" qu’elle était a été recueillie par une femme d’une autre ethnie. Devenue jeune femme, elle mettra tout en œuvre pour retrouver sa génitrice. Mais, cette jeune femme sera très vite déçue, voire choquée. Parce qu’elle ne pourra pas intégrer sa famille naturelle. Sa mère et les anciens de la famille y étant vivement opposés.

Ne pouvant ni accepter, ni supporter, voire discuter de cette situation avec sa mère adoptive, celle-là même qui a tout fait pour elle, la jeune dame a déprimé. Au point qu’elle a dû suivre un traitement auprès d’un psychiatre. (Suite page 17)

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Il arrive aussi que ces pratiques culturelles provoquent des séparations de couples et aboutissent tout naturellement à la division des enfants. En tout cas, lorsqu’une mère refuse de se séparer de son enfant "mal-né", la communauté tout entière considère ce geste comme une insubordination à la coutume. Dans ce cas, c’est très souvent que le mari, soutenu par ses parents, se sépare de celle-ci. De gré ou de force. Selon la tradition, il s’agit, à travers cette séparation, d’éviter que le malheur ne s’abatte sur le village ou la communauté. Dans d’autres cas, la mère et son nourrisson ou tout le couple soient excommuniés par le village.

Naître avec des anomalies et être Normal

Et pourtant, certaines de ces anomalies ont des explications scientifiques. Selon le Dr Kassi Hermance, médecin-pédiatre, certains cas constatés sur le nourrisson à la naissance ont des explications tout à fait naturelles. «On observe que certains enfants naissent avec une dent. Cela n’est autre chose qu’une éruption précoce de la dent », relève-t-elle. Avant de souligner que deux causes principales peuvent expliquer cette «anomalie».

Cette situation est souvent due, a-t-elle dit, au fait que soit la mère, soit le père ou les deux ont des prédispositions à avoir des dents précoces. Mais, celles-ci ne se sont pas révélées à leur naissance. Leur enfant peut en hériter.

L’autre explication, selon Dr Kassi, «ce sont des désordres génétiques ». Avant d’indiquer qu’au cours de l’odontogenèse (--la formation de la dent débute au cours de la grossesse, vers la 6e et la 7e semaine de la vie intra-utérine. Cela s’appelle l’odontogenèse-- qui intervient au moment de la conception) il y a un assemblage des deux patrimoines génétiques des parents (père et mère). C’est ce patrimoine génétique qui va déterminer toute la formation de l’enfant.

La pédiatre explique que ces bourgeons peuvent chuter ou persister après la naissance. En clair, les autres dents vont pousser normalement. De sorte que toute la denture de l’enfant va commencer à chuter normalement à partir de 6 ans (voire encadré l’éruption dentaire). «J’ai suivi personnellement un bébé qui est né avec un bourgeon dans la bouche. Il se porte aujourd’hui très bien et évolue normalement », commente la pédiatre.

Son collègue, Dr Kouadio Daniel, spécialisé dans la chirurgie infantile, soutient que certaines infections pendant la grossesse peuvent provoquer des malformations des enfants et retarder quelquefois leur croissance. Il précise, cependant que certaines de ces anomalies peuvent être corrigées à la naissance grâce à la chirurgie. Il s’agit des enfants qui naissent avec des becs-de-lièvre, sans orifice anal, etc. «Une chirurgie réparatrice permet de corriger ces anomalies chez le bébé », relève-t-il.

Les Drs. Kouadio et Kassi, comme nombre de scientifiques, affirment que ces bébés qui naissent avec quelques anomalies sont normaux. Pour ces praticiens, les familles ne conçoivent pas les personnes qui sortent de la norme. Et pourtant ! Tout le monde n’a pas le même développement.

Théodore Kouadio ([email protected]) mardi, 03 décembre 2013)

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POUR ALLER PLUS LOIN…

1. L’ERUPTION DENTAIRE

La formation de la dent débute au cours de la grossesse, vers la 6e et la 7e semaine de la vie intra-utérine. C'est-à-dire au tout début de la grossesse. Toutefois, même après la naissance, cela continue.

À partir du 6e mois après la naissance, l’éruption dentaire va débuter. De sorte que chaque 6 mois, un groupe de dents va se mettre en place. Ainsi on aura de 6 à 12 mois, les incisives (centrales et latérales). De 12 à 18 mois, les premières molaires de lait. De 18 à 24 mois, les canines et de 24 à 30 mois, les 2è molaires.

Ainsi à 2 ans et demi, la denture de l’enfant sera de 20 dents. Ces dents de lait vont commencer à chuter à partir de 6 ans.

Toutefois, les praticiens insistent sur le fait que les chiffres fournis plus haut ne constituent que des moyennes et que toutes sortes de variantes sont aussi ‘’ normales’’, que ce soit dans un sens de précocité ou de retard.

Selon les spécialistes, en règle générales, il n’y a pas de hiérarchie dans l’éruption des dents au niveau de l’arcade supérieure et inférieure. Elles apparaissent de façon simultanée. En clair, les bourgeons sortent en même temps. Mais dans la pratique courante, il est observé que l’incisive supérieure pointe son bout avant l’incisive inférieure.

T. KOUADIO

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2. POUR UN CODE DE L’ENFANT

S’il est vrai qu’un délit de justice commis sur un enfant est puni par la justice ivoirienne, force est de constater que la Côte d’Ivoire ne dispose pas en la matière d’un code spécifique des droits et du bien-être de l’enfant pour mieux le protéger.

En tout cas, pour l’administrateur chargé de la protection de l’enfance, M. Marius Krécoum de

l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), il faut une charte ivoirienne des droits et du bien-être de l’enfant. « Aujourd’hui, cela fait partie des perspectives sur lesquelles nous travaillons », relève-t-il.

Il tient toutefois à rappeler que la Côte d’Ivoire a déjà fait en la matière un pas important en ratifiant en 2002 la charte Africaine des droits et du bien-être de l’enfant. Laquelle définit « l’enfant comme tout être humain âgé de moins de 18 ans ». Le document en son article 21 insiste sur le fait qu’en tant qu’être humain, le nouveau né doit être protégé contre les pratiques sociales et culturelles négatives.

Comme M. Marius Krécoum, nombre de spécialistes des droits de l’enfant pensent qu’une fois le code élaboré, cela permettra à la justice ivoirienne de mieux combattre ces pratiques qui nient à l’enfant ses droits en tant qu’être humain. « Nos valeurs traditionnelles africaines ont très souvent tendance à assimiler l’enfant à tout sauf à un être humain. Il est considéré comme un bien, une richesse pour ses parents. Même, si cet aspect peut être interprété comme une valorisation de l’enfant, il a toutefois pour effet de lui retirer son existence comme une personne humaine », soutient l’administrateur chargé de la protection de l’enfance.

Pour lui, les gamins sont considérés comme des biens dont le propriétaire peut disposer comme il veut. De sorte que ce dernier peut porter un jugement de valeur sur son objet. Lequel peut plaire ou pas. « Comme c’est un bien, les parents ou la communauté traditionnelle vont choisir de ne pas avoir un bien handicapé et autre », soutient M. Krécoum. Il explique que c’est ce raisonnement qui sous-tend en grande partie toutes les pratiques néfastes qui sont exercées sur les enfants.

« Si l’enfant était considéré par la tradition comme une personne, il aurait été respecté dans son individualité, dans sa spécificité », conclut M. Marius Krécoum.

T. Kouadio

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CAMPAGNE DE CAREME EN FAVEUR DES MALADES MENTAUX DU CENTRE

PSYCHIATRIQUE SAINT VINCENT DE PAUL

"J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire,

j'étais malade et vous m'avez visité, j'étais nu et vous m'avez vêtu". Mt 25, 35ss. Par ces

paroles, le Christ s'identifie clairement à toute personne dans l'affliction et le besoin.

Pendant ce carême, les Pallottins en collaboration avec les laïcs (UAC) t'invitent à

rencontrer le Christ à travers les personnes atteintes d'affections mentales et ce, en

prenant part aux différentes activités caritatives qu'ils organisent au profit des patients du

Centre Psychiatrique Saint Vincent de Paul de Yamoussoukro.

Mission du Centre Psychiatrique Saint Vincent de Paul

Le Centre psychiatrique SVP fu créé en Janvier 2002 par la congrégation des Frères de la

Charité sur doléance du district de Yamoussoukro en vue d'offrir une assistance médicale

aux malades mentaux délaissés dans les rues de la capitale politique et dont le nombre

ne cessait de croître. Aujourd'hui le centre accueille des malades venant de partout en

Côte d'Ivoire et est reconnu non seulement pour la qualité des services qu'elle offre. Il

entreprend aussi des initiatives susceptibles de rompre la stigmatisation dont souffrent les

patients psychiatriques.

Besoins

Malgré les aides qu'elle reçoit de l'Etat et du district de Yamoussoukro, le centre

Psychiatrique éprouve des difficultés à couvrir l'ensemble de ses besoins qui s'expriment

en termes de produits pharmaceutiques, de vivres et de non-vivres.

Comment aider?

Pendant ce temps de carême, vous pouvez venir en aide au centre de trois façons:

1. En donnant soit des produits vivriers (riz, bananes, ignames, huile, etc), soit

des produits de nettoyage et d'entretien (savon, serpillères, eau de javel)

2. En donnant une contribution financière dont le montât est laissé à votre

discrétion

3. En participant au marathon autour de la Basilique organisé au bénéfice

des malades du centre psychiatrique et qui se tiendra le samedi 29 mars

2014.

Où déposer son effort de carême?

Vous pouvez déposer vos dons au rectorat de la Basilique ou à l'accueil chez M.

Sébastien Gballou ou en appelant aux numéros suivants: 46973582 - 07867563