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REVUE ARCHÉOLOGIQUE PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DB MM. E. POTTIER ET S. REINACH LE PUITS DE GÉVAUDAN PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, ROB BONAPARTE (VI e ) 1915 Tous droits réservée. UKUBRR8 Ο Ε L· I N S T I T U T SALOMON REINACH

LE PUITS DE GÉVAUDAN - tpsalomonreinach.mom.fr · A la fin de 467 ou au commencement de 468, Sidoine Apol- linaire, étant à Clermont-Ferrand, envoya le recueil de ses mauvais vers

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REVUE

ARCHÉOLOGIQUE P U B L I É E S O U S LA D I R E C T I O N

DB MM.

E . P O T T I E R ET S . R E I N A C H

LE PUITS DE GÉVAUDAN

PARIS

E R N E S T L E R O U X , É D I T E U R 2 8 , ROB B O N A P A R T E (VIe)

1915 Tous droits réservée.

U K U B R R 8 Ο Ε L· I N S T I T U T

SALOMON R E I N A C H

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[1916, I, p. 127-134.]

L E P U I T S D U G È V A U D A N

A la fin de 467 ou au commencement de 468, Sidoine Apol -linaire, étant à Clermont-Ferrand, envoya le recueil de ses mauvais vers à son ami Félix Magnus, fils de consul et , comme dit Tillemont, « personne de la première qualité selon le monde »' . Félix résidait à Narbonne . Sidoine fait mine de s'adresser à son livre, non pas tant pour lui indiquer avec détail le"chemin à suivre, mais — je cite encore Ti l lemont 2 — « pour lui marquer ceux de ses amis à qui il devait s 'aller faire lire et à qui sans doute il en envoyait des copies ». En rhéteur qu' i l est, Sidoine intitule Propempticon, autant dire « Envoi », le 24® et dernier poème de son recueil, qui se compose de 101 hendé-casyllabes. Tillemont est indulgent en le t ra i t an t d' « assez joli »; mais la forme doit nous occuper ici moins que le fond.

L'itinéraire du livre, qui ne suit pas les g randes voies romaines — Sidoine lui recommande, dès le début, de les éviter — est jalonné par quelques indications qui sont claires pour nous et par d 'autres qui ne le sont nul lement . Les voici :

1° Chez Domitius, homme austère, première étape. On sait seulement que la villa de Domitius devait se t rouver entre Cler-mont et Brioude; cela ressort du texte .

2° A Brioude, l 'agréable Brivas, où Sidoine s ignale les reliques de S. Julien.

3° Le livre doit ensuite met t re une journée à f ranch i r des montagnes (certainement la chaîne de Margeride, sur la r ive gauche de l'Allier) ;

4° Puis il passera le Triobris aux eaux jaunâtres , qui est cer-ta inement la Truyère, affluent du Lot ;

1. Tillemont, Mémoires, t . XVI , p . 430. 2 Ibid., p. 216. ^

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5° Il a r r ivera dans le pays neigeux des Gabales, c'est-à-dire sur le plateau du Gévaudan, et là il verra quelque chose dont nous par le rons avec détail à l ' instant .

6° De là chez Jus t in et son frère. On ne sait où ces person-nages demeura ien t .

7° De là à Trevidon, près d 'une montagne voisine des Ru-tènes, c 'est-à-dire du Rouergue. D'Anville suppose qu'il s 'agit de Trêve, sur la petite r ivière nommée Trevesel, et que la mon-tagne voisine est le m o n t Lesperou. Simples hypothèses.

8° En vue du mon t Lesora (Lozère). 9° En vue du Tarn . 10° A Yoroangus , en se détournant des montagnes . On ne

sait ce que c'est. 11° A Cottion. On ignore où est ce lieu. 12° Chez Fidulus, dont Sidoine n ' indique pas le domicile; 13° Dans une localité inconnue appelée Très Villae. Enfin, 14° A Narbonne . Ce voyage des Carmina de Sidoine a, comme bien on le

pense, for t occupé les géographes ; mais rien ne les a plus embarrassés que la c inquième stat ion. Voici le texte : il n'y a pas de var iantes notables dans les manuscri ts :

Tum terrain Gabalum salis nivosam

Et quantum indigenae voiunt putari

Sublirnem in puteo videbis urbem.

Lit téra lement : « Alors (après avoir f ranchi la Truyère), tu aborderas le pays assez neigeux des Gabales et, en tant que les indigènes veulent le faire croire, tu verras une ville très élevée dans un pui ts . »

A ces vers qui n ' on t pas de sens apparent , on a fait effort pour en t rouver un .

Du Cange a émis l 'opinion que Sidoine n 'avai t pas voulu par-ler d 'un puits, mais d 'une montagne , puy. Du temps de ce grand h o m m e , la g r a m m a i r e et l 'é tymologie des langues romaines étaient dans l ' enfance; il est certain au jourd 'hu i qu'il

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a fait erreur. Puy, montagne , du temps de Sidoine, se disait podium, provençal pueg, italien poggio. Le puits où l 'on puise est un tout autre mot : c'est puteus, provençal polz-, i tal ien pozzo. Ce qui se comprend mal, c'est que cette e r reur ait été reprise et aggravée en 1878 par l ' inspecteur généra l Eugène Baret, dans son édition de Sidoine, autrefois cri t iquée, pour bien d'autres manquements , par M. Emile Châtelain1 . « L 'au-teur, écrit Baret, joue sur le double sens du mot puteus ». Et il qualifie d"inepte la traduction de Grégoire et Colombet : « Ici, comme les indigènes le veulent faire accroire, tu verras dans un puits une ville magnifique ». Dans cette t raduct ion, le mot magnifique rend mal sublimis ; mais elle est bien préférable à celle de Baret lui-même, publiée en 1887 dans la collection Nisard : « Tu verras une ville située sur le sommet d 'un puy, si l 'on en croit les habitants ». On conçoit, à la r igueur , que les indigènes du Gévaudan aient voulu faire croire aux voyageurs qu'à défaut de belles villes sur leur plateau neigeux ils en possé-daient une au fond d'un puits ; mais où serait la justif ication du scepticisme et de la raillerie de Sidoine s'il s 'était agi d 'une ville au sommet d 'une m o n t a g n e ? Je n' insiste pas d 'ai l leurs sur l ' impossibilité absolue de traduire le mot puteus par puy.

Ces contre-sens sont autant de pas en arr ière ; Baret eut des prédécesseurs plus éclairés Ainsi Caix, écrivant à Marvejols en 1826, voulait identifier la ville dont parle Sidoine à Malzieu : α Elle est, dit-il, dans un vallon assez agréable et assez p ro fond , renfermé entre des montagnes de tous les côtés »3. Il pensai t donc que Sidoine avait plaisanté : le plateau du Gévaudan é tant situé à une grande alti tude — environ 1.000 mètres — une ville entourée de montagnes pouvait être dite à la fois t rès élevée et dans un pui t s ' . Pour confirmer cette opin ion , on pour -

1. Revue critique, 1879, I , p . 298. 2. Mém. de la Soc. des Antiquaires, VII , p . 100. W a l c k e n a e r , en 1815, ava i t

fait valoir le môme a r g u m e n t pour placer la ville des Gabales à An té r i eux (Mém. de la Soc. des Antiq., V, p. 400).

3. A u f einer Anhohe in einem tiefen Bergkessel (Forb ige r , Geogr., I I I , p . 166).

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rait citer au jourd 'hu i un passage remarquable d'un voyage dans l 'Amérique du Sud par James Bryce, publié en 1912' ; il s 'agit de la ville de La Paz : « Ûtre enfermé entre deux chaînes élevées et deux déserts, vivre au fond d'un trou et cependant presque au niveau du sommet des Montagnes Rocheuses et de la Jungfrau, sont des condit ions étranges pour un lieu habité ».

Lorsque le hasard me fit rencontrer ce passage, il y a trois ans, je crus un m o m e n t y avoir t rouvé l 'explication définitive.du texte de Sidoine ; mais j 'ai bientôt reconnu qu'il restait inexpli-cable.

Que l 'on identifie la ville en question — qui n'est pas néces-sa i rement le chef-lieu des Gabales — à Javols, à Malzieu, à Antér ieux, à Mende ou à toute autre localité de cette région ' , il est sûr qu 'aucune d'elles ne présente un aspect qui justifierait, même de loin, les l ignes de Sidoine. Aucune d'elles n'est, comme La Paz, dans un t rou; une ville n'est ni dans un trou ni dans un puits parce que des collines, d 'une ou deux centaines de mètres de hauteur , en bornent l 'horizon. Mais il y a plus. Si Sidoine avait voulu dire que la ville des Gabales est à la fois très élevée (sublimis) et dans un puits, il aurait parlé ainsi en son nom, comme l'a fait Bryce pour La Paz; il se serait exprimé en observateur ami de l 'antithèse, mais n 'aurai t pas mis en cause la véracité des habi tants . Or, le vers précédent, quantum indigenae volunt putari, est aussi clair que le suivant est obscur : Sidoine dénonce et ré fu te une opinion d 'autrui à laquelle il n ' a jou te pas créance et qu'il ne précise pas, sans doute parce que ses lecteurs gal lo-romains devaient le comprendre à demi-mot3.

On pourra i t être tenté de chercher une explication dans le

1. Cf. The Athenaeum, 1912, II, p. 370. 2 . Cf. Cari Millier d a n s son é d . de Pto lémée (Didot), t. I, p. 206. 3 . R a c o n t a n t à Heronius , en 467, son voyage à Rome ( E p i s t . 17), Sidoine

écrit qu 'en a t t e i g n a n t le P ô il s 'es t amusé (risi) des sœurs de Phaé ton « et des larmes p r é t e n d u e s du métal a rborescent », c 'es t -à-dire de la fable de l 'ambre, larmes des s œ u r s de P h a é t o n t ransformées en peupl iers . On voit que son ironie p é d a n t e s 'exerçai t m ê m e en voyage .

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nom même de la ville, Anderitum. Le préfixe ande, f réquent dans les noms géographiques en Gaule (Andecavi, Andematun-num, etc.), a un sens admiratif ou majora t i f , r épondan t , à la r igueur, à celui de sublimis. Mais ritum signifie « passage » et n'a jamais signifié « puits »; alors même qu 'on voudra i t sou-tenir que l'idée de passage implique celle d 'ouver ture et qu 'un puits est une ouverture , il resterait que Sidoine ne parle pas d 'une ville qui se nommera i t sublimis puteus, mais d 'une ville sublimis dans un puits, in puteo. Enfin, si l 'on s 'obst inai t à chercher une solution de ce côté, il faudrai t changer , au vers précédent, putari en vocari. Tout cela est impossible. Même en abandonnant tout espoir d'y voir clair, on doit s 'en tenir à not re double constatation : Sidoine marque une croyance qu'il ne partage pas, mais que les indigènes cherchent à fa i re admet t re des voyageurs ; il a opposé, par antithèse, mblimis à putcus, ce qui exclut toute interprétat ion de sublimis au sens f iguré.

Guidé par l 'assurance que Sidoine vise une hâbler ie locale, un prétendu privilège d'un pays aussi mal par tagé d 'ai l leurs que le Gévaudan, je prends sublimis au sens pr imit i f , celui de « céleste », je corrige urbem en orbem, ce qui n ' impl ique qu 'une erreur d'écriture insignifiante, et je traduis l ibrement ainsi : « Alors tu verras le pays neigeux des Gabales ; tu ver ras aussi — du moins les indigènes voudront te le faire accroire — le globe céleste dans un puits ».

Sublimis orbis peut désigner l 'un ou l 'autre des globes célestes, le soleil ou la lune; je pense qu'il s 'agit de la lune, comme dans le Roman de Renart et la fable de La Fonta ine

(XI, 6) : . . . Un soir il aperçut

La lune au fond d 'un puits : l 'orbiculaire image Lui parut un ample f romage .

La Fontaine croit, ou fait semblant de croire, que la lune peut être vue au fond d 'un puits par un renard de nos pays, gascon ou normand . En réalité, ce phénomène ne se produi t jamais en France. « On peut, m'écrit un as t ronome, voir la

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lune par réflexion au fond d'un puits seulement si elle passe au zénith ou très près du zénith, surtout si l 'eau est à 30 mètres de p r o f o n d e u r ; mais , dans nos climats, la lune ne passe jamais au zénith. Cela ne peut arr iver que dans la zone torride, un peu élargie cependant . De même pour le soleil, qui ne passe au zénith que dans la zone torride. C'est ainsi qu'Eratos-thènes observait le soleil au zénith à Syène en Egypte, à l'aide de son image réfléchie dans les puits. »

Sidoine a donc eu raison, si j 'ai raison moi-même en l'in-te rpré tan t , d 'être sceptique. Les Gabales prétendent posséder un puits — sans doute un puits sacré — où la lune se mi re ; ce serait là, en effet, une grande curiosité, bien digne d'être mont rée aux voyageurs . Plus d 'un sans doute, al lant de Cler-mont à Narbonne , s'y était laissé prendre, comme Pausanias, pour ne citer que cet exemple, passant la soirée sur les bords de la r ivière vois ine de Clitor, en Arcadie, afin d'y entendre chanter les poissons, qui ne chantèrent point ce soir-là1. Sidoine sait que ses lecteurs sont au courant de cette histoire du puits des Gabales; il y fait allusion pour les divertir .

Évidemment , les Gabales n 'avaient jamais vu la lune dans un pui ts ; mais il a dû exister dans leur pays, qui a vu éclore bien d 'aut res légendes 2 , une légende à ce sujet . Cette légende devait m ê m e être répandue, puisqu'on en trouve l 'écho dans le Roman de Renart. Ce qui est certain, c'est qu'elle n'était pas isolée dans le folklore. « L'ancien proverbe : Montrer la lune au puits, dans le sens d'en faire accroire, écrit Sébil lot3 , est vrai-semblablement fondé sur une allusion à un conte qui figure dans diverses vers ions du Roman de Renart et que les écrivains qui l 'ont mis en œuvre avaient probablement t rouvé dans la t radi t ion popula i re . Le renard amène le loup au bord d'un

1. P a u s a n i a s , VIII, 2 t . 2. Grégoi re de T o u r s parle d 'un lac sacré du Gévaudan où la population

je ta i t c h a q u e année d e s of f randes (G/or. conf., 2). Cf. Longnon , Gêogr. de la Gaule, p . 528.

3. Sébi l lot , Le folklore de France, t . II, p. 326.

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puits et, lui mon t ran t au fond l ' image de la lune, lui fait accroire que c'est un f romage ». Le même auteur nous apprend qu'au cap Sizun, où la lune passe pour pro je te r , après le coucher du soleil, un venin dans l 'eau, on recouvre les puits d'un toit en pointe pour les préserver de cette mau-vaise influence. 11 est souvent question de démons qui se logent dans les puits et essayent d'y entra îner les f emmes et les enfants par l 'apparence d'objets bril lants qu'il font voir au fond Dans la mythologie Scandinave, Odin, qui serait le soleil, a caché son œil dans le puits de Mimir, qui serait le génie des eaux ' . A Bethléem, suivant Grégoire de Tours, on mon t r a i t un puits où la Vierge avait puisé de l 'eau et où l 'on disait que les personnes pures de cœur pouvaient contempler l 'étoile des mages. « J 'ai connu, dit Grégoire, quelques personnes qui aff irmaient l 'avoir vue3 ». Le même fait a été al légué en 1180 par Pierre Comestor, en 1211 par Gervais de Tilbury ; Dom Rui-nar td i tqu 'on montra i t encore le puits aux pèlerins de son temps.

Quant à l 'assimilation de l ' image de la lune à un f r o m a g e blanc, ce n'est pas une plaisanterie de clerc4 ; elle se t rouve déjà dans Raschi, rabbin de Troyes mor t en 1105, et nous savons par Politès qu'elle appart ient aussi à la mythologie populaire delà Grèce moderne 6 . A l 'autre extrémité de l 'Europe, un conte danois dit que la lune est un f romage fabr iqué avec le lait de la Voie lactée. Il n 'y aurai t rien de su rp renan t qu 'un conte analogue eût existé chez les Gabales, car il se t rouve précisément que ce peuple était r enommé pour la fabr icat ion des f romages et qu 'on les exportait , au ιΘΓ siècle, jusque sur le marché de Rome : laus caseo Romae, dit Pline6, nemausensi

praecipua, Lesurae Gabalicique pagi.

1. Sébillot, ibid., p. 310 . 2 . Mogk, ap. Pau l , Grundriss der german. P/iilol., I, p. 1047. Le tex te es t

dans l 'Edda , Voluspa, 22. 3 . G r e g . Tur . , De glor. conf., ï. 4. Cf. Sudre , Sources du Roman de Renart, p. 233. 5 . Cf. Roscher , Selene, p. 179. 6. Pline, Nat. Hist., XLII, 11.

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8 R E V U E ARCHÉOLOGIQUE

Un savant à qui j 'ai soumis mon hypothèse m'a fait observer que les Gabales, au dire de Strabon (IV, 2, 2), exploitaient des mines d 'a rgent et m 'a rappelé que la voûte étoilée peut se voir, en plein jour , du fond d 'un puits de mine, ce que les anciens savaient déjà . Il se demanda i t si Sidoine n 'aurai t pas fait allu-sion à ce phénomène . Je ne puis admett re cela, pour deux rai-sons : 1° Si sublimis orbis peut désigner un des globes célestes ,— encore n 'en ai-je pas t rouvé d 'autre exemple — il me semble impossible d ' en tendre par là la voûte étoilée ; 2° s'il s 'était agi de la voûte étoilée vue du fond d'un puits, c'eût été un fait de constata t ion facile, et Sidoine n 'aurai t pas écrit que les habi-tants voulaient s 'en faire accroire en le relatant . Pour tant , l 'existence d é m i n é s d 'a rgent chez les Gabales peut avoir exercé quelque influence sur la légende du Puits de la lune, car l 'ar-gent est le métal de la lune, comme l'or est celui du soleil, et puisque l ' a rgent se t rouve au sein de la terre, il a pu sembler aux Gabales que la lune, se mi ran t à certains jours dans l'eau d 'un puits très p rofond , pouvait présider à la naissance du métal blanc.

Auge r s . — Imp. A. Burdiu et Cie, 4, rue Garnier .

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c o m m e n c é p a r WADDINGTON, c o n t i n u é e t c o m p l é t é p a r E . BABKLON e t TH. IIEINACH. 4 volumes in-4, planches.

Tome I, fasc. 1. Pont et Paphlagonie, 28 planches 411 fr . » — fasc . '2 . Bithynie, 35 planches 40 f r . » — fasc. 3. Nicée et Nicomédie, 24 planches 40 f r . » — fasc . 4. l ' rusa, Prus ias , Tius, 13 planches 20 fr . »

I N S C R I P T I O N E S G R A E C A E A I ) R E S R O M A N A S P E R T I N E N T E S auctori tate et impensis Academiae collectae et editae (curante R. CAGNAT).

Fo rma t grand in-8. Tome I, en 7 fascicules 19 f r . 15 Tome 11 (sous presse). Tome 111, eu 6 fascicules 16 f r . 50 Tome IV, fascicules 1 à 5 13 f r . »

I N V E N T A I R E D E S M O S A Ï Q U E S D E L A G A U L E E T D E L ' A F R I Q U E

Première par t ie . GAULE. Tome 1 en 2 fascicules in-8. Fasc. I. Narbonnaise et Aquitaine, par G. LAFAYF, 5 f r . » Fasc. 11. Lugdunaise , Belgique et Germanie, par A. BLANCHBT . 7 f r . 50

Deuxième par t ie . AFRIQUE. 2 volumes in-8, figures. Tome 11. Tunisie , par Paul GAUCKLBR 10 fr . » Tome III. Algérie, par G. DE PACIITÈRB 4 f r . »

Trois ième par t ie . ALIIUM DES / 'L/IÎVC/iES.Format in-4. Tome I (Gaule). Fascicules I, II. Tome 11 (Tunisie) Fascicules I, 11.

Chaque fascicule comprenan t 30 planches dont 6 en couleurs . . . 15 fr. » C A T A L O G U E D E L A C O L L E C T I O N L. D E C L E R C Q

— Première sérin. Antiquités assyr iennes Par J. Mknant, de l 'Institut. Tomes 1,11. F o r m a t in-folio. 2 volumes, nombreuses planches.

— Seconde série. Les bronzes , les marbres , les vases peints, les ivoires, anti-quités chypr iotes , les t e r r e s cui tes et l is verres , bi joux, monnaies, pierres gravées , t a b l e s . Par A. DE BIDDEH. Tomes III à VIII. Format in-4. 6 volumes, nombreuses planches.

L 'ouvrage complet , en 8 volumes. Net 200 fr . »