15
(Guide-Touriste) LE PUY D'YSSÀNDON P&u M T'AEl# MARTES ÉCHAMEL Qui ne connaît Yssandon ? Eisse,,dou petita juta, grand renou « Yssando,r petite jute. grand renom Sa tour se dresse au loin au-dessus des collines et ressemble à une sentinelle chargée de veiller sur tout le pays. Pour y accéder plusieurs routes y conduisent. De la gare du Burg on est bientôt sur le territoire de la commune. On aperçoit le Pu y d'Yssandon. Mais la montagne semble fuir à mesure qu'on approche.;. Nombréux sont les détours. Patience Voici les premières maisons: C'est la Valette où habita jadis une famille de Lestrade et où Ion fit des sondages pour l'extraction du minerai de cuivre. Voici la maison d'école, la poste, c'est la /',.ode/je qui tire son nom d'un Jean Prodel qui cultiva jadis cette terre. L'ascension commence, elle n'est pas très pénible, le faît de la montagne n'est guère qu'à 360 mètres d'altitude. Un orme séculaire attire l'attention. A ses pieds est un abreuvoir dont les bacs sont d'anciens tombeaux de l'époque gallo—romaine. Document II 1111 1111111 1111111 III Ili III 0000005782345

Le Puy d'Yssandon

  • Upload
    others

  • View
    5

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le Puy d'Yssandon

(Guide-Touriste)

LE PUY D'YSSÀNDONP&u M T'AEl# MARTES ÉCHAMEL

Qui ne connaît Yssandon ?

Eisse,,dou petita juta, grand renou

« Yssando,r petite jute. grand renom

Sa tour se dresse au loin au-dessus des collines et ressembleà une sentinelle chargée de veiller sur tout le pays.

Pour y accéder plusieurs routes y conduisent. De la garedu Burg on est bientôt sur le territoire de la commune. Onaperçoit le Puy d'Yssandon. Mais la montagne semble fuir àmesure qu'on approche.;. Nombréux sont les détours.Patience Voici les premières maisons: C'est la Valette oùhabita jadis une famille de Lestrade et où Ion fit des sondagespour l'extraction du minerai de cuivre. Voici la maison d'école,

la poste, c'est la /',.ode/je qui tire son nom d'un Jean Prodel

qui cultiva jadis cette terre.L'ascension commence, elle n'est pas très pénible, le faît de

la montagne n'est guère qu'à 360 mètres d'altitude. Un ormeséculaire attire l'attention. A ses pieds est un abreuvoir dontles bacs sont d'anciens tombeaux de l'époque gallo—romaine.

Document

II 1111 1111111 1111111 III Ili III

0000005782345

Page 2: Le Puy d'Yssandon

Nous sommes au Pi q, du Ciwiard. lit 011 a trouvé des

restes de l'époque que je viens de rappeler. Par toute la

montagne la pioche a mis il découvert de pareils sarcophages

On peut s'en rendre compte, un peu plus haut, après avoir

passé devant la demeure du sympathique docteur Dumond,

une moitié de sarcophage sert de pile d'entrée à un chemin

particulier. Et si l'on continue ce chemin, sous les ombrages

frais, on découvre une fontaine et tout à côté encore tIl) de

ces tombeaux.

Le Clialard est une antique demeure qui appartint aux

-Guillaume, aux -de Bruchard, puis aux d'Algay dont un fut

naguère juge de paix du canton d'AyeI3 . Il est aujourd'hui la

propriété du Docteur Dumond, et si vous frappez à sa porte,

il vous montrera ses belles collections de tableaux et ses pièces

gallo-romaines, le parc délicieux où croit la truffe et vous

achèverez par une visite à la grotte naturelle de la Vierge.

***

La montée devient plus pénible, l'alpensiok serait néces-

saire... Le panorama commence à se dessiner. Au fond de la

vallée, la maison la plus rapprochée est la propriété de M.Guérard, ingénieur, chef de traction à la de de l'Est. A côté,au milieu des prés verts, est l'antique résidence de l'anciencolonel Detord qui eùt pour gendre un de Roflignac. Lepouillé de Nadaud, dit qu'il y avait en ce lieu une chapelle,en ruine en 1777. Elle aurait appartenue en lT,8 aux abbésde Si Martial de Limoges.

Au point où l'on perd de vue la route qui limite la com-mune d'Yssandon, était un château, dit château d'Allogne,duquel il ne reste aucune trace. -

Page 3: Le Puy d'Yssandon

Plusieurs prétendent qu'Yssandon tire son étymologie dumot patois: ci-chen-dount, nous s' sommes donc. Une éty-niologie plus savante donne la finale dunum (Exandunum)comme désignation d'habitations gauloises, ou bien encoredésignant un lieu ou Isis fut en honneur. Isis, dunum.

Au musée de Brive on montre une collection de monnaiesgauloises et romaines trouvées ici. M. Lacroix les a décritesdans le Bulletin de la Société archéologique de Brive. Cestrouvailles de pièces d'or, d'argent et de bronze n'ont fait queconfirmer une légende accréditée auprès des gens du pays, ily aurait dans les flancs de la montagne un trésor et un veau d'or!

Voici l'Église avec ses deux immenses paratonnerres. Cen'est pas inutile. Ici les orages sont terribles, il s' a quelquetrente ans la foudre tua un ancien sonneur.

Comme on peut en juger, Yssandon est situé dans une po-sition unique au point de vue stratégique. Quoi d'étonnant

• que les anciens aient songé a faire de ce lieu une place dedéfense! Les Gaulois, sûrement, n'avaient pas négligé unesituation si favorable. Aussi fut-elle avec Uxellodunum undes derniers remparts de l'indépendance gauloise. Les Ro-•piains en firent un castrum ou château fort. Carde ce pointculminant, ils pouvaient par des feux communiquer avec lespostes lointains et être avertis de la prsence de l'ennemi.

Au point de vue religieux, Yssandn dépendait de l'ancienarchiprèté de Lubersac et fit partie jusqu'en 1823 du diocèsede Limoges.

Si nous suivons l'ordre chronologique des faits, il nousfaut remonter au VI , siècle. En 572, d'après le testamentd'Aredius, devenu plus tard St-Yrieix, nous voyous qù'il léguaune aire au-dedans des murs cf Yssandon. C'est donc quec'était un lieu fortifié. Fortifié d'un côté par une défense na-turelle, consistant en un mur de rochers de 5 à 6 mètres de

Page 4: Le Puy d'Yssandon

-4--

haut, au travers desquels passe un petit sentier qu'il était aisé

de combler en cas d'alerte: Ce sont ces rochers situés près le

cimetière et que l'on a dénommés rocs de Sarrau. D'un autre

côté, les fortifications consistaient en une série de petitesterrasses les unes au-dessus des autres placées de distance

en distance qui donnaient aux défenseurs, en cas d'assaut, la

supériorité sur leurs adversaires.

Au Vil e siècle, Yssandon ne désignait pas seulement un

bourg, mais bien un pagus, c'est-à-dire une petite étendue de

pays qui correspondait aux territoires des cantons d'Ayen de

Juillac, de Vigeois et une partie de celui de Luhersac. Disonsen passant, qu'il existe à Paris, une société appelée lYssan-

donaise, qui réunit les limousins de ces cantons. D'après le

cartullaire d'Uzerche, le pays d'Yssandon comprenait encore

les campagnes de Donzenac.

En 862, cette portion de l'Yssandonais se divisait en trois

vicairies : celle de Luhersac, celle de Juillac et celled'Yssandon. Pour cette dernière, nous n'en retenons commepreuve, que la vente faim en 886. par Eudes, comte de Tou-buse, à Frotaire archevêque de Bourges, dii village

d'Orbaciac, aujourd'hui le Saillant de Voutezac (t). Nousvoyons en 998 un Roger vendre un arpent de vigne à Transacparoisse d'Yssandon dans la i'icairie de la Goulferic. Et enmai 1009 une donation faite par Adémar, consistant et) vignes,situées aux Chabannes •d'Yssandon. De plus vers 99G ou 1020,Adazarius donna à l'Abbaye de Vigeois deux manses avecleurs dépendances situés à Transac. Etienne M ito, fit aussi

don, au même monastère, d'un manse à Chauviat (Calviac)vers 1032 ou 1086. Un Bernard d'Yssandon et son fils Pierre,en 1092 ou 1110, donnèrent aussi une vigne située sous l'Église

d'Yssando.n.

(I) Cartuttairede t$eaulieu

Page 5: Le Puy d'Yssandon

3 -

« Sous la date de 101o, on trouve un Gérai d'Yssandon,

signataire du don de l'église de Nieul, à l'Abbaye d'Urzerche;

sous celles de 1086 à 1003, un Aymar d'Yssandon, témoin

d'actes concernant aussi l'Abbaye de Dalon, plusieurs autre

membres enfin figurant jusqu'au moins 1100 dans les chartesdu pays » (I).

Nous retrouvons le nom d'Yssandon au cartullaire de

Vigeois vers 1124 qui nous signale un autel dédié à St-Hippo-

lyte. Ce saint est le patron de la paroisse et c'est pourquoi le

vitrail de l'église, à droite du maître-autel, représente cesaint, il tient en main la palme du martyre. Ce même cartul-

laire, nous dit que c'est devant l'autel St-Hippolyte qu'l-lélie

d'Ay'en, Estienne de Terrasson et Guillaume léguèrent à

l'Abbaye de ce nom un mas dit: cl Pi, au Puy. C'est ce

mamelon qui se trouve dans la direction de Brive et que l'onnomme aujourd'hui Puy-Leix. Là était autrefois, une églisedont il ne reste plus que le souvenir ainsi qu'un cimetière.M. l'Abbé Pouibrière nous dit, que ce don se fit en présencede nombreux témoins, parmi lesquels deux chapelains,

Hugue d'Alboin et D. Lavalette prêtres de cette église. Onassigne à ce lieu le nom d'Aucha et c'est dans cette chapelle4u'aurait été fondé un prieuré dédié à St Pierre situé à1500 mètres de la Belinguaria (en patois, las boulendjarias)la boulangerie et donné d'après l'auteur cité, à l'Abbaye de

Vigeois entre liii et 1124 par Geoffroy Bernard.

Diverses donations furent faites encore au même monastère

Etienne Goulferie, en 1121 ou 1181, donna une terre à

Marcillac près Transac et deux sétérées près la fontaine duPuy. Goulferie de Rinac, donna pour le repos de l'âme de sonfrère qu'il lit ensevelir près l'église d'Yssandon une terreappelée de! Pevrath ( 1124 ou 1137) en présence de Pierre de

(I) I'nulbrière.

Page 6: Le Puy d'Yssandon

-6-Chabannes et Boson prêtres dYssandon. En 1147-1164,

Gérald Malefaide, le jour de sa réception au monastère de

Vigeois donna à celui-ci sa terre des Chabannoux.

A cette époque (1147), parut un mandement de l'Évêque de

Limoges, adressé h l'Archiprêtre de Lubersac lui enjoignantde suspendre l'office divin dans l'église d'Ayen, dans l'églis

de Noirac et dans celte d'Yssandon. Il faisait exception pour

le baptême et le viatique in extremis. Il ordonnait d'enleverles crucifix et de fermer l'entrée avec des ronces et des épines

et celà jusqu'à ce que l'Abbé de Solignac eùt reçu pleine

investiture de l'église dAyen.

Ayrneric de la Serre, évêque de Limoges, par son testamentde 1224, donnait à l'église d'Yssandon la somme de 20 livres

destinée àson entretien.- -

La partie du choeur, la plus ancienne de l'église, remonte

au xi-siècle. C'est le style roman pùr, cinq arceaux, donttrois avec ouvertures, sont soutenus par des colonnes à

chapiteaux sculptés.

Les trois vitraux représentent Si Hippolyte, Si Joseph et aumilieu le Sacré-Coeur avec cette inscription: Zelus domusmette comcdittne (Domine). Ceux des chapelles sont des dons

de la famille Algay ou des enfants de la première communion.

Le maître autel, récent, est un don de feu M. GeorgesGuerard. La voûte de l'église est en pierre on a du à l'exté-rieur, appliquer des-contre-forts pour assurer le non écarte-

ment des murs. Sa construction ainsi que celle des chapellesne remonte pas très haut. On voit à la chapelle de gauche,dans la partie la plus proche du choeur une des lignesnaissantes de l'ancienne voûte.

C'est au curé actiel M. Gratadoux que nous devons lachaire et le chemin de croix ainsi que le béton qui a remplacél'ancien pavé En enlevant ce dernier, on découvrit des

Page 7: Le Puy d'Yssandon

I -

pierres tombales et des fouilles pratiquées permirent de cons.

taler qu'on se trouvait en présence de sépultures très anciennes.

Le portail de l'église accuse une certaine ancienneté. Il est du

style ogival. Les sculptures au-dessus représentent les péchéscapitaux. A droite, une croix incrustée dans la pierre et huit

autres seulement visibles, placées autour de l'église nous

indiquent qu'elle fut consacrée. Le clocher date d'un siècleenviron. Les ouvertures du mur gauche de l'église ont du

servir h la défense. En tout cas, au-dessus du sanctuaire, endehors, on remarque plusieurs fenêtres, aujourd'hui murées

qui ont du servir ait but. Les cloches portent les ins-

criptions suivantes: la plus grande : Saint Jean-Baptiste priez

pour nous. M. Jacques Beynette ancien curé, M. HuguesSclafer curé. Parrain M. Etienne Algay, 5r de Villeneuve.

Marraine Demoiselle Suzanne Duroy épouse de M. Lacoinbe.MM. Jean Cabanis et Bertrand Langlade syndics. Joly m'afait, 1697. La plus petite: Saint Hippolyte priez pour nous.J'ai eu pour parrain M. Jules Marie Félix Touron, ancienvicaire général représenté par M. Jules d'Algay président du

conseil de fabrique et pour marraine Mm Marie Martine,épouse de M. Bernard Berthy maire, M. flenoix curé, M. Léon

Vialle, adjoint.

L'emplacement situé en face la porte du cimetière, est, admoment des labours couvert d'ossements humains. Un vieilhabitant, nie dit avoir mis à découvert, autrefois., des restesde murailles. C'étaient, très probablement, les restes d'uneancienne vicairie. Nadaud, nous dit, que la vicairie de Varsse trouvait près de léglise d'.\ssandon. Une famille Martin ynomma depuis 1608 jusqu'en 1(197. II existait encore, parait-il une chapelle près du château, mais de laquelle il ne reste;tuuuie trace et qui fut détruite lors des guerres de religion.

L'histoire religieuse de la paroisse ne s'arrête pas là, Ilfaut franchir l'espace et aller jusqu'à ce village qu'on aperçoit

Page 8: Le Puy d'Yssandon

-8--

dans la direction de Mansac sur ic versant de cette petitecolline qui s'incline vers le sud-est. C'est Bonnefond. Là fut

autrefois un prieuré de l'Artige. La chapelle devenue grange

existe encore. Diverses donations lui furent faites entr'autresen 1255 par Pierre Gauffler, en 1260 par Hélène Vve du che-

valier Vigier, en 1286 le pape Alexandre 1V leur donna des

privilèges que confirma plus tard Urbain IV en 1362. Lemonastère de i'Artige en 1682, fut uni au collège des Jésuites

de Limoges, ce prieuré le fut aussi. Les prieurs furent; 1438?Antoine de Montceaux 1594, Antoine Laharde; en 162 l,Jean

Vielbans en 1679, Jean Verihac ; en 1684, Léonard de la

Marti nerie ; en 1758 Jean Gantier La ucli en 1780 Martin

Il existait encore à Yssandon, une prévôté Ste Catherine.

Elle occupait le Chalard actuel.

Sur une pierre du portail du presbytère on lit Pulsate et

apérietur vobis. B. P. Cette résidence -fut celle du curé chargé

de desservir la paroisse.

Au cartullaire de l'abbaye de Si Martin de Tulle, nous

voyons un Piérre de Sennac faire dol) de tout ce qu'il a dansle 'illage de la Flotte. M. de Champeval croit que l'on doitplacer sous la tour ce village. Ce lieu est désigné commetènement en 1718. C'est là que se trouvait le prieuré deSt-Martin.

***

En 763, Pépin faisant la guerre à Vaïfre, duc d'Aquiiane.voulut punir les habitants, de ce qu'ils avaient donné asile àson ennemi. Il brftla Les vignobles d'Yssandon et livra tincombat sanglant ou périt Blaudinus comte des Arvernes. Plus

tard (1282), des bandes de pillards parcouraient le pays et lesenvirons détruisant tout sur' leur passage ;c'étaient les

Page 9: Le Puy d'Yssandon

_ q —

Brabançons qui élurent domicile à Vssandon après en avoirchassé les habitants. A leur tête étaient deux faroucheslieutenants, Loblat et Sancius.

Quand les Anglais parurent dans le pays, ils occupèrent laforteresse encore debout et régnèrent en maître. La contrée

ne put respirer enfin, que lorsqu'ils furent « boutés)) horsde France. Ils avaient ravagé le pays de fond en comble. A la

date de 1588, nous assistons aux guerres de religion. Le partiprotestant du Bas Limousin; dont la victoire de Coutras

avait déjà relevé le moral en reçut une excitation nouvelle.Les bandes calvinistes se reformèrent et les forteresses d'où

on les avait chassés. Voutezac, Beyhat et Ste Féréole furentréoccupées par elles. Les scènes de désordres etde brigandages

reconhillencèrent. Chaque jour, dit Marvaud, ces bandesforçaient les pauvres habitants des campagnes à livrer leurs

troupeaux, où les menaçaient d'incendier leurs maisons.Parfois la lueur de l'incendie suivait de près la menace. Cesort les habitants d'Yssandon le subirent. Un groupe armé

de Huguenots parti d'Hautefort,secomposantde 120hommes,conduits par les chefs protestants Labrousse et de Brach.montèrent à l'assaut renversèrent et brulèrent tout sur leurpassage. Monsieur d'l-Iautefort, lieutenant du roi, résidant à

Brive. partit au secours de la place; il fit 35 prisonniers, 1 leschefs furent tués et le reste prit la fuite. Il n'est resté de laforteresse que cette tour bien éprouvée par le temps. On

l'appelle tour, la dénomination n'est pas juste, ce n'est pointtille tour niais bien le reste d'un coin de forteresse, toutl'indique.

Le côté nord est relativement récent, c'est un mur desoutènement construit pour préserver ces ruines, ce qui luidonne l'aspect d'une tour. Ce pan de mur, était probablementjoint à une autre construction dont il faisait partie. De véné-rables anciens, m'ont affirmé avoir vu deux restes de

Page 10: Le Puy d'Yssandon

sue

murailles, de même hauteur à l'emplacement où se trouveaujourd'hui la croix de la mission. Ce n'était vraisemblable-

ment que le même édifice.

Tout à côté, sous une pierre qui bouche l'entrée est un silo.L'ouverture quoique étroite laisse passer un homme. C'était

un magasin à blé. On eu a trouvé du reste au fond, un

spécimen est déposé au musée de Erive. Il existe plusieurs deces magasins à vivre, tous en forme de bouteille. Au bas de

la croix il en était un que l'on combla de pierres mais que

tout enfant j'ai pu explorer. Un semblable fut découvert dansune carrière et malheureusement détruit Ils étaient compris

dans l'enceinte de la forteresse et comme ils étaient éloignésles uns, des autres on peut dire que celle-ci était de dimensionénorme.

L'ouverture placée sur la façade de la tour, donnait accèsl'intérieur par un escalier duquel il reste encore 7 ou S

marches. (inc porte fermait cette entrée et derrière on tirait

en travers une poutre de bois et de fer. Le trou par lequel

passait cette pièce existe vers le milieu de cette ouverture.

Jar devant une herse devait se relever ou s'abaisser suivantqu'on voulait entrer ou sortir. On peut voir de chaque côtéla place où étaient fixés les gonds

Il faut ajouter qu'ut) double murd'enceinte (car on a trouvé,à plusieurs reprises et aux mêmes distances deux fondementsparallèles) entourait le tout et on aura une idée de cette place

qui commandait à toute la contrée. Une légende du pays faitprendre la place de la manière suivante. Les assiégeantsvoyant leurs efforts inutiles auraient imaginé de placer une

torche enflammée sur la tète d'un certain nombre de chèvreset processionnellenient les auraient promenées autour desmurs et des rochers. Ce que voyant, les habitants seraientaccourus en grand nombre, abandonnant les postes les plus

Page 11: Le Puy d'Yssandon

- il -

faibles, occupés aussitôt par les ennemis qui auraient pénétrépar là dans l'enceinte fortifiée.

- Les possesseurs d'Yssandon qui sont connus furentMarguerite, vicomtesse de Limoges, qui d'après un anciencartullaire reçut Wonimage de Guichard de Comborn. En1314, un vicomte de Limoges, Guy de .Bretagne en fit don auxComborn. D'après M. Clément Simon, Héliot de Payzacpossédait ici, en 1441, le droit de vigerie. Un peu après cettedate, 14'?-, un Comborn échangea tout soitd'Yssandon pour les châteaux de Treignac et de Chamb'etavec Jean de Pompadour qui se vit confirmer dans son droitpar le Parlement de Bordeaux. A la date de 1600 il -existaitencore dans la paroisse la seigneurie de la Gouiferie quiappartint aux barons de Sédières (1.). Le livre de raison deMassio de Raffaïlhac (2), nous dit qu'en 1630, il y eût àYssandon une peste ainsi que dans les environs, que la plupartdes habitants périrent et qu'à Aven le nombre des mortsdépassa 400. Nous savons enfin qu'en dernier lieu les seigneursde Noailles et de Cosnac portèrent le titre de seigneursd Yssa ndon.

***

Non loin de la tour se dresse une croix, dite de la mission: -Et dans la carrière à côté, 011 a trouvé récemment unsquelette, on a cru aux temps préhistoriques. Mais il n'ypas lieu de s'émouvoir, c'est un tumulus ou sépulture d'unchef. Par toute la montagne on trouve des débris humains.Sous la croix est le lieu dit sous la tour. Ce nom nous letrouvons en 1664. quand François du Saillant seiguçur du

( j ) Chartrier du Marquis de (Losoac-(2) Archives de la Cerrèze.

Page 12: Le Puy d'Yssandon

- 12 -

Luc constitua un ar.renterncnt à Antoine Froidefond

d'Yssandon, d'une pièce de terre située au lieu dit sous latour, 'sous cens annuel d'une quarte de froment (1); Levillage qui avoisine Si Aulaire porte le nom de Férédie, ilfut cédé par les Comborn aux Pompadours. En 1584 Beaupoilde Si Aulaire, possédait des vignes aux villages de la Benesehieet de Montragouls. Ce dernier est le hameau que l'on nommeen Tangue patoise Mourajoux. Il faut citer encore la Nadaliequi rappelle les Calvimont. Plus loin les Chabannes oùnaquit Cabanis, père du fameux physiologiste et médecin

(1723-1786), et célèbre lui-même par ses expériences agricoles(1757-1808) (2). Puis le Theil qui-fut propriété au xvrIle siècledes Dumas d'Auteyre et où l'Abbaye de Vigeois posséda uneborderie qui lui avait' été donnée par Gerald Hugo vers III!ou 1124 et une autre borderie léguée par Pierre Hugued'Allassac en 1160. Enfin Villeneuve qui appartint auxfamilles d'Algay et Barbier. Le village a côté est Sauviat,c'est là qu'habitait une famille ancienne du nom de Tras-

Sauves. Les du Luc lui succédèrent et par celà même les duSaillant, lorsque Catherine du Luc, en 1510, épousa un du

Saillant. Il y avait en ce lieu une tour, reste probable d'unchâteau disparu. C'est à Transac que les Chevaliers deMalte avaient des possessions dépendant du temple de Monscommune de Varetz.

** *

Le panorama d'Yssandon est unique, on découvre cinq

départements, quantités de châteaux et de clochers. C'est tout

(1) Archives départementales E. 379.2) Il composa un ouvrage iutitulé: Essai sur les principes de ta

greffe et sur les moyens de la faciliter et de ta perfectionner.(Couronne par t 'Acad é ii je (le Bardeaux).

Page 13: Le Puy d'Yssandon

- 13 -

d'abord, au nord, le château de Pompadour, Concèze, les

viaducs de Vignols et dans le lointain le Mont Gargan et sa

chapelle. En allant vers la droite on aperçoit une dépression,

c'est la vallée de la petite Loyre qui conduit à Glandier,

la gorge noirâtre de la Vézère, Chabrignac, St. Solve, Vou-

tezac, Oblat, Vars, St Aulaire et son château à M. le baron

Fauqueux. On distingue un long panache de fumée qui se

déroule, c'est la ligne de Lirnoges-Uzerche, Allassac, le clocher

de St Bonnet l'Enfantier, le Puy de St Clément et en arrière

la chaîne gristre des Monédières. Au premier plan on voit

encore le château de Castel-Novel de Varetz, Donzenac, Ussac,

puis Brive dont les feux du soir illuminent comme aux jours

de fête. A l'horizon se détachent les Monts du Puy-de-Dôme

et du Cantal. Une pointe effilée nous indique Roche de \Tic

et tout à côté les collines d'Aubazine. Viennent ensuite Noailles

et son château, St Cernin de Larche avec Notre Dame des

Champs, le moulin à vent de Gignac (Lot), la vallée de la

Vézère jusqu'à Terrasson, Pazaillac, Larche et Mansac.

L'établissement sur ceite colline qui va mourant \ers la

Vézère est l'asile des vieillards de la Choisne, fondé par

M. Charles Gaubert. Enfin au couchant, l'oeil se repose agréa-

blement sur les collines de la Dordogne au pied desquelles

on aperçoit, par une trouée Hautefort qui rappelle Bertrand

de Born. Enfin c'est le bourg de Louignac, Perpezac et le

Puy Caput.

-s.

Page 14: Le Puy d'Yssandon

Après avoir visité Yssandon un jeune poète M. l'AbbéJoseph Duboy (i) s'exprimait ainsi:

Salut vieille montagne, aux brises gétiéreuss,Monument de granit que Dieu fit de ses mains,Et qui Secoue au vent des ruines poudreuses...Sur tes flancs, vieux remparts de races valeureuses.

Les siècles " , entassent en vain.

Tu restes toujours ferme et debout sur les plaines,Immuable, dressée comme Dieu le voulut.Pour t'ébranler il faut des forces surhumaines.Et les passants, des collines lointaines.

T'enverront leur plus fier salut

Pour moi, 'ai pu fouler tes campagnes fertiles,J'ai pu, de ion sommet formidable et géant,Voir s'étager au loin trente bourgs et cinq villesEt l'oeil émerveillé de ces splendeurs tranquilles.

M'a r réter Pensif et béait.t.

J'ai contemplé de près ces tremblantes ni nia il les,Seul débris demeuré du castel d'autrefois,D'où les vieux chevaliers sortaient pour les batailles,Et que seul à présent l'oiseau des fun é rai lies,

Vient faire frémir de sa voix.

C'était un soir; la brise, au tond de la vallée,S'égayait folle et douce avec des nids d'oiseauxEt la lune éclairant de sa lueur voilée,Cette tour sans donjon sombre et démantelée,

Formaient un nasique tableau.

Il me sembla revoir les preux du Moyen-Âge,Ceindre le casque d'or e; le glaive de ter,Et dignes rejetons dut illustre lignage,Bondir sur le rempart, frissonnants de carnage

Et presser l'assaut d'un zil fier,

(I) M. Joseph Duboy mourut jeune séminariste, frère de M" lesabbés 'Félix Duhoy curé de Sic Féréole et Clément L)ubo y curé doyende Bort. Il a laissé des piècesde vers où se révèle nue àt.ue de "rai poète.

Page 15: Le Puy d'Yssandon

Certes' de tels pensers lont dans toutes poitrinesVibrer te souvenir sur son luth immortel,Et pourtant, ô vieux mont sorti des mains divines,Ce qui m'attache à toi ce n'est pas tes ruines,

Ce n'est pas mn ancien caste].

Ce n'est pas ton air pur, ni ta brise légère,Ni ton panorama magnifique et varié,Ce n'est pas Ion flanc vurt, ni ton front légendaire,Non C'est le souvenir vif et sincère,

D'une franche hospitalité.

I.,e touriste qui n gravi le Puy d'Yssandon, s'en retourne

satisfait de son excursion, émerveillé de ce qu'il n vu. Mais

bien souvent il ignore le passé. Puissent ces quelques lignes

lui tomber sous les veux et satisfaire son . .désir, si possible I

Abbé \IARIUS ICHAMEL

rËl

A t tas...t. ' 'Ti - LÂCHA S