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Option Bio L’actualité du praticien biologiste ISSN : 0992-5945 1 n° 438 | Lundi 7 juin 2010 | 11 € 64130 actualités Cystite : patience et longueur de temps... 4 formation dossier De la cancérologie à l’oncobiologie 9 pratique cas clinique La leucémie à tricholeucocytes, un diagnostic difficile à poser 16 Sommaire complet page 3 www.em-consulte.com/revue/optbio H ors du regroupement point de salut. Une devise que le président du groupement de laboratoires d’analyses médicales Bio Paris Ouest (BPO), le Dr Thierry Bouchet, qui était médecin généraliste à l’origine, a faite sienne dès... 2002. Une stratégie qui se révèle salutaire à l’heure des gran- des concentrations. La société d’exercice libéral par actions simplifiée (Selas) qu’il déploie sur 23 sites essentiellement dans les Hauts-de-Seine a réussi aujourd’hui à être accréditée par le Cofrac (Comité français d’accréditation) à la norme ISO 15189, désormais le seul référentiel reconnu dans l’hexa- gone pour garantir la qualité des pratiques. En s’y étant conformé très tôt, il a certes anticipé les exigen- ces de l’ordonnance législative du 13 janvier 2010 portant réforme de la biologie médicale, mais il a, du coup, réalisé une prouesse. Car peu nombreux (150) sont ceux qui, sur les 5 840 laboratoires d’analyses de biologie médicale (LABM) de France – dont 4 234 dans le secteur libéral et 1 300 dans le secteur public notamment–, peuvent, dès à présent, afficher un tel résultat. Appelés à se transformer en LBM multisites, tous sont pourtant désormais conviés à s’y plier à l’échéance fatidique du 1 er novembre 2013. Un délai bien court pour s’engager dans la démarche qua- lité, sous peine de ne plus être autorisé à exercer au-delà du 1 er novembre 2016 par l’Agence régionale de santé (ARS). Thierry Bouchet l’assure, l’échéance va être difficile à tenir pour bien d’autres. Une structure qui rayonne sur 23 sites Au vu de son expérience, le diagnostic semble impa- rable. L’accréditation lui a demandé plus de 3 ans pour parvenir à atteindre seulement 60 % de l’activité totale du LBM le 2 avril dernier. BPO est né en 2002 d’un pro- jet commun de biologistes indépendants qui ont voulu regrouper leurs activités. La croissance externe a été leur choix stratégique sur la base d’une exigence de proximité géographique. Après s’être transformés en société d’exercice libéral (SEL), ces libéraux fusionnent avec des laboratoires qui ne sont pas éloignés de plus d’une heure de leur plateau technique commun de La Garenne-Colombes (92). Actuellement, BPO rayonne sur 23 sites périphériques tous dotés d’un biologiste et d’un référent qualité, généralement une technicienne reconvertie. Chiffre d’affaires en 2009 : 25 millions d’euros. Ce qui, avec les fusions en cours, devrait atteindre 30 millions d’euros l’an prochain. Les quel- que 2 500 patients, qui confient leurs analyses chaque jour aux 250 employés, conduisent la plate-forme de Le référé contre l’ordonnance, perdu à la satisfaction du... plaignant profession E n attendant sa ratification par le Parlement – via un projet de loi ad hoc toujours pas inscrit à l’ordre du jour des assemblées –, l’ordonnance réformant la biologie parue au JO du 15 janvier s’ap- plique. D’ailleurs une vingtaine de décrets d’applica- tions sont dans les tuyaux. Mais le texte reste sous le joug de demandes d’annulation devant le Conseil d’État. Étant à l’origine de deux contentieux dépo- sés le même jour, le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) s’est distingué selon deux procé- dures : l’une longue, en cours d’instruction, par voie de recours (voir OB n°435), l’autre rapide par voie de référé dont il a été débouté. Que ciblait tout particulièrement la procédure urgente “perdue” ? L’article (L.6223-5) qui, a priori, interdit à un médecin biologiste de détenir des parts dans le capital des LBM, car relevant du cas d’exclusion d’une personne physique exerçant une profession de santé autorisée à prescrire des examens de biologie médicale. Contraint à une formulation acrobatique dont il a le secret, le juge des référés explique que c’est là faire une mauvaise lecture de l’ordonnance. Tout en reconnaissant qu’il peut y avoir un « doute sur l’interprétation de ces dispositions ». Admettant « l’ambiguïté qui peut exister », il indique qu’elle va être dissipée par les précisions apportées dans la future loi de ratification du texte ! Dans ces conditions, le CNOM, qui se voit débouté dans ses prétentions à annulation, estime avoir obtenu gain de cause sur le fond. Car la décision du référé protège le médecin biologiste en tant que propriétaire du LBM au cas où un associé aurait l’idée de l’en déloger. « Cela nous convient tout à fait », dit-on au CNOM. Le référé a-t-il conduit le gouvernement à prévoir le rectificatif dans le projet de loi de ratification ? Maintenant le CNOM attend de la part du même Conseil d’État, qui au total a déjà cassé outre le sien, un autre référé dont il était aussi saisi, le jugement sur son recours “avec confiance”. L’ordon- nance n’est donc pas encore sortie d’affaire. | SERGE BENADERETTE Les concentrations s’accélèrent dans le monde de la biologie. Des opérateurs financiers y poussent. Mais y contraignent aussi des chiffres d’affaires pris en tenaille entre la baisse du “B” et les coûts de l’accréditation. En s’étant lancé dans l’industrialisation avant cette conjoncture, la SEL BPO (Biologie de l’Ouest Parisien) que pilote le Dr Thierry Bouchet estime tirer son épingle du jeu... Momentanément. L’avenir de la biologie médicale se joue dans les regroupements profession ... suite page 3 Dr Thierry Bouchet | © DR

Le référé contre l’ordonnance, perdu à la satisfaction du… plaignant

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OptionBioL’actualité du praticien biologiste

ISSN : 0992-5945

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n° 438 | Lundi 7 juin 2010 | 11 €

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actualitésCystite : patience et longueur de temps... 4

formationdossierDe la cancérologie à l’oncobiologie 9

pratiquecas cliniqueLa leucémie à tricholeucocytes, un diagnostic difficile à poser 16

Sommaire complet page 3

www.em-consulte.com/revue/optbio

Hors du regroupement point de salut. Une devise que le président du groupement de laboratoires d’analyses médicales Bio Paris

Ouest (BPO), le Dr Thierry Bouchet, qui était médecin généraliste à l’origine, a faite sienne dès... 2002. Une stratégie qui se révèle salutaire à l’heure des gran-des concentrations. La société d’exercice libéral par actions simplifiée (Selas) qu’il déploie sur 23 sites essentiellement dans les Hauts-de-Seine a réussi aujourd’hui à être accréditée par le Cofrac (Comité français d’accréditation) à la norme ISO 15189, désormais le seul référentiel reconnu dans l’hexa-gone pour garantir la qualité des pratiques. En s’y étant conformé très tôt, il a certes anticipé les exigen-ces de l’ordonnance législative du 13 janvier 2010 portant réforme de la biologie médicale, mais il a, du coup, réalisé une prouesse. Car peu nombreux (150) sont ceux qui, sur les 5 840 laboratoires d’analyses de biologie médicale (LABM) de France – dont 4 234 dans le secteur libéral et 1 300 dans le secteur public notamment–, peuvent, dès à présent, afficher un tel résultat. Appelés à se transformer en LBM multisites, tous sont pourtant désormais conviés à s’y plier à l’échéance fatidique du 1er novembre 2013. Un délai bien court pour s’engager dans la démarche qua-lité, sous peine de ne plus être autorisé à exercer

au-delà du 1er novembre 2016 par l’Agence régionale de santé (ARS). Thierry Bouchet l’assure, l’échéance va être difficile à tenir pour bien d’autres.

Une structure qui rayonne sur 23 sitesAu vu de son expérience, le diagnostic semble impa-rable. L’accréditation lui a demandé plus de 3 ans pour parvenir à atteindre seulement 60 % de l’activité totale du LBM le 2 avril dernier. BPO est né en 2002 d’un pro-jet commun de biologistes indépendants qui ont voulu regrouper leurs activités. La croissance externe a été leur choix stratégique sur la base d’une exigence de proximité géographique. Après s’être transformés en société d’exercice libéral (SEL), ces libéraux fusionnent avec des laboratoires qui ne sont pas éloignés de plus

d’une heure de leur plateau technique commun de La Garenne-Colombes (92). Actuellement, BPO rayonne sur 23 sites périphériques tous dotés d’un biologiste et d’un référent qualité, généralement une technicienne reconvertie. Chiffre d’affaires en 2009 : 25 millions d’euros. Ce qui, avec les fusions en cours, devrait atteindre 30 millions d’euros l’an prochain. Les quel-que 2 500 patients, qui confient leurs analyses chaque jour aux 250 employés, conduisent la plate-forme de

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profession

En attendant sa ratification par le Parlement – via un projet de loi ad hoc toujours pas inscrit à l’ordre du jour des assemblées –, l’ordonnance

réformant la biologie parue au JO du 15 janvier s’ap-plique. D’ailleurs une vingtaine de décrets d’applica-tions sont dans les tuyaux. Mais le texte reste sous le joug de demandes d’annulation devant le Conseil d’État. Étant à l’origine de deux contentieux dépo-sés le même jour, le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) s’est distingué selon deux procé-dures : l’une longue, en cours d’instruction, par voie de recours (voir OB n°435), l’autre rapide par voie de référé dont il a été débouté.Que ciblait tout particulièrement la procédure urgente “perdue” ? L’article (L.6223-5) qui, a priori, interdit à un médecin biologiste de détenir des parts dans le capital des LBM, car relevant du cas d’exclusion d’une personne physique exerçant une profession de santé autorisée à prescrire des examens de biologie médicale. Contraint à une formulation acrobatique

dont il a le secret, le juge des référés explique que c’est là faire une mauvaise lecture de l’ordonnance. Tout en reconnaissant qu’il peut y avoir un « doute sur l’interprétation de ces dispositions ». Admettant « l’ambiguïté qui peut exister », il indique qu’elle va être dissipée par les précisions apportées dans la future loi de ratification du texte ! Dans ces conditions, le CNOM, qui se voit débouté dans ses prétentions à annulation, estime avoir obtenu gain de cause sur le fond. Car la décision du référé protège le médecin biologiste en tant que propriétaire du LBM au cas où un associé aurait l’idée de l’en déloger. « Cela nous convient tout à fait », dit-on au CNOM. Le référé a-t-il conduit le gouvernement à prévoir le rectificatif dans le projet de loi de ratification ? Maintenant le CNOM attend de la part du même Conseil d’État, qui au total a déjà cassé outre le sien, un autre référé dont il était aussi saisi, le jugement sur son recours “avec confiance”. L’ordon-nance n’est donc pas encore sortie d’affaire. |

SERGE BENADERETTE

Les concentrations s’accélèrent dans le monde de la biologie. Des opérateurs financiers y poussent. Mais y contraignent aussi des chiffres d’affaires pris en tenaille entre la baisse du “B” et les coûts de l’accréditation. En s’étant lancé dans l’industrialisation avant cette conjoncture, la SEL BPO (Biologie de l’Ouest Parisien) que pilote le Dr Thierry Bouchet estime tirer son épingle du jeu... Momentanément.

L’avenir de la biologie médicale se joue dans les regroupementsprofession

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