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1 Le regard de Paul de Tarse sur les femmes Angéline Rais Civilisations et Langues de lʹAntiquité et du MoyenAge Séminaire de sciences bibliques (CLAM) Institut de Préhistoire et des Sciences de lʹAntiquité Faculté des Lettres et Sciences humaines Université de Neuchâtel FLSH [email protected] « Epouse, mère, putain – la femme dans la tradition biblique » Introduction Paul fut apôtre, missionnaire et fondateur de nombreuses communautés chrétiennes et n’eut de cesse de proclamer l’universalité du message chrétien. Il expliqua aux nouveaux convertis que l’amour du Christ est accessible à tous et prêcha aussi l’égalité entre homme et femme telle qu’elle se trouve fixée par écrit dans la phrase de Galates 3,28 ʺIl n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christʺ. Cependant sa réputation de messager d’égalité et d’amour en Christ fut fortement entachée par les textes de 1Corinthiens 11,216 et de 1Corinthiens 14,33b35 ; c’est dans ce dernier écrit que se trouve le fameux ʺtaceat mulier in ecclesiaʺ qui interdit aux femmes de parler dans les assemblées. Il est vrai qu’à première lecture, ces écrits semblent reléguer la femme à une position tout à fait négligeable ; elle paraît soumise à son époux sans autre forme de procès. De plus, certains Pères de l’Eglise ont utilisé les formulations de Paul pour justifier la place supérieure de l’homme et écarter la femme de certaines charges de l’Eglise. Par exemple, l’Ambrosiaster, dans le commentaire sur les textes pauliniens, interprète ainsi un passage de 1Co 11,216 : ʺComment, en effet, peuton dire de la femme qu’elle est image de Dieu, alors qu’elle est de toute évidence soumise à la domination de l’homme et n’a aucun pouvoir ?ʺ [1]. La signification de ces textes pauliniens divise toujours la recherche moderne. Il y a, d’un côté, les commentateurs qui voient l’apôtre comme l’ennemi supposé des femmes. Par exemple, Emile Gillabert pense que la misogynie de Paul vient d’un trouble psychologique lié à un manque d’amour maternel lors de la petite enfance de l’apôtre. Le chercheur utilise le fait qu’il ne fasse aucune mention de sa mère dans ses lettres pour se justifier [2].A l’opposé, certains scientifiques le considèrent comme progressiste, tel André Feuillet (Feuillet A. 1975, 157191) qui écarte toute haine paulinienne à l’encontre des femmes. Selon lui, Paul place la femme au même niveau que l’homme, si ce n’est plus haut. Ce travail cherche à savoir si la réputation antiféministe de l’homme qui déclare que tous sont égaux devant le Christ est réellement justifiée. Les textes des épîtres nécessitent une réévaluation dans le contexte du Ier siècle ap. J.C. afin de trouver une interprétation qui soit la plus proche et la plus fidèle de la parole de l’apôtre. La première partie s’intéresse aux femmes présentes dans les épîtres, au statut de la femme juive et grécoromaine et à leur place dans la société et dans le culte, afin d’obtenir une comparaison avec les principes ordonnés par l’apôtre. La seconde partie traite de la phrase égalitaire Ga 3,28 ; pour bien situer ce texteclé, nous essayerons de nous faire une idée du but de l’épître et des conditions dans lesquelles elle a été rédigée, puis nous proposerons une interprétation de cette parole

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    LeregarddePauldeTarsesurlesfemmesAnglineRais

    CivilisationsetLanguesdelAntiquitetduMoyenAgeSminairedesciencesbibliques(CLAM)

    InstitutdePrhistoireetdesSciencesdelAntiquitFacultdesLettresetScienceshumaines

    UniversitdeNeuchtelFLSH

    [email protected]

    Epouse,mre,putainlafemmedanslatraditionbiblique

    IntroductionPaulfutaptre,missionnaireetfondateurdenombreusescommunautschrtienneset

    neutde cessede proclamer luniversalitdumessage chrtien. Il expliqua aux nouveauxconvertisquelamourduChristestaccessibletousetprchaaussilgalitentrehommeetfemme tellequelle se trouve fixepar critdans laphrasedeGalates 3,28 Ilny apluslhommeetlafemme;cartous,vousntesquunenJsusChrist.

    Cependant sa rputation demessager dgalit et damour en Christ fut fortemententachepar les textesde1Corinthiens11,216etde1Corinthiens14,33b35 ;cestdanscederniercritque se trouve le fameux taceatmulier in ecclesiaqui interditaux femmesdeparlerdans lesassembles.Ilestvraiqupremire lecture,cescritssemblentrelguer lafemmeuneposition tout faitngligeable ; elleparat soumise sonpoux sansautreformedeprocs.Deplus,certainsPresdelEgliseontutilislesformulationsdePaulpourjustifierlaplacesuprieuredelhommeetcarterlafemmedecertaineschargesdelEglise.Parexemple,lAmbrosiaster,danslecommentairesurlestextespauliniens,interprteainsiunpassagede1Co11,216:Comment,eneffet,peutondiredelafemmequelleestimagedeDieu, alors quelle est de toute vidence soumise la domination de lhomme et naaucunpouvoir?[1].

    La significationde ces textespauliniensdivise toujours la recherchemoderne. Ily a,dunct,lescommentateursquivoientlaptrecommelennemisupposdesfemmes.Parexemple,EmileGillabertpensequelamisogyniedePaulvientduntroublepsychologiqueliunmanquedamourmaternellorsdelapetiteenfancedelaptre.Lechercheurutilisele fait quil ne fasse aucunemention de samre dans ses lettres pour se justifier [2].Aloppos, certains scientifiques le considrent comme progressiste, tel Andr Feuillet(FeuilletA.1975,157191)quicartetoutehainepauliniennelencontredesfemmes.Selonlui,Paulplacelafemmeaummeniveauquelhomme,sicenestplushaut.

    Ce travail cherche savoir si la rputationantifministede lhommequidclarequetous sontgauxdevant leChristest rellement justifie.Les textesdesptresncessitentunervaluationdanslecontexteduIersicleap.J.C.afindetrouveruneinterprtationquisoitlaplusprocheetlaplusfidledelaparoledelaptre.Lapremirepartiesintresseauxfemmesprsentesdans lesptres,au statutde la femme juiveetgrcoromaineet leurplace dans la socit et dans le culte, afin dobtenir une comparaison avec les principesordonnspar laptre.La secondepartie traitede laphrasegalitaireGa3,28 ;pourbiensituercetextecl,nousessayeronsdenousfaireuneidedubutdelptreetdesconditionsdans lesquelleselleatrdige,puisnousproposeronsune interprtationdecetteparole

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    de laptre. La troisime prsente les textes 1Co 11,216 et 1Co 14,33b35 qui viennentcontredire lavisiongalitairede la thologiepaulinienne ; iciencore,nousdiscuterons laquestiondupourquoidelardactiondelapremireptreauxCorinthiens,lecontextedelacommunautpuislanalysetextuelle.Finalement,laconclusiondonneunerponsepossiblelaproblmatiquededpart.

    1.LestatutdelafemmeauIersicleap.J.C.1.1.LesfemmesdesptresdePaulAvantdedresserunerapidedescriptionde laplacequoccupent les femmes juiveset

    grecques au seindesdiffrents cultes, ilme semble judicieuxdesquisserunevisionplusgnraledesfiguresfmininesprsentesdanslestextespauliniensafindesavoirquelleestleurimportancepourlaptredansladiffusiondumessagechrtien.Lasocitantiqueestdomine,enrglegnrale,parlapensepatriarcalequiplacelemasculinaucentredetout.Une femmenestdcritequedanssadpendancesonpreousonmari,cependant lasituationvarieduneculturelautre.

    JsusdeNazareth,danssesactesetprdications,tendunemodificationdecemodleen dclarant lgalit des sexes. Cependant il faut, ds prsent, noter que ce principenovateurestlimitetncessiteradutempspourtreappliqu.Ainsi,sildpasselesclivagespatriarcauxencomptantdes femmesetmmeMarieMadeleine,uneprostitue,parmisescompagnons,aucunedentreellesnefaitpartiedesDouze.

    Paul, de par son ducation et son instruction, se rfre aux deux cultures, juive etgrecque,pourparlerauxconvertis.Sonlieudorigine,Tarse,taitunegrandecitdumondehellnistique ; sa situation gographique, sur la cte sudestde lAsiemineure, la faisaitbnficier dun grand port et dun commerce florissant. Une population cosmopolite yrsidait.Paul,pharisien,yreoitunenseignementreligieuxjuif,maisconnatgalementlesprincipesdelaculturegrecque,laphilosophie,larhtorique,etc.FrntiqueperscuteurdesChrtiens[3],ilvituneruptureradicaledanssavie[4],surlechemindeDamas,selonlercitdActes9,119.IlseconvertitetvouesavielaproclamationdelEvangile.

    En largissant le cadre gographique dumessage chrtien et en lamenant dans lesgrandes mtropoles europennes, Paul doit, pour rester plausible et comprhensible,adapteretnuancersondiscourstoutenmaintenantlemessagegalitairevouluparleChrist.Ilsadresseunesocitimprgnedeculturegrcoromainequinapasncessairementlemmemodede vie nide penser que les gensde Palestine. Il nen reste pasmoins quilappelleradenombreuses femmes poursuivre lvanglisation etque tout comme Jsus,intgreradesfemmesdanssonentourage.Leursnoms,leurssituationsetleursstatutsnoussont connus grce aux ptres et auxActes desAptres [5]. La prsentation suivante nedvoilequetroisfiguresmarquantesdelamissiondePaul.Ellesnedoiventcependantpascacher les nombreuses autres femmes nommes dans les diffrentes ptres. Il y a, parexemple, Prisca (ou Priscille) et son poux Aquilas prsents par Paul en tant que sescollaborateursenJsusChrist[6].Celleci joueunrlenonngligeable ;ellealacapacitdexposerlapensechrtienneetsuitPaullorsdesonvoyagedeCorintheEphse.SelonActes 18,26, elle explique, toujours accompagne dAquilas, plus prcisment Apollos,prdicateur dorigine juive, la manire daccder au salut chrtien. Une autre femmementionneparlauteurdesActesservlecommepersonnedepouvoir.EnActes16,1415,Lydie,marchandedepourpre,reoitlaptreetsescompagnonssondomicile,aprsavoirtbaptise.Elleest le symbolede lattachementdes femmesenvers le christianisme ;en

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    effet, Lydie adoraitDieu avant la venue de Paul et dmontre galement quune femmepouvaitexerceruneprofessioncommercialedjcettepoque.EnRomain16,1,Phoebestqualifiepar laptrede ministre()de lEglisedeCenchres, termequisignifie,selonleglossairedelaTraductioncumniquedelaBibleserviteuroupersonnetravaillantpropager lEvangile[7].LerespectquePaul luitmoigneseressentenRomains16,2 ; ildemandequonlaideetlaprotgecommeellelefitsongard.

    1.2.Lafemmejuive

    1.2.1.LevoileCebrefexposproposduportduvoileestncessairecarlesujetconcernelafoisle

    textede1Co11,216etpermetdillustrerlaplacedesfemmesdanslasocitetdansleculte.Levoilefaisaitpartiedelatenuedesfemmespalestiniennesquisecomposaitcertainementdune tunique longueetcolore,duneceintureetduvoilequidescendait jusquaux joues(Botero J.1965,232).Cedernieravaitplusieurs significationsdans le contexteduProcheOrientancien.Ilmontraitquunefemmetaitmarie,quelleappartenaitquelquunet laprotgeaitainsidelaconvoitisedesautreshommes.Unefemmesortaitrarementenpublicetceencoremoinssansunvoile.Deplus,lescheveuxavaientunevaleurrotiquesemblable lapoitrine.Cesdeuxpartiesdu corpstaient,parfois,misesenparallle.Annie Jaubertmentionneuncommentairerabbiniquedu livredesNombres5,18quiveutquune femmeaccusedadultredoivedtachersescheveuxetdvoilersapoitrine;cesuppliceassurelahontedelacondamne(JaubertA.1972,425)Ilfautdoncquelafemmecachesachevelurequi sduit les hommes. La coiffure tait encore un signe de dcence, de propret etlexpressiondelaclassesociale.

    1.2.2.LeculteLes femmes juives taientmarginalises tantdans la socitquedans lapratiquedu

    culte. Il faut cependant se souvenir que le judasme variait dune rgion lautre.Unethorie prtend que les femmes ont vu leur part de responsabilits diminuer lors de lasdentarisationquiaimpliquunenouvellerpartitiondestravaux;cettesituationseserait,ds lors,maintenue [8].Auseinduculte,ellestaient,certaines foisetdans leTempleoucertainessynagogues,sparesphysiquementdeshommesetdesesclaves;diffrentescoursstructuraient lespace du Temple amnag parHrode pour chaque groupe religieux etsocial. Les femmes ne pouvaient ni lire la Torah ni participer aux chants sacrs. Ellesbnficiaientdun enseignement religieux,mais celuici tait quantitativement infrieur celui des hommes. De plus, elles participaient, en couple, linstruction religieuse desenfants.CraigS.Keenernotequilestpossiblequelesfillesetlespousesdesrabbinsaientreuune instructionpluspousseque les autres femmes au seinde leur famille (KeenerCraigS.19932,83),maisellesrestaientdesexceptions.

    1.3.Lafemmegrcoromaine

    1.3.1.LevoileDans lEmpire romain, levoiletaitun symbolede laviepubliqueet cultuelle.Tout

    commepour les femmes juives, levoileet lacoiffuredfinissaient laclasse sociale.Ainsi,unefemmeraseoutonduepouvaitsapparenterun(e)esclave.Lesreinesetlesfemmesdehautrangavaientdesparurestrssophistiquesavecdescouronnesdecheveux,destressesetmmedesbijoux.Lesfemmesdupeuplenesortaientpaslattenue,ctaitindcent.Levoilesymbolisaitgalementlemariage;lafemmedpendaitdesonmari.Nanmoins,ilest

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    difficiledegnraliserlecomportementdesfemmesgrcoromainesfaceauvoile.Eneffet,lescoutumesetlestraditionsdesdiffrentspeuplesintgrsdanslEmpirediffraientduneprovinceuneautreetcetantauniveauculturelquereligieux.

    1.3.2.LeculteDanslecadrereligieux,levoileoccupaitgalementuneplaceimportante,cependantles

    modesrituelsvariaient.LindaBelleville(BellevilleL.2003,219)expliquequilnefautpassefocalisersurleprincipedescheveuxdfaitsenraisondeladanseetdeltatdetranse.Elleappuiesondveloppementsur lesreprsentationsde lavillaauxMystresdePompi,olesBacchantesontlescheveuxattachs,etsurletextedApule[9]dcrivantlesfemmesducultedIsis avec la chevelure ointe etdrapedun voile.Cependant,Elisabeth SchsslerFiorenzaavancedesargumentscontrairesavecdespreuves littraires(Tibulle1,3,2932)etarchologiquesausujetdummecultedIsis (SchsslerFiorenzaE.1987,47).LeRomain,quant lui,secouvredunepartiedesatogeaumomentdeseprsenterdevant lesdieux(BeattieG., 2005, 4243).DavidGill (GillD. 1990, 247) explique ce quest le principe decapitevelato.Lorsduculteromain,ilnyavaitquelesparticipantsactifsquisevoilaientlatte.Desingalitsseproduisirentcarceshommesvoilsoccupaientunefonctionspcifiquedansleculteettaientreconnus.Leportduvoilemasculindevintunsymboledesuprioritsociale.

    La pratique cultuelle grcoromaine octroyait une place valorisante aux femmes quipouvaienttreprtresses,chanteuses,danseuses.IlsuffitderappelerdesprophtessestellelaPythiedeDelphes,descultesdeDionysosetdesmystrespourserendrecomptequelesfemmestenaientdesrlesmajeurs.Ellespouvaientexercerlesfonctionslesplushautesduclerg,commelagrandeprtresseduculteimprialMagnsie,Iuliane(BellevilleL.2003,216).DaprsPierreGrimal(GrimalP.1965,472),lecultedIsisconquitungrandnombredefemmes travers le monde romain ds le 1er sicle av. J.C. La divinit gyptiennereprsentaitlafminitcosmiquetoutenrestantprochedeshumains,elletaitunemreetunepouse.Lessourcesdu1ersicleap.J.C.fonttat,Corinthe,delaprostitutionsacreen lhonneur dAphrodite (Flaceliere R. 1965, 301). Des femmes, appeles hirodules, sedonnaientauxhommesdepassagepourfavoriserlafconditetlafertilitdesfemmesdupays.

    2.Lafemmeestlgaldelhomme(Galates3,28)2.1.IntroductionBienque le titredonn ladeuximepartiede ce travail se rfreGa3,28, ilnen

    reprendpasprcisment lesmots.Enralit, ilsagitdjdune interprtationdesparolespauliniennes.

    Lepourquoidelardactiondecetteptreestexpliqudanssonpremierchapitre(Ga1,610).DaprsPaul,lesGalatessesontdtourns,causedautresenvoys,delEvangilequilleuratransmis.Laptredoitragircettesituationpourquelesconvertissuivent lavoiequiljugeadquate.

    LintrtduversetdeGa3,28estdvoquerlesconsquencesdumessagelibrateurdelvangilelgarddelasocitdanssesdiffrentsaspectsdorganisation.Eneffet,Paulnementionnepasuniquementlgalitentrehommesetfemmes,maisaussicelleentreJuifsetGrecs et entrehommes libres et esclaves.Cestdans ce cadredune considration sur lesdiffrentsniveauxdelasocitquePaulprsentesonregardsurlesfemmesainsiquesurlaplacequil leurconcdeauseinde lacommunautreligieuse.Laptredonnesadfinition

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    du Chrtien et celle de la femme en Jsus Christ . Je suis davis que lanalyse etlinterprtationdeGa3,28permettrontdemieuxcomprendrelesrecommandationsde1Co11,216et1Co14,33b35.

    2.2.ContextePaul se rendit plusieurs fois en Galatie, rgion dont la localisation prcise pose

    problmelarecherche.Eneffet,sonappellationdsignelafois,lendroitstendantdesmontagnes anatoliennes la mer Noire, et la province romaine qui comprenait desterritoiresplusausud(VougaF.20043,218219).IlyfondaunecommunautchrtiennelorsdesondeuximevoyagetraverslAsiemineure,laMacdoineetlaGrce(LegasseS.2000,34),probablementenlan49ap.J.C.

    FranoisVougaaffirmequauniveaulinguistiqueetthologiquelptreestprochede2CoetdeRmetproposeunedatationprochedecellesci,soit lesannes55/57 (VougaF.20043, 223). Comme toutes les ptres de laptre, celle aux Galates est une lettre decirconstance. De fauxmissionnaires, selon les dires de Paul, se sont immiscs dans lacommunaut. Ceuxci, appels galement judasants ou judochrtiens conservateurs(Vouga F. 20043, 220), ne conoivent laccs au salut qu travers la loi mosaque etprconisent une alliance par la circoncision. Paul, quant lui, prche diffremment. Ildclarequeleretourlaloiestsynonymedasservissementetprfrerenforcerledialogueautour du salut. Le nouveau temps, celui de lEsprit, nest plus rgi par la Loi,mais sedistinguepar la foique lesChrtiensontenChristetenDieu.Cedernier lesadlivrsetlannoncede la librationsestpropagegrce lEvangile.Dans lptreauxGalates,Paulexpliqueaux fidles lamanirequi, selon lui, leurpermettradaccderau salutetquinecorrespondpaslapropositiondesenvoys.Daprslui,lacommunautestendanger;eneffet, certains Galates se sont dj circoncis. En Ga 3,28, laptre argumente pour fairecomprendre aux fidles que la nouvelle union est active grce au baptme. De plus, ilprsentelescaractristiquesduchristianismeotouslesclivagesdelasocitsontdpasss.

    2.3.Galates3,28:LafemmeestlgaledelhommeLeverset28deGalates3doittreluaveclesversets2329;ilsformentuneunit.Ces

    lignessedistinguentdurestedupassagetextuelparunchangementdesujet:Paulpassedunous(v.25)auvous(v.26).Deplus,ellessontcadres,audbutetlafin,parenJsusChrist (v.26et29) (LegasseS.2000,272).Ellessontcommeuneminithserpondantauxversets2324quiexposentlexistenceavantlavenuedelafoi(v.23).Paulyditencorequetous, luiycompris,taient encaptivitsous la loi (v.23), soussurveillance (v.24),maisquenrevanchesouslafoi,ilsneviventplussouslasoumissiondusurveillant(v.25),laloi.

    28IlnyaplusniJUIF,niGREC;IlnyaplusniESCLAVE,niHOMMELIBRE;IlnyapluslHOMME()etlaFEMME();cartous,vousntesquUNenJESUSCHRIST.[][10]Lacomposition(LegasseS.2000,272)decepassageestlasuivante:leverset26expose

    le principe, le v.27 y apporte une justification, le v.28 en explique les consquencessociologiquesetendonneunrsum,finalement lev.29exprime lhritagepromisdans letextedelaGenseAbraham.

    V.2329:

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    23Avantlavenuedelafoi,noustionsgardsencaptivitsouslaloi,envuedelafoiquidevaittrervle.

    24Ainsidonc,laloiatnotresurveillant,enattendantleChrist,afinquenoussoyonsjustifisparlafoi.

    25Mais,aprslavenuedelafoi,nousnesommesplussoumiscesurveillant.26Cartous,voustes,parlafoi,filsdeDieu,enJsusChrist.27Oui,voustousquiaveztbaptissenChrist,vousavezrevtuChrist.28IlnyaplusniJUIF,niGREC;IlnyaplusniESCLAVE,niHOMMELIBRE;IlnyapluslHOMME()etlaFEMME();cartous,vousntesquUNenJESUSCHRIST.29Et si vous appartenez auChrist, cestdonc vous tes ladescendancedAbraham ;

    selonlapromesse,vousteshritiers.Le verset 28 prsente les consquences sociologiques du baptme chrtien ; Paul

    dmontre auxGalatesque la libert et lgalitne leur seront acquisesquen sengageantdans le christianisme.EnRomains10,12 et en1Corinthiens12,13, il expose galement lesdistinctionsentrehommeslibres/esclavesetJuifs/Grecsmaislasparationentrehommes/femmesnapparatpas.EnColossiens3,11,lauteur,lvetrsprochedePaul(DettwilerA.20043,265), reprend cette idemaisopposeGrecet Juif, circonciset incirconcis,barbares,Scythesetesclavesethommeslibres.LaparoledanslptredeGalatesestlapluscomplte,elle dpasse tous les clivages de la socit. Cest peuttre parce que la situation de lacommunautdeGalatietaittrsgrave.Paulneveutpasque lesfidlessoientsduitsparlesproposdesautresmissionnaires.Sa lettrerpondunmomentdecrise.Sil ladtailleautant, cestpourmontrer laglobalitdumessage chrtien, en clairant lesChrtiensdeGalatiesurleprincipedelafoienChrist.

    Paul discourt en numrant trois couples de la socit qui sunissent en JsusChrist et qui, ainsi, perdent leurs privilges spcifiques. Laptre respecte lexistence dechacune des entits prsentes. Le premier couple compos des Juifs et des Grecsdistinguent deux civilisations, deux religions (le judasme et le polythisme) et deuxcultures.LesJuifsseulsnontplusleprivilgedtrelepeupleludeDieu.Enadoptantlemessagechrtien,ilsdoiventvivresurlemmedegrdgalitquelesautres.Ladeuximepaire diffrencie les hommes libres et les esclaves, au niveau conomique, lematre estpropritairedelesclave,etauniveaupolitique,lesclavenaaucundroitcivique.Finalementledernier couple expose lhomme et la femme.Cette entit fait rfrence la famille olhommeest,traditionnellement,lematreetaudomainepublicounefemmenexistequedaprsladpendanceunhomme.LetextegrecutiliselesmotsdelaSeptanteenGense1,27 :mle()etfemelle().Paulauraitpuchoisirlesdeuxautresmotsgrecsquisignifienthomme()etfemme().Silutiliselesmmestermesqueceuxdupremierrcitdelacration,cestpourmettreenlumirelgalitdessexes.CarenGn1,27lhommeetlafemmesoncrssimultanment,alorsquelesecondrcit(Gn2,22)introduitunordrehirarchique. Ainsi, en utilisant la terminologie de Gense 1,27, Paul accentue lgalitsouhaite.

    Cependant, il fautbiencomprendreque,selonPaul,cestaprsavoirreu lebaptmequecescatgoriessunissentenJsusChrist.Laptrenepeutpaschangertoutelasocitde son poque, cela ne serait pas raliste.Cette dernire est beaucoup trop hirarchise

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    depuistrslongtemps.Laseuleparoledelvangilenepouvaitfairecontrepoidscelledespuissantsde lpoquedePaul. Ilne se faitpasporteurdunmessage antiesclavagiste oufministe.LexgteSimonLgasse(LegasseS.2000,279281)rappellequcettepoque,uncourant luttant contre lesclavagisme se dessine,mais quil ne faut pas en surestimer leseffets.LedsirdePaulestdevoircesdiffrentsgroupesabandonnerenJsusChristleursprivilges. Ilnapas lambitiondemenerune rvolution sociale ; il exposeunenouvellefaondepenseretdevivredanslecadredunereligion.Ilveutquetouspuissentparticiperau christianisme et exige que les Chrtiens ne pratiquent plus des sparations et deshirarchisationsenfonctiondeleurstatutsocial,conomique,politique,public,etc.Ilssonttousfrresetsurs,parcequetoussontaimsduChristetdeDieu.PourtantPaulsaitque,danslaviedetousles jours,ilyadesesclavesetqueceuxcisontassujettis,ilnepeutquesy plier.Galates 3,28 se comprend en suivant la dfinition galitaire du baptme. EntreChrtiens, tous lesprivilgessontabolis.Paulneparlequedun fait,celuidtrechrtien,dtrebaptisetsaparoleilnyanihomme,nifemmenestpasvraimentactivedanslaviequotidiennequiretrouvesesingalits.Cesmotscomprennentgalementladimensiondunepromesseeschatologique:aumomentduJugementdernier,touslesChrtiensserontplacssurunpieddgalit,cartoussontbaptissetsauvsparlagrcedivine.Ga3,28estdoncunappelladoptiondelafoichrtienne.

    3.Lhommeestlechefdelafemme(1Corinthiens11,216et1Corinthiens14,33b35)

    3.1.IntroductionAprs avoir parl de lgalit, consquence du message librateur de lvangile et

    adopt par les Chrtiens au moment de leur baptme, il est maintenant intressantdexaminer lamise enpratiquedu prceptedePaul.Lptre auxCorinthiensnous faitentrer dans une grande ville dumonde du christianisme grcoromain. Elle est un peucommeunmodedemploidonnauxCorinthiens.SonbutetsoncontextesontdiffrentsdelptreauxGalates,lasituationdesdeuxcommunautsreligieusesnestpaslamme.

    Aumoyendecetteptre,PauldonnedessolutionsauxproblmesdordrepratiquequelesgensdeCorintheontconnuaprssondpart.Ildcritlecomportementquelesfemmesdoiventavoir lorsduculte.En1Co11,216, il instaure leportduvoilepour laprireet laprophtie, en 1Co 14,33b35, il leur ordonne de se taire pendant les assembles et desinstruirechezelles,lamaison,auprsdeleurmari.

    Ces textes sont,premire lecture,enopposition totaleavec lapropositiongalitairequonlitdanslptreauxGalates.Laparolede1Co14,34quiimposelesilenceauxfemmesetlobligationdeporterlevoilenousdonneuneimagepluttngativedelaptreetsemblelerendrehostilelgarddesfemmes.

    3.2.ContexteCorinthe fut une ville importante de la Grce ancienne, Homre (Iliade II, 570) et

    Strabon (Gographie 8,6, 20A) la qualifient, juste titre de riche [11] et d opulenteCorinthe[12].Sapositiongographique,surlisthmequirelielePloponnseaurestantdelaGrcecontinentale,luipermetdutiliserlamerpoursoncommerce,maisgalementpourla fondationdecolonies.Au5mesicleav. J.C.,saproductiondecramiquesrivaliseaveccelledAthnes.Deplus,elleaccueilletouslesquatreanslesJeuxdelIsthmeenlhonneurdePosidon.Bref, sa renommenestplus faire.Environun sicle aprs ladestructioncompltedelavilleen146av.J.C.parlestroupesromaines,elledeviendralacapitaledela

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    provincedAchae.Au1ersicleavantnotrere,elleredevienttrsimportante.Sapopulationmulticulturelleetcosmopolitesechiffreentre72500116000habitants(EngelsD.1990,82).Du point de vue religieux, elle connat diffrents cultes ; les plus connus sont ceux dupolythismegrcoromain,Posidontant leprotecteurde laville,celuique lesJuifsde laDiasporaontamenetceluidIsisvenudEgypte.Cependant,sarputationestentacheenpartiepar ladbauche et laprostitution.Lemot Corinthe estpassdans levocabulairecourant pour dsigner les dbauchs, les prostitues etc. Aristophane en fait un verbesignifiantforniquerouexercerunproxntisme[13].

    Cest lors de son deuxime voyage que Paul, passant par laMacdoine, puis parAthnes,arriveCorinthevraisemblablemententrelafindelanne49etledbutde50ap.J.C.,ilyresteraunanetsixmoisselonActes18,11.Lacommunautquilfondeestformeenmajoritdenonjuifs,depetitsmarchands,desclaves,maisaussidepersonnesrichesetinfluentes(VougaF.20043,191).Ellerefltelastructuresociologiquedelapopulationdelaville.En51(ou52),ilquitteCorintheaprsavoirtconduitdevantleproconsulGallionparles Juifs.Ceuxciaffirmaientque laptreprchaitunculte illgal ; leproconsulnevoulutaccderleurrequte,prtextantquesondomainedecomptenceseconfinaitlajusticeetnonpaslareligion.Aprssalibration,PaultraverselamerpourserendreEphse;cestdanscettevillequilcriralapremireptreauxCorinthiens,entre51(ou52)et54(ou55).Cettedatationdelalettreestconnueparleverset8duchapitre16;Paulydit:JeresteraiEphsejusqulaPentecte.

    Lebutdecetteptreestde rpondreauxproblmes survenusdans laville, cestunexplicatifdespratiquesetdelapensechrtiennes.Eneffetsuiteaudpartdelaptre,lesnouveauxconvertisontdsorganiserseuls.Diffrentesquestionsconcernant,entreautres,lemariageoulesviandessacrifies,onttsouleves.Deplus,ilsemblequedesdivisionssesoientproduitesparmi lesCorinthiens (Vouga F. 20043, 189190).Mme siPaul est restplusieursmoisdanslacitetquilyaitformdesdisciples,ilestnormalquedesdifficultssoientsurvenuesouquelesopinionssesoientfragmentes.

    Paul rpond aux problmes dordre thique, pratique et thologique. Lesquestionnementsausujetdelattitudedesfemmesdurantleculteenfontpartie.Danscettesection, laptredonnedesconseilsafinque lesassembleschrtiennessedroulentde lameilleuremanirepossible.Illesdtaillesurquatrechapitres,de1Co11,21Co14,40.Celareprsentelequartdelptre,cequiestassezconsquent.LeculteestuninstantprivilgipourPaulet lesChrtiens.Leproposdbuteen1Co11,216etse termineen1Co14,3435parlesrglestouchantlesfemmes;cellescitiennentdoncuneplaceconcrtelorsdescultes.Ellesparticipentauxclbrations,cependant leurmaniredeprocdernesemblepastreapproprieselonPaulqui leur impose leportduvoile.Si les femmesportent levoile, leshommesserontplusconcentrssurlespriresetlaparoledeDieu.Latraditionnexigepaslammeexigencevestimentairepourlhomme;sattedoittrenue.

    Bienquelesdeuxextraitsdonnentdesrecommandationsauxfemmes,leshommessontaussiconcerns;tousdeuxcollaborentcarlassembleliturgiqueseveutouvertetousaumomentderendregrceDieu.

    3.3.1Corinthiens11,216:LhommeetlafemmedevantleSeigneurDepuis fort longtemps, la recherche a constat lopposition entre Galates 3,28 et

    1Corinthiens11,216.Pouroffrirunesolutionceproblme,certainsrudits,telWilliamO.Walker(WalkerW.O.1975,94110)en1975etLamarCope(CopeL.1978,435436)en1978,ontsuggrquecesversetstaientlersultatduneinterpolationcarilsnedcrivaientpasla

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    vritable opinion de Paul.Cette thse ne compte quuneminorit de partisans lheureactuelle.Deplus,lacomprhensiondecepassageestmalaisecausedetermesgrecsdontlasignificationpeuttremultiple,voireoppose.Ilspeuvent,eneffet,changerlesensdelaparoledePaul.Finalement,largumentationpeutparatredsordonne,malconstruite;celaapousscertainschercheurs,commeChristopheSenften1979,direque laptrenavaitpasvraimentsaisilesproblmesdelEglisedeCorinthe(SenftCh.1979,139145).Lexamensuccessifde cesversetspermetdedceler lesdiversesdifficults,demettreen lumire lediscoursdelaptreetdexpliquersaposition.

    Les versets de 1Co 11,216 se construisent comme une dissertation avec uneintroduction (vv.23), un dveloppement darguments (vv.46 et vv.710), un contreargument (vv.1112), des questions rhtoriques, une conclusion, la prise de positionpersonnelle(vv.1315),puisfinalementundernieravertissement(v.16)[14].

    V.2:Jevousflicitedevoussouvenirdemoientouteoccasion,etdeconserverlestraditions

    tellesquejevouslesaitransmises.LaptrecommenceparfliciterlesCorinthiensdavoirsuivisesrglements.Ilsagitde

    lunique mention de remerciement de Paul pour cette ptre, daprs AndrianjatovoRakotoharintsifa(RakotoharintsifaA.1997,206).Dailleurs,auverset17dummechapitre,ilsembledireexactementlecontraire:lesnouveauxconvertisnontpassuivisesprincipesausujetdurepasduSeigneurquiremmorelaSainteCne.Ceciestparticulirementgrave,carcetinstantquidoitsymboliserlepartage,lesouvenirduChristetsamort,neressemblepas au repasduSeigneur (1Co 11,20),pire il faitdumalauxCorinthiens (1Co 11,17).LapratiqueducultedeCorintheest,engrandepartie,conformeauxvuxdePaul,puisquillouesesfidles,maiscertainspointsontbesoindtreamliors.Les incomprhensionsneconcernentque leshommeset lesfemmesquiprientetprophtisent,non lensemblede lacommunaut,puisquePaulneparlequedeuxdanscepassage(1Co11,45).Enralit,ilnedfinitpasexpressmentcequiestincorrect.Laseulechosequelonpuissedireestquecequil dnonce a un rapport avec la prire, la prophtie et le fait davoir la tte nue oucouverte.Lesfemmessepermettentdeparticiperaucultelattedcouverte,toutcommeleshommes. Il nest pas exclu que cela vienne des religions polythistes o elles ont uneparticipationactive.Cettepremirephrase expliqueque,dans lensemble, lesCorinthiensont compris les rgles de la vie qui simposent par lemessage de lvangile,mais quecertainsaspectsrestentincompris.

    V.3:Je veuxpourtant que vous sachiez ceci : leCHEF ()de tout homme, cest le

    Christ ; leCHEF()de lafemme,cest lhomme, leCHEF()duChrist,cestDieu.

    Paul explique aux Corinthiens ce quils nont pas saisi sous la forme de la thsethologique de hirarchisation des tres partir du Seigneur. Il place les tres sur unechelle :DieuChristhomme femmeochaqueentitestdfiniecommetant lechef[15]decequisuit.Engrec,lemotutilispourmarquercettatdehirarchisationestqui signifie tteau sensphysique, lapartieducorps,etau sens figur, chefavec la connotation autoritaire,mais aussi source, prminence, origine. La recherchesinterroge encore sur la signification donner cemotquiva influencerdirectement lalecture et linterprtation du texte. Linda Belleville (Belleville L. 2003, 228) indique queapparatquatre foisdans leNouveauTestament,enEp1,22, ;4,15 ;5,23etCol

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    2,10,pourqualifier Jsus : ilest la sourcede lEgliseet sondirigeant. Il fautalorsvoir leChristcommetantlepremieretlentitprminenteduchristianisme.doittrecompris dans le sensmtaphorique de membre prminent. Linda Belleville illustre ceconceptaveclexempledunsommetenneig(BellevilleL.2003,229).Toutcequicomposela montagne a pour but de diriger le regard et lattention vers son point culminant.Lensembledeldificedoitfairehonneurausommet,cestluiquidoittrevu.Latteetlecorpshumainsontrgisde lammemanire : lecerveau,tant latourdecontrle,sera ledernierorganesarrterencasdedanger;leresteducorpsmettoutenuvrepourquilcontinue fonctionner. Andrianjatovo Rakotoharintsifa explique encore que ce sens deprminentestsymboliquepour lecontexte religieux (RakotoharintsifaA.1997,209).Larelation inscriteentre lespartenaires inclutunedimensionrespectueuse,bienque lunsoitsoumislautre.Pourlepremiercouple,leChristestlepremier;lhomme,dansleculteetdanssaviedechrtien,nedoitpasoublierquesesactesvonttoujoursserfrerauChristquiest responsable. Ilenvademmepour la relationhommes femmes.Dans lasocitantique, la femme est dfinie par rapport sonmari qui tient une place plus leve auniveau public et familial.Ainsi, elle doit agir demanire rendre son poux fier en luifaisant honneur. Il faut aussi garder lesprit que si elle fait honte son poux, elle sedshonoreellemme.Cesfaitslencontredesonmarilatoucheaussi,puisquelledpendde lui.Paul conclutavec la liaisonChristDieu.Finalement, cest leSeigneurquiestausommetdelachane,ilestceluienversquitouttredoithonneuretrespect.

    V.46:4Touthommequiprieouprophtiselattecouvertefaitaffrontsonchef().5Mais toutefemmequiprieouprophtise la tte()nuefaitaffrontsonchef

    ();carcestexactementcommesielletaitrase.6Silafemmeneportepasdevoile,quellesefassetondre!Maissicestunehontepour

    unefemmedtretondueourase,quelleporteunvoile!Ces versets doivent tre interprts ensemble, Paul y amne son premier argument,

    celuide lhonneuretdu respect.Laptredcrit lesactions interditesauxhommesetauxfemmesafinde rester respectueuxetdcents face leur ; ilmetenpratique sathsedehirarchisation.Lanotiondhonneuretderespectesticimiseenlumire;ilestcritquelhommefaitaffrontsonchef(v.4)silprielattecouverte.faitchounenotiondhonneur.Enpriantlattecouverte,lhommefaithonteauChrist,sonchef.Cestlemmeprincipeentrelespoux.Lemariest,encetempsl,lechefdelafemme,cellecidoitluifairehonneur.Ildoitpouvoirtrefierdelleetilabesoindellepourbnficierdecerangsuprieur.Pauljouesurlesmots,puisquilutiliseicidanssonsenspropreetfigur.

    Avantdapprofondir,ilestncessairedesaisircequerecouvrelaprireetlaprophtieauxquellesserfrePaul.Laprireestessentielle,ellepermetdesadresserDieu, tandisquunepersonne inspirede lEsprit etquiparle aunomdu Seigneur estprophte.Paulsadressedesfidlesspcifiques.Ilordonnelhommedavoirlattenuepournepasfairehontesa tte,auChrist.Commecelaadjtexpliquprcdemment, ilnyavaitquecertainshommesqui, selon leurs traditionsculturelleset religieuses, secouvraient la tte.Andrianjatovo Rakotoharintsifa pense que des oppositions dordre social entre croyantsauraientpuseproduiredurantlesclbrationschrtiennesetquePaulavoululesvitereninterdisantauxhommesdesevoiler(RakotoharintsifaA.1997,215).Laptretaitpeuttredsireuxdesaffranchirdescoutumespolythistesgrcoromainesetde resterprochedes

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    pratiques juives, lespremiresquilaitconnues.Ilseseraitrappelde la loi juivedExode28,3quiordonneauxprtresdesecouvrirlatte.Leverset5de1Co11donneleprceptecontrairelafemme:elledoitavoirlattecouvertepourtredignedesonchef.Levoiledune femme symbolise son appartenance son pre ou sonmari.Au verset 6, Paulindiqueexplicitementquecestunehontepourelledenepasporterlevoile,carcelaauraitlemmeeffetquesielletaitrase.Deplus,lefaitderaserunefemmeluienlvesabeaut,cestunemanirede luiporteratteinte.Si lafemmeneportepasdevoile,ellefaithontesonpoux,doncellemme.Elleperdsonautorit,ledondeprieretdeprophtiser.

    V.710:7Lhomme,lui,nedoitpassevoilerlatte:ilestlimageetlagloiredeDieu;maisla

    femmeestlagloiredelhomme.8Carcenestpaslhommequiattirdelafemme,maislafemmedelhomme.9Etlhommenapastcrpourlafemme,maislafemmepourlhomme.10Voilpourquoi la femmedoitportersur la tteunemarquedautorit,causedes

    anges.Danscetextrait,Pauldcritlahirarchiedestresselonlesdeuxtextesbibliquesdela

    cration(Gn1,27etGn2,2123).Auverset7,laptreditquelhommenedoitpassecouvrirla ttecar ilest limageet lagloiredeDieu, le terme imagerenvoieGn1,27.Puis, ilnonce que la femme, elle,doit se voiler car elle est la gloirede lhomme. Il ne fait pasfigurer les deux genres sur lemme degr ; la femme nest pas limage deDieu,maisuniquementlagloiredelhomme.Toujoursestilquesonrlelarendessentiellelhomme,puisquellefaitsagloire.Lesgenresnesontpaspareils,maisontbesoinlundelautre.Paulleditdemanireencoreplusclaireauxversets8et9,enserfrantGn2,2123.SiEveatcre, cest parce quAdam avait besoin dune aide. Elle a t faonne pour lui en tantquaidequileglorifie.

    Leverset10vientparacheverletout.LaTraductioncumniquedelaBibledonneennotequilfautcomprendrelaformule,unemarquedautorit,danslesensdelautoritexercepar la femme [16]. En priant et en prophtisant, la femme exerce une autorit, celle decommuniqueravecDieu.Maissefaisant,elledoittoujourshonorersonmari,carelleestsaconjointeetdoitdoncporterunvoile.UnefemmedelAntiquitestsoumisesonpoux ;Paulrespectelesrglescontemporainesdanslecadrepratique.

    Ladernireexpressioncausedesangesaposdesdifficultsauxexgtes.CraigS.Keener rappelleune tradition juiveancredans le textebibliquedeGn6,14,quivoit lesangescommedestresdchussduitsparlesfemmes.Cellesciavaientparleurvisageetleurchevelurepourparvenirleursfins.Desgantsnaquirentdecesunions(KeenerC.S.1993, 3942). Cependant, lexplication donne par Linda Belleville semble plus plausible(BellevilleL. 2003, 228).Ellementionnediffrents textes (la Septante,Qumran, 1Tm 5,21)danslesquelslesangesfontpartiedelacommunautetsontprsentslorsdesassembles.Silesfemmesontlattenuelorsdelapratiquedeleurautorit,ellesperturbentleculteetcecinestpasadmissibleenraisonde laprsencedesanges.En faisant intervenircesenvoys,Paulveutrenforcerlebondroulementduculte.

    V.1112:11Pourtant,laFEMMEestinsparabledelhommeetlhommedelafemme,devantle

    Seigneur.

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    12Carsi laFEMMEattirede lhomme, lhommenatde lafemmeettoutvientdeDieu.

    Ces versets apparaissent comme un lot au sein du texte et lexpression pourtant()vientenaccentuerlacoupure;ilsillustrentletroisimeargumentdePaul,celuidelinterdpendancedevantleSeigneur.Contrairementaurestedelextrait,lemotfemmeestplacavanthomme.Cesphrasessontconstruitesdemaniretoutfaitparallle;ilyadaborduneconjonction(),vientensuitelaprsentationdelafemmeparrapportlhomme,suividecelledelhommeparrapportlafemme,finalementletoutestrattachDieu,leCrateur.Leverset11faitfiguredenouvellethsequivientcorrigerledveloppementprcdent.Ilestuneexplicationdelacrationetdelaconception;cettefois,linterdpendanceentrelesgenresestclaire.Avraidire,Paulnecontreditpascequiladjvoqu, ilyamneuncomplment.Ilaexpliqu,auxversets79,que lhommeaautantbesoinde la femmequellede lui, cest galement cequedit leverset 11.Ce schma estmaintenantrenforcparlaprocration.Leverset12rapportequelafemme(Eve)vientdunhomme(Adam),maisquesesontlesfemmesquidonnentlavieauxenfants.Levocabulairetirede () fait rfrenceGn2,22oEvevientde lachairedAdam.Toutcommeauverset3,lensembledesrelationsestchapeautparDieu.Laptrediffrencieclairementleprincipe thoriquede laviequotidienne,mais liecesdeuxprceptesenDieu.En thorie,selon la cration deGn 2,2123, la femme est cre partir de lhomme, cette rgle estrespecte au verset 3 : le chef de la femme, cest lhomme. Cependant en pratique, lafemme donne la vie lhomme ; il nat de la femme ( ).LinterdpendancedessexesrejointlgalitdeGa3,28:VousntesquunenJsusChrist.Selon lesdeux versions, cellede la crationdeGn 2,2123 et cellede la vie quotidienne,hommeetfemmedpendentlundelautre,sontgauxenDieu.Paulprsente,cettefois,lafemmeaupremierplan,tantdupointdevueargumentatifquestylistique.

    V.13:13Jugezparvousmmes:estilconvenablequunefemmeprieDieusanstrevoile?Aprsunlongdveloppement,laptreposeunequestionrhtoriqueauxCorinthiens.

    Ceuxci,hommeset femmes,doiventvaluer leurspratiques, les juger.MmesiPaul leuraccordeletempsdelarflexion,ilneleurlaissepasvraimentlechoix.LarponsenepeuttrequengativeetlesCorinthiensnepeuventquacquiescer.

    V.1415:14Lanatureellemmenevousenseignetellepasquilestdshonorantpourlhomme

    deporterlescheveuxlongs?15Tandisquecestunegloirepourlafemme,carlachevelureluiatdonneenguisedevoile.

    Paulutiliseunnouvel argumentpour justifier sonpropos, celuide lanature. Il fautcomprendreceterme,nature(),commetantcequiordonnelecosmos,donnedesrgles,lebonsens(KeenerC.S.1993,43).Au1ersicleap.J.C.,unhommenedoitporterlescheveuxlongs,niunefemmelescheveuxcourts;cestcontrenature.Laptrerevientsurcequiamnelahonteetledshonneur.Unhommeauxcheveuxlongssemontreeffmin;ladistinctionentrelessexessemblealorsdifficilefaire(RakotoharintsifaA.1997,231).Lacoiffureaune fortesymboliqueet rvle ledegrdeclassesociale.La femme,parcontre,doitavoirlescheveuxlongsquisontsabeaut,sagloire,doncsonhonneur.Siellelescoupe,elleressembleunhommeetesthumilie.Paulladjexpliquauverset6.Enserfrantlanature,laptresinscriticidanslapensephilosophiquegrecquestociennequiplacelanaturecommeunprincipedivinrgissantlensembledelunivers[17].Deplus,ilparlesous

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    formedequestionsrhtoriques,dsleverset13.IlpersuadelesCorinthiensaveclelangageinventpar leursanctres, leurmontresamatriseetsaconnaissancedumondegrecafindtreleplusprochepossibleetpoursefairecomprendrepareux.

    V.16:16Etsiquelquunseplatcontester,nousnavonspascettehabitudeetlesEglisesde

    Dieunonplus.Il termine son discours en sappuyant sur lhabitude des Eglises et des siens, les

    Chrtiens. Il dconseille quiconque daller lencontre de ses principes, sous peinedexclusion. Il est intressantde constaterquil termine enutilisant le nous,alorsquauverset 2, il parle la premire personne du singulier. Linitiative personnelle qui vise fliciterpuisraiguillerlesCorinthienstrouve,selonlaptre,lapprobationdetouteslesEglisesdeDieu.Ainsi,lemessagedePaulslaborepartirduproblmedeCorinthepourdcrireunerglequelensembledelEglisedoitappliquer.

    3.4.1Corinthiens14,33b35:LordredansleculteetdanslEgliseDs1Co14,26,Paulformuledesrglesvisantaumaintiendelordrecultuel :pendant

    que certains pratiquent la glossolalie ou la prophtie, les autresdoivent se taire.Ds lesversets3435, ilproclameque, lorsde lensemblede laclbration, lesfemmes,elles,nontpasdroit laparole.Celasemblecontraire1Corinthiens11,5quipermetauxfemmesdeprieretdeprophtisersousunvoile.CependantPaulne revientpassursaparolecar lesfemmesde1Co14nesontpaslesmmesquecellesde1Co11.Ildonnedesconsignespourque les assembles se droulent aumieux pour lensemble de la communaut, selon lavolontdeDieuquiestunDieudepaixetnondedsordre,commelerappelleleverset33a:CarDieunestpasunDieudedsordre,maisunDieudepaix.

    Cecourtpassageaproccup leschercheursquidbattentencoredesonauthenticit.Ds Gottfried Fitzer (Fitzer G. 1963, 140) en 1963, diffrents spcialistes dont HansConzelmannen1969(ConzelmannH.1985,246),GordonFeeen1987(FeeG.1987,699705)et Franois Vouga en 2004 (Vouga F. 20043, 187), sont davis que ces versets sontvraisemblablement une glose tardive, un ajout. Selon les partisans de cette thse, lenombredecontradictionsauniveaulittraireetthologiqueneconcordepasaveclaparolede1Co11,5.Vougaaccentueencorelefaitquecetextraitcoupeleparagrapheconcernantlesprophtes (Vouga F. 20043, 187). Cependant, plusieurs vocations viennent appuyerlauthenticitpauliniennede1Co14,33b35.CraigS.Keenersouligneque,commebeaucoupdauteurs antiques, Paul fait souvent des digressions (Keener C. S. 1993, 74) et celaexpliquerait pourquoi ce passage semble si maladroitement intgr. Dautres exgtescherchent une solution en proposant que cet ancrage scabreux peut sexpliquer par latransmissiondutexte.Lesmoinescopistesontvucesversetscommeunenotedemargeetlontintgraprsleverset33a.CefaitestrelevparRakotoharintsifa(RakotoharintsifaA.1997,240)quinotelaprsencedecesversetsdanstouslesmanuscritsconservsdelptre.Lesrglements faitsaux femmessontconstruitsdemanireparallleauxglossolales (1Co14,2728)etauxprophtes(1Co14,2932).Ilscontiennentunordrecondamnantlapratiquejugeicipuisuncourtdveloppementdemodalit(SchsslerFiorenzaE.1987,329).

    Prenonsprsentcesversetslunaprslautre.V.33b:CommecelasefaitdanstouteslesEglisesdessaints,

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    Ces quelques mots introductifs montrent que Paul se place sous lautorit de lapratiquede toutes les communauts chrtiennes, tout commeauverset16de1Co11.Eneffet,laTOBindiquequelestermeslesEglisesdesSaintsrenvoientRm1,7mentionnantlesSaintspar lappeldeDieu [18]qui font rfrenceauxChrtiens.Lemessagequilvamettreauxglisesestsupposuniversel,maisformulpartirdunproblmemanantdeCorinthe:cestparcequelesfemmesdelacommunautparlentpendantleculte,quePaulainstaurcettergle.

    V.3435:34 QUE LES FEMMES SE TAISENT DANS LES ASSEMBLEES : elles nont pas la

    permissiondeparler();ellesdoiventrestersoumises,commeditaussilaLoi.35 Si elles dsirent sinstruire sur quelque dtail, quelles interrogent leurmari la

    maison.Ilnestpasconvenablequunefemmeparledanslesassembles.LamiseausilencedesfemmesmisparPaulnelesconcernepastoutes,puisquen1Co

    11,5,certainesparlentetprophtisent.Auverset35,ilparledeleurspouxcapablesdelesrenseigner,donccesontdesfemmesmariesdesChrtiensconnaissantlesEcritures.Selonlaptre,ellescommettentlafautedeparlerlorsduculte.Ilfautcomprendrelesensdumotparler()poursaisir lactivitquecelarecouvre.Ilpeutsagirdebavardagesentrefemmesouentrepoux.Larponsevientauversetsuivant,cesontdesquestionssouleves cause dincomprhensions. Les Corinthiennes veulent connatre et comprendrelenseignement donn lors des runions des Chrtiens. En rgle gnrale, une femmegrecqueou juivereoitune instructionminimaleencomparaisondecelledesonmari.Deplus, seules les classeslevesde la socitbnficientdunenseignement.Rares sont lesfemmesinstruitescettepoque.Paulnelesempcheenaucuncasdapprendre,puisquillesrenvoieauprsde leurmari. Ildsireque laparolecultuellesoit intelligible tous,uncomportement convenable des croyants est donc requis. Il demande aux femmes dequestionner leurspouxdans le cadre familialafinque le culte soit comprhensiblepourtous.Commeavant,lhomme,deparsapositionpluslevedanslasocit,estprivilgi.Ilestimportantdesoulignerquelechristianismeestsensiblelafemme;cellecidoitpouvoircomprendre les paroles et le message chrtien. Il est intressant de constater que ladiscussionquinepeutavoirlieulorsduculte,doitchangerdecadrepoursedroulerdansle contexte familial. tre chrtien ne se cantonne pas au domaine religieux, mais sepratiquetous les jours,chezsoietencouple.Cestunemaniredevivretravers laquelleleshommesetlesfemmessontinterdpendants.

    Cependant,Paultroublecetteinterprtation,carilditclairement,auverset35,quelesfemmessontsoumisescommeleditaussilaloi.Rakotoharintsifa(RakotoharintsifaA.1997,237238)expliquequilnefautpascomprendrecetteloicommecelledeMose,maiscommelordre social des choses, lusage. Dune part, car Paul se distancie des principesmosaques lgislatifs. Dautre part, parce que le problme du culte de Corinthe est lemanquedordre, il faitdonc appel la loi,vecteurde cohsion.Lusagede lpoquequicorrespond la loiduverset34,voulaitque les femmes soient soumises leurspoux,ainsique ledicteunesocitpatriarcale.Lidedordredans leculteestdenouveau lilhonneur et ce qui est convenable. Ceci apparat dans la dernire phrase o figuredont lepremier sens est laid, honteux.Afinde respecter lusage antique etdtre honorable, une Chrtienne doit se taire lors du culte et sinformer auprs de son

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    poux. Cependant, les femmes ne sont pas les seules devoir garder le silence ; lesglossolales(v.27)et lesprophtes(v.30)reoiventgalementdesrestrictions.Leverset40quiconclutlechapitre,exprime,encoreunefois,lambitiondecesrecommandations:Quetoutsefasseconvenablementetavecordre.

    ConclusionLesfemmesfontpartiesde laviedePaul.Ellessontnombreuses laccompagnersur

    son chemindvanglisation, adhrer son enseignement, luiprtermain forte ou poursuivresamission.Desonct, laptre lesprendencompte, leur tmoignerespectetattention. Il leur confieuneplacebien spcifiqueaumomentde rendregrceDieu ;eneffet, en 1Co 11,216, certaines dentre elles ont le droit de prier et de prophtiser. Pourlanecdote,danscemmetexte,lemotfemmeestcritseizefois,tandisquhommelestquatorzefois.PuisenGa3,28,PaulproclamelgalitdesChrtiensdevantleSeigneur;cequisignifieque tousprivilgesdusausexe, laconditionsocialeet lethniesannulent.Cependantenreplaantcesparolesdans leurcontexte,onremarquequecettegalitnestactivequedanslecadrechrtienetdansuneperspectiveeschatologique;laviequotidiennereprend ensuite ses droits. Le christianisme de Paul cherche tre galitaire tout ensancrant dans la socit antique patriarcale qui est alors centre sur lhomme et quimarginaliselafemme.Ilnestpas,proprementparler,unfministe,puisquen1Co11,3,ilhirarchiselestresselonlesrglesdelpoque:lechefdelafemme,cestlhomme.Cettefaon de penser, tout comme celle de 1Co 14,33b35 qui dicte le silence aux femmes,correspondauxmodlesdelasocitantiquetantductgrecquejuif.Parcontre,dansunecertainemesure,Paulestunavantgardistequand ildemande lgalit thoriqueentre lesChrtiens,principenovateurau1er sicleap. J.C.etquincessiterabiendes siclesavantdtremisenpratiqueauseinduchristianismeetdans lemonde.Il instruit lesfidlesdesdiverses glises en leur inculquant les principes dgalit et de justice. Cest traverslducationdesenfantsquelerespectentrepeuples,racesetsexessegagnerapetitpetitetque lemessage paulinien atteindra son but. Il est galement un prcurseur donnant desresponsabilitsauxfemmes :prire,prophtie,servicede lEglise,etc.,mais toutcelanestactifquedans lecadrechrtien.Deplus,aprsavoirtudices textesproblmatiques,onremarquequelebutpremiernestpasforcmentdinterdireoudepermettrequoiquecesoitaux femmes, mais de veiller au bon droulement du culte afin que chacun puisse yparticiperen1Co11,216et14,33b35,etdegommerlesprivilgesentrelesChrtiensenGa3,28.

    Personnellement, je ne pense pas que sa rputation de misogyne soit justifie. Enrecherchant le contextede lenvoides ptres auxCorinthiens et auxGalates ainsique laconditiondes femmesdecettepoqueetenanalysant les textes, jaipu remarquerque lasituation est bien plus complique quil ny parat premire lecture. Premirement, lecontexte immdiatestdifficilerecrercardeuxmilleansnoussparentdes textesetdesfaits. Ilest,parexemple, impossiblede savoiraveccertitudequoi correspondait la ttenue que Paul condamne en 1Co 11,216.Deuximement, ses crits ne sont pas faciles comprendre.Acause leurcomplexitetdecertainsmotsdoublesens,comme ,linterprtationpeutenchanger.Enapprofondissant1Co11,216,onremarquequilesttrsbien construit, comme une dissertation, avec des mots bien pess et un fort effet depersuasion. Laptre connaissait bien ses fidles, savait de quoi il parlait et possdait lamaniredelesconvaincre.Unautreproblmesepose,celuidelauthenticitpaulinienne;ledbatdesspcialistesautourde1Co14,33b35esttoujoursdactualit.Malgrcesdifficults,

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    etpourlesraisonsvoquesplushaut,ilnemesemblepasquePaulpuissetreaccusdemisogynie.

    BienquecestextesdatentdelAntiquit,jetrouvequelesdiscussionsquiysontmenessont trsactuelles.Laproblmatiqueconcernant lordinationdes femmesauseinducultecatholiquerefaitsurfacecesderniresannes.Paulparlaitdjdecethmequinecessadesusciterundbataucoursdutemps.Laquestionde lgalitdessexesfutungrandenjeudescombatsdusiclepassetdenombreusesinnovationsonttaccomplies.CombiendecheminsrestentilparcouriravantquelaparoledePaulneseconcrtiserellementtantauniveaudesdiffrences sexistes, racistes, sociales, car lheure actuellebiendes ingalitspersistent? Je tiens finalementexprimer lintrt ressenti travers ltudedes textes,dePauletdesfemmesdecettepoque.Lefaitdepouvoirtravaillerseulelaproblmatiquedemonchoixavraimenttenrichissant.

    AnnexeLesfemmesenrapportaveclactivitmissionnairedePaul(SesptresetlesActesdesAptres)Apphia:Phm2Brnice:Actes25,13Chlo:1Co1,11Claudia:2Tm4,21Drusille:Actes24,24Eunice:2Tm1,5Evodie:Ph4,2Julie:Rm16,15Junias:Rm16,7Los:2Tm1,5Lydie:Actes16,14Marie:Rm16,6Nymphas:Col4,15Olympas:Rm16,15Persis:Rm16,12Phoeb:Rm16,1PriscaouPriscille:Actes18,23.1826;Rm16,3;1Co16,19;2Tm4,19.Syntyche:Ph4,2

    Notes[1]SouterA.1908,8183:Quomodoenimpotestdemulieredici,quiaimagodeiest,quamconstat

    dominiouirisubiectametnullamauctoritatemhabere?;cf.aussiJensenA.2002,quicite,p.229,Ambroise,45,3.

    [2]GillabertE.1974,2324.AndrMarieDubarle,danssonarticlePauletlantifminisme,reprendltude dEmile Gillabert et dmontre que son argumentation na aucune valeur littraire,historiqueouthologique;cf.DubarleA.M.1976,261280.

    [3]1Co15,9 :Jaiperscut()lEglisedeDieu() ;Ga1,13 :Voussavezcommentjaiperscut()avecviolence(;avecfrnsie)lEglisedeDieu()etmefforaisdeladtruire.

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    [4]1Co9,1 : Naijepasvu () Jsus,notreSeigneur? ;1Co15,8 : Enfin,aprseux tous, leChristmestaussiapparu(;ilsestfaitvoir)moilavorton.

    [5]Voir la liste Lesfemmesenrapportavec lactivitmissionnairedePaul(sesptreset lesActesdesAptres),enannexe.

    [6]Rm16,3.[7] Traduction cumnique de la Bible (TOB), Paris : Socit biblique franaise et ditions du Cerf,

    200410,p.1804.[8]CettethorieestdveloppeparPhyllisBIRDdanssonarticleThePlaceofWomenintheIsraelite

    Cultus,in:CharlesE.Carter(d),Community,IdentityandIdeology.SocialScienceApproachestotheHebrewBible,WinonaLake,Indiana:Eisenbrauns,1996,pp.515536.

    [9]Apulee,LesMtamorphoses,11,10,textetabliparD.S.Robertsonettrad.parPaulVallette,Paris:LesBellesLettres,1945,pp.146147.

    [10]Les citationsde tous lesversets suivantsproviennentde la traduction selon laTOB avecunelibertpourlegraphisme(engras,enitalique,majuscule,etc.)etlajoutdestermesgrecslesplusimportants.

    [11]HOMERE,LIliade, texte tabli et traduitparPaulMAZON,Paris :LesBellesLettres, tome 1,1937,p.52.

    [12] STRABON,Gographie, texte tabli et traduitparRaoulBALADIE,Paris :LesBellesLettres,tome5,1978,p.181.

    [13]Cetteutilisationapparatdanslefragment354dAristophane;cf.KOCKTh.1880,485.[14]CedcoupagesinspiredelapropositiondRakotoharintsifa1997,203204.[15]ChefestletermeemployparlaTOB(cf.cidessousdanslencadr).[16]TraductioncumniquedelaBible,200410,p.1619.[17]Cf.parex., la formulequeClanthe,successeurdeZnon, transmeten tantque forgpar son

    matre:ilfautvivreconformmentlanature(SchullP.M.1999,4).[18]TraductioncumniquedelaBible,200410,p.1592.

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    PaulofTarsussViewofWomenSUMMARY

    AnglineRaisCivilisationsetLanguesdelAntiquitetduMoyenAge(CLAM)

    InstitutdePrhistoireetdesSciencesdelAntiquitFacultdesLettresetScienceshumaines

    UniversitdeNeuchtel

    [email protected]

    Thesubjectofwomen in theFirstEpistle to theCorinthians is thereason thatPaulofTarsus gained a reputation as a misogynist. It is difficult to imagine the apostle whopreachestheequalityofhumansinChristianityinGalatians3:28couldbesobeharshonthesubjectofwomen.Thisarticleassesses1Cor11:216and1Cor14:33b35withinthecontextofthe first centuryAD.The firstpart focuseson the statusof JewishversusGraecoRomanwomen.ThesecondpartdealswiththeegalitarianstatementinGal3.28withregardtotherequest forwomen to be veiled (1Cor 11:216) and to keep quiet duringworship (1Cor14:33b35). In light of these reflections,we note that even if Paul is not a promoter offeminism, he does call for the equality of the sexes, races and individuals within theChristiancommunity.